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CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

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Messagepar Jagen Eripsa » Dim 13 Déc 2015 - 16:07   Sujet: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Image


Synopsis

Dix années se sont écoulées depuis la Guerre de Stark. La République, fragilisée par les agissements de Trevor Willspawn dans la Bordure, poursuit sa déchéance et des régions entières de la Galaxie s'embrasent.

Désormais, Jagen Eripsa n'aspire plus qu'à mener une vie tranquille loin des fantômes du passé. Devenu Commandeur Suprême, il entend utiliser au mieux les maigres ressources mises à disposition pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. Mais des évènements inattendus le conduisent à emprunter une voie qu'il n'aurait jamais cru suivre.

Il va découvrir un monde sans foi ni loi, où les armes sont des mots et les attaques sournoises plus fréquentes que les combats loyaux ; le Sénat...


Chapitres

Chapitre 1

Le mot de l'auteur

À l'origine, le premier tome des Chroniques de la Marine Républicaine, L'Avènement de l'Amiral, s'achevait douze ans après les évènements de la Guerre de Stark lors d'un épilogue un peu étrange se déroulant au moment de l'Épisode I. En reprenant la rédaction de cette histoire, j'ai réalisé que ces deux chapitres de fin cassaient complètement le rythme et la portée de la fin ; j'ai donc choisi de les détacher pour donner naissance à un nouvel ouvrage, qui reprendrait le contexte et non la trame des chapitres en question. Ayant depuis lu de nombreuses histoires sur cette période, notamment Vent de Trahison et Dark Plagueis (notamment pour sa troisième partie, qui reprend les mêmes bornes chronologiques que Les Ombres de Coruscant), j'ai pu élaborer une histoire qui, je l'espère, saura vous plaire. Attendez-vous à du sport !



* *
*

J'ai quasiment achevé la rédaction du premier chapitre que je posterai donc très bientôt. Du reste, je vais un peu changer la présentation de mes textes pour la rapprocher de celle de la Fédération Impériale, notamment pour les liens et la longueur des chapitres... Cela m'aidera, je pense, à tenir un meilleur rythme. :cute:
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Messagepar L2-D2 » Mar 15 Déc 2015 - 8:50   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Intéressant tout cela... :sournois:
Que Monsieur m'excuse, mais cette unité D2 est en parfait état. Une affaire en or. C-3PO à Luke Skywalker

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Messagepar Jagen Eripsa » Mar 15 Déc 2015 - 15:15   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

N'est-ce pas ? :D

Par contre, vaut mieux lire le premier tome pour ne pas être spoilé. ^^

Allez, c'est parti !

Sommaire >>Chapitre suivant>>

Chapitre 1
 
Un ciel d’un bleu d’azur parfait s’étendait au-dessus de la surface de Taris, accompagné d’un soleil radieux en cette belle journée qui correspondait au début de l’été dans cette partie de la planète. Des lunettes teintées sur le nez – une précaution essentielle contre la réverbération des rayons lumineux – et un sourire aux lèvres, l’amiral Jagen Eripsa observait le spectacle des tours élancées face à lui.
— Magnifique, admit-il après quelques instants de contemplation. Et je pèse mes mots.
Ce fut au tour de son cousin d’afficher un contentement ostentatoire.
— Les efforts auront valu le coup… déclara-t-il, satisfait.
Autour d’eux, rien n’indiquait que la vaste place où ils se trouvaient n’existait pas dix ans plus tôt, et que des dizaines de mètres de gravats s’entassaient là – et sur le reste du paysage qu’ils avaient sous les yeux. Jagen savait que des espaces encore pollués et encombrés s’entassaient sur l’autre face de la planète, mais ils ne comptaient pas à ses yeux.
Après quatre mille ans d’obscurité, Taris s’apprêtait à redevenir un des joyaux de la galaxie.
Astrographiquement, la planète faisait partie de la Bordure Extérieure ; mais elle était si proche de la voie Hydienne et des Colonies qu’elle ne ressemblait aucunement à ses homologues sauvages comme Tatooine, Troiken, Lok et une foule d’autres planètes que Jagen avait visitées au cours de ses voyages.
Autrefois, on considérait Taris comme la Coruscant de la Bordure Extérieure ; aujourd’hui, c’aurait été insulter les travaux réalisés par la Corporation Astrell, qui avait transformé le champ de ruines créé lors du bombardement de la planète par le Léviathan de Dark Malak en un monde où les bâtiments élégants alternaient avec les parcs arborés et les cours d’eau artificiels. Les contraintes environnementales avaient été au cœur du projet, et les usines installées sur la planète ne rejetaient aucun polluant dans l’atmosphère. La seule structure incongrue était une épave : celle d’un ancien croiseur Hammerhead républicain, l’Endar Spire, qui s’était jadis écrasé sur la planète. Mais les couleurs du vaisseau avaient été rafraîchies, son intérieur réaménagé, et il abritait à présent un important musée historique retraçant les terribles évènements qui avaient conduit ce monde au malheur. La dernière cicatrice visible de cette tragédie se dressait fièrement au centre d’un vaste jardin, entouré d’arbres corelliens et de massifs de fleurs ouvragés.
À une dizaine de kilomètres de là, au-dessus des cimes des tours, le Knight’s Blade croisait paisiblement au-dessus de la planète qui avait fourni le métal nécessaire à sa construction.
— Je n’en reviens toujours pas que les ventes du métal aient suffi à financer de tels travaux, admit Jagen.
— Les premiers bâtisseurs de Taris utilisaient des alliages bien plus riches – et moins perfectionnés – que maintenant, lui expliqua son cousin. Et notre ville est bien moins imposante : rends-toi compte que Taris comprenait jadis la Ville Haute, la Ville Basse et d’immenses souterrains !
— Moins vaste, peut-être, mais pas moins impressionnante, soutint Jagen devant ce spectacle.
Il entendit quelques pas derrière eux et se détourna de la rambarde les séparant d’un aplomb pour accueillir le nouvel arrivant.
— Ruwee ! s’exclama-t-il en reconnaissant l’homme en approche.
Il alla à sa rencontre pour lui serrer la main avec chaleur.
— Je vous présente mon fameux cousin, Theran Astrell, dit-il en lui désignant son frère de cœur. Theran, voici Ruwee Naberrie, le président du Mouvement d’Aide aux Réfugiés.
— C’est un honneur de rencontrer notre bienfaiteur, déclara l’homme avec vigueur.
Âgé d’une petite dizaine d’années de plus que l’amiral, il avait un visage très carré mais aussi franc. Issu d’une famille patricienne de Naboo, il différait grandement de ses homologues par sa simplicité et son caractère chaleureux. Jagen savait qu’il s’était investi très jeune dans le bénévolat et que sa bonté l’avait conduit à être élu à la présidence du Mouvement d’Aide aux Réfugiés trois ans plus tôt. Naberrie avait fait appel à son aide à plusieurs reprises pour organiser des opérations de transport, même si aucune n’avait jamais été aussi importante que celle d’aujourd’hui.
— Les Tanoréens seront heureux ici, assura le naboo en contemplant à son tour le spectacle.
— Ils auront tout ce qu’il faut, assura Theran. Tout le quartier derrière vous – le Quartier Tanoria, comme on l’appellera désormais – leur appartient. Ils auront des emplois, des services et pourront reconstruire leur vie. C’est le minimum que je puisse faire…
— C’est beaucoup pour des réfugiés, assura Naberrie, l’air grave. Vous leur donnez un nouvel espoir après tout ce qu’ils ont vécu.
Jagen le souhaitait de tout cœur. La planète Tanoria, dans la Bordure Médiane, était en proie à de violents phénomènes naturels provoqués par l’orbite irrégulière de leur planète qui se rapprochait peu à peu de son soleil. Lorsque les premiers colons s’étaient installés sept cents ans plus tôt pour exploiter les minerais du sous-sol tanoréen, ils avaient bénéficié d’un climat tempéré, de vastes plaines et d’une atmosphère respirable. Aujourd’hui, la majeure partie de leur monde était devenue un désert aride aux températures infernales, et l’heure approchait où l’atmosphère elle-même deviendrait irrespirable.
— Vous aussi, Jagen, ajouta Ruwee en se tournant vers l’amiral. Merci pour ce que vous avez fait.
— Ce n’était rien, assura Eripsa avec chaleur. J’étais heureux que mes navires puissent se rendre utiles.
Pour une fois… faillit-il ajouter. Depuis bientôt dix ans que le Sénat avait choisi à une interprétation stricto sensu des Réformes de Ruusan, son titre de Commandeur Suprême ne correspondait qu’au rôle de Directeur du Département Judiciaire… Et encore ; la Garde Sénatoriale et surtout l’Ordre Jedi, qui en faisaient partie, échappaient à son autorité. À lui les opérations de douane, les escortes diplomatiques et les tournées d’inspection… Et tout cela sous le contrôle rapproché du Conseil de Sécurité, qui n’avait toujours pas digéré la trahison de Trevor Willspawn.
Aussi, quand Ruwee Naberrie l’avait pour la première fois sollicité afin de participer à l’évacuation de Shadda-Bi-Boran, il s’était empressé de répondre présent. À ses yeux, c’était une occasion en or de prouver que sa flotte, même en l’absence de conflit et alors que les organismes sectoriels et privés se chargeaient de plus en plus de la sécurité, pouvait garder une certaine utilité. Et, pour lui, c’était une occasion pour mettre à l’épreuve ses convictions et respecter son serment républicain : venir en aide au peuple galactique.
— L’afflux ne vous posera pas de problème ? s’inquiéta Naberrie en revenant vers Astrell. Il s’agit tout de même de six cent mille personnes… D’habitude, lorsque nous faisons face à un tel contingent, nous tentons de trouver une planète inhabitée ou de les disperser sur plusieurs mondes…
— Taris est encore majoritairement dépeuplée. Les Tanoréens sont peut-être six cent mille, mais c’est relativement peu pour une planète qui pourrait accueillir dix milliards d’habitants.
— C’est votre objectif ?
— À terme, dans de nombreuses années.
Il jeta un coup d’œil aux tours, puis fixa ses interlocuteurs.
— Nous vivons dans un monde paradoxal, déclara-t-il, l’éclat de la passion brillant dans ses yeux. Nous maîtrisons des technologies incroyables… L’hyperdrive, bien sûr, mais aussi l’énergie plasmique, le clonage et des centaines d’autres domaines de haut vol. Pourtant, mille milliards d’êtres s’entassent sur la même planète, pour une bonne part dans des conditions indignes de notre civilisation. La Corporation Astrell a choisi Taris pour qu’elle devienne un symbole de la pérennité de l’espoir : non, la situation n’est pas figée, non, nous n’avons pas besoin de nous résigner à ces injustices. C’est notre plus grand projet, et j’espère qu’il en inspirera d’autres.
— C’est déjà acté, lui rappela Jagen.
— Vraiment ? demanda Naberrie, intéressé.
— Des opérations de terraformation commenceront prochainement sur Anoat. La tâche sera moins imposante pour le nettoyage des sols, mais davantage pour la purification de l’air. La situation n’est pas la même qu’ici, mais j’ai bon espoir que nous y arriverons. Avec des efforts, nous permettrons à Anoat de retrouver une existence propre.
— Je suis impressionné. C’est rare de voir autant d’efforts désintéressés.
— Ce n’est pas tout à fait le cas, répondit Theran, qui regrettait presque de détruire les illusions de Naberrie. La réutilisation du métal tarisien et la vente des importants excédents a dégagé d’énormes bénéfices, sans compter des avantages qu’il y a à disposer d’une planète comme base sur la Voie Hydienne, à mi-chemin entre Coruscant et le Secteur Corporatif…
— Pour Anoat, les motivations sont différentes, expliqua Jagen. Mon père représente le Corridor d’Ison au Sénat, mais, pour l’heure, ça ne signifie que Bespin et pas grand-chose d’autre. Nos ancêtres ont pollué Anoat pour construire les premiers extracteurs gaziers – dont Tibannapolis – avant l’arrivée d’Ecclessis Figg et ses efforts pour bâtir la cité des Nuages. Voyez donc cette opération comme mi-rédemptrice, mi-ambitieuse… 
Entendant le bruit d’une cavalcade légère dans son dos, il se retourna brièvement et eut juste le temps d’apercevoir trois petites têtes blondes passant sous son nez pour se jeter sur Theran.
— Papa ! crièrent les enfants en l’embrassant.
— Et il y a aussi quelques raisons plus personnelles, ajouta Jagen avec un sourire en saluant à son tour les jeunes Astrell.
— Les enfants, je vous présente Monsieur Naberrie, leur dit Theran.
— Bonjour Monsieur, répondirent-ils, l’air intimidés.
— Bonjour les jeunes ! lança Ruwee, amusé par leur candeur.
— Voici Nick, expliqua Theran en désignant le plus grand, âgé de huit ans. Vient ensuite Sayra… ajouta-t-il en posant la main sur l’épaule de sa fille.
— Et mon préféré ! s’exclama Eripsa en prenant le plus jeune dans les bras. Hein, Jagen ?
— Il est où Eiran ? demanda alors son neveu.
Ils avaient tous les trois hérité des cheveux d’un blond cendré de leur père, mais son neveu homonyme avait les mêmes yeux que Palina, la mère de Jagen – yeux qu’elle avait transmis à son fils et son petit-fils, ce qui fit tressaillir l’amiral quand il s’en rendit compte.
— Il est avec sa maman, expliqua-t-il d’une voix douce. Ils sont en train de terminer l’emménagement sur Coruscant.
Le regard de Theran brilla d’une étincelle de tristesse ; il connaissait bien son cousin et savait ce que ce retour sur la planète-capitale signifiait. Il garda le silence, mais Naberrie se montre au contraire intéressé.
— Ainsi, vous retournez sur Coruscant ?
— Oui. J’ai trouvé un appartement du côté de Monument Plaza…
— On a pourtant beaucoup jasé sur votre choix, ces dernières années… S’éloigner ainsi du Sénat, c’était une première pour un Commandeur Suprême en exercice !
— Je me portais mieux loin des manigances de Kalpana et du Sénat, grommela Jagen.
Et il le pensait. Après la Guerre de Stark et pendant toute la seconde mandature du Chancelier, soit presque cinq années, il n’avait pas mis les pieds sur la planète et ne s’était pas trouvé face au chef de la République, se contentant de recevoir les instructions par hologramme et ne répondant qu’avec une froideur affichée. Après tout, il avait la base de Centax comme foyer…
— Cela fait plus de quatre ans qu’il n’est plus au pouvoir, nota Naberrie.
— Je préférais faire grandir mon fils loin de ce monde. Bespin convenait mieux à une jeune famille…
— Je veux bien le croire ! J’ai moi-même choisi de laisser mes filles grandir dans notre fief familial, loin de Theed. Et ce n’est pas la Cité Galactique…
— Non, effect…
La sonnerie de son comlink l’interrompit ; avec la force de l’habitude, il le décrocha immédiatement de sa ceinture.
— Eripsa.
— C’est moi, fit la voix de son père Saron. Comment vas-tu ?
— Euh… Bien, bien. Et toi ?
— Ça peut aller.
— Tu as besoin de quelque chose ?
— Où es-tu ?
— Sur Taris.
— Il faudrait que tu reviennes sur Coruscant dès que possible. J’ai à te parler.
— Je suis en mission…
— Ne traîne pas.
Il raccrocha aussitôt. Jagen contempla son communicateur quelques instants, dubitatif. Ce n’était pas dans les habitudes de son père d’être si mystérieux.
J’ai un mauvais pressentiment... 
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Messagepar L2-D2 » Mar 15 Déc 2015 - 17:44   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Jagen Eripsa a écrit:Par contre, vaut mieux lire le premier tome pour ne pas être spoilé. ^^


Damned, je l'avais oublié, celui-là ! :chut: Il est grand temps que je m'y remette !
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Messagepar Yorkman » Jeu 24 Déc 2015 - 14:15   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

C'est du rapide ! Si ce deuxième tome est apparemment centré sur les complots et la politique j'espère qu'il y aura quelques batailles spatiales.

Hâte de découvrir la suite. :)
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Messagepar Jagen Eripsa » Sam 02 Jan 2016 - 0:52   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Il y aura du spatial, même s'il ne sera effectivement plus au centre de l'histoire. :wink:

<<Chapitre précedent<< Sommaire >>Chapitre suivant>>

Chapitre 2
 
Coruscant, 966 ans après les Réformes de Ruusan.
 
Située dans l’Enclave Corellienne, à quelques encablures du quartier Fobosi, la tour Kyradan dénotait dans le paysage de Coruscant. Les Corelliens exilés sur la planète-capitale aimaient prétendre qu’elle était la plus haute construction de tout le système, ce à quoi leurs interlocuteurs acquiesçaient sans peine, connaissant l’opiniâtreté légendaire de ce peuple. De fait, si elle était élancée et dénotait clairement avec les constructions plus modestes (et plus luxueuses) de Fobosi, la tour Kyradan n’était pas si différente des énormes constructions que l’on pouvait trouver à d’autres endroits de la planète. Mais tous reconnaissaient son élégance et, plus encore, son importance.
Elle ressortait d’autant plus que le terrain à ses pieds était occupé par un immense spatioport qui s’étendait sur presque un dixième de l’Enclave Corellienne. De nombreux transports civils de compagnies diverses s’y rendaient régulièrement, mais les docks au pied de la tour étaient réservés aux appareils de la compagnie propriétaire de l’édifice, TibannaCorp. Sous le niveau du spatioport, d’immenses entrepôts renfermaient les marchandises en transit ou alimentant la capitale, et des réservoirs gigantesques accueillaient le carburant vendu sur place. Les dix niveaux surplombant le spatioport accueillaient un grand centre commercial relié aux principales infrastructures de transports en commun et qui vendait des produits venus des quatre coins de la galaxie… Par le biais des transports TibannaCorp. Venaient ensuite le siège local de la compagnie, d’autres bureaux loués à des indépendants puis tout un ensemble de logements au-dessus des standards coruscantis, mêlés à des équipements de loisir.
Et, au sommet, il y avait une vaste résidence de deux étages d’où l’on pouvait contempler le panorama jusqu’au Sénat d’un côté et apercevoir le Réservoir Ouest de l’autre. Cet appartement appartenait depuis des générations à la famille Eripsa, qui sous l’égide du dénommé Kyradan avait bâtie cette tour bien avant les Mille Ans d’Obscurité.
Cette demeure était à sa façon aussi chère à Jagen que le manoir familial de Corellia ou la demeure de Bespin où il avait passé son enfance – et qu’il avait habitée ces cinq dernières années. Mais il avait choisi de ne pas s’y installer et, en franchissant la porte d’entrée, il se souvint rapidement pourquoi.
En voyant le hall frappé des armoiries de sa famille, il revit défiler tous ses souvenirs d’enfance en ces lieux, et surtout ceux où apparaissait son grand-père Tarsus. Les repas dans le grand-salon, les histoires racontées dans la chambre de l’angle nord-ouest, les soirées dans les canapés de la véranda…
Sa grand-mère effondrée en larmes, devant le drap qui recouvrait le corps de son mari.
Jagen n’avait que dix ans quand son grand-père, alors sénateur du Corridor d’Ison, avait été assassiné par un déséquilibré duro nommé Maak Toodles. À cette mort atroce s’était ajouté le dépérissement de sa grand-mère, profondément éprise de Tarsus, et qui l’avait suivie de peu dans la tombe. Suite à cette tragédie, Saron avait repris la main sur sa famille, réduite à peau de chagrin, en devenant à son tour Sénateur.
Jagen retrouva son père dans le studio où il aimait tant se détendre. À l’époque de son grand-père, la pièce comportait des chevalets, des toiles et tout le matériel nécessaire pour que Tarsus puisse s’adonner à sa passion, la peinture. Depuis que Saron y habitait, la pièce avait été revue de fond en comble pour améliorer l’acoustique. De grandes banquettes occupaient l’espace central, et l’amiral trouva son père assis sur l’une d’elle.
— Bonjour Jagen, dit-il en se levant pour étreindre son fils unique.
— Bonjour Papa, répondit ce dernier, légèrement inquiété par la gravité qu’il entendait dans la voix de son géniteur. Désolé d’avoir mis tout ce temps pour rentrer… J’étais sur Taris.
— Oui, j’ai entendu parler de ton opération pour venir en aide aux Tanoréens. Du bon boulot, vraiment. Assieds-toi… ajouta-t-il en l’invitant d’un geste.
— Alors ? demanda Jagen. Tu voulais me parler ?
— Oui.
— C’est au sujet de Yinchorr ? Finis m’a envoyé le résumé des évènements de la semaine dernière…
— Non, c’est d’ordre plus personnel. Je rentre tout juste de Corellia… Jagen, l’oncle Astorgyan est mort.
— Astorgyan ? répéta l’amiral, le nom ramenant à sa mémoire une foulée de souvenirs.
— C’est arrivé la semaine dernière. Il a rendu l’âme dans son sommeil, tout en douceur.
— Eh bien, si je m’attendais… Tu étais aux funérailles ?
— Bien sûr. J’aurais peut-être dû attendre que tu sois là, je sais… Mais il voulait quelque chose de très sobre, à son image. Il n’y avait que moi, ta mère et les employés de son bureau.
— C’est vrai qu’il travaillait encore ! On n’a pas idée, à cent ans…
— Cent-six ! corrigea Saron en rigolant. Que veux-tu… Il était « marié à son travail », comme il aimait dire. Il était dur à la tâche et pas franchement chaleureux, mais il a toujours été intègre. Il a eu la mort qu’il voulait avoir, j’en suis persuadé. Seulement, elle bouleverse la donne…
— Je t’écoute.
— Astorgyan était mon grand-oncle – Ton arrière-grand-oncle, rends-toi compte ! –, c’est-à-dire le frère de mon grand-père Cyrion. Comme il n’a jamais eu ni épouse ni enfant, nous sommes ses seuls héritiers et nous récupérons sa part dans TibannaCorp – ce qui nous porte à soixante-quinze pourcents des actions de la compagnie. Astorgyan était le véritable gérant de la TibannaCorp, pendant toutes ces années, et c’est donc à moi qu’il incombe à présent de reprendre le flambeau. J’imagine que tu en as conscience.
— Plus ou moins. Je salive d’avance à l’idée du tableau ; sénateur et directeur d’une compagnie galactique… Je dois prévenir Bail Antilles immédiatement ou après cette discussion ?
— Je n’ai pas l’intention de passer devant la commission anti-corruption.
— Donc tu vas déléguer ton poste de directeur…
— Je n’en ai pas l’intention non plus. Je comptais plutôt quitter le Sénat.
— Quoi ?!?
— Et je veux que tu me remplaces.
Jagen ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Il était véritablement stupéfié par cette proposition qui l’indignait.
— C’est hors de question ! finit-il par lâcher.
— J’aurais dû m’en douter, soupira Saron.
— Je croyais qu’avec le temps, tu aurais accepté que je ne sois pas comme toi… Tu sais pourtant ce que m’inspire la politique et ce que je pense des politiciens !  Ou alors, c’est que tu ne m’as jamais écouté !
— Si, je l’ai fait, et maintenant c’est à toi de faire de même. Les Eripsa se sont fait un nom dans la politique galactique. Mon grand-père a été le premier à revenir au Sénat après les Réformes de Ruusan. Quand il l’a fait, il a remis le contrôle de TibannaCorp à son frère Astorgyan. Quand il est parti en retraite, mon père lui a succédé. Je ne voulais pas faire de même, mais quand ce maudit duro a frappé, je n’ai pas vraiment eu le choix. Avant l’assassinat, j’étais moi aussi à la tête d’une compagnie, comme Astorgyan. J’ai créé Bespin Motors et j’en étais fier. Quand j’ai hérité du poste au Sénat, j’ai dû vendre ma société aux Astrell. Ta mère l’a gérée pendant des années, mais à présent j’aimerais reprendre le contrôle de mon œuvre et moderniser en même temps la société historique de la famille Eripsa. Pour cela, je te demande de reprendre ce poste au Sénat. Suis-je clair ?
— Ce n’est pas toi qui décide, rappela Jagen. Le Congrès du Corridor a le dernier mot.
— C’est vrai, mais il est favorable à la stabilité. Qui mieux qu’un Eripsa pour maintenir notre politique ? Et, plus encore, quoi de mieux qu’un Commandeur Suprême pour étendre notre influence ?
— Tu touches un point sensible. J’appartiens aux Forces Armées de la République et je n’ai pas l’intention d’abandonner mon poste pour l’heure…
— Jagen…
— Oui ?
— Ça fait des années que tu pestes contre les Réformes de Ruusan, qui, tu le répètes, « enlèvent toute substance à ton travail », « réduisent le Commandeur Suprême à un poste de directeur du Département Judiciaire », et qu’au final « tu n’as pas plus de pouvoir qu’un simple fonctionnaire ». J’ai tort ?
— On croirait que tu m’as enregistré.
— Pas besoin d’avoir bonne mémoire tant tu le rabâches souvent. Pour une fois, les Réformes vont t’aider. Si effectivement Armée de la République il n’y a pas, alors le devoir de réserve des militaires ne s’applique pas à toi et tu peux sans conteste t’asseoir au Sénat – comme le pourrait n’importe quel autre employé.
— Je… Est-ce qu’il serait possible d’y réfléchir ?
— Je compte rester en poste jusqu’à la fin de la mandature de Finis. Ta mère assurera la direction entretemps. Mais si tu acceptes, je veux que nous profitions de ce temps pour te former aux méandres de la politique.
— Entendu.
— Tu verras, fils… Ce poste n’attend plus que toi.
 
*  * 
  — Tu devrais accepter.
La remarque surprit Jagen, mais il n’en laissa rien paraître si ce n’est un haussement de sourcils.
— C’est bien la première fois que tu es d’accord avec une idée de mon père.
— C’est bien la première fois que tu refuses une opportunité qui s’ouvre à toi, répliqua Vanya en levant les yeux au ciel.
Elle était assise dans son fauteuil favori, tout juste ramené de Bespin, et lisait un ouvrage sur son datapad pour passer le temps. Jagen s’était installé juste à côté d’elle, comme à l’accoutumée.
Situé sur les hauteurs surplombant Monument Plaza, l’un des rares endroits de Coruscant où le sol (en l’occurrence un sommet des Monts Manarai) se trouvait à découvert, Braxbury View était l’une des adresses les plus cotées de la République. L’immeuble ne faisait qu’une trentaine d’étages, chacun comportant plusieurs suites ; les plus belles, au sommet du bâtiment, constituaient de petites tours équipées d’un hangar pour speeder, d’un jardin couvert et de vastes et nombreuses pièces. C’était dans un de ces duplex prisés par la haute société coruscanti, le 112, que Jagen avait emménagé quelques semaines plus tôt ; et c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans l’appartement après la fin de l’installation.
Les murs étaient décorés dans des tons gris et bleu qu’il affectionnait particulièrement. L’ambiance qu’ils dégageaient était apaisante et s’accordait bien avec le mobilier aldéranien aux tons métallisés.
— Tu connais mes sentiments à ce sujet, soupira Jagen en secouant la tête.
— Et tes envies, répliqua sa femme.
— Alors tu sais que je ne veux rien avoir à faire avec le Sénat.
— Je sais que tu veux changer les choses, Jag. Et si ce poste pouvait te permettre d’y parvenir ?
Il posa son regard sur elle, faisant mine de réfléchir alors qu’il observait celle qui était sa compagne depuis dix ans déjà.
Physiquement, ils avaient peu changé, malgré toutes ces années. Quelques fils argentés étaient apparus sur les tempes de l’amiral, mais dans l’ensemble il ressemblait trait pour trait au jeune capitaine sorti d’Anaxes pour prendre le commandement d’un navire au bord de la mutinerie. Sa femme gardait ses traits fins et sa chevelure brune abondante, et son regard aussi acéré qu’un beskad semblait intemporel.
Mais le physique n’était pas tout, et ni Jagen ni Vanya n’avaient échappé au poids des années sur l’esprit. Les épreuves vécues cinq ans plus tôt avaient laissé des séquelles sur chacun d’eux, même si son épouse avait évidemment été la plus touchée.
— Tu m’écoutes ? demanda-t-elle en voyant qu’il ne répondait pas.
— Oui, oui. Et non. La réponse est non. Tu voudrais que je sois un sénateur réformiste ? Je n’en ai connu qu’un, et tu sais comme moi comment il a fini.
— Tu exagères…  
— Je me pose des questions. Mon grand-père est le premier à avoir remis en cause la corruption endémique qui est apparue sous le mandat de Darus, et il est mort assassiné. Mon père, lui, est resté bien moins virulent dans ses accusations et ne s’est jamais trop exposé.
— Alors il faudra que le Corridor choisisse un autre sénateur, et ça ne pourra pas être un Eripsa.
— Non… Le Congrès devra nommer quelqu’un d’autre.
— Pourquoi pas moi ?
Un frisson glacé grimpa instantanément le long de son échine, et il détourna le regard pour ne pas le plonger dans celui de son épouse.
— Jagen.
— S’il te plaît, ne leur demande pas.
— Pourquoi ?
Il lança le premier argument qui lui venait à l’esprit.
— Tu n’es pas diplomate…
— Toi non plus.
— J’ai été élevé dans une ambassade permanente.
— J’ai rencontré plein d’espèces.
— Tu as tiré sur plein d’espèces. Ce n’est pas la même chose.
— Fais attention à ne pas être le suivant…
— Tu n’as aucune idée de ce qui t’attendrait… Les discussions interminables, les intrigues tordues…
— J’ai survécu à bien pire par le passé, lança-t-elle en rigolant.
— Tu n’avais pas subi les mêmes épreuves, répliqua-t-il avec gravité.
— Le pire était déjà passé.
— Je ne veux pas risquer une nouvelle fois de te perdre. Pense à Eiran.
— Ça fait cinq ans que je ne pense qu’à lui, Jag. Tu crois que c’est préférable de le surprotéger ?
— C’est notre seul enfant, et il le restera…
Comme souvent, Jagen sentit un pincement lui serrer le cœur.
Il était fils unique, comme son père avant lui. Ses parents, absorbés par leurs carrières respectives, n’avaient pas voulu avoir d’autres enfants ; mais lui s’était longtemps imaginé entouré de bambins, doté d’une famille nombreuse avec laquelle il aurait pu vivre une vie heureuse. Mais ce rêve avait été brisé cinq ans plus tôt.
Dans sa jeunesse, Vanya avait subi des épreuves qu’il ne pouvait même pas imaginer. Pendant la Guerre Civile Mandalorienne, son clan, farouchement opposé aux Death Watch de Pre Vizsla, avait été en grande partie décimé. Ses parents étaient tombés face aux commandos déchus ; capturée, elle avait subi tortures et sévices aux mains de ces monstres avant de parvenir à s’échapper en compagnie de ses frères. Quand les Vrais Mandaloriens de Jaster Mereel étaient finalement arrivés près des terres du clan Cadera, elle les avait rejoint en taisant le calvaire qu’elle avait subi.
Elle n’avait jamais fait mention de ce moment de sa vie à quiconque avant de lui révéler ce secret après leur mariage. Et Jagen aurait tout fait pour ne pas y repenser s’il n’y avait eu les séquelles.
Elles avaient rendu la grossesse de Vanya douloureuse, et l’accouchement final avait bien failli lui coûter la vie. Il se souviendrait toujours de ces heures passées à attendre devant le bloc opératoire de l’hôpital central de la Cité des Nuages.
— Alors ? avait-il dit quand le Jedi était sorti après une journée entière au chevet de la jeune femme.
— Elle vivra, répondit sobrement Altis, soutenu par un de ses apprentis. Elle est plus forte qu’elle n’en a l’air.
— Je le sais.
— Mais n’envisagez pas d’avoir un autre enfant. Ça pourrait la tuer.
Son regard se posa sur le petit être frêle qui reposait non loin de là dans une couveuse.
— Soyez fort, lui conseilla le maître en posant une main réconfortante sur son épaule.
Il avait accordé à ce Jedi pas très orthodoxe – suivant des principes que le Conseil Jedi de Coruscant assimilait à de l’hérésie – d’immenses présents dont il savait qu’ils seraient bien employés. Hormis la plateforme flottante de Bespin où il avait installé un de ses centres d’entraînement, Altis avait tout employé pour ses actions caritatives dans la Bordure.
 Eiran serait son seul enfant, et Vanya ne serait plus jamais la même. Il s’était fait à l’idée…
Visiblement, ce n’était pas le cas de sa femme.
— Je ne veux pas te perdre, déclara-t-il finalement.
— Et que fais-tu de ce dont j’ai envie, moi ?
— Les médecins…
— Je ne les vois plus qu’une fois par mois. Je suis remise, Jag. J’ai passé cinq ans loin de l’action, à végéter sur Bespin pendant que tu restais au premier plan. Je ne veux plus de cette vie, comprends-tu ?
— Je le comprends, oui, mais tu ne peux pas m’empêcher d’avoir des appréhensions à ce sujet.
— Sans doute, mais je peux t’aider à les dépasser.
Il hésitait toujours, pris entre ses convictions et sa volonté de changer les choses.
— Et si nous envisagions une troisième solution, proposa alors Vanya.
— Je t’écoute.
— Il suffit que nous convainquions le Congrès de nommer un duo de sénateurs. Toi et moi.
— C’est possible ?
— C’est appliqué dans de nombreux systèmes, pour améliorer la représentation. Je pourrais assurer le poste seule à chaque fois que tu auras d’autres affaires à mener…
La suggestion amena un sourire sur les lèvres de Jagen.
— Comme au bon vieux temps ?
— Je te signale, Jag’ika, qu’au « bon vieux temps » tu étais l’officier et que c’est moi qui faisait tout le boulot. Là, on sera sur un pied d’égalité – et je mènerai le speeder quand il le faut.
— D’accord, d’accord ! dit-il en faisant mine de se défendre. On l’annonce quand ?
— Eh bien… Il reste un petit problème à régler.
— Qui va garder Eiran ?
— Tu pourrais t’en charger… Je voulais parler de mes diplômes, Jag. Je n’aimerais pas passer pour une idiote à côté de mes futurs collègues.
— Oh, ça… dit-il en rigolant. Tu sais, vu le niveau des sénateurs en question, tu ne risques rien !
Voyant que son regard restait insistant, il ajouta précipitamment :
— Mais si tu veux reprendre des études, je n’y vois aucun problème.
— En l’occurrence, Jag, ce serait plutôt en « prendre »…
— Tu es si doué que rien ne te résistera.
— Je te remercie, chéri, mais il me faudra quand même quelques leçons avant de passer les examens.
— Si tu veux des cours particuliers… proposa-t-il en approchant ses lèvres de celles de sa femme.
Elle répondit à ses avances un court instant, puis se retira légèrement, l’air mutin.
— Est-ce ma première leçon ?
— On va dire que oui…
— Donc embrasser mes collègues fait partie du boulot ?
— Euh, non. C’était juste… Tu sais, histoire de te familiariser avec, disons, le contact… Enfin, la collaboration entre nous deux, tout ça.
— Dommage, fit-elle avec une moue peu convaincante.
— Tu aimerais embrasser un wookiee ?
— Je préfère t’embrasser toi, précisa-t-elle avant de reprendre leur étreinte.
Ils sentaient chacun la chaleur de l’autre, cette chaleur charnelle et passionnelle de l’amour, cette douceur suave et sensuelle… Dans ces moments-là, Jagen se sentait revivre ; il était emporté par ses meilleurs sentiments, loin des ruminations moroses du quotidien…
— Papa ? Maman ? Vous faites quoi ? demanda alors une petite voix timide.
Jagen interrompit lentement le doux baiser qu’il partageait avec sa femme, puis tourna la tête vers le petit garçon qui venait d’arriver.
— On s’amuse, p’tit gars, dit-il en l’invitant à monter sur ses genoux. Un truc d’adultes. Et toi, mon grand ?
L’enfant ne répondit pas, préférant examiner avec attention la petite figurine qu’il avait coincée entre ses doigts.
— J’ai faim, finit-il par déclarer.
— Nous allions bientôt préparer le repas, assura Vanya. Tu veux aller chercher Cooky ?
Le garçon acquiesça et se dirigea vers le placard qui était le foyer de leur droïde-cuisinier. Jagen aimait préparer des petits plats, de temps à autre, mais il avait jugé bon d’investir pour avoir une aide salutaire quand, comme aujourd’hui, le besoin s’en faisait sentir.
Il suivit du regard le petit, comme le faisait sa femme. C’était un enfant vif et très intelligent. Il ressemblait beaucoup à son père et son grand-père pour les traits du visage et les cheveux, mais son nez était celui de sa mère et ses yeux, ceux de Jagen et de sa grand-mère Palina. Quant à son caractère… Il était difficile à juger à un si jeune âge, mais son père était persuadé que l’entêtement dont il faisait parfois preuve lui venait du côté maternel. Vanya, elle, avançait l’inverse.
— Nous devons le préserver à tout prix, murmura-t-il autant pour lui-même que pour son épouse.
— Tout ira bien, Jag, lui répondit-elle en approchant une nouvelle fois ses lèvres.
 
*  * 
  — Très touchant, commenta Valorum après que Jagen aie terminé son récit. Je dirais même que c’est attendrissant.
L’amiral venait de lui raconter sa discussion avec Vanya – en coupant quelques morceaux trop intimes – et acquiesça tout en forçant le pas. Le Chancelier Suprême avançait à un bon rythme dans les couloirs du Sénat malgré la fatigue accumulée après une journée de débats houleux. Les deux hommes ne croisaient que quelques assistants en retard et du personnel d’entretien qui les saluait respectueusement quand ils passaient.
— Ce n’est pas les mots que j’aurais choisi, commenta Eripsa d’une voix neutre.
— Allons, Jagen, tu as tout de même compris qu’elle te propose cet arrangement pour que tu puisses conserver tes fonctions ?
— C’est une explication trop réductrice, Finis. Je connais Vanya depuis douze ans, et je la connais mieux que quiconque à part elle… Et je sais qu’elle désire vraiment obtenir ce poste. Elle aime toujours montrer qu’elle peut surprendre, en faire plus, ajouta-t-il avec un sourire attendri.
Il reprit vite son masque flegmatique et poursuivit :
— Mais ce n’est pas la raison de ma venue. Politiquement, la chose est-elle faisable ?
— Cumuler un poste officiel et une représentation sénatoriale ? Oui. C’était assez courant à une époque d’ailleurs. Mais attends-toi à des ennuis avec les médias et l’opposition. Ils auront deux angles d’attaque : l’argent et l’influence.
— J’en fais mon affaire. Qui peut croire que je suis à chercher un salaire de sénateur pour me renflouer ? Je n’ai jamais touché en nom propre ma solde d’amiral… Je préférerais que nos revenus aillent à un fonds caritatif qui saura en faire bon usage.
— Reste le principal problème. Les militaires qui se lancent dans la politique ne sont jamais très bien vus…
— Comme Kalpana s’est plu à me le répéter, il n’y a plus d’armée de la République depuis Ruusan, répondit Jagen avec amertume. Plus d’armée, donc plus de militaires…
— D’un certain point de vue…
Valorum ralentit le pas jusqu’à s’arrêter et se positionna face à Jagen.
— L’un dans l’autre, je suis content que ton père ait eu cette idée, déclara-t-il. Même si tu ne seras sans doute pas titulaire au Sénat avant la fin de mon mandat, ça me rassure de te savoir en poste pour la suite. D’autant que nous vivons une époque de folie…
— Il y a du nouveau sur le soulèvement des Yinchorris ? J’ai lu ton résumé, mais il était assez succinct…
— Je préfère garder quelques éléments aussi confidentiels que possible. J’ai fait appel à maître Windu pour que le Conseil Jedi dépêche quelques chevaliers sur place, afin de mener des négociations.
— Pourquoi ne pas dépêcher des diplomates officiels ? Cela serait sans doute mieux perçu.
— Une mission de ce genre serait possible, en effet. Mais un chouïa moins paisible que celle que nous avons menée sur Korda il y a douze ans.
— Ah. C’en est à ce point-là…
— Malheureusement. On n’a plus vraiment d’options diplomatiques courantes. Cela fait quelques décennies que les Yinchorris ont été intégrés au concert galactique, mais ils demeurent un peu… Primitifs. Ce sont des prédateurs. D’où la bonne vieille méthode du Jedi « faiseur de magie », technique de la dernière chance.
— Ça marche ?
— Certains peuples sont tellement retirés qu’ils prennent des droïdes pour leurs dieux.
— Dans ce cas, la télékinésie doit en impressionner plus d’un.
Ils passèrent un barrage de Gardes du Sénat, qui surveillaient l’entrée des bureaux de la Chancellerie malgré l’heure tardive. L’endroit était plongé dans la pénombre pour limiter les dépenses inutiles d’énergie.
— Si les Jedi échouent, impliqueras-tu la Flotte ?
— Même si les Yinchorris s’en prennent à leurs voisins, Yinchorr appartient toujours à la République. Envoyer nos vaisseaux contre un de nos mondes ? Cela pourrait provoquer une escalade désastreuse.
— J’imagine que tu as raison… Mais je vais quand même m’arranger pour que mes hommes soient sur le pied de guerre.
— Mieux vaut être prêt à tout.
Ils atteignirent le bureau du Chancelier. Valorum appuya son index sur le lecteur d’empreintes à droite du panneau coulissant, qui s’ouvrit alors. L’intérieur de la pièce était noir comme l’encre, et une odeur fétide s’en dégageait.
— L’éclairage et l’aération ont encore été coupés, je suppose, soupira le Chancelier. Cela arrive à chaque fois qu’un peu de gaz affole les capteurs. Parfois, il suffit d’un peu trop de transpiration… Et j’ai reçu une délégations d’ortolans, ce matin.
— Tu veux que je réactive l’alimentation ?
— Avec plaisir, Jagen. Fais environ vingt pas pour arriver au pied de mon bureau. Grimpe quelques marches et contourne la table ; la commande se trouve sur le côté de l’accoudoir droit de mon fauteuil.
— Je vais voir ce que je peux faire.
Avec prudence, Jagen commença à avancer, pas à pas, en prenant bien garde de les compter. Il n’en avait pas fait quinze qu’il trébucha sur quelque chose de dur. Il tomba sur le sol.
— Aourf !
— Jagen ? Que se passe-t-il ?
— Je suis tombé !
— Reviens, je vais plutôt appeler la maintenance…
— D’accord.
Il fit demi-tour avec prudence, en prenant bien soin d’enjamber l’obstacle. Il ne mit que quelques secondes à émerger du bureau plongé dans le noir.
— J’ai appelé… commença Valorum avant de blêmir. Jagen !
— Oui ? répondit le concerné en se massant le bas du dos.
— Le… Tu…
La lumière du bureau derrière lui s’alluma alors, et il vit ce qui avait choqué le Chancelier. Son pantalon blanc était devenu écarlate sur l’avant. Du sang, encore frais. Pourtant, il n’avait pas mal.
— Qu’est-ce qui…
Il comprit soudainement, et, comme Valorum, fixa l’intérieur du bureau pour y découvrir le spectacle d’horreur qu’il craignait de voir.  
Deux corps mutilés reposaient sur la moquette.
Des corps portant des robes de Jedi.
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Messagepar Yorkman » Sam 09 Jan 2016 - 19:10   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

En fait si on poste pas de commentaires tu n'écris pas la suite, c'est ça ? :chut: :whistle:
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Messagepar Jagen Eripsa » Sam 09 Jan 2016 - 19:16   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Nuance : je ne poste pas la suite parce qu'elle n'est pas encore écrite. :P
Et avec les exams en cours, ça va peut-être prendre encore un peu de temps...


Mais c'est vrai qu'avoir des commentaires m'aide à me motiver, à trouver de l'inspiration... :cute:
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Messagepar Yorkman » Sam 09 Jan 2016 - 20:45   Sujet: Re: CdlMR - Tome 2 - Les Ombres de Coruscant

Nah c'est ma faute. D'habitude je laisse toujours un p'tit commentaire pour dire que je suis trop hyped pour la suite, mais là je savais vraiment pas quoi écrire. :transpire:
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