La Haute République – La Lame (The Blade #01 à 04), par Charles Soule, Marco Castiello et Jethro Morales
Porter Engle, Maître bretteur au sein de l’Ordre Jedi, et sa « soeur », Barash Silvain, se rendent dans la planète Gansevor, dans le secteur Tammuz, pour apaiser une situation pour le moins tendue à propos d’une cité-ressource assiégée. Qui a raison, qui a tort ? Les deux Jedi ont l’habitude de ce genre d’exercices, et se sentent prêts à tout. Ils ignorent encore que cette nouvelle mission va bouleverser leur vie…
Je vous avouerai qu’à l’annonce de cette mini-série, j’étais sceptique. D’abord ravi de retrouver Charles Soule au scénario, je doutais un peu de la pertinence de placer Porter Engle au centre du récit. Engle, c’est un véritable troisième rôle au sein de la Phase 1 de la Haute République, tout au plus un figurant doté d’un léger background et d’un surnom énigmatique, « la lame de Bardotta ». Du coup, l’annonce d’un titre centré sur ce personnage et intitulé La Lame pouvait laisser penser qu’on aurait affaire à un récit nous narrant l’origine de ce surnom. Et pourtant, non. L’action ne se déroule pas sur Bardotta. C’est pour le moins curieux…
Et ce qui est d’autant plus curieux, c’est qu’il n’y a aucun lien avec la Haute République, finalement. Alors oui, au détour d’une case, on citera qu’il y a deux Chanceliers à cette époque, et au détour d’une autre l’existence d’une guerre entre les planètes Eiram et E’ronoh, mais c’est tout. Pas de Voie de la Main Ouverte, pas de Jedha, pas de créatures dévoreuses de Force, un récit spin-off parfaitement accessible, mais qui a du coup les inconvénients de ses avantages.
C’est en effet un titre qui peut être mis dans toutes les mains, tant son déroulé pourrait être transposé à n’importe quelle autre époque de la saga, avec n’importe quel autre duo de Jedi. Le même récit aurait fonctionné avec Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi, avec Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker, ou encore soyons fous avec Luke Skywalker et Ben Solo. C’est une petite mission sans véritable prétention, digne de la série
Les Apprentis Jedi de l’Univers
Légendes pour les anciens lecteurs. C’est sympathique, c’est rapide (4 numéros seulement, un cinquième aurait été le bienvenu) mais c’est aussi profondément anecdotique. Difficile de dire à qui s’adresse ce récit : au complétiste, oui, d’accord, mais à qui d’autre ? Le nouveau lecteur percevra-t-il un intérêt à aller lire le reste de la saga ? D’autant plus que ce titre assez déconnecté laisse peu imaginer une suite… à moins que Porter n’apparaisse dans les romans de la Phase 2 ?
Enfin, le nom de la « Soeur » de Porter aura éveillé l’attention des plus anciens lecteurs de Soule sur la licence, à l’origine d’un élément créé par l’auteur sur la série
Dark Vador – Le Seigneur des Sith. Mais là encore, cet élément est décidé en une poignée de cases sur l’antépénultième page et, sans aller jusqu’à dire qu’il tombe comme un cheveu, il paraît presque exagéré. Barash ne serait pas la première Jedi à s’être faite avoir, et sa réaction est à mon sens un peu excessive. Soule a justifié un élément de son lore, comme on dit aujourd’hui, mais sans véritable panache.
Aux dessins, ils sont deux à se partager la mini-série de 4 numéros. Oui, je répète qu’il n’y en a que 4, parce qu’on en vient à se demander comment bossent les éditeurs pour ne pas être capable de confier un unique titre de 4 numéros de 20 pages à une seule paire de mains. Alors quitte à mettre deux dessinateurs, il y aurait pu avoir l’excuse pratique mais souvent utilisée du dessinateur principal et de celui attitré aux flash-backs… Mais même pas. Même sur un titre aussi peu impactant, il n’y a pas de cohérence fluide. Alors oui, les deux dessinateurs passent relativement bien l’un avec l’autre, et l’alternance se fait sans trop de dégâts, sauf que ce n’est pas une raison. En plus, c’est un titre déconnecté du reste de la Phase 2, il aurait donc largement pu sortir un mois plus tard pour avoir un seul dessinateur, non ?
Bilan mitigé pour cette mini-série qui ne restera pas dans les annales. Les complétistes de la Haute République et de Charles Soule liront mais ne seront pas forcément conquis. Quel intérêt y trouveront les autres ?
Note : 65 %