par Code 44 » Mar 08 Juin 2010 - 22:38 Sujet: Re: The Last BordExtpress
Une fois assuré que le droïde-contrôleur était parti, Zardrr s'autorisa une petite pause. Il devait absolument faire descendre son niveau d'adrénaline s'il voulait pourvoir aligner deux idées sans que le chaos ne n'installe dans son esprit. Il tira de sa poche de pantalon un petit sachet de cigarras et en porta un à ses lèvres. Il en alluma ensuite l'extrémité avec l'aide d'une allumette -bien qu'il savait qu'utiliser une tige de bois pour ce genre d'opération était archaïque, il la préférait à tous les briquets de la galaxie- et se mit à fumer avec délectation. Le tabac carababba avait un goût légèrement amer mais il contribuait merveilleusement bien à sa tâche.
Il inhala profondément et recracha la fumée en épaisses volutes blanches. Il tira tant sur son cigarra qu'il le termina en un éclair. Il jeta alors le tube dans l'incinérateur domestique du compartiment, où les passagers pouvaient brûler leurs petits déchets.
Zardrr laissa ensuite courir son regard sur le compartiment, cherchant à analyser le moindre détail. Comme il l'avait découvert en entrant, la cabine était exiguë, à peine quelques mètres carrés. Il s'approcha du coffre en bois précieux observé précédemment, du kriin à première vue. Un bois sombre et cher, provenant d'Aldérande. Il en fit sauter les fermoirs et ouvrit le couvercle. Le coffre était en réalité un écrin, tapissé de velours bleu outremer. Deux excavations semblaient attendre des bijoux : l'un aussi gros qu'une tête, devait avoir une forme ovoïde. L'autre, bien plus petit, rappelait plutôt un scarabée. Aucun de ces bijoux ne se trouvaient dans le compartiment. Il fallait donc parier que l'assassin les avait pris.
L'Elomin était prêt à parier qu'il s'agissait de ce que Lun voulait lui montrer. A côté de ses études de médecine, Zardrr avait pratiqué l'archéologie, plus par jeu que par réelle vocation. Avec les années, il avait acquis une solide connaissance dans ce domaine. C'était probablement pour cela que Lun voulait le voir, pour qu'il examine les bijoux. Sauf que son ami était mort et les bijoux, envolés. Zardrr laissa retomber le couvercle du coffret en pestant. Il n'y avait rien à faire pour l'instant.
Alors qu'il s'éloignait du coffret, une pièce d'étoffe de couleur vive attira son regard. Il se pencha pour mieux voir et découvrit qu'une écharpe ou un foulard s'était glissé derrière le coffret. Il tendit le bras pour la prendre avant de ramener la pièce vers lui.
C'était un foulard de couleur aurore, sur lequel courrait une bande violette sur les côtés. L'initiale "A"était frappée en son centre. Zardrr approcha le tissu de son nez et inspira profondément. Une odeur musquée l'envahit alors, mêlée à un parfum profond. Une effluve féminine, de fait. Une femme était donc entrée dans le compartiment et perdu ce foulard. Sans doute dans la précipitation. Peut-être même était-elle l'assassin ?
Zardrr se souvint alors de la féline vêtue de rouge qu'il avait entraperçue avant de s'adresser au droïde-contrôleur. Était-elle sortie du compartiment un ? L'Elomin ne pouvait pas le jurer mais estimait la probabilité à plus de soixante-dix pourcent.
Il s'apprêtait à ranger le foulard dans sa poche de veston quand il découvrit que ce dernier était maculé de sang. Il avait du se tacher en manipulant le corps de Lun. Il valait mieux qu'il s'en défasse, pour ne pas attirer l'attention.
Une fois ses poches vidées, la veste brune ne fut pas longue à atterrir dans l'incinérateur où elle se consuma en un tournemain.
Resté sans veston, Zardrr porta son dévolu sur celui de Lun, accroché au porte manteau. Il était vert bouteille, la couleur préférée de Lun. Pour sa part, Zardrr n'avait jamais aimé cette teinte. Mais ce n'était pas comme si il avait le choix. Et finalement, une veste verte ne s'accordait pas si mal avec le reste de ses habits. Zardrr en profita également pour jeter un œil dans la valise de son ami, qui se trouvait dans le porte-filet. Elle contenait quelques habits de rechange, un nécessaire de rasage et des hololivres de voyage. Zardrr arrêta néanmoins son attention sur un datapad, qui n'était rien d'autre que sa propre réponse au message de Lun.
"J'accepte. Besoin de changer d'air. Réserve un compartiment double sous ton nom sans mentionner le mien. Serais peut-être en retard, te retrouverais dans le yacht. PS : toujours en colère au sujet de Sepan !"
L'Elomin écarta l'appareil sans ménagement, n'ayant aucun besoin de relire cent fois une lettre qu'il avait lui-même écrite. Il tendit alors la main vers un rouleau parcheminé, s'étonnant de trouver matériau aussi archaïque dans les affaires de son ami. Il déroula le parchemin et poussa un sifflement d'admiration devant sa splendeur : il était doré à l'or fin, un métal qu'on ne trouvait plus qu'en de très rares occasions dans la galaxie. Une longue écriture cunéiforme occupait l'essentiel de la page. Zardrr ne pouvait pas la traduire mais il sembla reconnaître du vieux kuatien, une langue à la base du kuatien actuel. Ne parlant que quelques mots de kuatien moderne, l'Elomin était incapable de lire ce qui était marqué sur le parchemin. Néanmoins, à en juger par les illustrations qui le décoraient, cela semblait être un poème ou un conte, traitant d'un oiseau. Ne pouvant rien en tirer pour l'instant, Zardrr rangea le manuscrit dans la poche de son veston avant de fermer la valise et de la remettre à sa place, dans le porte-filet. Refusant de perdre plus de temps -s'il tardait encore, ce Ank Fid pourrait mal le prendre-, Zardrr ouvrit la porte et quitta le compartiment.
Il décida de prendre les devants concernant le lit et il se dirigea jusqu'au droïde contrôleur.
_Puis-je vous aider monsieur ? demanda le droïde.
_Je voulais simplement vous dire qu'il était inutile de faire mon lit ce soir. Je m'accommoderais de la banquette.
_Mais monsieur, objecta le droïde, vous seriez surpris de voir à quel point nos lits sont confortables. Beaucoup de nos clients affirment de jamais avoir aussi bien dormi que...
_J'ai dit, ne faites pas le lit !
_Bien sûr monsieur Antus. Comme vous voudrez.
Satisfait, Zardrr tourna les talons. Il avait de la chance d'être à bord du BordExtpress : plus d'un passager passait pour un excentrique en voyageant à l'aide de ce vaisseau. Sa demande devait donc crédible, dans une certaine mesure.
Bien sûr, cela ne réglait pas le problème du corps mais Zardrr avait l'assurance d'avoir gagner quelques heures. Il se mit donc en route pour le module-restaurant. Il traversa rapidement le second module réservé au passagers, en tous points semblable au premier, si ce n'étaient les désignations des compartiment, qui devenaient ici des lettres contrairement aux chiffres du premier module. Arrivé au bout du couloir, il poussa la porte et pénétra dans le module-salon. Ce dernier était décoré dans des tons bleus et plusieurs fauteuils de cuir noir -probablement du rancor- permettaient aux passagers de s'assoir autour de petites tables bleues nuit. Pour l'instant, deux tables étaient occupées : la plus proche de Zardrr était prise par un humain en complet gris à la longue barbe broussailleuse et la plus éloignée, par deux jeunes aliens, une chagrienne à la peau bleutée, vêtue de rose et une dévaronienne à la fourrure mandarine et aux habits carmins et bleuets. Zardrr traversa la pièce pour rejoindre le restaurant.
Dès qu'il franchit la porte, Zardrr eut l'impression qu'une tempête écarlate et ivoire venait d'éclater et qu'il ne voyait plus que cette couleur. En réalité, en y regardant de plus près, on distinguait de nombreuses autres teintes que le rouge et le blanc mais la différence était telle avec le bleu du salon que les couleurs troublèrent l'Elomin pendant encore de longues secondes. Des six tables laissées à la disposition des voyageurs, seules deux étaient libres. Celle qui était immédiatement à la droite du médecin était prise par un jeune humain à l'air famélique, habillé de noir. Immédiatement derrière le jeune homme, un insecte de grande taille, de couleur violette regardait l'heure avec attention toutes les cinq minutes. Une moue de déplaisir traversa le visage de Zardrr. Il avait beau être plus ouvert d'esprit que la plupart de ses frères de races, il ne pouvait pas supporter les colicoïdes. Tout, chez ces immenses insectes, lui donnaient envie de fuir : leurs multiples dents, leurs minuscules yeux rouges sang, leurs pattes dont ils se servaient pour s'exprimer -ne possédant par de cordes vocales capables de traduire le basique, les colocoïdes "parlaient" en joignant leurs pattes contre leurs antennes, créant ainsi de multiples sons qui, alignés rapidement les uns à la suite, permettaient de construire des mots et des phrases en galactique.-
Zardrr était presque persuadé qu'il s'agissait de ce Fid qui l'avait fait mander. Seul l'insecte regardait l'heure dès qu'il le pouvait. Les autres personnes présentes dans le module -soit le jeune homme, un groupe de quatre aqualish et un couple humain, composé d'un vieillard et d'une jeune fille- mangeaient calmement. L'Elomin alla prendre place à la table du colicoïde qui s'agita de ravissement en voyant le médecin s'installer.
_Ha, monsieur Antus ! bourdonna Fid. Je dois dire que je ne vous imaginais pas comme ça.
_Désolé de vous avoir fait attendre, déclara Zardrr. J'ai rencontré un vieil ami.
_On fait les rencontres les plus surprenantes dans un yacht spatial. Mais parlons affaires : avez-vous apporté les crédits ?
Désarçonné par cette question soudaine, l'Elomin se tient coi ce qui ne fut pas du tout au goût du colicoïde qui augmenta le rythme de son bourdonnement, pour faire percevoir son énervement.
_D'abord vous me faites attendre, puis, vous ne me répondez-pas. J'ai accompli ma part du marché, j'aimerais donc savoir s'il y avait un problème.
_Aucun problème dit Zardrr d'un ton apaisant.
Le rythme du bourdonnement de Fid revint à la normale :
_J'en suis ravi. J'espère que vous ne m'en voudrez pas si je demande à voir les crédits ?
_J'espère que vous ne m'en voudrez pas si je demande à voir ce que j'achète.
L'alien leva deux de ses pattes au ciel comme pour prouver son impuissance.
_Voir ? Vous savez bien que c'est impossible ! La marchandise sera chargée à bord du yacht à Corellia comme c'était entendu.
Voyant que la conversation lui échappait, Zardrr décida d'y couper court :
_Parfait, dit-il en se levant de table sous l'air visiblement surpris du colicoïde. Monsieur Fid, ce fut un plaisir. Nous parlerons encore, après Corellia.
L'Elomin aurait pu rejoindre une des tables libres mais il préférait la compagnie à la solitude. Il choisit la table du jeune homme maigre.
_Puis-je me joindre à vous ?
Le jeune homme haussa les épaules et répondit, d'un basique fortement matiné de kuatien.
_Pourquoi pas ?
Zardrr s'assit donc. Le jeune humain buvait un bol de soupe avec pondération, jetant à temps régulier des coups d'œil en direction du vieil homme et de la jeune fille. Il finit sa soupe et se leva.
_Je ne voulais pas vous faire fuir, déclara l'Elomin.
_Un bol de soupe me suffit. Je ne peux pas prendre plaisir à manger alors que des millions de mes frères n'ont pas de quoi s'offrir une miche de pain. Bonsoir.
Et le jeune homme, de prendre son chapeau et de sortir du restaurant. Un peu surpris par cette réaction, Zardrr décida de s'installer à une des deux tables libres qu'il avait vu en entrant. Il choisit celle qui se trouvait près des cuisines, immédiatement derrière celle de Ank Fid. Le serveur vint prendre sa commande. Zardrr choisit un simple steak de nerf, accompagné de nourricubes. La découverte du corps de Lun lui avait quelque peu noué les entrailles et il doutait de pouvoir vraiment manger quoique ce soit ce soir. D'un autre côté, son cerveau avait besoin d'énergie pour faire le point sur son étrange situation.
Son plat était à peine arrivé quand un bruissement d'étoffe lui fit lever les yeux. Une femelle farghul, à la fourrure caramel, venait d'entrer dans le restaurant. Elle portait une robe d'un rouge profond, fendue à l'arrière sous le bassin pour libérer sa queue qui se balançait à gauche et à droite avec le rythme régulier d'un métronome. Hormis qu'elle était incroyablement belle, ce n'était pas cela qui attirait le regard de l'Elomin. Mais la broche que la farghul arborait. Une broche frappée d'un "A", exactement dans le même style que celui qui était imprimé sur le foulard. Il semblait bien que Zardrr avait trouvé sa mystérieuse visiteuse. Restait à voir si la chance allait continuer à lui sourire tout le long du voyage...
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Code 44 le Mer 09 Juin 2010 - 17:17, modifié 3 fois.
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