J'ai terminé le bouquin il y a quelques jours, et au final j'ai apprécié.
Je ne dirais pas que la réussite est totale car le bouquin est bancal sur quelques points, mais même si ça a mis le temps (presque la moitié du livre), il a fini par me convaincre et j'ai avalé la suite très rapidement et avec beaucoup de plaisir.
La narration au présent ne m'enchantait pas dans l'idée et j'ai eu du mal à m'y faire, mais à la fin je ne faisais même plus attention, et je crois même (comme le disait qqn plus tôt sur ce topic il me semble) que ça donne un caractère très moderne à l'écriture. C'est parfois très haché (et ça peut faire un peu gimmick) mais ça rythme très bien les dialogues et les évènements (je pense par exemple à la transition d'un chapitre qui se termine par "
you got a problem", et l'interlude qui suit -autre lieu, autres persos- qui commence par "
we have a problem", créant des échos sympathiques.
L'idée de placer des interludes n'ayant pas grand chose à voir avec le reste est sympa, mais au début ça embrouille un peu le lancement de l'histoire principale : on a les protagonistes principaux (qui nous sont inconnus à la base) chacun dans leur coin avec leur background, et en plus de ça on alterne avec d'autres perso qu'on ne suivra pas ; ça nuit à la limpidité du récit au départ, mais passé le premier tiers du bouquin ce parti pris devient plus digeste et ces interludes sont finalement vraiment bien pour donner une plus grande échelle que l'action centrée sur la poignée de perso principaux, avec quelques détails peut être insignifiant, mais que j'ai trouvés très bien
(la description de l’œuvre d'un artiste engagé composée de casques de troopers peints avec différentes couleurs et des symboles de l'aliance, le graffiti "Vader Lives" qui m'a rappelé cette image, la mention des parents qui envoient leurs enfants à problème à l’Académie Impériale qui finalement les détruit...).Les personnages, justement, sont un des points fort du récit. J'étais sceptique au départ concernant les clichés que pouvaient être le
gamin-fugueur-doué-en-bricolage,
l'impérial-alcoolique-repenti-cynique, la
rebelle-à-l'instinct-maternel-qui-se-reveille, mais au fur et à mesure du récit on voit qu'ils ne se limitent pas à ça, et Wendig nous prend parfois à contre-pied (comme ce bref passage où, alors qu'on voit venir une romance à 10km, on a ce dialogue marrant :
- 'I'm not into this
-this? Aliens?
-Women
-Oh.
-Yes, oh.
-Oh."
Moments pass. the Awkwardness between them is a living thing..."
C'est loin d'en faire des tonnes, ça coule dans le récit (comme pour le couple Esmelle et Shirene, c'est un simple détail qui apporte simplement de la variété et du réalisme), et ça rend Sinjir moins caricatural qu'on aurait pu penser.
En parlant de ce perso, je ne l'aimais pas au début du bouquin, et petit à petit (à partir de sa rencontre avec les autres) je me suis mis à le visualiser comme une sorte de Ralph Fiennes dans "
Strange Days", et à trouver qu'il apportait quelque chose à la clique des héros.
Dans les personnages cool on a aussi Mister Bones, une version très légèrement moins psychopathe de HK47, avec des répliques très marrantes.
On retrouve Rae Sloane qu'on avait découverte dans "
A New Dawn" (et une nouvelle de l'insider). Je ne suis pas fan du perso mais je dois avouer qu'elle a prit du grade et que sa profondeur est intéressante.
Je n'ai pas trouvé gênant la finalement maigre importance de Wedge : autant je trouve cool de l'intégrer, autant ça aurait été très téléphoné d'en faire un perso trop important, et je trouve qu'au final c'est bien dosé, il sert à qqch et reste très cool mais ne prend pas trop de place.
Fan-service ou bon travail de l'auteur pour intégrer son oeuvre dans l'univers pré-existant, on a pas mal de références à différents médias
(Fulcrum, Lawquane, la Czerka, Sugi, le niveau 1313, Boba...).Pour ce qui est des mauvais points, j'ai trouvé ça un peu lourd de nous faire deux fois le coup de
Nora est morte. Ah non en fait. ; idem pour le coin
"hanté" dans les sous-terrains (c'est pas comme si on avait pas déjà ça dans je-ne-sais combien d'histoire, y compris dans "
the weapon of the jedi" sorti en même temps..).
Mais ce sont des détails, et il y en a des positifs, encore plus nombreux : le passage sur la vision "optimiste" qui pousse Nora à être au sein de la Rebellion, très juste ; Certains moments assez violents, comme Mister Bones qui
décapite des toopers, ou des impériaux
menaçant "
take a step and you'll see what justice is", montrant clairement l'oppression que subit la population sous l'Empire.
On voit aussi que derrière le manichéisme il y a des problématiques plus complexes, comme
le montage vidéo de propagande Rebelle où Sinjir tire sur Temmin qui pose la question de la légitimité d'employer les mêmes armes que son ennemi, ou bien
l'Académie Impériale détruite qui laisse en plan des gamins comme victimes collatérales.Je n'ai pas fait de lien avec
TFA, surement qu'il y en a qui ne sont discernables que si l'on est spoileux, et surement qu'il y a en a qui sont encore cachés et s'éclairciront avec les 2 tomes suivants ou à la sortie du film.
Les deux aspects les plus intrigants du bouquin sont clairement l'avis exprimé par Tashu sur
l'importance du Côté obscur pour l'Empire et la mention de missions au delà de l'espace connu mandatées par Palpy en lien avec cette obscurité ; Et surtout cette fin, avec ce personnage même pas nommé... (un revenant? un nouveau de
TFA? quel suspens!).
Pour résumé ce pavé, bon bouquin, pas parfait, dur à avaler au début, mais riche et dense au final. Ce n'est pas tant la pierre angulaire d'un nouveau départ comme pouvait l'être la trilo Zahn, qu'un roman de transition entre la saga préexistante et la trilo à venir, et si on le prend comme ça et pas comme la nouveauté de ouf que nous vend le marketing qui est fait sur ce bouquin, c'est un bon livre, moins bien équilibré que "
A New Dawn" par exemple, mais avec une plus grande ampleur (et peut être plus d'audace) que les autres romans du nouveau Canon sortis jusque là.