Guerre totale (Legacy – War #01 à 06), par John Ostrander et Jan Duursema
Dark Krayt est de retour... et il n'est pas content ! Après s'être débarrassé de son assassin, il se lance dans une campagne militaire d'envergure pour broyer la fragile alliance entre les Jedi, l'Empire de Roan Fel et les vestiges de l'Alliance Galactique de Gar Stazi. La première de ses cibles ? Taivas, la planète où se trouve le Temple caché de l'Ordre Jedi ! Cade Skywalker, lui, n'a toujours pas perdu de vue son unique objectif : trouver et tuer pour de bon le leader du Sith Unique. Encore faut-il que Roan Fel lui en laisse l'occasion !
Quelques temps après la conclusion (qui n'en était clairement pas une) de la série régulière, Dark Horse lance une mini-série,
Guerre totale, avec toujours le même duo créatif aux commandes, afin de mettre un terme en bonne et due forme aux différentes intrigues en cours. Autant le dire d'emblée, l'objectif est atteint dans le fond, mais un peu moins dans la forme.
Ils sont venus, ils sont tous là, chantait Charles Aznavour. C'est le cas ici aussi. Absolument tous les personnages de la série font une apparition, jouent un rôle ou sont mentionnés – il n'y a guère qu'Hondo Karr, le soldat-Mandalorien-passé-stormtrooper-puis-pilote-chez-les-Rogues-avant-de-redevenir-Mandalorien qui manque à l'appel, preuve s'il en était nécessaire que son intrigue était de trop puisqu'elle ne trouvera par conséquent aucune résolution. Les rebondissements s'enchaînent, le rythme est infernal, les dialogues sont expédiés car il n'y a manifestement pas le temps de discuter, à la fois d'un point de vue éditorial mais aussi
in-universe. Les deux auteurs se livrent à un véritable blockbuster, un festival de scènes qui en d'autres circonstances auraient pu être épiques, il y a de nombreuses morts, des changements d'allégeance, des trahisons et des évolutions plus ou moins bien gérées.
Le hic, c'est que tout va trop vite. Certains des morts, notamment, sont expédiés en une case à peine, au lecteur d'interpréter ce qu'il veut (ou non), d'autres sont portés disparus sans que l'on sache s'ils sont tombés ou non... Un seul décès affectera, semble-t-il, les personnages plus que les autres, les auteurs s'attardant dessus et nous glissant une jolie scène peu après. Mais c'est tout... et c'est dommage ! C'est d'autant plus dommage que ces décès, du moins certains d'entre eux, sont très vite prévisibles, notamment au vu des quelques phrases qu'ils prononcent quelques pages à peine avant que le drame ne survienne.
De la même manière, la plupart des combats au sabre-laser « importants» se terminent de façon abrupte et peu crédible, comme si celui qui était en position de le remporter se laissait gentiment éliminer par son challenger a priori vaincu... à un point qui rappelle comment Dark Sidious a pu éliminer trois Maîtres Jedi dans
La Revanche des Sith en donnant l'impression que les trois victimes se laissaient faire. Si cela passe pour le premier d'entre eux, le dernier, la conclusion de la série donne vraiment une impression qu'il faut gagner de la place, qu'il faut encore quelques pages pour présenter la fin et que non, on n'a pas le temps de nous montrer un vrai combat.
La conclusion, justement, est très réussie. En quelques cases à peine, les graines du futur sont plantées et si la série s'achève, elle appelle clairement à une suite sans pour autant donner l'impression qu'elle soit nécessaire. Et le cheminement intérieur de Cade Skywalker s'achève. Il nous aura agacé, le bougre, avec ses valses-hésitations tout au long de
Legacy mais là, il semble avoir pris une décision claire avec laquelle il est en paix. Mais encore faut-il qu'il survive à la mini-série...
Un mot sur sans doute celui qui s'est révélé comme l'un des personnages les plus intéressants, à la fois dans cette mini mais aussi dans les derniers numéros de la série régulière : Antares Draco. Bien évidemment, il n'est pas mort et a été « coupé de la Force par son ancien Maître », un twist dont John Ostrander à l'habitude. Son parcours dans cette mini est admirable et représente un aboutissement, à la fois pour le personnage mais aussi pour certains sous-entendus lancés depuis le crossover
Vector. Quel dommage que Draco ait quasiment disparu de la série pendant des années !
Aux dessins, Jan Duursema donne ses dernières cartouches. Pas facile facile de remplir autant de cases avec autant de personnages, de tirs et d'explosions ! Elle s'en tire parfaitement bien et nous offre même des découpages plutôt bien trouvés (le face-à-face entre Cade et Talon, la dernière apparition de Roan Fel...). Sans doute son meilleur travail sur la série
Legacy, ce qui n'est pas peu dire quand on se souvient du niveau de détail d'arcs comme
Anéanti ou
Les griffes du Dragon. Excellent travail !
Guerre totale fait donc le job, de façon un peu trop rapide il est vrai... mais comment faire autrement en six numéros ? Reste qu'on aurait pu avoir facilement le double histoire de bien développer tout ce qu'il se passe, ou bien alors on aurait pu aller plus vite et abréger certains arcs (qui a dit
Tatooine ?
), histoire de caser une partie du contenu dans la série régulière, le premier numéro notamment.
Mais comme répète Cade régulièrement : «
on prend ce qui nous est donné ». En dépit de ses défauts et de son personnage principal pour le moins désagréable,
Legacy aura été une série prenante, ambitieuse et globalement réussie !
Note : 90%