Mais que ça ne vole pas haut...
Catalyseur – a Rogue One novel, de James Luceno
En pleine Guerre des Clones, le lieutenant Orson Krennic se voit confier la direction d'un projet visant à la construction de ce qui deviendra l’Étoile de la Mort. Mais la technologie liée au fonctionnement du super-laser pose problème, les cristaux kyber étant sources de mystères. Seul Galen Erso, scientifique de renom et vieil ami de Krennic, pourrait lui venir en aide. Problème : Erso refuse que ses travaux soient utilisés dans le but de fabriquer des armes. Qu'à cela ne tienne : Orson Krennic n'est pas homme à accepter « non » comme réponse !
Bon, on passera outre la mention « A Rogue One novel » anglaise, sans doute imposée à Pocket mais qui rappelle douloureusement que nous sommes dans un univers de licence.
Catalyseur est donc le roman préquelle à
Rogue One, et se charge de dévoiler au lecteur/futur spectateur les personnages de Galen Erso, sa femme Lyra et Orson Krennic et de continuer à les intégrer à la grande famille Star Wars. On retrouvera donc quelques personnages connus, mais pas forcément de premier plan et pour des scènes ponctuelles, le gros du roman explorant la relation entre les Erso et Krennic, le but avoué étant de nous expliquer l'origine de l'introduction du film. But louable s'il en est, mais pas forcément nécessaire : le film est suffisamment bien conçu pour que l'on comprenne assez vite de quoi il retournait.
Le point positif de l'ensemble, c'est James Luceno, et tout ce que cela implique : le roman se lit vite et bien, les références aux autres romans du même auteur sont présentes (on notera d'ailleurs de jolis liens avec le roman
Tarkin, ainsi qu'un beau raccrochage de branches sur les bases Sentinelles et le
Pic de la Charogne), l'ambiance de la Guerre des Clones est bien restituée dans la première partie... On a même droit à un personnage inédit, Has Obitt, qui fonctionne très bien. Bref, tout cela démarre sous de bons auspices.
Le hic, c'est que vient un moment où l'intrigue disparaît. Oh, bien sûr, les personnages s'agitent, il y a un certain nombre de voyages hyperspatiaux... mais le cœur n'y est pas. On sent bien que Luceno est bloqué, paralysé par les contraintes qui lui ont sans doute été fixées et qu'il ne peut écrire ce dont il aurait envie. On en sera donc quittes pour voir Lyra douter, encore et toujours, d'Orson, Galen faire l'autruche, régulièrement, préférant écouter son ami Impérial plutôt que sa femme (rassurez-vous, elle lui pardonne tout très vite), et Krennic s'auto-persuader qu'il est plus malin que tous les autres et que l’Étoile de la Mort sera à lui (genre...
). Et si tout cela se lit bien (merci, merci Luceno), il n'y a rien de palpitant là-dedans à l'exception des trente dernières pages, qui doivent justifier de la situation de départ de
Rogue One. Mais il n'y a dans ces dernières pages, aucune surprise, aucun twist, aucun élément de dernière minute nous donnant l'impression que le roman n'a pas été lu pour rien. Bien au contraire, j'ai presque eu l'impression que l'auteur rangeait ses jouets !
Dernier problème : la chronologie des événements. Si on sent que du temps passe, il serait bon de ne pas hésiter à nous le dire... Car à quel moment finit le livre ? Combien de temps les recherches de Galen durent-elles : des semaines ? Des mois ? Des années ? Tout cela manque de précision et lorsqu'en plus, on nous informe après la sortie du film qu'en fait, le long-métrage lui-même commet des erreurs sur les dates qu'il avance, voilà quoi...
Je vais retourner lire le guide visuel ultime de
Rogue One, j'en apprendrai davantage et ce sera plus clair.
Catalyseur a du mal à exister par lui-même, se contentant de remplir son rôle de préquelle, sans jamais viser plus loin. Une occasion manquée, comme on dit.
Note : 50%
Petit point traduction : le choix de faire se tutoyer Galen, Lyra et Orson se justifie mais hélas, dans le film, ils se vouvoient... Et le surnom de Jyn dans le roman n'a pas été traduit de la même façon que dans le film (« Ma Nébuleuse » / « Poussière d'étoiles »). Pour le coup, c'est dommage.