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Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

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Messagepar Tenebrae » Jeu 17 Mar 2016 - 12:50   Sujet: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Bonjour à toutes et à tous!

Le recueil "SW et l'épouvante" m'a beaucoup inspiré. Trop en fait :D .
J'ai écrit plusieurs textes en rapport avec le sujet. N'ayant pas eu le temps de les finir pour les proposer à temps ( :D ), je m'en vais maintenant vous les proposer.
Je les ai retravaillé pour qu'ils forment un tout unique à la manière d'un cycle intitulé Dans les Ombres.
Chaque histoire est indépendante (et de fait aura son propre topic à mesure que nous avancerons). Elles peuvent donc être lues de façon autonome.
Des personnages seront récurrents, des événements se répondront entre eux mais, selon vos envies, il ne sera pas nécessaire de lire toutes les histoires (même si je préférerais :wink: :) ).

La publication des textes composant la série ne respectera pas un ordre chronologique, j'entends par là la chrono interne de la série Dans les Ombres. En clair, un texte peut se dérouler avant ou après un autre. J'ai instillé suffisamment de repères temporels cependant pour que quiconque entame la lecture complète du cycle sache quand se déroule l'histoire qu'il est en train de lire (à la fois dans la chrono interne que dans la chrono "officiel" de Star Wars).
Ce n'est pas juste une lubie de ma part; cela a un sens.

Etant l’auteur d'une FF demeurée inachevée, le Jedi Errant, je tiens à préciser que tous les textes sont déjà écrits et terminés (ce qui n'empêchera pas, si le besoin se fait sentir par vos commentaires, que je les retravaille).
Ce qui devrait vous garantir le fait de lire une histoire avec une fin et un rythme de publication soutenu (lequel, parcontre, je ne sais pas encore :lol: )
Ah, petite précision, nous sommes dans l'Univers Legends. :)

Bref, voici donc le premier texte de la série Dans les Ombres: Cauchemar
La FF sera composée de 5 chapitres + un épilogue. (Ce post sera édité au fur et à mesure afin de servir de sommaire)
Démarrons avec les Chapitres 1 et 2.
Chapitres 3 et 4
Chapitre 5 et Épilogue

J’espère que cela vous plaira.
Bonne Lecture à toutes et à tous!

**************


Cauchemar

I


La frégate légère NR-Susquehanna voyageait dans l’hyperespace depuis quatre jours. Le Capitaine Howdy ne dormait plus depuis cinq jours. Il fixait le tourbillon psychédélique bleu et blanc figurant l’espace autour de son navire. Son regard accrocha son reflet sur la vitre du poste de pilotage. Le capitaine ne voyait que ses cernes violacés sous deux petits yeux fatigués tirant sur le rouge. Une voix s’éleva du trou de commandement. Il s’arracha à la contemplation. Au bout de quelques secondes, la voix devint une silhouette. Celle de son officier de navigation, un Zabrak répondant au nom de Mirnak. Le non-humain avançait vers son supérieur d’un pas las. Lui aussi n’avait pas beaucoup dormi. D’une voix éraillée, Mirnak réitéra sa question.
— Commandant, nous serons bientôt à court de carburant. Quels sont vos ordres ?

Howdy ne répondit pas. Il ne le pouvait pas ; la réponse n’existait tout simplement pas. Alors il se contenta juste d’hocher la tête. Mirnak soupira, ses épaules s’affaissèrent. Howdy savait que ses hommes attendaient plus de lui mais il se révélait si impuissant dans la situation actuelle. Le Zabrak retourna à son poste, jetant des regards accablés à ses collègues. Même sans les voir, Howdy devinait aisément les réactions de chacun. Les deux pilotes, Reyes et Oël, qui étaient parmi ceux qui avaient le moins dormi, se renfrognaient un peu plus. La délicate Absara retenait ses larmes fixant son écran d’artillerie. Son compère, Dolph, passa une main dans sa longue chevelure d’or trahissant son désarroi. Seule Koly, la jeune Twi’lek en charge des communications sur le vaisseau, paraissait, malgré ses longues heures de sommeils en moins, tenir le coup et garder la foi en son officier supérieur. Il lui en sut gré.

Howdy se leva de son fauteuil de commandement prenant soin de ne pas regarder le siège vide de Keren, l’officier tactique. Il voulut leur dire que tout allait s’arranger. Un autre mensonge qui vint mourir au fond de sa gorge. Il quitta la passerelle en silence sentant le regard accusateur de ses subalternes. Une fois dans la coursive, il se mit à sangloter. Les pleurs se faisaient de plus en plus forts à mesure qu’il rejoignait sa cabine. Sans se rendre compte qu’il ne croisa personne.

Assis sur sa couche, Howdy tremblait. Son corps exténué le trahissait. Ses yeux papillonnaient mais il luttait, avec l’énergie du désespoir, contre le sommeil. Il devait tenir encore. Après lui, il le savait, le Susquehanna n’aurait plus de commandant. Son devoir envers son équipage passait avant toute autre considération. Il bailla fortement. Sa tête dodelinait ostensiblement. Il succombait. Dans un dernier ultime effort, il se mordit la lèvre jusqu’au sang. La douleur le secoua. On frappa à la porte. Prestement, il s’essuya la bouche du revers de la manche de son uniforme.
— Entrez ! fit-il d’une voix fatiguée par le manque de sommeil.

26-06-EB entra. Le droïde médical pénétra dans la cabine doucement, ses longs membres mécaniques pendant le long de son corps tubulaire. Son visage translucide évoquait un crane humain doté d’un masque respiratoire. Howdy vit les rouages du robot s’agiter sous le crâne en plastique. Le capitaine savait ce que cela signifiait. Le docteur robotique réfléchissait car il devait annoncer de mauvaises nouvelles. Les circuits commandants son serveur émotionnel tournaient à plein régime. Howdy attendit que les logiciels empathiques de 26-06 EB aient terminé leurs processus.
— Vas-y 26, crache le morceau. Pas besoin de prendre des pincettes. encouragea finalement le capitaine.
— Toute l’équipe du lieutenant Kyral a succombé. lâcha, avec un accent peiné aux tonalités électroniques, le robot.
— Merde ! murmura Howdy.

Désormais la frégate ne possédait plus de soldats à son bord. Howdy prit une longue et profonde inspiration. Cette mission, si simple au départ, prenait de plus en plus une tournure regrettable. Ils avaient obéi aux ordres. Ils en payaient le prix maintenant. En son for intérieur, le capitaine essayait de passer en revue les différentes options. Il était désemparé. Une goutte de sang perla sur le coin de sa bouche. Le gout métallique réveilla le dernier fragment de volonté.
— Mets leurs dépouilles en quarantaine. ordonna Howdy tout étant parfaitement au fait de l’inutilité de la procédure.
— Je me suis déjà occupé de cette mesure de précaution.
— Bien, bien. Tu as programmé une autopsie ?
— L’auxiliaire 78-B a entamé les premières procédures dans ce sens. Résultats attendus d’ici une à deux heures standards.
— D’accord, préviens-moi dès que vous les avez. demanda Howdy, triste mais résolu.
— A vos ordres, Commandant.

26-06-EB resta un instant sans bouger, comme hésitant à ajouter quelque chose. Howdy le regarda interrogateur. Le droïde médical esquissa un geste avant de se raviser et de tourner les talons pour quitter la chambre, silencieux. Howdy garda son regard dirigé vers la porte. Il réprima un bâillement. Il ne put contenir un deuxième, plus intense. Il se leva. Tenta de faire quelques exercices de gymnastique afin de se revigorer. Vainement. Il commanda à son système domotique une tasse de stimu-caf. Qu’il ne but jamais.
Koly et Absara le découvrirent une heure plus tard plongé dans un profond coma. Les deux membres de l’équipage n’eurent pas besoin du diagnostic de 26-06-EB pour deviner que leur capitaine ne se réveillerait jamais.
Cela faisait une semaine que personne ne se réveillait jamais.

*


L’infirmerie du NR-Susquehanna était pareille à tant d’autres sur tant de navires militaires. D’un blanc lumineux, froid et stérile. Tel était le domaine de 26-06-EB, droïde médical chargé de veiller sur la santé de l’équipage. Une mission à laquelle il savait faillir en ce moment même. Quelque part dans son corps composite, de fer et de plastique, un processeur essayait de le convaincre que tout ce qui affligeait le vaisseau et ses membres échappait à son expertise. Ses oculaires d’un jaune fade se posèrent sur une cuve de bacta où flottait, inerte, le corps d’un Bothan. L’une des premières victimes.
26-06-EB enclencha son logiciel mémoriel.

**


Tout avait commencé lorsque le Susquehanna reçut ordre d’effectuer une mission d’extraction. Une équipe scientifique de l’université de Mrlsst avait émis un appel de détresse. La frégate, patrouillant dans le secteur, fut déroutée vers la planète Carcosa, un monde inhabité de la frontière avec les Vestiges de l’Empire. Le Capitaine Howdy n’accueillit pas très favorablement l’ordre. Le vaisseau revenait d’une longue mission de sécurisation le long des voies hyperspatiales communes avec l’Empire, le vieil ennemi. L’officier ne pensait pas que c’était une bonne idée de titiller les impériaux, peu importe le traité de paix récemment signé entre Pellaeon et Gavrisom. En bon soldat, il finit néanmoins par obéir.

Une fois arrivé en orbite, le Susquehanna braqua ses senseurs sur la surface de Carcosa. Un monde hostile, aride, recouvert de désert de pierres rouges et brunes se déploya sur les écrans de la frégate. Un indéfinissable trouble s’installa dans l’esprit des membres d’équipage. Le paysage sauvage qui s’étendait devant leurs yeux dégageait une dérangeante sensation d’une nature malsaine, agressive et irréelle. Un panorama de montagnes anguleuses aux improbables pics acérés, jaillissants au milieu de plaines rocailleuses dénuée de toutes formes de végétations, sous un ciel d’un jaune maladif balayé de poussières semblables à des cendres noires.
Devant ce spectacle incroyable, Absara, qui avait abandonné bien des années auparavant la religion de son peuple, se surprit à marmonner les cantiques d’une ancienne prière. Dolph, jamais à l’abri d’une vanne cynique sur les vieilles croyances de sa collègue, se tut pourtant. Ce silence cataleptique se propagea bientôt à tout le poste de pilotage.

Oël, d’une voix profonde où trainaient des relents palpables de malaise, brisa cette quiétude terrifiée. La balise de détresse des scientifiques n’émettait plus. Howdy fut traversé par une décharge d’adrénaline. Il brailla une série d’ordres. Peu à peu, son équipe se ressaisit ; leur professionnalisme prit le pas sur l’étonnement horrifié qui venait de les paralyser. Des vies étaient en jeu.

Il ne fallut pas beaucoup de temps aux équipements du NR-Susquehanna pour localiser le campement des universitaires. Située au bord d’un lac, unique étendue d’eau de la planète, la base scientifique se constituait de trois petits bâtiments en préfabriqué s’articulant autour d’un grand cargo corellien, grossière soucoupe au cockpit excentré. De la rampe du vaisseau partait une imposante tente en toile de forme hexagonale. Et nuls signes de vie ou de la moindre activité. Koly fit de son possible pour établir une liaison. Seul un persistant bruit de statiques parasites lui répondait, revenant sans cesse moqueur. La frégate envoya une sonde pour des relevés plus complets. Les images que renvoyait le drone n’apportèrent pas de précisions. Tout juste pouvait-on distinguer des traces de pas, reliquats d’une activité, qui s’estompaient doucement à mesure que le vent sec soufflait. Plus curieusement, on observait de minuscules pierres plates très érodées, parfaitement alignées, comme les vestiges d’une ancienne cité engloutie par le sol poussiéreux.

Howdy consulta ses plus proches officiers, les lieutenants Kyral et Keren, dans le secret étroit de sa chambre. L’officier tactique préconisait une approche prudente. A l’opposé, l’impulsif chef du peloton d’infanterie de marine argumentait pour un axe plus direct. Le capitaine trancha rapidement dans une voie consensuelle : le Susquehanna continuerait à envoyer des droïdes sondes pendant encore deux heures ; si, au bout de ce laps de temps, aucunes nouvelles données n’apparaissaient alors les hommes de Kyral atterriraient pour investigation sur le terrain.
Ce fut alors qu’intervint le premier incident. Même si personne ne le comprit alors.

II


Reyes se gratta la barbe de satisfaction. Tout le monde se trouvait dans la salle de briefing à suivre la descente de la navette du commando de Kyral et lui, il savourait le plaisir d’être enfin seul, chose trop rare sur un navire de cette taille. De son enfance dans la jungle de Haruun Kal, Reyes avait gardé un goût prononcé pour la solitude difficilement compatible avec sa carrière militaire ; ce qui le faisait passer pour un bougon associable aux yeux de ses partenaires exception faite de Oël, unique exemplaire de corellien timide.
A travers la baie vitrée, Carcosa s’étendait, perle cramoisie. Au loin, Reyes devinait l’étoile blanche autour de laquelle orbitait la planète. La fatigue engourdissait ses membres. Il s’étira, ses muscles endoloris protestèrent. Il grimaça avant de bailler si fort qu’une fulgurante douleur lui vrilla la mâchoire. Le pilote enchaînait là son troisième tour de garde sur la passerelle. Ses paupières ne cessaient de s’obstiner à vouloir se fermer. En des gestes rapides, ses doigts agiles courant d’un bouton à une touche, il programma plusieurs systèmes d’alerte. Il s’autorisa alors à s’assoupir, juste quelques secondes, juste pour reprendre un peu de force.

Reyes se réveilla en sursaut, de grosses gouttes de sueur sur le front. Une boule de panique naquit au creux de son estomac. Son cœur battait avec une vigueur agitée comme s’il bataillait pour s’extraire de sa cage thoracique. L’adrénaline affluait dans son corps, intoxicante. Le pilote s’agita, il consulta sa console où rien n’indiquait un quelconque changement. Pas d’alerte. Il s’était écoulé à peine cinq petites minutes. Et il était toujours seul dans le trou de commandement. Son rythme cardiaque s’apaisa, son souffle court redevint régulier.
— Le cauchemar de merde… murmura-t-il avant de se rendormir.

Tandis que Reyes replongeait dans les abîmes du sommeil où les cauchemars rôdent, la navette de Kyral s’approchait du camp. Le petit appareil effilé survola le lac. L’eau y était surnaturellement cristalline, sans la moindre vaguelette, une mer d’huile calme, un miroir parfait où se reflétait le ciel ocre et la silhouette du vaisseau. La navette effectua plusieurs passages en cercle au-dessus du campement pour finalement atterrir quelques mètres plus loin, à bonne distance.
Le crépuscule avançait, les ombres s’allongeaient et le silence, à peine perturbé par les ronronnements des moteurs, régnait. Puis une cavalcade. Le bruit de bottes claquant sur la rampe de métal. Les vingt-quatre soldats s’éparpillèrent dans le camp, fusil blasters à l’épaule, sens aux aguets.

Minutieusement, la section entreprit une fouille des baraquements. Ils n’y trouvèrent que le vide et l’absence. Tout paraissait inoccupé depuis des lustres. Kyral ressentait comme un picotement dérangeant qui lui parcourait l’échine. De sa voix sifflante de Trandoshan, il ordonna à ses hommes de se recentrer sur le cargo. En des pas feutrés, les soldats s’approchèrent du navire corellien qui faisait office de lieu nodal du campement. Le vent se leva brusquement. La toile de la tente claqua. Les rafales sifflèrent dans le campement désert portant en elles comme l’écho d’un gémissement fantomatique. Le picotement devint démangeaison, les écailles de Kyral frissonnèrent. Sous la tente, ils découvrirent, entassés dans un coin, les dépouilles inertes d’une demi-douzaine de droïds. Kyral et son second, le Major Alcor, se penchèrent sur ces étranges cadavres de fer. Pas de traces de blasters, leurs carapaces semblaient en bon état mais on avait arraché leurs carte-mères. Alcor releva sa visière et le lieutenant put lire dans les yeux du sous-officier de l’incompréhension. La même que le Transdoshan ressentait. Il dressa un poing griffu en l’air et une colonne de ses hommes pénétra dans le vaisseau.

De longues minutes stressantes s’écoulèrent. Et rien que le vent et le silence. Kyral fit un signe de la main. Une deuxième section s’avança, crispée. Dans le casque du lieutenant, un grésillement monta d’abord faiblement puis de plus en plus intense. A travers la friture, il entendit vaguement les paroles de ses hommes. Ils étaient inquiets. Sa mâchoire s’ouvrit dévoilant des crocs féroces ; il aboya un ordre. Les soldats se précipitèrent à sa suite dans le cargo, prêts à faire feu, prêts à décharger toutes leurs tensions.

Ils trouvèrent leurs compagnons dans la cale où le désordre donnait une dimension angoissante à l’endroit. La soute, comme le reste du cargo, était plongée dans une pénombre épaisse lacérée par les traits de lumières projetés par les torches frontales des soldats. L’un d’eux attira l’attention de Kyral sur une pile d’équipements électroniques récemment et sauvagement fracassés. Dont la balise de détresse qui crépitait encore. Sans émettre le moindre bruit, sans échanger la moindre parole, les militaires commencèrent une nouvelle fouille. Le lieutenant observa la scène. Quelque chose clochait, n’entrait pas dans le schéma pourtant chaotique de la cale. Il ne voyait que caisses retournées, rangements renversés et appareils en morceaux. Il eut comme une vision d’un cimetière où les cadavres étaient de métal et d’électricité. Parfois des étincelles jaillissaient d’un appareil pour mourir en grésillant sur le sol. Kyral s’éloigna pour faire un premier rapport circonstancié au Capitaine Howdy.

Il se tut en plein milieu d’une phrase et, sans respect pour son supérieur, raccrocha le comlink. Il jurait avoir vu, du coin de l’œil, une ombre tressaillir. L’arme au poing, suivi par deux soldats aussi tendus que lui, Kyral s’avança vers un angle de la cale, vers une cloison tordue De deux rapides mouvements de la tête, il indiqua à ses hommes de se positionner de part et d’autres de la cloison. Dehors le vent redoubla d’intensité, martelant impitoyablement la carlingue du vaisseau. Les jointures du cargo craquaient sinistrement. Le Transdoshan découvrit qu’il pouvait avoir la langue sèche. Il déglutina avec peine. Ses griffes saisirent un pan de la cloison. Il jeta un dernier regard à ses deux soldats puis compta mentalement jusqu’à trois. Il renversa la cloison. Le bruit de la tôle fut si assourdissant dans le silence lugubre de la cale que les capteurs des casques saturèrent brièvement. Un nuage d’une poussière grasse s’éleva. Avant de retomber lentement sous les rayons de lumières des lampes des soldats. Peu à peu, à travers la poussière, Kyral découvrit la silhouette d’un Bothan émacié. Secoué de spasmes qu’il peinait à contenir, le scientifique leva des yeux surpris vers le lieutenant où pulsait une étincelle de vie entourée d’une profonde frayeur.
— On a un ssssurvivant ! hurla Kyral.

Le Major Alcor relaya l’information au Capitaine Howdy. A bord de la frégate, ce dernier ordonna au détachement de remonter dans le vaisseau de guerre. Kyral approuva silencieusement, prenant l’ordre avec soulagement. Il avait hâte de quitter la planète et de retrouver l’abri du Susquehanna. Ici, sur la surface de Carcosa, il sentait constamment une présence invisible, prédatrice. Plus tard, dans le vaisseau, le lieutenant avouera à Howdy que pendant toute la mission il tremblait, à cause de cette sensation permanente d’une menace dans son angle mort, dans son dos même s’il était certain d’être seul.

La troupe rejoignit la navette. Le Bothan marchait avec difficulté ; Alcor dut le soutenir durant tout le trajet. Le vaisseau décolla. Tandis que le caporal-chef Nomi prodiguait les premiers soins au survivant, les vingt-trois autres soldats glissèrent dans le mutisme. Assis dans le ridicule cockpit, Kyral assista à un spectacle étonnant. Dehors, le vent se renforça encore, les rafales soufflèrent puissamment dévoilant un peu plus les ruines basses des fondations d’une antique cité. Plus la navette grimpait haut dans l’atmosphère, plus la ville ensevelie prenait des proportions colossales.

*


Le Capitaine Howdy observait l’examen médical du survivant à travers la baie d’observation de l’infirmerie. A ses côtés, Keren relisait les notes du rapport de Kyral. De temps à autres, il surprenait un haussement de sourcils ou un soupir.
— Votre analyse, Lieutenant ?
— Je peine à croire à son rapport.
— Le lieutenant Kyral est un officier compétent et expérimenté. Nous servons ensemble depuis Mindor ; il a toute ma confiance. En toutes circonstances. la réprimanda vertement Howdy.
— Il y a trop d’éléments qui échappent à toute analyse rationnelle. Trop de ressenti, pas assez de faits. continua, imperturbable, Keren. Peut-on en tirer quand même des conclusions ? Des conjectures tout au plus. Pas de traces des autres membres de l’équipe scientifique. Pas de corps ou de sépultures. Ni d’indices sur la raison de leurs disparitions. Vu l’état de la balise, on peut juste en déduire que les événements sont récents et que le Bothan…
— Puis-je vous interrompre Commandant ? questionna la voix lisse du droïde médical 26-06-EB derrière eux.
— Comme si ce n’était pas déjà fait ça. chuchota une Keren énervée de l’interruption.
— Oui 26, je t’en prie. répondit Howdy, avec un petit sourire qu’il savait devoir ne pas arborer. Alors ?
— Le patient présente des symptômes d’une extrême fatigue. L’état général de son corps traduit un manque de sommeil prolongé. L’auxiliaire 78-B a trouvé de nombreuses traces de stimulants dans son sang.
— C’est lui qui ne voulait pas dormir ? s’étonna Keren.
— En effet Lieutenante. acquiesça sans émotions le robot avant de poursuivre. Bien qu’exténué, le patient était particulièrement agité lorsque nous lui avons injecté un somnifère. Il devait se reposer mais il le refusait.
— A-t-il dit pourquoi ? interrogea le capitaine.
— Ses propos étaient incohérents. Cela s’explique, en partie, par son état physiologique. répondit 26-06-EB.
— Rien ce qui s’est passé sur Carcosa ? Où est le reste de son équipe ? enchaina Keren.
— Non. Le patient possède tous les signes d’épisodes névrotiques ; probablement induits par un stress intense. Le manque de sommeil joue aussi sur ses capacités cognitives. expliqua le robot docteur. Cependant, je ne possède pas de programmations en lien avec la neuropsychologie, mon expertise sur ce domaine est donc limitée.
— Merci 26, ce sera tout pour le moment. Continuez de le surveiller. fit Howdy.

Le droïde retourna dans l’infirmerie. Keren et Howdy s’échangèrent un regard perplexe où sourdait de l’anxiété. Rien dans cette mission d’apparence si banale ne faisait sens.

Chapitres suivants
Modifié en dernier par Tenebrae le Mar 29 Mar 2016 - 13:27, modifié 7 fois.
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 17 Mar 2016 - 17:07   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Voilà un texte intriguant ! L'ambiance tendue est palpable tout au long de la lecture, et on se demande bien ce qu'est vraiment cet étrange syndrome... :sournois:

Au niveau de la rédaction, c'est plutôt bon ! Au cours de ma lecture, je n'ai tiqué qu'une fois sur un problème de conjugaison ("crache le morceau" sans "s" au verbe, c'est un impératif) et un choix de terme qui me semble maladroit : "le trou de commandement", ça sonne bizarrement. :transpire:
(Personnellement, j'utilise "la fosse de commandement")

Continue comme ça. :jap:
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Messagepar Tenebrae » Jeu 17 Mar 2016 - 17:57   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Merci Jagen de ton commentaire. :)

Pour l'expression "trou de commandement", je sais que cela peut paraître bizarre mais, en l’occurrence, j'ai choisi ce terme parce que dans l'un des premiers tomes de Hyperion Dans Simmons (ou son traducteur :wink:) avait choisi ce mot de "trou" pour désigner la fosse de commandement. Et va savoir pourquoi, cela m'avait marqué à l'époque. :neutre:

Encore merci et j’espère que la suite te plaira tout autant!
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Messagepar Zèd-3 Èt » Jeu 17 Mar 2016 - 20:36   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Un petit texte très sympathique, j'attends la suite avec impatience.

Quelques fautes de-ci de-là, mais rien de grave. En revanche, on ne dit pas "extrahumain", mais "non-humain" (ou "proche-humain", mais ça dépend des espèces et je ne crois pas que les Zabraks soient concernés).
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Messagepar Tenebrae » Jeu 17 Mar 2016 - 21:00   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Zèd-3 Èt a écrit:Un petit texte très sympathique, j'attends la suite avec impatience.

Merci bien! :)
La suite, je pense la poster dimanche soir le temps de laisser vivre ces premiers chapitres.

Petite note au passage: je n'avais jamais fait attention que le nombre de vues d'un sujet pouvait être si peu en adéquation avec le nombre de messages laissés. Au moment où j'écris ce message, le forum indique 70 vus et juste deux commentaires. C'est très bizarre comme sensation... J'avais jamais fait attention auparavant. :neutre:

Zèd-3 Èt a écrit:En revanche, on ne dit pas "extrahumain", mais "non-humain" (ou "proche-humain", mais ça dépend des espèces et je ne crois pas que les Zabraks soient concernés).

Tu m'apprends quelque chose; il me semblait que le terme extra-humain était employé dans les romans ou alors je l'ai lu ailleurs...
Je l’utilise souvent et pas que dans mes textes SW mais aussi dans mes autres écrits de SF... Cela vient peut-être de là.

Zèd-3 Èt a écrit:Quelques fautes de-ci de-là

Tu peux me donner des exemples? Cela m’intéresse grandement.

En tous cas merci encore pour le commentaire.
J'espere que la suite te plaira (ainsi que les futurs textes de la série). :)
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Messagepar Zèd-3 Èt » Jeu 17 Mar 2016 - 21:19   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Je n'ai pas trop le temps, mais en voici déjà deux que j'ai aperçu dans les premiers paragraphes.

Tenebrae a écrit:Le capitaine ne voyait que ses cernes violacées

"cerne" est un nom masculin.

Tenebrae a écrit:Il s’arracha à la contemplation.

Sa contemplation.

Bonne continuation.
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Messagepar TienVogh » Ven 18 Mar 2016 - 0:24   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

C'est bien écrit et l'ambiance est prenante, je lirai la suite avec plaisir. :)

Tenebrae a écrit:Petite note au passage: je n'avais jamais fait attention que le nombre de vues d'un sujet pouvait être si peu en adéquation avec le nombre de messages laissés. Au moment où j'écris ce message, le forum indique 70 vus et juste deux commentaires. C'est très bizarre comme sensation... J'avais jamais fait attention auparavant. :neutre:

Et encore, ici c'est plutôt Byzance en terme de commentaires comparé à d'autres sites. Sur fanfiction.net, Dark Claria n'a recueilli pour l'instant que 3 malheureux commentaires pour plus de 1000 vues. :cry:

Zèd-3 Èt a écrit:En revanche, on ne dit pas "extrahumain", mais "non-humain" (ou "proche-humain", mais ça dépend des espèces et je ne crois pas que les Zabraks soient concernés).

Pour ma part, je qualifierais les Zabraks ou les Twi'leks d'humanöides et j'utiliserais quasi-humains pour des espèces très proches des humains comme les Mirialans les Zeltrons ou les Chiss. Non-humains est plus générique et s'applique à toutes les espèces autres que les humains.
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Messagepar Tenebrae » Ven 18 Mar 2016 - 1:25   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Je te remercie TienVogh pour ton commentaire. Ravi que cela te plaise.

TienVogh a écrit:Et encore, ici c'est plutôt Byzance en terme de commentaires comparé à d'autres sites. Sur fanfiction.net, Dark Claria n'a recueilli pour l'instant que 3 malheureux commentaires pour plus de 1000 vues.

J'avoue, c'est raide...
Sur le ratio, je ne suis pas surpris; je le savais déjà mais aujourd’hui, j'y ai prêté plus d’attention et les proportions m'ont sautées à la figure. Sur le Jedi Errant, cela ne m'avait pas choqué.
Mais je crains que c'est hélas notre lot d’auteur de fan fictions.

Je tiens d'ailleurs à remercier Jagen, publiquement cette fois, pour le formidable travail qu'il fournit en tant que staffeur FF. Bravo à lui!

Zèd-3 Èt a écrit:"cerne" est un nom masculin.

C'est vrai. Comme quoi on a beau connaitre nous ne sommes jamais à l'abri d'une erreur :D

Pour la au lieu de sa, l'erreur est voulue. :transpire: Je voulais, par ce biais, retranscrire l'état plus que le fait de contemplation.

J'aimerais revenir aussi sur les termes utilisables pour designer des humanoïdes aliens (plus ou moins proche de l'humain).
Outre "humanoïdes aliens" qui convient pas mal :lol: (mais il a "alien" dedans et je ne suis pas fan du mot. Trop connoté peut-être? :neutre:) si on exclue le terme couramment utilisé dans les œuvres officielles à-priori de "quasi-humain" (après réflexion, je le considère comme inapproprié en fait.) que reste-t-il ?
Non-humain ? Proche-humain ? Extra-humain ? Franchement, je n’arrive pas à trancher. Je dirais que tous se valent car tout dépend de ce que veut retranscrire l’auteur.
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Messagepar Jagen Eripsa » Ven 18 Mar 2016 - 10:24   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Tenebrae a écrit:Je tiens d'ailleurs à remercier Jagen, publiquement cette fois, pour le formidable travail qu'il fournit en tant que staffeur FF. Bravo à lui!


Merci, mais le mérite ne me revient pas. ^^

Ceux qui font vivre la section avant tout, ce sont les auteurs (Bon, là, d'accord, j'en fais partie :D), leurs lecteurs et les membres du Jury qui font un boulot impressionnant en relecture et m'aident même dans la mise en page ! :oui:

Tenebrae a écrit:Outre "humanoïdes aliens" qui convient pas mal (mais il a "alien" dedans et je ne suis pas fan du mot. Trop connoté peut-être? ) si on exclue le terme couramment utilisé dans les œuvres officielles à-priori de "quasi-humain" (après réflexion, je le considère comme inapproprié en fait.) que reste-t-il ?
Non-humain ? Proche-humain ? Extra-humain ? Franchement, je n’arrive pas à trancher. Je dirais que tous se valent car tout dépend de ce que veut retranscrire l’auteur.


"Alien" est très connoté, effectivement, mais il a été employé dans le titre d'un guide, de West End Games me semble-t-il, donc il devrait pouvoir convenir.

Proche-humain convient aux espèces qui sont les plus proches physiquement des humains normaux, notamment les mirialans, les lorddiens ou les epicanthix. Les twi'leks et les zabraks doivent déjà être considérés comme des non-humains. Après, c'est très subjectif...

Par contre extra-humain, je ne l'ai jamais rencontré. :neutre:
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Messagepar L2-D2 » Ven 18 Mar 2016 - 14:11   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Chapitres I et II lus !

Et pour l'instant, j'aime bien. L'idée de démarrer un récit par une situation désespérée, avant de plonger dans un flash-back narrant les circonstances de la chose est bien exploitée, à défaut d'être totalement originale. Et cela permet de jongler entre certains personnages "avant" et "après", tout comme cela permet de mettre davantage en relief les "disparus", ceux que l'on retrouve "avant" mais plus "après"... tout comme le fait de démarrer en suivant un personnage qui risque fort d'avoir succombé sous nos yeux. :)

Le flash-back, lui, est très réussi. Je ne sais pas si c'est volontaire ou non, mais j'ai le sentiment d'être plongé dans un film comme Alien, avec les militaires qui viennent examiner un campement, qui retrouve un survivant, et dont le chef du détachement semble persuadé d'être suivi, observé, par un prédateur... L'effet est réussi, on en viendrait presque à être mal à l'aise avec lui ! :D

Dernier point, le style. Au début, dans le Chapitre I, j'ai eu l'impression à plusieurs reprises que le texte manquait de fluidité, de rythme. Les phrases sont assez courtes, s'enchaînent, mais sans pour autant former un "tout" logique... Mais ce sentiment a disparu assez vite, je ne l'ai pas du tout ressenti dans le Chapitre II par exemple ! :) Du coup, je me dis que c'est peut-être moi qui ai mal interprété, ou bien que cette narration un peu "hachée" était volontaire pour nous faire d'autant plus comprendre que les personnages ont du mal à réfléchir au début, qu'il sont épuisés et que tu as voulu retranscrire cela dans la narration !

En tout cas, j'attends la suite avec une grande curiosité, je suis curieux de savoir le pourquoi du comment ! :D
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Messagepar Tenebrae » Ven 18 Mar 2016 - 18:44   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Jagen Eripsa a écrit:Merci, mais le mérite ne me revient pas. ^^

Ceux qui font vivre la section avant tout, ce sont les auteurs (Bon, là, d'accord, j'en fais partie ), leurs lecteurs et les membres du Jury qui font un boulot impressionnant en relecture et m'aident même dans la mise en page !

Bien évidemment et à travers toi (chose que j'aurais du préciser^^) c'est tout le staff SWU que je tenais à remercier et féliciter.

Jagen Eripsa a écrit:Par contre extra-humain, je ne l'ai jamais rencontré.

Cette histoire m'a tracassé une bonne partie de la journée et il semblerait que "extra-humain" n’apparaisse nul part dans les quelques livres que j'ai pu consulté depuis hier soir. J'opterais donc pour un nouveau mot bien que Extra-humain me parait juste dans la mesure où il définit tous les aliens (même humanoïdes) comme étant autre qu'humain. Et là je rejoins ce que je disais plus, tout dépend alors de ce que veut retranscrire l'auteur.
Je trouve le débat intéressant en lui-même car il soulève plein de problématiques mais je ne suis pas sur que sa place soit dans ce topic :D :wink:

Merci L2-D2 pour ton long avis et ta lecture donc. Ça fait plaisir!

L2-D2 a écrit:L'idée de démarrer un récit par une situation désespérée, avant de plonger dans un flash-back narrant les circonstances de la chose est bien exploitée, à défaut d'être totalement originale.

L'originalité n'était pas ma principale préoccupation. C'est un principe éculé certes mais efficace lorsque on veut donner une tonalité particulière au récit. Ce que j'ai essayé de rendre.
L2-D2 a écrit:L'effet est réussi, on en viendrait presque à être mal à l'aise avec lui !

C'était le but. :cute: L'un des passages que j'ai du le plus réécrire (avec un autre plus loin dans l’histoire dont je vous laisse la surprise). Cette fic a connu en comptant celle que je publie sur le forum pas moins de cinq versions mais ce passage a toujours été présent (sous une forme ou une autre) car
L2-D2 a écrit:Je ne sais pas si c'est volontaire ou non, mais j'ai le sentiment d'être plongé dans un film comme Alien, avec les militaires qui viennent examiner un campement, qui retrouve un survivant, et dont le chef du détachement semble persuadé d'être suivi, observé, par un prédateur...

C'est ça! Pas spécialement Alien d'ailleurs mais plus la sensation générale.

L2-D2 a écrit:bien que cette narration un peu "hachée" était volontaire pour nous faire d'autant plus comprendre que les personnages ont du mal à réfléchir au début, qu'il sont épuisés et que tu as voulu retranscrire cela dans la narration !

Voulu, non. Enfin pas vraiment. Au bout de la cinquième version, je n'arrivais pas à trouver d'introduction convenable au flashback. J'ai laissé tomber pour me consacrer aux autres volumes de Dans les Ombres puis un soir j'y suis revenu et je me suis contenté de jeter les mots. Et j'ai apprécié ce côté confus, haché comme tu le soulignes, parce qu'il correspondait bien aux personnages et à ce qu'ils vivaient à ce moment là de l'histoire. J'ai donc rebossé le truc dans ce sens.

Voilà, voilà, en tous cas content que cela te plaise. Et j’espère que la suite te plaira.
D'ailleurs, je me tâte: j'avais prévu de poster les chapitres 3 et 4 dimanche soir mais peut-être que je le ferais plus tôt genre samedi dans la journée... Vos avis?

Encore merci à tous ceux et celles qui m'ont lu et peut-être apprécié jusqu’ici. Et encore un grand merci à L2-D2, Jagen, Zèd-3 Èt et TienVogh pour vos commentaires.
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Messagepar L2-D2 » Ven 18 Mar 2016 - 18:54   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Tenebrae a écrit:D'ailleurs, je me tâte: j'avais prévu de poster les chapitres 3 et 4 dimanche soir mais peut-être que je le ferais plus tôt genre samedi dans la journée... Vos avis?

Allez, s'il faut donner un avis, vu que les deux premiers Chapitres ont été postés hier, je pense que tu peux attendre dimanche pour permettre à davantage de lecteurs de, peut-être, donner leurs avis (d'ailleurs vas-y, lecteur, commente ce récit qui démarre bien ! :) ).

Mais ce n'est que mon opinion !
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Messagepar Zèd-3 Èt » Ven 18 Mar 2016 - 19:04   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Tenebrae a écrit:Cette histoire m'a tracassé une bonne partie de la journée et il semblerait que "extra-humain" n’apparaisse nul part dans les quelques livres que j'ai pu consulté depuis hier soir. J'opterais donc pour un nouveau mot bien que Extra-humain me parait juste dans la mesure où il définit tous les aliens (même humanoïdes) comme étant autre qu'humain. Et là je rejoins ce que je disais plus, tout dépend alors de ce que veut retranscrire l'auteur.

D'où non-humain, qui est (il me semble) un terme officiel et qui me parait correspondre à ce que tu veux dire.

Et merci à toi de nous pondre une fic de qualité, ça change de certaines horreurs que je lis parfois.
Quand un ouvrier a travaillé dix-huit heures, quand un peuple a travaillé dix-huit siècles et qu'ils ont, l'un et l'autre, reçu leur paiement, allez donc essayer d'arracher à cet ouvrier son salaire et à ce peuple sa République !
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Messagepar Tenebrae » Ven 18 Mar 2016 - 19:16   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Zèd-3 Èt a écrit:D'où non-humain, qui est (il me semble) un terme officiel et qui me parait correspondre à ce que tu veux dire.

Je pense que je vais l'adopter.
Extrahumain, je me le garde pour mes récits SF hors SW. :D

Zèd-3 Èt a écrit:Et merci à toi de nous pondre une fic de qualité

:oops:

L2-D2 a écrit:je pense que tu peux attendre dimanche pour permettre à davantage de lecteurs de, peut-être, donner leurs avis

Vu que c'était l'idée initiale, je vais rester sur dimanche.
Et c'est peut-être que ton opinion mais elle compte sinon je la demanderais pas! ;) A voir si d'autres se prononcent.

Et oui comme tu le dit:
L2-D2 a écrit:vas-y, lecteur, commente
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Messagepar Ve'ssshhh » Ven 18 Mar 2016 - 20:55   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Je ne suis pas un fan d'histoire d'horreur, mais l'ambiance est très réussie: pas besoin d'horribles monstres tout en crocs et venins, l'angoisse est distillée, suggérée assez progressivement, les sentiments des personnages sonnent plutôt juste.
Le reste a déjà été dit. J'attends dimanche!
( l2-d2 a raison, il vaut mieux étaler un peu les publications, je crois que cela permet de toucher plus de public.)

ah, j'ai remarqué deux petites choses:

Vu l’état de la basile, La balise

Il lui en fut gré. il lui en sut gré (savoir gré)
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar Tenebrae » Sam 19 Mar 2016 - 12:27   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Ve'ssshhh a écrit:Vu l’état de la basile, La balise

Oh la jolie dyslexie syllabique... :paf:

Ve'ssshhh a écrit:Il lui en fut gré. il lui en sut gré (savoir gré)

Merci. Je corrige ça de suite!

Ve'ssshhh a écrit:J'attends dimanche!

A dimanche alors! :)

Merci pour ton commentaire!
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Messagepar Tenebrae » Dim 20 Mar 2016 - 21:50   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Bonsoir à toutes et à tous,

Voici comme promis les chapitres 3 et 4.
J’espère qu'ils vous plairont. (Ah si vous voyez des fautes, n'hésitez pas à me les signaler que je puisse les corriger.)

********************


Chapitres précédents

III


Une projection holographique du système stellaire de Carcosa flottait doucement au-dessus de la fosse de commandement. Depuis son fauteuil de commandant, Howdy observait, les yeux mis clos, la représentation de la planète si mystérieuse. Le Capitaine avait très mal dormi. Un mauvais rêve persistant l’avait hanté toute la nuit. Il mit ça sur le compte du stress. Et de ce qu’il voyait sur les visages de ses subordonnées, Howdy n’était point le seul à éprouver ce niveau de nervosité. Keren, derrière son écran translucide, paraissait particulièrement touchée. Cela faisait deux jours que le Susquehanna orbitait autour de Carcosa. La planète ne donnait aucunes réponses à ses mystères. Elle gardait ses secrets. La mission de sauvetage se révélait un échec sur toute la ligne et nul ne comprenait pourquoi. Des questions ne cessaient de tourner dans l’esprit du Capitaine. Que s’était-il passé ? Où étaient les scientifiques ? Cela devenait une torture.
Koly se redressa sur son siège. Il vit sa tête et ses deux lekkus dépassant du trou. La jeune Twi’lek ne souriait pas comme à son habitude.
— Nous avons reçu un message de l’Amirauté, Mon Capitaine.
— Je vous écoute, Koly. dit Howdy d’un ton désabusé se doutant de la teneur du message.
— Rapport reçu. Ordonnons poursuite investigation. Pas de renforts possibles. lit-elle mécaniquement. Attendons prochain rapport pour ordre final de retrait. Terminé.
— C’est une blague ! C’est tout ? intervint Minark, particulièrement remonté.

Howdy foudroya du regard son timonier. Le Zabrak s’empourpra marmonnant des excuses. Le capitaine s’attendait à ce type d’ordres. Il jeta un coup d’œil sur sa gauche, Keren lui répondit par un haussement d’épaules. Elle aussi n’était pas surprise par les ordres. Il perçut toutefois un certain dépit. Mais la tacticienne en elle prit rapidement le dessus.
— Récapitulons ! fit-elle avec une autorité assurée.

Howdy l’écouta distraitement, contenant avec grands efforts de multiples bâillements. Il connaissait déjà tout ça : une dizaine d’archéologues menés par le Professeur Bentham Fremlin – le Bothan survivant que Kyral avait ramené de Carcosa et qui dormait dans l’infirmerie – en mission scientifique avaient déclenché un SOS avant de tous disparaitre sans laisser de traces.
Une alerte sur l’intercom interrompit l’exposé du lieutenant.
— Il s’agit de l’infirmerie. annonça Koly.
— Comme par hasard. marmonna Keren.
— Sur haut-parleur. ordonna Howdy, se surprenant de l’angoisse dans sa voix.
— Capitaine Howdy ? Le patient Fremlin a eu un problème. annonça la voix artificielle de 26. J’ai dû le placer d’urgence en traitement bacta.

Les accents électroniques de 26-06-EB ne dissimulèrent étonnamment pas le désarroi du droïde médical. Ce qui inquiéta Howdy.
— J’arrive ! Keren, avec moi. Minark, vous prenez la relève. Koly, demandez au Lieutenant Kyral de nous rejoindre.

Puis sans prendre la peine d’entendre les confirmations de son équipage, il sortit en toute hâte du pont avec le lieutenant Keren lui emboitant précipitamment le pas.

*


Dolph fut réveillé par son propre cri. Il se redressa vivement sur sa couche. Respirant vite et par saccades, il se demanda un instant où il se trouvait, qui il était. Son identité virevoltait dans son cerveau, insaisissable pendant une fraction de seconde. Reprenant peu à peu conscience, l’artilleur passa la main sur son front où pendaient des mèches de cheveux collées par la transpiration. Il se rendit compte que sa bouche était terriblement sèche. D’une main dont il ne parvenait pas à stopper les soubresauts, il chercha le verre d’eau qu’il mettait sur sa table de chevet à chaque fois qu’il se couchait. Il vida le verre d’un trait. Son rythme cardiaque était si intense que Dolph pouvait se persuader que son cœur se situait dans son crâne, au bout des ses doigts ou le long de ses cuisses. Trois coups secs sur sa porte le firent sursauter. Il en ria presque. Cette mission lui portait décidément sur les nerfs. Dolph se doutait que c’était Absara qui venait lui rendre visite. Il se racla la gorge et lui dit d’entrer.

La porte coulissa et dévoilant une Absara qui n’arrêtait pas de se tripatouiller les mains. Elle avait les traits du visage tirés comme après un sommeil particulièrement agité. Dolph se demanda s’il dégageait la même sensation. Comme si cela avait une quelconque importance. Il regarda sa collègue s’asseoir en face de lui, les grands yeux noirs luisaient de larmes à peine contenues ; une trainée fraiche sur sa joue couleur caramel indiquait qu’elle venait tout juste de pleurer. Concerné par le bien-être de son binôme, Dolph sentait qu’il devait dire ou faire quelque chose. Tout se bousculait encore trop dans sa tête pour qu’il puisse saisir une idée – même la plus bête – au vol. Absara le surprit en parlant la première.
— Ça va Dolph ? Je t’ai entendu crier.
— Ouais, ouais. hésita un temps l’artilleur avant de céder devant l’ineptie de son déni. En fait, pas vraiment. Mais rien de grave, juste un cauchemar. Et toi ? T’as pas l’air dans ton assiette de tir.
— Je dors très mal depuis deux jours. Depuis qu’on est arrivé. Hier, moi aussi, j’ai fait un cauchemar flippant. J’ai cru que je n’allais jamais me réveiller.
— Faut pas s’inquiéter ma chérie. Nous sommes tous extrêmement fatigués ; cela fait des semaines que notre patrouille dure. Si tu rajoutes à cela cette mission bizarre, c’est normal qu’on soit tous un peu à cran. la rassura-t-il, lui-même peu confiant.
— Je n’aime pas cet endroit. Il me terrifie. Il s’y passe des trucs pas naturels.
— Allons Abs’ ! Tu n’es pas sérieuse quand même ? s’outra, cabotin, Dolph.
— Quand je regarde la planète, je suis gelée. De l’intérieur. Comme si mes os étaient glacés.
— C’est juste de la fatigue, je te dis. continua-t-il essayant de mettre le plus d’assurance dans la voix.
— Si tu le dis. répondit Absara, pas franchement soulagée ni convaincue.
— T’as eu des nouvelles ? demanda Dolph, espérant faire diversion.
— Vite fait.
— Ben, développe ! insista l’artilleur.
— Si tu veux. De ce que j’ai compris, le prof a sombré dans un profond état de sommeil proche du coma. Impossible de le réveiller. Un truc avec le cerveau. 26 l’a plongé dans une cuve de bacta à défaut de pouvoir faire autre chose. La lieutenante n’était pas super contente. Elle et le Capitaine se sont même engueulés.
— Ça craint !
— En tout cas, le Cap a décidé que nous quitterons le système d’ici douze heures standards max.
— Ça veut dire qu’on va rentrer à la maison alors ? s’enjoua Dolph.
— Oui. Le plus tôt sera le mieux. Laissons vite cette planète monstrueuse derrière nous.

Dolph ne répondit rien ; une partie de lui approuvait.

**


Le Capitaine Howdy traversa la cafétéria. D’ordinaire bruissante de cris, de rires et d’échanges passionnés, la salle baignait dans un silence funeste. Le bruit des bottes de Howdy résonnait dans la salle ; le capitaine ne croisait que des visages fermés, murés dans le silence, le saluant à peine. Il ne s’en formalisait pas. Il n’était pas connu pour être à cheval sur le protocole militaire ; en échange, il attendait la plus grande obéissance de ses hommes. Tandis qu’il rejoignait le mess des officiers, il nota que les néons grésillaient désagréablement. Il lui faudrait en toucher deux mots au chef-technicien ; plusieurs coursives du Susquehanna présentaient ce souci, cela devenait gênant et ne contribuait pas au bien-être de l’équipage.

Lors de sa prise de commandement, Howdy avait fait transformer le mess en une salle de jeux commune ; les officiers étant priés de manger avec les autres dans la cantine. Il estimait que la proximité des hommes du rang avec leurs supérieurs hiérarchiques augmentait l’efficacité tout comme un espace loisirs permettait de relâcher la pression et donc d’être encore plus efficient sur le terrain. D’habitude, il y voyait nombre de ses hommes or, à ce moment présent, il n’y avait pas foule. Kyral et le Second Maitre Se’eshhh, un Barabel membre de l’équipe de maintenance de la frégate, jouaient au dejarik. Les non-humains d’origine reptilienne arrêtèrent leur partie le temps de le saluer sommairement. Attablé seul, l’enseigne Minark tapotait paresseusement sur un databloc ; comme tant d’autres sur le navire, il affichait une mine épuisée. Dans un coin de la salle, Keren fixait un bol de lait bleu d’un regard absent, visiblement prostrée. Howdy et elle ne s’étaient pas parlé depuis leur altercation six heures auparavant. Il l’ignora et s’approcha de Minark. Le Zabrak leva la tête de son databloc.
— Minark, allez vous coucher. Vous êtes visiblement crevé. L’enseigne Koly prendra votre quart.
— On aurait tous besoin de se coucher. Vous compris Commandant. répondit du tac au tac l’officier de navigation.
— C’est ssssur. intervint Kyral délaissant son jeu. Mon médic, le caporal-chef Nomi, a accompagné sssix de mes gars à l’infirmerie.
— Ils ne sont pas les seuls. 78-B m’a dit que des mousses de l’appontage avaient consulté pour les mêmes troubles du sommeil. renchérit Minark.
— On tient encore le coup ! encouragea howdy. J’ai donné ordre à Oël de mettre le Susquehanna sur un vecteur extra-système. Passage en vitesse-lumière prévu dans trois heures.
— On a reçu l’ordre de rentrer ? interrogea Kyral interloqué.
— Non. C’est ma décision. répliqua Howdy puis, en l’absence de réaction de la part de Keren, il poursuivit. Vu que nous sommes proches de la frontière avec les Vestiges, j’ai ordonné le silence radio. Nous n’apprendrons rien de plus en restant ici de toute façon. Le professeur Fremlin a, de surcroît, besoin de soins médicaux plus approfondis que ceux que 26 peut lui offrir à bord. On mettra directement le cap sur les Mondes du Noyau.

Personne ne répondit. Howdy vit dans les yeux de ses subordonnés l’expression d’un soulagement inespéré. Une profonde lassitude le frappa. Minark avait raison sur un point, lui aussi était exténué. Il tourna sur ses talons et quitta le carré non sans ordonner d’abord au Second Maitre Se’eshhh de mettre quelqu’un sur les éclairages du vaisseau.
Howdy se rendit dans sa cabine. Agacé, il s’aperçut que, le long du chemin, plusieurs lampes se mettaient à clignoter. Il tapa un rapport à destination de la maintenance, la fatigue le faisant oublier qu’il en avait déjà donné l’ordre quelques minutes plus tôt. Il s’allongea. Le surmenage infusait dans tout son corps. Il ferma les paupières ; il éprouva une appréhension irrationnelle en le faisant. Que craignait-il à s’endormir ? S’en retourner dans les bras de Morphée le terrifiait et il ne savait pas pourquoi.

***


Minark prit le temps de faire une sieste ainsi que lui avait ordonné tantôt son commandant. Le Zabrak mit du temps à sombrer dans le sommeil. Son lavabo gouttait ; dans le silence de sa cabine, le bruit des gouttes d’eau tombant sur la faïence résonnait à ses oreilles comme autant de coups de tonnerres. Encore et encore. Puis la fatigue prit le dessus et la fuite d’eau devint hypnotique. Peu à peu, il s’abandonna. Ses muscles se détendirent. Son cerveau assoupi s’enfonça dans les doux abîmes du repos.

Le sommeil commença simplement, comme toujours, par le noir et l’oubli, glissant doucement de la conscience vers l’inconscience. Traversant cette bande terminatrice entre ombre et lumière, Minark dormait paisiblement. Des images éparses dansaient dans son cerveau, sautant de neurones en neurones, changeant continuellement de significations dans une farandole de sensations, de souvenirs d’odeurs et de mémoires de sons. Un sentiment puissant émergea alors. Une impression irrépressible de danger. Les images fusionnaient pour mieux éclater en myriades abjectes avant se reconstituer de façon de plus en plus monstrueuses. Minark s’agita dans son sommeil. Là dans ses rêves, quelque chose prit forme. Quelque chose d’effroyable. Dans un dernier sursaut, son corps en alerte, paniqué, le secoua de spasmes. En vain. Une masse gigantesque s’éleva dans la brume onirique. Elle le fixa. Minark hurlait, luttant contre lui-même pour se réveiller. Il fallait qu’il se réveille, qu’il sorte de ce cauchemar. L’entité titanesque l’observait. Et lui, endormi, ne voyait qu’elle. Son corps assoupi, prisonnier, réceptacle d’une peur si intense. L’univers explosa dans son cerveau. Immobile dans son lit, Minark désespérait de fuir, d’en sortir. Le rêve devint cauchemar ; le cauchemar devint frayeur. La terreur gouvernait, l’engloutissait, enfonçant de profondes racines infectes dans son crane. Son esprit embrumé, engourdi, sombrait à chaque instant dans la plus pure expression de la peur. Le néant avala le monde.

Lorsque Minark ouvrit les yeux, la lumière crue en provenance du plafond l’agressa violement. Par delà l’éblouissement, il découvrit Oël penché sur lui, une expression alarmée sur le visage.
Le Zabrak prit quelques secondes pour comprendre et remettre de l’ordre dans ses pensées confuses. Les paroles qu’il entendait du pilote corellien ne faisaient aucuns sens. Il se concentra un peu. C’était douloureux mais il y parvint finalement.
— Tout va bien Minark ? demanda Oël avec une insistance toute paniquée dans la voix. Tout va bien ?
— Ça va aller. Un putain de cauchemar. finit par lui répondre faiblement Minark.
— Toi aussi ? s’interloqua Oël.
— Comment ça « toi aussi » ? réagit le Zabrak avec une vigueur retrouvée à la question du Corellien dont il avait perçut la stupéfaction affolée.
— Reyes m’a raconté qu’il n’arrêtait pas de faire des cauchemars terrifiants. Je t’avoue que moi c’est pareil. Et j’ai entendu dire que beaucoup dans l’équipage en souffrent.
— Faut qu’on se tire d’ici ! s’écria Minark, légèrement hystérique.
— Par les sept enfers de Corellia ! Calme-toi Minark ! C’est en cours. Le Cap m’a envoyé te chercher car on passe en hyperespace dans vingt minutes. Et tu ne répondais pas à l’interphone.

Les paroles d’Oël firent l’effet d’une douche froide revigorante. Il se rendit compte qu’il avait dormi plus que de raisons. Le temps était passé si vite. Le Zabrak, désormais pleinement réveillé, sauta de sa couche avec vivacité. Le cauchemar s’envolait maintenant en effluves vaporeuses dans les méandres de son cerveau ; une lointaine réminiscence inaccessible rôdant à la lisière de la conscience.
Vaguement rassuré, le Corellien partit en premier rejoindre la passerelle. Minark resta encore un peu dans sa chambre afin de se redonner une contenance et une apparence un peu plus soignée. À peine trente secondes plus tard, il sortait à son tour. Au moment où il éteignit la lumière, une terrible sensation l’étreignit. Il pivota vivement sur ses talons. Sa chambre était plongée dans le noir, le couloir allumé éclairant faiblement la pièce. Il scruta la pénombre. Il ne voyait rien mais le sentiment persistait. Soudain, il eut comme un flash, un souvenir remontant à la surface comme une bulle d’air pour finalement lui éclater à la figure. L’effroi le saisit à la gorge. Il lui fallut un certain temps pour se rendre compte que quelque chose de chaud coulait le long de sa cuisse. La peur avait été si intense qu’il en avait perdu le contrôle de sa vessie.

IV


La tête courbée sous le poids des événements, Howdy regardait, luttant contre une irrépressible envie de bailler, les rapports défilants sur l’écran de son datapad. La situation du Susquehanna devenait préoccupante.
Depuis deux jours que la frégate était passée en hyperespace, le lieutenant Kyral et le Major Alcor avaient, semblait-il, succombé au même mal inconnu qui avait frappé le professeur Fremlin. On les avait trouvés endormis sans que rien ne permette de les réveiller de ce profond sommeil.

Six autres membres de l’équipage avaient été par la suite retrouvés dans le même état de sommeil profond, à deux doigts d’être déclarés cliniquement morts. L’ambiance s’alourdissait d’heures en heures, de minutes en minutes. Le manque de sommeil induit par le stress, l’étrangeté menaçante de la situation qui échappait – pour le moment – à leur compréhension, n’aidait pas. Le Capitaine se sentait démuni face à la tournure des incidents qui secouaient son navire. Cela ne ressemblait à rien de ce qu’il affrontait habituellement. Howdy, d’un doigt distrait, fit scroller les données affichées sur son databloc. Il s’arrêta sur un rapport de 26-06-EB où le droïd médical décrivait d’éventuels dysfonctionnements de la glande pinéale. L’enrobage technique bien trop abscons pour lui le dissuada de poursuivre la lecture. Ou bien était-il fatigué tout simplement. A chaque fois qu’il s’était autorisé un peu de repos, il en ressortait plus fatigué encore, hanté par des visions, reliquats brumeux de ses rêves, dont il n’arrivait pas à capturer le sens à cause de leurs évanescentes natures. Il en résultait toujours un sentiment, vivace bien qu’éphémère, de peur primale.

Un raclement de gorge discret le tira de l’indolence studieuse dans laquelle il errait depuis quelques minutes. Keren se tenait, rigide, cultivant une illusion de maîtrise, sur le pas de la porte menant à la salle de briefing où Howdy s’était refugié pour réfléchir. Derrière elle, le capitaine devinait les silhouettes nerveuses du reste de son état-major. Il se pinça l’arête du nez. Il se devait de se recentrer. Son navire ainsi que tous les hommes et femmes sous ses ordres – sous sa responsabilité – comptait sur ses capacités de commandement. Il leur fit signe d’entrer dans la salle de briefing.

Face à la crise, Howdy les avait convoqués. Lui et ses officiers devaient trouver une solution. Et vite, au risque de voir l’équipage céder à la paranoïa. Howdy constata, avec un effarement résigné, que les visages de ses hommes transpiraient l’incompréhension, la fatalité et la peur. À l’exception, évidente, de 26-06-EB. Un droïde protocole, tout en vert bouteille, entra à leur suite pour servir de grandes tasses de caf chaud.

— Nous faisons face à un grave problème qui poque violemment. commença-t-il sans ambages. Je vous ai réuni pour qu’on réfléchisse, calmement, posément, à la situation qui nous tracasse. Tant qu’on est dans l’hyperespace, nous ne pouvons pas communiquer avec l’extérieur. Nous sommes seuls sur ce coup les enfants !
— Il nous faut envisager la possibilité d’une infection virale. proposa Keren alors que le reste de ses camarades se taisaient.
— Je suis d’accord. approuva Howdy. Ton avis, 26 ?
— L’infection virale ou même bactérienne est probable bien que rien ne la démontre. Les tests n’ont pas donné de résultats probants, rien qui n’aille dans ce sens. répondit mécaniquement le droïd. Howdy sentit, une nouvelle fois, l’impossible détresse dans les intonations électroniques du robot médical.
— Cela vient peut-être de l’équipement ? avança Dolph dans un effort maladroit de soutenir la lieutenante.
— Il est vrai que depuis le départ en retraite du Docteur Bonesie, le centre médical n’est plus aussi performant. avoua 26-06-EB.
— Il reste suffisamment dans les standards de la Flotte. intervint froidement Howdy, coupant l’herbe sous les pieds de Keren qui s’apprêtait à répliquer.
— Faut noter que les sondes n’avaient rien relevés non plus. appuya Koly.
— C’est vrai. concéda Keren. 26, continue quand même les analyses.
— À vos ordres, lieutenante.
— Nous ne prendrions pas de risques à allonger notre vol hyperspatial dans l’intervalle. souffla Oël qui reçut un encouragement silencieux de la part de Reyes. Histoire qu’on soit un peu plus certain des données médicales.
— Je valide. En plus, au cas où, cela évitera toute contamination éventuelle à un monde civilisé. fit le Capitaine avec fermeté. Minark, vous me programmerez ça. Quoi d’autre ?
— Et pour Kyral et Alcor ? demanda Dolph au droïd.
— Aucune évolution je ne le crains. Ainsi que pour les autres cas. Catatonie sévère, proche du coma. Comme le professeur Fremlin.
— Tu ne peux pas les mettre en traitement bacta ? interrogea Howdy.
— Vu l’absence du moindre effet sur l’état du professeur, j’estime qu’il est inutile de dépenser nos provisions en bacta. répliqua 26.
— En parlant du Bothan, on sait quelque chose sur ce qu’il cherchait là-bas ? interrogea à la volée Reyes.
— Euh, pas grand chose en fait. finit par répondre Koly, encore sous le choc de l’intervention du pilote d’Harrun Kal si peu coutumier du fait. L’Holonet nous indique juste que Fremlin est professeur-chercheur à la Faculté Galactique d’Archéologie de Mrlsst.
— Et les informations sur Carcosa sont sommaires dans les répertoires stellaires. En résumé, elle est, à-priori, totalement sans intérêts. renchérit Minark dont tous sentaient la nervosité.
— Une impasse, quoi. Une autre. se découragea Oël.
— Keelah se’lai ! Cette planète est pourtant la cause de tout : nous avons été maudits. bredouilla Absara qui ne quittait pas des yeux les volutes qui s’élevaient de sa tasse fumante.
— Bantha Poodoo ! Tu ne vas pas recommencer Abs’ ! la prévint Dolph.
— Nous sommes maudits. répéta l’artilleuse.
— Pas de ça dans mon vaisseau ! l’invectiva Howdy. Restons rationnels !
— Et les cauchemars ? On en parle des cauchemars ? s’emporta Minark. Y a pas un péquin sur le Susquehanna qui ne fait pas un de ces foutus mauvais rêves !

L’intervention du Zabrak projeta une ombre de malaise sur la salle. Chacun des participants ressentit cette nouvelle chape de plomb ; ils s’échangèrent des regards tendus où la gêne honteuse se disputait à une appréhension muette. Howdy, lui-même, hésita avant de rebondir sur ce sujet sensible. Il devait garder la main sur le débat.
— Le Caporal-chef Nomi m’a dit que les gars n’osaient plus dormir.
— On ne peut pas dire que c’est juste à cause du surmenage. ajouta Reyes, décidément bien bavard. C’est en train de tous nous bouffer.
— Je pense que les hypothèses d’une drogue hallucinogène ou d’un gaz neurologique sont tout autant à écarter que le virus. lança Howdy d’un ton assuré pour reprendre la main sur la réunion.
— Tout ce que je peux en dire c’est que le problème pourrait être d’origine physiologique. commença 26-06-EB.
— VOUS NE COMPRENEZ DONC PAS QUE NOUS SOMMES MAUDITS ! hurla Absara.

*


Le Capitaine Howdy déambulait dans les coursives du NR- Susquehanna. Il pensait que marcher dans les couloirs aseptisés de son navire l’aideraient à se maintenir alerte. Il ne croisait que des visages éteints, angoissés. Le renvoyant à sa propre impuissance. À son propre état. Le capitaine n’arrêtait pas de bailler. Il avait toutes les peines du monde à rester éveiller.
Sur son comlink privé, il écouta 78-B lui exposant l’état de santé du maitre artilleur Absara. Après sa crise durant la réunion la veille, 26-06-EB avait dû lui administrer, avec l’accord de Howdy, une bonne dose de calmants. Elle était désormais sous traitement anxiolytique et ne pouvait reprendre son poste avant quelques jours. De plus, seize nouveaux cas avaient été signalés. Il remercia, en un souffle désabusé, l’auxiliaire médical automatisé pour ces nouvelles.
Il continua son errance dans les longs corridors gris de la frégate. Sans but. Juste pour se vider l’esprit. Au détour d’un couloir, il percuta le quartier-maitre Donnels.
— Pardon Mon Capitaine. s’excusa prestement ce dernier.
— Pas de soucis Quartier-maitre. Un problème, Donnels ?

Le chef-mécanicien, au physique fluet loin des stéréotypes bourrus et crasseux du mécano, avait le nez plongé dans son databloc. Au-delà de son aspect fatigué, désormais malheureusement commun sur le vaisseau, Donnels paraissait préoccupé. Le chef-mécanicien prit une profonde inspiration, la prothèse mécanique qui lui servait de main droite tremblait faiblement. Signe d’une autre mauvaise nouvelle ?
— Je regardais les rapports sur notre conso. L’hyperdrive m’inquiète.
— À quel niveau ? s’enquerra Howdy, vaguement inquiet.
— Le système d’hyperpropulsion du Susquehanna n’apprécie pas vraiment les boucles de navigation.
— Ok. Touchez en un mot à l’officier Minark, histoire de voir ce qui peut être f…

Le capitaine Howdy ne put finir sa phrase. Une alarme se mit à résonner dans le couloir. Donnels et Howdy se raidirent lorsqu’ils entendirent la voix, étouffée sous la stridence de l’alarme, de Koly surgir de l’intercom général.
— Un Victor sur le pont résidentiel. Je répète, nous avons un Victor sur le pont résidentiel.

Le sang d’Howdy ne fit qu’un tour. Un code Victor signifiait que quelqu’un demandait assistance. Avec plus de fébrilité qu’il ne l’aurait cru, il enclencha son comlink. Son cœur battait fort charriant, vagues après vagues, de massives doses d’adrénaline.
— Koly ? Ici Howdy. Rapport de situation.
— Commandant, c’est un peu confus. Le Sergent Dilentir est sur déjà sur place. Il aurait besoin d’aide afin de maitriser un personnel potentiellement dangereux.
— Koly, je m’y rends tout de suite. Demandez au lieutenant Keren de nous rejoindre.
— Euh Commandant, c’est pour elle que Dilentir a besoin d‘assistance.

Une seconde, l’incrédulité pris possession de l’esprit du capitaine. Il croisa le regard tout aussi perplexe du chef-mécanicien Donnels qui avait, évidemment, tout entendu. Il y lut une incompréhension découragée qui le revigora. L’instant d’après, il se mit à courir vers le turbolift le plus proche.

Au bout de longues secondes, interminables, la porte de l’ascenseur s’ouvrit enfin et Howdy se précipita. Il percevait des éclats de voix, des bruits de meubles renversés et des cris. Haletant, il passa le sas du pont résidentiel en trombe pour s’arrêter net devant le spectacle chaotique de l’espace commun au centre duquel trônait, enragée, le visage distordu par la peur et la fureur, le lieutenant Keren. Devant elle, se tenant les côtes, grognant et soufflant, l’imposante silhouette de Dilentir faisait barrage entre elle et le reste de l’équipage, par delà un incroyable amoncellement de mobiliers cassés. Le musculeux Duro, l’argousin de faction sur le Susquehanna, tendait une main, paume ouverte en signe d’apaisement, en direction de Keren qui dardait des yeux fous sur la foule réunie, spectatrice interdite de sa rage subite. Elle aperçut Howdy et sembla s’adoucir. Elle avait les larmes aux yeux. Howdy, en des gestes précautionneux, entreprit de s’approcher d’elle. Il arriva à la hauteur de Dilentir. Le sergent, en charge de la sécurité à bord, saignait de la bouche, un fin filet rouge coulait le long de son menton proéminent. La bagarre avait dû être violente et soudaine ; l’argousin, réputé pour sa fermeté confinant parfois à la brutalité, avait été visiblement surpris par Keren. Dilentir, mal en point, ses globuleux yeux rouges fixés sur l’officier tactique, glissa à l’oreille de son capitaine que Keren lui avait pris son arme. Avec un frisson d’angoisse, Howdy constata alors que la jeune femme tenait effectivement un blaster dans les mains. Elle le pointait – pour le moment – vers le sol.

Un bruit de cavalcade résonna derrière Dilentir et Howdy. Le capitaine n’eut pas besoin de se retourner pour comprendre que Nomi – le dernier gradé charge des commandes de marines – venait d’arriver avec une escouade de ces derniers hommes encore valides. Il entendit leurs fusils blasters se braquant sur Keren. Cette dernière répondit en levant à son tour son arme, en direction de Howdy.
— On se calme ! hurla Howdy, avec le plus de conviction et de force possible, s’adressant autant à Keren qu’aux soldats.

Nomi abaissa son arme, aussitôt imités par ses hommes. Keren mit plus de temps à en faire de même. Howdy, un gout de cendres dans la bouche, continua d’avancer vers son second, en des pas mesurés, prenant garde à bien écarter les bras en signe de paix. L’adrénaline affluait dans son corps, ses tempes en devenaient presque douloureuses. Keren l’observait s’approcher. Elle tremblait, de la bave dégoulinait de la commissure de ses lèvres. La lieutenante n’était plus que l’ombre d’elle-même, une caricature de silhouette humaine, morveuse et dépenaillée, cheveux en bataille, luisante de sueur, respirant par saccades.
— Tout va bien Keren. Tout va bien. lui fit Howdy, tentant d’insuffler le plus de sérénité dans sa voix.
— Non ! Rien ne va Capitaine ! hurla-t-elle en guise de réponse.
— Lieutenant, nous nous connaissons depuis un moment maintenant et si vous me disiez ce que se passe ?
— Ce qui se passe ? Ce qui se passe ? Ce qui se passe ! beugla Keren, incapable de contenir l’hystérie qui couvait dans sa voix.
— Doucement. Je veux juste comprendre.
— Vous le savez. Nous le savons tous !
— Quoi, Keren ? Que savons-nous ? demanda Howdy tout en continuant d’avancer lentement.
— Les cauchemars… souffla Keren avec une implorante détresse.
— C’est à cause des cauchemars que vous avez frappé ce pauvre Dilentir ?
— Oui. Il voulait que j’aille me reposer. renifla la jeune femme avant de se murer dans le silence.
— Et ? insista Howdy qui ressentait un désagréable picotement dans la nuque.
— Faut pas dormir. C’est ce qu’ils veulent. C’est comme ça ils nous enferment, nous gardent prisonniers à l’intérieur de nos têtes.
— Qui ça « ils », Keren ? poursuivit le capitaine ; il n’était plus qu’à deux mètres.
— Les cauchemars. LES CAUCHEMARS !

Avec une vivacité qui prit tout le monde de court, Keren pointa le blaster contre son menton. Howdy, horrifié, s’apprêtait à se jeter sur elle lorsqu’elle appuya sur la gâchette. Le laser tonna. Plongeant la salle dans un silence choqué. Seul résonna le bruit flasque du corps s’écroulant sur le sol. Une larme gicla jusqu’à la joue de Howdy.
Figé dans son mouvement désormais vain, il la vit chuter comme au ralenti, jurant – un fugace instant – la voir sourire de soulagement. Abasourdi, il se retrouva comme à bout de souffle, des papillons de lumières se mirent à danser devant ses yeux. Son estomac menaçait de se retourner comme un gant de toilette. L’odeur acre, abjecte, de la chair carbonisée le ramena aux contingences immédiates de l’horreur.

Le monde reprit son allure normale. Déjà s’affairaient autour du corps de Keren, Nomi et Dilentir. Au loin, il entendit les servomoteurs épuisés de 26-06-EB qui accourait. Tout autour de lui, bruissaient des murmures épouvantés.

Il s’éloigna chancelant, tentant de rassembler ses esprits. Il baragouina quelques ordres. Il ne sut si on lui obéissait. Machinalement, il sortit son comlink et composa le numéro de la passerelle. Sans émotions, sec à l’intérieur, il annonça à Koly le suicide de la lieutenante Keren. Il éteignit aussitôt l’appareil. Il n’avait pas la force d’écouter les cris effarés de la Twi’lek et de ses compagnons. Il regarda autour de lui. Il ne reconnaissait plus les longues coursives de son vaisseau, si apaisantes par le passé. Sa maison venait de le trahir. De la plus infâme des manières.
Howdy était vide.

Chapitre suivant et Épilogue
Modifié en dernier par Tenebrae le Jeu 24 Mar 2016 - 15:21, modifié 2 fois.
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Messagepar Ve'ssshhh » Mar 22 Mar 2016 - 20:44   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Humm, humm! Des dysfonctionnements de l'éclairage du vaisseau + glande pinéale...
Spoiler: Afficher
Je commence à croire que le "monstre" n'est pas d'origine biologique. :perplexe:
Re humm... Chez les reptiliens, ne l'appelle-t-on pas le troisième œil? re :perplexe:

En attendant les révélations des derniers chapitres, l''angoisse monte encore d'un cran, en même temps que les cauchemars et la paranoïa de l'équipage!

J'ai relevé au passage quelques détails:
la glande pinéal. pinéale
Et j’ai entendu dire que beaucoup dans l’équipage en souffre. en souffrent

j'ai également trouvé ceci en relisant le premier post pour voir si mon hypothèse était fondée:
Il déglutina ; je pense que tu voulais dire: il déglutit!

J'attends la suite avec impatience!
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar Tenebrae » Mar 22 Mar 2016 - 22:08   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Merci Ve'ssshhh pour ton commentaire.

Merci pour les deux fautes, je corrige ça de suite.

Ve'ssshhh a écrit:Il déglutina ; je pense que tu voulais dire: il déglutit!

Déglutiner est synonyme de déglutir, voir ici.
Très peu usité, je te l'accorde. :wink:

Spoiler: Afficher
Ve'ssshhh a écrit:Je commence à croire que le "monstre" n'est pas d'origine biologique. :perplexe:
Re humm... Chez les reptiliens, ne l'appelle-t-on pas le troisième œil? re :perplexe:

Clairement, le "monstre" n'est pas biologique. Par contre ce qu'il est vraiment? Il y a un gros indice quasiment dès le chapitre 1 mais :chut:
Ta théorie du troisième œil est pas mal mais incomplète :sournois: .


Quant à la suite et conclusion, RDV ce jeudi ! :)
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Messagepar Ve'ssshhh » Mar 22 Mar 2016 - 22:20   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Déglutiner est synonyme de déglutir, voir ici.
Très peu usité, je te l'accorde.


Je l'ignorais! Je me coucherai moins bête ce soir. :wink:
Pour une nuit sans cauchemar, j'espère!
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar L2-D2 » Jeu 24 Mar 2016 - 14:05   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Chapitres 3 et 4 lus !

La situation dégénère, et on se rapproche de plus en plus de l'état dans lequel nous avions découvert l'équipage dans le Chapitre 1. Effectivement, les "soucis" de rythme des phrases ont disparu, c'est une bonne chose, la lecture n'en est que plus fluide. Maintenant, la grande question est : comment tout cela va-t-il se dénouer ? Le vaisseau est-il condamné à errer dans l'espace, avec uniquement des cadavres à bord ? L'une des créatures des "cauchemars" a-t-elle l'intention d'utiliser l'un des corps dans le coma pour accéder à notre "monde" ?

Que des questions ! Vivement la suite ! :)
Que Monsieur m'excuse, mais cette unité D2 est en parfait état. Une affaire en or. C-3PO à Luke Skywalker

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Messagepar Tenebrae » Jeu 24 Mar 2016 - 15:20   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Merci L2-D2 pour ton commentaire. :)

L2-D2 a écrit:Que des questions ! Vivement la suite !

Eh bien c'est maintenant! :wink:

Voici donc le chapitre 5 suivi de l'épilogue.
Vous aurez des réponses mais elles ne seront peut-être pas ce que vous attendiez! :diable:
(Et je le répète un très gros indice sur la clé du mystère est présent dès le Chapitre 1 :sournois:)

********************


Chapitres précédents

V


Il fallut deux jours après l’incident pour que Howdy se résolût à entrer dans la cabine de Keren. Accompagné de Minark et Dilentir, il commença à ranger les effets personnels de son second. Les draps du lit, poisseux et souillés, empestaient. Partout où ils posaient le regard, les trois marins ne pouvaient s’empêcher de ressentir un malaise. L’endroit, depuis le décès de Keren, pulsait d’une aura funeste. Malsaine. Comment pouvait-il en être autrement ?
Howdy comprenait pourquoi Reyes avait refusé de les suivre. Pénétrer dans la chambre de Keren, par bien des aspects, ressemblait à un viol, un ultime affront à sa mémoire. Seulement le Capitaine avait perdu trop d’hommes, au cours de sa carrière, pour ne pas y voir l’obligation de deuil qui résultait de la démarche.
Alors que Minark et l’argousin Dilentir s’occupaient des placards, Howdy se chargea du bureau. Il bloqua une minute sur l’holo d’une chaniche noire que Keren adorait. Sur la représentation holographique, la lieutenante souriait franchement enserrant en un câlin attendri l’animal de compagnie – surnommé Shadow en raison de sa toison d’ébène – comme pour un dernier au revoir.
La voir ainsi – heureuse et vivante – provoqua un nouveau nœud dans l’estomac de Howdy. Brusquement, sans hésitations, il poussa toutes les affaires qui traînaient sur le bureau dans une grande caisse en plastique. Ignorant les reniflements scandalisés de Minark. Le Zabrak, tout comme Keren avant lui, se faisait un devoir de lui offrir une contre opinion. Dilentir, en bon sergent, se contenta d’hausser les épaules et de retourner à sa tâche.
Le sous-officier interpella le capitaine une dizaine de minutes plus tard tandis que le Duro débarrassait une grosse cantine de métal. Howdy, suivi de Minark, le rejoignit. Dilentir lui tendit alors un datapad. Le petit appareil rectangulaire était allumé. Au bout de quelques secondes d’examen, Howdy comprit que la tablette se révélait être le journal intime de Keren. Minark, arrivé à la même conclusion, proposa – fermement – de mettre le databloc avec le reste des effets personnels. Dilentir passa une main sur son arcade droite, encore tuméfiée suite à son altercation avec Keren.
— Je sais que c’est du domaine privé mais je pense qu’il serait judicieux qu’on y jette un coup d’œil, Mon Capitaine. fit-il de sa voix de baryton.
— Cela serait surtout immoral, Sergent ! s’offusqua Minark.

Howdy, silencieux, prenait la mesure de la situation. Il pivota pour faire face à son timonier. Des cernes profonds se dessinaient sous les yeux de l’officier de navigation. Les poches violacées contrastaient cruellement sur la peau crème du Zabrak cornu, lui conférant un air de mort-vivant. À l’image du reste de l’équipage, Minark portait les stigmates de l’étrange affection qui frappait le NR-Susquehanna ; les cas de réveils impossibles affluaient chaque heure à l’infirmerie débordant 26-06-EB qui avouait son impuissance. Nul ne souhaitait dormir, tous se droguaient de stimulants afin de garder les yeux ouverts. Une crainte insidieuse imprégnait dorénavant chaque couloir, chaque recoin de la frégate. Minark n’en était qu’un reflet.
Howdy soupira puis, tout laissant transparaître son propre accablement:
— Ecoutez Minark, cela ne me plait pas plus qu’à vous mais le Sergent Dilentir marque un point. Lire ce journal peut nous permettre de comprendre – ne serait-ce qu’un tout petit peu – ce qui a poussé Beru à une telle extrémité.

Entendre le prénom de Keren dans la bouche du Capitaine provoqua un frisson chez Minark. Il baissa la tête pour ensuite, par le truchement d’un acquiescement chuchoté, se rangea à l’opinion de son supérieur.
D’un doigt fébrile, Howdy enclencha la lecture de la dernière entrée du journal, datée du jour même du suicide de Keren. La voix du Lieutenant Beru Keren s’éleva dans la cabine, faible et grésillante à travers le haut-parleur du datapad. Comme un souvenir d’outre-tombe.

*


[Bruit de statiques suivi d’un raclement de gorge.]

Entrée UIY-2249
Encore ce rêve. Toujours ce même rêve. Je ne peux plus fermer les yeux sans le revoir revenir me hanter. Eveillée, il empoissonne mes pensées. Endormie, cela devient pire encore.

[Une série de petits bourdonnements l’interrompent. On entend un claquement.]

Satanées lumières ! Y a plus rien qui fonctionne sur ce poodoo de navire ! Où j’en étais moi ? Ah oui !
Je ne peux plus me coucher. Je ne veux plus me coucher. Il ne faut plus que je dorme car je sais que si je m’y abandonne alors cela sera la fin. Je terminerais comme ce débile de Kyral (désolée, je ne devrais pas penser ainsi !) ou ce pauvre Alcor ou encore comme le professeur – maudit soit ce Bothan qui nous a entrainés là-dedans. Bail fait trop confiance à 26 ; c’est un bon commandant mais il ne voit pas que nous sommes tous condamnés ! La jeune Absara a raison. Je le sais maintenant. Tout comme je sais une autre chose : je ne veux pas mourir !
[Grésillements entrecoupés de reniflements.]

Désolé cher journal intime, je me laisse dépasser ; Reprenons.
Ce cauchemar récurrent n’a rien de naturel, il est profondément anormal.
J’ai laissé derrière moi mes croyances absurdes, rien n’est surnaturel dans l’univers. Je serais folle de croire le contraire. Je connais la mécanique cérébrale qui commande à nos rêves ; le monde onirique n’est sensé être qu’une construction mental de nos propres souvenirs, la vulgaire expression fantasmée d’un logiciel biologique de traitement et d’archivages de données. Pourtant, dans ce cauchemar, il y a quelque chose qui rode, maléfique ; une présence ancienne, incroyablement ancienne et malfaisante. Je le ressens au plus profond e mon être. Mon cerveau me hurle de fuir. Loin. Et c’est impossible.
D’ordinaire, les détails du cauchemar s’évanouissent aussitôt ; seul reste le sentiment persistant d’avoir été dans le froid et les ténèbres. Aujourd’hui, c’est différent. Je me souviens.
Peut-être que si je décrivais cet infernal rêve, j’arriverais à l’exorciser ? Aussi idiot que puisse paraitre cette idée, je m’y accroche. En vérité, ai-je d’autres choix ? Les seules alternatives ne sont que la folie ou la mort. Je crains qu’il n’existe pas d’autres échappatoires.

[Bruits indistincts.]

Cela commence toujours de la même façon, je crois : Une masse gigantesque s’élève dans la brume. Cela me fixe. L’entité titanesque observe. Je ne vois qu’elle. Je suis paralysée de terreur. Prisonnière de mon corps endormi. Je n’ai envie qu’une seule chose : fuir. Mais je ne fais qu’hurler d’effroi. Un cri primal. Profondément enraciné en moi. L’univers explose soudainement. Tout autour de moi, l’environnement change. Au fond de moi, je sais que l’horreur vient juste de terminer son prélude.
L’ouverture débute par une douleur indicible avant que la lumière, d’un jaune infect, inonde le monde. J’ouvre les yeux. J’ai terriblement mal. J’ai froid.

[Bruits d’une respiration haletante. La voix de Keren reprend un peu plus assurée.]

Le soleil est haut dans le ciel. Devant moi, un désert rouge s’étend à l’infini. Je suis seule. Pourtant je me sens oppressé dans ce paysage, sans le moindre relief, vide. Vide aussi loin que je porte mon regard que rien n’accroche. Tout cet espace m’étouffe. Je serais toujours seule. Alors j’entreprends de marcher doucement vers l’horizon. Peu à peu, je distingue un mirage qui y danse. J’approche. L’illusion s’estompe. Le mirage devient une cité de briques noires bordant un lac limpide.

[Silence. Sursaut de parasites électriques puis de nouveau le silence troublé par une respiration ahanante.]

Je m’avance dans la cité. Les murs sont hauts. Si hauts que bientôt je ne vois plus le ciel. Comme si une nuit sans étoiles venait subitement de tomber. La ville est baignée dans un silence accablant qu’aucun bruit, y compris ma propre respiration, ne perturbe. L’angoisse y est plus prégnante. Elle est palpable dans l’air aride que je respire. Elle se diffuse dans la moindre cellule de mon corps. J’erre sans but, fuyant cette solitude écrasante qui enchâsse mes poumons. Dans les ombres, je crois voir des silhouettes inquisitrices, aux contours informes, qui s’évanouissent lorsque je les approche. Juste le vent, chargé de poussières, pour seule présence, pour seule trace de la moindre existence. Les bâtiments sont désespérément vides, les fenêtres sont toutes aveugles. Je suis si seule.

[Le ton de Keren transpire la panique.]

Tout à coup, je vois deux yeux jaunes qui me scrutent du sommet d’une haute tour pointue. Je me mets à courir. Sous mes pas affolés, les pavés claquent et résonnent. Bientôt, les yeux jaunes sont partout. Quelque chose me chasse dans ces rues sinistres, plongées dans les ténèbres. Je débouche sur l’avenue principale de la suffocante cité tentaculaire. La grande route est couverte de dalles luisantes et poisseuses. Elle s’enfonce loin et descend jusqu’au lac. Qui brille de milles feux telle une immense étendue de cristal.
Le lac est si beau. Il m’attire. Cet attrait me brûle, vibre dans chaque particule de mon être. Mon esprit bouillonne de désir. Il ne peut résister. Je veux ce lac, j’en ai besoin. Mais je sais que je dois résister.

[Bruits d’une chaise qu’on renverse. Des pleurs à peine contenus se font entendre en arrière fond.]

C’est alors que je me réveille. Pendant de brèves et terribles secondes, je doute de la réalité qui m’entoure. Ma cabine, l’holo de Shadow, cette mission. Tout ceci est-il réel ? Tangible ? Ou le rêve est la réalité ?
La prochaine fois que se passera-t-il ? Que se passera-t-il lorsque je céderais aux avances du lac ?
Par la Force ! Même maintenant que je suis réveillé en train de dicter ses mots, je le vois!

[Chaise qu’on renverse. Bruits de pas précipités.]

Je. Le. Vois ! Assis sur son trône colossal ! Il me montre le lac !

[Keren pousse un hurlement de terreur. Le datapad sature.]

Faut pas que je dorme ! Faut pas que… Par la Force ! IL EST LÀ !

[On frappe à la porte. une deuxième voix s’élève, c’est celle du Sergent Dilentir.]

Lieutenant ? Lieutenant ! Tout va bien là-dedans ?

[Fin de l’enregistrement.]

**


Howdy posa le databloc sur le bureau. Dilentir et Minark ne disaient mot. Toujours en train de digérer ce qu’ils venaient d’entendre. Howdy écarquillaient les yeux, le souffle court. Le capitaine n’en croyait pas ses oreilles. Keren, par-delà sa sépulture, venait de décrire exactement le cauchemar qui le hantait depuis des jours. Les même mots, les mêmes sensations, le même déroulement. Il s’en retrouva chamboulé, englué dans une toile tissée de perplexité. Il lui suffit de regarder les visages effarés de ses deux subordonnés pour comprendre qu’il n’était pas le seul dans ce cas.
— Comment est-ce possible ? bredouilla, faiblement, Dilentir.
— Le même rêve ! Je fais exactement le même putain de cauchemar ! cria Minark.

Howdy se taisait toujours. Il n’osait rien ajouter. Tout ceci était impossible, purement et simplement impossible. Pourtant la vérité était là, crue et horrible, étalant sa cruelle acidité. Les faits – contrairement aux hommes – ne mentaient pas. Il devait l’accepter. Howdy envisagea alors que toute la frégate se retrouvait touchée par l’inquiétant phénomène. Sans prononcer la moindre parole, il s’aperçut que Minark et Dilentir étaient parvenus aux mêmes conclusions dérangeantes.
Un bruit métallique, sourd et bref, les fit sursauter. Simultanément, ils pivotèrent vivement, les nerfs à vif, vers la source de ce bruit soudain. Un droïde massif, tout en angles droits et en pistons apparents, pénétra dans la cabine en dodelinant comiquement sur ces deux jambes courtaudes. Sans prêter attention aux trois marins, le robot manutentionnaire commença à empiler les caisses rangements. Sa tâche accomplie, il fit pivoter son crâne ovale vers les trois humains et les deux fentes figurant ses yeux s’illuminèrent. Via son vocodeur – un simple trou carré à la base de sa tête d’ogive – il tintinnabula une suite mélodieuse de notes synthétiques avant de s’en aller de sa démarche rendue encore plus drolatique avec le poids des caisses.
Howdy fut le premier à éclater de rire. Minark le suivit d’un ricanement nerveux mais sincère. Dilentir ria plus franchement malgré la douleur qu‘il ressentait encore des blessures de son visage. Il s’écoula de longues secondes où chacun goûta un peu de cette insouciance dont ils avaient été dépossédés. Puis les rires s’estompèrent doucement laissant à la place de nouveau à l’inexplicable réalité.
Le capitaine Howdy récupéra le datapad de Keren, l’enfourna profondément dans une de ses poches. D’un hochement de tête rapide, il salua Minark et Dilentir, pivota sur ses talons et sortit en grandes enjambées pressées hors de la cabine fuyant l’ambiance funeste qui y pulsait.
Bientôt, Howdy le savait, cette atmosphère mortifère se propagerait à tout le vaisseau. Désormais, chacun s’apprêtait à connaitre l’affreuse, froide, dure, vérité sur leur sort. Du préposé aux sanitaires jusqu’au gradé en passant par l’ingénieur ou le simple mousse. Chaque membre d’équipage du Susquehanna lutterait intensivement, en état perpétuel d’alerte, contre le sommeil, contre ce qui les attendait dans leurs cauchemars. Une lutte perdue d’avance.
Le destin de son équipage était scellé. Il le savait. Certains – la majorité certainement – succomberaient, d’autres choisiront la même voie horrible prise par Keren. Il y aura un temps de chaos, peut-être même une tentative de mutinerie. Face à une fatalité inéluctable – le vieil officier l’ayant déjà vu par le passé – les réactions se révélaient trop souvent agressives, violentes avant de la résignation. En tant que commandant du NR-Susquehanna, il était de son devoir de préserver ses hommes et femmes. D’assurer un semblant d’ordre. Sans mentionner le fait qu’il se devait de penser aux risques pour ceux de l’extérieur. Il ordonna à 26 de le rejoindre dans sa cabine personnelle afin de démarrer un journal de bord spécifique à ces événements tragiques qui secouait son navire. Peut-être que quelqu’un, quelque part dans cette vaste galaxie, un jour, arrivera à comprendre.
Il décrocha le comlink qui pendait mollement à sa ceinture et commença directement à donner ses consignes. Les ultimes.
Puis, fugacement, dans l’intervalle de temps d’un battement de paupières, cette milliseconde d’obscurité, il le vit aussi : Assis sur son trône colossal, désignant la direction du lac.

***


Une secousse sortit 26-06-EB de sa veille. Tandis que ses yeux robotiques s’illuminaient, la secousse se répéta, plus forte. Le droïd étendit ses capteurs sensoriels, ses circuits se mirent en route rassemblant les dernières données enregistrées. Le robot médical enclencha tous ses processeurs afin de re-contextualiser son environnement, sa position temporelle et spatiale. Sa confusion dura une seconde ; il lui fallut une seconde de plus pour se révéler parfaitement opérationnel au moment d’une troisième secousse encore plus intense.

Après le décès du Capitaine Howdy, la frégate avait navigué encore trois jours dans la dimension hyperspatiale, suivant les coordonnées de leur officier timonier. Sans aucun espoir autre que de continuer à voler ainsi sans but. Tant qu’ils le pouvaient encore.
Ses trois jours furent marqués par un déferlement de violence ; menée par Oël et Minark, une partie de l’équipage – favorable à une sortie dans l’espace normal afin de contacter un monde de la Nouvelle République – tenta de prendre la passerelle de commandement. Ils n’eurent pas le dessus. Dilentir, l’argousin Duro, perdit la vie devant le sas du pont, battu à mort. S’en suivit une période de désespoir. Absara et le chef-mécano Donnels se suicidèrent. De nombreux membres les imitèrent. Le lendemain, on retrouva Minark, Reyes, Dolph et tant d‘autres de leurs frères d’armes plongés en catalepsie sévère. Koly, la Twi’lek en charge des communications devenue, par la force des choses, commandant du navire à la dérive, ordonna – sans trop en comprendre les véritables motivations –d’abattre tous les droïds. Ayant verrouillé l’accès à l’infirmerie, grâce à l’aide providentielle du pilote Oël, 26 et 78-B échappèrent à cette étrange purge. Signe avant-coureur d’un nouveau symptôme du mal rongeant le Susquehanna – à moins que ce ne fût qu’une résultante sans liens : la folie. La veille de sa sortie – forcée – de l’hyperespace, la frégate légère fut traversée par une vague de démence.
Au final, ce fut bel et bien le sommeil qui eut raison des survivants. Le cauchemar avait accomplit son office. À l’exception notable du professeur Fremlin, baignant toujours dans sa cuve de bacta ; 26 s’acharnait plus que de raison – lui-même ne comprenait pas cet apparent défaut de programmation – à veiller sur ce patient au mal mystérieux.

Le robot surveillait les constantes vitales du Bothan endormi lorsqu’une quatrième secousse fit trembler fortement la carlingue du vaisseau. Depuis sa mise en service, près de quinze ans auparavant, 26 avait principalement servi sur des navires de guerres, il reconnut instantanément le bruit métallique qui courait maintenant le long de la superstructure du Susquehanna. Un abordage. La question était maintenant de savoir qui.
Sans les compétences techniques adéquates – après tout ce n’était pas sa fonction principale – il eut de grandes difficultés à faire fonctionner le relais de communications afin de découvrir l’aspect de ces secours. Ainsi que leurs intentions.
L’image, aux reflets bleutés, ondula quelques secondes sur l’écran avant de se stabiliser. Tout synthétique qu’il était, en découvrant l’image, les circuits de 26 s’échauffèrent ; l’équivalent d’un frisson d’angoisse pour une créature artificielle. Tout à coup, une routine informatique s’enclencha quelque part au fond des ses entrailles électroniques. Son processeur central entra en résonnance avec ce programme. 26 sentit une peur irréelle, impossible, parcourir ses fils électriques. Le droïd médical savait ce qui agitait ses tubes de fibres optiques et sa carcasse composite. Il voulut lutter contre cette commande qui prenait possession de son corps de métal. Mais déjà les lignes de codes s’alignaient dans son cerveau positronique. Il essaya contre-mesures après contre-mesures, vainement. Le programme passait tous ses pare-feux. Un vieux programme – datant de l’époque, normalement révolue, de l’Alliance Rebelle – toujours en service au cœur de son système d’exploitation parce que le Docteur Bonesie, son ancien propriétaire et prédécesseur, s’obstinait à lui refuser la moindre mise à jour logicielle par crainte d’une perte de l’efficience des compétences thérapeutiques de 26-06-EB.
L’autodestruction frappa moins d’une seconde plus tard. Et alors que s’éteignaient ses capteurs optiques, 26 vit que son patient clignait des yeux. Il se réveillait !

Dans le silence lugubre de la frégate, une colonne de stormtroopers cheminait prudemment. Leurs silhouettes blanches glissaient dans l’obscurité, fantômes dans une sépulture gigantesque. La lumière de leurs torches déchirait les ténèbres des corridors froids du vaisseau. Froids et désespérément vides.
En tête de file, un officier impérial, tout de vert de gris vêtu, braqua sa lampe sur un panneau de contrôle fondu. Il n’aimait pas ça. Quelque chose clochait : Un Nébulon-C, de la République honnie, à la dérive ; tous ces droïdse ineptes, visiblement victimes d’un déchaînement sauvage, tout ceci ne l’inspirait guère. Où était donc l’équipage ? Le journal de bord et la mémoire centrale du vaisseau avaient été sommairement effacés. Il faudrait de longues heures à un spécialiste informatique pour récupérer les données. L’officier se perdait en conjectures. Au creux de son oreille, son comlink vibra désagréablement. D’un doigt ganté de cuir, il toucha le minuscule appareil logé prés de son tympan. Une voix, voilée, atone, s’éleva du comlink.
— Lieutenant, ici l’escouade Bravo. Nous sommes dans la soute principale.
— Qu’est ce qu’il y a, Major ?
— Nous avons trouvé l’équipage.
— Bien. Alors ? interrogea l’officier en ignorant l’angoisse tendue qu’il percevait dans la voix de son subalterne.
— Vous devriez venir voir. lui répondit simplement le stormtrooper qui dissimulait mal son malaise.
— Dites moi ce qui se passe Major ! s’agaça le lieutenant.
— Ils sont tous morts.

Le lieutenant grimaça ; la moue lui donna un visage de rapace. Il resta ainsi quelques secondes, essayant de mettre de l’ordre dans ses pensées. Il fit un signe de la main à ses soldats. Un stormtrooper anonyme s’avança.
— Prévenez le Stormfall. Je descends rejoindre Bravo. ordonna l’officier.
— Oui, monsieur. répondit le soldat en claquant des talons
— Lieutenant ? fit une autre voix voilée par le masque réglementaire.
— Oui soldat ? fit l’officier en pivotant vers un autre stormtrooper.
— Je détecte un signe de vie derrière ce sas. Très faible.

La nouvelle provoqua chez le lieutenant une poussée d’adrénaline. Son entrainement prit rapidement le dessus.
— Ouvrez-moi ce sas ! aboya-t-il à ses troupes.

Les soldats impériaux s’exécutèrent prestement. Armes aux poings, ils pénétrèrent dans le cabinet médical. Ils découvrirent deux robots dont un modèle EB grillé ainsi qu’un Bothan s’agitant frénétiquement dans une cuve de bacta.
Avec précautions, leurs blasters pointés sur ce curieux survivant, ils le firent sortir du cylindre de verre. Le lieutenant, ne prenant pas le temps à l’inconnu de reprendre ses esprits, l’interrogea avec la sécheresse typique des militaires de l’Empire.
— Déclinez votre identité ! Maintenant !

Le Bothan roula des yeux hagards. Puis alors que l’officier l’agrippait au col, il répondit faiblement.
— Je m’appelle Bentham Fremlin, je suis professeur à l’université de Mrlsst.
— Que faites vous sur un bâtiment de la flotte rebelle ? enchaina l’officier.
— Je ne sais pas.
— Que s’est-il passé ici ? continua le lieutenant dont l’intonation trahissait un certain agacement empressé.
— Je ne sais pas !
— Soit. Escouades Alpha et Bravo, contrordre : on bouge ! Nous continuerons l’interrogatoire sur le Stormfall.
— Je ne me souviens de rien. Je vous le jure ! implora Fremlin.

Tandis qu’on le trainait sans ménagements le long des couloirs vides et oppressants du vaisseau, la mémoire du professeur Bothan s’activa ; des morceaux éparses, peu signifiants sur le moment, lui revenaient en tête : un long sommeil, une planète étrange et surtout un rêve terrifiant.
Une sensation tenace ne le quittait plus. Le souvenir de ténèbres et d’un froid intense. Le souvenir d’une présence malfaisante.

Épilogue


Cinq ans plus tard.

Bentham Fremlin changeait les batteries de son nexu nain lorsqu’il reçut le courrier sur la portion de son mur dévolue à cet effet. Il leva la tête machinalement, se gratta les poils fauves de sa barbiche et retourna au pseudo-animal. Tout en revissant le ventre, Bentham, Bothan quarantenaire à la longue crinière rousse, commença à lire une version imprimée d’un article de l'encyclopédie Stellar Waylander Universalis sur les Cinq Anneaux de Feu de Fornax.
Le ronronnement électronique de Carabas, le chatbot, tira Bentham de sa lecture. Un sourire extatique vissé aux babines, il prit l’animal de compagnie robotique dans ses bras velus et alla à la fenêtre. Dehors, l’Horloge Quantique de l'Université annonçait minuit. Bentham observa un temps le défilement muet des speeders flânant dans l'atmosphère légère de la nuit, slalomant entre les hautes cimes des vertetiges et les immeubles plus petits, tout de duralium et de verre. Hypnotisé par ce ballet, son esprit vagabonda un instant tandis que, dans la périphérie de ses pensées errantes et sans noms, les informations de l’article se voyaient trier, analyser, quantifier. Chaque mot, chaque idée, méticuleusement rangé dans un coin de son cerveau. Un irrépressible bâillement le rappela aux contingences de la vie purement physiologique. Bentham rangea Carabas et la réplique mécanique du nexu dans une étagère vitrée aux cotés d’une réplique miniature d’un peko-peko en plastique et remarqua la peinture écaillée des épines dorsales de son Dragon Krayt télécommandé. Cela le chagrina quelque peu. Il soupira, dépité. Et un petit encas frugal plus tard, se coucha.

Le réveil de Bentham le tira du sommeil à l’aube.
Dehors, le soleil d'un jaune éclatant se levait à peine projetant une dure lumière sur la surface de Mrlsst. Bentham grogna, s’emmitouflant plus profondément sous sa couette. Voyant que son propriétaire ne daignait pas se lever, l’appareil se mit à sonner plus bruyamment encore, en roulant furieusement sur ses roues décentrées à travers le studio. Bentham se leva, poussant un feulement bougon ; ses tentatives pour replonger dans le sommeil contrariées par les rappels hystériques du réveil.

Ce dernier s’était caché sous une commode de plastique jauni par le temps. Il fut difficile de l’en extraire avec les courbatures matinales. Une fois la chose faite, Bentham s’étira et alluma d’un geste mécanique, inconscient, routinier, son module holonet cherchant d’un œil encore hagard le spam-news. Il l’ouvrit, sans grande conviction, délaissant le courrier de la veille au soir qui clignotait toujours sur le mur. Laissant son système domotique préparer le petit déjeuner, il prit une douche sonique. En sortant de la salle de bains, il effleura son pouf qui frémit de plaisir à ce contact. Tout en buvant sa boisson énergisante approuvée par le Ministère de la Santé et des Performances, Bentham entreprit de se tenir au courant des affaires de la galaxie. Peu de titres l’interpellèrent : les Apôtres de la Vengeance continuaient à provoquer l’embarras de l’Ordre Jedi ; un nouveau gang avait fait son apparition sur différents territoires de la Bordure Extérieure ; Nurkan Rooliah, la célèbre chanteuse pop togruta, avait convolé en justes noces pour la neuvième fois ; un Grand Moff Impérial rendait une énième visite diplomatique stérile à Hapés et la nouvelle bande-annonce de l’épisode huit de la fameuse saga Star Gazer créait le buzz et une frénésie fébrile chez les fans. La Galaxie poursuivait son cours normal.

Alors qu'il enfilait une ample tunique turquoise, Bentham s'intéressa enfin au courrier mural. D'un mouvement de la main, il fit signe aux capteurs de la cloison d'afficher le contenu. Le sang de Bentham ne fit qu’un tour. Pris de vertiges, il s'allongea sur son pouf.
Le courrier qu’avait reçu Bentham Fremlin contenait un message vidéo où un Chiss, au visage anguleux dont les yeux rouges pulsaient d’intensité, parlait face caméra, sirotant un verre et fumant une longue cigarette fine :

« Mes salutations distinguées Professeur.
À l’issue de notre première rencontre sur Tatooine, vous m’avez raconté votre histoire en payement de mon aide d’enquêteur. J’ai dû graisser quelques pattes dans l’administration républicaine et en menacer d’autres mais j’ai pu récupérer des données qui sont venus compléter l’image globale de votre affaire.
Je ne fais pas vous refaire tout l’historique, vous en connaissez l’essentiel par une partie de vos propres souvenirs et de vos propres investigations. Il existe des blancs qui vous empêchent de comprendre tous les tenants et aboutissants. Voici les résultats de mon enquête.

Commençons par ce qui s’est avéré, étonnamment, le plus simple : Pourquoi et comment avez-vous survécu ?
J’ai pu remonter jusqu’au lieutenant de vaisseau Morbed. Il officiait en tant que commandant en second sur le Stormfall, le cuirassé impérial qui a porté secours au NR-Susquehanna. Son supérieur était un proche du Moff Atrides, lui-même fervent partisan de la politique d’apaisement du Grand Amiral Pellaeon. Cela explique pourquoi la frégate a été remise intacte aux autorités républicaines quasiment dès son arraisonnage. Sans piratage des données de bord, sans autopsies des corps entreposés dans la soute, sans rien du tout de délictueux. Hormis votre interview un peu musclée d’après votre sauvetage. Mais votre affaire intriguait Morbed. Il prit sur lui, au mépris des ordres donc, de vous prélever des échantillons à fin d’analyse. Bien évidemment, les laborantins impériaux ont bien été incapables d’en déchiffrer les résultats. Il leur manquait le contexte. Morbed, toujours frustré après tant d’années, a accepté de me les donner. Je vous transmettrais les informations si vous le souhaitez lors de ma prochaine visite.

En résumé, en vous plongeant dans le bacta, le droïd médical vous a sauvé la vie même si cela vous a, aussi, conduit à une amnésie partielle et irréversible. Les analyses révèlent que le bacta possède une protéine ayant un élément actif qui agit, dans le cas d’une exposition prolongée, sur les neurotransmetteurs impliqués dans le processus des rêves. Comme des inhibiteurs à ce j’ai compris. Ce qui a fini par réenclencher votre cycle de sommeil et vous a sorti du « coma ». Une piste intéressante pour de nouvelles applications médicales que je me ferais une joie de confier aux autorités compétentes. Si tant est que cela existe, bien sûr.

A partir de là, il a été « facile » d’en déduire certaines choses. Un élément extérieur, sur Carcosa, a perturbé votre glande pinéale, ainsi que toutes celles de l’équipage très probablement. Votre rythme circadien en a été altéré, provoquant ce sommeil dont vous ne pouviez pas vous réveiller. Qui, irrémédiablement, aboutissait au décès. Ce dérèglement est très certainement la cause des rêves mentionnés dans le journal de bord.
Mais quoi sur Carcosa peut être la cause de tout ceci ? Le découvrir fut plus ardu. D’autant que toutes les hypothèses avaient déjà été envisagées sur le Susquehanna. Et puisque vous avez fait appel à mes services, vous vous en doutiez. De la même façon que vous vous doutiez que la réponse allait revêtir des atours plus… Exotiques dirons nous. Des atours qui sont la principale raison pour laquelle les autorités ont prestement caché votre histoire sous le tapis. Vous frustrant par la même occasion.

Les informations sur Carcosa sont rares, fragmentaires ou tout simplement perdues. Un vrai défi. Grâce à une recherche dans les tréfonds de l’Institut Obroan et une visite – compliquée – dans la Bibliothèque Interdite de Dromund Kaas, j’ai pu dénicher quelques éléments de réponses.
Ainsi, je peux vous assurer que vos étudiants et vous-même aviez raison : Carcosa abritait bien une importante colonie de l’Empire Sith originel. En moins de deux générations, la colonie avait disparu ; un peu avant la défaite de Naga Sadow. L’effondrement de leur empire explique pourquoi les Sith n’ont pas cherché à en comprendre les raisons.
Mais ce ne sont pas des ruines Sith que vous avez mises à jour. Elles seraient bien plus anciennes… À-priori.

Carcosa. Un monde inhospitalier s’il en est ; vous l’avez amèrement appris vous-même. Et que de curiosités géologiques ! Un lac assez large pour contenir une demi-douzaine de SSD comme unique étendue d’eau sans qu’aucune source ne soit trouvée ? Une atmosphère respirable et aucun processus identifiable expliquant ce phénomène ? Franchement, on peut se poser la question : qu’est-ce qui a poussé les Sith de l’époque à s’y installer ?
J’ai pu trouver une annotation dans une transcription écrite d’un holocron attribué à Ludo Kreesh : Carcosa serait un nexus du Coté obscur ; à ce qu’il semblerait, une vergence déjà connue – et ignorée – à l’époque des Rakatas. Cela explique-t-il la disparition de la colonie et l’incident dont vous avez été le seul survivant ? Mes ressources n’ont pu me permettre, hélas, de creuser plus loin sur ce sujet…

Toujours est-il que, depuis votre histoire, Carcosa est un monde désormais répertorié comme hostile. Ce que vous saviez déjà. Ce qui a, aussi, considérablement compliquée ma tâche pour le dernier point de mon enquête : les corps de vos compagnons.
Grâce à quelques connaissances « peu recommandables », j’ai toutefois été en mesure d’expédier sur site une équipe de droïdes. Vu votre histoire, vous comprendrez aisément que je ne me sois pas rendu sur place ni même dans le système stellaire. Les droïdes ont été incapables de m’apporter le moindre début de piste. J’en suis profondément désolé, Professeur.
Je serais sur Mrlsst d’ici deux jours standards. Nous reparlerons alors.
À bientôt, Professeur Fremlin. Oh et j’espère que la ravissante Sola sera aussi présente. »

Il sembla s'écouler une éternité tandis que Bentham se repassait mentalement, encore et encore, le message. Il analysa froidement la situation. Comme toujours, prendre du recul sur une information relevait de l’instinctif chez lui. Il caressa son pouf, sentant sous ses pattes moites les muscles en polymères électro-actifs du meuble. Le pouf se lova plus intensément contre Bentham et ce dernier goûta savoureusement la chaleur ainsi créée. Il se mit à réfléchir. À se souvenir. À rêver.

Le soleil est haut dans le ciel. Tout autour, un désert rouge s’étend à l’infini. Il est seul. Il sera toujours seul. Alors il se met à marcher doucement vers l’horizon. Un mirage y danse. Il s’en approche. L’illusion s’estompe. Le mirage devient une cité de briques noires bordant un lac limpide.
Les murs sont hauts. Si hauts que bientôt il ne voit plus le ciel. Comme si une nuit sans étoiles venait subitement de tomber. La ville est baignée dans un silence accablant qu’aucun bruit, y compris sa propre respiration, ne perturbe.
Quelque chose le chasse dans ces rues sinistres, plongées dans les ténèbres. Il débouche sur l’avenue principale de la suffocante cité tentaculaire. La grande route est couverte de dalles luisantes et poisseuses. Elle s’enfonce loin et descend jusqu’au lac. Qui brille de milles feux telle une immense étendue de cristal.
Il se retourne sentant une présence gigantesque le fixant. Il voit, assise sur un trône si colossal qu’il éclipse l’horizon, une indicible silhouette, drapée de ténèbres et couronnée de flammes jaunes, tendant un bras aux contours informes vers le lac.
Le lac est si beau. Il l’attire. Cet attrait le brûle, vibre dans chaque particule de son être. Il se met à courir. Il veut ce lac, il en a besoin. Son corps est en état de manque. Son esprit bouillonne de désir. Il ne peut résister. Il plonge dans le lac. Il y fait si froid. Il coule.
Au fond, il perçoit des silhouettes. Des voix s’élèvent, elles chuchotent. « Viens nous rejoindre.»
Il ne peut plus remonter. Alors il se laisse aller dans les profondeurs. Et les silhouettes l’accueillent à bras ouverts. Il reconnait leurs visages. Et maintenant il a peur.


Sola, l’assistante de Bentham Fremlin, trouva son corps sans vie quelques jours plus tard. Le Chiss qui l’accompagnait lors de la macabre découverte murmura :
— Celui qui s’endort dans l’éternité ne connait pas la mort.

FIN
Tous mes textes passés, à présent et à venir sont dédiés à ma fille Sharleen.
Puisses-tu être heureuse où que tu sois désormais...
Tenebrae
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Messagepar TienVogh » Ven 25 Mar 2016 - 15:26   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Dernier chapitre lu, c'était vraiment excellent, bravo ! :jap:
Ainsi, c'est bien des ruines mises à jour par l'équipe scientifique que vient cet étrange mal, une sorte d'entité du Côté Obscur, encore plus ancienne et maléfique que les Sith, brrr ! Voila de la concurrence pour Abeloth ! :wink:
Je suppose que les corps des autres membres de l'expédition scientifique sont au fond de ce mystérieux lac, qui me rappelle un peu le lac Natth sur la planète Ambria, en encore plus sinistre.
Et manifestement, si l'effet d'amnésie induit par le bacta a initialement sauvé la vie du professeur Fremlin, le mal l'a hélas rattrapé lorsqu'il a fini par s'en souvenir. Il aurait mieux fait de ne jamais chercher à savoir.
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Messagepar Tenebrae » Ven 25 Mar 2016 - 21:35   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

TienVogh a écrit:c'était vraiment excellent, bravo !

Merci et encore merci! :oops:
Ravi que cela t'ai plu.

TienVogh a écrit: une sorte d'entité du Côté Obscur, encore plus ancienne et maléfique que les Sith, brrr !

Tu n'as pas idée! :diable:

TienVogh a écrit:Voila de la concurrence pour Abeloth !

Plus que de la concurrence en fait! :sournois:

TienVogh a écrit:Je suppose que les corps des autres membres de l'expédition scientifique sont au fond de ce mystérieux lac

Tu supposes bien et tu me rassures, je n'étais pas sur que c'était compréhensible ma femme - ma première lectrice - ne l'avait pas compris comme ça.

TienVogh a écrit:le lac Natth sur la planète Ambria

Ah oui, tiens je n'avais pas fait le rapprochement.
L'inspiration du lac vient d'ailleurs (et pas de SW). Cela vient de la même source d'inspiration que le nom de la planète (qui était le gros indice).

TienVogh a écrit:Il aurait mieux fait de ne jamais chercher à savoir.

Cette recherche du savoir qui finit par être fatale est une ironie dramatique que Lovecraft usait souvent. En tant qu'admirateur absolu de Lovecraft, le modèle s'est vite imposé; globalement, ce point du récit est celui qui a survécu à toutes les versions que j'ai pu commettre. (et par bien des aspects, Cauchemar et tout le cycle Dans les Ombres est une manière d'hommage à ce fantastique auteur)

En tout cas, je réitère mes remerciements et j’espère te voir sur le topic de Dans les Ombres n°2, La nuit des Rakghouls, que je pense publier d'ici une petite semaine. Et que tu y prendras le même plaisir.

Tiens d'ailleurs, j'ai envie de faire un petit jeu:
Lectrices et lecteurs, maintenant que cette FF a été publiée dans son intégralité, sauriez-vous me citer les référence/easters eggs à Mass Effect, Goldorak, SWU et THX-1138 (celui-ci est capillotracté donc je donne un indice : pensez à la légende urbaine qui veut que IBM est été nommée en hommage à HAL de 2001) que j'ai glissé ?
Modifié en dernier par Tenebrae le Sam 26 Mar 2016 - 10:45, modifié 1 fois.
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Messagepar TienVogh » Ven 25 Mar 2016 - 22:43   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Tenebrae a écrit:sauriez-vous me citer les référence/easters eggs à THX-1138 (celui-ci est capillotracté donc je donne un indice : pensez à la légende urbaine qui veut que IBM est été nommée en hommage à HAL de 2001) que j'ai glissé ?

Avec l'indice c'est trop facile : l'entrée UIY-2249 du datapad de Keren ! 8)
Et pour Goldorak, le major Alcor ! :wink:
FanFictions : Dark Claria : Dame rouge des Sith (roman), Pour toi, Tarania (OS)
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Messagepar Tenebrae » Ven 25 Mar 2016 - 23:12   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Bien joué! :)
Mais qu'en est-il des deux autres? :sournois:
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Messagepar Zèd-3 Èt » Sam 26 Mar 2016 - 9:34   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Super, j'ai adoré la fin ! Les Rakatas, ou une autre race de l'Ère Pré-républicaine, seraient donc à l'origine de tout ça ? Mais comment ? Voilà la question à dix millions de crédits. Et on ne le saura jamais... :cry:
Quand un ouvrier a travaillé dix-huit heures, quand un peuple a travaillé dix-huit siècles et qu'ils ont, l'un et l'autre, reçu leur paiement, allez donc essayer d'arracher à cet ouvrier son salaire et à ce peuple sa République !
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Messagepar Tenebrae » Sam 26 Mar 2016 - 10:42   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Zèd-3 Èt a écrit:Super, j'ai adoré la fin !

Merci. :)

Zèd-3 Èt a écrit:Et on ne le saura jamais... :cry:

TienVogh, plus haut, a déjà donné une très bonne piste.
Et il ne faut pas oublier que cette nouvelle n'est qu'un élément dans un cycle plus vaste; je m'auto-cite:
Tenebrae a écrit:Je les ai retravaillés pour qu'ils forment un tout unique à la manière d'un cycle intitulé Dans les Ombres.
Chaque histoire est indépendante (et de fait aura son propre topic à mesure que nous avancerons). Elles peuvent donc être lues de façon autonome.
Des personnages seront récurrents, des événements se répondront entre eux mais, selon vos envies, il ne sera pas nécessaire de lire toutes les histoires (même si je préférerais).

Je ne l'ai pas précisé dans mon premier post mais Dans les Ombres est un cycle de 5 textes (plus ou moins longs).

Pour info, je le répète: l'indice dont je n’arrête pas de vous parler est le suivant: le nom de la planète. :sournois:
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Messagepar Ve'ssshhh » Sam 26 Mar 2016 - 10:51   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Mais qu'en est-il des deux autres? :sournois:


j'avais trouvé l'allusion à Goldorak, bien sur ( l'un de mes personnages s'appelle Alcor Procyon, après tout)!
Je ne connais pas trop Mass effect, mais Susquehanna étant le nom d'une rivière américaine, je suppose que cela pourrait être le nom d'un des vaisseaux du jeu?

Je ne suis pas féru de littérature fantastique du XIXième siècle ( ou début vingtième), j'ai donc raté l'indice! ( Carcosa).
Y aura-t-il une pièce de théâtre maudite? :wink:
euh.. :oops: vive wikipedia ! :transpire:
je me suis fourvoyé dans une hypothèse "scientifique", et ce Chiss m'y a laissé croire un instant. Raté, tu as bien brouillé les pistes, bravo!
En bref, tu nous as concocté une histoire de cette galaxie très lointaine, mais d'un autre univers! Un univers sinistre et démoniaque. :diable:

En tout cas, j'ai aimé le final, qui préserve une large part de mystère. Qui préserve TOUT le mystère!
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar Tenebrae » Sam 26 Mar 2016 - 11:40   Sujet: Re: Cauchemar (Dans les Ombres n°1)

Ve'ssshhh a écrit:j'avais trouvé l'allusion à Goldorak, bien sur ( l'un de mes personnages s'appelle Alcor Procyon, après tout)!

:lol:

Ve'ssshhh a écrit:Je ne connais pas trop Mass effect, mais Susquehanna étant le nom d'une rivière américaine, je suppose que cela pourrait être le nom d'un des vaisseaux du jeu?

Raté! :D Le nom de la frégate est une référence à l'univers "ennemi" de SW (Star Trek; c'est le nom d'un vaisseau de la Fédération des Planètes Unies, une frégate là aussi à peine citée dans un roman :) ).
Non le clin d'oeil à Mass Effect est:
Keelah se’lai ! Cette planète est pourtant la cause de tout : nous avons été maudits. bredouilla Absara qui ne quittait pas des yeux les volutes qui s’élevaient de sa tasse fumante.

Il s'agit de l'interjection en début de phrase qu'un personnage de Mass Effect, Tali, prononce souvent. Dans le cas de ma fic, l'expression n'a pas le même sens évidemment; c'est juste une interjection exotique.

Pour le clin d'oeil à SWU, je vais vous laisser chercher encore un peu. Sachez toutefois que c'est dans l'épilogue.

Ve'ssshhh a écrit:Je ne suis pas féru de littérature fantastique du XIXième siècle ( ou début vingtième), j'ai donc raté l'indice! ( Carcosa).
Y aura-t-il une pièce de théâtre maudite?

Alors non pas de pièce de théâtre maudite... :lol: Mais Carcosa et le lac viennent en effet de là.
L'indice renvoie plutôt au nom de la pièce de théâtre. C'est à ce personnage que fait référence la fameuse silhouette dans les cauchemars. Une recherche google sur ce nom The King in Yellow devrait vous ouvrir des perspectives.
Dans l'univers lovecraftien que je croise avec SW dans ce cycle, il est appelé à revenir souvent (et Abeloth à coté c'est une gentille! :sournois: Moauhahahaha! :diable: )

Ve'ssshhh a écrit:Raté, tu as bien brouillé les pistes, bravo!

Merci.

Ve'ssshhh a écrit:En bref, tu nous as concocté une histoire de cette galaxie très lointaine, mais d'un autre univers! Un univers sinistre et démoniaque.

Sinistre et démoniaque, j'essaie. Mais cela se passe bel et bien dans l’univers UEL, mais dans les interstices ténébreux de celui-ci, dans les ombres... (d'où le titre du cycle :transpire: )

Ve'ssshhh a écrit:En tout cas, j'ai aimé le final, qui préserve une large part de mystère. Qui préserve TOUT le mystère!

Encore merci. C'était le but.
À titre personnel, j'aime quand les histoires ne dévoilent pas tout, quand c'est au lecteur de se faire ses propres hypothèses indépendamment de l'intention de l'auteur.
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Messagepar L2-D2 » Mar 29 Mar 2016 - 19:08   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Chapitre 5 et Epilogue lus !

Il se dégage de cette nouvelle et de cette description des rêves de tes protagonistes une analogie avec Abeloth, certes, mais plus encore avec les créatures lovecraftiennes. Pour un peu, on serait presque dans du Cthulhu, avec la description de la cité mythique de R'lyeh, et la fameuse phrase "N'est pas mort, ce qui à jamais dort ; et au long des ères peut mourir même la mort", qui semble apparaître à la fin du récit...

En tout cas, voilà un beau récit d'horreur, qui aurait bien eu sa place dans le recueil sur l'épouvante ! :oui:

Direction le topic du récit numéro 2 ! :sournois:
Que Monsieur m'excuse, mais cette unité D2 est en parfait état. Une affaire en or. C-3PO à Luke Skywalker

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Messagepar Tenebrae » Mar 29 Mar 2016 - 20:40   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

L2-D2 a écrit:La fameuse phrase "N'est pas mort, ce qui à jamais dort ; et au long des ères peut mourir même la mort", qui semble apparaître à la fin du récit...

Initialement, c'était, texto, la dernière phrase de Cauchemar. J'ai finalement opté pour une simple paraphrase afin de "dissimuler" l'inspiration.

L2-D2 a écrit:les créatures lovecraftiennes

Comme je le disais plus haut, je suis un très très gros fan de Lovecraft. J'adore tout ce qu'il a apporté à la littérature d’épouvante/fantastique/SF (parce que oui, beaucoup de ses textes sont de la SF! :) ).
Du coup, dans mon petit cerveau, la connexion s'est fait entre épouvante et Lovecraft quand le recueil sur l'épouvante a été annoncé.
J'ai pas eu le temps de la finir (mais j'y ai un autre texte, très différent de celui ci, cliquez ici si cela vous intéresse :cute: ).

L2-D2 a écrit:Pour un peu, on serait presque dans du Cthulhu

Un énorme merci! :oops: Un compliment qui me va droit au cœur parce cela veut dire que j'ai réussi un des buts de la nouvelle! :cute:

Merci de ta lecture, ravi que cela t'ai plu et j’espère que le n°2 te plaira tout autant même si cela sera un peu différent (:sournois:).
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Messagepar Dark Sheep » Lun 04 Avr 2016 - 17:45   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Une fiction qui s'apparente effectivement à "l'horreur" dans son but de créer un atmosphère pesante, mais ne tombe pas dans le travers de nous exposer des créatures monstrueuses, c'est un beau pari ! :siffle:
Je dois dire que ton texte m'a bien plu, je me suis laissé prendre par l'ambiance :wink:
Au départ j'ai eu du mal à situer tous les personnages, et je dois dire que, même après avoir terminé la lecture, je n'en connais que quelques-uns. Mais ça n'est pas gênant, puisque les principaux sont définis. Je dirais même que ça donne de la vie à ton vaisseau… ironiquement, du coup :transpire:

Je trouve étonnant que les impériaux qui ont "sauvé" la frégate n'ait pas été sujets au Mal… mais enfin, il faut croire qu'il ne se propage pas d'individu en individu, mais qu'il y a nécessité de se rendre sur Carcosa.
Les petits clins d'œil sont sympa. Étant moi-même grand fan de l'univers de Mass Effect, j'ai bien rigolé en découvrant un quarienne dans ton équipage :lol:
Si j'ai bien compris, il va me falloir lire aussi tes autres nouvelles qui forment le recueil si je veux connaître le fin mot de l'histoire, ou du moins l'approcher… eh bien, je crois que je le ferai ! Prochaine étape : la nuit des morts-vivants ! Enfin, des rakghouls ! Ça tombe bien, j'avais adoré KoTOR 1 !
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

"Cette galaxie a besoin d'un sauveur, pas d'un héros."
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Messagepar Tenebrae » Lun 04 Avr 2016 - 19:36   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Je profite que ma journée ait été plus calme que prévue (carrément moins fatiguante que je craignais... Enfin bon, bref!) pour passer vite fait sur le forum. et joie, un commenatire! :)
Merci Dark Sheep de ta lecture et de ton commentaire. :cute:
Ravi que cela t'ai plu.

Dark Sheep a écrit:Une fiction qui s'apparente effectivement à "l'horreur" dans son but de créer un atmosphère pesante, mais ne tombe pas dans le travers de nous exposer des créatures monstrueuses, c'est un beau pari !

Re-Merci. :oops:
Je n'ai jamais, à titre personnel, aimé la facilité d'exposer des monstres "monstrueux" pour faire de l'horreur. C'est gratuit, souvent dans la surenchère et au final, on passe à côté du but du sentiment d'épouvante, d'horreur Je suis partisan de l'épouvante suggérée, celle que s’imagine le lecteur. C'est en tout cas ce j'ai essayé de faire.

Dark Sheep a écrit:Je trouve étonnant que les impériaux qui ont "sauvé" la frégate n'ait pas été sujets au Mal… mais enfin, il faut croire qu'il ne se propage pas d'individu en individu, mais qu'il y a nécessité de se rendre sur Carcosa.

En effet, le Mal vient de Carcosa et seul ceux qui se rendent à proximité sont affecté. L'idée était d’évoquer comme une toxicité malfaisante émanant du lieu dû à la présence (ou la trace de la cette présence :sournois: ) de cette entité - particulièrement ancienne - du Côté Obscur.
Sinon, j'ai volontairement "sous-expliqué" l’origine du mal qui touche l’équipage pour laisser le lecteur se faire sa propre opinion.

Dark Sheep a écrit:Si j'ai bien compris, il va me falloir lire aussi tes autres nouvelles qui forment le recueil si je veux connaître le fin mot de l'histoire, ou du moins l'approcher… eh bien, je crois que je le ferai ! Prochaine étape : la nuit des morts-vivants ! Enfin, des rakghouls ! Ça tombe bien, j'avais adoré KoTOR 1 !

Le nouvel opus ne va pas forcément apporter des réponses ( :diable: ).
En tout cas, hâte de te voir sur le topic de la Nuit des Rakghouls. En espérant que cela te plaise tout autant.
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Messagepar yahiko » Lun 09 Mai 2016 - 21:43   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Je ne suis pas un fan de l'horreur. Non pas que cela m'effraie (j'aurai plutôt tendance à penser le contraire, même si certains jumpscares font leur effet), mais je trouve que c'est un genre surexploité et ne débouchant sur pas grand chose au final.
Voilà pour mon à priori avant de démarrer ta fanfiction.

Après lecture, je dirais que ton récit ne déroge pas aux principaux codes du genre, avec ses forces et ses faiblesses. Il y a un côté Nostromo dans la frégate et son équipage qui fonctionne très bien. Il y a un travail dans la caractérisation de chaque membre du vaisseau. J'aime bien ton Zabrak en passant. Le style est très bon et c'est selon moi la principale force de ton récit. Il immerge bien le lecteur dans cette ambiance oppressante et mystérieuse. Il n'y a rien de pire que de lire un récit d'horreur/angoisse sans style, ce qui n'est pas le cas ici, loin s'en faut.

La chute est bien gérée même si le Côté Obscur fait un peu office de Deus Ex Machina. Mais disons que ça colle bien à l'univers Star Wars. Sachant que tu as su y apporter ta touche personnelle, c'est globalement une réussite.

Au plaisir ;)
Fan-fiction : Les Cendres du Phénix
Rogue One : Inspirations | Analyse
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Messagepar Tenebrae » Ven 13 Mai 2016 - 13:00   Sujet: Re: Dans les Ombres n°1 - Cauchemar [Fini]

Merci yahiko pour ta lecture et ton commentaire.

yahiko a écrit:Je ne suis pas un fan de l'horreur. Non pas que cela m'effraie (j'aurai plutôt tendance à penser le contraire, même si certains jumpscares font leur effet), mais je trouve que c'est un genre surexploité et ne débouchant sur pas grand chose au final.

L'horreur est un genre qui a beaucoup souffert de l'influence du cinéma, principalement celui d'exploitation fin des seventies et tous les eighties. Où tout est devenu beaucoup plus graphique. Le problème quand on expose trop c'est à la fois de rendre, finalement, banale l'horreur et surtout de la dépouiller de toute dimension terrifiante.
La peur est un sentiment fort, un moteur essentiel dans nos vies, très compliqué à retranscrire sans verser dans le grandiloquent ou la sensation forte; typiquement le jumpscare qui n'est pas une expression de l'horreur, de la peur mais de la surprise. Le jumpscare c'est le degré zéro de la peur. La peur, dans le genre horrifique, se doit d'être suggéré, distillée, c'est tout à la fois une ambiance, une sensation (plus ou moins prégnante) et un ressort psychologique. L'épouvante est plus puissante lorsque elle se déroule dans la tête du lecteur. ET c'est là un art difficile.
Pour les films, je citerais Prince des ténébres et Halloween (tous deux de John Carpenter) ou l’Exorciste 3 ou plus récemment The Conjuring. Pour la littérature, tout King bien évidemment (Ça, ses recueils Minuit ou le Fléau) mais aussi les Livres de Sang de Clive Barker (c'est très gore par contre) ou du Richard Matheson (sa trilogie Manitou par exemple).
yahiko a écrit: et ne débouchant sur pas grand chose au final.

Le fantastique (tendance horrifique ou pas) est - comme tous les autres genres des "Littératures de l’Imaginaire" - un prisme, forcément déformant, à travers duquel on regarde l'Homme.
Toutes les œuvres ne le font pas évidemment. La majorité ne sont que des divertissements parfois vains parfois spectaculaires ou intelligents. C'est à l’auteur de se dépasser pour que son message (si message il y a) dépasse ce cadre.
Par exemple dans le cas de Lovecraft, l'horreur elle est là pour nous parler de la dimension ridicule de nos existences face à l'univers dont la réalité même nous dépasse et nous écrase. L'humanité est incapable d'appréhender le sens même de l’univers, nous y sommes insignifiants. Les créatures lovecraftiennes ne sont qu'une métaphore de notre incapacité à comprendre. Qui conduit soit à la mort soit à la folie (qui elle-même est la seule réponse "sensée" face à l'absurdité chaotique de notre réalité). D'où l’ironie de ses textes qui mettent souvent en scène des "érudits", des savants perdant pied car leurs savoirs ne peut tout expliquer.
Et ce n'est pas du tout le sens de ma nouvelle qui n'est qu'un trip personnel sur le thème du cauchemar. :wink:

yahiko a écrit:Voilà pour mon à priori avant de démarrer ta fanfiction.

Et je suis persuadé que d'autres n'ont pas franchi le pas parce que, justement, l'épouvante était le genre de ma FF.

yahiko a écrit:Après lecture, je dirais que ton récit ne déroge pas aux principaux codes du genre, avec ses forces et ses faiblesses.

Lorsque on écrit dans un genre particulier (et aussi codifié que celui de l'Horreur), c'est presque inévitable. D'autant que je n'ai pas la prétention de révolutionner le genre; au contraire, Cauchemar est volontairement un "pastiche" de Lovecraft.

yahiko a écrit:Il y a un côté Nostromo dans la frégate et son équipage qui fonctionne très bien. Il y a un travail dans la caractérisation de chaque membre du vaisseau. J'aime bien ton Zabrak en passant.

Merci, Alien est effectivement une inspiration. Pour ce qui est de la caractérisation, sans elle, les événements auraient eu moins d’impacts sur le lecteur.
Merci pour ton appréciation de Minark

yahiko a écrit:Le style est très bon et c'est selon moi la principale force de ton récit.

:oops:

yahiko a écrit:Il immerge bien le lecteur dans cette ambiance oppressante et mystérieuse.

Je te remercie. J'ai réussi mon pari sur ce texte.

yahiko a écrit:La chute est bien gérée même si le Côté Obscur fait un peu office de Deus Ex Machina.

Dans ce texte, oui le CO est, un peu, un Deus Ex Machina. Mais dans SW, si on part sur du surnaturel, on est un peu obligé de passer par là... (et comme tu le soulignes, cela ancre la nouvelle dans l'univers Star Wars).

yahiko a écrit:Sachant que tu as su y apporter ta touche personnelle, c'est globalement une réussite.

Ravi que cela t'ai plu. Et c'est là l'essentiel! ^^

yahiko a écrit:Au plaisir

Carrément :)
Tous mes textes passés, à présent et à venir sont dédiés à ma fille Sharleen.
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