Retour au sommaireChapitre précédentChapitre XIII :Sullust, Secteur Brema
Bordure ExtérieureAprès avoir amarré le
Cuyan à une baie du spatioport principal de la planète, les trois compères avaient rejoint l'une des nombreuses cantina de la capitale, Le Bulet. Scaroc avait prévu de laisser Keed sur la planète, mais seulement après avoir réglé l'affaire de Lieyn. Le Jedi était très doué et le Chiss commençait à bien s'entendre avec lui, mais il lui avait quasiment promis de le rendre aux Jedi. En outre, il doutait que Keed veuille rester avec lui. Scaroc lui avait dit avoir installé une bombe pour le tenir en laisse, mais en réalité il n'avait rien fait En ce qui concernait son offre pour le Quarren, il avait été honnête et lui offrirait effectivement sa position à condition de se faire oublier des Jedi. Un chasseur de primes devait savoir faire des compromis. Pourtant, à mesure que l'échéance se rapprochait et qu'ils sympathisaient, Scaroc avait de moins en moins envie de le laisser partir. Toutefois, il était certain que Lieyn partageait une toute autre opinion. A l'évidence, elle ne le portait pas dans son cœur même si elle avait arrêté de le mépriser. Si Scaroc n’avait pas payé sa tourné, il n’y aurait eu que deux verres sur leur table de cantina, celui du Chiss et celui de la Mando.
Mais à l'heure actuelle, seuls Scaroc et Keed y étaient assis. Lieyn était partie à une autre table rejoindre son contact de la station de chasse à prime. Tandis qu'elle peaufinait son plan avec les dernières informations sur sa cible, Scaroc essayait de se rappeler ce qu'il savait du Makurth. Ce n'était pas bien compliqué, tout le monde connaissait l'essentiel et rien de plus. Hugkarh était l'un des plus célèbres chasseurs de primes de la galaxie, à l'instar de Boba Fett ou Bossk en leur temps. Là où la plupart des chasseurs se cantonnait à la Bordure Extérieure et parfois Médiane, le Makurth faisait partie de ces personnes très demandées même sur Coruscant. Selon les différentes rumeurs que Scaroc avait entendu ci-et-là, ses tarifs étaient exorbitants mais il ne ratait jamais aucune de ses cibles. Il avait fait son plus gros coup quelques années plus tôt en éliminant l'un des hommes d'affaires les plus riches de Coruscant et en lui volant l'intégralité de sa fortune, avant de disparaître mystérieusement sans laisser de traces suite à sa mise à prix. La somme offerte par les autorités de l'Alliance Galactique était assez exceptionnelle pour lui mettre tous les chasseurs de primes de la galaxie à dos. Mais ce fut lorsque Boba Fett s'intéressa à l'affaire trois ans auparavant que le Makurth disparu. Tout le monde pensa alors qu'il avait été éliminé mais personne ne vint ramener sa tête pour la prime. Scaroc s'était toujours douté qu'il attendait son heure, à raison.
Une semaine standard avant leur arrivée dans cette cantina, Hugkarh fit sa réapparition aussi soudaine que dévastatrice dans une réserve d'armes impériale. Il avait dérobé des dizaines d'armes dernier cri et détruit les deux frégates lancées à sa poursuite. Scaroc ignorait quel employeur serait assez fou pour engager une telle action, mais il pensait que cela avait un rapport avec l'affaire de Coruscant. Ce retour avait été suivi d'une grande ébullition dans le monde de la chasse à prime. Rien d'étonnant à ce que Lieyn ai pu y être aiguillée. Tout le monde cherchait à l'attraper depuis que l'Empire avait doublé la prime offerte par l'Alliance.
Il comprenait amplement qu'elle lui ai demandé de l'accompagner, c'était un trop gros morceau pour elle seule. Avec tout ce monde à sa recherche, il n'avait pas été difficile à la Mandalorienne de le pister. Scaroc savait qu'elle avait de nombreux contacts, tout comme lui, et le Makurth était très singulier. En plus d'être le plus réputé de son espèce, c'était le seul à vivre encore quelque part dans la Bordure. Il s'agissait désormais d'une espèce rare. Ce peuple avait été décimé au cours des guerres, très souvent demandé comme guerriers, à tel point qu'il ne restait aujourd'hui que quelques tribus sur leur planète natale. D'après les données de son datapad, il s'agissait d'une espèce nocturne, et qui serait donc léthargique en matinée. Pour Scaroc, ce serait le moment idéal afin de l'attaquer, mais Keed persistait à lui dire que quelqu'un d'une telle renommée compterait sur ce genre d'idées de la part de ses assaillants. Il se serait habitué au rythme de vie de la plupart des espèces.
Les Makurth étaient également réputés pour faire preuve de sadisme et de cruauté à un niveau élevé, aussi le Chiss comptait bien faire tout pour protéger Lieyn s'ils arrivaient à le trouver.
Scaroc vit Lieyn revenir vers lui tandis que le Devaronien avec lequel elle venait de parler disparaissait dans l'ombre.
« Tu as appris des choses intéressantes ? demanda Scaroc.
-Les nouvelles sont excellentes. Entre le moment où j'ai appris qu'il se trouvait ici et notre arrivée, il a changé de planque trois fois, et sa dernière position m'est désormais connue.
-Pourquoi changer autant de fois de planque ? interrogea Keed.
-J'avoue que je ne comprends pas. Il est d'autant plus repérable s'il change de place, parce qu'il finira forcément par se faire remarquer. Preuve en est que tu sais où il est. Et rester aussi longtemps sur la même planète est également étrange. Je doute qu'il ai une mission à accomplir, sinon il l'aurait déjà terminée, dit le Chiss.
-Il joue les appâts. Il attire les nouveaux chasseurs de primes et les élimine un à un, répondit Lieyn.
-Alors quel est ton plan ? Si tu devines son piège, comment comptes-tu le déjouer ?
-On ne le déjoue pas. On fonce dans le tas.
-
Fierfek. Tu n'es pas sérieuse. Se jeter dans un piège tendu par l'un des plus grands chasseurs de primes. C'est du suicide, même pour nous trois.
-Il n'y a pas vraiment d'autre solution.
-Très bien, on va faire ça à ta manière. Mais si nous échouons, je prends la tête des opérations, que ce soit ta cible ou non.
-Attendez, les interrompit Keed. On nous observe. Dans ce coin là, ajouta-t-il en désignant une table dans un recoin sombre. J'ai du mal à le percevoir dans la Force, sa présence est diffuse. Mais je sens bien la créature qui l'accompagne. »
Sans se lever, Scaroc fit un geste discret en direction du mystérieux inconnu. Ce dernier se leva de sa table et les rejoignit très rapidement. On aurait presque dit qu'il s'était téléporté. La fameuse créature dont parlait Keed était un petit singe-lézard Kowakien, qui se lovait de nouveau entre les ailes de son propriétaire.
« Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre votre conversation, jeunes gens. Je suis navré, mon ouïe porte à de nombreux mètres. Je suppose que ce Jedi ici présent a senti mon intérêt pour ce que vous racontiez.
-Comment savez-vous qui je suis ? fit Keed, sur la défensive.
-Mon espèce a certaines facultés télépathiques qui font interférence avec les sens des Jedi. Dans la même optique, j'ai la possibilité de ressentir qui utilise la Force pour me sonder. Cela peut se révéler très utile.
-De quelle espèce êtes-vous ? Je ne vous reconnais pas, lança Scaroc. Pourquoi notre conversation vous intéresse-elle ?
-Je suis un Klapath, mais je suppose que cela peut attendre que Hugkarh soit tombé, vous ne pensez pas ?
-Quel est votre intérêt envers ce Makurth ? demanda Lieyn.
-Je suis moi aussi un chasseur de primes. Mais je suis impuissant face à lui. J'ai la possibilité de déjouer ses pièges, mais je n'ai pas les moyens de le tuer.
-Pourquoi vous aiderai-t-on ? Nous sommes en mesure de nous débrouiller seuls.
-Pas cette fois, Mandalorien. Si vous ne venez pas avec moi, vous mourrez sur cette planète. Si vous voulez être ceux qui auront mis la main sur ce rejeton de Hutt, retrouvez-moi dans vingt minutes dans la ruelle derrière le bâtiment administratif.
-Attendez, dites-en... commença Scaroc, mais il fut interrompu par le départ soudain du Klapath.
-C'est une manie de disparaître devant nous ? fulmina Lieyn. D'abord les Voss, maintenant lui. Je ne lui fais pas confiance.
-Je crois en effet qu'il vaudrait mieux ne pas le suivre, murmura Keed pour lui-même.
-Bien, si on en a terminé ici, fit Scaroc en vidant son verre avant de remettre son casque.
-Allons-y. Trouvons ce Makurth, » lança Lieyn.
Ils sortirent tous trois de la cantina, sans remarquer l'individu masqué de l'autre côté du comptoir qui rangeait discrètement une holocaméra dans ses poches...
Les renseignements de dernière heure obtenus par Lieyn conduisit le trio vers une ancienne prison reconvertie en immeuble de bureaux, à l'extrémité sud de la capitale. Apparemment, un passage dérobé dans le mur de l'enceinte extérieure permettait d'accéder aux sous-sols du bâtiment, où était censé se cacher leur cible. Aux yeux de Keed, il était peu probable que le Makurth se soit réfugié dans l'endroit peu recommandable où ils se trouvaient. Pourtant, il avait un étrange pressentiment depuis qu'ils avaient commencé à explorer les tunnels. La Force essayait de lui souffler quelque chose, mais il ne parvenait pas à en comprendre le sens. Il sentait quelque chose au bout du couloir qu'ils étaient en train de suivre, une présence diffuse et récente.
Lieyn en tête, le trio s'avança dans la faible lueur des lichens phosphorescents accrochés aux parois. Keed pouvait sentir la tension que ressentait Scaroc. Le Chiss était inquiet à l'idée de ce qu'ils trouveraient au bout du chemin, plus encore que Keed et ce qu'il pressentait. Ils arrivèrent à une lourde porte en fer, que Lieyn et Scaroc ouvrirent lentement en poussant dessus en tandem. Ils arrivèrent dans une petite salle totalement équipée en matériel Holonet de pointe et armes. Ils étaient apparemment bien dans la planque – où l'une des planques – de Hugkarh. Keed remarqua alors une ombre qui traversa la pièce de part en part, passant de l'ombre à la lumière et se révélant aux chasseurs.
« Le Klapath ! s'exclama Scaroc, surpris.
-Je vous avais dit de me suivre, votre mort aurait été bien plus rapide, susurra la créature ailée. Avec vos armures, vous survivrez à la première étape, mais ce sera également votre tombeau.
-Espèce de sale Kath puant ! Viens donc te battre ! Cria Lieyn d'une voix hargneuse. Tu n'es qu'un
shabuir d'espion !
-Trop tard, petits joueurs, murmura le Klapath.
-Qu'est-ce que... ? » commença Scaroc.
Mais il s'interrompit lorsqu'il vit leur adversaire s'enfuir vers une porte à l'autre extrémité de la pièce en appuyant sur ce qui ressemblait à un détonateur.
Keed ressentit la perturbation dans la Force un instant avant l'explosion. Il recula hors de la pièce au moment où le plafond s'effondrait sur les deux Mandaloriens.
Régions inconnues.
Vaisseau étendard de la Flotte Chiss, le Vaillant.
Salle des communications, bureau de commandement.
Telle était l'inscription sur la porte du bureau. Tysle'tsa'nuruodo la referma derrière lui et s'installa devant la console afin de la désosser.. Le commandant de sa section était parti en tournée d'inspection, et la salle était déserte. Etsan avait été désigné de permanence pour la garde le temps de l'inspection. C'était ce genre d'opportunité qu'il savait saisir afin d'accomplir ses missions pour le réseau de résistance.
Le mouvement de sécession qui grondait au sein même des systèmes Chiss était très étendu. Etsan l'avait rejoint un an auparavant, suite à la destitution de deux des membres les plus éminents de la famille Inrokini. Ces événements suivant de près la mort de Mitth'us'sabosen , et encore avant la fin des Csapla au plan politique – sans parler de l'exil de son ami Scaroc – cela faisait beaucoup de coïncidences. Etsan avait rapidement compris que la Famille Nuruodo – et notamment son père - était à l'origine de toutes ces machinations. Son père avait de l'ambition, il n'avait rien contre ; mais il menait son ascension vers le pouvoir au détriment des autres. Si sa première victime n'avait pas été son meilleur ami Shess'caro'csapla, Etsan n'était pas certain qu'il se serait engagé contre son père. Après avoir effectué quelques recherches de son côté, il avait été contacté par le réseau, qui surveillait justement les communications et qui avaient découvert son intérêt pour le complot. Aujourd'hui, il était l'un de leurs nombreux informateurs au sein de la Flotte Chiss, et comptait bien tenir son rôle encore longtemps. Mais de part sa position, même s'il ne bénéficiait d'aucun de traitement de faveur pour monter en grade, il était étroitement surveillé par les laquais de son père. Des espions moins surveillés que lui s'étaient faits prendre et avaient été exécutés. Son père ne devait probablement pas penser que son propre fils pouvait se monter contre lui. Cela lui serait fatal.
Sortant un minuscule appareil espion de la veste de son uniforme, il le glissa au cœur de la console de communication du commandant, avant de remonter le tout. Avec ça, les rebelles auraient accès aux informations bien plus efficacement.
Une lumière clignotante attira son attention. Les derniers messages reçus par le commandant n'avaient pas encore été lus. Intrigué, Etsan activa le comlink et consulta l'hologramme.
Le premier message provenait du fils du commandant, sur le croiseur Déviant, et concernait l'inspection. A l'évidence, la manie du commandant de toujours être en avance lui avait joué des tours.
Le second message provenait d'un des nombreux espions privés du commandant. Etsan avait rapidement compris que chaque officier supérieur possédait un certain nombre d'espions, au sein des Chiss où à l'extérieur des frontières, pour toujours garder un coup d'avance sur les autres et être informés de tout. La connaissance est le pouvoir, et les Chiss le savent bien. Et pas seulement dans l'espace Chiss. Connaître la situation dans le reste de la galaxie était un atout non négligeable. Le message concernait un fichier vidéo que l'espion avait envoyé sur le réseau du commandant. A l'évidence il s'agissait d'une information importante puisque l'espion avait brisé une règle essentielle en contactant directement son supérieur.
Intéressé, Etsan pirata les données de la console privée du commandant, jetant un regard autour de lui pour s'assurer qu'il était toujours seul, et accéda rapidement au fameux fichier. La vidéo était très courte, quelques minutes seulement. Mais ces quelques minutes étaient incroyables. Dans ce qu'il semblait être une vieille cantina, se trouvait son ami Scaroc en tenue de Mandalorien, accompagné d'une jeune femme et d'un Twi'lek. Etsan eut l'impression qu'un poids lui tombait des épaules, il avait toujours éprouvé une certaine inquiétude au sujet du départ de Scaroc. Il avait réussi à se faire discret pendant quatre années, et échapper aux renseignements Chiss. ; cela tenait presque du miracle. Peut-être le fait qu'il semblait appartenir aux Mandaloriens était en cause. Une chose était certaine, le fait de retirer son casque en public l'avait trahi. La position de Scaroc à sa table permettait à Etsan de voir l'étrange cicatrice qui lui couvrait la joue. Il ignorait ce qui avait pu arriver mais une chose était certaine, son ami était parti. S'il venait à revoir Scaroc un jour, ce ne serait plus le même, il pouvait le deviner.
Etsan inséra une datacarte dans l'ordinateur et téléchargea le fichier et toutes les informations associées, avant d'effacer ces mêmes données du disque dur du commandant. Il avait les infos, et il serait le seul. Si cela pouvait retarder la découverte de Scaroc par son père, ce serait déjà ça de gagné. Même si son ami lui avait gardé rancune pour les agissements de sa famille, Etsan considérait leur amitié comme étant toujours d'actualité et ferait son possible pour l'aider. Ne serait-ce que pour contrarier son père.
Le jeune Chiss éteignit le terminal et rangea la datacarte dans sa combinaison avant de sortir prudemment pour rejoindre son poste. Il n'avait pas à s'en faire pour les caméras de surveillance, normalement l'un de ses complices avait dû truquer les bandes de la journée. Une fois de retour à son poste, il sortit un petit comlink modifié de ses affaires personnelles et composa le code de confirmation avant de l'envoyer. Quelques minutes plus tard, un léger bip lui vint en réponse, le rassurant quant aux caméras.
Mission accomplie, pensa Etsan.
Sous-sols de Tratex Entreprises, Sullust. Keed se releva lentement, clignant rapidement des yeux embués pour supporter la poussière. Le souffle dégagé par l'effondrement l'avait projeté en arrière suffisamment fort pour qu'il soit désorienté quelques minutes après avoir heurté le mur. La poussière remplissait tout l'espace autour de lui, et il n'arrivait pas à distinguer les rochers devant lui, sous lesquels étaient enterrés les deux Mandaloriens. Toussant à en cracher ses poumons, il avança en tâtonnant en direction de l'endroit où il sentait la présence forte de Scaroc, sous le choc mais toujours en vie. Il avait du mal à percevoir Lieyn, cependant, elle devait probablement avoir perdu connaissance. S'il n'avait pas eu la Force pour lui, le Jedi aurait été certainement broyé par l'effondrement mais heureusement, il avait réussi à l'éviter de justesse. Quand à ses deux compères, ils avaient très probablement été sauvés par leur armure en fer mandalorien.
Il parvint à distinguer la salle dans laquelle il se trouvait quelques temps auparavant, tous les appareils ensevelis par la roche, des foyers d'incendie se déclarant un peu partout. Après l'explosion qui avait détruit le plafond, la salle elle-même n'allait pas tarder à être incinérée. Keed aurait pu s'enfuir pour éviter ce sort, mais il n'allait pas abandonner les deux Mandaloriens. Même s'ils avaient survécu à l'éboulement et survivraient probablement aux flammes, leur armure se révélerait mortelle quand ils finiraient par mourir asphyxiés ou par le manque d'hydratation.
Personne ne mérite une telle mort.D'une poussée de Force, il balaya la poussière autour de lui pour se laisser une marge de manœuvre convenable.
Invoquant la Force, il visualisa les rochers devant lui et les souleva lentement, un à un, pour les déposer prudemment quelques mètres plus loin. Il était inutile d'y aller trop fort et de déclencher une autre chute de rocs et de permabéton. En quelques minutes, il réussit à dégager suffisamment le passage pour distinguer l'armure de Lieyn dans les décombres. De ce qu'il pouvait voir, l'armure s'était légèrement déformée sous le choc dans son dos, ce qui en disait long sur la résistance de cet équipement. N'importe qui d'autre se serait simplement fait broyer. Il dégagea quelques morceaux supplémentaires pour pouvoir accéder en toute sécurité au corps de la Mandalorienne. L'effort intense que cette utilisation de la Force lui demandait était en train de le fatiguer à petit feu, mais il ne pouvait s'arrêter maintenant. Profitant du fait que la jeune femme était assommée, il la déplaça à l'aide de la Force pour la déposer lentement derrière lui. Sans perdre sa concentration, il déblaya les derniers débris qui recouvraient le Chiss avant de se précipiter vers lui pour l'aider à se relever. Ils étaient dans un bien sale état ; leurs armures étaient bien plus déformées que ce qu'il n'y paraissait. Toutes les plaques de cuirasse du côté droit de Scaroc étaient écrasées et un creux était visible sur son plastron. Il avait également perdu son antenne de casque, mais étonnamment, il avait réussi à conserver toutes ses armes. Lieyn semblait avoir reçu plusieurs morceaux de permabéton sur la tête et son casque n'était plus très lisse. Il était éraflé et cabossé de partout.
La peinture sera à refaire, songea le Jedi.
L'essentiel était qu'ils soient toujours en vie.
Le Chiss accepta gracieusement la main tendue que lui proposait Keed et s'appuya sur le Twi'lek le temps de ressortir de la pièce. Puis ils s'effondrèrent de nouveau aux côtés de Lieyn, épuisés.
« Ils vont nous le payer, marmonna Scaroc d'une voix assourdie. Le Makurth comme le Klapath.. Je me chargerai personnellement de faire bouillir son maudit singe rieur.
-On avait deviné qu'il y avait un piège, plaisanta Keed.
-Je ne pense pas que ce soit le moment de faire de l'humour, grommela Scaroc en retirant son casque. Mais, merci de nous avoir sortis de là-dessous. J'admets que sans toi, nous étions perdus.
-Ce n'est rien, fit le Twi'lek d'un air gêné. Comment va-t-elle ?
-Les signes vitaux envoyés par son armure sont bons, elle ne devrait pas tarder à s'en remettre. On pourra terminer ce pourquoi on est venus.
-Tu veux vraiment continuer à chercher ce Makurth ? s'étonna le Jedi.
-Je sais qu'elle ne renoncera jamais après ce qu'il vient de se passer. Elle ne quittera pas cette piste sans laver cet affront.
-Mais comment allez-vous le trouver ?
-Tu vas nous aider. J'ai remarqué que tu agissais étrangement tout à l'heure. Tu percevais le Klapath, n'est-ce pas ?
-En effet, il a une présence particulière dans la Force.
-Il sera très probablement avec le Makurth. Il s'agit sûrement d'un de ses atouts. Tout le monde ignore qu'il travaille en équipe où qu'il confie les sales besognes à d'autres. Si ça se trouve « Hugkarh » est un réseau contrôlé par le Makurth. Peut-être qu'il ne fait rien par lui-même, auquel cas il serait facile à éliminer.
-Ne dis pas « éliminer ».
-Pourquoi ? On n'apprend pas aux Jedi à tuer ?
-On nous apprend à nous battre pour défendre les peuples. Nous ne tuons que quand c'est nécessaire.
-On dirait une récitation de cours. As-tu déjà tué quelqu'un ?
-Non.
-Alors n'en parle pas comme si tu savais de quoi tu parlais, trancha le Mandalorien.
-Pourquoi es-tu devenu un chasseur de primes ? interrogea alors le Twi'lek.
-J'ai suivi les traces de mon père, mon père adoptif. Et c'est une vie qui me convient.
-Tuer des gens pour de l'argent ? Je n'appellerais pas cela une vie très tranquille.
-Je n'ai pas envie d'une vie tranquille, je n'en ai jamais voulu. Être entouré de Mandaloriens au quotidien n'aide pas à choisir une autre voie, puisque la plupart pratiquent cette activité.
-Tu en tires un bénéfice quelconque, à part l'argent ?
-L'expérience et des contacts utiles pour survivre. De quoi me donner une base solide pour atteindre mon but.
-Ce but, c'est de se venger de quelque chose, n'est-ce pas ?
-Chose que tu désapprouverais en tant que Jedi, évidemment...
-Je peux comprendre certaines raisons qui poussent les gens à se venger, mais il faut faire attention à ne pas se perdre en chemin.
-Tu voudrais m'inculquer la sagesse Jedi ? Je songe à cette vengeance depuis près de quatre années, je n'y renoncerais pas.
-Qui donc peut mériter une telle haine ?
-Je ne pense pas que ce soit le moment de déballer nos vies. Je ne te demande pas si tu étais un parfait petit Jedi.
-C'est vrai, concentrons-nous sur l'instant présent.
-Pour en revenir à la cible, si tu parvenais à localiser ce
shabuir au singe-lézard, on aurait de fortes chances de trouver Hugkarh.
-C'est tout le problème, sa présence est tellement diffuse qu'il m'est difficile de le percevoir clairement. Comme si la Force convergeait tout autour de lui mais l'évitait.
-Alors cherches ce point évité par ta Force et tu le trouveras.
-Ça peut marcher...
-Bien sûr que ça marchera, de toute façon il n'y a pas tellement d'autres possibilités. Commence dès maintenant à chercher. Plus vite on l'aura, plus vite on partira ! lança Scaroc en commençant à remettre son casque.
-Je croyais que tu devais me laisser ici ? » demanda Keed.
Le Chiss interrompit net son mouvement, comprenant lentement ce qu'il venait de dire. Il remit finalement son casque et déclara sur un ton neutre :
« On en rediscutera plus tard. Pour l'instant, sortons d'ici. Aide-moi à la porter à l'extérieur. »
Une demi-heure plus tard, camouflés dans l'une des ruelles sombres de la capitale, Lieyn reprenait connaissance sous l’œil vigilant de Scaroc. A leur sortie des tunnels, il lui avait retiré son casque pour lui éviter quelques désagréments avant de veiller sur elle. L'armure de la jeune femme avait pris quelques coups, mais plus ciblés que celle de Scaroc. Là où le Chiss avait tout un côté déformé, la cuirasse de Lieyn était principalement abîmée dans le dos et sur le casque. Des dégâts facilement réparables, en somme. Le point positif de ces dommages étant bien sûr que leurs armures puissent toujours être portées, tout au moins le temps de vaincre le Makurth.
« Que s'est-il passé ? murmura Lieyn d'une voix faible.
-Doucement, prends ton temps. Ce fils de Hutt nous a piégés, mais Keed nous a sortis des ennuis.
-Où sommes-nous ?
-Quelque part en ville, je dirais, lança le Jedi avec un sourire. Je peux sentir la présence de notre cible à quelques pas d'ici.
-Attendez, de quoi parlez-vous ?
-Pour faire court : on s'en est sortis, on a localisé notre cible, et on t'attendait pour aller se le faire. C'est assez complet, Keed ?
-Je vais bien, Scaroc, les interrompit soudain Lieyn d'une voix ferme en écartant le bras du Chiss. Juste un peu sonnée.
-Comme tu voudras. Le Klapath se trouve apparemment dans les locaux de Sorosuub et on pense que Hugkarh est avec lui.
-Que font-ils dans un tel endroit ? Ce n'est pas discret.
-C'est comme se cacher aux yeux de tous. Personne ne penserait à le chercher ici, hasarda Keed.
-C'est possible, concéda la Mandalorienne. Donc quel est le plan ?
-On change de tactique. Évitons de se jeter la tête la première dans un piège cette fois-ci. On va donc faire comme je dis. J'y ai réfléchi longuement en attendant que tu reviennes à toi.
-Que proposes-tu ? demanda le Jedi.
-Tu viens avec moi, on passe par le toit. On va s'infiltrer par les fenêtres hautes, faciles d'accès en volant d'après les plans que j'ai « récupérés » dans un terminal public. Lieyn, tu te frayeras un passage par l'entrée de service. Techniquement, c'est un endroit presque désert en pleine journée. Il faudra simplement faire attention à la zone de chargement située non loin. Différents types de navires et véhicules y passent sans arrêt mais l'intense activité qui y règne devrait camoufler suffisamment ton passage.
-Tu as pensé à tout ça en une demi-heure ? s'étonna la Mandalorienne.
-J'ai... très rapidement piraté les données, répondit le Chiss d'un air gêné.
-Peu importe, c'est un plan comme un autre.
-C'est mieux que ce que tu envisageais, dit Scaroc d'un air amusé. C'est bien beau d'attaquer de front mais il y a des moments où il faut trouver d'autres solutions.
-Donc on y va ?
-En effet, Keed. C'est parti, à la chasse au Makurth ! »