The Acolyte – saison 1, épisode 1 – Perdu / trouvéLorsqu’un Maître Jedi est assassiné, tous les indices semblent pointer sur une ancienne Padawan ayant quitté l’Ordre quelques années plus tôt. Mais son ancien Maître, refusant d’y croire, convainc le Conseil Jedi de le laisser la ramener en personne, afin de prouver son innocence, tant les indices semblent trop gros pour être vrais…
Et c’est parti pour
The Acolyte, nouvelle série live de la licence, mais surtout la première totalement inédite, celle qui n’utilise pas un personnage des films, celle qui ne réutilise pas d’anciens personnages d’anciennes séries animées, une série qui se déroule près d’un siècle avant la prélogie, en pleine ère de la Haute République… un fait qui se voit à l’écran ! Si les lecteurs des romans seront récompensés assez rapidement par la présence de la Maître Jedi Vernestra Rwoh, jeune Chevalier prodige des romans se déroulant un siècle avant, dans un rôle qui aurait pu être confié à n’importe qui d’autre (et pourquoi pas Yoda, mais en un sens tant mieux, ça change), toute l’ambiance respire la prélogie dans les scènes sur Coruscant ou même dans les tenues des Jedi. Si, là aussi, le lecteur de la Haute République sera familier des tabards jaunes, c’est un véritable plaisir que de les voir à l’écran, et on sent bien que nous sommes encore dans un âge d’or des Jedi, loin des tuniques sombres, presque ternes, portées par les personnages de la prélogie. En revanche, les paroles de Vernestra sont presque étonnantes : la voilà qui parle d’ennemis politiques, demandant à l’un de ses condisciples son soutien absolu dans le châtiment qui sera infligé. C’est un peu étonnant, même si en plus d’un siècle, le personnage a eu le temps d’évoluer…
L’épisode démarre donc par une confrontation qui va s’avérer fatale à l’une des deux combattantes… et autant le dire d’emblée, c’est la Maître Jedi qui va y rester, pour une scène certes choquante mais, en toute honnêteté, assez peu convaincante. Sortie donc de nulle part, une jeune inconnue dotée d’un potentiel certain dans la maîtrise de la Force défie donc Maître Indara (interprétée par la formidable Carrie-Anne Moss), une Jedi qui la surpasse allègrement et dont on ressent toute la puissance lorsqu’elle active son sabre-laser mais qui finit par succomber à une attaque en traître… qui pose tout de même un sérieux problème de crédibilité. Ou alors il faut croire que la Jedi a trop sous-estimé son adversaire, mais rien dans le combat ne laisse supposer une telle fin… alors, on ne peut que saluer la volonté de tromper le spectateur car, en faisant jouer la future victime par Carrie-Anne Moss, personne ne peut s’attendre à ce que le personnage finisse par y laisser la vie, mais tout cela semble tout de même bien trop facile. Sans compter que nous sommes encore dans une cantina. Et que le tout premier plan de la série, celui où l’assassin arrive sur la planète et qu’on voit le décor numérique derrière elle fait très « décor numérique », justement.
(Et puis, elle aurait mieux fait de se prendre un coup de sabre-laser en fait, elle aurait peut-être survécu? Roh là là, il est taquin !
)
Le reste de l’épisode va ainsi laisser place à une enquête visant à arrêter la suspecte un peu trop parfaite pour être crédible, et c’est ainsi que nous faisons la connaissance de Osha, jouée par Amandla Stenberg, dans son environnement quotidien, supposée être la meurtrière vue dans la première séquence de l’épisode… Ce serait oublier le logo-titre de la série, avec une révélation que l’on pourra ou pas voir venir, mais qui s’inscrit parfaitement dans la tradition de la saga ! Qui plus est, le rêve qu’elle fait est l’occasion de nous proposer des visuels qui rappelleront la dyade de la Force partagée entre Kylo Ren et Rey dans les deux derniers films de la postlogie. Pour moi, ça fonctionne, et si cet épisode est dense en informations, on ne nous proposera pas que des mystères mystérieux, des éléments de réponse étant déjà proposés. C’est un bon point, qui semble promettre un certain rythme dans la suite de la série.
Bon, et bien sûr, Osha a un droïde style télécommande, un visuel assez surprenant et me semble-t-il inédit, et comme tous les droïdes, il est très réussi !
Et qui dit suspecte, dit enquêteurs. Nous ferons ainsi la connaissance de Yord Fandar, un personnage… qui n’est pas sans rappeler Anakin Skywalker, en fait. Sur de lui, n’hésitant pas à dégainer son sabre-laser ou à user de la Force pour obtenir ce qu’il veut, on sent bien qu’il représente le Jedi « arrogant » et pourtant éminemment sympathique. Bon, il semble tout de même y avoir un problème chronologique là-dedans, il me semble un peu trop âgé pour avoir une Padawan tout en ayant le relationnel qu’il semble avoir avec Osha d’une part, mais aussi avec la Padawan de Maître Sol d’autre part. Sol, c’est le bon personnage de cet épisode, dont l’acteur parvient sans mal à faire oublier sa prestation dans Squid Game pour parfaitement incarner un Maître bon, poli, faisant confiance à la Force, formateur, protecteur, un Jedi à la Obi-Wan Kenobi si on devait pousser la comparaison. Bien sûr, en tant qu’ancien Maître d’Osha, il refuse de croire à la culpabilité de son ancienne protégée, et il est un peu seul contre tous à penser cela.
En revanche, un point assez fondamental tout de même m’a chagriné : le manque d’ambition dans l’écriture de l’épisode.
Tout est assez facile, assez téléphoné, avec des personnages qui parlent parfois davantage pour le spectateur que pour la logique de la scène (l’interrogatoire d’Osha en est un exemple parfait), voire même qui prennent des décisions incohérentes permettant de justifier l’avancée du scénario (donc Yord vient arrêter Osha sur le vaisseau de la Fédération du Commerce MAIS rentre sur Coruscant sans elle pour mieux demander à repartir pour l’arrêter suite à son évasion… alors même qu’elle est accusée d’avoir assassinée une Maître Jedi, elle est confiée à une barge conduite par des droïdes et pas aux deux Jedi venus l’arrêter ?
). Et alors, d’accord, la saga a toujours eu des facilités sur les durées des trajets dans l’espace, mais dans cet épisode, un record semble battu, entre l’évasion, la capture des évadés, le trajet vers la planète, tout cela pendant qu’Osha… se réveille seulement ? Et les sondes des Jedi qui n’ont pas trouvé de signes de vie dans l’épave, alors qu’Osha quitte le vaisseau, quoi, quelques minutes à peine avant que les Jedi n’y pénètrent ? Et tiens, allons au bout : Osha, qui a un niveau de novice ou de toute jeune Padawan, progresse plus vite dans la neige et dans un environnement a priori hostile que trois Jedi, dont un Maître et un Chevalier en pleines maîtrises de leurs capacités ?
Et allez, une dernière pour la route : le feu dans l’espace ? Vraiment ? Mais alors vraiment ?
La dernière scène, elle, semble un peu sortir de nulle part. Si elle remplit clairement son office de donner envie au spectateur d’enchaîner directement avec le deuxième épisode, il n’empêche qu’elle semble assez peu crédible d’un point de vue in-universe. Ou alors l’individu masqué aime bien allumer son sabre-laser lorsqu’il balance une phrase qui claque !
Voilà donc mon bilan sur ce premier épisode de
The Acolyte, prometteur, avec des décors plutôt jolis, des personnages sympathiques, un thème musical final réussi et une intrigue au long cours qui promet des rebondissements certains… en espérant que le scénario cessera de nous proposer autant de grosses ficelles, parce que là, dans ce premier épisode, elles ont été bien trop nombreuses et visibles à mon goût !
Note : 70 %