Ve'ssshhh a écrit:En voila, de l'action! Et pour le coup, la fine équipe assure un max. Ce sont des pros, après tout!
Oui ce sont des pros et la suite le démontera encore un peu plus. Car avant de chuter, il faut être au sommet!
Ve'ssshhh a écrit:ha, ha! Le talisman de Muur serait-il de retour sur Taris ( mais que fait donc Celeste?)
Un semblant de réponse vous attend dans le chapitre dix
Ve'ssshhh a écrit:faut-il croire le mendiant quand il dit que
eht Tseirphcra rêve toujours dans son vaisseau, influençant ses créatures à distance?
Je crois plutôt qu'une autre force est à l’œuvre. Celle qui fait des graffitis sur les murs de la ville.
Peut-être est-ce lié?
Ou le clochard n'est qu'un fou dont la présence est une coïncidence...
Ve'ssshhh a écrit:Et quelle est donc cette "présence" qui informe le Chiss?
Je pense, pour avoir récemment relu certains des passages les mettant en scène, que son identité sera rapidement découverte.
Ve'ssshhh a écrit:Quoi? il boit et en plus, il fume? ( avec modération, je n'en doute pas un instant)
Avec modération? Pas vraiment.
Mais il fume plus qu'il ne boit... Et il a encore bien d'autres péchés...
-- Edit (Lun 30 Mai 2016 - 0:58) :
Salut à toutes et à tous!
Avec un peu de retard sur mes prédictions, voici donc le chapitre 9 qui démarre une trilogie de chapitres plus longs (environ 5000 mots de moyenne). Nous entrons dans le milieu de l'histoire, des éléments de réponses vont commencer à arriver avant que nous basculons plus avant car La Nuit tombera à la fin du chapitre 11...
Remerciement spécial à TienVogh, précédent gagnant du concours d'easter egg, qui a énormément contribué à la correction des fautes et autres coquilles.
Bonne lecture !
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Sommaire ;
Chapitre 8Chapitre 9
Almine avait connu bien des sentiments au cours de son existence. De la rage à l’époque de son enfance à Terrasse Valley. De l’angoisse lors de ses premières missions de contrebande. De la jalousie devant la réussite de Brett. De la joie après avoir conclu avec la belle Bethel, la fille de son logeur. De l’excitation aux manettes de son vaisseau au cours d’une course poursuite avec des autorités. Debout dans cette rue de la Ville-Haute, silencieuse, anormalement silencieuse, il éprouvait quelque chose de nouveau, quelque chose d’inconnu. Une émotion profonde, intense et dérangeante. Il était terrifié.
De longues minutes s’écoulèrent. Personne ne parlait. Personne ne bougeait. Almine fixait, de ses yeux écarquillés d’incompréhension, la bouche d’égout où venait de disparaître le Nautolan, membre des Rapaces de Métal. En dépit de la douleur dans ses muscles tétanisés d’effroi, le jeune contrebandier n’osait plus bouger. Il ne pouvait plus bouger. Son esprit paralysé l’empêchait d’esquisser le moindre geste. Ce fut à peine s’il entendit les soudaines vociférations de son ami Halard.
— Bordel de pompes à chiottes en panne ! s’écriait le Corellien. C’est quoi ce bordel ? Je n’ai pas signé pour ça, kriff !
— On se calme ! hurla en retour Sark sans effet.
Le Nikto rassembla ce qui lui restait de conviction et, tour à tour, porta son regard perçant, s’arrêtant sur chacun des visages apeurés, inquiets ou perdus des membres de ce qu’il considérait désormais comme son équipe. Y compris Blake qui s’inclina respectueusement devant l’ancien chef de la sécurité. Halard, lui aussi finit par retrouver son calme ; le corellien lissa sa moustache dissimulant par ce geste sa gêne.
Sark se racla la gorge. Le Nikto savait que la façade de sérénité qu’il arborait menaçait de voler en éclats ; Il tenta, non sans difficultés, de mettre un peu d’ordre dans ses pensées. Il lui fallait réagir promptement, et avec un minimum de rigueur, s’il voulait sortir l’équipe de cette situation.
— Bon, on s’occupera de ce qui vient de se passer plus tard. déclara-t-il en mettant le maximum de force et d’autorité dans sa voix.
— Pardon ? s’étrangla Minet.
— Oui, on verra ça plus tard ! trancha Sark dont le visage cuivré se plissa de mécontentement. La priorité maintenant : c’est de sécuriser la zone pour préparer une retraite rapide. Les Jumelles, vous réveillez le gamin et vous me surveillez la rue au nord. Buu et Blake, le sud.
Sark jeta un coup d’œil circulaire. Leurs véhicules personnels avaient souffert du bref échange de tirs. Exception faite du swoop de Blake. Sark renifla de dédain face à cette ironie.
— Marn et toi, Halard, vous allez nous chercher un véhicule pour qu’on se tire d’ici. Moi je me charge de prévenir Djarik.
D’un geste brusque, trahissant sa propre fébrilité, il décrocha son comlink. Quand, finalement, on lui répondit, le Nikto s’éloigna pour plus de discrétion. Le reste du groupe resta, un instant, interdit puis sous l’impulsion de Blake et des Jumelles, ils se mirent à exécuter les consignes de Sark.
Tandis qu’elle envoyait sa sœur rejoindre une position de défense, Tazz s’approcha d’Almine. Elle lui sourit doucement. Affectueusement, elle déposa une main sur l’épaule du passeur.
— Hé Blondin. Ça va ?
Almine n’eut aucunes réactions. Il se contentait de rester, les yeux dans le vide, respirant par à-coups, le corps crispé dans une attitude prostrée. Jazz se mordit la lèvre inférieure, elle semblait véritablement peinée par l’état du contrebandier à la chevelure d’or. Elle réfléchit un court instant, enleva l’un des ses gants puis lui porta un regard, tout à la fois dur et attendri.
— Désolé, Almine… lui murmura-t-elle avant de lui décocher une gifle monumentale qui résonna si fort que Buu et Blake, à l’autre bout de la rue, en sursautèrent.
La claque eut l’effet escompté. Almine jeta un regard courroucé envers la Jumelle qui remettait son gant. Tazz lui renvoya un sourire penaud. Se massant la mâchoire, Almine fut troublé par ce qu’il lisait dans les yeux de Tazz. Cette dernière enfila son casque, ses yeux d’acier disparurent sous le vernis réfléchissant de sa visière et Almine ne vit bientôt plus que son propre pathétique reflet.
— Dure journée, hein ? lui lança-t-elle, sans le moindre soupçon d’émotion dans la voix.
— Ouais. Dure journée. avoua Almine, qui semblait revenir à la vie. Bon, on est en où ?
Almine entreprit de regarder autour de lui. Jazz, accroupie derrière un bac à fleurs, lui envoya un salut de la main. Il répondit de la même façon, se sentant penaud le faisant. Il dirigea alors son attention vers Buu et Blake ; le mercenaire plaqué contre un angle de mur et l’Arkanien en face de lui, braquaient leurs armes en direction d’hypothétiques cibles invisibles. De là où il se tenait, le passeur sentait leurs tensions. Il ne voyait nulle part Marn et Halard. Il sentit une angoisse poindre au creux de son estomac. Tazz le tira sur le bras.
— Où sont le Snivvien et Minet ? demanda-t-il à la jumelle, se maudissant aussitôt de la faiblesse de son timbre.
— Partis chercher un transport. Viens avec moi, Sark veut qu’on surveille l’entrée nord. Ça va aller, Blondinet ?
Il hocha la tête ostensiblement comme pour bien faire comprendre à la garde du corps qu’il avait pleinement retrouvé ses sens. Visiblement rassurée, l’ex de la CorSec pivota sur ses talons et s’en alla rejoindre sa sœur. Almine fit craquer sa nuque, prit une grande inspiration pour se donner du courage, se secoua et suivit la jumelle. Ils venaient de faire à peine quatre mètres quand le son d’un véhicule en approche se fit entendre. Buu et Blake se contractèrent, pointèrent leurs blasters vers l’origine du bruit. Un gros speeder de livraison de marchandises, moteur crachotant, d’une couleur jaune criarde apparut dans le ciel, flottant à une dizaine de mètres au dessus du sol. Le speeder entama une descente chaotique. Le doigt sur la détente, prêt à faire feu, Buu remarqua alors les visages de Halard et Marn à travers le pare-brise. Le cambrioleur Snivvien conduisait tandis le contrebandier corellien gesticulait à ses côtés.
— Ils sont de retour ! cria l’Arkanien.
Dans un bruit sourd, le véhicule se posa à proximité d’Almine et de Tazz. Minet sortit prestement de l’habitacle. Il trébucha, se rattrapant de justesse à Almine qui venait de s’avancer vers le speeder. Halard le remercia d’un clin d’œil. Il se passa les mains dans sa chevelure gominée, épousseta son gilet de cuir dans une tentative de récupérer un peu de contenance avant de désigner du doigt un Marn, hilare, toujours assis à la place du pilote.
— Plus jamais je ne laisserais ce Snivvien conduire !
Sark, une expression indéchiffrable sur le visage, fit signe au groupe de se rassembler. Le Nikto se racla une nouvelle fois la gorge lorsque tout le monde l’eut rejoint.
— Alors ? demanda Buu avec appréhension comme s’il devinait ce qu’allait dire Sark.
— Djarik veut qu’on poursuive la mission. Coûte que coûte.
— Hein ? s’interloqua Marn.
— De quoi ? s’énerva Minet.
— C’est une blague ? renchérit Almine.
— Par les Neuf Enfers de Corellia ! Vous êtes des professionnels ou des pucelles de padawans ? s’emporta Jazz, interrompant vertement la cacophonie de plaintes qui enflait dans le groupe. Vas-y Sark, continues.
— Merci Tazz.
— Jazz. corrigea l’imposante jumelle.
— Pardon. s’excusa, sans sincérité, Sark avant de poursuivre. Pour nous motiver, le commanditaire a doublé notre récompense.
La stupéfaction gagna la petite troupe. Sark laissa le temps à chacun de digérer l’information avant de reprendre la parole d’un ton froid et distant.
— Je pense que c’est clair pour tout le monde. On continue.
*
Cela faisait plus d’une heure que la commissaire Valérian patientait dans l’atrium du Commissariat Central de Taris. Elle jeta un coup d’œil à ses deux compagnons assis à ses côtés. Lowbacca attendait tranquillement les yeux mis clos, probablement en train de méditer une nouvelle fois. Le deuxième compagnon, un auxiliaire sénatorial prénommé Adicxi à la mine renfrognée, visiblement peu ravi d’avoir à escorter le Jedi et la policière dans les méandres de l’administration tarisienne, ne cessait de trépigner sur son siège. L’Iktotchi à la peau brune s’était vu confié cette tâche par la Sénatrice Eretria ; la représentante de la Nouvelle République avait pesé de tout son poids pour obtenir l’entrevue de ce matin. Afin d’aider l’officier de la Brigade Judiciaire et son associé Jedi, la politicienne chargea l’un de ses secrétaires de la mission d’apporter une assistance légale.
Valérian consulta son holo-montre. Elle souffla d’exaspération. Les agents de la police locale ne semblant pas presser de la recevoir, Valérian décida de tromper son ennui en observant l’endroit où elle se tenait. L’atrium du Commissariat Central de Taris, aussi haut que large, brillait de mille feux ; les rayons pâles du soleil matinal, passant à travers une immense verrière en transparacier, éclairaient la grande salle rectangulaire d’une aura féérique. Au centre, au dessus d’un bassin d’eau claire, une statue de marbre, représentant un Jedi terrassant un guerrier mandalorien, se dressait fièrement. Le sol composé de dalles en marbre écru synthétique scintillait doucement sous les pieds pressés de dizaines d’hommes et de femmes de tous horizons. Certains étaient vêtus de l’uniforme violet des forces de l’ordre locales, le reste portait des vêtements civils, aussi divers que variés. Glissant silencieusement parmi l’aréopage hétéroclite de la foule présente dans l’atrium, Valérian remarqua les droïdes de sécurités, si pareils à ceux qui constituaient les forces de police sur Coruscant à l’époque de l’Ancienne République.
Valérian bloqua sur un trio de civils, un Duro et deux Humains. Leurs comportements l’intriguaient. Elle les observa plus en détail. L’un des humains paraissait particulièrement anxieux, agité même. Ses deux compagnons essayaient visiblement de comprendre les agissements du troisième. Le Duro parut effrayé en regardant quelque chose que lui montrait le premier humain. De là où elle était, Valérian ne voyait pas ce qui causait ce trouble. Le deuxième humain commença à s’énerver. Il faisait de grands gestes. La commissaire n’entendit que de lointains échos d’éclats de voix. La foule autour du trio faisait de larges détours pour ne pas passer près d’eux – scandalisée ou craintive Valérian ne sut dire – avant que quatre droïdes de sécurité ne finissent par intervenir et les escorter dehors. Valérian haussa mentalement des épaules et reprit le cours de sa contemplation.
Lowbacca ressentait une perturbation dans la Force. Ses sens en éveil, il capta vaguement une sensation de désespoir émanant d’une présence qui ne lui était pas inconnue. Appliquant les préceptes qu’on lui avait enseignés à l’Académie Jedi de Yavin 4, Lowbacca essaya de se focaliser sur cette présence, cherchant à en pénétrer les secrets, à en découvrir son origine. En son for intérieur, le jeune Wookie pressentait l’importance de distinguer ce que se cachait. Rien n’arrivait sans raisons ; la Force avait sa volonté propre et en tant que Jedi, il servait la Force ; c’était son devoir de lever le voile. Mais la présence était fuyante, aussi insaisissable qu’un papillon de wroshyr en période de reproduction. Lowbacca crut qu’on appelait. Un appel à l’aide qui lui était directement adressé, à lui et à d’autres, proches de lui perçut-il confusément. Il ouvrit les yeux totalement. Le temps d’un battement de paupières, ce moment infime de ténèbres, l’atrium était différent. Le marbre était de la chitine la plus noire sur laquelle glissaient des centaines d’insectes protéiformes bouffis et apeurés. Soudain, un visage portant un masque livide déchira la trame de la réalité. Puis le monde retrouva son aspect normal où deux silhouettes s’approchaient d’un pas décidé. Lowbacca se reconnecta sur ses sensations immédiates ; les visions s’effaçant de sa mémoire aussi surement qu’une empreinte de pas sur le sable d’une plage à marée haute.
Il poussa un rugissement faible à l’attention de Valérian. La Commissaire se mit à regarder dans la même direction que le Wookie. Le Jedi déplia son long et imposant corps à la fourrure fournie. Adicxi, d’abord surpris par le grognement, vit les deux personnes et se leva à son tour tel un zébulon shooté au glitterstim. Il tira sur les pans de son veston anthracite.
— Avec tout le respect que je vous dois Commissaire, maintenant, c’est moi qui parle. déclara-t-il avec morgue.
— Bien évidemment, Secrétaire Adicxi. se contenta de répondre Valérian, qui ne connaissait que trop bien l’orgueil de ce genre de bureaucrate.
Elle jeta un clin d’œil amusé à Lowbacca qui lui répondit en retroussant ses babines, l’équivalent d’un sourire chez les Wookies. Valérian reporta son attention sur deux arrivants. Elle reconnut le Capitaine Ves marchant la tête et les épaules basses. L’officier suivait un Twi’lek, de grande taille, au port altier vêtu d’un uniforme carmin où l’on distinguait, accrochés sur la poitrine, une rangée d’insignes lustrés. Le Twi’lek claqua des talons et s’inclina respectueusement devant Valérian et Lowbacca avant de se tourner vers Adicxi.
— Salutations distinguées, Haut-Capitaine Roto Tharwara. s’empressa de dire l’Iktotchi. Permettez-moi de vous présenter la Commissaire Valérian de la Brigade Judiciaire ainsi que le Chevalier Jedi, Lowbacca, qui lui porte assistance dans la mission qui l’amène à solliciter vos services. En vertu des accords de Druckenwell d’entraide judiciaire entre la Nouvelle République et ses états membres…
— Bienvenue sur Taris. le coupa Tharwara en s’adressant à Valérian et Lowbacca. Nous vous accorderons tout l’aide possible dans la mesure de la disponibilité de nos services. Veuillez me suivre dans mon bureau s’il vous plait.
Le Haut-Capitaine, sans autre forme de cérémonie, fit demi-tour et repartit dans la direction d’où il venait, suivi par Ves toujours la tête basse. Adicxi fit un signe pressant à la commissaire. D’un commun hochement de tête, elle et Lowbacca emboitèrent alors le pas de Tharwara.
**
Il fallut, à Almine et ses compagnons, près d’une demi-heure pour rejoindre la Villa Cimides avec force détours. Suite à l’incident avec les Rapaces, le groupe avait préféré prendre plus de précautions que nécessaires, même au risque de louper leur créneau. Ils avaient encore une chance d’accomplir leur mission et de toucher leurs – grosses – récompenses mais ils devaient agir vite et bien. Les abords de la Villa Cimides consistaient en un quartier résidentiel quasiment vide entre 10h et 17h, c’était l’une des raisons qui les avait conduits à opérer en plein jour.
Dissimulant leur camion dans l’arrière-cour d’une résidence huppée, le groupe avait discrètement rejoint une esplanade tranquille et à l’abri des regards, repérée plus tôt par Marn lors de sa reconnaissance. De là, ils disposaient d’une vue imprenable sur leur cible, la Villa Cimides. Sark, dont le statut de leader de l’équipe ne faisait plus de doutes chez personne, distribua des communicateurs d’oreilles à tout le monde. Une fois les vérifications de leur bon fonctionnement faites, chacun prit place comme convenu selon le plan.
Attaquer de jour la Villa Cimides paraissait de prime abord complètement suicidaire, le jeune contrebandier avait du mal avec ça. Bien sur, il avait bien écouté les explications du droïde tacticien de Djarik : la sécurité était plus réduite, les gardes ne s’attendaient pas à une attaque en journée et avec une diversion suffisante pour leur faire croire à une attaque d’envergure, un petit groupe pouvait facilement s’infiltrer par l’entrée est car il s’agissait de la « moins » bien gardée. Du briefing, le jeune passeur avait surtout retenu ces guillemets. Almine garda pour lui la remarque que le plan était quand même, à la base, un peu bancal.
Buu, dont la mission consistait à fournir une diversion se rendit à l’entrée sud. Blake qui devait lui porter assistance proposa plutôt de faire une nouvelle reconnaissance. Sark réfléchit une seconde puis dans un souffle rauque, approuva l’initiative du mercenaire humain. Almine sentit que le Nikto avait du faire un gros effort pour accepter l’idée.
— Ok, Blake. Reco rapide. Tu nous fais ton rapport et tu rejoins Buu dans la foulée. Les autres en position.
Les Jumelles en charge de couvrir les futurs cambrioleurs prirent position un peu plus haut sur le toit d’un immeuble. Marn et Halard, quant à eux, s’avancèrent jusqu’à l’entrée est en se mêlant à la foule éparse qui circulait sur l’avenue piétonne. Almine resta seul avec l’ancien chef de la sécurité de Yopa et Yagga. Ce qui le rassurait un peu car le non-humain avait démontré des qualités de combattant hors pair et semblait être le seul que ce fou furieux de Blake respectait. Sark sortit une paire de binoculaires électroniques de son sac à dos et commença à observer la Villa.
— Ils ont l’air sur les dents. fit-il en passant les binoculaires à Almine.
À travers ces lunettes, le passeur découvrit l’imposant édifice. Boursouflure de métal, de béton et de verre, construit au sommet d’une colline artificielle mélange improbable de poutres d’acier et de grandes plaques d’herbes synthétiques, le bâtiment ressemblait à un gigantesque champignon aux nuances nacrées, ramassé sur lui-même. Les bords du « chapeau » se trouvaient soutenus par une rangée d’épais piliers rectangulaires. Sur le toit, dissimulée sous l’aspect d’une rotonde, une batterie de quadri-lasers projetait une ombre funeste sur les alentours. Bâtie deux siècles auparavant, par un armateur Neimoidien, du nom de Nute Cimides, la Villa demeura longtemps un symbole fort de la reconquête de Taris par l’Ancienne République qui fit de son mieux pour renvoyer dans les oubliettes de l’Histoire les guerres Mandaloriennes, le Bombardement et la curieuse peste de Rakghouls. Ces derniers finissant par entrer dans le domaine de la légende urbaine. La Villa connut différentes phases au cours de son existence. Villégiature pour des hauts responsables de la Fédération du Commerce, quartier général de plusieurs familles de la pègre locale, elle fut même, durant la Guerre des clones, reconvertie en musée planétaire. Puis durant les années sombres de l’Empire, elle servit de résidence secondaire pour le Grand Moff du Secteur Ojoster. À la mort de Palpatine, Taris se souleva et rejoignit vite les rangs de la Nouvelle République ; depuis, les murs de la Villa passèrent de mains en mains jusqu’à ce propriétaire mystérieux que la rumeur prétendait être de feu le Consortium de Zann.
De sa jumelle, Almine balaya les jardins et nota effectivement une certaine agitation chez les gardes, à-priori dirigée vers l’entrée ouest.
— Je me demande si c’est bien judicieux de continuer. Faudrait peut-être revoir le plan.
— Pour l’instant, on attend le rapport de Blake ; on verra alors si on doit improviser. Dans l’intervalle, on suit le plan.
Almine soupira. Sur sa gauche, il remarqua une fenêtre ouverte, grand rectangle de verre, sur la façade brunâtre d’un immeuble que rien ne distinguait des centaines d’autres dans le quartier. Pourtant, il accorda toute son attention, irrésistiblement attiré par cette fenêtre, poussé par une part de son instinct sur laquelle il n’avait pas de prise. Des rideaux effilochés volaient au vent, claquant comme des banderoles. Ils devaient être ainsi agités par une brise exceptionnelle, en provenance – très probablement de l’intérieur – car un drapeau, situé plus haut sur la même façade, demeurait parfaitement immobile. Soudainement, les rideaux disparurent de la vue d’Almine et pendant une seconde, peut-être moins, un visage blafard les remplaça. Le visage, aussi blanc que de la neige pure, regardait directement droit vers le contrebandier, paralysé, avec une expression illisible et froide.
— CE SOIR, L'ARCHIPRÊTRE SE RELÈVERA DE SA MORT ENDORMIE ! hurla-t-on dans le crâne d’Almine.
— Quoi ? fit le contrebandier, perdu et désorienté par ce qu’il venait d’apercevoir et d’entendre, en se redressant subitement.
— Qu’est-ce qui t’arrive, Gamin ? lui demanda Sark qui l’observait avec des yeux surpris et inquiets.
— Rien. répondit Almine en jetant un coup d’œil rapide à la fenêtre où il ne vit qu’une paire de rideaux raides. Le stress, juste un peu de stress.
— Ok. Ben ressaisis toi parce que je sens que cela va bientôt bouger.
Dans leurs oreillettes respectives, Almine et Sark entendirent la voix grinçante, trop aigue, de Blake. Le mercenaire paraissait troublé.
— Sark ? Il se passe un truc à l’entrée principale.
— Vas-y, crache la ta pastille ! l’invectiva le Nikto.
— Il y a un attroupement de Fonceurs devant la porte. Et les mecs de la Villa sont aussi tendus que le string d’une Twi’lek dans la cour d’un Hutt.
— Des Fonceurs ? Quel gang ? Les Rapaces ? intervint Minet sur la fréquence générale.
— Ils n’ont peut-être pas apprécié que ceux de Cimides ne soient pas venus les aider tout à l’heure. supposa Marn.
— Non, ce n’est pas eux. Je ne reconnais pas leur emblème.
— De ce que j’ai compris, tu reconnais jamais les emblèmes. se moqua Buu.
— On reste sérieux ! Tazz ? Jazz ? Vous avez un visuel ? demanda Sark.
— Pas de notre position. lui répondit Tazz. Ma sœur est en train de chercher un meilleur angle de...
— Hé ! Ça bouge de notre côté ! coupa Halard. Les mercenaires se tirent. Marn me dit qu’il y en a plus qu’un qui reste pour surveiller.
— Blake ? Rapport de situation ! enchaîna Sark.
— Les gardes sont hyper tendus. J’ai l’impression qu’ils sont de plus en plus nombreux en effet.
— Ici Jazz. J’ai un visuel. Blake ne ment pas. Ça a l’air chaud à l’entrée principale. Par contre, je n’arrive pas à voir l’emblème de ces Fonceurs. Je ne sais pas qui sont ces gus mais ils ont l’air déterminés.
— Ok. Il y a peut-être une ouverture à exploiter là. C’est Blondin qui va être content : on change de plan. annonça Sark en adressant un clin d’œil au jeune contrebandier. Buu, Blake, vous rejoignez Marn et Halard. Je vous envoie le gamin.
— Et nous ? demanda Jazz.
— Pareil. Je vais prendre votre place pour voir ce qui se passe. Vous ne faites rien tant que je ne vous ai pas donné l’ordre. C’est bon pour tout le monde ?
Il y eut un concert de confirmation, cela satura un peu le réseau des oreillettes. Almine grimaça. D’ordinaire, l’imprévisible ne figurait pas dans la liste de ses contrariétés à partir du moment où il s’y attendait. Sauf que cette mission ne se résumait qu’à ça depuis le début. Il aimait de moins en moins la situation. Même s’il avait été le premier à évoquer le principe de l’improvisation, le contrebandier ne se sentait pas à l’aise dans ce genre d’opérations. Tout lui échappait. Et puis, il y avait eu ce moment étrange, terrifiant, dans la rue plus tôt. Ce moment que tout le monde dans l‘équipe semblait avoir occulté. Etait-ce grâce à la perspective d’embaucher une somme plus que rondelette, capable de faire tourner bien des têtes ? Ou était-ce parce que leurs réflexes de professionnels aguerris avaient repris le dessus ? En ce qui le concernait, Almine se dit que c’était surtout pour ne pas avoir à y penser.
***
Situé au sommet du Commissariat Central, le bureau du Haut-Capitaine reflétait parfaitement tout autant sa personnalité que ses hautes fonctions. D’une blancheur clinique, la pièce était décorée de sculptures abstraites, de meubles tout en rondeurs illuminés par une grande baie vitrée. Tharwara contemplait les arabesques d’une fontaine à eau murale. Écoutait-il le discours technique, et quelque peu assommant, d’Adicxi ? Ou s’en fichait-il complètement ? Valérian adhérait à cette dernière option. Fouettant l’air avec ses deux lekkus, l’officier se retourna brusquement vers Valérian et d’un geste autoritaire de la main, fit taire l’auxiliaire sénatorial. L’Iktotchi baissa les yeux, ravalant fierté et vexation.
— Dites moi Commissaire, est-ce toujours ainsi que vous obtenez l’aide de vos collègues ? En faisant appel aux politiques et à leurs hommes de mains que sont les juristes ?
— [Nous ne faisons que respecter les édits de Taris ainsi que nous l’a demandé, fort poliment, le Capitaine Ves.] répondit diplomatiquement – mais non sans une certaine forme de raillerie – Lowbacca, en un long et mélodique feulement, à la place de Valérian qui bouillonnait à ses côtés ; appliquant en cela les conseils de sa « tante », la Princesse Leia Organa-Solo.
Ves, qui attendait patiemment prés de l’entrée, baissa les yeux à son tour et se mit à pianoter, quasi frénétiquement, sur son databloc. Le Haut-Capitaine fustigea du regard son subordonné. Valérian se dit que Tharwara n’avait pas apprécié de se faire réveiller en pleine nuit par l’appel du Ministère de la Justice tarisienne, eux-mêmes harcelés par le bureau d’Eretria. Affichant un sourire quelque peu forcé, il s’approcha de son bureau. Il s’assit sur un des rebords avant de reprendre.
— Certes, certes, Seigneur Chevalier. Donc vous poursuivez un
minable contrebandier qui
aurait sévi sur
Eriadu ?
— [En effet, Haut-Capitaine.] approuva le Wookie en ne se laissant pas atteindre par les piques de l’officier.
— Un dénommé Almine si j’en crois les documents que nous avons pu obtenir grâce aux services de la sénatrice. ajouta Valérian qui espérait que la discussion allait enfin prendre une tournure plus professionnelle.
— En violation du secret de confidentialité de nos services au passage. répliqua avec aplomb Tharwara.
— Mais en accord complet avec les autorisations gouvernementales que la Sénatrice, de par sa fonction, a le droit de faire valoir. commença Adicxi avant qu’un nouveau regard sans équivoque de Tharwara ne le poussa à se taire aussitôt.
— Taris a bien changée. Jadis, jamais un non-humain, en dépit de ses compétences, tel que moi par exemple, n’aurait pu atteindre la fonction de Haut-Capitaine. Pourtant me voilà. Notre société a évoluée, elle s’est policée. Et c’est pourquoi je veille à la maintenir ainsi. C’est pourquoi je vous apporterai mon concours. Pas parce qu’une ligne dans un traité quelconque m’y oblige.
— Nous sommes – le Chevalier Lowbacca et moi-même – ravis de vous l’entendre dire en ces mots simples. répondit Valérian soulagée de voir que les choses avançaient enfin.
— Vous me voyez tout aussi ravi de voir ceci clarifié. Faisons vite alors ; j’ai une sinistre affaire à gérer : un citoyen tarisien se serait pris d’un coup de folie et aurait commis un carnage dans un speeder-bus tôt ce matin.
— Je serais brève. lui dit Valérian ; en tant que commissaire, elle savait que ce genre de cas nécessitait une attention toute particulière. Donnez-nous accès à votre réseau interne et une demi-douzaine de vos inspecteurs, des agents qui connaissent bien la Basse-Ville si possible.
— Comme je vous le disais tout à l’heure : nos ressources sont actuellement très limitées. Il y a cette histoire de speeder-bus et je ne mentionne même pas les multiples cas de disparitions qui occupent une bonne partie de mes lieutenants. Notre aide sera donc limitée.
— [Que voulez-vous dire ?] demanda Lowbacca en un grognement sourd.
— Ainsi que vous le voulez, je vais vous donner accès, temporairement, à notre réseau et à nos données. Par contre, vous n’aurez aucun de mes hommes – nous sommes déjà en sous-effectif et je me dois de maintenir l’ordre dans la Ville-Haute – donc si vous souhaitez faire une arrestation dans la Basse-Ville, cela se fera par vos propres moyens.
— Trop aimable. répliqua Valérian en sachant que si la situation se présentait, cela serait synonyme d’une mort plus que probable même en ayant un Jedi entraîné en renfort.
— Et n’oubliez pas, d’abord, de venir me voir pour obtenir un mandat. rajouta Tharwara avec un sourire. Dans le cas contraire, mes services se verraient contraints de relâcher toutes personnes que vous arrêteriez.
— C’est un outrage à… se scandalisa Adicxi.
— Nous sommes sur Taris. Seules les règles de Taris prévalent. Et je suis les règles, rappelez-le à votre patronne. lança avec suffisance Tharwara.
— C’est un scandale ! Nous allons prévenir le Ministère !
— [Assez !] rugit Lowbacca. [Nous avons obtenu plus qu’il nous en faut ! Il serait contre-productif de nous mettre à dos le Haut-Capitaine.]
— Je constate, avec plaisir, que la sagesse légendaire des Jedis de Skywalker n’est pas si surfaite que ça. railla Tharwara.
— Excusez-moi, Haut-Capitaine ! intervint Ves d’une voix tremblante. Contrôle nous signale une urgence dans le quartier de la Villa Cimides.
— Pourquoi recevons-nous ce signalement ? Ils glandent quoi au commissariat de secteur ? s’emporta Tharwara.
— Personne ne répond là-bas…
— Bo’shet ! cracha le Haut-Capitaine.
— [Peut-être qu’avant de consulter votre base de données, Valérian et moi-même pourrions vous donner un coup de main ?] proposa Lowbacca avec un grognement dont toutes les personnes présentes dans le bureau percevaient le côté sarcastique.
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Brett ne connaissait pas bien le secteur de Junction Point, une zone tampon entre la Basse et la Haute-Ville. La plupart du temps, il ne faisait que la traverser. Quand il avait réussi à trouver l’adresse de la vieille connaissance de Granax qu’il souhaitait rencontrer, Brett fut surpris de voir qu’elle se situait à Junction Point. Rare étaient les personnes à vouloir vivre dans cette zone interlope où se croisaient les gangs de Fonceurs et les jeunes gens de la Haute-Ville en quête de sensations fortes.
Junction Point se résumait à un enchevêtrement de larges passerelles – certaines entièrement piétonnes, d’autres ouvertes à la circulation – couvertes d’étals marchands faits de bric et de broc. Ces passerelles donnaient sur des façades d’immeubles d’habitation ou sur des bureaux de petites sociétés pas assez riches ou influentes pour se payer des locaux dans la Ville-Haute pourtant si proche. L’ensemble surplombait une grande place à plusieurs niveaux où se pressait une foule disparate parmi laquelle slalomaient des pousse-pousses à répulsion ou des swoop-bikes. Des escaliers grimpaient ici et là vers des passages qui menaient à des restaurants odorants, des bars aux clients patibulaires et assommés d’alcool, des holos cinémas pour tous les gouts et des commerces en tout genre. Quelques, rares, bâtiments industriels ceignaient la place rejetant dans l’air déjà chargé des panaches de fumées grises qui se mêlaient aux panaches blancs qui surgissaient de temps à autres des bouches d’égouts. L’endroit sentait fort la transpiration de dizaines d’espèces différentes ; un bruit constant de discussions, de klaxons, de cris emplissait l’air. Ce qui servait de ciel était noir de la circulation épaisse de speeders.
Brett s’était garé un peu plus loin dans une zone plus calme. Il avançait maintenant parmi la foule. Il croisa droïdes, Fonceurs, dealers, marchands à la sauvette et des centaines de personnes allant ou revenant de leur travail ou errant sans but véritables. Il leva la tête et vit les deux immenses portes derrière lesquelles battait la Ville-Haute. Tout comme il vit la dizaine de policiers en uniforme qui en surveillaient l’accès. Cela ne l’étonna pas plus que ça ; la rumeur prétendait que plusieurs personnes avaient mystérieusement disparues à Junction Point. Il se souvenait avoir lu dans un flash de l’Holonet local l’histoire d’un Gran racontant avoir entraperçu un monstre – un rakghoul. Jusqu’à hier soir, Brett croyait que ce n’était que les sornettes habituelles des journaleux sensationnalistes. Plus maintenant, plus depuis la disparition de Yoabesin.
Cela faisait un bon quart d’heure qu’il marchait ainsi. En se frayant, parfois avec difficultés, un chemin, il surprit plusieurs conversations ; on parlait d’un massacre perpétré dans un speeder-bus ou on évoquait les tags qui surgissaient un peu partout.
Brett pressa le pas. Il savait que la demeure où il se rendait se trouvait à une centaine de mètres encore. Brett se figea subitement. Il aperçut, dans la foule, une silhouette floue, vaguement de forme humaine portant une longue robe d’un jaune malade dont le visage le regardait fixement. Un visage d’un blanc d’os, lisse et indéchiffrable. Brett observait en retour ce visage qui semblait flotter au sein même de la silhouette. La silhouette commença à s’approcher du jeune homme. Une femme, une secrétaire quelconque en retard à son travail, passa alors entre Brett et la silhouette. Cette dernière passa au travers de la femme qui frissonna. La secrétaire continua son chemin pour s’effondrer deux pas plus loin. La silhouette à l’étrange visage pâle n’était plus là. Brett se mit frénétiquement à la chercher partout du regard mais elle était partie.
Plusieurs personnes se rassemblèrent autour de la jeune femme qui venait de perdre conscience. Un Rodien, au crâne énorme, poussa quelques badauds déclarant qu’il était infirmier. Il s’accroupit auprès de la femme pour lui prodiguer les premiers soins. Il n’eut pas le temps car elle reprenait déjà connaissance. Confuse et paniquée, elle se plaignit d’avoir froid comme si elle avait plongé dans les eaux d’un lac glacé. Le Rodien et un deuxième passant, un humain au visage balafré portant le blouson du gang des Félynx de Junction Point l’aidèrent à se relever. Elle les remercia et assura au Rodien que tout allait bien. La trompe flasque de l’infirmier s’élargit en une espèce de sourire soulagé. Le Fonceur l’accompagna pendant quelques mètres puis ayant obtenu son numéro de comlink, s’en alla rejoindre ses frères d’armes qui l’attendaient un peu plus loin l’accueillant avec des sifflements moqueurs et admiratifs. Peu à peu, la foule reprit le rythme de sa routine habituelle.
Brett se secoua violemment et, à son tour, se remit en marche. Il ne le sut jamais mais la jeune femme mourut très peu de temps après. Ses collègues la trouvèrent à son bureau, les traits de son visage figés en une expression de terreur absolue.
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