Comme je ne suis plus venu sur le forum depuis un certain temps, mon "petit" commentaire est forcément tardif...
Vu les 4 parties de l'interview. Je ne rentrerai pas dans le débat sur Djoumi et sa légitimité/non légitimité à propos de
SW, sa docu, ses références, etc... Je n'ai pas suffisament de connaissances sur la saga pour cela.
Ses commentaires sont de toute façon très subjectifs et il le dit lui-même d'ailleurs. C'est évidemment un nostalgique de la Trilo pour qui la Prélo n'est qu'une catastrophe intégrale (même
ROTS ? Dont il n'est d'ailleurs quasiment pas question ?) ce qui est un peu trop radical à mon sens même si j'aurais quand même tendance à partager un peu son avis sur les deux premiers épisodes.
Je vais juste m'en tenir à quelques commentaires sur des questions de fond et non des points de détails. Et relever certains passages de l'interview que j'ai trouvés tout de même assez pertinents.
Pour tout dire, je vous trouve, en majorité, assez dur avec ce type mais bon...
J'ai donc trouvé intéressante la partie où il évoque ce qui est pour lui (et moi itou) le problème des scénarios de
TPM et
AOTC : le manque d'enjeu dramatique qui puisse intéresser le grand public (et pas seulement le fan de
SW) et cette embrouillamini politique dans lequel le spectateur lambda est propulsé. Cela rejoint son idée selon laquelle une histoire réussie se doit d'être simple, compréhensible d'emblée dans ses prémisses, etc... C'est un point de vue qui n'a pas valeur de règle absolue (certains scénarios complexes n'en sont pas moins passionnants) mais me semble assez bien convenir à la Prélo.
Djoumi parle du principe d'élaguage nécessaire à un scénario, pour n'en retenir que l'essentiel et recentrer l'intérêt du spectateur sur des personnages et des enjeux auxquels on peut s'intéresser vraiment et adhérer. C'est assez évident pour ma part quand on compare la Trilo, qui est parvenue à le faire, et la Prélo qui y arrive beaucoup moins.
Je suis aussi d'accord avec lui sur le fait que Lucas a été moins bien entouré pour la Prélo, qu'il n'avait plus autour de lui de gens au regard suffisament critique pour lui dire "non, là, ça ne fonctionne pas, George". Au lieu de quoi, il s'est probablement, comme le dit Djoumi, entouré d'une autre génération de créateurs qui avaient tous grandi avec la Trilo et n'auraient jamais osé contredire le "maître".
C'est un problème dont j'ai déjà discuté ailleurs concernant Terry Gilliam, réalisateur que j'aime pourtant bcp.
Bien qu'on affirme toujours que la "vision" de l'artiste doit se réaliser sans entraves venues de l'extérieur, je me rends compte que cette liberté est parfois néfaste à certains créateurs.
A propos de Gilliam, donc, je pense depuis plusieurs années que si ses derniers films sont pour moi plus ou moins ratés, c'est à la fois parce que Gilliam est victime de son propre tempérament bouillonnant et de sa grande créativité qui explose souvent dans tous les sens au point de donner des films qui ressemblent à des ratatouilles peu digestes et assez bordéliques, de vouloir mettre trop d'éléments dans ses films. C'est un peu comme d'imaginer un cheval galopant à bride abbatue.
Hors, je suis persuadé que certains créateurs ont besoin qu'on leur tienne la bride et/ou d'être entouré par des gens capables et osant leur dire ce qui ne fonctionne pas. Mais c'est une opinion mal vue...
Et comme le dit Djoumi : qui oserait dire à Lucas ce qu'il conviendrait de faire ?
De même que je posais justement la même question il y a quelques mois à propos de Gilliam : qui oserais dire au grand Terry Gilliam ce qu'il devrait faire ?
C'est un problème que je trouve très intéressant, même s'il ne touche pas tous les artistes.
Lucas est pour moi le contraire de "l'homme providentiel" : c'est plutôt "l'homme des mauvais choix" sur la Prélo... et le reste qui a suivi (notamment certains ajouts dans les éditions spéciales, les BR, etc...).
Des scénarios trop alambiqués où les enjeux sont moins clairement définis que dans la Trilo, un contexte trop foisonnant en regard de situations peu passionnantes, contexte qui intéresse sans doute le fan de
SW qui y voit matière à enrichir son univers favori mais... ennuyer le "simple" spectateur qui souvent s'en tamponne le coquillard.
Et des tas de petits détails déjà souvent évoqués par les fans eux-mêmes, en long et en large, et sur lesquels je ne reviendrai pas (Jar Jar, les droïdes ridicules de la Fédération, etc...)
Et tous ces choix douteux, personne (comme je le disais plus haut) n'a osé les contester devant Lucas. Voilà un des problèmes.
Par contre, cette idée d'autodestruction (consciente ou inconsciente) de l'oeuvre par son créateur, je n'y crois pas du tout. Car si Djoumi donne l'impression d'être sévère envers Lucas, cette hypothèse est au contraire une manière de lui trouver une excuse, à travers du blabla psychanalytique.
En fait, je serai encore plus pessimiste que lui, en un sens car, car cette hypothèse implique que Lucas sait ce qu'il fait, que ses actes sont entièrement prémédités et tenderaient donc vers une destruction de son oeuvre.
Il n'est venu à l'idée de personne que les faiblesses de la Prélo, les retouches/ajouts parfois contestables sur la Trilo, viendraient d'un manque criant de discernement chez Lucas, tout simplement ?
Je dis "criant" car beaucoup de gens (et beaucoup de fans également) sont, eux, parfaitement conscient des "bourdes" de tonton Lucas. Beaucoup sauf... l'intéressé lui-même, apparement.
Et il y a tout de même de quoi se poser des questions quand un type, qui a été l'instigateur d'un mythe cinématographique (et même culturel) planétaire revient environ une décennie plus tard avec... des droïdes ridicules qui nous servent du "bien reçu bien reçu", un E.T. bouffon qu'à l'évidence quasiment tout le monde allait détester et des personnages humains que l'on a du mal à trouver aussi attachants que ceux de la Trilo.
Ou encore, comme certains le pensent et dès 1983, celui qui nous a servi un Muppet Show interlope au début de
ROTJ et des Bisounours de l'espace à la fin.
Et il ne s'agit pas d'être Trilogiste, Prélogiste ou Sagaiste...
Et que penser du choix peu pertinent (un de plus !) de Lucas de réaliser lui-même les trois films de la Prélogie alors qu'il n'avait plus rien réalisé depuis 1977, si je ne me trompe ? Et que, comme réalisateur, il devait se savoir lui-même limité, notamment dans la direction d'acteurs.
Caprice d'enfant gâté ? Mégalomanie ? Inconscience ?
Ou encore une fois manque de discernement ?
Lucas n'est pas un génie qui autodétruit son oeuvre. C'est une idée bien trop "romantique".
Pour moi, il est un créateur d'univers mais aussi, hélas, l'homme des mauvais choix et du manque de discernement.
Ce qui est encore pire.
Heureusement,
SW (et surtout l'
UE) n'est pas totalement sous la domination de
GL.
Peut-être que, dans le cas, contraire, j'aurais arrêter de m'intéresser à
SW ?