Le pouvoir de la Force II, de Sean Williams
Sur Kamino, Starkiller se réveille, la tête pleine de souvenirs de son passé, de sa mort face à Dark Vador et l'Empereur sur l'Etoile Noire, de l'Alliance Rebelle et surtout de Juno Eclipse, l'amour de sa vie. Son Maître lui apprend qu'il n'est qu'un clone du véritable Starkiller, mais qui qu'il soit, il s'en moque : pour sauver Juno, il est prêt à tout, quitte à défier la mort. Il va donc s'échapper de Kamino, mais où commencer sa quête ? Peut-être par Cato Neimoidia où, selon la rumeur, son vieil allié Rahm Kota lutte pour sa vie face aux hordes du Baron Tarko...
Je n'avais pas été convaincu par le premier roman, bien trop bourrin et basique pour moi, à grands renforts d'éclairs Sith, de chapitres en forme de niveaux de jeu et d'une intrigue inutile. Bonne nouvelle : si nous sommes encore loin d'un chef d'œuvre, ce deuxième volet est nettement plus abouti, au point d'être un roman, un vrai. Il n'excusera pas les lacunes du scénario du jeu – ce n'est pas son rôle – mais, en adoptant le point de vue de Juno un Chapitre sur deux, il apporte beaucoup de fraîcheur à la licence.
Déjà parce qu'à travers le personnage de Juno et son parcours, c'est l'envers du décor de l'Alliance Rebelle qui est dévoilé au lecteur. Le roman dévoile ainsi une liste impressionnante de personnages secondaires connus, parmi lesquels Bail Organa, Leia, Mon Mothma, Garm Bel Iblis, (le pas encore Amiral) Ackbar... certains étant cependant bien mal traités, l'exemple le plus notable étant Tarkin, lâche au point que personne ne se rend compte qu'il a fui. La mission sur Mon Calamari est très intéressante, c'est clairement le genre de récit que l'
UE Legends aurait du raconter bien plus tôt, les petites escarmouches destinées à convaincre les populations de se rallier à la Rébellion.
Mais le développement psychologique de Juno demeure peu convaincant ; si son rôle de membre de la Rébellion est très bien exploité et permet de bien situer le personnage, ses éternelles références à Starkiller en deviennent lassantes. Qu'elle pleure son amour perdu, je veux bien, mais alors il aurait fallu nous convaincre davantage sur cet amour dans le premier tome. Répéter « je l'aimais, je l'aimais » à tout bout de champ ne convaincra aucun lecteur, il nous faut le ressentir, le partager, pleurer avec elle !
L'autre point du roman, c'est donc Starkiller. On sent que des efforts ont été fait par l'auteur pour ne pas reproduire les erreurs du premier roman, et ces séquences sont bien plus intéressantes qu'alors. SI l'action est toujours aussi présente, le personnage principal fait des efforts pour ne pas se laisser envahir par la colère à la moindre occasion... Mais Starkiller demeure toujours aussi peu intéressant. Il ne cesse de gueuler « Où est Juno ? Juno ? JUNO ! », envoie bouler tout le monde, et est assailli de souvenirs de sa précédente vie/son précédent moi/un autre clone, insérez ici votre justification, de toute façon le roman ne répondra pas à cette question. Bref.
Troisième personnage de ce triangle maudit, Dark Vador. Le plan de Vador est nébuleux au possible, au point que l'auteur n'a pas trouvé mieux que de faire en sorte que le couple se pose à tout bout de champs la question « Pourquoi fait-il cela ? ». Et je n'ai pas trouvé d'explication logique à la lecture, je n'ai pas vu l'intérêt de Vador dans toutes ses actions. Si Strakiller est un clone, quel intérêt de le cloner ? Si c'est l'original, pourquoi ne pas l'avoir achevé étant donné que c'était un traître à l'Empire ? Le rôle de Juno est clair dans sa manipulation, mais s'il voulait le faire passer du côté obscur, pourquoi ne pas l'avoir achevée directement ? Un peu comme dans le premier volet, on sent qu'il manque des informations, une motivation, une raison d'agir ainsi. Là, c'est très nébuleux.
Impossible enfin de passer sous silence la fin du roman, à ce jour (et probablement à jamais) irrésolue. La seule chose que l'on peut se dire, c'est que Vador n'atteindra jamais Dantooine, étant donné que l'Empire ignore qu'une base rebelle s'y trouve dans l'
Episode IV... Mais quid de Starkiller, Juno, Kota ou même Vador ? Le lecteur en sera quitte pour se faire sa propre opinion...
Au final, si ce deuxième
Pouvoir de la Force est nettement plus appréciable que son prédécesseur (les mauvaises langues diront que ce n'était pas difficile... et elles auront raison), il n'en est pas pour autant un bon roman. La caractérisation des deux personnages principaux est extrêmement faible, leurs motivations manquent de bon sens et Vador, s'il joue le rôle de père fouettard, est tout aussi creux qu'eux. Restent quelques scènes d'anthologie plutôt bien retranscrites, comme la course-poursuite à bord du
Salvation, ou Starkiller qui commande jusqu'au bout le
Salvation lors de l'arrivée sur Kamino... C'est toujours ça.
Note : 60%