Indiana Solo a écrit:Je ne reproche pas la démarche en soit mais dire que Rey n'a pas de besoin clairement défini alors que le personnage formule elle même quels sont ses besoins dans le film, c'est objectivement faux. Et forcément lorsqu'on met en avant un auteur et des cours théoriques sur le cinéma pour appuyer son propos, on donne tout de suite l'illusion d'une validation intellectuelle en quelque sorte, et c'est ça qui est énervant. Si tu le prends comme une attaque personnelle c'est ton problème.
Le besoin n’est pas forcément ce que le personnage pense avoir besoin mais ce que le spectateur comprend comme étant le vrai besoin du personnage.
Pour Luke, il pense avoir besoin de se former et d’écarter celui qui a tué son père et son mentor de sa position dominante et nuisible pour la galaxie.
Mais son besoin véritable c’est d’apprendre à vivre en sachant que cet être malfaisant est son père.
Pour citer les sources:
« C’est toujours la même histoire (si nous osons nous exprimer ainsi). Votre héros a une faiblesse, un défaut majeur dans sa personnalité, une faille qui l’empêche d’être vraiment heureux, d’être un personnage complet.
Quelque chose lui manque et c’est enfoui si profondément que cela le mine (à ne jamais prendre les bonnes décisions, par exemple). S’il veut réussir le plan (étape 4) pour vaincre son adversaire (déterminé lors de l’étape 3), il va lui falloir surmonter cette faiblesse.
Ce problème personnel du héros crée en lui un besoin. Sommairement, ce besoin est d’avoir une vie meilleure, un lendemain meilleur. De manière plus pragmatique, il ne pourra pas résoudre le problème de l’histoire (celui qui est connu de tous les personnages) s’il ne parvient pas d’abord à résoudre son propre problème.
Source de l’arc dramatique
La faiblesse cumulée au besoin dessine l’arc dramatique du personnage qui illustre le développement de ce personnage vers sa tentative à devenir meilleur.
Gardez à l’esprit que la découverte du besoin de votre personnage principal est ce qui va nourrir votre histoire. Toutes les autres étapes dépendent de ce besoin. Cependant, lorsque vous créerez le besoin de votre personnage, il ne devra pas en avoir conscience.
Cette révélation sur lui-même intervient lors de l’étape 6 après que le héros ait vécu quelques tribulations qui vont l’amener progressivement à cette prise de conscience.
Au début de l’histoire, le héros a un problème. Ce n’est pas qu’il ne sait pas comment le résoudre. Il n’a en fait pas conscience ou pas compris qu’il a un problème.
Il ressent certainement une gêne ou une culpabilité quelconque mais il ne sait pas encore qu’il va devoir passer par un changement drastique de sa personnalité et qu’il devra apprendre.
Cet apprentissage se fait au cours des épreuves qu’il vivra au cours de l’histoire pour opérer ce changement.
D’autres fois, cependant, le héros débute l’histoire alors qu’il est déjà dans une situation de crise. Dans ce cas, il a conscience du problème mais ne sait pas comment le résoudre.
Le problème vient de la faiblesse
Présenter le problème du héros est un moyen rapide de mettre en avant la faiblesse du héros (faiblesse qui l’a mis dans cette situation de crise).
Le problème devient alors une manifestation extérieure de la faille du héros. Il permet de bien préciser le problème personnel du héros vis-à-vis du lecteur.
Cependant, les problèmes dans lesquels s’est fourré le héros à cause de sa faiblesse ne correspondent pas à l’objectif du héros dans cette histoire (c’est une toute autre affaire).
Dans cette étape, il s’agit de définir le point faible du héros sur lequel l’antagoniste pourra appuyer pour l’atteindre, pour lui faire mal. Cette faille destinée à mettre en avant le problème personnel et intime du héros doit rester cependant simple et spécifique afin de ne pas interférer avec l’intrigue.
Par exemple, dans Sunset Boulevard (Boulevard du Crépuscule), le défaut de Joe Gillis est qu’il aime l’argent et les bonnes choses de la vie. Il est d’ailleurs prêt à sacrifier son intégrité morale et artistique (il est scénariste) pour satisfaire à son propre confort.
Le problème qui va mettre en avant cette faille du personnage est qu’il est fauché et c’est ce qui va le pousser à céder à Norma Desmond et orienter la suite de l’histoire.
Ce problème est simplement illustré par les deux hommes qui viennent à son appartement pour reprendre la voiture et qu’il s’enfuit.
Deux besoins
John Truby conseille d’attribuer à votre personnage principal au moins deux besoins : un besoin moral et un besoin psychologique.
Le besoin psychologique correspond à cette blessure intime qui blesse le héros dans son intériorité, comme par exemple une blessure dans son enfance qui ne s’est jamais refermée.
Le besoin moral corresponds au comportement du héros envers autrui. Au début de l’histoire, le personnage principal fait mal aux autres. Il les blesse moralement et peut-être même physiquement. Son besoin consiste alors à comprendre que cette attitude envers les autres l’empêche de s’accomplir pleinement.
En donnant à votre protagoniste un double besoin à la fois moral (dans sa relation aux autres) et psychologique (une blessure intérieure), vous augmentez la profondeur de votre personnage.
Et vous travaillez aussi sur l’approche du lecteur envers ce personnage. Car votre personnage sera plus puissant en terme d’empathie qu’il peut susciter. Il sera plus crédible, plus réel, à la portée du lecteur.
L’avantage d’un défaut dans la personnalité du protagoniste lui permet d’agir non pas erratiquement mais parfois d’avoir des réactions surprenantes, auxquelles on ne s’attend pas (ni lui d’ailleurs) ce qui rend l’histoire moins prévisible.
Dans Tootsie, par exemple, le défaut de Michael est qu’il est arrogant, égoïste et menteur. Le besoin est donc qu’il doit se débarrasser de son arrogance envers les femmes, cesser de leur mentir et de les utiliser pour obtenir ce qu’il veut. »
Luke n’a pas de défaut moral. Dans
ANH Han a ces deux défauts. Dans
ESB, Han résout son dernier défaut (lié à sa difficulté de concilier sa vie d’avant et son désir d’attachement).