Moisson rouge, de Joe Schreiber
Aux temps reculés de l'Ancienne République et de la guerre opposant les Jedi à l'Empire Sith, ces derniers étaient déjà obsédés par la quête de l'immortalité. Et cette quête, Dark Scabrous, isolé du front sur la planète Odacer-Faustin, entend bien la mener à son terme, grâce à une orchidée extrêmement rare, liée à une Jedi du nom d'Hestizo Trace. Seul problème : si la mort a été vaincue, la vie l'a été aussi... Seule subsiste la Maladie. Et elle a faim !
Après
Death troopers, Joe Schreiber revient avec son deuxième roman Star Wars, le troisième publié en France. Cette
Moisson rouge fait office de préquelle à
Death troopers, donnant une origine au virus rencontré dans le premier roman... et, bien que se suffisant à lui-même, le roman présente un double défaut : il se raccroche bien mal à
Death troopers, et n'innove finalement pas tant que cela, dans le sens où Scabrous a manifestement déjà entendu parler de la Maladie. Bref, le schéma classique où la préquelle censée se dérouler avant n'explique finalement pas grand chose, se contentant de confronter de nouveaux personnages, dans une nouvelle situation, sans pour autant dévoiler tous les mystères auxquels on pourrait pu s'attendre. Il n'empêche que l'aspect « mystique » est bien plus présent dans le roman. Entre une Tour mystérieuse où un Seigneur Sith à moitié fou expérimente, et un Destroyer d'une propreté clinique, forcément...
Autre problème, cette fois-ci plus lié au style de Joe Schreiber : l'auteur insiste sur l'horreur de la situation, à un point qu'on finit par en sortir ! Le nombre de scènes où un personnage est témoin de « l'horreur », où il est « choqué », les descriptions nombreuses des déformations physiques subies par les Malades finissent par ne plus provoquer d'émotions au lecteur... qui ne flippe pas à la lecture. C'était peut-être le but dans
Deathtroopers, mais dans une histoire située à une époque plus reculée, dans une ambiance mêlant alchimie, mythe, et ancienne technologie, on aurait pu accentuer la chose. Alors, à de rares occasions, c'est le cas, comme lorsque l'un des élèves Sith dont j'ai oublié le nom découvre en sortant de sa douche une traînée de sang qu'il se met à suivre, ou bien la scène au réfectoire. Mais ce ne sont que des sursauts.
La gestion du casting pose également problème. Aucun incident du type « Han et Chewie » à signaler, fort heureusement. N'empêche : les personnages sont assez mal gérés, certains disparaissent bien trop vite, d'autres ressurgissent alors qu'on ne sait pas trop comment, la Maladie est un peu prétexte fourre-tout (un personnage nous dit qu'ils sont encore en partie conscients, un autre que ce n'est pas le cas...). Certains personnages sortent néanmoins du lot : Scabrous, Trace, Tulhk, le droïde HK, le bibliothécaire Neti... suffisamment pour que le lecteur s'implique à leur côté, chacun ayant son originalité, chacun interagissant avec un ou des autres survivants pour accomplir finalement le même objectif : survivre.
Moisson rouge, c'est donc la même chose que
Death troopers : on prend des ingrédients identiques, on passe un léger vernis pour donner l'illusion d'une différence, et voilà. Toutefois, pour un deuxième roman sur le même sujet, on aurait aimé une prise de risques plus grande, un aspect horrifique plus soutenu. Et puis, soyons honnêtes : le style de Joe Schreiber n'est pas celui d'une Karen Traviss ou d'un Troy Denning ;
Moisson rouge n'est pas un roman que l'on lit pour ses qualités littéraires, loin de là, mais bien pour son ambiance. Encore faut-il qu'elle soit au rendez-vous !
Note : 70 %