Posté: Mar 26 Juin 2007 - 22:38
Le groupe terroriste des Légions De La Peur, mené par le terrible Ex Nox, menace l’équilibre impérial. Le capitaine Thrawn, secondé par la charmante Shana Dix, libère leur seul espoir de prison : Phoenix Natazeus. Ce dernier fait le serment d’assassiner Nox par tous les moyens, pour venger sa femme et ses deux enfants qu’il a tué seize ans plus tôt.
Mais Phoenix se rendra vite compte que tout ceci n’est qu’une mascarade, grâce à l’aide du mystérieux « L » : Nox est le pantin de l’Empereur, qui désire obtenir la mystérieuse armée des « Enfants de Babylone », fruit de l’étrange « Projet Nine ». La libération de Phoenix n’était qu’une motivation de plus pour accélérer les choses. Ex Nox trouve les Enfants de Babylone, demande à l’Empereur d’éliminer Phoenix, mais il est déjà hors de contrôle… Palpatine appelle le terrible chasseur de prime Reve Randcyde pour effacer Natazeus de son plan démoniaque.
Pendant ce temps, un mystérieux héros, Maske, sème le trouble et le chaos sur Coruscant : qui est ce justicier masqué ?
Arrivé sur Omnimantis, le repère de Nox, Phoenix marche vers la première étape de sa vendetta : les deux enfants de Nox, protégés par son masochiste homme-cerbère, Sans-Nom…
Chapitre IX
Une sombre histoire de vengeance
Aucune route n’est droite et monotone. Elles se croisent, se suivent, s’éloignent et se recroisent sans cesse, dans ce que l’athée appelle le hasard et ce que l’adepte nomme la providence. La galaxie est faite de routes, de petits sentiers sans importance, la longue toile fragile qui se tisse entre les planètes, et des grandes voies du destin, celle que foulent les Grands. La moindre proximité entre elles engendre un grand trouble dans la Force : c’est le signe, que, dans une galaxie lointaine, très lointaine… l’Histoire est en marche.
Omnimantis, planète fantôme.
Quand l’Hercule Rouge de Reve Randcyde émergea de l’Hyperespace, l’émeraude intense d’Omnimantis pénétra son cockpit, et quand le vaisseau corellien franchit l’atmosphère de la tranquille planète forestière, son radar scanna les deux tiers du territoire. La région grouillait d’impériaux, mais son code était reconnu par tous les destroyers -pas d’attaque en vue. La forêt s’étendait à perte de vue : au-delà des brumes, le jour s’élevait timidement sous un orage menaçant.
- Scan large : je cherche un homme, soixante ans environ, 1m90. Et des glaçons. Met-moi un peu de musique, aussi : un bon vieux Flipp fera l‘affaire.
Il sirotait un brandi de sa composition tandis que l’Hercule Rouge auscultait la zone à la recherche de sa cible. Pas de problème à priori, songea Reve : un vieux briscard ramolli par vingt ans de tôle ne semblait relever d’un défi majeur. Le genre de mission qu’il aura oublié le lendemain.
Orlando-Flipp n’eut pas le temps d’entamer son solo de clochette que le tableau de bord émit un bip victorieux : une petite tâche sombre se déplaçait sur le radar, à proximité de sa route. Il scanna à nouveau les environs : trois points clignotaient à moins d’un kilomètre de sa cible (« Calcule-moi ces tâches au point 23.4. ») et Hercule y soupçonna deux enfants et un homme d’âge mûr.
- On dirait que lui aussi est à la recherche de quelque chose… Hercule, bascule-moi sur les commandes manuelles, on atterrit.
Les éclats du matin planaient au-dessus de la forêt, mais pas une lueur ne pénétrait l’épaisse muraille de branches et de feuilles, et Phoenix ne devinait rien du jour : il avançait au hasard de la Force, dégageant son chemin de prompts horions de sabre. Le murmure de la forêt l’environnait comme une agréable compagnie, et une savoureuse fragrance de tilleul serpentait les terres, mais son esprit se fermait à toute pensée. La Force guidait sa marche : il s’y fiait à chaque nouveaux pas
Il martelait les herbes hautes de son sabre, improvisant un passage, quand il écarta une branche : elle révéla une vieille longère isolée, peinte au milieu des panaches de gouaches sinistres et blafardes, un combat sans vainqueur entre l’ombre et la lumière. Tout s’était soudain tût : la nature attendait que la Vendetta s’exécute, silencieuse et spectatrice. Aux premières loges, elle balança sur la scène une rude pluie subite, et envenima l’atmosphère de quelques éclairs.
Il resta un instant transi dans le froid et l’orage, sentant l’eau serpenter sa nuque et son échine, puis il brandit son sabre en position Shen Ih, en phase avec ses instincts et la Force. Son regard était sombre, fou d’une rage lucide, prêt à savourer le premier acte de sa vengeance : les enfants de Nox constituaient, en cela, une aubaine fabuleuse. Son pied dégonda la porte, et…
Ancien domaine des Osll Kay, sur Omnimantis.
Les deux enfants étaient là, tapis dans l’éclat blafard d’un feu de cheminée agonisant. Le même regard que celui imprimé de mort et de souffrances que lui portaient Dorothy et Tionn quelques minutes après leur trépas: un mélange indistinct de peur et d’innocence, les yeux humides et les lèvres sèches. La fille était blonde et pâle, elle suçait son pouce. Le pissenlit qui ornait sa chevelure glissait sous ses tremblements. Le garçon avait le regard téméraire de son père, sans en assumer l’épouvante. Un futur guerrier, sans doute… ou du moins l’aurait-il été…
Les enfants n’étaient pas seuls. L’homme -c’était un homme?- qui les surveillait était un monstre de muscles sous un cuir épais qui le recouvrait de la tête : des épines lui pénétraient la peau, il grognait d’une voix rauque et canine, et se balançait les hanches, comme un loup prêt à l’attaque.
- Tu peux soit te casser d’ici, soit y rester, et mourir. C’est ces deux pauvres gosses que je suis venu tué, pas toi.
Sans-nom resta, résigné. Ses mouvements crissaient son armure de cuir, il révéla le long de ses mains d’impressionnantes griffes aiguisées.
- Alors meurs, fit Phoenix.
Il brandit son sabre en position As Ard, tandis que Sans-Nom bondissait sur lui, tous crocs dehors. Il le repoussa par un bref horion, et braqua son sabre derechef. Il avança, stratégiquement, à mi-chemin, au centre de la pièce, et Sans-Nom s’élança à nouveau sur lui avec la vélocité d’un tigre. Phoenix hacha l’air, mais manqua de justesse la nuque de son assaillant, et tous deux s’effondrèrent sur le sol. Dans la chute, ses revolvers se perdirent sous les tapis.
L’haleine puante de Sans-Nom lui effleurait les narines, et ses griffes affilées se promenait sur son corps, pénétrant sa peau dans une intense souffrance incisive. Il hurla, chassa promptement le molosse, et jeta un œil aux enfants : ils restaient transis de peur, sous une table basse, devant le spectacle qui allait décider de leurs vies.
Phoenix se releva, calma ses battements de cœur, mit de côté sa douleur, et opta pour le Chihito -une vieille technique Jedi, dans laquelle il avait excellé. Sans-Nom grogna à nouveau, d’une rage indicible, et bondit sur lui, véloce et irascible. Rapidement, il orienta sa lame à bonne hauteur et la braqua sur son ennemi : le sabre pénétra le cuir, l’os et la chair, et quelques secondes plus tard, Sans-Nom gisait sur le tapis en sang, gémissant comme un molosse abattu.
Phoenix pointa sa lame sur la gorge du malheureux, l’acheva, et le silence revint.
Trois battements de cœur retentissaient dans le salon : deux étaient alertes, deux cœurs frêles dans deux poitrines tremblantes. Le troisième était sûr, maîtrisé : le corps tout entier s’unissait dans une inébranlable forteresse de muscles et de vengeance. Seize ans sur Panoptika défilèrent dans ses yeux : la souffrance des tortures, l’odeur fétide serpentant son être, la solitude destructrice de la cellule plongée dans l’ombre éternelle… la sensation d’être enchaîné sans chaînes, celle d’être verrouillé dans la quête d’une vendetta impossible…désormais prête à être rendu.
Les deux enfants fixaient Phoenix sous la table basse : leurs deux yeux humides brillaient dans l’éclat chancelant de la cheminée, et lorsque Phoenix leur murmura « Levez-vous… », ils s’exécutèrent.
La pièce si chaude était devenu un glacier silencieux. Seul le feu crépitant osait briser le silence stupéfait.
- Je veux que vous sachiez, avant toute chose, pourquoi je suis là et pourquoi je vais faire ce que j’ai à faire.
La jeune fille blonde dévisageait Phoenix et sa voix tremblotante s’éleva timidement des ténèbres :
- Qu’allez-vous faire, monsieur…
- Asseyez-vous. (Dans la cheminée, le feu crépita violemment) Ex Nox est votre père, c’est ça ?
Les deux enfants acquiescèrent et Phoenix continua d’une voix monocorde, rouée, maîtrisée dans une intense rage contenue.
- Je ne sais pas ce que vous connaissez de lui, mais quoiqu’il en soit, vous devez avoir connaissance de ce qu’il m’a fait, il y a seize ans. D’abord, quels sont vos noms ?
Deux chuchotements craintifs comme réponse.
- Wie et Lo, c’est ça ? Je sais qu’il aimait bien ces noms… nous étions amis, il y a longtemps, enfin je crois que nous étions amis. Moi aussi j’avais des enfants : Tionn et Dorothy avaient vos âges quand votre père les a assassiné. Ils n’avaient rien pour se protéger, ils n’avaient rien à voir avec la raison pour laquelle votre père a cru bon de me détruire. Comme vous, à ce moment précis. Ma femme est morte aussi : votre père est un tueur, et il m’a pris la seule chose qui avait donné un sens à ma vie. Et cette vie a trouvé un autre sens depuis cette nuit : la vengeance. Vous êtes trop jeunes, pour comprendre la vengeance, vous ne comprenez pas le monde et comment il roule, mais ce sentiment vous détruit de l’intérieur, et je veux que votre père connaisse cette émotion avant de mourir.
Wie et Lo écoutaient en silence. Ils regardaient tantôt le sabre aiguisé et sanglant que Phoenix empoignait dans une main, et le revolver chargé qu’il tenait dans l’autre.
- Avez-vous un moyen de lui parler ? Fit ce dernier après s’être éclairci la voix.
Lo désigna un holocom au-dessus de la cheminée, et Phoenix l’activa : une intense lumière bleue pénétra le salon, et une voix féminine se déclara rapidement :
- Que désirez-vous ?
- Nox. Je veux Nox. Tout de suite.
- Avez-vous un rendez-vous avec lui ?
- Dites-lui que c’est Natazeus.
- Je suis désolée, il faut un rendez-vous pour lui parler. Qu’en serez-vous disponible ?
- Je vais tuer ses deux gosses dans quelques minutes, je veux l’avoir devant moi quand je les exécuterai.
A ces mots, Wie et Lo eurent le souffle coupé : ils allaient s’enfuir quand ils croisèrent le regard du revolver : le canon épiaient leurs moindres gestes et ils s’immobilisèrent au milieu du salon, tellement glacés qu’ils ne pouvaient plus trembler.
Un instant plus tard, la silhouette bleutée de Nox apparut dans la pièce, et lorsqu’il vit ses deux enfants transis de peur devant le revolver de Natazeus, sa voix chancelante était à peine audible :
- Phoenix… tu ne peux pas… attends, je suis sûr qu’on peut parler.
Phoenix fixa son ennemi. Les traits de son visage s’étaient tendus dans une rage froide et calculée. Le silence s’installait dans le salon, l’hologramme vacillant et l’homme inébranlable se faisaient face.
- As-tu eu pitié de mes enfants, Ex ? Leur as-tu donné une chance ?
- C’était il y a seize ans… je t’en supplie, Phoenix, j’ai changé. Je peux tout te donner, de l’argent, du pouvoir… ce que tu veux. J’ai une armée dans mes mains, tu peux tout avoir… Tu ne veux pas faire ça, tu ne peux pas venger Tionn et Dorothy de cette façon !
Un éclair passa sur le visage noir de haine de Phoenix Natazeus. Ses deux yeux grands ouverts dans l’obscurité s’animèrent d’une violence bestiale.
- COMMENT OSES-TU PRONONCER LEURS NOMS ? Regarde une dernière fois tes gosses, Ex, une toute dernière fois.
- Non… non…
Un doigt sur la détente, Phoenix visa le crâne de Lo. La petite fille se cachait les yeux avec ses mains, de longues larmes coulaient de ses doigts.
- Je t’en prie… tue-moi à leur place, Phoenix… regarde-les… ce sont des enfants…
- Je veux que tu éprouves ça, Ex, je veux que tu connaisses cette souffrance… tu seras bientôt mort. J’ai attendu seize ans ce moment. Regarde bien, Ex -regarde. Wie, Lo, voyez ce qu’a fais votre père.
- NON !
Deux coups de feu. Deux balles. Deux corps qui tombent. Quelque chose qui se termine, et quelque chose qui commence…
Aucune route n’est droite et monotone. Elles se croisent, se suivent, s’éloignent et se recroisent sans cesse. La Guerre des Étoiles est une toile d’araignée : elle y tisse ses routes dans la souffrance et le chaos. Dans l’une des innombrables histoires qui composent ses filets, deux chemins se croisent pour la deuxième fois : Phoenix Natazeus et Exilion Nox. Au-delà des souvenirs, au-delà des vengeances et des folies destructrices, la galaxie trouve à nouveau le chaos dans ce qui constituera son chapitre le plus sombre et le plus absolu…
Mais Phoenix se rendra vite compte que tout ceci n’est qu’une mascarade, grâce à l’aide du mystérieux « L » : Nox est le pantin de l’Empereur, qui désire obtenir la mystérieuse armée des « Enfants de Babylone », fruit de l’étrange « Projet Nine ». La libération de Phoenix n’était qu’une motivation de plus pour accélérer les choses. Ex Nox trouve les Enfants de Babylone, demande à l’Empereur d’éliminer Phoenix, mais il est déjà hors de contrôle… Palpatine appelle le terrible chasseur de prime Reve Randcyde pour effacer Natazeus de son plan démoniaque.
Pendant ce temps, un mystérieux héros, Maske, sème le trouble et le chaos sur Coruscant : qui est ce justicier masqué ?
Arrivé sur Omnimantis, le repère de Nox, Phoenix marche vers la première étape de sa vendetta : les deux enfants de Nox, protégés par son masochiste homme-cerbère, Sans-Nom…
Chapitre IX
Une sombre histoire de vengeance
Aucune route n’est droite et monotone. Elles se croisent, se suivent, s’éloignent et se recroisent sans cesse, dans ce que l’athée appelle le hasard et ce que l’adepte nomme la providence. La galaxie est faite de routes, de petits sentiers sans importance, la longue toile fragile qui se tisse entre les planètes, et des grandes voies du destin, celle que foulent les Grands. La moindre proximité entre elles engendre un grand trouble dans la Force : c’est le signe, que, dans une galaxie lointaine, très lointaine… l’Histoire est en marche.
Omnimantis, planète fantôme.
Quand l’Hercule Rouge de Reve Randcyde émergea de l’Hyperespace, l’émeraude intense d’Omnimantis pénétra son cockpit, et quand le vaisseau corellien franchit l’atmosphère de la tranquille planète forestière, son radar scanna les deux tiers du territoire. La région grouillait d’impériaux, mais son code était reconnu par tous les destroyers -pas d’attaque en vue. La forêt s’étendait à perte de vue : au-delà des brumes, le jour s’élevait timidement sous un orage menaçant.
- Scan large : je cherche un homme, soixante ans environ, 1m90. Et des glaçons. Met-moi un peu de musique, aussi : un bon vieux Flipp fera l‘affaire.
Il sirotait un brandi de sa composition tandis que l’Hercule Rouge auscultait la zone à la recherche de sa cible. Pas de problème à priori, songea Reve : un vieux briscard ramolli par vingt ans de tôle ne semblait relever d’un défi majeur. Le genre de mission qu’il aura oublié le lendemain.
Orlando-Flipp n’eut pas le temps d’entamer son solo de clochette que le tableau de bord émit un bip victorieux : une petite tâche sombre se déplaçait sur le radar, à proximité de sa route. Il scanna à nouveau les environs : trois points clignotaient à moins d’un kilomètre de sa cible (« Calcule-moi ces tâches au point 23.4. ») et Hercule y soupçonna deux enfants et un homme d’âge mûr.
- On dirait que lui aussi est à la recherche de quelque chose… Hercule, bascule-moi sur les commandes manuelles, on atterrit.
Les éclats du matin planaient au-dessus de la forêt, mais pas une lueur ne pénétrait l’épaisse muraille de branches et de feuilles, et Phoenix ne devinait rien du jour : il avançait au hasard de la Force, dégageant son chemin de prompts horions de sabre. Le murmure de la forêt l’environnait comme une agréable compagnie, et une savoureuse fragrance de tilleul serpentait les terres, mais son esprit se fermait à toute pensée. La Force guidait sa marche : il s’y fiait à chaque nouveaux pas
Il martelait les herbes hautes de son sabre, improvisant un passage, quand il écarta une branche : elle révéla une vieille longère isolée, peinte au milieu des panaches de gouaches sinistres et blafardes, un combat sans vainqueur entre l’ombre et la lumière. Tout s’était soudain tût : la nature attendait que la Vendetta s’exécute, silencieuse et spectatrice. Aux premières loges, elle balança sur la scène une rude pluie subite, et envenima l’atmosphère de quelques éclairs.
Il resta un instant transi dans le froid et l’orage, sentant l’eau serpenter sa nuque et son échine, puis il brandit son sabre en position Shen Ih, en phase avec ses instincts et la Force. Son regard était sombre, fou d’une rage lucide, prêt à savourer le premier acte de sa vengeance : les enfants de Nox constituaient, en cela, une aubaine fabuleuse. Son pied dégonda la porte, et…
Ancien domaine des Osll Kay, sur Omnimantis.
Les deux enfants étaient là, tapis dans l’éclat blafard d’un feu de cheminée agonisant. Le même regard que celui imprimé de mort et de souffrances que lui portaient Dorothy et Tionn quelques minutes après leur trépas: un mélange indistinct de peur et d’innocence, les yeux humides et les lèvres sèches. La fille était blonde et pâle, elle suçait son pouce. Le pissenlit qui ornait sa chevelure glissait sous ses tremblements. Le garçon avait le regard téméraire de son père, sans en assumer l’épouvante. Un futur guerrier, sans doute… ou du moins l’aurait-il été…
Les enfants n’étaient pas seuls. L’homme -c’était un homme?- qui les surveillait était un monstre de muscles sous un cuir épais qui le recouvrait de la tête : des épines lui pénétraient la peau, il grognait d’une voix rauque et canine, et se balançait les hanches, comme un loup prêt à l’attaque.
- Tu peux soit te casser d’ici, soit y rester, et mourir. C’est ces deux pauvres gosses que je suis venu tué, pas toi.
Sans-nom resta, résigné. Ses mouvements crissaient son armure de cuir, il révéla le long de ses mains d’impressionnantes griffes aiguisées.
- Alors meurs, fit Phoenix.
Il brandit son sabre en position As Ard, tandis que Sans-Nom bondissait sur lui, tous crocs dehors. Il le repoussa par un bref horion, et braqua son sabre derechef. Il avança, stratégiquement, à mi-chemin, au centre de la pièce, et Sans-Nom s’élança à nouveau sur lui avec la vélocité d’un tigre. Phoenix hacha l’air, mais manqua de justesse la nuque de son assaillant, et tous deux s’effondrèrent sur le sol. Dans la chute, ses revolvers se perdirent sous les tapis.
L’haleine puante de Sans-Nom lui effleurait les narines, et ses griffes affilées se promenait sur son corps, pénétrant sa peau dans une intense souffrance incisive. Il hurla, chassa promptement le molosse, et jeta un œil aux enfants : ils restaient transis de peur, sous une table basse, devant le spectacle qui allait décider de leurs vies.
Phoenix se releva, calma ses battements de cœur, mit de côté sa douleur, et opta pour le Chihito -une vieille technique Jedi, dans laquelle il avait excellé. Sans-Nom grogna à nouveau, d’une rage indicible, et bondit sur lui, véloce et irascible. Rapidement, il orienta sa lame à bonne hauteur et la braqua sur son ennemi : le sabre pénétra le cuir, l’os et la chair, et quelques secondes plus tard, Sans-Nom gisait sur le tapis en sang, gémissant comme un molosse abattu.
Phoenix pointa sa lame sur la gorge du malheureux, l’acheva, et le silence revint.
Trois battements de cœur retentissaient dans le salon : deux étaient alertes, deux cœurs frêles dans deux poitrines tremblantes. Le troisième était sûr, maîtrisé : le corps tout entier s’unissait dans une inébranlable forteresse de muscles et de vengeance. Seize ans sur Panoptika défilèrent dans ses yeux : la souffrance des tortures, l’odeur fétide serpentant son être, la solitude destructrice de la cellule plongée dans l’ombre éternelle… la sensation d’être enchaîné sans chaînes, celle d’être verrouillé dans la quête d’une vendetta impossible…désormais prête à être rendu.
Les deux enfants fixaient Phoenix sous la table basse : leurs deux yeux humides brillaient dans l’éclat chancelant de la cheminée, et lorsque Phoenix leur murmura « Levez-vous… », ils s’exécutèrent.
La pièce si chaude était devenu un glacier silencieux. Seul le feu crépitant osait briser le silence stupéfait.
- Je veux que vous sachiez, avant toute chose, pourquoi je suis là et pourquoi je vais faire ce que j’ai à faire.
La jeune fille blonde dévisageait Phoenix et sa voix tremblotante s’éleva timidement des ténèbres :
- Qu’allez-vous faire, monsieur…
- Asseyez-vous. (Dans la cheminée, le feu crépita violemment) Ex Nox est votre père, c’est ça ?
Les deux enfants acquiescèrent et Phoenix continua d’une voix monocorde, rouée, maîtrisée dans une intense rage contenue.
- Je ne sais pas ce que vous connaissez de lui, mais quoiqu’il en soit, vous devez avoir connaissance de ce qu’il m’a fait, il y a seize ans. D’abord, quels sont vos noms ?
Deux chuchotements craintifs comme réponse.
- Wie et Lo, c’est ça ? Je sais qu’il aimait bien ces noms… nous étions amis, il y a longtemps, enfin je crois que nous étions amis. Moi aussi j’avais des enfants : Tionn et Dorothy avaient vos âges quand votre père les a assassiné. Ils n’avaient rien pour se protéger, ils n’avaient rien à voir avec la raison pour laquelle votre père a cru bon de me détruire. Comme vous, à ce moment précis. Ma femme est morte aussi : votre père est un tueur, et il m’a pris la seule chose qui avait donné un sens à ma vie. Et cette vie a trouvé un autre sens depuis cette nuit : la vengeance. Vous êtes trop jeunes, pour comprendre la vengeance, vous ne comprenez pas le monde et comment il roule, mais ce sentiment vous détruit de l’intérieur, et je veux que votre père connaisse cette émotion avant de mourir.
Wie et Lo écoutaient en silence. Ils regardaient tantôt le sabre aiguisé et sanglant que Phoenix empoignait dans une main, et le revolver chargé qu’il tenait dans l’autre.
- Avez-vous un moyen de lui parler ? Fit ce dernier après s’être éclairci la voix.
Lo désigna un holocom au-dessus de la cheminée, et Phoenix l’activa : une intense lumière bleue pénétra le salon, et une voix féminine se déclara rapidement :
- Que désirez-vous ?
- Nox. Je veux Nox. Tout de suite.
- Avez-vous un rendez-vous avec lui ?
- Dites-lui que c’est Natazeus.
- Je suis désolée, il faut un rendez-vous pour lui parler. Qu’en serez-vous disponible ?
- Je vais tuer ses deux gosses dans quelques minutes, je veux l’avoir devant moi quand je les exécuterai.
A ces mots, Wie et Lo eurent le souffle coupé : ils allaient s’enfuir quand ils croisèrent le regard du revolver : le canon épiaient leurs moindres gestes et ils s’immobilisèrent au milieu du salon, tellement glacés qu’ils ne pouvaient plus trembler.
Un instant plus tard, la silhouette bleutée de Nox apparut dans la pièce, et lorsqu’il vit ses deux enfants transis de peur devant le revolver de Natazeus, sa voix chancelante était à peine audible :
- Phoenix… tu ne peux pas… attends, je suis sûr qu’on peut parler.
Phoenix fixa son ennemi. Les traits de son visage s’étaient tendus dans une rage froide et calculée. Le silence s’installait dans le salon, l’hologramme vacillant et l’homme inébranlable se faisaient face.
- As-tu eu pitié de mes enfants, Ex ? Leur as-tu donné une chance ?
- C’était il y a seize ans… je t’en supplie, Phoenix, j’ai changé. Je peux tout te donner, de l’argent, du pouvoir… ce que tu veux. J’ai une armée dans mes mains, tu peux tout avoir… Tu ne veux pas faire ça, tu ne peux pas venger Tionn et Dorothy de cette façon !
Un éclair passa sur le visage noir de haine de Phoenix Natazeus. Ses deux yeux grands ouverts dans l’obscurité s’animèrent d’une violence bestiale.
- COMMENT OSES-TU PRONONCER LEURS NOMS ? Regarde une dernière fois tes gosses, Ex, une toute dernière fois.
- Non… non…
Un doigt sur la détente, Phoenix visa le crâne de Lo. La petite fille se cachait les yeux avec ses mains, de longues larmes coulaient de ses doigts.
- Je t’en prie… tue-moi à leur place, Phoenix… regarde-les… ce sont des enfants…
- Je veux que tu éprouves ça, Ex, je veux que tu connaisses cette souffrance… tu seras bientôt mort. J’ai attendu seize ans ce moment. Regarde bien, Ex -regarde. Wie, Lo, voyez ce qu’a fais votre père.
- NON !
Deux coups de feu. Deux balles. Deux corps qui tombent. Quelque chose qui se termine, et quelque chose qui commence…
Aucune route n’est droite et monotone. Elles se croisent, se suivent, s’éloignent et se recroisent sans cesse. La Guerre des Étoiles est une toile d’araignée : elle y tisse ses routes dans la souffrance et le chaos. Dans l’une des innombrables histoires qui composent ses filets, deux chemins se croisent pour la deuxième fois : Phoenix Natazeus et Exilion Nox. Au-delà des souvenirs, au-delà des vengeances et des folies destructrices, la galaxie trouve à nouveau le chaos dans ce qui constituera son chapitre le plus sombre et le plus absolu…