Informations

IMPORTANT : pour que la participation de chacun aux discussions reste un plaisir : petit rappel sur les règles du forum

[NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Les Fan-Fictions avortées ou à l’abandon depuis plus de six mois sont disponibles à la lecture dans ce sous-forum.

Retourner vers Les Archives (textes inachevés)

Règles du forum
CHARTE & FAQ des forums SWU • Rappel : les spoilers et rumeurs sur les prochains films et sur les séries sont interdits dans ce forum.

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 16:10   Sujet: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Bonjour les enfants,

J'ai écrit cette fan-fic y'a près de deux ans, elle est en deux parties, la deuxième partie est quasiment terminée.

Soyez indulgents, c'était la seule et unique fois de ma vie que je me suis lancé dans l'exercice. Néanmoins, n'hésitez pas à faire des remarques d'ordre général...

So...

La Grande Rivière

Image

Dramatis Personae

Kyp Durron, mâle humain, Maître Jedi
Ganner Rhysode, mâle humain, Chevalier Jedi
Tyria Sarkin, femelle humaine, Chevalier Jedi
Alema Rar, femelle Twi'lek, Chevalier Jedi
Numa Rar, femelle Twi'lek, Chevalier Jedi

Ailyn Vel, femelle kiffar, Chasseuse de Prime

Kol A'ha, mâle humain, Ranger Antarien, Commandant
Eve Lane, femelle humaine, Ranger Antarien, Lieutenant
Nazyth Kej, mâle humain, Ranger Antarien, Opérateur com

Malori, femelle nosaurienne, Sénatrice

Gheorg Drathus, mâle humain, Chef des Douanes de Naboo
Liana, femelle humaine, archiviste des Douanes de Naboo

Szrabik Korlo, mâle humain, chef de la Résistance de Talfaglio

Elinea Semila, femelle humaine, agent immobilier
Sara Semilia, femelle humaine, Résistance de Brentaal

Tri'kor Vorrik, mâle Yuuzhan Vong, Exécuteur
Kral Qalu, mâle Yuuzhan Vong, Pisteur
Mujmai Iinan, mâle Yuuzhan Vong, Lieutenant

CHRONOLOGIE

An 24

Chapitre 1

An 26

Chapitre 2 & 3 - Pendant les événements de Point d'Equilibre

Chapitre 4 - Peu après l'eBook Recovery/Convalescence (environ 1 mois après Point d'Equilibre)

Chapitres 5, 6, 7 et 8 - Entre Renaissance et Etoile après Etoile

An 27

Epilogue de la partie I - Juste après Etoile après Etoile

Prologue de la partie II - Juste après Etoile après Etoile

Chapitre 9 à 13 - Pendant les événements de la duologie "Derrière les Lignes Ennemies"

An 28

Epilogue de la partie II - Pendant les événements de La voie du destin

Partie I - Mort sur Brentaal

CHAPITRE PREMIER
De la place pour l'imprévu

Kyp Durron — Journal personnel

Le soleil disparaît lentement à l’horizon. C’est ainsi chaque soir. Quelquefois je suis là pour l’observer, d’autres non. Chaque jour qui passe peut être mon dernier. La vie est faite de cette manière : on se bat pour vivre, on essaie de savourer les quelques moments de paix qui nous sont offerts, mais on garde la certitude qu’un jour ou l’autre, ce sera fini. Et les jours se succèdent de cette façon. Parfois, certaines vies voient leur dernier jour arriver plus tôt. J’ai vu les visages de ceux qui sont affligés par la perte d’un être cher. Moi-même, j’ai dû passer à travers ce deuil lorsque mon frère est mort. Pire encore, j’ai dû vivre en me sachant responsable de sa mort, ainsi que de celle de millions de personnes. Tel est mon fardeau, que je porte à chaque jour sur mes épaules. Vivre en sachant qu’on vous hait, qu’on vous tient responsable de la mort d’innocents, c’est ce que j’endure depuis des années. Le rejet, la colère, la frustration. Ces sentiments, je les perçois aussi nettement que s’ils étaient les miens. Maintenant, je me bats pour cette même galaxie qui m’a mis de côté aussi longtemps. Je me bats pour des milliards de vies, et j’essaie de me racheter ainsi. Mes actions sont désapprouvées par plusieurs, mais je fais ce que je crois être mon devoir. Je ne peux rester inactif en regardant des innocents mourir. Je ne peux me résoudre à cela. L’action et l’attaque sont mes meilleures armes. En me battant comme un forcené pour repousser les envahisseurs, peut-être réussirai-je à me racheter aux yeux de tous.
Une voix me fait sortir de ma réflexion. C’est Miko Reglia, mon apprenti. « Kyp, il faut y aller. Les contrebandiers de la Frange s'agitent encore ». Une nouvelle bataille s’annonce. Une nouvelle bataille que mes Apôtres remporteront facilement. Les Apôtres de la Vengeance. Ma vengeance. Contre ce que la galaxie fait subir à ceux qui souffrent. Et contre ceux qui en tirent les ficelles... ou le bénéfice. Luke Skywalker désapprouve mes actions. Mais elles, au moins, ont le mérite d'exister.



Toprawa — Une année standard avant l'invasion Yuuzhan Vong

Les étendues vertes et boisées de Toprawa auraient offert un cadre de vie plus qu’agréable si ses habitants ne se concentraient pas uniquement sur l’amélioration de ses infrastructures depuis que l’Empire avait réduit la planète à un stade préindustriel. Malheureusement, les lacs scintillants sous le soleil et les étangs ombragés des campagnes étaient largement délaissés par les jouisseurs et les touristes et servaient exclusivement à la reconstruction de l’économie planétaire. La plupart des habitants pensaient avoir mieux à faire, y compris trainer dans des bars plus ou moins classes, ou tout juste acceptables, comme le Milenkazz — un bar qui présentait l’avantage de proposer quelque divertissement en faisant appel à des groupes de milenkazz locaux.
Vorr l'attendait au comptoir, comme prévu. A l'heure, comme prévu.
Parfait. Il n'y a pas de place pour l'imprévu dans ma vie. L'ironie de sa pensée lui arracha un sourire. C'était un de ces traits de caractère qu'elle avait emprunté au peuple Mandalorien. Les Mandaloriens. Malgré son mariage avec l’un d’entre eux, elle ne s'était jamais vraiment sentie l'une des leurs et elle doutait que cela change depuis que son père avait accepté de les gouverner quelques semaines auparavant.
Vorr était particulièrement agacé de voir le chasseur de prime se déplacer lentement entre les tables de bois crasseuses du tripot. Le chasseur de prime était à mi-chemin entre lui et l'entrée et c'est à ce moment que Brema choisit d'agir. Il renversa sa table de sabaac en faisant de grands gestes et en hurlant et pestiférant contre tel ou tel joueur qu'il accusait de tricherie. Peut-être même que l'heureux élu avait réellement triché. Mais le vacarme assourdissant et l'effet boule de neige des bagarres au milieu de lascars suant l'argent et l'alcool faisait amplement l'affaire de Vorr. Il laissait la justice des comptoirs à d'autres et son acolyte Barabel semblait parfaitement s'en accommoder.
Le chasseur de prime s'assit devant lui. Lors de leur communication préalable il s'était présenté comme Lev Nylia.
— On dirait que votre lézard s'éclate... Que me voulez-vous ?
Elle.
— Demain le nouveau gouvernement de Toprawa défile dans la capitale, le sommet de leur petite campagne électorale victorieuse... (Un verre siffla et vint s'écraser sur la cloison derrière lui, répandant un liquide bleu gluant sur l'écran holovidéo.) Je veux que vous les éliminiez. Dix mille par tête. Paiement à terme échu.
— Combien y-en-a-t-il ?
— Le président, le vice-président et les sept ministres qui défileront. Cela devrait suffire.
— Suffire à quoi ?
— Votre réponse, dit-il en ignorant la question.
Visiblement, elle n'en saurait pas plus. Mais elle avait une bouche à nourrir. Les affaires se faisaient rares dans la Bordure Extérieure, surtout depuis que cet idiot de Kyp Durron avait décidé de se prendre pour un agent zélé de la Corsec : la moitié de ses employeurs récents dormaient dans les prisons de Coruscant. Bientôt il faudrait qu'elle travaille pour les Hutts.
— Je veux une avance, dit-elle calmement. La moitié des quatre vingt dix milles.
— Vos semblables ont-ils toujours cette même facilité arrogante ? ironisa-t-il.
— Par définition, les êtres exceptionnels n'ont pas de pareil. Donc pas de semblables.
— Votre égo me paraît aussi doué dans l'art du camouflage que votre grande gueule, cracha-t-il. Trente mille crédits, c'est ma dernière offre.
Autour, l'agitation était retombée depuis l'arrivée de la police de la capitale et la tranquillité relative dont ils jouissaient s'essoufflait. Elle était à court de temps et Vorr le savait. Malgré l'insulte, elle décida d'accepter. Au moment où elle ouvrait la bouche pour répondre, Vorr sortait déjà une datapuce de sa ceinture utilitaire.
— J'accepte, dit-elle en se saisissant de la carte. Mais surveillez votre langage.
Le sourire aux lèvres, Vorr se laissa tomber dans le fond de son siège et se remit à siroter son breuvage, en regardant Lev se lever et partir. La seule chose que les infidèles semblent avoir réussi est cette boisson, pensa l'Exécuteur Tri'kor Vorrik, se rappelant que la gastronomie antique des Yuuzhan Vong avait fini par souffrir du manque de denrées entre les galaxies. Décidemment, ces missions de sabotage lui plaisaient beaucoup. Yun-Harla aimait la mesquinerie et les peuples de cette galaxie ne méritaient guère mieux. Mais malgré tout le mépris qu'ils lui inspiraient, Tri'kor avait dû se résoudre à effectuer des tâches contre-nature pour un Yuuzhan Vong. Ce soir, il faudrait qu'il trouve un peu de repos dans un vaisseau, l'une de ces machines utilisant la combustion artificielle. Comment s'appelait-il déjà ? Le Brema I. Brema n'était pas un lézard très inventif — pas même pour le nom de son vaisseau — mais il ferait un très bon esclave. Comme tous les autres.


Eve Lane avait toujours attiré l'attention des hommes et dans certaines circonstances elle s'en serait bien passée. Il faut dire que son visage fin souligné par ses cheveux noirs mi-longs était d'une beauté rare et même après trois ans d’entrainement intensif, il n'avait rien perdu de son éclat. Son sourire désarmant et ses yeux curieux faisaient converger les regards mais elle doutait que les hommes ne le regardent plus pour ses jolis yeux que pour sa chute de reins. D'ailleurs l'homme qui lui avait donné rendez-vous dans ce bar — Kol A'ha, son meilleur ami — ne lui trouvait aucun défaut. Et c'était bien là l'ennui. Kol A'ha faisait partie de la masse des hommes que l'on aurait pu qualifier de quelconque, et Eve désespérait de lui ouvrir les yeux sur ses intentions lorsque Kol aurait accepté que les jolies filles n'étaient pas destinées à sortir uniquement avec les canons de la beauté masculine intergalactique, canons souvent bien trop cyniques et bien peu préoccupés par ce qui pouvait rendre une femme heureuse.
Depuis l'élection d'Ortel Juka à la Présidence de la planète, la capitale semblait endormie. Le gouvernement encore en place pour quelques heures avait émis un série de décrets d’ordre publique afin d’éviter tout débordement de violence. D'ailleurs Eve risquait elle aussi de s'endormir si Kol ne se montrait pas dans les dix minutes. Elle se maudit d'être amoureuse d'un homme incapable de prendre une décision sentimentale et qui se permettait d'arriver en retard alors que l'invitation de ce soir était le pas le plus encourageant qu'il avait pu faire depuis leur adolescence. Le verre de li'at'kok qu'elle avait commandé pour patienter s'était vidé et réchauffé, et le sucre commençait à cristalliser dans le fond du verre. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas que la table de sabaac la plus proche explosait en même temps que la colère feinte d'un Barabel, ni que l'un des joueurs, basculant sur son siège, renversait sa propre table... jusqu'à ce qu'elle la prenne dans le menton.
La tête d'Eve Lane se mit à tournoyer, une douleur lancinante lui arracha un cri de douleur tandis que le chahut alentour saturait son ouïe. Puis elle sentit le sol. Une dizaine de secondes plus tard, alors qu'elle lutait encore contre la douleur, elle parvint à ouvrir les yeux. Le bar s'était transformé en champ de bataille et à mesure qu'elle scrutait la salle pour en découvrir la raison, une scène attira son attention. En plein milieu de ce maelström de bris de verre, de hurlements et de nez cassés, deux personnes échangeaient quelques mots. Elle s'approcha en titubant et en se tenant la tête et lorsqu'elle fut suffisamment près, elle déclencha l'enregistrement sur son databloc. Et quelqu'un déclencha un direct du droit... sur sa tempe.


Si Eve avait déjà eu autant mal à la tête elle ne s'en souvenait pas. A vrai dire sa mémoire lui semblait particulièrement défaillante à ce moment précis. Il lui fallu se concentrer sur les muscles de son visage afin d'esquisser un mouvement de paupière. La lumière ambiante lui brûla les yeux et lui arracha un gémissement.
— Bonjour Eve.
Kol.
— Où étais-tu ? cria-t-elle.
— Hé ! Tu es toujours aussi aimable au réveil ?
Peut-être que tu aurais la réponse à cette question si tu le voulais.
— Mais tu ne veux pas... finit-elle par penser tout bas.
— Je ne veux pas quoi ? demanda-t-il avec suspicion, un sourcil levé.
— Laisse tomber. Où est mon databloc ?
— Je l'ai récupéré mais vu ce qu'il a subit il faudra sûrement songer à t'en trouver un autre. Boro a essayé de le réparer pendant deux heures. Tes données sont dans un sale état.
— Il faut écouter le dernier enregistrement. Maintenant ! s'écria-t-elle en se levant.
— Tout doux ! Qu'est-ce qui se passe ? (Il tendit la main vers elle pour l'arrêter et effleura ses côtes.) C'est quoi cet enregistrement ? Le groupe de milenkazz était sympa ?
Il avait ce sourire radieux qu'il arborait chaque fois qu'il la taquinait. Et elle détestait ça. Il semblait plus naïf que jamais et il ne lui avait toujours pas donné la raison de ce rendez-vous improvisé. De toute façon, le moment était mal choisi pour une conversation. Elle n'avait pas le temps, pas l'envie et pas l'intimité nécessaire à une réconciliation... définitive.
— On en reparlera, abrégea-t-elle. C'est urgent. S'il te plait.
Kol la regarda droit dans les yeux. Un regard dur et froid. Il semblait confus et déçu. Eve était inconsciente lorsque Kol l'avait retrouvée dans ce bar et elle l'était restée pendant près d'une demi-journée. Leurs retrouvailles auraient gagné à être un peu plus chaleureuses. Son urgence avait intérêt à être urgente.
— Et appelle moi tout le monde, j'ai un mauvais pressentiment.
Kol roula des yeux.
Et sortit.

« … grande gueule ?
— J’accepte.  »

Eve leva les yeux vers les quatorze hommes, femmes et aliens qui l'entouraient.
— L'enregistrement est équivoque. Nous avons tous entendu l'essentiel. Alors maintenant qu'allons nous faire ? Kol ?
— Le défilé commence dans trente minutes, dit Kol en consultant sa montre.
Un sentiment d'urgence envahit Eve.
— Ok, je change donc ma question : que fait-on ?
Un silence pesant s'abattit dans la pièce. Ils se doutaient que l'assassinat des leaders politiques de Toprawa allait provoquer un chaos sans nom dans les rues des plus grandes villes de la planète. L'équilibre fragile des alliances politiques se romprait, chacun revendiquant sa part du gâteau tout en sachant que tout le monde avait craché dedans. Ce problème concernait les citoyens de Toprawa, pas leur unité.
La pensée saturait la pièce et à mesure que le silence se prolongeait en refroidissant l'atmosphère, celle-ci se condensa et se cristallisa dans la bouche de Boro :
— Ce n'est pas notre rôle.
— C'est l'occasion rêvée Boro, asséna Eve sans broncher. Cela fait combien de temps que nous nous entrainons ? Que nous nous cachons ?
— Nous devrions d'abord en parler à Tyria, renchérit Kol. Elle a promis d'activer notre unité prochainement. Nous sommes en phase terminale…
— C'est impossible, le temps de la contacter et de se préparer il sera trop tard.
Ses yeux firent un tour de table.
— Sans parler du temps qu'il faudrait pour convaincre Tyria, ajouta-t-elle. Nous sommes les seuls à pouvoir éviter ce désastre. Je ne vous le demande pas en tant que supérieure mais en tant que citoyenne de Toprawa. La moitié d'entre vous ont passé dix ou quinze années ici. Vous savez ce qui attend la planète si son équilibre politique précaire est rompu. Et comme moi, vous n'avez pas envie de vous enfuir dans un vaisseau en laissant le sang couler dans les rues. Alors allons-y !
Personne ne bougea. Visiblement peu convaincus par la tirade d'Eve, l'unité restait silencieuse, chaque membre se torturant intérieurement pour savoir quelle décision prendre. Eve le fit donc pour eux.
— C'est un ordre, dit-elle sèchement.
— Nous n’avons plus le temps de l’arrêter, argumenta un Gotal du nom de Klo’qi. Ce chasseur de prime a une longueur d’avance sur nous. A l’heure qu’il est il est déjà posté quelque part sur le trajet du défilé, et un professionnel n’aura aucun mal pour échapper la police vérolée de la capitale. Tous les agents ne sont pas aussi disciplinés que ceux de la Nouvelle Garde Républicaine. Leur allégeance est incertaine et leur corruption sans limite.
— Alors nous n’avons plus le choix. Il faut arrêter le défilé.
— Oh oui ! Oh oui ! dit Nazyth. On pourrait faire une grande chaîne humaine de la fraternité contre les attentats. Car les attentats c’est pas bien. Ou une opération escargot dans les bouchons au dessus de la capitale.
— Nazyth…
— Ou Kol pourrait courir nu en hurlant des chants impériaux…
— La ferme ! fulmina Eve.
Nazyth avait le don exaspérant d’être particulièrement cynique. L’opérateur télécommunication de l’escouade était d’une compétence et d’une efficacité à toute épreuve et faisait des miracles : un comlink et un vieux cargo YT lui suffisait pour construire une Etoile Noire. Mais sa contribution aux briefings d’Eve se résumait à un silence prolongé entrecoupé de ces éclats de cynisme dont lui seul avait le secret. La plupart du temps, elles détendaient l’atmosphère. Mais ici et maintenant, le paroxysme de l’énervement d’Eve atteint, il décida de ne pas poursuivre son sarcasme. Le jeune homme avait une réputation sulfureuse et ne parlait pas vraiment de lui, ou en de rares occasions, et à quelques personnes. Son succès avec les femmes n’avait d’égal que sa solitude car si son physique n’était pas le plus avantageux de la galaxie, son charme naturel opérait une aura envoûtante sur la gente féminine.
Nazyth se rassit en marmonnant.
— Je maintiens que l’opération escargot…
Eve l’observa quelques instants, sondant son visage impassible seulement traversé de son éternel sourire en coin. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours pensé que quelque chose en lui s’était déchiré. Il y a bien longtemps. Mais Nazyth restait seul. Toujours seul.
Elle laissa quelques secondes flotter et inspira profondément.
— Ecoutez-moi bien. Je sais que nous ne devrions pas nous mêler à la politique planétaire. Je sais que Tyria sera furieuse. Je sais que la moitié d’entre vous désapprouve mon ordre. Mais je suis d’accord avec Ko’qli. Nous n’avons plus le temps. Et je suis d’accord avec Nazyth. (Elle le regarda d’un air entendu tandis qu’il relevait sa tête d’étonnement.) Nous n’avons aucun moyen d’arrêter le défilé.
Kol et les autres la regardaient fixement, attendant la suite.
— Sauf un. Vous savez comme moi que si l’assassinat réussit, le chaos sera total, les morts innombrables. Et parmi les victimes combien seront innocentes ? Combien seront des femmes, des enfants ? Combien seront des membres de votre propre famille ?
Une bonne partie de l’escouade baissait maintenant les yeux. Eve avait raison et ils le savaient. Toprawa n’était qu’une plaie ouverte par laquelle suintait les maux de la population et l’horreur dissimulée dans l’inconscient collectif.
— Par un heureux hasard cette information est tombée entre nos mains. Peut-être même la Force elle-même nous l’a apportée. Nous seuls pouvons empêcher ce massacre.
— Et comment comptes-tu faire ? demanda Kol.
— Il est probable que nous ayons à fuir de la planète et que nous ne puissions plus jamais y retourner. (Elle s’arrêta et sourit à l’assemblée.) On va tout faire péter.
— Du génie ! Simplement du génie ! Ton intelligence tactique n’a d’égale que ta finesse. (Une nouvelle fois, Nazyth ne s’était pas fait prier.) Bon, on y va ?
— Oui, répondit Eve en tournant les talons.
Puis elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et lança :
— Et préparez vos bagages.

Les rues bariolées de rouge et d’orange grouillaient de monde, des cris s’élevaient des esplanades, des chants montaient des terrasses, les speeders des Forces de Défense de Toprawa passaient à toute vitesse au dessus des longues enfilades d’engins divers bloqués dans le trafic congestionné de la capitale. Près du Sénat, la densité de spectateurs atteignait des proportions inouïes, tous réunis dans l’exaltation de voir le nouveau gouvernement d’union sacré à l’œuvre de la reconstruction tant attendue de leur planète. La grande barge accueillant la série de dignitaires s’éleva en silence dans les airs, suivie de près par les motospeeders de la Nouvelle Garde Républicaine, formée le matin même sur les bases de la Division Spéciale Policière du Sénat. Parés de leur habits de parade, défilants et accompagnateurs entamèrent leur long bain de foule qui les mèneraient jusqu’au mémorial érigé en souvenir des exactions commises par l’Empire deux dizaines d’années plus tôt.
Et c’est à ce moment là que je rapporte quatre-vingt dix mille crédits à la maison.
Le chasseur de prime consulta sa montre : la procession avait déjà vingt minutes de retard, mais les cris ne faiblissaient pas. La ville semblait toujours plongée dans une frénésie quasiment fanatique, une effervescence communicative qui se propageait dans la moindre petite ruelle, dans le moindre recoin de chaque bâtiment. Même au plus haut étage du bâtiment de la Nouvelle Garde Républicaine qu’elle occupait actuellement. L’endroit que le dispositif surveillerait le moins.
Elle tendit l’oreille. Le brouhaha incessant avait légèrement changé de tonalité. Il semblait plus proche, plus aigu, plus rapide, plus… sauvage. D’un geste, elle saisit ses macrobinoculaires et zooma sur le coude qu’effectuaient les bâtiments en amont de la rue. Les gens couraient. De manière désordonnée, erratique.
Non, ils ne sont pas désordonnés, pensa-t-elle. Ils sont paniqués.
Elle jura en ramassant son armement de tireur d’élite et se lança dans les escaliers. Une ambiance tendue régnait dans le commissariat, les Gardes Républicains s’affairaient, les stations de contrôles clignotaient sans arrêt, des ordres étaient hurlés par-dessus l’entêtant concert de sirènes d’alarme stridentes. Un mini chaos au milieu du chaos qui lui permit de sortir sans encombre et sans se faire remarquer, dans son uniforme de la Garde qu’elle avait emprunté à un homme qui se trouvait — du moins elle espérait qu’il s’y trouvait encore — dans un placard du quatrième étage.
Arrivée sur le parvis du bâtiment, elle attrapa au vol l’un des citoyens paniqué.
— Que se passe-t-il ?
— Un groupe armé a attaqué le défilé à son point de départ au Sénat. La Garde Républicaine fait reculer tout le monde. Ils utilisent des gaz. C’est la bousculade plus haut ! Lâchez-moi !
Elle le lâcha et cria de frustration. Elle avait un besoin vital d’argent après qu’elle eut accouché et materné quelques temps. Ses économies lui avait permis d’envisager sa grossesse et sa maternité sereinement mais aujourd’hui elle avait cruellement besoin d’argent. Les femmes semblaient destinées à absorber toute la douleur, la souffrance, la pitié et la compassion de la galaxie cela même lorsqu’elles exerçaient le métier le plus masculin qui soit. Le désir d’être mère puis l’instinct maternel de protection qu’elles développaient par la suite finissaient par tout emporter sur leur passage, faisant passer l’intégrité de leur fœtus puis de leurs enfants bien avant la leur. Même ses grands principes n’y avaient pas résistés. Comme celui d’honorer un contrat coûte que coûte.
Au diable Vorr ! Je m’assurerai plus tard qu’ils sont bien morts.
Ailyn Vel se rua vers le speeder le plus proche, délogea son occupant et fila vers la campagne avoisinante où l’attendait son vaisseau. Il fallait qu’elle retourne auprès de Mirta.

Yun-Harla s’était jouée de lui. Il avait échoué. Mais personne ne lui en tiendrait rigueur. Il avait son propre agenda et toute liberté dans le choix et l’exécution de ses missions de sabotage. Où était passée Lev ? Son contact lui avait assuré qu’elle était la meilleure. Il mourrait pour s’être trompé. Et elle mourrait aussi. Tri’kor Vorrik avait autre chose à faire que de rester sur cette planète maudite et se dirigea vers le spatioport où l’attendait Brema, son fidèle infidèle.

Note pour moi même a écrit:Ce qui est bien, c'est que je le re-découvre en même temps que vous. J'aime mon caméo d'Ailyn Vel :lol: par contre, ce scénar est assez téléphoné. :transpire:
Modifié en dernier par Gilad Pellaeon le Ven 12 Mar 2010 - 11:40, modifié 5 fois.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Den » Sam 06 Mar 2010 - 16:58   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Tiens, c'est un plaisir de t'accueillir dans la section des FF, Gilad! :)
En plus, une fic sur le NOJ, ca ne court pas les rues! C'est donc avec plaisir que j'ai commencé à lire ton histoire!

Tout d'abord, j'adore la couv! :lol:

Pour ce qui est de l'histoire, je dois dire que j'ai trouvé très ingénieux de nous présenter le journal de Kyp!
C'est le genre de petit détail qui me plait! De plus, on sent que tu as bien cerné le personnage. C'est plutôt émouvant, dirai-je même!

La suite, nous présentant Vorr est plutôt intéressante. Par ailleurs, ce personnage est plutôt réussi. Intrigant, étonnant même! J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que ce soit un Exécuteur!

J'aime bien Eve aussi! C'est une bien jolie jeune femme au caractère fort! J'ai bien aimé la scène la présentant. Classique, mais efficace!

Pour ce qui est du scénar', c'est vrai qu'il est classique mais j'ai passé un agréable moment. C'est plutôt bien écrit, surtout pour une première fois. Tes personnages sont bien présentés et l'histoire plaisante à suivre! Bref, pour moi, c'est une réussite!

j'ai décelé quelques petites fautes:

y compris trainer dans des bars plus ou moins classes,
traîner
Combien y-en-a-t-il ?
Y en a-t-il
après trois ans d’entrainement intensif,
entraînement
. Cela fait combien de temps que nous nous entrainons ?
entraînons
par laquelle suintait les maux de la population et l’horreur dissimulée dans l’inconscient collectif.
suintaient

Bonne continuation! :wink:
"Vergere m'a appris à embrasser la douleur et à m'y soumettre. J'en ai fait une partie de moi-même, une partie que je ne pourrai ni combattre, ni nier." Jacen Solo
Den
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6133
Enregistré le: 05 Fév 2006
Localisation: Voyage à travers la galaxie...
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 18:44   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Den a écrit:Tiens, c'est un plaisir de t'accueillir dans la section des FF, Gilad! :)
En plus, une fic sur le NOJ, ca ne court pas les rues! C'est donc avec plaisir que j'ai commencé à lire ton histoire!


Je n'écris que pour le NOJ.

Tout d'abord, j'adore la couv! :lol:


Moi aussi ! :P

Pour ce qui est de l'histoire, je dois dire que j'ai trouvé très ingénieux de nous présenter le journal de Kyp!
C'est le genre de petit détail qui me plait! De plus, on sent que tu as bien cerné le personnage. C'est plutôt émouvant, dirai-je même!


En fait, j'aime bien avoir le point de vue sans détour de narrateur d'un personnage. Il y a pas mal d'extrait de "journaux personnels" dans cette fic, un trait que j'ai piqué à Stover, si on veut rester dans les références UEesque. Traviss fait aussi ça très bien, notamment dans A Practical Man, pour rester dans le NOJ. :)
La suite, nous présentant Vorr est plutôt intéressante. Par ailleurs, ce personnage est plutôt réussi. Intrigant, étonnant même! J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que ce soit un Exécuteur!


Eh bien oui, je me suis dit que Nom Anor ne devait pas être seul...

J'aime bien Eve aussi! C'est une bien jolie jeune femme au caractère fort! J'ai bien aimé la scène la présentant. Classique, mais efficace!


Ouais, c'est la caractérisation que j'ai voulu lui donner au départ. Mais elle évolue de manière plutôt négative dans la mesure où elle va se laisser dépasser par les événements et ses sentiments. Ca fait beaucoup par rapport au rôle qu'elle est sensée endosser. En réalité, ce n'est pas vraiment Eve l'héroïne de cette fic.

Quant à sa beauté, je me suis basé sur... Wynona Ryder. Une nana sexy ET rock 'n' roll. :sournois:

Pour ce qui est du scénar', c'est vrai qu'il est classique mais j'ai passé un agréable moment. C'est plutôt bien écrit, surtout pour une première fois. Tes personnages sont bien présentés et l'histoire plaisante à suivre! Bref, pour moi, c'est une réussite!


Merci !

En fait, ce sénar est avant tout un gros fantasme de fan. Je n'avais pas la prétention d'écrire un truc "super original" vu que je choisis ma période (dont je suis fan) et que par conséquent je ne me permettrai jamais d'écrire quelque chose de pas canon par rapport aux romans.

Quelques intrigues irrésolues m'ont donné envie d'écrire comme : que faisait Ailyn Vel pendant la guerre ?

Il y en a d'autres à suivre...
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 06 Mar 2010 - 18:54   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Euh... Dis-moi un truc, Gilad: en venant poster ta fan-fic ici, tu savais que la section était hanté par un abominable VFiste aigri anti-LOTF/FOTJ et pro-Une Question de Survie? :diable:

Bizarrement, le fait que ta fan-fic porte sur le NOJ ne me surprend pas :D C'est bien, on manque de fan-fics sur cette période; moi-même, j'en aurais bien écrit, mais je n'ai pas vraiment d'idée, et je suis de toutes façons pris pour un moment par celles sur les personnages de SWGB.

Bref... Niveau écriture, c'est tout à fait correct, mais je trouve quand même un petit reproche à faire: ça manque de virgules, et les phrases sont parfois un peu courtes... Pour les personnages, difficile à dire pour l'instant, mais l'extrait du journal de Kyp Durron augure plutôt bien la suite, et j'ai bien aimé la référence à Ailyn Vel. Bon, par contre, niveau scénario, là, je confirme, c'est assez classique... Mais ce n'est pas forcément grave, on peut s'en sortir sur un sujet classique, si le traitement est adéquat;
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:09   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Euh... Dis-moi un truc, Gilad: en venant poster ta fan-fic ici, tu savais que la section était hanté par un abominable VFiste aigri anti-LOTF/FOTJ et pro-Une Question de Survie? :diable:


Oui, je me souviens de toi. Aigri.
Bizarrement, le fait que ta fan-fic porte sur le NOJ ne me surprend pas :D C'est bien, on manque de fan-fics sur cette période; moi-même, j'en aurais bien écrit, mais je n'ai pas vraiment d'idée, et je suis de toutes façons pris pour un moment par celles sur les personnages de SWGB.


Si pour plus tard tu veux des idées, hésite pas ! Pourquoi pas co-écrire d'ailleurs ? :wink:

Bref... Niveau écriture, c'est tout à fait correct, mais je trouve quand même un petit reproche à faire: ça manque de virgules, et les phrases sont parfois un peu courtes... Pour les personnages, difficile à dire pour l'instant, mais l'extrait du journal de Kyp Durron augure plutôt bien la suite, et j'ai bien aimé la référence à Ailyn Vel. Bon, par contre, niveau scénario, là, je confirme, c'est assez classique... Mais ce n'est pas forcément grave, on peut s'en sortir sur un sujet classique, si le traitement est adéquat;


Oui mais tu es un fan des phrases longues ! Et en fait moi, je suis un fan des phrases courtes.

D'ailleurs j'ai pas compris comment ça pouvait manquer de virgules si les phrases sont trop courtes. :P

En tout cas, merci du conseil, je me doutais que quelqu'un me dirait ça, je crois que ça s'améliore par la suite.

Et puis le scénario, comme je l'ai dit, ça part d'un fantasme de fan, de voir écrire des choses que j'aurais aimé voir dans les livres. Donc je m'approprie pas du tout l'histoire ! Au bout d'un moment ça m'a ennuyé, et par la suite, tu verras que ça devient nettement plus intéressant ! Surtout à partir... disons du chapitre 9.

Comme je l'ai dit, c'est ma première fan-fic. :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:09   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Notes pour le lecteur :

8 mois standards après le début de l'invasion = entre l'Eclipse des Jedi et Point d'Equilibre, roman dans lequel il est fait référence à la bataille de Kubindi.


CHAPITRE II
Le Destin de Mujmai Iinan

Lieutenant Eve Lane — Journal personnel — 8 mois standards après le début de l'invasion.

Les Yuuzhan Vong ont un instant cru à autre chose qu'à leurs dieux. Le monde de Kubindi — que la météo erratique provoquée par les éruptions solaires avait asséché — accueillait une seule espèce intelligente : les Kubaz. La dernière source de nourriture, les insectes, était le bien le plus convoité par les clans. Au point d'entrer en guerre. Mais les Kubaz ont maîtrisé la génétique afin d'améliorer la reproductivité des insectes et l'alimentation de la population de Kubindi. Les Yuuzhan Vong ont voulu savoir si cette biotechnologie s'était généralisée. Du moins, ils y ont un cru un instant. Concluant à l’intérêt réduit que porte désormais la planète pour leurs sombres desseins biologiques, les Yuuzhan Vong vont pouvoir jouer leur rôle favori d’esclavagistes cruels. Comme un don pour ruiner la galaxie, ruiner la vie de milliards d’êtres vivants. Ruiner ma vie.
Il apparaît évident que les multiples guérillas, révoltes, assassinats et coups d’état qui ont explosé aux quatre coins de la galaxie juste avant le début de la guerre sont à imputer aux extragalactiques. Monor II, Rhommamool, Ter Abbes n’en sont que de tristes exemples. Mais pas autant que Toprawa.
Après un baroude d’honneur pendant la parade présidentielle, j’ai fui la planète avec mes compagnons, poursuivis par la Garde Républicaine. Boro et Joy y ont trouvé la mort. Le nouveau gouvernement a émis un ordre d’arrestation galactique contre nous — bien que je doute que quelqu’un s’y intéresse vu la situation actuelle périlleuse de la galaxie — et mon chagrin s’est mué en colère à mesure que mes hommes m’ont fait comprendre que ma décision précipitée avait coûté la vie à leurs amis. Je n’ai pas pleuré depuis des années mais si Kol voulait bien me prêter son épaule, je le ferais volontiers… Encore faudrait-il qu’il me parle à nouveau.
Depuis le début de l’invasion nous avons vu les ignominies et les exactions commises par les Yuuzhan Vong sur les populations, nous avons vu la souffrance des millions de veuves et d’orphelins, nous avons senti le déchirement des milliards de réfugiés arrachés à leur planète, parfois sans espoir aucun d’y revenir. Peut-être n’ai-je aucun espoir que Kol revienne vers moi.
Encore quelques heures de voyage et je serai de retour.
Depuis un an l’unité se livre à des missions d’espionnage et d’interception. Tyria m’a longuement réprimandé à tel point qu’elle a failli me retirer le commandement de l’unité. Je sais qu’elle comprend la blessure que m’a laissée cette prise de décision, et dans le fond elle n’aurait pas pu trouver pire solution que de me laisser le commandement et affronter les regards courroucés et déçus de mes douze compagnons restants. En toute rigueur, l’unité n’est pas activée : Tyria a donc décidé de ne pas en parler à Maître Skywalker et de nous envoyer en mission d’infiltration. La discrétion est un art pour nous, l’espionnage une évidence. Il y a une semaine, nous avons infiltré les Brigades de la Paix sur Druckenwell et extrait des informations vitales qu’il nous fallait porter aux Jedi sans risquer de trahir notre activité sous peine de subir les foudres de Maître Skywalker. Je me suis donc proposée pour la mission et vraisemblablement tous attendaient que je prenne mes responsabilités.
Et je serai bientôt de retour.
Ma mission sur Toprawa s’est montrée fructueuse et j’espère qu’elle me rachètera un peu aux yeux de mes compagnons. Et de Kol. Le Jedi Rhysode a semblé surpris de retrouver une datacarte dans son aile-X. Mais je n'avais pas le temps de la lui donner en personne. Toprawa est assez éloignée de Naboo, notre camp de base, et ma mise à prix ne facilite pas vraiment mes déplacements en ville. La présence de Ganner Rhysode était déjà une aubaine : il fait partie de l’Ordre Jedi mais n’est pas un proche de Maître Skywalker. Il gardera cette information pour lui et Kyp Durron et son escadron agiront par eux-mêmes. Cela dit, Rhysode a parfaitement mené les opérations d'évacuation : la planète menace de tomber aux mains des Vong très bientôt puisqu’elle borde le couloir d’invasion. A croire que Maître Skywalker a encore un peu d'autorité sur Maître Durron et ses Apôtres.


Kubindi

Le cercle bleu de l'étoile arrosant fréquemment Kubindi de ses puissantes éruptions solaires se détachait sur le noir de l'espace profond de la Bordure Extérieure. Une myriade de vaisseaux de toutes tailles et de toutes classes orbitait mais ne semblait pas vouloir quitter le système. A quelques milliers de kilomètres attendait patiemment une flottille Yuuzhan Vong, le corail froid des coques des navires dérivant lentement en direction de la planète, la démonstration de l'implacable puissance de l'envahisseur.
Comment une espèce maîtrisant la génétique pouvait utiliser de la combustion artificielle ? Ces vaisseaux d'infidèles...
Le lieutenant Mujmai Iinan se tourna vers son tacticien.
— De quelles forces disposent les infidèles ?
— Un escadron de chasseurs. La majorité des vaisseaux sont civils et cherchent à fuir l’emprise de nos basals dovins.
Iinan sourit de ses dents jaunies et acérées. Tsavong Lah a surestimé les infidèles. Une planète bientôt libérée des abominations peuplant cette galaxie. Bien, un seul de mes deux puissants croiseurs matalok suffira.
— Que le Lésion Divine reste en arrière et détruise tout vaisseau qui passera notre barrage. Et que les coraux skippers décollent, dit-il. La moitié d'entre eux.
— La moitié ?
Le silence d’Iinan sembla assez équivoque pour que le tacticien lance une série d'ordres depuis les villips de sa station de communication organique.
Yun-Yuuzhan a payé de son corps pour créer l'univers, peut-être la moitié de son corps aurait-elle suffit.

Quatorze chasseurs dépareillés surgirent de l'hyperespace derrière la face cachée de Kubindi. Si les informations qu'avait reçues Kyp Durron étaient correctes, les Yuuzhan Vong attaqueraient sous peu la flotte de réfugiés Kubaz qui évacuait la planète. Dans quelques minutes, ils seraient à portée des senseurs Yuuzhan Vong et ils devraient repousser leurs assauts jusqu'à ce que la flottille fuie. Dans quelques heures, ils auraient vaincu, comme toujours. Kyp Durron s'était lancé tête baissée dans cette opération de sauvetage. La datacarte que Ganner Rhysode avait récupérée lors d'une mission d’évacuation sur Toprawa était assez complète pour être un piège et assez incomplète pour être désespérée. Si seulement ils avaient pu identifier l'homme l'ayant glissé dans l'aile-X de Ganner alors qu'il marchandait un stock de torpilles à protons avec un contrebandier local, ils auraient pu décider de la marche à suivre. Mais tel n'était pas le cas. Alors Kyp s'était fié à son instinct.
— Et heureusement, nous avons pu acheter ces torpilles à protons ! fanfaronna le comlink de Kyp. Ganner. Kyp sourit.
— Effectivement, elles risquent de nous servir, dit-il en fronçant les sourcils. Je vois deux croiseurs et vingt-quatre coraux skippers sur mon écran tactique. (Kyp passa sur la fréquence de l'escadron.) Nul besoin de vous dire que ça ne va pas être une franche partie de rigolade, nous avons tous les mêmes informations sur nos écrans. Ne perdons pas de temps...
— Maître Durron ? Le deuxième croiseur ne semble pas vouloir s'en mêler pour l'instant et son escadron de skips n'a pas décollé. Je suggère que nous attendions que les assaillants soient assez éloignés de ce croiseur. Nous les détruisons, et les Kubaz fuient tandis que nous retenons le deuxième croiseur. Si nous attaquons maintenant, nous aurons deux croiseurs à combattre, en même temps.
Yara était dans l'escadron depuis un an maintenant, et Kyp serait toujours surpris de sa vivacité d'esprit. L’idée était bonne mais attendre mettait en danger les réfugiés Kubaz : un timing raté et les civils auraient à encaisser le feu ennemi. De lourdes pertes seraient alors inéluctables et en temps de paix Kyp ne l'aurait pas toléré. Mais les Yuuzhan Vong étaient le mal et leur fin justifiait les moyens qu'il utilisait pour y parvenir. Il s’immergea un peu plus dans le flot de la Force, sentant chaque parcelle de son corps apaisée et éveillée.
— Ok, Yara. Apôtres, restez sur vos positions. On ne bouge pas de la face cachée tant que le croiseur des Vong n’a pas engagé les forces Républicaines.
Un sourire se dessina sur ses lèvres immédiatement après avoir prononcé cet ordre. Kyp avait dû abandonner le nom de l’escadron « Apôtres de la Vengeance » suite aux nombreuses et incessantes récriminations de Luke sur ses agissements en général et cette dénomination en particulier. Sa connotation agressive n’était pas du goût du chef des Jedi. Mais la vengeance est un sentiment qui mène au Côté Obscur seulement lorsqu’elle n’était pas maîtrisée ou qu’elle était dirigée vers des innocents. Kyp utilisait son sentiment de vengeance de manière détachée et désintéressée pour le rediriger vers les malfrats en tout genre, les voleurs de pacotille, les contrebandiers minables qui écumaient et parasitaient la galaxie : des fripouilles se soustrayant aux lois les plus élémentaires dans un but profondément et essentiellement égoïste. Leurs agissements étaient inéluctablement la cause de bien des souffrances pour autrui : l’écrasante majorité des habitants de cette galaxie travaillait légalement — dans des conditions plus ou moins acceptables — avait une famille, élevait leurs enfants, aspirait simplement au bonheur. Que leur restaient-ils lorsqu’un de ces délinquants leur enlevaient le plus simple des droits ? Les Yuuzhan Vong n’étaient que la suite logique de ce monde de violence, une race pervertie et sadique, tellement cruelle que toute humanité semblait avoir quitté leur culture. Les Yuuzhan Vong étaient la quintessence du mal et Kyp ferait tout ce qui est en son pouvoir pour les arrêter. Y compris renommer son escadron « Les Douze de Kyp » pour calmer les ardeurs de Luke et garder toute sa marge de manœuvre. L’esprit de ses Apôtres n’avait pas changé et la bataille qui s’annonçait prouverait une fois de plus que Kyp avait raison, pendant que Luke brassait de l’air sur Coruscant en emportant dans sa passivité les deux tiers de l’Ordre Jedi.
A cet instant Kyp fut animé d’un enthousiasme débordant, la joie d’aller au combat que seuls les guerriers peuvent expérimenter. Aucune colère, il était juste joyeux.
Oui… Je vais montrer à Luke comment on botte le derrière d’un Vong.
— Douze, en formation d’attaque ! Il me semble que le moment est venu de faire de la soupe de crabe, fanfaronna Kyp.
Il enclencha la manette des gaz et son aile-X de précipita vers la face éclairée de Kubindi où les Vong étaient à un souffle d’ouvrir le feu sur la flotte des réfugiés. Les forces de défense planétaires étaient héroïques mais bien trop réduites pour espérer repousser un croiseur Yuuzhan Vong. La Nouvelle République faisait encore une démonstration d’incompétence militaire flagrante et la situation ne s’arrangerait certainement pas à mesure que les erreurs se multiplieraient, les meilleurs soldats mourraient et la puissance de la flotte diminuerait. Jusqu’à ce que les Yuuzhan Vong atteignent le noyau. Kyp espérait que les troupes Républicaines se réveilleraient avant que les Vong n’aient atteint Coruscant. Les quelques clicks les séparant de la flottille auraient vite fait d’être avalés par l’escadron qui se lançait affamé sur les envahisseurs.
— Ganner ! Cora ! Prenez vos escadrilles et rejoignez les défenseurs de la planète. A deux contre un il risque de ne plus en rester beaucoup d’ici peu. Jake, toi et ton escadrille venez avec moi ! On va voir si ces torpilles à proton torpillent correctement.
Ses deux lieutenants eurent à peine le temps d’acquiescer et de relayer leurs ordres qu’ils étaient déjà dans la mêlée. Yara le couvrait sur son flanc gauche, particulièrement vulnérable si le deuxième croiseur matalok venait à lancer ses coraux skippers avant qu’ils n’aient fait sauter le premier. Il leur fallait aller très vite, ils n’avaient que quelques minutes.
Néanmoins ils avaient également l’avantage de la surprise. Sur son écran de contrôle, les skips et l’escadrille de Ganner étaient indissociables, engagés dans une lutte sans merci dont Kyp ne doutait pas que Ganner sortirait vainqueur. En attendant, cinq skips lui fonçaient droit dessus. Kyp coupa ses propulseurs principaux, inversa la poussée et effectua un piqué qui l’écrasa au fond de son siège, lui coupant momentanément la respiration. Au même moment, Yara et Znorik se débarassèrent aisément des deux skips aux extrémités de la formation qui avaient choisi un angle d’attaque idiot, préférant converger sur Kyp plutôt que ses ailiers. Voilà un défaut à utiliser plus souvent contre eux, songea-t-il. Evidemment, dès lors qu’ils sont en supériorité numérique et croient avoir bataille gagnée ils pensent tous à tuer le leader pour la gloire en oubliant quelques règles essentielles de combat spatial… Imbéciles…
La voix dégagée, les trois Yuuzhan Vong restant eurent tout juste le temps de se dire qu’ils pouvaient désormais prendre l’escadrille de Kyp à revers et les éliminer, avant que Jake et ses coéquipiers ne jaillissent des débris de leurs infortunés camarades, en plein sur leur flanc.
Sept secondes plus tard et trois coraux skippers en moins, les six ailes-X étaient face au croiseur Yuuzhan Vong. Ce dernier crachait tellement de boules de plasma qu’il semblait devenir encore plus cramoisi, à la limite de l’implosion. Comme un être vivant suffoquant et agitant désespérément les bras alors qu’il se noie, comme un animal piégé jetant toutes ses dernières forces dans une bataille qu’il savait perdue.
Sur ce point, ce n’était pas faux.
— Torpilles… Maintenant ! cria-t-il.
Douze torpilles à proton convergèrent vers le croiseur et explosèrent avec fracas sur son flanc. Une ouverture — une plaie — béante laissait maintenant échapper du matériel biologique et des corps de Yuuzhan Vong tandis que le croiseur se coupait en deux. Il pouvait certainement continuer le combat mais il ne pouvait plus retenir les réfugiés. Il songea que l’autre croiseur devait certainement se rapprocher maintenant que le contact avec le premier avait été perdu. Si la flotte de réfugiés semblait sauve ce n’était pas le cas de son escadron. Le second croiseur était trop loin pour que ses basals dovins soient d’un quelconque effet mais l’essaim de coraux skippers qu’il avait lancé serait sur eux dans une minute.
— Ganner, laisse Cora finir le travail et viens avec nous gagner un peu de temps aux réfugiés.
Kyp bascula son comlink sur une large gamme de fréquence, afin d’être sûr que les réfugiés l’entendaient. Certains des cargos en orbite autour de Kubindi commençaient à se déplacer, mais leur demander de fuir rapidement ferait accélérer le processus.
— A tous les réfugiés de Kubindi ! Ici Kyp Durron, Maître Jedi et Commandant des Douze de Kyp. Nous retiendrons ces coraux skippers le temps qu’il faudra. Les Vong ne peuvent plus rien vous faire alors je vous suggère de déguerpir rapidement. Et maintenant.

La dernière aile-X des défenseurs de Kubindi sauta dans l’hyperespace tandis que le croiseur Supplicié plongeait dans l‘atmosphère. Les coraux skippers de la deuxième vague revenaient impuissant vers le Lésion Divine. Mujmai Iinan avait sous-estimé ses adversaires. Il savait que cela lui coûterait la vie. Une fureur noire monta dans ses entrailles et Mujmai Iinan abattit violemment son poing sur le villip du chef d’escadrille. Une douleur délicieusement intense courait maintenant le long de son bras et remontait jusqu’à son épaule, puis sa mâchoire. Une irrésistible envie d’hurler le prit à la gorge, mais chaque Yuuzhan Vong avait appris à résister à l’irrésistible. Il s’était certainement cassé le poignet. Il se retourna vers son tacticien et lança :
— Apportez m’en un autre. Je dois joindre Tsavong Lah.

New Plympto

Deux Twi’leks surgirent de l’espace d’embarquement du spatioport encombré, une frénésie largement favorisée par l’avancée de la flotte Yuuzhan Vong qui menaçait Duro et se rapprochait inexorablement de la planète mère des Nosauriens. Les femmes et les enfants, des familles entières fuyaient vers les planètes encore sûres de la Route Corellienne. De nombreux regards se tournaient vers les deux Twi’leks à la plastique presque parfaite : les sœurs Jedi Numa et Alema Rar suscitaient bien des convoitises chez les hommes et la jalousie non-dissimulée des femmes. La situation ne déplaisait jamais à Alema même si elle dut reconnaître qu’elle préférait les humanoïdes aux Nosauriens.
Cependant, son potentiel séduction n’était pas à l’ordre du jour. Kyp Durron avait chargé les sœurs Rar de fomenter la résistance de New Plympto et Alema ne cachait pas qu’elle préférait obéir aux ordres de Maître Durron plutôt qu’à ceux de Maître Skywalker : il était largement temps d’agir. Les Nosauriens étaient un peuple de reptiloïdes courageux qui avaient beaucoup souffert de leur engagement lors de la Guerre des Clones. Alema était persuadée que leur esprit de guerriers était conservé et la sénatrice Malori en était la preuve vivante. Lassée de devoir s’escrimer au Sénat de Coruscant sans espoir que Fey’lya daigne envoyer une flotte défendre sa planète, Malori avait rejoint New Plympto et réunissait alliés, argent et armes afin de repousser les Yuuzhan Vong. Elle avait également appelé à la rescousse son ami Kyp Durron qui avait lui-même mandaté Alema et Numa Rar pour conduire les quatre cargos d’armement à New Plympto et aider Malori à repousser l’envahisseur.
Les deux sœurs n’avaient pas pris la peine de dissimuler leur arrivée. Les opposants de Malori et les collaborateurs étaient rares sur New Plympto et la sénatrice opérait au grand jour. Il leur suffisait de rejoindre le quartier général à quelques encablures du spatioport. Les Yuuzhan Vong pouvaient venir, Malori et New Plympto les attendaient fermement.

Ainsi donc c’était vrai. Cette satané Malori a réussi à faire venir des Jedi, pesta U’lik. La tâche qu’il devait accomplir était déjà bien assez compliquée : l’influence de ses Brigades de la Paix était limitée et aucun de ses hommes n’était à même de pouvoir affronter un Jedi. L’espion qui les avait repérées au spatioport était paniqué par leur seule vue, pourtant bien agréable sur les holos qu’il avait rapportés. Un affrontement frontal avec les troupes de Malori n’était pas envisageable — encore moins maintenant que ces Jedi trainaient dans les parages — pourtant U’lik devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter la prise de la planète, du moins tels étaient ses ordres.
Satanés Jedi ! U'lik détestait leur mysticité non-dissimulée et leur arrogance aveugle qui leur faisait croire que tous les problèmes de la galaxie étaient solvables à grand renfort d'idéaux dépassés. Il ne comprenait pas leur détachement paisible assumé et supportait encore moins leur ascétisme. Le nerf de la guerre restait l’argent. Tout être sensé aime l'argent. Et puisque les Yuuzhan Vong avaient tous les crédits de la galaxie, U’lik devait trouver un moyen sûr de se débarrasser de la Sénatrice, véritable colonne vertébrale du Mouvement du Courage sans laquelle il s’effondrerait. Et si U’lik parvenait à livrer deux Jedi aux Yuuzhan Vong cela lui garantirait peut être une retraite paisible. Il en doutait, mais ça valait le coup d’essayer.
U’lik enclencha le bouton poussoir de sa console Holonet et entra les coordonnées de son contact. Les quelques dizaines de milliers de crédits proposés devraient suffire à recruter la meilleure. Le bruit courait que Boba Fett avait repris du service. Jusqu’à ce que cette information soit confirmée, ce boulot était un boulot pour Ailyn Vel.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:19   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE III
Nul Humain n’est Surhumain


Tri’kor Vorrik — Rapport quotidien

Les archives de la bibliothèque d’Obroa-Skai sont une mine d’information presque inépuisable pour nos services de renseignement. La plupart de nos frères n’osent pas poser leurs mains sur les consoles inertes, mais il faut bien avouer qu’elles rendent la recherche de documentation plus aisée que nos qasha. Les renseignements que j’avais glanés sur Toprawa il y a deux ans décrivaient une planète meurtrie, au paysage politique aisément destructible. Une cible de choix pour mes missions. Mais je n’avais pas réalisé à quel point l’histoire de Toprawa est héroïque pour les habitants de cette galaxie tant son aide à l’Alliance Rebelle fut précieuse. Et surtout, je n’avais pas noté ce mandat d’arrestation émanant du gouvernement juste après l’incident. Eve Lane… Mes espions ne mettront pas longtemps à la retrouver. A les retrouver. Je tiens ma vengeance.


Coruscant

Tyria Sarkin Tainer détestait Coruscant. Elle finissait par s’en accommoder, mais la vue des gigantesques tours de duracier dont les fondations se perdaient dans les abysses des plus bas niveaux la mettaient mal à l’aise : probablement une résurgence de la crainte que ce nom lui inspirait lorsque l’Empire l’occupait encore. Un Empire qui avait tué l’ensemble de sa famille et réduit sa planète à un stade préindustriel alors qu’elle n’était qu’adolescente. Pour ajouter à son agacement, elle détestait laisser son fils Doran sans sa protection, surtout depuis le début de l’invasion Yuuzhan Vong. Yavin 4 finirait par être menacée, c’était juste une question de temps.
Je ne devrais pas être là, se dit-elle.
Elle n’avait pas pu refuser la requête de Maître Skywalker. Tout juste après lui avoir attribué le titre de Chevalier Jedi, il lui avait donné une mission. Une mission qui incluait quelques responsabilités, dont celle de venir faire un rapport trimestriel sur l’avancée du projet au Temple Jedi. Mais cette fois, cette convocation était exceptionnelle. Tyria descendit la rampe du transporteur qu’elle avait emprunté pour faire le voyage depuis Yavin 4. Elle était vêtue simplement mais élégamment, son pantalon serré mettant nettement en valeur ses formes que ni le temps, ni sa grossesse n’avait altérées. Sa chevelure blonde n’était plus vraiment naturelle mais son apparence générale en faisant encore une belle femme, mince, les traits réguliers et le visage expressif. Elle souleva son paquetage dans lequel elle avait caché son sabrelaser — il ne faisait pas bon être un Jedi quelques heures seulement après l’échec du Vote d’Apaisement — et héla un airtaxi.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Tyria arriva au Temple Jedi où Maître Skywalker — accompagné de Tresina Lobi —l’attendait en souriant. Tyria savait que l’homme n’était pas aussi détendu qu’il le montrait. Au ton de sa voix lorsqu’il l’avait appelée quelques minutes après la fin de la session du Sénat elle avait tout de suite su que l’épisode l’avait secoué et que l’état de santé de sa propre femme et maintenant de Leia le préoccupait. Si Skywalker avait eu un moment de faiblesse il n’en laissait rien paraître maintenant, une aura de tranquillité et de sagesse émanait naturellement de sa personne.
Arrivée sur le parvis de l’imposant édifice elle s’inclina respectueusement.
— Maître Skywalker. Maître Lobi.
— Bienvenue Tyria, répondit cette dernière.
— Allons-y, dit Luke en lui faisant signe de monter les escaliers. Nous avons à parler. Le Sénat s’est suffisamment agité cette semaine pour nous laisser un peu de repos. Et de temps. Tresina, peux-tu nous laisser s’il te plait ?
Maître Lobi acquiesça d’un hochement de tête et tourna les talons, s’éloignant silencieusement. Luke posa son regard bleu profond sur Tyria.
— J’ai entendu dire qu’une de tes équipes avait eu quelques soucis.
Ah, nous y voilà… L’avait-il seulement convoquée pour lui faire des remontrances ? Après tout, l’état de santé de l’Ordre Jedi était presque aussi inquiétant que l’état de santé de sa femme et de sa sœur. Il semblerait logique que Maître Skywalker désire que ses troupes soient disciplinées. Mais cette convocation ne lui ressemblait pas.
— Leur décision a été la bonne, Maître Skywalker. Ils…
— Je ne te demande pas de justifier leurs actions. Je te fais confiance pour discipliner tes unités, je ne suis moi-même pas vraiment capable de discipliner Maître Durron, ironisa-t-il. L’incident sur Toprawa est passé quasiment inaperçu sur l’Holonet il y a deux ans. Je me suis intéressé de plus près à ces événements uniquement car je savais que l’unité Tharen s’y trouvait. Mais sans le mandat d’arrêt gouvernemental il est fort probable que je n’eus jamais été au courant car tu ne comptais pas m’en parler. (Il se tourna vers elle.) N’est-ce pas ?
Tyria ne put cacher sa confusion. Décidément, Maître Skywalker semblait bien omniscient parfois.
— Oui, enfin non… balbutia-t-elle. C'est-à-dire que… Si vous aviez eu besoin de me récriminer vous l’auriez fait il y a deux ans. Vous devez certainement avoir mieux à faire que de régler cette vieille histoire.
— Très juste. Vois-tu Tyria, soupira-t-il, mon Ordre Jedi souffre, chaque jour un peu plus diminué, chaque jour un peu plus bafoué, chaque jour un peu plus discrédité. Nos adversaires se multiplient et ne se réduisent même plus aux Yuuzhan Vong. A l’heure actuelle mieux vaut partir en vacances chez des impériaux conservateurs à Bastion plutôt que d’aller boire un verre dans les quartiers chics de Coruscant. L’étau des Vong se resserre, les gens sont effrayés et trouvent le bouc-émissaire le plus évident. A terme il devient presque certain que nous devrons quitter Coruscant.
Luke Skywalker marqua un temps d’arrêt avant d’admettre :
— Sous peu l’Académie de Yavin 4 sera menacée, dit-il d’un air sombre.
Tyria éprouva une sensation de soulagement intense. Maître Skywalker semblait plus au fait que jamais des dangers qui guettaient les Jedi et le Praexum.
— Tant que les Maîtres sur place maintiennent l’illusion, nos aspirants sont saufs, répondit-elle sans grande conviction en pensant à Doran.
— Bien entendu, dit Luke. Mais il nous faut commencer à penser à l’évacuation…
— Mes unités sont prêtes Maître Skywalker, coupa-t-elle.
Après cinq années d’entraînement Tyria en était persuadée et ces deux dernières années, l’unité Tharen avait prouvé qu’elle était opérationnelle.
— Mais je ne t’ai pas fais venir pour ça, finit-il. L’ensemble des Jedi est en danger. Il leur faut des refuges, des routes sûres, des réseaux de résistance fiables et actifs. Une rivière calme qui les amènerait à bon port. J’ai chargé Yan et Leia de construire cette « Grande Rivière » mais ils ont besoin d’un support logistique. Mes Jedi sont trop éparpillés — quand ils ne sont pas pourchassés — pour leur apporter un quelconque soutien.
Luke lui adressa un sourire mélancolique.
— Il est temps d’activer tes équipes.
— Il fallait bien que ça arrive un jour, dit-elle.
— J’aurais souhaité qu’il n’arrive jamais, murmura-t-il en s’éloignant. Yan t’attends au Centre Médical Civil : il te donnera les instructions, et Leia serait ravie d’avoir de la visite…


Obroa-Skai

Vorrik marchait doucement vers son damutek, goûtant le calme et la fraîcheur de la nuit tombante. Les rues de la capitale avaient été nettoyées il y a déjà un klekket et ses habitants réduits en esclavage. Les plus courageux d’entre eux avaient eu le droit à une mort digne, envoyés dans le soleil du système. Les rues désertes lui procuraient un sentiment de liberté largement renforcé par le plaisir qu’il éprouvait à ne pas revêtir le grimage ooglith de Vorr, le personnage humain qu’il utilisait en infiltration. Vorrik était grand — même pour un Yuuzhan Vong — et son crâne ne comportait presque plus de peau, les multiples tatouages rituels et cicatrices l’ayant recouverte depuis des années. Le garde posté à l’entrée du damutek lui fit un signe de tête respectueux alors qu’il passait. Même si Tri’kor était de la caste des intendants, la caste de Yun-Harla, la majeure partie des guerriers respectait son nom car le domaine Vorrik avait accouché de maints grands guerriers, le dernier en date était Commandant Suprême de l’une des flottes d’invasion, son cousin B’shith Vorrik. Quelques enjambées plus loin, le Yuuzhan Vong pénétra dans ses quartiers. La sobriété de son compartiment était à l’image de sa rigueur et de son abnégation et de la totale dévotion qu’il accordait à sa mission, à son travail. Il n’y avait pas de place pour autre chose dans sa vie, d’ailleurs Tri’kor n’avait jamais eu de compagne et il doutait qu’il en ait une un jour.
Il s’approcha de la boule organique qui s’était recroquevillé dans le coin opposé de sa chambre et caressa son excroissance. Quelques secondes plus tard le visage tuméfié de scarifications récentes de Kral Qalu apparut.
— Exécuteur Vorrik ?
— Eve Lane. Femelle humaine. Dernière apparition à Toprawa il y a deux années, dans le calendrier infidèle. Trouve la, suis-la et rapporte moi tous ses faits et geste.
— Il sera selon vos désirs, Exécuteur.
Tri’kor hocha la tête et le villip retrouva sa forme initiale.
Depuis deux ans, il ruminait son échec à Toprawa. La culture Yuuzhan Vong abhorrait l’échec et le sanctionnait systématiquement. Vingt-quatre heures dans l’Etreinte de la Douleur le lui avait fait comprendre : il s’était infligé lui-même l'exquise communion avec le sacrifice originel de ses Dieux pour se rappeler son seul et unique échec en mission d’infiltration. Tri’kor Vorrik avait allumé des feux destructeurs sur de nombreuses planètes sans qu’il ne soit découvert, ni lui, ni même son alias humain Vorr. L’excellence de son travail en faisait l’Exécuteur le plus respecté après Nom Anor, nul humain n’aurait pu percer à jour ses machinations à Toprawa, à moins qu’il ne soit surhumain.
Surhumain… Oui… réalisa-t-il.
Tri’kor sortit en trombe de son damutek et courut à travers les longs couloirs. Surhumain… La porte du damutek franchie, il faillit renverser la sentinelle postée à l’entrée. L’Exécuteur avala la centaine de mètres qui le séparait de la Bibliothèque, se précipita à l’intérieur et s’assit devant la première console qu’il trouva. Surhumain… La bibliothèque était quasiment vide à cette heure tardive, seuls quelques prêtres zélés prolongeaient leur journée de travail. Sans hésitation Vorrik tapa JEDI et EVE LANE. L’infidèle devait certainement être une Jeedai. Ces vermines étaient capables de bien des prouesses. Si seulement leur chef — ce Skywalker — n’était pas un couard, ils auraient pu poser beaucoup de problèmes aux Yuuzhan Vong. Certains Jeedai ne se privaient d’ailleurs pas pour désobéir à leur supérieur, ce qui constituait une attitude peu compréhensible pour un Yuuzhan Vong. Tri’kor se demanda comment il réagirait si son supérieur lui donnait des ordres de couard. Le clignotement de la recherche terminée le tira de ses pensées.
AUCUN RESULTAT. VEUILLEZ REFORMULER VOTRE RECHERCHE.
Tri’kor jura en silence et s’adossa à son siège, réfléchissant toujours. Eve Lane ne faisait pas partie des Jeedai connus de l’Ordre actuel. Peut-être n’était-elle pas dans les archives pour des raisons qu’il ignorait. Non, cela ne collait pas, il devrait certainement admettre qu’un humain puisse déjouer ses plans. Il se ressaisit et tenta de croiser les résultats des mots JEDI et TOPRAWA.
TYRIA SARKIN
Le Yuuzhan Vong parcourut rapidement la brève description de cette Tyria Sarkin. Il était simplement mentionné son appartenance à l’Ordre Jedi de Skywalker, l’année et le lieu de sa naissance : Toprawa. Rien n’indiquait qu’elle puisse avoir un quelconque rapport avec Eve Lane, à moins que ce soit un pseudonyme. D’autant plus qu’Eve Lane n’avait pas refait surface depuis deux ans, tandis que les qasha des services de renseignements du Seigneur Suprême listaient de nombreux Jeedai en activité dont Tyria Sarkin. Cependant, les descriptions physiques grossières du qasha et du mandat d’arrêt de Lane ne concordaient pas du tout, et en particulier leur taille respective. Nul déguisement ne pouvait modifier la taille d’un humain. Il décida donc d’abandonner la piste du pseudonyme et revint à son moniteur.
Les résultats spontanément affichés concernaient les vingt dernières années, le reste était archivé dans les énormes serveurs des banques de données enterrés treize niveaux en dessous de l’espace de consultation. Tri’kor savait que l’Ordre Jedi de Luke Skywalker était beaucoup plus jeune que les données archivées et que l’Ordre Jedi de l’Ancienne République avait été décimées il y a plus de quarante ans. Eve Lane était bien trop jeune pour être l’un de ces Jeedai, si bien que Tri’kor ne s’attendait pas vraiment à trouver une information valable.
AFFICHER LES RESULTATS DES ARCHIVES ?
Certainement l’histoire lugubre de la Grande Purge qui a fait escale à Toprawa… se dit-il en répondant OUI sans grande conviction.
Trois secondes s’écoulèrent avant que ses yeux ne s’écarquillent à mesure que les résultats s’affichaient par dizaines. Les renvois vers d’autres planètes ou d’autres évènements étaient innombrables. Mais la première correspondance le frappa instantanément. Enfin… Après deux ans d’attente il tenait la vérité.
— Bien sûr… murmura-t-il.
L’Exécuteur sourit et s’adossa à nouveau sur sa chaise. Mais cette fois il ne jurait pas… Il riait.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:29   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE IV
Un Crabe dans la Nacelle


Réactivation effective.
Vos instructions suivront dans les prochaines heures. Voici vos affectations :
Unité Tharen — Talfaglio
Unité Timpel — Atzerri
Unité Sarkin — Yinchorr
Unité Kaskutal — Teyr

Message crypté de Tyria Sarkin à ses chefs d’unité.


Naboo — Une semaine standard après le Vote d’Apaisement

L’infinie beauté de la planète Naboo était renommée et connue à travers toute la galaxie. Les hauts bâtiments aux corniches ciselées de Theed surplombaient les canaux, les cascades et les innombrables jardins fleurissant de la capitale. L’architecture et l’urbanisme semblait en parfait accord avec la nature — aux yeux de la majorité des espèces — et les artisans, les orfèvres et les artistes laissaient champ libre à leur créativité. La stabilité politique et sociale de la planète ne fut que peu perturbée et si l’on excepte le blocus imposé par la Fédération du Commerce il y a cinquante ans, la population de Naboo connaissait un calme, une longévité et une cohérence que seule Alderaan aurait pu lui envier avant qu’elle ne soit détruite. Depuis la Guerre des Clones les humains et les Gungans avaient même cessé de s’ignorer, l’entente était parfaite. L’ironie du sort avait une fois de plus frappé lorsque la planète accoucha du plus tyrannique des Sith : l’Empereur Palpatine.
A l’instar d’une fleur éclose éclatante et colorée poussant sur un tas de matières en décomposition, la beauté naissait souvent de la crasse, du sale. Pourquoi le contraire ne serait-il pas possible ? Les fleurs finissaient toujours par se faner, dépérir, mourir et… pourrir. Pour les Yuuzhan Vong en général et Kral Qalu en particulier, toute chose créée par Yun-Yuuzhan était destinée à mourir : la vie n’était que le passage obligé vers la mort, un parcours de souffrance, un chemin d’initiation à l’au-delà. Les infidèles avaient perverti la Vérité en créant leurs machines — une pâle copie des être vivants — qui ne mourraient jamais, du moins pas au sens biologique du terme. Elles étaient une insulte au sacrifice de Yun-Yuuzhan.
Kral Qalu avait passé deux jours à interroger des esclaves de Toprawa qui connaissaient Eve Lane et il avait fini par retrouver sa piste grâce à une de ses amies d’enfance, une Twi’lek nommée Lotja à qui il avait du couper les lekkus pour qu’elle lui dise depuis quelle planète Eve lui donnait parfois de ses nouvelles. Kral Qalu devait bien admettre que certaines humanoïdes de cette galaxie ne le laissaient pas indifférent, Lotja faisait partie de cette catégorie. Elégante et fine malgré les mois de travail forcé, elle devait être tout particulièrement belle pour les membres de son espèce. Du moins lorsqu’elle avait ses lekkus et qu’elle n’était pas agitée de spasmes tandis que son sang s’écoulait sur le corail froid du vaisseau esclave tandis que ses forces l’abandonnaient. Lane brouillait les pistes même pour joindre ses amis et Lotja n’avait pu lui donner que le nom de secteurs dans lesquels Lane était susceptible de se trouver. En recoupant avec les derniers rapports d’activité de sabotage sur les lignes Yuuzhan Vong, à savoir Druckenwell, Tynna et Atzerri, Kral Qalu avait déduit que si Eve Lane et son unité avaient une base fixe — et depuis deux ans l’hypothèse était acceptable — elle devait se trouver sur Naboo. A présent, il lui suffisait juste de la trouver : une partie de plaisir. Kral Qalu était un pisteur, maître dans l’art de passer inaperçu et de récolter des informations, redoutable parmi ses pairs en combat singulier, il ne tarderait pas à les découvrir.
Le mandat d’arrestation concernait treize personnes, dont quatre femelles. S’ils avaient voyagé ensemble à un moment ou à un autre — ce qui fut certainement le cas lors de leur arrivée en catastrophe — il lui suffisait d’éplucher les archives des centrales de réservations des compagnies de transport desservant Naboo et celles du service des douanes. Son grimage Ooglith et sa fausse identité d’agent de la Corsec lui ouvrirait les portes qu’il désirait.
Kral Qalu se rendit au poste de contrôle du spatioport, situé en contrebas des couloirs de sortie qui débouchaient sur le grand hall des voyageurs. Le droïde d’accueil s’avança vers lui.
— Bonjour Monsieur. CD-X7 à votre service. Que désirez-vous ?
Le Yuuzhan Vong dut réprimer une envie violente de le fracasser contre le comptoir de l’accueil. Puis il songea que cette entrée en matière ne serait pas du plus bel effet. Il mit néanmoins tout le mépris qu’il lui était possible d’exprimer dans sa voix.
— Je désire m’entretenir avec le Chef de Service. Et que tu disparaisses de ma vue. Maintenant, siffla-t-il, en montrant son insigne de la Corsec.
Le droïde passa l’ordre en silence et quelques secondes plus tard lui indiqua le deuxième couloir qui s’embranchait depuis la salle d’attente. Ensuite la direction du bureau était indiquée. Quelques encablures plus loin, Kral frappait à la légère porte en bois ouvragé du bureau. Au moins, ça change du duracier…

— Un agent de la Corsec ? La Garde Royale du Palais ne m’a communiqué aucun ordre de mission interplanétaire émanant de la Corsec, pesta Gheorg Drathis. Bon, faites le monter.
Gheorg Drathis éteignit son comlink. Il détestait l’imprévu. Drathis avait gravi les échelons des services policiers de Naboo un à un depuis qu’il avait choisi d’orienter sa carrière dans cette direction. Cela faisait maintenant vingt ans que ce qu’il prévoyait arrivait et depuis sa promotion, l’ensemble des activités des douanes avait été rationalisé et aucune défaillance n’avait été déplorée. En sus de cette visite impromptue qui venait troubler la quiétude de son agenda et de son après-midi, la présence d’un agent de la Corsec ne présageait rien de bon. Il était persuadé qu’aucun clandestin ni aucun délinquant n’était capable de passer son dispositif de sécurité, si bien que Drathis se tenait sur ses gardes, son blaster fixé sur le côté de sa cuisse, à portée de main. Il espérait que les Yuuzhan Vong n’étaient pas la cause de ce début de trouble : même si l’invasion épargnait encore cette partie de la galaxie, il avait vu les centaines de milliers de réfugiés qui s’entassaient sur des planètes à la limite de la viabilité. La galaxie devenait folle et ses habitants s’attaquaient même aux Jedi. Au lieu de se retourner contre leur principal atout, les politiciens feraient bien de mobiliser les ressources de toutes les planètes Républicaines pour contrer ces malades ! Drathis apporterait un soutien inconditionnel à l’Ordre Jedi et à tous ceux qui voulaient contrer la menace Vong.
— Entrez ! cria-t-il.
— Bonjour Monsieur. Kral Tarrik, agent de la Corsec, dit l’homme de grande taille et aux cheveux noirs épais.
— Bonjour. Que puis-je faire pour vous ? Je n’ai reçu aucune consigne ou notification à propos de votre présence sur Naboo, pourriez-vous m’éclaircir ?
— Je fais partie du service de contre-espionnage Corellien qui m’envoie d’urgence vous prévenir que nous avons remonté un réseau Yuuzhan Vong dont l’une des ramifications englobe Naboo.
— Bien. Dans ce cas-là prévenez la Garde Royale. Quant à nous, nous…
— C’est inutile, coupa Kral. Nos rapports d’activités poussent à croire qu’ils ont quitté la planète récemment. Je n’ai que quelques heures à consacrer à mon passage sur Naboo. Je sollicite juste l’accès aux archives des compagnies de voyageurs et des services des douanes.
— Rien que ça ? demanda-t-il en levant un sourcil.
Drathis avait toute confiance en ses archives. Si cette histoire de réseau d’espionnage Vong était vraie — et l’occupation récente de l’espace Hutt et de Tynna ne présageait rien de bon — autant qu’il laisse l’agent de la Corsec décortiquer les archives, car il ne voyait pas comment un groupuscule aurait pu échapper à ses contrôles. Surtout sur les grandes lignes voyageurs.
— Oui ce sera tout, j’ai juste besoin de découvrir leur destination.
La suspicion de Drathis monta d’un cran.
— Certes, certes… Vous avez votre autorisation.
Il tira une datacarte de son bureau et la tendit au Corellien.
— Voilà pour vous, premier sous sol, CD-X7 vous montrera le chemin.
— Merci, dit-il poliment. Je crois même pouvoir trouver sans lui.
L’homme se leva brusquement et sortit de la pièce sans un bruit. Drathis bascula instantanément sur l’écran vidéo qui lui relayait les images du couloir. L’homme s’éloignait tranquillement. Mais sans perdre de temps, Drathis se saisit de son comlink et appela son archiviste, une femme rompue à l’art du contre-espionnage qu’il avait recruté lui-même. Elle était venue proposer ses services il y a quelques mois et avait été plus qu’évasive lorsqu’il lui avait demandé où elle avait appris l’art du combat. Il ne connaissait pas grand-chose de la jeune femme, derrière ses airs enjoués, la rumeur circulait qu’elle restait seule à s’exercer chez elle et qu’elle ne sortait pas. A bien y réfléchir, se dit Drathis, il ne l’avait jamais vue essayer de se faire des amis, même ici aux douanes. Mais depuis trois mois elle avait eu l’occasion de montrer ses talents : des dizaines de contrebandiers dormaient dans les cellules de la Garde Royale. Encore une de ses petites améliorations qui avaient démultiplié l’efficacité de son service.
— Liana ? Je veux que tu me relaies instantanément et discrètement toutes les données qui s’afficheront sur le moniteur de ton prochain visiteur.
Ce dispositif était bien utile pour savoir ce que consultaient les rares privilégiés ayant accès à cette base de données dès lors que le motif ne lui semblait pas d’une cohérence à toute épreuve. Un groupuscule Yuuzhan Vong. Drathis connaissait un seul groupuscule sur Naboo, un groupe de contre-espionnage à la solde des Jedi qu’il avait aidé à quitter la planète en détournant une saisie de ses services de douanes. Treize ailes-A de contrebande avaient disparus des listings de confiscation. Drathis n’avait pas vraiment prévu d’aider des clandestins, mais une visite du Jedi Sarkin un an auparavant l’avait convaincu du bien fondé de son geste. L’unité Tharen avait ensuite récupéré les chasseurs stellaires sur Eriadu après avoir emprunté séparément les transports usuels. Il espérait seulement que Tarrik ne découvrirait pas cette anomalie, sans quoi Drathis perdrait certainement son job.
Les données commencèrent à défiler sur son moniteur. Tarrik naviguait sur des pages et des pages de listes de réservations pour des groupes. Devant le trop grand nombre de résultats il bascula sur la recherche avancée d’occurrence pour des groupes de treize personnes mais ne trouva rien de satisfaisant. L’écran de Drathis se noircit — Tarrik ne semblait pas avoir trouvé ce qu’il cherchait — et se ralluma. Drathis bondit sur sa chaise, cette fois-ci Tarrik consultait les vols en provenance de Toprawa, il y a plus de deux ans.
Oh, malin… Il ne s’intéresse pas à ma carrière, ni aux ailes-A. Ce type veut coincer l’unité Jedi. Au mieux c’est un agent de Toprawa qui leur court après depuis deux ans, au pire c’est un Yuuzhan Vong qui souhaite éliminer l’équipe qui a réussi à infiltrer leur réseau. Drathis aurait préféré la première solution, mais il en doutait fortement.
Il attrapa son comlink.
— Liana ? On a un crabe dans la nacelle.
— Je m’en doutais ! J’ai trouvé ce type plutôt mignon mais quel balai dans le cul ! Qui résisterait à mon charme ? Je sors l’épuisette ?
— Je ne veux pas prendre de risque Liana, dit-il. Je t’envoie une escouade. Tuez-le, de toute façon, il ne se rendra pas. Ces types sont des malades.

Kral Qalu était assez intelligent pour se rendre compte quand la situation tournait en sa défaveur. De toute manière, le pisteur Yuuzhan Vong avait accompli sa mission en localisant la résidence et le faux nom qu’utilisait Eve Lane sur Naboo. Il lui suffisait de transmettre l’information à Tri’kor Vorrik via le villip qu’il cachait dans son paquetage jusqu’à Druckenwell, le relai infidèle capturé le plus proche que les Yuuzhan Vong avaient reconfiguré pour leur propres services de renseignements. Les bruits de pas dans les escaliers au dessus de sa tête étaient inaudibles pour un humanoïde normalement constitué et l’hôtesse d’accueil semblait bien trop peu préoccupée par ce que faisait ou consultait Kral Qalu pour paraître naturelle. Son ouïe surdéveloppée par l’intervention douloureuse des modeleurs lui apprit ce qu’il avait besoin de savoir.
Six hommes.
Un beau défi pour le guerrier qu’il était.
Kral Qalu décida de pousser sa chance un peu plus loin. Il avait tout juste le temps de regarder si l’alias d’Eve Lane avait été récemment enregistré aux douanes.
Hier, en partance pour Eriadu. Il pianota rapidement sur le clavier de son comlink et le déposa sur sa console pendant qu’il transmettait l’information. Au même moment, la porte s’ouvrit dans un fracas de grenade sonique.
Kral Qalu se prépara à mourir.

Rapport d’activité d’un groupe de treize chasseurs stellaires de classe aile-A. Concordance des signatures gravifiques de saut hyperspatial : Talfaglio.
Message crypté des Brigades de la Paix d’Eriadu à Tri’kor Vorrik


Duro

Vorr jubilait. Eve Lane avait mis longtemps à dévoiler son jeu mais il avait fini par la percer à jour. Décidément ces Jeedai avaient bien des manières de surprendre les Yuuzhan Vong : Skywalker ne savait pas mener ses troupes au combat mais il savait se faire des alliés même lorsque les vents stellaires lui semblaient défavorables.
Nés d’une histoire d’amitié datant d’il y a plus de six cent ans entre un Jeedai de l’Ancienne République et un Gotal sensible à la Force, les Rangers Antariens avaient longtemps été les auxiliaires d’un Ordre Jedi parfois trop réduit pour assurer toutes les missions qui lui étaient conférées, et cela même à l’apogée de sa puissance. La dernière période d’activité des Rangers datait de la Guerre des Clones, période pendant laquelle leur nombre attint près d’un millier de membre. Comme les Jeedai, les Rangers avaient payé un lourd tribut lors des purges de Palpatine et étaient entrés dans la clandestinité. Il semblerait pourtant que ces Rangers soient de retour : Tyria Sarkin était l’une d’entre eux et Toprawa possédait une vaste histoire commune avec les Rangers. Tri’kor Vorrik espérait seulement qu’il n’était pas aussi nombreux que par le passé. Les Rangers étaient réputé être de grands guerriers, efficaces en discrétion, camouflage et infiltration.
L’équivalent de nos pisteurs Yuuzhan Vong, en quelque sorte, se dit Tri’kor, souriant à l’idée d’avoir envoyé le regretté Kral Qalu à la poursuite des Rangers : un combat de chefs.
Le Brema I vrombissait à mesure qu’il s’éloignait de la flotte Yuuzhan Vong. Les croiseurs matalok, les miid ro’ik, les corvettes et les transporteurs légers de l’infanterie attendaient sagement dans l’espace de sauter vers les mondes du Noyau, semblant attendre patiemment le moment opportun pour mieux jouer avec sa proie, comme un félin jokju de Dantooine.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Cosmokenobi » Sam 06 Mar 2010 - 19:35   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

C'est vraiment pas mal Gilad! J'ai eu un peu de mal à suivre au début (qui est qui exactement) mais avec une deuxième relecture tout rentre dans l'ordre :D

En tout cas j'ai hâte d'avoir la suite :jap:
Han Solo "Mais tout l'or du monde ne vaut pas ça"
Cosmokenobi
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1290
Enregistré le: 03 Fév 2006
Localisation: France
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:56   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE V
La Douleur Comme Seul Maître


New Plympto

La sénatrice Malori se passa une main sur le visage, essayant d’effacer les gouttes de sueur qui perlaient sur son front depuis une semaine et dégoulinaient de l’ensemble de son visage depuis quelques heures. Les nosauriens étaient la seule espèce reptilienne de la galaxie capable de suer. Elle garda ses doigts appuyés contre ses paupières, comme pour mieux réfléchir à la tactique la plus appropriée pour repousser la flotte Yuuzhan Vong. Avec une vieille plate-forme orbitale de défense Golan I, les cinq canons à ions planétaires, les quatre croiseurs Corelliens et les quatorze escadrons de chasseur à sa disposition elle pouvait repousser un assaut des Vong. Peut-être deux.
Ensuite ils mourraient tous. Une bonne partie de son peuple avait eu la présence d’envoyer leur famille au loin — sur Varonat ou Bespin — en dépensant les milliers de crédits que demandaient de tels voyages ou les droits d’installation sur les planètes saturés de réfugiés des Bordures Médiane et Extérieure. Le reste de son peuple mourrait en défendant la planète, au combat, sacrifié ou réduit en esclavage. Les Jedi avaient accepté de mener les troupes au combat, leur donnant un supplément d’âme et de cohésion.
Plus rien n’empêchait l’esprit de Malori de divaguer. Son père avait vu bien des atrocités pendant la Guerre Civile et Malori avait connue une jeunesse bercée de douceur, immergée dans l’intime conviction que la paix avec les Vestiges de l’Empire lui assurerait de ne jamais connaître la guerre et ses malheurs. La guerre était une chose, assister à l’exode et l’assassinat de son peuple en était une autre. Tout ce que Malori pouvait offrir était un joli feu d’artifice pour fêter ça.
Malori pressa le pad analogique de sa console de communication.
— Amiral Dogi, faites feu.
A des dizaines de milliers de kilomètres, dans la noirceur de l’espace, des centaines de rayons lumineux destructeurs, un mur de feu et de queue de torpilles à protons meurtrier s’élança vers la flotte Yuuzhan Vong en approche, projetant des débris de corail yorik et de duracier à mesure que les projectiles Nosauriens heurtaient les Yuuzhan Vong et que leurs puissants croiseurs crachaient sans discontinuer des boules de plasma. Au milieu de ce nuage de mort et désolation, de cette explosion de lumière et de feu, les chasseurs des défenseurs de la planète virevoltaient, poursuivis par des essaims assassins de coraux skippers.
Alema Rar avait découvert le miel sur le tard, son enfance triste et modeste ne lui ayant pas permis de découvrir le plaisir quasi-charnel du liquide sucré descendant le long de la gorge après avoir chatouillé le palet. Elle avait toujours trouvé fascinant que des êtres aussi répugnants que les abeilles soient capables de produire un tel délice. Les Yuuzhan Vong ne savaient même pas produire un tel délice. En ce sens, ils étaient largement plus comparables à des guêpes. Cette constatation était à la base de la stratégie que l’amiral Dogi et les sœurs Rar avaient mise sur pied.
Un joli feu d’artifice — trop loin pour faire assez de dégâts et assez loin pour garder une marge de manœuvre en ne s’empêtrant pas dans la flotte ennemie — pour énerver le nid de guêpes les ferait se précipiter vers l’origine du feu d’artifice : la station de défense Golan, surarmée. Les semaines précédant l’attaque, la station avait été chargée jusqu’à la moindre parcelle d’armes automatiques et d’explosifs. Puis d’autres explosifs. Et encore des explosifs. Les deux escadrons des sœurs Rar assignés à sa défense crédibilisaient l’appât.
Maintenant, la flotte Yuuzhan Vong s’avançait vers la planète martelant les boucliers des croiseurs Corelliens qui semblaient vouloir se réfugier derrière la plate-forme. Les boucliers de la station n’étaient pas au mieux tandis que les sœurs Rar et leur escadron faisaient des prouesses face aux nuées de coraux skippers qui descendaient un par un les chasseurs.
Alema avait déjà perdu son ailier tribord, elle emmena son chasseur dans une vrille déstabilisante pour venir se placer derrière un groupe de quatre coraux skippers. Avant qu’ils ne puissent tenter une manœuvre d’évasion, son ailier mitrailla le skip du milieu, envoyant des gerbes de feu endommager son partenaire qu’Alema se fit un plaisir d’achever. Sur sa console, Alema connaissait exactement l’état des boucliers de la station de défense.
50%
Une aile-X explosa devant elle et Alema poussa un juron. La moitié de son escadron s’était volatilisée mais il lui fallait encore tenir. Concentrant toute son énergie sur son pilotage elle se lança à nouveau à la poursuite d’un corail skipper isolé. Isolé ? Le chasseur Yuuzhan Vong tournoyait lentement, sans aucune logique, le pilote semblait mort et Alema décida de s’en désintéresser. La plate-forme crachait toujours sans discontinuer des torpilles, des bombes et des rayons laser, achetant un peu plus de temps à la retraite du reste de la flotte.
40%
Les Yuuzhan Vong intensifiaient le feu à mesure qu’ils perdaient du temps sur la flotte des défenseurs de New Plympto mais la plate-forme résistait magnifiquement, la situation deviendrait critique à dix pour cent. Alema appuya sur la détente et le corail yorik du skip qu’elle visait se mit à rougir. Le Yuuzhan Vong perdit le contrôle et tomba à pique… Avec le même vecteur que le skipper isolé qu’elle avait aperçu quelques secondes auparavant. La respiration d’Alema s’accéléra à mesure qu’elle vérifiait les données de ses senseurs.
— Par les os noirs de Palpatine ! jura-t-elle.
Une vingtaine de points dérivait lentement vers la plate-forme. Elle ouvrit le canal de son escadron et de celui de sa sœur :
— On déguerpit ! Maintenant !
— Alema ? demanda Numa. Il faut gagner plus de temps, les boucliers tiendront…
— Je ne donne pas cher des boucliers de la station lorsque les vingt trois kamikazes Yuuzhan Vong l’auront percutée… dans deux minutes.
— Je vois. On dégage.

— Madame, l’infanterie a repoussé l’attaque des Brigades de la Paix, dit l’officier de communication.
— Parfait, répondit-elle calmement.
Evidemment, ces couards de Brigadiers avaient eu l’audace de tenter une attaque sur les troupes du Mouvement du Courage et s’étaient faites décimées par le bataillon de Nosauriens fervents patriotes qui défendaient le quartier général et le Sénat planétaire. C’était la situation en orbite qui l’inquiétait plus : les deux escadrons des sœurs Rar s’étaient dégagés un peu trop tôt et Malori n’en comprenait pas la raison. La flotte était un peu trop près de la station Golan et devrait certainement essuyer quelques dégâts. Mais le moment était propice : par suite d’une vingtaine d’explosion de taille moyenne, le bouclier était tombé à huit pour cent. La flotte Vong, empêtrée près de la station virulente, ne s’en remettrait pas.
— Passez-moi la station de tir planétaire.
— Oui, Madame, répondit l’officier.
— Commandant Vofha, feu à volonté.
Cinq rayons ioniques convergèrent vers la plate-forme Golan remplie d’explosifs : la gigantesque explosion propulsa des gerbes de feu dans toutes les directions, dévorant avec avidité le corail yorik saignant. L’agonie de la station Golan laissa la flotte Vong en loques, des morceaux de vaisseaux plongeant vers l’atmosphère de New Plympto, pendant que d’autres navires en feu essayaient de regagner une orbite plus lointaine, rampant comme des limaces en surpoids.
Les boucliers des croiseurs Corellien avaient soufferts et deux d’entre eux seraient inutilisables. Cette bataille était d’ores et déjà gagnée, bien qu’elle ne fut pas tout à fait terminée.
— Amiral Dogi, nettoyez moi tout ça.
La sénatrice se rassit enfin, soulagée.
New Plympto vivrait encore quelques jours.

Alema sortit du cockpit de son aile-X, pressée d’aller se rafraîchir sous une bonne douche après avoir sué toute l’eau de son corps pendant la bataille. La promesse de la quiétude de son compartiment et de l’eau brûlante ruisselant sur ses lekkus, ses seins et son ventre la faisait presque fantasmer. Malheureusement, la Twi’lek dut se résoudre à laisser tomber ses rêves de douceur lorsque le commandant Vofha la héla depuis l’entrée du hangar.
— Maîtresse Rar ! La sénatrice Malori sollicite votre présence en salle de briefing, maintenant. Veuillez me suivre s’il vous plait, dit-il poliment mais fermement.
— Je suppose que je n’ai pas le choix…
Le Nosaurien lui fit un sourire carnassier et éclatant :
— Effectivement, Jedi Rar.
Alema lui rendit son sourire.
— Parfait ! Comme ça, tout le monde profitera de l’odeur…
Vofha l’escorta jusqu’à la salle de réunion où tous les commandants étaient déjà réunis. Malori avait un air grave malgré la victoire, plus grave qu’il n’aurait dû être.
— Sénatrice ? s’enquit-elle.
— La flotte Yuuzhan Vong attend juste à l’extérieur du système et les Brigades de la Paix ont réussi à saboter l’Holonet. C’est une question d’heures, peut-être de jours. Les Yuuzhan Vong risquent d’être prudents après cette défaite. Mais avec deux croiseurs et cinq canons à ions, la tâche est insurmontable. Notre seul devoir à présent est de s’occuper de l’intendance : évacuer les civils, soigner nos blessés, rassembler nos armes, nos équipements militaires et médicaux afin d’être prêt pour cette dernière attaque.
Malgré la victoire, la sénatrice semblait abattue. Les commandants restaient silencieux, bien conscients que la défaite finale était inévitable et reconnaissant la logique implacable des propos de leur dirigeant politique.
— Il faut prévenir Maître Durron, s’empressa Numa. Il peut nous fournir des armes rapidement.
— Sans relai Holonet la tâche est un peu difficile, dit Vofha. Mais nous pouvons envoyer quelqu’un, tant que la planète n’est pas sous blocus. Avec votre permission Madame la Sénatrice, je souhaiterais me porter volontaire pour cette mission. Talfaglio est proche et encore libre.
— J’espère qu’elle est encore libre. Mais nous n’avons plus vraiment le choix. Vofha, je vous ferai parvenir la datacarte à délivrer. Partez sur le champ.
— Que la Force soit avec vous, mumura Alema.
Le Nosaurien fit un bref salut militaire et un léger signe de tête aux sœurs Rar puis sortit de la pièce. La Sénatrice reprit la parole :
— U’lik et ses Brigades de la Paix ont parfaitement rempli leur mission. New Plympto n’est plus. Mais nous pouvons encore donner un peu de temps aux réfugiés. Les différents ministères et médias diffusent déjà les messages d’évacuation sur toutes les ondes possibles. Messieurs, je veux que chacun de vos hommes soit en état d’alerte maximale. Affectez en la moitié à la réparation des vaisseaux, récupérez tous les cuves à bacta civils, et veillez à ce qu’il n’y ait pas de bousculades dans les spatioports.
Malori parlait calmement mais la tension dans la pièce était palpable, les molécules de chagrin flottaient dans l’air comme des harpies harcelant leurs victimes de paroles de mauvaises augures.
— Beaucoup d’entre vous vont mourir dans les prochains jours. Nous devons toutefois nous demander ce que deviendra la planète quand elle sera aux mains de nos ennemis. Sur recommandation de nos deux Chevaliers Jedi, tous ceux qui se portent volontaires pour rester sur New Plympto dans la clandestinité sont invités à me rejoindre. Nous harcèlerons l’ennemi, saboteront ses vaisseaux, assassineront ses leaders. Jusqu’à ce que le dernier d’entre nous ait succombé. Vous avez encore quelques heures pour y réfléchir. Parlez-en à vos hommes. Sinon, bonne chance pour la bataille à venir et bonne évacuation. Que la Force soit avec nous.


Talfaglio

Eve Lane se souvenait vaguement de ses années à l’Académie Jedi. Elle fut l’un des premiers enfants à recevoir l’enseignement du Praexum mais s’était révélée bien moins douée que ses camarades de l’époque parmi lesquels se trouvaient les enfants Solo. Lorsqu’elle eut neuf ans elle fut éconduite de l’Académie : un déchirement dont sa mémoire sélective se souvenait parfaitement.
Après la signature du traité de paix avec les Impériaux, Luke Skywalker réalisa que son Ordre Jedi serait l’un des piliers de la stabilité de la galaxie mais que son effectif réduit ne lui permettait pas d’assumer pleinement cette tâche. Il confia alors à Tyria Sarkin, fraîchement nommée Chevalier Jedi, de lui constituer un groupe d’auxiliaires, dévoués aux Jedi et aux talents aussi variés et poussés que les Spectres. Tyria Sarkin avait du affronter son passé et la douloureuse histoire de la Purge Jedi pour sortir de leur retraite plusieurs Rangers Antariens. Elle-même rompue à l’art discipliné et fin des Rangers, elle commença à entraîner soixante recrues, réparties en quatre unités et dont un bon tiers étaient des anciens candidats au titre de Chevalier Jedi.
Lorsque Tyria Sarkin était venue la chercher, Eve Lane l’avait sèchement renvoyée à ses affaires, vexée que l’Ordre Jedi revienne lui demander ses services après la souffrance qu’il lui avait infligée. Mais force est de constater que le discours de Tyria, emprunt d’une compassion et d’une compréhension sans limite largement dues au long et douloureux parcours qui l’avait amenée à son statut de Chevalier Jedi, avait fini par la convaincre. Et finalement, Eve Lane s’était engagée à l’âge de seize ans.
Luke Skywalker souhaitait disposer d’une centaine de Rangers sous dix ans mais les Yuuzhan Vong l’avaient forcé à sortir cet atout de sa manche. Désormais sous les ordres de Yan et Leia Solo, les Rangers Antariens sortaient d’un sommeil de plus de quarante ans afin de bâtir la Grande Rivière de Luke Skywalker.
L’un des affluents de cette grande rivière passait par Talfaglio et Yan Solo avait chargé l’unité Tharen d’établir une cellule de résistance en quelques jours, leur fournir vivres, armes et logistique avant que les flottes Yuuzhan Vong de Duro et New Plympto ne décident de s’intéresser de plus près à Talfaglio où des millions de réfugiés de la Bordure Médiane s’amassaient depuis des mois.
Kol A’ha, un de ses compagnons d’infortune au Praexum, se tenait près d’elle, observant une carte de la région sur l’holoécran mural dans la petite chambre d’un hôtel minable mais idéal pour ne pas attirer l’attention. L’unité Tharen s’était ainsi éparpillée aux quatre coins de la planète, chaque petit groupe chargé de créer une cellule de résistance qu’ils unifieraient par la suite. Ils s’étaient néanmoins accordés une nuit de repos. Ce n’était pas vraiment l’endroit rêvé pour avoir une conversation sentimentale, mais il était clair que c’était le moment. L’air glacial et distant de Kol la blessait un peu plus chaque jour et bientôt son cœur ne serait qu’une éponge gorgée de larme, lourde et molle.
Le jeune homme soupira et émit un long bâillement avant d’éteindre les lumières. Il se fendit d’un léger sourire et d’un « bonne nuit » aussi peu convaincants l’un que l’autre. L’obscurité les enveloppait à présent.
— Je t’aime Kol.
Les mots étaient sortis tout seul. Probablement la soupape d’admission du manque d’intérêt que lui portait son ami avait-elle sauté, entraînant avec elle le bouchon de duracier un peu plus profondément enfoui qui cachait ses sentiments depuis trop longtemps.
Eve se sentit tout à coup parfaitement ridicule. Kol avait arrêté de bouger et de respirer et le silence pesant qui régnait dans la chambre lui écrasait la poitrine. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux mais elle le refoula au moment où la lumière se ralluma.
Kol s’était rassis sur son lit et la regardait d’un air qui oscillait entre l’étonnement, l’incompréhension et… la culpabilité. Il ouvrit la bouche :
— Ecoute…
Elle se redressa brusquement.
— Non ! Toi tu m’écoutes, dit-elle en le fusillant du regard. On se connaît depuis quoi ? Quinze ans ? Combien de fois m’as-tu vraiment regardé A’ha ? (Elle se leva et tourna sur elle-même.) Voilà ! C’est moi ! J’ai vingt et un ans ! J’an ai marre ! J’en ai marre d’attendre que tu me caresses la main, que tu me prennes par la taille et m’embrasse. J’en ai marre de t’entendre dire que je suis belle et que je peux avoir tous les hommes que je veux. Je te veux toi Kol.
— Je...
— La ferme ! (Eve ne décolérait pas.) Tu le savais pertinemment, tu n’es qu’un lâche ! Peut-être que je n’ai pas pris la meilleure décision qu’il soit sur Toprawa et que je méritais tes foudres. Peut être aussi que j’aurais eu besoin de ton épaule pour pleurer, de tes bras pour m’enlacer, de tes lèvres pour m’adoucir. Que ça te plaise ou non, et je ne pense que ce soit vraiment la plus grande révélation que la galaxie ait connue : je t’aime. Je le répèterai le nombre de fois qu’il faudra pour que tu l’entendes. Alors je te conseille d’agir vite Kol, parce que je suis fatiguée, qu’une longue journée nous attend demain, et que cette satané guerre risque de bien de tous nous faire tuer !
Elle se rassit d’un coup.
— Et je ne veux pas que tu meurs avant de t’avoir embrassé. Ni mourir avant que tu ne m’aies embrassé, dit-elle dans un sanglot.
Kol s’approcha, s’assit à côté de son amie, lui releva le menton et posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser montait peu à peu en intensité quand Eve s’arrêta brusquement, sourit à Kol et lui demanda :
— Dis-moi, l’invitation sur Toprawa…
— Euh, laisse tomber, dit Kol d’un air confus.
— Kol… Il va falloir commencer à être franc avec moi maintenant.
— Une histoire de bague… dit-il en baissant les yeux.
Si bien qu’il ne vit pas Eve se saisir de son oreiller et le frapper avant qu’il n’eut terminé.
— Imbécile ! Idiot ! criait-elle.
Eve se démenait sur Kol en criant presque toutes les insultes de toutes les langues qu’elle connaissait. Kol songea qu’elle serait bientôt à court d’injures mais pas d’énergie, et fut surpris de constater qu’elle parlait quelques mots de Sy Bisti. Il plongea vers son propre lit et attrapa son propre oreiller pour riposter, mais avant qu’il ait le temps d’asséner sa première riposte, Eve lui attrapa les poignets et l’étala par terre, à califourchon sur lui.
Un sourire victorieux se dessinait derrière les mèches de sa chevelure détachée tandis qu’elle retrouvait son souffle.
Elle est si belle…
Kol lui fit le sourire en coin ravageur dont lui seul avait le secret et dégagea ses poignets de l’emprise d’Eve. Il posa sa main droite sur sa taille et avec la main gauche ramena son visage jusqu’à lui en caressant sa joue.
— Je t’aime, Eve.
Leurs lèvres n’étaient qu’à un souffle de se rencontrer à nouveau.
Ils échangèrent un baiser passionné et sincère.
Puis un deuxième… un troisième…
Puis Eve se dégagea une nouvelle fois.
— Elle est où la bague ? demanda-t-elle d’un ton faussement autoritaire, les sourcils froncés.
Kol soupira et attrapa le coussin le plus proche. Mais Eve le devança et l’embrassa langoureusement dans le cou en lui murmurant :
— Kol… La nuit est bien assez courte comme ça, on a mieux à faire.
Evidemment, vu comme ça…

Je m’adore.

Nazyth était particulièrement ravi. Kol avait insisté afin qu’ils prennent une chambre pour trois et Nazyth s’était arrangé pour lui faire croire qu’il n’avait rien trouvé de mieux qu’une chambre double et une chambre simple. Il s’était installé dans la simple sans demander son avis aux deux amoureux transis, avait fermé la porte dans la foulée et les avait laissés plantés dans le couloir avec leur stupidité.
Ils commençaient à m’emmerder ces deux là, se dit-il en croisant ses bras derrière sa nuque.
La qualité de l’insonorisation de l’hôtel était à l’image de la qualité globale de l’établissement. Minable.
Kol et Eve semblaient avoir trouvé un terrain d’entente.
Tadam ! Mission accomplie…
Nazyth était un être trop paradoxal pour être réellement sain. Il se complaisait dans la solitude tout en servant le bien commun et en arrangeant la vie des autres. Le sentiment d’avoir tant accompli pour les autres et si peu pour lui le rongeait inconsciemment et peu à peu le consumait. En fait, Nazyth se détestait.


Talfaglio — Deux jours plus tard

— Hé ! Vous là bas ! Qu’est-ce que vous foutez ?
Kol A’ha s’était arrêté quelques instants pour fouiller le cadavre de l'homme que sa patrouille avait tué. Un innocent de plus qui payait le prix de son engagement pour la liberté et de sa fidélité à la Nouvelle République et aux Jedi. Il accéléra sa recherche dans les poches de la veste du malheureux et fourra le comlink du malheureux dans sa ceinture de munitions.
Sans contact et étrangers à la planète, l’unité Tharen n’avait pas beaucoup de moyens ou de solutions pour entrer discrètement en contact avec les derniers groupes de fervents Républicains qui se cachaient. Le gouvernement de Talfaglio était arrivé au point de rupture et son influence décroissait à mesure que les Yuuzhan Vong approchaient la planète et que les groupes collaborationnistes — les Brigades de la Paix en tête — étendaient leur sphère d’influence.
Les rues de la capitale étaient en proie à la peur et au désespoir, laissées à l’abandon par la police planétaire ou ce qu’il en restait, pendant que les patrouilles des Brigades de la Paix éliminaient les partisans du courage, et des innocents, des gens sans histoire. Des fois qu’ils seraient Républicains.
Kol, Eve et Nazyth s’étaient donc engagés dans les Brigades et avaient déjà du plusieurs fois résister à l’envie de tuer les cinq autres membres de la patrouille qui rivalisaient de cruauté. L’heure viendrait où la patrouille tomberait sur de vrais opposants et le moment venu leurs compagnons d’infortune risquaient fort d’avoir une mauvaise surprise.
Au moment où Kol se relevait, son vœu fut exaucé. Le sergent-chef, un rustre violent et vindicatif du nom de Julkio Vagt que l’on pouvait aisément confondre avec un bantha, tomba face au sol, un trou béant et purulent fumant encore dans son dos. Instantanément, Kol et le reste de la patrouille se mirent à couvert dans le bâtiment en ruine d’un ancien restaurant Froz. Adossé derrière un amas de tables, de chaises, de duracier et de vaisselle, il essuya pendant cinq minutes les salves nourries de leurs assaillants. L’accalmie les laissa haletant et prostrés et Kol tourna son visage dégoulinant de sueur vers Eve qui hocha la tête pour signaler qu’il était temps de passer à l’action. Les trois Rangers sortirent leurs blasters et, de sang froid, abattirent les quatre Brigadiers restant, bien trop surpris pour pouvoir préparer une quelconque riposte.
Un silence pesant suivit dans la rue, seuls quelques amas de duracier et durabéton se détachant des ruines et des trous béants des bâtiments venaient troubler la quiétude inquiétante de la fin d’escarmouche. Les pros-républicains se mirent alors à hurler des ordres et une dizaine de secondes plus tard trois d’entre eux surgirent des décombres, blaster à la main et visière baissée, et prirent immédiatement les trois Rangers en joue.
— On vous tient, bande d’enfoirés, dit le plus grand.
Eve prit la parole, visiblement pressée.
— Doucement, comment croyez-vous que ces types sont morts ? dit-elle en faisant un large mouvement de bras en direction des cadavres fumants.
— Regardez moi ça, êtes vous trop lâches pour assumer vos convictions ? ricana-t-il. C’est quoi votre combine ? (L’homme leva à nouveau son blaster, se faisant plus menaçant.) Bon, on ne va pas perdre plus de temps.
— J’ai un ordre de mission, dit-elle rapidement. Vous pouvez nous achever maintenant sous le coup de la colère et risquer de perdre l’aide vitale que nous pouvons vous apportez. Ou vous pouvez juste nous désarmer et m’amener à votre chef de patrouille, je lui fournirai la preuve que ce que je dis est vrai.
Le soldat tenait toujours son blaster levé mais il n’esquissa pas le moindre geste. Ses muscles se détendirent et il soupira puis grommela à ses deux camarades :
— Ligotez moi ça.
Les Rangers se laissèrent menotter sans résistance par les Républicains qui les entrainèrent dans le bâtiment d’en face. La rue était encore déserte mais ils prirent des précautions drastiques afin d’éviter tout bruit superflu. En réalité, la cave du bâtiment d’en face abritait la petite troupe : elle semblait avoir été creusée à la hâte et l’humidité de la saison faisait suinter les murs de terre consolidés par des profilés de duracier. La cave s’enfonçait profond dans le sol et Eve jugea qu’elle ferait une base particulièrement adaptée pour la résistance, pourvue qu’elle soit un peu aménagée. Et le temps pressait.
Kol, Nazyth et Eve furent jetés dans une cellule, et commencèrent à compter les heures. Le temps s’égrenait et jouait en leur défaveur et en défaveur de la résistance qu’ils essayaient d’aider. Mais ils étaient tout près du but.

— Bienvenue, Exécuteur, dit l’infidèle en s’inclinant.
Bien, incline toi, espèce de larve, pensa Tri’kor. Selon lui, les infidèles ayant rejoint les Brigades de la Paix étaient les pires de tous. Leur lâcheté n’avait d’égal que leur couardise et tous méritaient la mort pour avoir trahi leur peuple. Leur respect feint n’était qu’intéressé et ne les rendait que plus répugnants, mais Tsavong Lah avait demandé à ses intendants et guerriers de leur faire croire que l’alliance des Yuuzhan Vong et des Brigades de la Paix était sincère. Le mouvement pro-Yuuzhan Vong prenait de l’ampleur à mesure que la menace de la flotte d’invasion sur le noyau se précisait mais leur organisation et leur compétence laissaient souvent à désirer. Toutefois, leur aide était un cadeau des Dieux, une ironie à peine dissimulée mais tout à fait délectable.
L’erreur de Qdo Cozz l’était moins. La planète n’était pas encore sous contrôle Yuuzhan Vong et Tri’kor préférait pour le moment apparaître sous l’apparence de Vorr.
— Veuillez taire mon titre, commandant Cozz, dit-il froidement. Appelez-moi maître. La consigne vous serait-elle mal parvenue ?
La question était une menace dissimulée et Cozz se contenta de rester stoïque et d’attendre la prochaine question.
— Bien. Maintenant, faites-moi votre rapport.
— Le nombre de nos partisans augmente chaque jour maître et nous nettoyons peu à peu Talfaglio des Républicains. Notre flotte n’aura aucun mal à cueillir la planète, comme un fruit mûr, sourit-il. La capitale est sous contrôle : les rapports de patrouille viennent de me parvenir, une seule n’est pas rentrée. Il semble qu’elle est tombée dans une embuscade à trois kilomètres du Parlement.
— Ah oui ? fit Vorr, visiblement intrigué. Le rapport stipule-t-il autre chose ?
— Seuls cinq corps ont été retrouvés. Les trois autres doivent avoir fui : c’était des nouvelles recrues, pas très fiables et peu rompues au combat.
— Quand ont-ils rejoint vos rangs, Cozz ?
— Il y a trois jours.
— Doublez les patrouilles, il faut les retrouver.
— Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, ce sont de simples déserteurs, nous ne devrions pas…
— Il ne tient qu’à moi de savoir ce que nous devrions ou ne devrions pas faire. Doublez les patrouilles commandant, c’est un ordre, cracha-t-il. Je veux également que vous preniez discrètement le contrôle de toutes les stations Holonet et relayiez toutes les communications ici. Rompez.
Qdo Cozz s’éloigna en criant une série d’ordres et d’insultes, aussi désordonnés que sa petite armée. Tri’kor Vorrik soupira intérieurement. Décidément, ces infidèles étaient faibles et il commençait presque à regretter la force brute de Brema qu’il avait laissé au vaisseau. Brema était une imbécile fini, doublé d’une brute sanguinaire et ne travaillait qu’à l’odeur de l’argent. Cependant, Tri’kor devait bien lui reconnaître ses qualités de combattant, d’abnégation et de franchise. Les discussions régulières qu’ils entretenaient lors de leurs nombreux voyages interstellaires avaient presque réussit à convaincre Vorrik : voilà un infidèle qui aurait pu être un ami.
Vorrik se maudissait pour ses instants éphémères de faiblesse : Brema était un infidèle, et par conséquent, il mourrait.
J’envisagerai quand même de le prendre pour familier…

Eve Lane s’était endormie contre le mur de terre, et ses cheveux collants de crasse accumulée depuis vingt-quatre heures l’empêchèrent d’avoir une vue claire lorsqu’elle ouvrit les yeux. Kol et Nazyth étaient réveillés et discutaient doucement, assis en tailleur sur le sol dur et froid.
— Bonjour Mademoiselle, dit Nazyth. Thé, café ? Souhaitez-vous quelques tartines pour vous restaurer ? demanda-t-il d’un ton mielleux.
Eve roula des yeux et posa à nouveau son crâne contre le mur, essayant de trouver le sommeil.
Un quart d’heure plus tard, l’homme qui les avait capturés vint les chercher sans dire un mot, malgré les tentatives d’interrogation d’Eve, qui ne récolta qu’une insulte bien sentie et la recommandation de ne pas trop utiliser sa langue.
Deux étages plus haut, un homme d’une cinquantaine d’années, les tempes grisonnantes et les traits marqués par le temps les accueillit d’une simple question.
— Qui êtes-vous ?
Eve Lane pesa chacun de ses mots avant de se lancer dans son explication. Elle décida de s’avancer puis de s’incliner légèrement pour saluer son interlocuteur.
— Monsieur. Je suis Eve Lane, commandant en chef de l’unité Tharen des Rangers Antariens, sous les ordres du Chevalier Jedi Tyria Sarkin. Nous en sommes ici pour offrir un support logistique à la résistance de Talfaglio. Le reste de mon unité opère dans les autres grandes villes afin d’établir un réseau de résistance planétaire. Un ordre de mission émanant de Yan et Leia Solo se trouve sur la datacarte que vous m’avez confisquée. Nous pouvons vous fournir du matériel de communication, des armes et des contacts fiables.
Le chef des résistants consultait à présent la datacarte d’Eve. Celle-ci décida de pousser son avantage.
— Mais nous ne pouvons pas vous fournir de temps. La flotte Yuuzhan Vong est à votre porte et vous savez comme moi que la République ne lèvera pas le petit doigt. Nous sommes à votre service, ajouta-t-elle en s'inclinant à nouveau.
L’homme se leva et lui tendit la main.
— Srzabik Korlo. (Il se tourna vers une femme placée juste à sa droite.) Libérez-les.
— Commandant, permission de parler, répondit-elle.
— Permission accordée.
— Comme moi, vous n’avez aucune raison de leur faire confiance. Ils pourraient parfaitement mentir. Je ne peux pas réellement contester votre ordre, mais je demande la permission d’avoir une explication. (Elle parcourut des yeux l’assemblée.) Vos hommes aussi je crois.
Un murmure d’approbation parcourut la pièce.
Un éclair de malice brilla dans les yeux de Korlo et il dodelina de la tête en souriant à son second.
— Evidemment… (Son regard se fit plus sombre, puis il soupira.) Combien de temps nous reste-t-il ? Quelques mois ? Quelques semaines ? Nous sommes démunis, éparpillés, traqués jour et nuit par les Brigades de la Paix. Talfaglio tombera. Si ces hommes nous trahissent nous mourrons tous, si nous refusons leur aide nous mourrons tous. Si nous acceptons, nous avons une chance qu’ils soient vraiment envoyés par les Jedi et nous pourrons établir une véritable cellule de résistance. Nous avons donc le choix entre un baroud d’honneur ou la clandestinité. Morts nous ne servons plus à rien, vivants nous pouvons offrir un refuge à ceux qui en auront besoin et harceler les Vong.
Voyant qu'aucun de ses hommes n'était en mesure de le contredire, il regarda Eve Lane.
— J’accepte votre offre, il faut faire vite.
— Nous avons une frégate remplie à ras bord de matériel qui croise dans les environs de Jumus. Nous pouvons mettre en place des navettes leurres qui emprunteraient des routes au hasard les ramenant jusqu’à Talfaglio pendant que d’autres iraient chercher le matériel à Jumus en opérant par petits sauts hyperspatiaux vectoriellement légèrement différents. De combien de cargos disposez-vous ?
— Une vingtaine, guère plus. Ce sont les pilotes qui manquent. La plupart des miens sont listés sur les mandats d’arrêt des Brigadiers.
— Peu importe, nous engagerons des mercenaires pour les navettes leurres et mon équipe se chargera des navettes pour Jumus. L’argent n’est pas vraiment un problème…
— Assez pour payer des mercenaires ? Où l’Ordre Jedi va-t-il chercher cet argent ? s’étonna Korlo.
— Maître Skywalker a quelques comptes fictifs sur Dellalt et un empire sexuel juteux sur Ryloth, dit Nazyth.
— Oui la prostitution n’est pas prohibée dans le Code Jedi. Mais nous pouvons vous jurer que Luke Skywalker n’a jamais trempé dans le trafic de drogue, ajouta Kol.
— Merci Messieurs, conclut Eve en roulant des yeux. Commandant Korlo, l’unité Tharen est à vos ordres.

Des lanières de cuir maintenaient le prisonnier en place sur la table froide de duracier. La température de la pièce était maintenue au niveau de fraîcheur le plus désagréable pour le prisonnier — un Nosaurien lui avait-on dit.
Après Brema, une nouvelle sorte de lézard en fait. Fascinant.
Le maillage fin du réseau télécom des Brigades de la Paix avait opéré et le Nosaurien avait été capturé alors qu’il essayait de transmettre un message à Kyp Durron. Les Brigadiers s’en étaient déjà donnés à cœur joie et le visage tuméfié et sanguinolent du Nosaurien contrastait avec la propreté impeccable de la salle d’interrogatoire. Vorr s’approcha du captif et lui appliqua une très forte pression sur les côtes de son flanc gauche, lui arrachant un hurlement de douleur. Le rapport médical disait vrai : quelles côtes cassées.
La substance du message que le nausorien devait délivrer était claire : les nouvelles de New Plympto devaient être mauvaises pour la première vague Yuuzhan Vong. Mais les infidèles semblaient être en mauvaise posture. Le simple fait qu’ils aient eu recours à un messager prouvait à quel point leur situation était désespérée.
Vorr adorait jouer les entremetteurs. Il fallait absolument qu’il contacte Tsavong Lah. Mais avant, un pauvre prisonnier l’attendait.
— Médecin ! Vous plongerez le prisonnier dans une cuve bacta. Il aura besoin d’être en forme.
Vorr entendit le Nosaurien gémir de soulagement et de surprise. Il s’approcha doucement de la table, passa à califourchon dessus et serra les côtes du supplicié avec ses genoux.
Ensuite, il prononça lentement quelques mots, imprimant chaque syllabe dans l’esprit du prisonnier pendant que ce dernier hurlait de plus en plus fort.
— Ton sort est moins enviable que la mort, infidèle, lui murmura-t-il à l’oreille, en soulevant sa tête par la nuque.
Vorr sortit de sa poche un objet ressemblant à une pierre poreuse de laquelle tombaient des spores. Le Yuuzhan Vong pratiqua une incision dans la nuque de Vofha et y inséra les graines qui deviendraient un implant corallien en quelques heures. Il descendit de la table et détacha le Nosaurien avant de le laisser à ses geôliers qui le conduisirent brusquement jusqu’à la cuve bacta du centre médical.
Vorr avait besoin d’un messager en bon état. Pour l’instant.
Il marqua un signe de tête approbateur à l’officier de quart et rentra dans ses quartiers minimalistes où l’attendait son villip. Il caressa l’excroissance du petit animal afin qu’il le mette en relation avec son maître de guerre. Le villip l’aiguilla d’abord vers Raff, le tacticien favori de Tsavong Lah, puis après quelques minutes d’attente, le visage mutilé et cruel du chef des armées Yuuzhan Vong apparut.
— Exécuteur Vorrik. Que me vaut votre appel ?
— Ô vénéré Maître de Guerre, j’ai besoin que vous m’allouiez quelques ressources militaires. J’ai un plan et une opportunité pour anéantir New Plympto, éliminer les Rangers Antariens et les Douze de Kyp, sourit Vorrik.
— L’audace est une qualité répandue parmi notre peuple. Mais récemment l’audace de nos guerriers a souvent été brouillée par la fierté. La recherche de la gloire n’est pas une fin en soi, Exécuteur, en particulier si elle n’est pas au service des Yuuzhan Vong, du Seigneur Suprême et de Yun-Yuuzhan. Croyez vous que j’accorde plus de valeur à votre jugement qu’à celui de Da’gara, Elan ou Iinan ?
— Si j’échoue je le paierai de ma vie.
— Peu m’importe votre mort et la façon dont vous pensez servir les Dieux, cracha-t-il. Donnez-moi une raison de vous fournir les guerriers que vous désirez. Qu’ai-je à retirer du risque que je prends en vous prêtant ces ressources que vous dilapiderez certainement par incompétence ? Qui remplacera mes serviteurs de Yun-Yammka ?
— Je ne réclame aucune ressource complémentaire provenant de nos armées de réserve. Le commandant menant la nouvelle flotte de New Plympto appartient à mon domaine. Je souhaite seulement l’autorisation de négocier avec lui le commandement d’un interdicteur et de deux escadrons de coraux skippers. Les infidèles de New Plympto attendent seulement le coup de grâce : le reste de la flotte suffira.
— Les infidèles ne semblaient pas si démunis lorsqu’ils ont anéanti notre précédente flottille, grogna Tsavong Lah. Je t’accorde néanmoins l’autorisation de prélever des ressources au commandant Vorrik.
— Vous n’aurez pas à le regretter, Maître Lah, dit Tri’kor en s’inclinant.
Tsavong Lah il coupa la communication.
Tri’kor Vorrik songea que quelques heures de sommeil ne pourrait pas lui faire de mal mais il avait une dernière mission à effectuer avant de se reposer. Maintenant que le soutien militaire lui était assuré, Vorrik pouvait mettre son plan à exécution. Après tout, il était Exécuteur n’est-ce pas ?
Tri’kor parcourut la centaine de mètres qui le séparait du centre médical et pénétra en trombe dans la chambre du Nosaurien, sous la forme de Vorrik. Il lui rendit la datacarte — légèrement modifiée pour être crédible et faciliter son plan — et dit :
— Va retrouver tes copains. Et délivre leur ton message.
— Pourquoi…
La dernière syllabe fut noyée dans un hurlement profond. Le Yuuzhan Vong était maintenant capable d’administrer la dose de douleur souhaitée à son prisonnier pour que celui-ci lui obéisse. Les implants de corail yorik étaient une des plus belles réussites de son peuple.
— Je te raccompagne à la porte, petit lézard ?
Vorrik laissait une douleur lancinante tourmenter Vofha tandis qu’ils se dirigeaient vers l’entrée de la base des Brigades de la Paix.
— J’ai mis un petit traceur de notre conception sous ta peau. Indétectable aux senseurs des infidèles. Je saurais donc parfaitement si tu fais bien ton travail.
Au moment où Vofha passait la porte vers la liberté, Tri’kor eut un sourire dur et froid :
— Oh, j’oubliais… Tu es sensé être mortellement blessé.
D’un geste, il sortit son coufee et d’un coup aussi sec que soudain il perfora la rate du malheureux qui s’effondra, se tortillant de douleur en pataugeant dans son sang.
— La douleur est ton seul maître désormais.
Vorrik le guiderait jusqu’à l’endroit de l’embuscade de la patrouille — où il était persuadé que les Rangers le trouveraient — en envoyant des impulsions de douleur équivoques dès qu’il se trompait de sens.
Ah, il vient de se tromper…
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 19:57   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Cosmokenobi a écrit:C'est vraiment pas mal Gilad! J'ai eu un peu de mal à suivre au début (qui est qui exactement) mais avec une deuxième relecture tout rentre dans l'ordre :D

En tout cas j'ai hâte d'avoir la suite :jap:


C'est vrai qu'il y a beaucoup de personnages.

Je vais ajouter un Dramatis Personae au premier message. :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar superbuy » Sam 06 Mar 2010 - 20:05   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Ca se situe en quelle année? Pour savoir si je peux me lancer sans spoilers!
Republic Commando ou NOJ ou TCW ?
Vivement la série live...
superbuy
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 2724
Enregistré le: 31 Jan 2009
Localisation: Dijon
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 20:21   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

An 24 à 27 :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Alpha63 » Sam 06 Mar 2010 - 21:00   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Oh god.
Après Piejs et sa fic Old Rep voilà Gilou et sa fic NOJ.
Candidou on attend tous ta fic TCW :love:
Alpha63
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 2327
Enregistré le: 06 Nov 2007
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 21:14   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE VI
Un Jeu d’Enfant

Eve Lane — Rapport quotidien

Srzabik Korlo et ses hommes nous ont facilité la tâche. L’implantation réussie sur Talfaglio donne confiance à mes hommes, et me donne confiance : une mission parfaite sur les plans professionnels et personnels. Les souterrains de Talfaglio s’agitent frénétiquement sous l’imminence de l’attaque Yuuzhan Vong. Pourtant, tout paraît si calme autour de moi : une technique de relaxation Jedi héritée de mes années à l’Académie m’aidant à faire un choix difficile.
Le messager Nosaurien est mort ce matin, et les Tharen sont disposés à voler au secours de New Plympto : les sœurs Rar sont en danger, et Kyp Durron arrivera certainement trop tard désormais.
Seulement cette fois, c’est moi qui doute. La dernière décision précipitée et basée sur des bribes d’informations s’est soldée par la mort de deux d’entre nous. Malgré tout, je sais que nos heures sur New Plympto sont comptées et qu’il nous faut rapidement déguerpir avant de se faire embrocher par les bâtons amphi. Je ne sais même pas si les Solo ont reçu mon rapport de mission, mais je sais que nous devons partir. Aujourd’hui.
La situation sur new Plympto semble désespérée. Que peuvent faire douze Rangers face à une armée Yuuzhan Vong ? Un feu d’artifice de bienveillance pour les réfugiés Nosauriens ? Oui… au moins leur gagner un peu de temps. Mais nous ne sommes pas assez nombreux pour combattre au côté de la résistance et escorter le convoi d’armes depuis le point de rendez-vous fixé par le message.
Il semblerait que Kyp Durron puisse encore sauver New Plympto.


Brentaal

Nazyth avait encore dû accepter les quelques moqueries de ses camarades d’unité — à vrai dire les seules railleries qu’il ait à subir tant ses interlocuteurs craignaient sa répartie, parfois blessante — sur ses qualités de pilote. L’unité Tharen réduite à treize depuis Toprawa était partie à douze sur New Plympto pendant que Nazyth se rendait sur Brentaal.
Le treizième. Nazyth n’était ni superstitieux, ni croyant et ne croyait pas non plus en la Force. Aussi étrange que cela puisse paraître, il refusait de croire à une entité physique, palpable par certains individus. Même s’il n’en ressentait que de vagues remous — comme de nombreux — Nazyth avait l’impression que la Force ressemblait plus à un outil qu’à une puissance céleste. Au même titre que différentes sources d’énergie étaient brûlées ou exploitées pour créer de l’énergie — le vent, l’eau, le carburant — il était persuadé que la Force n’était que le carburant du corps, contribuant avec l’oxygène et les nutriments à faire vivre les êtres de cette galaxie. Un sentiment renforcé depuis l’arrivée des Yuuzhan Vong. Ceux-ci ne connaissaient pas la Force et pourtant ils vivaient en faisant comme tout à chacun : respirer, manger.
Bien que Nazyth reconnaissait un certain déterminisme dans l’histoire des êtres et de la Galaxie il doutait que la Force en soi la responsable, ni un quelconque dieu que l’on appellerait Yun-Yuuzhan ou Je-suis-Tout-puissant. Nazyth était agnostique et croyait en la nature : les Yuuzhan Vong étaient la preuve vivante que la Force n’était pas la nature. Chaque être vivant abritait sa propre vision du monde, sa propre cohérence, sa propre relation à la nature, son propre dieu. Par exemple Kol était le dieu de l’incompétence amoureuse et Eve la déesse de l’ingérence des sentiments.
Au lieu de considérer la Force comme universelle, Nazyth en faisait un phénomène plus local : la Force était la galaxie. Les Yuuzhan Vong mettaient en péril ce qu’il y avait de plus cher à ses yeux : la justice. La Force était l’outil de la justice et les Jedi ses artisans alors Nazyth les défendraient jusqu’à la mort. Pour que la nature des choses perdure et que chacun trouve son dieu.
En attendant, il devait trouver Kyp Durron et ses Apôtres.
Encore que le trouver ne soit pas le plus difficile, tant il se pavanait depuis sa récente série de petits exploits — dont Kubindi était le dernier en date — mais il fallait pouvoir l’approcher. Les dissensions entre le Maître Jedi et l’Ordre ne facilitaient pas la tâche de Nazyth : ses relations tendues avec Luke Skywalker et sa philosophie guerrière étaient à la base du schisme au sein des Jedi.
Nazyth resserra sa combinaison imperméable tandis que des trombes d’eau s’abattaient sur la ruelle, saturant le système de drainage publique et emplissant l’atmosphère d’une odeur agréable d’humidité estivale. Les quartiers des Douze de Kyp se situaient dans un bureau de recrutement Impérial réhabilité qui avait subi l’occupation d’un groupe des Brigades de la Paix avant que Kyp ne les déloge pour récupérer les installations parfaitement équipées. Il était quasiment impossible de s’en approcher à cette heure-ci. Même pour un Ranger Antarien.
Le système de sécurité était inviolable et impénétrable, surtout lorsqu’on y ajoutait les tours de gardes des pilotes de Kyp, mais ce n’était pas vraiment le but de Nazyth. Pénétrer dans le bâtiment alors que Kyp Durron soupait pour se retrouver découpé par son sabrelaser en croûtons dans son potage n’était pas vraiment le premier de ses fantasmes. La datacarte comprenait tout ce qu’il y avait à savoir et Nazyth laissé assez d’indices flagrants pour que Kyp Durron le retrouve s’il souhaitait le rencontrer. En théorie, les Rangers n’avaient plus à se cacher maintenant, surtout pas d’un Jedi, mais Nazyth connaissait l’urgence du message. Etant arrivé en plein milieu de la nuit sur cette face de Brentaal, Nazyth avait dû choisir entre attendre le lendemain pour solliciter une rencontre formelle avec Kyp, foncer tête baissée et frapper à la porte en plein milieu de la nuit — un pari dangereux compte tenu de l’impétuosité de Maître Durron — ou délivrer le message rapidement en espérant que Kyp n’en demande pas plus.
Nazyth était l’expert en communication des Tharen et à ce titre pouvait pirater n’importe quel cryptage comm, trafiquer des relais Holonet, moduler de signaux, transformer tout type d’enregistrement et avait commencé à s’intéresser aux villips, sans grand succès. Tenter de contacter Kyp Durron dans les règles de l’art serait du suicide.
A moins que les gens ne se trompent sur les règles de l’art.

Nazyth exécrait le monde des adultes et de ce fait, détestait les gens. Selon lui, les enfants cristallisaient la pureté et l’innocence. Ils se déterminaient uniquement par le degré d’injustice qu’ils subissaient. La première blessure d’un enfant est toujours liée à l’injustice : cela va de la punition non méritée, à l’acceptation lente, profonde et douloureuse de faits plus graves — un handicap, une situation économique et sociale difficile, une trahison, un traumatisme. Puis le jeune adulte se rend compte qu’il peut distiller sa propre petite justice, comme libéré de sa position de receveur et magnifiant son nouveau pouvoir. Peu à peu, l’adulte entre dans le jeu sociétal de successions de justices et d’injustices. Alors, de manière générale, Nazyth partageait sa liste de connaissances en deux colonnes : les gens qu’il détestait, et les gens qui le laissaient indifférent. Le Code Jedi parlait de l’attachement comme d’un chemin pour le désespoir, Nazyth voyait l’attachement comme une porte ouverte sur la déception. Un mal trop récurrent dans sa vie quand on considérait le temps que Nazyth passait à essayer de sauver des vies. Nazyth s’était blindé dans une affirmation d’exclusion par rapport aux autres, un détachement cynique, une dérision constante des relations humaines, en particulier des ses relations avec les femmes. Il lui avait suffit de trouver quelle partie de son anatomie et de sa personnalité plaisaient aux femmes pour en faire ses atouts premiers en matière de séduction. Une réussite en apparence, son charme naturel n’était finalement qu’un déguisement pour le mal-être profond qui l’animait.
Blasé jusqu’au plus profond de lui-même, ses émotions enfouies sous trois couches d’ennui et d’ironie, Nazyth était incapable d’aimer. Et triste. Profondément triste.
Une tristesse qu’il dissimulait impeccablement sous ses regards malicieux, son bas-goût charmeur et son humour cynique, afin que personne ne puisse un jour deviner ce qu’il ressentait dans les méandres de ses artères et les tréfonds de son cœur. Un cœur trop tendre. Un cœur d’enfant.
Nazyth aimait l’enfance, le jeu et la simplicité.

La fenêtre de transparacier incurvée de Kyp Durron était une aubaine pour jouer. Nazyth sortit de son sac un godet métallique acheté tardivement dans une échoppe miteuse de la ville et y attacha un fil tout en souriant. Le petit réceptacle était assez petit pour pouvoir virevolter au dessus du mur d’enceinte et être considéré par les senseurs ultra-perfectionnés actuels comme un simple insecte, une feuille morte ou un petit mynock. Le gobelet fixé contre la fenêtre du repaire des Apôtres, il suffirait à Nazyth de tendre le fil, de l’attacher à un deuxième gobelet… et de parler. Un système indétectable et magique inventé par des enfants. Il ne dégageait aucune chaleur, aucun champ magnétique du à une quelconque activité électrique et Nazyth pourrait parler tranquillement à Kyp Durron, la fenêtre convexe de transparacier agissant comme une caisse de résonnance primaire mais efficace.
Je suis un génie, se dit Nazyth en posant son fusil sur son épaule, prêt à lancer son projectile.
Une grosse mouche dut passer sur les senseurs des sentinelles et une seconde plus tard Nazyth put se saisir du fil resté accroché à son fusil, le tendit d’un coup sec et fixa son moyen de communication rudimentaire. Il essuya la pluie qui ruisselait sur ses lèvres et porta le gobelet à ses lèvres.
— Bonsoir tout le monde !
Des bruits de surprise se firent faiblement entendre à l’autre bout du fil. Puis plus rien. Bande d’abrutis !
— Allo ? répéta-t-il d’un ton enjoué. Je souhaiterai parler à Kyp Durron s’il vous plait.
Nazyth sut à cet instant que le Jedi devait distribuer des ordres afin que tout son escadron cherche la source de l’émission du son. Il ne fut tout de même pas surpris d’entendre Kyp lui répondre.
— Lui-même.
— C’est pas trop tôt ! Ecoutez, j’ai pas vraiment le temps de vous expliquer — maman m’attends pour dîner — mais vous trouverez un peu de lecture devant votre porte. L’intrigue est pas terrible et la fin reste à écrire mais j’suis sûr que ça va vous intéresser.
— Qui êtes-vous ?
— Un ami des Kubaz, de Ganner et même de Maître Skywalker. Ah, et je suis un génie également.
— Je vous ordonne de rester où vous êtes, mes hommes vous ont détecté. Bougez et vous mourrez.
— Tu bluffes Durron, dit-il d’une voix suraigüe juste avant de souffler très fort dans le gobelet, mimant une rupture de communication. Je… crois…ça va…pé…
Puis il ajouta, d’une voix claire :
— Allez, je vous embrasse !
Nazyth lâcha le gobelet, enfila son sac à dos et repartit à grandes enjambées vers sa planque.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Sam 06 Mar 2010 - 21:32   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE VII
L’Avorton de Jedi

Eve Lane — Rapport quotidien


Deux jours que nous accélérons l’installation des dernières défenses.
Deux jours que nous supervisons l’évacuation des derniers millions de réfugiés qui s’amassent dans les spatioports bondés et sales de New Plympto.
Deux jours sans nouvelle de Nazyth.
Nous avons donné nos ailes-A à des pilotes Nosauriens confirmés, ravis de cet apport matériel inespéré tant la chasse Républicaine a souffert de lourdes pertes lors de la première vague d’assaut. Le Sénateur Malori nous a vivement remerciés et affectés à un rôle adapté à nos compétences. Un rôle que nous remplissons avec une volonté sincère, mais à quoi tout cela sert-il ?
Au final, nous nous retrouverons tous sur le même champ de bataille, un combat désespéré contre la deuxième flotte Yuuzhan Vong qui cerne la planète depuis hier, prête à nous sauter à la gorge et coupant toute possibilité de renfort.
A moins que Kyp Durron n’arrive à temps, nous donner un sursis nous permettant de fuir.


New Plympto

Le Crépuscule de l’Espoir était un interdicteur de taille moyenne, d’une capacité trop peu élevée pour se débarrasser intégralement et définitivement des Apôtres de Kyp Durron. Tri’kor Vorrik ne donnait pas cher des vingt-quatre coraux skippers engagés contre les Jeedai et leurs pilotes, mais ils détruiraient le convoi d’armes en quelques minutes et ralentiraient l’escadron assez longtemps pour que l’infanterie Yuuzhan Vong balaye la résistance et que Tri’kor Vorrik tue Eve Lane de ses propres mains, ainsi que tous les Rangers Antariens qui l’accompagnaient. Posté derrière une escouade que son cousin B’shith Vorrik lui avait accordé, il progressait lentement dans le sillage d’un animal à la carapace aussi dure que le duracier des infidèles et aux multiples orifices cracheurs de plasma. Ils faisaient un carnage.
Un carnage.
Malgré tout, si les courageux Nosauriens tombaient par milliers sur toute la planète, la capitale résistait admirablement et les Yuuzhan Vong escaladaient leurs propres morts pour atteindre la ligne de front. Tri’kor connaissait le destin de la planète s’il s’avérait que la résistance devenait insurmontable, du moins pour un coût aussi élevé en guerriers. Il lui fallait donc trouver la faille, rapidement.
Le Parlement était truffé de souterrains depuis lesquels les troupes du Sénateur Malori s’en donnaient à cœur joie, accompagné de ces satanés Rangers. Sans soutien aérien, détruit en moins d’une heure par la nuée de coraux skippers envoyée par le Commandant Suprême, l’infanterie Yuuzhan Vong avait pu se poser et progresser à ciel ouvert. Ce qui ne signifiait évidemment pas qu’ils étaient à couvert. L’Exécuteur devrait s’infiltrer dans ces souterrains. Et pour s’y infiltrer il fallait qu’il fasse une brèche dans cet ancien poste de contrôle qu’il attaquait depuis trois heures sans discontinuer, ayant déjà perdu près d’une centaine de guerriers infortunés. Si Tri’kor continuait de respecter les règles de Yun-Yammka, ses guerriers se feraient tailler en pièces et il échouerait. Yun-Harla ne pouvait plus rien pour les guerriers, mais pour lui…
— Lieutenant ! appela Vorrik.
— Oui, Exécuteur, appuya le lieutenant Jugrin du domaine déchu Iinan, pour marquer son mépris de la caste de Yun-Harla et du domaine Vorrik.
— Je prends avec moi les quatre guerriers de mon domaine. Vous prenez le commandement à partir de maintenant.
— Vraiment ? s’étonna le lieutenant.
Un sourire désabusé déforma les traits du visage mutilé de Vorrik :
— Oui, Lieutenant. Vous menez vous-même la prochaine attaque.
Iinan commença à s’incliner.
— Merci, Exéc…
— Une attaque frontale, coupa Tri’kor, souriant toujours.
Le lieutenant stoppa son mouvement et leva les yeux vers son supérieur, ses yeux passant de l’incrédulité à la colère. Il referma les paupières, acheva son geste et dit d’une voix rauque :
— Oui, Exécuteur.
Vorrik tourna les talons et partit avec les quatre guerriers derrière la ligne de front. L’attaque de Jugrin anéantirait cette partie de la ligne de front, vulnérable à une contre-attaque dont l’Exécuteur comptait bien se servir pour atteindre les souterrains. Le camp logistique provisoire était à trois kilomètres d’ici il lui faudrait donc une bonne heure pour l’atteindre, prendre un grutchin et revenir attendre sagement dans les décombres et les cadavres de la déroute du lieutenant Iinan.
Oui, une bonne heure.

Le pépiement de son unité R2 le tira subitement de son sommeil profond, une transe Jedi régénératrice qu’il avait appris à maîtriser au cours des longues années d’épreuves qu’il s’était infligé lui-même afin d’accéder au rang de Maître Jedi. Il avait programmé son droïde dès qu’il avait quitté l’orbite de Brentaal, se précipitant avec son escadron vers un point de rendez-vous certain sur la forme mais incertain sur le fond. L’ajout à la datacarte du message du Ranger Antarien l’avait convaincu de la bonne foi des informations même si l’homme avec qui il avait parlé quelques dizaines de seconde s’était ouvertement moqué de lui. Le cryptage étrange utilisé était similaire en tout point à celui de Kubindi que Ganner avait ramené de Toprawa. Retrouver l’informateur aurait coûté un temps précieux que les sœurs Rar ne semblaient plus avoir sur New Plympto. Et encore une fois, Kyp Durron avait foncé tête baissée.
L’écran en veille du cockpit de son aile-X s’alluma dans un concert de têtes de lecture se remettant en place et de bip rageurs des senseurs se rallumant. Son droïde en profita pour afficher quelques mots.
SORTIE D’HYPERESPACE DANS 7 SECONDES.
Les sept secondes de compte à rebours laissèrent tout juste le temps à Kyp de donner les dernières consignes à son escadron avant que celui-ci ne réintègre l’espace normal.
Les stries de lumières éclairant son cockpit se mirent soudain à ralentir, à se courber, à se pointiller puis se condenser en des milliers de points lumineux dont la plupart lui était inconnus, des soleils lointains dans des systèmes inhabités, des étoiles plus proches dans ce même bras de galaxie… et un morceau de duracier de deux fois la taille de son aile-X qui lui arrivait droit dessus.
Kyp siffla un juron entre ses dents et fit appel à ses réflexes de Jedi pour actionner à temps le levier des gaz et son manche directionnel afin d’éviter l’objet mortel. Dans son sillage, le morceau de carlingue emportait des containers et des cadavres bleuie par la dépressurisation violente et douloureuse de leur corps. Au-delà de ce nuage de poussière naviguait une forme rougeâtre et rocailleuse.
— Evidemment, soupira-t-il, en appuyant violemment sur le bouton enclenchant son comlink. Douzes, c’est un piège ! Manœuvre standard d’évasion pour un interdicteur !
— Il semble que le convoi soit bien là pourtant, dit Yara. Enfin, il a été là, à en juger par les décombres alentours.
— Oui, maintenant que le problème des cargos est réglé, je suggère que nous nous intéressions aux coraux skippers qui nous foncent dessus, ajouta Ganner.
Kyp bouillait intérieurement : les Yuuzhan Vong avaient réussi d’une pierre deux coups, d’abord en détruisant les cargos de ravitaillement pour New Plympto, ensuite en ralentissant suffisamment Kyp pour anéantir la résistance. Même connaissant l’impétuosité légendaire du Maître Jedi, il lui semblait étrange que ses informateurs aient pu le trahir. Les informations avaient été délivrées de la même manière que celles de Kubindi, qui s’étaient avérées justes et qui dataient d’il y a plus d’un an. Si ce soi-disant Ranger était effectivement un traître, il aurait mille occasions de conforter Kyp dans ses bonnes dispositions tout autant que de le trahir. Pourquoi maintenant ? Etait-il possible que son informateur soit honnête mais que d’autres sources aient conduit les Yuuzhan Vong ici ? Etait-ce une simple coïncidence ?
Kyp pouvait sentir la colère et la frustration de ses pilotes, et quelques pensées noires tournées vers Brentaal. Pourtant comme lui, ils semblaient emprunts d’une confusion inexplicable, comme si un point particulier et essentiel leur échappait.
Et surtout, pourquoi aurait-il laissé un moyen de le joindre ? Kyp se dit qu’il lui faudrait retourner sur Brentaal poser quelques questions.
Mais d’abord il avait deux escadrons de skips à broyer. Un combat gagné d’avance.
Quelques heures fatales pour New Plympto.

Le coup fatal pour New Plympto, pensa Eve.
La communication avec le bataillon du Mouvement du Courage de la porte Ouest avait été rompue quelques minutes auparavant ainsi que toute activité électrique, magnétique et calorifique de ce secteur. Comme une artère cautérisée avec un peu trop de zèle par un chirurgien peu compétent.
La salle de contrôle était saturée de poussière, d’ordres hurlés par-dessus les consoles pour se faire entendre et de gémissements des blessés qui affluaient maintenant des boyaux desservant la porte Ouest. Eve Lane parcourait les rangées de brancards pour trouver un soldat susceptible de lui expliquer ce qui se passait dans les tunnels et finit par attraper un brancardier pressé par le col.
— Infirmier Calala, dit-elle impatiemment en lisant le badge du Nosaurien. Les communications avec la porte ont-été rompues. Faites moi un bref rapport de la situation.
— Les Yuuzhan Vong ont tenté une attaque de front, Madame. Violente et puissante. Nous avons beaucoup de blessés là-bas, mais je crois que c’est pire pour les V…
— Eve ! Eve ! appela un Gotal au loin.
Ko’qli avait été affecté au commandement de la défense de la porte et courait à présent vers elle, une balafre traversant sa joue gauche et teintant la fourrure de son flanc d’un rouge coagulé tirant sur un noir séché. Elle abandonna le brancardier et enjamba les cadavres pour le rejoindre.
— Lieutenant Ko’qli, par l’enfer de la Sith ! Qu’est-ce qu’il se passe là-bas ?
— On a foutu une raclée aux Vong, haleta-t-il en souriant. Il faut que je voie Malori. C’est urgent.
— Allons-y, dit Lane en commençant à courir rejoindre Malori, Kol et les sœurs Rar qui supervisaient avec elle l’ensemble de l’infanterie, les autres Rangers ayant été répartis en commandants opérationnels des bataillons sur le front. Le Sénateur leva ses yeux tristes et cernés vers elle :
— Ah, commandant Lane, vous tombez bien, je vous annonce que notre dernier croiseur vient de s’écraser sur Fraglio de l’autre côté de la planète. Le soutien aérien…
— Madame, coupa Ko’qli en faisant un pas devant Eve. Lieutenant Ko’qli, en charge du bataillon de la porte Ouest. Vous avez parlé d’un feu d’artifice il y a une semaine. Nous avons réduit en pièce une offensive découverte et massive des Yuuzhan Vong. Je crois que le moment est propice à une contre-attaque.
Malori cligna de l’œil droit, un signe de surprise pour son espèce, et dévisagea successivement Ko’qli puis Eve.
— Donnez-moi le bataillon de réserve et dites à l’artillerie porte Nord de bombarder les cinq kilomètres carrés autour de la porte Ouest.
— Oui… fit-elle, pensive. Si nous parvenons à repousser les Vong de la capitale, faire un tir de barrage avec nos batteries planétaires restantes, nous donnerons le temps aux troupes des autres portes le temps de battre en retraite et d’évacuer.
Kol se racla la gorge, visiblement perplexe.
— Madame, les artilleurs des canons à ions sont injoignables depuis presque trois heures.
— Je sais, répondit-elle. Et pourtant ils continuent de tirer. (Le Sénateur enfila rapidement sa ceinture de munitions et son blaster à répétition.) Lieutenant Ko’qli, prenez le commandement de la contre-attaque. Commandant Lane, Lieutenant A’ha, vous restez avec moi superviser la retraite et l’évacuation des troupes et des blessés. Maîtresses Rar, il semblerait que le contact ait besoin d’être rétabli avec nos batteries planétaires.
Les deux Twi’lek eurent un sourire entendu et partirent en courant vers les couloirs terreux menant aux batteries tandis que Ko’qli hurlait des ordres sur le promontoire situé en contrehaut des consoles de contrôles installées par la résistance. Sa blessure continuait de suinter, et Eve n’avait pas pris la peine de persuader le Gotal de ne pas prendre le commandement de la contre-attaque. Ko’qli était mourant et le savait aussi bien qu’elle. Il faisait son devoir courageusement.
La tension retombée d’un cran, Eve se concentra sur la tâche qui lui incombait. Une opération de retraite militaire était toujours périlleuse mais la possibilité de dynamiter les souterrains pour les rendre impraticables jouait en faveur des résistants. Derrière elle, la grande cavité se vidait peu à peu, à mesure que des douzaines et des douzaines de Nosauriens armés jusqu’aux dents rejoignaient la porte Ouest… jusqu’à ce qu’ils ne restent plus qu’une dizaine d’opérateurs et de soldats, attendant patiemment que les transports de troupes dissimulés par la résistance ces derniers moi se remplissent des blessés et des survivants des trois portes désormais scellées. A quelques secondes d’intervalle, des nuages de poussières et des amas de gravillons de taille plus ou moins grande pleuvaient du sommet de la grotte sous les vibrations créées par la formidable décharge de puissance déchaînée par la contre-attaque et la violence d’égale ampleur délivrée par la riposte Vong.
Eve fit pivoter son siège en lisant le dernier rapport du transport n°374 et leva les yeux vers Malori.
Un jet lumineux jaillit de l’holo-écran tactique que la Nosaurienne regardait, et comme une mauvaise scène d’action dans un holo de série B avec Garik Loran, une tâche rouge apparut sur son dossier, s’écoulant lentement du corps inerte de Malori. Lane se saisit de son blaster et se plaqua au sol en criant :
— A couvert !
Le calme retomba tandis que Kol et Eve cherchaient nerveusement du regard d’où provenait le tir isolé ayant tué le chef de la résistance. Seuls résonnaient le halètement des respirations des soldats restant, les coups sourds provenant de la surface et les murmures des Nosauriens.
Et un cri qui déchira l’atmosphère.
Do’ro-ik Vong pratte !
Quatre soldats Nosauriens levèrent la tête pour localiser leurs assaillants et furent traversés par la nuée de scarabées volants qui laminèrent leur museau, leur front ou leurs yeux.
Le temps de reprendre son souffle et Kol couvrait déjà Eve sur son flanc droit par un tir nourrit qui n’empêcha pas la console derrière laquelle s’abritait sa petite amie de se soulever sous la puissance brute des scarabées. Eve roula sur le côté et se remit gracieusement sur ses coudes, décochant trois tirs parfaitement placés sous le bras d’un des guerriers, le point faible de leurs armures vonduun. Kol la félicita et montra quatre doigts pour lui indiquer le nombre de guerriers restant.
Comment avaient-ils pu pénétrer ici ? Aucun grutchinya n’avait réussi à percer leurs défenses depuis le début de l’invasion. Eve essuya la sueur qui perlait de son front d’un revers de la main avant de ramper trois mètres vers la console adjacente. Elle tapa sur l’épaule du Nosaurien réfugié derrière pour finalement constater qu’il était mort, la trace d’un coufee imprimée sur son ventre. Elle se retourna et vit Kol charger de front trois guerriers Yuuzhan Vong.
Ce qui en laisse un pour moi, pensa-t-elle en rechargeant son blaster sèchement.
Elle se remit sur ses pieds et sauta par-dessus la console. Un Yuuzhan Vong lui faisait face, son bâton amphi enroulé autour de son bras, prêt à se durcir pour lui transpercer le corps ou à fouetter l’air pour distiller son venin dans ses veines. Elle plongea sur le côté droit de la console et dévala la contrepente en déchargeant le contenu de la cellule d’énergie de son blaster sur le Yuuzhan Vong… qui s’accroupit assez rapidement pour se couvrir d’un amas de terre tombé du plafond en milieu de journée. Eve se remit sur ses genoux et décrocha sa vibrolame de sa ceinture. Le Yuuzhan Vong fit claquer son bâton amphi avant de le lancer vers elle. Eve évita le coup d’un cheveux mais trébucha sur une pierre acérée qui lui entailla le mollet en lui arrachant un cri de douleur. Elle releva les yeux vers son assaillant, les yeux injectés d’une colère destructrice et balaya l’air autour d’elle d’un grand geste. Une fine ligne rouge apparut sur l’abdomen du Vong, s’élargissant peu à peu laissant s’écouler le sang. Le Yuuzhan Vong porta son avant-bras à son ventre une seconde puis tendit tous les muscles du bas de son corps, prêt à bondir sur Eve.
Piégée dans les dix mètres carrés constituant la cuvette terreuse dans laquelle ils avaient roulés, Eve aurait vu ses chances s’amenuiser si elle n’avait pas été un Ranger Antarien. Elle détacha sa ceinture de munition et la lança sur le talus derrière elle dont la stabilité laissait à désirer, gardant simplement la vibrolame et prit une pose de défi.
Le Yuuzhan Vong lui sourit et prononça dans un basique parfait :
— Tu as l’air d’un avorton de Jeedai, Lane.
Cette voix… Je la connais… Quelquechose de douloureux.
— Je suis un avorton de Jedi, ironisa Lane, en essayant de s’ouvrir à la Force comme elle l’avait appris à l’Académie. Viens goûter de mon sabre, Vong.
— Oh, je préfère profiter un peu, Lane, dit-il en se relâchant. Sais-tu que je me suis chargé personnellement de tous tes petits copains de Toprawa ? Lotja était une très bonne esclave, mais un de mes guerriers m’a dit qu’elle était moins attirante sans ses lekkus. Baignant dans son sang. Et morte.
— La ferme ! hurla Eve en se ruant vers le Yuuzhan Vong, cherchant dans la Force le système d’enclenchement de la dynamite de sa ceinture de munition.
Lorsqu’elle le trouva, le bâton amphi avait déjà mordu son flanc deux fois tandis qu’elle faisait pleuvoir les coups sur le commanditaire de l’attentat de Toprawa, puis elle poussa. L’explosion fut suffisante pour ensevelir le Vong, qu’elle avait petit à petit poussé vers cette position précise. L’extragalactique poussa à un cri qui s’étouffa sous les pierres et Eve tomba à son tour, trop faible pour tenir debout.
Kol jaillit du sommet de la cuvette avec deux Nosauriens. Vu le bruit qui traversait le sol, les batteries de canons à ions étaient entrées en action et les croiseurs Yuuzhan Vong ripostaient durement depuis la haute atmosphère. La poussière tombait maintenant sans discontinuer et les chutes de pierre s’accéléraient, trahissant l’effondrement imminent de la totalité de la caverne. Kol souleva doucement le corps d’Eve, luttant lui-même contre ses propres blessures et s’élança vers les couloirs et le petit cargo que Malori conservait pour l’évacuation finale. Son amie avait désespérément besoin de soins.

Kyp soupira, laissant s’évacuer le sentiment de trahison qui le tenaillait à mesure qu’il accusait réception de l’état des pilotes de son escadron. Znorik et Klaas y avaient laissé leur peau mais l’escadron n’avait pas le temps de les pleurer. Kyp se dirigeait déjà vers New Plympto, tandis que la coque défoncée de l’interdicteur Vong craquelait et se désagrégeait doucement, Kyp n’ayant pas pris la peine de l’achever avec des torpilles à protons qui serviraient certainement mieux autre part. De toute façon, les Yuuzhan Vong aimaient la douleur, pourquoi se priver de leur en donner ?

Ailyn Vel essaya de retrouver ses esprits, chassant la poussière qui s’immisçait dans ses yeux et le caillou saillant qui avait heurté son crâne et fait apparaître un long filet de sang qui descendait maintenant jusqu’à sa poitrine. Le tir meurtrier qui avait frappé Malori était passé inaperçu grâce à l’intervention des guerriers Yuuzhan Vong et Ailyn avait même eu le temps de se mettre à couvert, attendant son heure pour fuir… jusqu’à ce qu’une explosion inattendue décroche un amas de roche qui l’avait jetée à terre, lui laissant juste le temps d’entrevoir par où les derniers résistants s’échappaient. Elle se releva douloureusement sur ses genoux, puis ses pieds et rassembla ses forces pour se mettre à courir vers le dernier tunnel.
L’air saturé de poussière brûlait ses poumons à mesure qu’elle tentait de réguler sa course et son souffle dans le chaos de la caverne s’effondrant. Sa jambe droite se déroba sous le poids de son corps et Ailyn ouvrit la bouche sans qu’aucun son ne sorte, la douleur dans sa cuisse ayant fait exploser une boule blanche dans son esprit, noyant ses pensées confuses. Elle porta immédiatement la main à sa cuisse avant de rouler sur le côté, gisant quelques secondes sur le dos.
Une forme menaçante s’avança près d’elle. La chose lui sourit d’un air mauvais, la souleva par le col. Il puait la sueur, le sang et la poussière.
— Tout n’est pas perdu, murmura-t-il en la dévisageant. Je n’étais pas venu pour toi, chasseur de prime, mais il semblerait que les souvenirs de Toprawa jaillissent des abysses du passé…
— Vorr ?
La gifle que lui infligea le Yuuzhan Vong miraculé lui éclata la lèvre, la projetant un bon mètre plus loin… sur sa cuisse droite. Ailyn était à bout de souffle et de temps. Il fallait qu’elle gagne du temps.
— Attends, Vorr ! Je sais par où sont partis les résistants. Je te guide jusqu’à eux et leur vaisseau et tu me laisses la vie sauve, pressa-t-elle en toussant un caillot de sang.
Pour seule réponse, le Yuuzhan Vong enfila son grimage ooglith et fit signe à Ailyn de passer devant.

B’shith Vorrik se tourna vers son tacticien, conscient que ses troupes au sol n’obtiendrait pas raison de la résistance acharnée qu’opposaient toujours les Nosauriens. Ses pertes étaient déjà considérables et ses consignes étaient claires.
— Rappelez l’infanterie. Lancez les capsules.
New Plympto est un monde mort.
Et si mon cousin s’en sort vivant, je l’égorge de mes propres mains.


CHAPITRE VIII
La Peste de New Plympto


New Plympto

Kol abaissa la rampe du la navette de classe Lambda le Soleil de New Plympto, juste après avoir déposé doucement Eve au sol. Ils avaient progressé très lentement dans les tunnels ralentis par le poids du commandant de l’unité Tharen sur ses épaules et par l’effondrement progressif des plafonds. Kol se serait bien passé de ce sauvetage en catastrophe et l’aide des deux Nosauriens ayant survécu ne serait pas de trop. Loli et Haedon montaient la garde et désintégraient tout projectile rocheux menaçant.
Kol se retourna brutalement : des bruits de pas se faisaient entendre dans le tunnel. Si d’autres Yuuzhan Vong les avaient suivi jusque là, ils n’avaient aucune chance.
— Derrière la rampe ! cria-t-il en emmenant Eve à couvert avec lui.
Deux humains apparurent dans le nuage de poussière qui émanait de l’embranchement du tunnel. L’un des deux semblait boiter. Kol se relâcha quelque peu mais restait suspicieux.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il en levant son blaster vers eux.
La femme leva les deux mains et manqua de perdre l’équilibre, se rattrapant sur sa jambe valide.
— Nous nous sommes retrouvés coincés dans les décombres et…
— Peu importe comment vous êtes arrivés là, hurla-t-il. Qu’est-ce que vous foutiez en bas ? Je ne vous ai jamais vu. Les humains sont rares chez les résistants Nosauriens.
— Nous sommes euh… disons que…
— Nous sommes deux agents de la Corsec, ajouta l’homme. Nous nous sommes trouvés pris entre deux feux.
— Pardon ?
Loli et Haedon s’étaient rapprochés, le doigt sur la détente, prêt à faire feu sur ordre de Kol.
Le moment de flottement qui s’ensuivit ne rassura pas Kol, qui manquait cruellement de temps pour éclaircir ce mystère. Ces quelques minutes perdues pouvaient s’avérer fatales pour Eve.
— Descendez-les, dit-il simplement.
Un cri déchira l’air.
— NOOOOOOON ! JE SUIS HUM.., criait la femme en montrant l’homme qui lui décocha un coup magistral pour la faire taire.
L’homme se jeta sur Haedon et lui brisa le coup avant que celui-ci n’ait pu esquisser le moindre geste. Kol se jeta derrière la rampe et déchargea son blaster en direction de l’homme qui évita les rayons en se réfugiant derrière un rocher. Le Vong était coincé, prêt pour le coup de grâce. Kol avait encore deux grenades soniques avec lui mais les lancer maintenant fragiliserait un peu plus l’état du hangar et il jouerait à quitte ou double s’il voulait sauver Eve et sa propre peau. Loli lui fit signe qu’il avait repéré la position du Vong. Kol mima un lancer de grenade à la Nosaurienne qui écarquilla les yeux. Elle aussi semblait trouver le pari risqué.
Deux projectiles partirent de derrière la rampe et vinrent s’écraser à une dizaine de mètres, le Yuuzhan Vong piégé n’ayant plus qu’à accepter l’intense mais éphémère douleur qui le mènerait vers la mort. Loli ne perdit pas de temps et emmena Eve à l’intérieur du Soleil de New Plympto. Elle ressortit quelques instants plus tard pour transporter le corps d’Haedon tandis que Kol slalomait entre les rochers de plus en plus gros tombant des murs et du plafond.
La densité de la poussière ne laissait qu’un champ de vision de quelques mètres à présent. Le sol tremblait tellement que Kol avait du mal à rester sur ses pieds quand il atteignit enfin le corps de la femme. Inanimée et inoffensive, il décida de l’emporter sur le vaisseau. Il aurait bien le temps de savoir qui elle était vraiment et si elle avait dit vrai. Un énorme amas rocheux s’abattit à cinquante centimètres du prochain pas que Kol comptait faire, ployant sous le poids de la femme inanimée et zigzagant pour éviter de se faire écraser. Il trébucha sur le corps d’un Nosaurien anonyme et déchiqueté et écorcha ses genoux en tentant de retrouver son équilibre.
Loli l’attendait en bas de la rampe et combla les derniers mètres qui les séparaient du vaisseau afin d’aider Kol à se relever et porter la blessée. Kol courut aussi vite qu’il le put et alla coucher la femme sur une couchette près d’Eve, avant de s’élancer vers le poste de pilotage.
Lorsqu’ils s’assirent, Kol et Loli étaient à bout de force et de souffle mais plus concentrés que jamais. Kol passa outre les protocoles de vérifications d’avant-vol et poussa la manette des gaz pour décoller immédiatement, laissant Loli se charger d’abattre le toit du hangar à coup de turbolaser pour permettre leur passage.
Le Soleil de New Plympto jaillit dans le ciel de la capitale, ses moteurs rougeoyant grondant par-dessus le rugissement de milliers d’autres vaisseaux Nosauriens ou Yuuzhan Vong qui survolaient la planète. Etrangement, les transports de troupe Yuuzhan Vong se retiraient, laissant la résistance vainqueur. Néanmoins, les coraux skippers continuaient à abattre un grand nombre de cargo et de vaisseaux de plaisance qui essayaient de s’enfuir. Arrivés dans l’espace, Kol remarqua que quelques transports de réfugiés Nosauriens déversaient des corps désarticulés dans le vide cosmique : une mauvaise nouvelle en soi, elle signifiait toutefois que la plupart d’entre eux avaient réussi à s’échapper. L’unité Tharen était peut-être encore au complet, si un tel miracle était possible.
Le navire filait à toute vitesse à travers les débris de la bataille spatiale et Loli faisait rugir les turbolasers avec une rage incontrôlée, fusillant tout ce qui passait à proximité. Trois coraux skippers les avaient pris en chasse et vu la lenteur des navettes de classe Lambda, il semblait peu probable qu’ils échappent à leurs tirs avant de pouvoir tenter un saut hyperspatial.
Kol espéra qu’ils n’affaibliraient pas les boucliers assez pour endommager les réacteurs, et tenta de faire zigzaguer son vaisseau. Il lui fallait encore parcourir deux clicks avant de pouvoir échapper à l’attraction de New Plympto, et ses boucliers souffraient beaucoup trop pour le rassurer.
Le vœu de Kol fut exaucé lorsque les coraux skippers suspendirent leur attaque. Prudent, il continua sur son vecteur de sortie lorsque sa console de communication cracha un basique incertain et grossier :
— Infidèle Malori ! Commandant Suprême Vorrik, répondez.
Une fureur intense s’alluma dans les yeux de Loli qui se saisit du casque et de l’holocaméra.
— Elle-même, mentit-elle sèchement.
— Votre peuple a choisi une voix plus honorable que celle de l’esclave. Mais il mourra quand même. Embrassez la Vérité et livrez nous les Jedi Rar et j’épargnerai votre planète.
— La seule vérité que vous connaissiez est celle de la cruauté. Vos alliances sont aussi couardes, viles et haineuses que votre peuple. Jamais le peuple de New Plympto ne se rendra. Allez en enfer, Vong !
L’insulte était provoquée et violente. Omettre d’ajouter Yuuzhan signifiait que l’interlocuteur n’avait pas la faveur des Dieux.
— Très bien, votre Excellence, souffla Vorrik. Regardez donc votre chère planète et imaginez le sort de vos amis restés là-bas.
Un grésillement sourd conclut la communication.
Loli se leva d’un bond et dit à Kol :
— Mets nous la planète en visuel.
— Si nous nous retournons, les skips vont nous tirer comme un mynock…
— FAIS CE QUE JE TE DIS !
A contrecœur, Kol inversa la poussée pour amener la baie d’observation en face de New Plympto. A sa grande surprise, les coraux skippers continuaient de se replier.
— Que disent les scans ? demanda-t-elle.
— Plus grand-chose. La plupart des débris sont inertes, la flotte Yuuzhan Vong s’éloigne.
— Bien, soupira Loli. Si Vorrik parlait juste de faire des survivants des esclaves, tout espoir n’est pas p…
— Attends, coupa Kol en fronçant les sourcils. Quatre capsules viennent d’être lâchées du vaisseau amiral.
Le visage de Loli devint livide à mesure qu’elle étudiait les données des capteurs s’affichant sur son propre écran.
Une minute passa.
Elle ouvrit la bouche et se leva sur ses coudes, une larme coulant doucement vers ses lèvres.
Quelques secondes…
— Loli ? s’enquit Kol en se tournant vers elle. Que se passe-t-il ?
Loli gardait les yeux fixés sur la baie et New Plympto.
— Ithor… murmura-t-elle avec horreur.
Kol fit glisser son regard vers la planète, sur laquelle une tâche brune venait d’apparaître. Elle se répandait peu à peu, comme un nappage chocolaté sur un biscuit bleu mais Kol se douta que la réalité devait tout autre sur la planète. Ecœuré, il fit marche arrière et enclencha les propulseurs. Loli était affaissée au fond du siège de copilote les yeux perdus dans le vague, la mâchoire serrée et tremblante, sur le point d’exploser.
Lorsque Kol fit sauter le Soleil de New Plympto en hyperespace, Loli se leva sans un bruit et disparut silencieusement dans la coursive.
Kol mit le pilote automatique quelques instants plus tard après s’être assuré du bon fonctionnement général de l’appareil et se leva, sentant chaque partie de son corps endolori lui intimant de se dépêcher de s’occuper d’Eve.
Lorsqu’il arriva au poste médical, Eve et l’autre femme flottaient toutes deux dans leur cuve Bacta, le liquide réparateur glissant sur leurs corps quasiment nus. Au centre de la pièce Loli s’affairait à nettoyer la pièce à l’antiseptique afin d’effacer les traces de sang, de sueur, de poussière et de boue qui s’étalaient là où les deux femmes avaient été allongées le temps de la poursuite.
La femme que Kol avait sauvée était de taille moyenne, le visage fin et dur, magnifiquement tatoué. Une Kiffar, s’il ne se trompait pas. Ses longs cheveux noirs flottaient et suivaient le gré du flot de Bacta dans lequel elle était plongée. Sa blessure à la cuisse semblait sérieuse. Quant à Eve, elle semblait sereine, et s’agitait doucement de bas en haut au rythme de sa respiration.
Malgré la destruction de New Plympto, Kol se sentait soulagé. Un sentiment de honte l’envahit : l’égoïsme humain était sans limite. Il réalisa soudain que Ko’qli avait du mourir de la peste sur la planète et essaya de s’imaginer s’il pouvait multiplier le sentiment de colère et de chagrin qui l’envahit au niveau de celui qui devait tourmenter Loli en ce moment. Kol venait de perdre Ko’qli. Loli venait de perdre des dizaines d’amis, des centaines de camarades, des milliers de connaissances, des centaines de milliers de congénères. Des millions de Nosauriens. Et une planète entière.
Kol se racla la gorge et s’éclaircit l’esprit pour ne pas dire une idiotie ou une platitude.
— Je crois nous allons avoir deux ou trois questions à lui poser, dit-il en montrant la Kiffar.
Loli hocha la tête, ne se détachant pas de son travail et rendant le silence plus pesant que jamais.
— Ecoute… dit Kol doucement.
— Il reste de la place ? demanda Loli, en relevant ses yeux rouges trempés vers lui.
— De la place où ?
— Dans l’unité Tharen.
— Je…
— Je veux me battre, Kol, dit-elle fermement. Je veux me battre. Les faire payer.
Une colère si sourde et si palpable emplit la pièce qu’elle submergea la sensibilité qu’entretenait Kol avec la Force, réveillant ses plus profondes convictions.
— Tu as besoin de repos, dit Kol. La vengeance n’est pas…
— Peu importe ce qu’elle est ou pas ! hurla-t-elle. Les Yuuzhan Vong méritent le centuple de ce qu’ils infligent à la galaxie. Les tuer ne leur rend même pas l’équivalent de la douleur et du chagrin qu’ils apportent. Alors ne viens pas parler de ce qui est juste ou pas. Aucun châtiment ni aucune justice ne sera assez juste pour les Vong. La vengeance n’est peut-être pas juste à tes yeux. A mes yeux, elle n’est même pas assez juste.
Kol et Loli se toisèrent quelques secondes.
— La vengeance ne ramènera pas New Plympto, la provoqua Kol.
La Nosaurienne le fusilla du regard et se leva.
— Foutu Jedi, dit-elle les dents serrées tout en sortant de la pièce.
Kol voulut protester — après tout il n’était pas Jedi — mais il se ravisa : il tenait un discours de Jedi. Sur ce point en tout cas. Kol s’assit et ses pensées martyrisèrent son esprit.
Voilà pourquoi il y a tant de défiance vis-à-vis des Jedi. Les Yuuzhan Vong sont des criminels. Les gens recherchent la justice avant tout, et ne se privent pas pour se la faire eux-mêmes. Par vengeance. Un sentiment simple, dangereux pour un Jedi mais naturel pour un être vivant quelconque. Comment trouver légitime un groupe de guerriers hors-normes qui paraît posséder les clés de la justice et qui ne respecte pas l’amalgame que le citoyen lambda fait entre vengeance et justice ? La peur du Côté Obscur détourne les Jedi des préoccupations de ces gens. Eux, vivent, n’ont pas la Force, pas de méditation, pas de transe guérisseuse, pas de durée de vie accrue, pas de sabrelaser. Leur seule arme est la passion. La vie. J’aurais du m’en rendre compte bien avant, moi qui suis à moitié Jedi, à moitié non-Jedi. Loli mérite de rejoindre les Tharen.
Kol soupira et se releva pour se diriger vers un lavabo : son visage avait désespérément besoin d’un coup de neuf. Il se passa de l’eau sur les joues, le front, les pommettes et le cou, s’arrosant abondamment d’eau brûlante pour chasser ses idées noires et le centimètre de poussière qui collait à sa peau en sueur. Il ‘essuya rapidement, préférant laisser l’eau s’écouler et sécher sur son uniforme souillé et tendit la main vers ce qui restait des vêtements de la Kiffar. Il sortit de son corset pare-balle une puce de crédits ainsi que des munitions pour un blaster GHY-68 haute-précision, démontable et extensible qui lui soutira un sifflement admiratif. Du matériel de professionnel. Kol se tourna vers la cuve Bacta et observa de plus près la Kiffar : une condition parfaite, des muscles saillant.
Cette femme ne se trouvait pas là par hasard. C’est un assassin.
Il continua de fouiller ses affaires et tomba sur une photo de la blessée avec une enfant qui semblait avoir à peine cinq ans, mais qui semblait déjà prête à manger du Nosaurien.
Malori. Elle avait tué Malori.
Il se tourna une nouvelle fois vers la cuve Bacta, les yeux plissés. Il ne s’était pas posé la question avant cet instant. Durant l’attaque Yuuzhan Vong dans la caverne, le Sénateur était mort d’un trait de blaster. Or, les Yuuzhan Vong n’utilisaient pas de blaster. Sous son visage paisible, la Kiffar semblait bien moins dangereuse maintenant.
Pourquoi accepter un contrat sur une planète promise à l’envahisseur ?
Il ressortit la datapuce et l’inséra dans le terminal le plus proche : cinquante mille crédits. Une bonne raison d’accepter un contrat dangereux pour n’importe quel être de la Galaxie. Et les affaires devaient se faire rares depuis l’invasion Vong : les Hutts et le Secteur Corporatif hors-course, les employeurs s’amenuisaient.
Si Loli découvrait la véritable identité de cette femme, elle la tuerait instantanément. Kol pouvait encore garder un atout dans sa manche. Cette femme méritait peut-être de mourir — au moins d’être jugée — mais la petite fille de la photo ne méritait pas de perdre sa mère. Et puis, avoir un assassin à disposition était toujours intéressant.
Kol saisit les munitions et le corset pare-balle et les jeta dans le vide-ordures avant de fourrer la datapuce dans sa poche, il lui restituerait après lui avoir tenu une petite conversation. Après tout, il lui avait sauvé la vie. Il laissa les deux femmes à leur cuve et sortit pour rejoindre le poste de pilotage. Dans la coursive y menant, son sourire éphémère fit place à un chagrin poignant et coupable lorsque le bruit émanant du compartiment de Loli atteignit ses oreilles.
Les sanglots des Nosauriens étaient très mélodieux pour l’ouïe humaine. Kol se doutait qu’il n’en n’était pas de même pour Loli.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar superbuy » Dim 07 Mar 2010 - 8:14   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Gilad Pellaeon a écrit:An 24 à 27

bon bah j'attendrais d'en être à Star by Star pour la lire. :neutre:
Alpha63 a écrit:Candidou on attend tous ta fic TCW

Espèce de sale :grrr: :grrr: :grrr: :grrr:
Republic Commando ou NOJ ou TCW ?
Vivement la série live...
superbuy
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 2724
Enregistré le: 31 Jan 2009
Localisation: Dijon
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 9:13   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Tu peux aller jusqu'à Renaissance, la fin de ma fic tombe au tout début de Star by Star. :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Den » Dim 07 Mar 2010 - 9:19   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Voilà, j'avais commencé à lire hier soir, et je termine à l'instant!^^
C'est vraiment une fic intéressante et plutôt bien foutue!
Certes, il y a beaucoup de personnages, mais c'est ce qui fait le charme de l'histoire! Et puis, grâce à ton dramatis personae, tout est plus simple! :)
C'est vraiment sympa de voir à quel point tu connais ton sujet! C'est fou! Et ça rend la lecture bien plus agréable!
Ah oui, autre chose, je trouve que les titres sont en général vraiment bien trouvés!
C'est donc une fic très sympathique, qui a beaucoup de charme!
Vraiment: bravo!
"Vergere m'a appris à embrasser la douleur et à m'y soumettre. J'en ai fait une partie de moi-même, une partie que je ne pourrai ni combattre, ni nier." Jacen Solo
Den
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6133
Enregistré le: 05 Fév 2006
Localisation: Voyage à travers la galaxie...
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 9:26   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

(Fin du précédent chapitre)

Brentaal — Deux jours standards après la chute de New Plympto


— Nazyth ! On peut savoir ce que tu fabriques ?
— Je ne trouve pas le lait d’Ikolgu ! cria-t-il par-dessus les têtes humaines qui dépassaient de l’étal devant lequel il se trouvait.
Sara Semilia avait accueilli Nazyth à son arrivée sur Brentaal, les membres de l’unité Timpel des Rangers Antariens basé sur Brentaal ayant pris le soin d’installer une cellule de résistants avant de partir. Cette ancienne sergent dans les commandos de Page n’était plus vraiment jeune mais dégageait une puissance, une compétence et une malice à toute épreuve.
Surtout pour envoyer Nazyth faire les courses avec Elinea, sa fille. Plutôt quelconque, Elinea l’avait accueilli avec un froid glacial et continuait de lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu. Elinea était agent immobilier sur Brentaal et n’était pas au courant des activités de sa mère. Sara voulait la préserver de la guerre qui avait trop longtemps mis sa vie et son cœur en berne, l’amenant au bord du désespoir à force de côtoyer la mort de trop près. Mais Elinea était assez intelligente pour se rendre compte que la présence de Nazyth n’était pas anodine. Elle était désagréable au possible, ce qui ne faisait qu’augmenter son charme, selon Nazyth.
Il décida d’abandonner sa recherche et prit du lait de neurf — moins cher mais plus lourd à la digestion — avant de rejoindre Elinea au speeder.
Celle-ci l’attendait le coude posé sur le capot, un sourire condescendant sur les lèvres.
— Vous vous êtes perdu mon petit ?
— La deuxième à gauche après Ralltiir, et je me suis retrouvé là !
— Ah oui ? Et les douanes vous ont laissé rentrer ?
— Je suis passé par la porte.
— Vous voudriez pas plutôt la prendre ?
— Vous ne voudriez pas la fermer ?
— La porte ? Mais si je pouvais, je vous la claquerai au nez !
Elle ricana et fit le tour du speeder pour s’installer au volant. Nazyth roula des yeux et s’assit côté passager. Le voyage de retour prenait une dizaine de minutes, assez pour qu’Elinea lui pose une tonne de questions embarrassantes. Cette fois-ci elle se retint de le faire. De toute façon, Nazyth devait partir dès demain. Il ne savait pas où était le reste de l’unité Tharen, ni qui avait survécu à New Plympto. Mais si ses camarades étaient encore vivants, ils étaient certainement à Coruscant et Nazyth avait fini sa mission depuis bien longtemps.
Elinea freina un grand coup pour s’arrêter devant sa maison.
— On se réveille ! Prenez les sacs, on va les mettre à la réserve.
— Oui, chef ! répondit-il militairement en s’exécutant.
Nazyth se dirigeait vers la réserve en souriant — décidément, elle lui plaisait beaucoup — et entendit Elinea appeler sa mère.
Une première fois.
La deuxième fois ressemblait plus à un cri de panique et de surprise.
Nazyth courut vers le salon et y trouva Elinea agenouillée près de sa mère. Elle avait la lèvre explosée, le crâne ouvert et une balafre suintante sur la poitrine.
— Ecartez-vous ! lui ordonna Nazyth en se baissant.
Elinea lui jeta un regard noir mais obéit.
— Nazyth, dit faiblement Sara, arrivant à peine à ouvrir la bouche pour parler.
— Calmez-vous, Sara, on va vous conduire à l’hôpital.
— Non ! s’écria-t-elle en le saisissant par le col. (Il la soutint par les épaules tandis qu’elle commençait à suffoquer.) Ils ne doivent pas… Je…
Nul besoin de la Force pour se rendre compte que Sara partait et Nazyth savait déjà qu’il était trop tard pour la sauver. Il l’écoutait délirer en lui épongeant le front.
Elinea ne put tenir en place une seconde de plus.
— Qu’est-ce que vous faites ? Il faut la conduire à l’hôpital !
Nazyth leva les yeux vers elle et dit doucement :
— Elle va mourir, Elinea. Voulez-vous la prendre dans vos bras une dernière fois ou la laisser mourir seule dans le speeder ?
La jeune femme tomba à genou et prit la tête de sa mère. Les yeux perdus et vitreux de Sara semblèrent soudain se fixer sur sa fille et elle chuchota :
— Durron… Trahison… (Elinea tourna la tête vers Nazyth comme pour chercher une explication puis retourna à sa mère la berçant tendrement.) Elinea… Je t’aime, souffla cette dernière.
La tête dans l’ancienne commando s’affaissa doucement alors que son énergie la quittait, Sara rendit son dernier souffle et Nazyth se détourna de la scène tandis qu’Elinea pleurait à chaudes larmes.
Le message était clair. Quelque chose s’était mal passé sur New Plympto et les Apôtres de Kyp étaient venus pour lui. Il avait pris ce risque, et quelqu'un d'autre payait à sa place. Le dos toujours tourné il dit à Elinea :
— Il faut partir. Maintenant.
— Pourquoi ? sanglota-t-elle. Qu’est-ce qui se passe ? Qui êtes-vous ?
— Il n’y a pas de temps à perdre, dit-il en lui faisant face. Nous sommes en danger.
— Non ! Allez-y si ça vous chante ! Je reste ici avec ma mère…
— Ils vous tueront aussi ! Venez !
— Qui ils ? Tout ça, c’est votre faute !
Il n’aurait jamais admis qu’elle avait raison. Pas à cet instant. La convaincre du contraire aurait pris une heure et il aurait du lui mentir. Pour une fois, Nazyth estimait qu’il devait la vérité à un être humain : elle était honnête, simple et vraie.
— Emportez son corps, venez avec moi vous serez en sécurité, assura-t-il en lui prenant le poignet.
Elinea avait le souffle court, un degré d’énervement et de confusion que Nazyth avait rarement vu, même lorsqu’une personne venait de perdre un être cher.
— S’il vous plait, ajouta-t-il doucement en la regardant dans ses yeux noirs.
Sa respiration ralentit et Elinea semblait sur le point d’accepter. Nazyth n’en n’attendait pas plus pour pousser son avantage. Il passa une main sous la nuque de Sara Semilia et l’autre sous ses genoux et la souleva doucement.
— Allons-y, maintenant.
Elinea le suivit sans dire un mot.

Epilogue

Kyp Durron — Journal personnel

Le soleil disparaissait lentement à l’horizon. C’était ainsi chaque soir. Quelquefois j’étais là pour l’observer, d’autres non. Chaque jour qui passe peut être mon dernier. La vie est faite de cette manière : on se bat pour vivre, on essaie de savourer les quelques moments de paix qui nous sont offerts, mais on garde la certitude qu’un jour ou l’autre, ce sera fini. Et les jours se succèdent de cette façon. Parfois, certaines vies voient leur dernier jour arriver plus tôt. Celle de Coruscant s’est brutalement arrêtée lorsque Fey’lya s’est suicidé, emportant avec lui les vestiges de ce que fut la Nouvelle République.
Au moment où nous relevions la tête, trahis par le gouvernement que nous défendions, traqués par les voxyns et les Brigades de la Paix, Luke Skywalker s’est enfin décidé à agir.
Maître Skywalker.
J’ai laissé partir trop de jeunes pilotes et de jeunes Jedi : Deak, Znorik, Wurth Skidder, Yara, Ian Rime, Chem, Jake. Tous morts à Coruscant ou ailleurs. J’ai menti à Jaina Solo à propos de Sernpidal. J’ai laissé mes hommes se venger du Ranger Antarien de Brentaal. Une vengeance cruelle et inutile qui m’a frappé de plein fouet lorsque Maître Skywalker m’a confirmé l’existence des Rangers. Les Apôtres de la Vengeance se sont transformés en Apôtres de la Miséricorde et je me suis retrouvé seul face à mes choix et mes responsabilités.
Encore une fois, mon ami Yan Solo m’a permis d’emprunter un chemin plus droit et plus à même de servir l’intérêt commun.
Mon allégeance n’est pas feinte, n’est plus feinte. Les Jedi doivent présenter un front uni en ces heures sombres que vit une galaxie qui nous rejette autant que nous sommes capables de la sauver.
Pour les milliards de victimes de l’invasion Yuuzhan Vong, de Sernpidal à Coruscant.
Pour Miko, et Anakin.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 9:36   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Den a écrit:Voilà, j'avais commencé à lire hier soir, et je termine à l'instant!^^
C'est vraiment une fic intéressante et plutôt bien foutue!
Certes, il y a beaucoup de personnages, mais c'est ce qui fait le charme de l'histoire! Et puis, grâce à ton dramatis personae, tout est plus simple! :)
C'est vraiment sympa de voir à quel point tu connais ton sujet! C'est fou! Et ça rend la lecture bien plus agréable!
Ah oui, autre chose, je trouve que les titres sont en général vraiment bien trouvés!
C'est donc une fic très sympathique, qui a beaucoup de charme!
Vraiment: bravo!


Merci.

Effectivement, j'apprécie manipuler des événements du NOJ qui ont été peu développés et les lier ensemble par l'histoire des Rangers Antariens.

Néanmoins, à la relecture, je me dit que j'aurais pu limiter le nombre de planètes et de personnages.

Quoiqu'il en soit, cette première partie est vraiment l'histoire d'Eve Lane & Kol A'ha, la deuxième partie se joue sur une échelle beaucoup moins grande, avec moins de personnage, et c'est plus appréciable. Ah, et Nazyth Kej, est -vous 'laurez compris- le vrai héros de la deuxième partie. :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 9:46   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Partie II - Pleurer sous les bombes

Chapitre IX
Réfugiée

Vladet — Seize heures standards après la chute de Coruscant

Des regards vitreux, vagues, et vides d’expression.
Des visages vides, pâles et striés de larmes, brillant à la pâleur incolore de la mort.
Le parfum de la sueur — humaine ou autre — comme une fragrance âcre dans une pièce confinée.
La peur de mourir.
La peur de la trahison.
La peur des rêves brisés.
La terreur suffoquant, détruisant pensées et raison.
— Tous ceux dont le nom commence par la lettre B, rassemblez vos effets et attendez...
La peur de la destruction.
La peur de l’esclavage.
Comme une machine à vapeur, la température monte lentement, brûlant et cloquant les timides et les honnêtes…
— …à l’extérieur du point de contrôle où un inspecteur vérifiera vos papiers…
Mais mon cœur n’est pas apaisé.
Depuis que la justice est morte.
Que l’équité est morte.
Que la vérité est morte.
Quand on vous prend votre maison, vous vous écartez des chemins tracés.
Les faits deviennent flous, l’histoire est réécrite. Si une vie ne marche pas, vous en construisez une nouvelle.
Mais vous n’êtes jamais libres. Différents, pourtant toujours prisonniers d’une cage bâtie par les formulaires des bureaucrates et la stupidité du gouvernement.
J’étais une idéaliste, croyant sincèrement que les politiciens se soucient de protéger le peuple qu’ils représentent. Que mes petites fantaisies personnelles seraient à l’abri des menaces extérieures.
— …en attendant votre transfert vers un site de contention désigné…
Apparemment, agiter le drapeau blanc ne retenait pas les envahisseurs étrangers.
La moitié des hommes de ma ville sont mort en défendant le spatioport. Mon mari était parmi eux.
Un groupe d’étudiants en université a péri en essayant d’escorter des familles vers des vaisseaux d’évacuation. L’une d’entre eux était mon aînée.
Mon fils est tombé et mort dans une embuscade des Brigades de la Paix. Mon autre fils est mort empoisonné à bord d’un vaisseau de réfugiés.
— …ou vous attendrez votre future destination.
Adieu paix, prospérité et stabilité. Une performance remarquable, mais l’acte final s’est achevé dans le chaos.
Ma famille a été réduite d’un mari aimant et quatre enfants remuants à Aliya et moi.
Nous avons passé les trois années précédentes dans d’innombrables camps de réfugiés. Ils se confondent tous en un seul dans ma mémoire : surpeuplé et insalubre, suintant si fort la peur qu’elle semble palpable. Rempli de gens ayant perdu tout espoir de survie.
Je refuse de m’abandonner à ce pessimisme. Je veux que ma plus jeune fille vive, garde l’innocence que j’ai perdue lorsque les Vong ont débarqué dans notre système. Je veux qu’elle grandisse en pensant que ses rêves acidulés d’un foyer calme et d’une vie paisible peuvent devenir réalité. Je veux qu’elle soit aussi naïve, protégée et crédule que je l’ai été.
Je resserre mon emprise sur sa petite main et commence à me déplacer vers la cabane du point de contrôle. A la naissance d’Aliya, les docteurs m’ont dit qu’elle ne vivrait jamais adulte pendant qu’ils essayaient de la sauver d’une asphyxie due au cordon ombilical enroulé autour de sa gorge, son cerveau n’ayant pas reçu d’oxygène pendant trop longtemps. Les dommages cérébraux seraient sérieux et permanents.
Un retard mental et physique, avec fonctions motrices endommagées, fut leur ultime diagnostic. A cause de l’extrême nature de cet obstacle, le sujet ne sera jamais capable de s’intégrer seul à une société et toutes les fonctions corporelles sont susceptibles de s’éteindre à l’âge de vingt ans.
Aliya a maintenant dix ans. Elle parait plus jeune, le regard absent et des boucles enfantines auréolant son visage.
Et elle est la seule famille qu’il me reste. Il a été difficile de se déplacer d’un camp de réfugiés à un autre, car Aliya ne supporte pas bien les changements. Elle ne comprend sans doute pas où elle est ni ce qui se passe, mais elle se rend compte que quelque chose d’horrible est arrivé.
J’essaye de la réconforter, de la rassurer avec mes gestes de mère, que je ne l’abandonnerai jamais comme Papa, Ikia et les garçons. Aussi longtemps que je suis avec elle, mon bébé restera sauf.
— Baillot, Bajezuti, Ballen, veuillez approchez les installations d’inspection.
Nous n’avons pas passé beaucoup de temps dans chaque camp. Les examens médicaux ont systématiquement découvert le handicap d’Aliya, et les officiels prononçaient tous le même mensonge : nous sommes désolés, mais nous n’avons pas de place pour vous dans ce camp. Peut-être une autre planète aura des opportunités, mais nous sommes complets pour le moment.
Poli et vague, mais je peux discerner la vérité derrière leurs fausses excuses. Ils ne veulent pas que des réfugiés handicapés encombrent leur espace, gaspillent leurs réserves de nourriture, et agacent les autres occupants.
Comme si une petite fille dont le seul crime était d’avoir un traumatisme était systématiquement une perte de temps et d’argent.
Nous sommes donc montées dans un nouveau transport pour tenter notre chance sur un autre monde. Uniquement pour être rejetées à nouveau, et jetées sur la route.
Une longue liste de désillusions, et Vladet est notre dernier espoir. Il n’y a plus de camp de réfugiés. Les Yuuzhan Vong ont capturé ou effrayé trop de planètes.
Je marche dans la cabine d’inspection, nos affaires empaquetées dans un petit sac de voyage et ma main possessive enroulée autour de celle d’Aliya.
L’odeur nauséabonde de l’air s’épaissit, un mélange savoureux de viande avariée et de médicaments. Je regarde autour de moi pour voir cette même peur présente dans tout le camp, seulement amplifiée : ces gens savent que s’ils sont refoulés, leur seule option est la mort.
La terreur.
La souffrance.
Le désespoir.
— Madame Ballen ? Originaire de Garqi ?
Une jeune femme approche, ses cheveux noirs militairement coupés et le menton tenu fièrement. Elle avait dû être riche et puissante avant que la guerre ne frappe pour porter son autorité comme un juge. Je tire Aliya derrière moi et hoche la tête.
— Et c’est votre fille ? demande-t-elle, consultant son databloc. Aliya Ballen ? Quel âge a-t-elle, madame ?
— Cinq ans.
Le mensonge jaillit aisément de sa bouche, brûlant et apaisant ma conscience comme un digestif. S’ils font un examen plus profond, le gouvernement Vladetan ne nous admettra jamais. Mais au moins, nous gagnerons un peu de temps.
La femme se mouille les lèvres.
— Les autres membres de la famille sont défunts ? Pas d’autres parents vivants ?
— Non.
— Puis-je voir votre fille un instant, madame ? Une inspection de routine.
Je lâche la main d’Aliya avec réticence et la pousse vers la femme. Ma fille obéit silencieusement, ne protestant même pas quand la femme lui fait une prise de sang.
Je caresse son épaule. Dans cet état calme, presque soumise, Aliya parait presque normale. Mais peu importe son obéissance, ses yeux contiennent toujours cette même expression vide qui trahit toujours son handicap. Je lui donne un léger coup avec mon genou, lui intimant de garder son regard au sol. Si la femme ne voit pas ses yeux, peut-être passera-t-elle le test.
— Madame Ballen ?
La femme me regarde bizarrement, naviguant sur son databloc.
— Aliya a-t-elle déjà souffert d’une maladie physique sérieuse ?
— Non. Seulement de gros rhumes.
Elle secoue la tête énergiquement, puis prend le menton d’Aliya dans sa main. Elle l’étudie minutieusement, méticuleusement.
— Cette enfant n’a pas l’air d’avoir cinq ans. Je pense qu’elle est plus vieille.
Des rêves brisés.
La trahison.
La mort.
Je commence à paniquer.
— Oui, elle tient ça de son père. Lorsqu’il avait dix-huit ans, tout le monde affirmait qu’il avait vingt-cinq ans.
Des yeux verts pâles, sans profondeur ni émotion.
Des yeux d’enfants. Les yeux d’Aliya.
Des yeux morts.
— Madame Ballen…
— Aliya est juste un peu spéciale…
— Madame Ballen, je suis médecin. Cette enfant a au moins huit ou neuf ans, avec un handicap mental et physique. Est-ce correct ?
Un feu s’allume dans mon estomac, faisant rage, écorchant et tuant à chaque lancinement. Je sens les flammes grandir, nourrissant ma terreur et mon anxiété. Puis un éclair orange avale mon cœur et l’espoir s’évanouit. J’acquiesce en silence.
— Je vois. Madame Ballen, je suis désolée d’avoir à vous dire ça…
Un jour chaud et étincelant. Les créatures étrangères étaient visibles au loin, des monstres à l’apparence terrifiante que la lumière du soleil levant déformait en images cauchemardesques des frayeurs de mon enfance.
L’un des envahisseurs s’approcha, un grand guerrier au défigurement hideux et au sourire distordu. Il leva un bâton épais et pointu puis enfonça le bout acéré dans mon mari.
— …mais nous n’avons pas de places supplémentaires et nous devons donc gentiment vous demander…
Ankar tombe tellement lentement qu’un instant j’ai cru regarder un holo. Un disque de sang apparut sur sa veste boueuse — le vert en cuir de nerf que je lui avais offert pour ses quarante trois ans.
Il s’effondra en bas de la colline, un mouvement lent qui sembla absurdement incongru.
—…à vous et votre fille de…
Le Vong sourit, puis plongea une nouvelle fois son bâton serpent dans la poitrine de mon mari. Je criai et sortit de ma cache mais le meurtrier d’Ankar était déjà parti, courant déjà vers d’autres victimes. L’autre femme me retint.
—…sortir de l’aire d’attente avec vos affaires, s’il vous plait.
Je regardai les gouttes de pluies éclabousser son corps, assombrissant le tissu de son pantalon noir et scintillant comme du cristal sur ses boucles noires.
J’avais déjà perdu Ankar et mes enfants. Maintenant je me perdais moi-même.
La femme pousse Aliya vers moi et me montre la sortie.
— Merci de votre patience, Madame Ballen.
Je sors dans la lumière criarde de début d’après-midi, et marche vers les transports. Une nouvelle fois rejetées. Au moins cette fois, nous rejoindrons Ankar, Ikia, Daerel et Joen sous des cieux plus cléments.
Si de tels cieux existent.
Aliya tire la manche de ma tunique et me demande de la prendre dans mes bras. Ses boucles mattes grattent mon cou, un sentiment distrayant, mais je reste debout, berçant sa forme fragile avec la mienne. Je caresse ses cheveux. D’autres réfugiés passent en courant, mais je ne m’écarte pas du chemin. La volonté de bouger, penser, ou pleurer m’a quitté. Mon cœur endurci par des années de tristesse et de sévices en est réduit à ne plus rien sentir. Des fissures émotionnelles se forment et s’étendent dans mon cœur, mais aucune douleur ne s’en suit.
Je suis déjà morte à l’intérieure.
On ne m’a pas laissé récupérer le corps d’Ankar et maintenant personne ne se souciera du mien et de celui d’Aliya. Nous sommes juste des réfugiés. Ce n’est pas une grosse perte. Pas de famille pour porter le deuil de notre trépas, pas de larmes versées sur notre tragédie. Nous sommes les vraies victimes de ce conflit.
Et personne ne se souviendra de notre mort, la Nouvelle République ayant cessé de publier des listes de victimes civiles bien avant que Coruscant ne tombe. Il y a trop de morts pour pouvoir espérer les compter.
Quelqu’un tapote mon épaule. Je me tourne, basculant le poids d’Aliya sur une hanche et regarde le visage du soldat. Lui aussi est jeune, il mais plein de détermination, et je vois la pitié et la compassion dans ses yeux marrons. Il me sourit gentiment et me fait signe de sortir de la foule.
— Voulez-vous me suivre, Madame ?
Je me traine derrière lui, un uniforme bleu pâle dans un océan de crasse et de poussière. Le sentiment dominateur de peur commence à s’effacer et l’air commence à se clarifier. Moins de réfugiés. Plus d’espace. Deux portes sont en vue : l’une menant au spatioport, l’autre à la ville.
Le garde lève la main et je m’arrête. Abandonnées par tout le monde, nous voilà arrivées à la fin de tout. Je commence à marcher vers les vaisseaux, et la mort.
— Attendez, dit-il en attrapant mon bras. Il y a une autre solution.
Je fais une pause.
— Quel autre choix ai-je ?
— Vous avez un enfant. Si vous quittez Vladet, vous mourrez de famine ou d’esclavage.
— Je sais. (Je brosse une mèche du front d’Aliya et hausse mes épaules.) Mais c’est la vie.
Il cherche dans sa poche et récupère un morceau de flimsi.
— Prenez cette route pour la ville et trouvez cette adresse. Les gens là-bas vous aideront à trouver un foyer, dites que Tomas Savic vous envoie.
Puis il s’en va, retournant au camp comme si rien ne s’était passé.
Je fixe le papier dans mes mains, une direction vers une nouvelle vie et un nouveau départ. Une chance pour Aliya de survivre, ainsi que pour mes souvenirs de perdurer.
Et alors que je me détourne du spatioport pour prendre l’autre voie, je sens le soleil chauffer mon dos et le gel sur mon cœur fondre peu à peu.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 10:31   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE X
La Fin d’un Monde


Eve Lane — Journal personnel


La Galaxie regorge de merveilles et de mystères, d’innombrables légendes, contes et histoires qui affolent l’imagination, la curiosité, la fascination et la passion de ses habitants.
L’une d’elles dit que la capitale naturelle de la Galaxie — aux coordonnées triple zéro — l’immortel joyau des gouvernements galactiques successifs : l’Ancienne République, l’Empire et la Nouvelle République, a toujours été recouverte de ville. De tout temps et aussi loin que les archives des plus grandes bibliothèques de notre temps nous renseignent sur le passé, personne n’a jamais vu les lumières de l’immense cité vaciller.
J’ai vu les lumières de Coruscant s’éteindre.
Les lumières.
De Coruscant.
S’éteindre.
Et je ne peux m’empêcher de penser que pour chaque lueur perdant la vie, des milliers d’êtres vivants périssaient. Sous mes yeux.
Le Galaxie semble sonnée, comme si le grand horloger avait décidé d’arrêter le temps, comme si la Force nous avait abandonnés.
Abandonnés.
Comme les centaines de milliards de fugitifs dans les niveaux inférieurs de Coruscant et les dizaines de milliards de réfugiés affluant sur Kuat, Hapes, Naboo, Eriadu, Varonat et ici, sur Fondor pourtant assiégée.
Une planète meurtrie par l’immense pouvoir destructeur des Yuuzhan Vong et de Centerpoint que Garm Bel Iblis et son groupe de combat, arrivés de la débâcle de Coruscant, tenaient tant bien que mal. Coupés des lignes Républicaines — si elles existent encore — nous ne recevons que des bribes et d’informations et Bel Iblis ne semble pas disposé à se mettre au service du controversé Commandant Suprême Sien Sovv.
Depuis la chute New Plympto l’unité Tharen est désactivée, contrainte et forcée par le simple fait que sur les treize membres présents à Talfaglio, Kol et moi-même sommes à Fondor, Ko’qli mort sur New Plympto et Nazyth et les neuf autres ont disparus, éparpillés aux quatre coins d’une galaxie en désordre et paniquée.
Pourtant les Jedi Rar ont bel et bien réussi à s’échapper du massacre de New Plympto, les Rangers auront sans doute également fui, même si tout le monde ne possède pas la chance insolente des Solo.
Encore une certitude de la galaxie qui vole en éclat. La mort du puissant Wookiee Chewbacca n’était finalement que le prélude de la tragédie frappant la famille Solo. Anakin Solo, ce guerrier charismatique et courageux ainsi que son frère Jacen Solo ne sont pas revenus de la mission de Myrkr.
La galaxie perd ses joyaux.
La galaxie perd ses héros.
Des héros déchus.
Des hérauts de la chute.
La fin d’un monde.


Vladet — Deux mois après la chute de Coruscant

Nazyth Kej se réveilla en plein milieu d’un rêve malsain, un rêve de stress. Les nuits étaient courtes depuis une semaine et son sommeil n’était pas aussi réparateur qu’il l’aurait souhaité.
Les Yuuzhan Vong étaient proches. En permanence.
Ils guettaient. Constamment.
Ils surveillaient. Jour et nuit.
Et Nazyth avait faim. Très faim.
L’esprit embrumé errant dans les méandres de ses souvenirs proches le faisait transpirer, sa peau moite prête à ruisseler à la moindre chaleur supplémentaire. Le crâne appuyé contre une poutrelle de duracier son corps endolori obscurcissait ses sens, en particulier au niveau de son épaule droite.
Où sont passées mes rations alimentaires ? Pourquoi ai-je aussi mal à l’épaule ?
La réponse aux deux questions lui revint en mémoire à l’instant où il se les posa.
Elinea. Elle avait fini par basculer sur son épaule, habituellement peu encline aux épanchements sentimentaux envers Nazyth, la mort de sa mère trop fraîche dans sa mémoire pour qu’elle puisse se sentir à l’aise avec cet homme étranger. Nazyth avait réussi à lui arracher un remerciement pénible lorsqu’il avait sacrifié ses rations alimentaires du jour pour que la jeune femme puisse avoir le ventre plein.
Il vérifia d’un coup d’œil que la jeune femme allait bien. Elle semblait dormir paisiblement au milieu du silence tendu des hommes et femmes installés dans ce souterrain aménagé dans une contrée boréale de Vladet, non loin de Valdero, une des plus grandes villes de ce monde, loin dans les contrées boréales regorgeant de gaz naturel qui avait attiré les colons pendant des millénaires. Les souterrains étaient aussi dangereux que les mines d’une société pré-industrialisée, menaçant de rompre ou d’exploser malgré les efforts que les hommes et femmes y trouvant refuge avaient consentis afin de le sécuriser et de le solidifier.
— Tu m’as menti, murmura-t-elle.
A priori, elle ne dormait pas vraiment.
— Pardon ? répondit-il.
— Tu sais très bien de quoi je veux parler. Tu m’as menti.
— Par omission.
— Ca reste un mensonge.
Elle releva la tête et la fit rouler autour de son cou pour libérer ses cervicales engourdies.
— Tu m’avais dis qu’on partirait d’ici. On fait comment maintenant ?
Nazyth garda le silence. Les maigres explications qu’il avait fourni à Elinea concernant ses activités militaires ne l’avaient pas surprise et l’avait plutôt confortée dans l’idée qu’il était pour partie responsable de la mort de sa mère.
Vladet aurait du être une destination provisoire. Une simple escale avant de rejoindre Coruscant où leurs chemins — à la demande express, non-négociable et sincère d’Elinea — devaient se séparer. Mais la planète capitale aux milliards de lueurs s’était subitement éteinte, frappée de plein fouet par la puissance brute et implacable de la flotte Yuuzhan Vong et des amoncellements de morts civils et militaires sur lesquels les extragalactiques avaient bâti leur victoire. Dans le chaos galactique qui avait suivi, les routes commerciales coupées, les relais Holonet en panne, Nazyth avait trouvé plus sage d’attendre l’accalmie sur cette ancienne planète impériale.
Au lieu du havre de paix qu’il aurait souhaité, Nazyth se retrouvait en compagnie d’une femme qui le haïssait sur une planète cernée par l’espace Yuuzhan Vong. Et se demandait parfois quel était le pire des deux.
Nazyth avait noyé sa culpabilité dans l’accomplissement de sa mission et avait réuni un groupe de guerriers — d’anciens policiers, soldats, banquiers, voyous — unis dans le seul but de résister à une invasion Yuuzhan Vong qui ne s’était pas faite attendre. Tout comme les promesses de Nazyth, qu’Elinea avait parfaitement ancrées dans son esprit : il était convenu qu’ils rejoignent l’espace Républicain dès que la menace Vong se précisait.
Il aurait fallu à Nazyth trop d’énergie pour expliquer à la native de Brentaal qu’ils étaient plus en sécurité ici qu’à bord d’un cargo essayant de traverser les lignes Yuuzhan Vong.
Elle le prenait pour un irresponsable.
Doublé d’un menteur.
C’est pas gagné.
— On attend, dit-il.
— On attend ?
— Oui.
— D’accord, dit-elle en faisant une moue dubitative.
Elle laissa passer quelques secondes en fredonnant un air que Nazyth ne connaissait pas, comme si elle se délectait des bruits sourds, des crissements et des gémissements montant dans la caverne aménagée, puis elle ajouta :
— Au fait, on attend combien de temps ? sourit-elle faussement.
— Le temps qu’il faudra, murmura-t-il, visiblement agacé.
— Tu me prends pour une cruche ?
— Non...
— Si, tu me prends pour une cruche. Qu’est-ce qu’on fout encore là ? La poussière qui me tombe sur les cheveux c’est un soin capillaire ? L’air recyclé dix fois par jours c’est un traitement pour l’asthme ? Les rations alimentaires c’est pour me mettre au régime ?
Elle se leva d’un bon et fit un geste faussement sexy et tout bonnement ridicule en interrogeant Nazyth :
— Tu me trouves trop grosse c’est ça ?
Nazyth se dit que, justement, la poussière dans ses cheveux les rendaient moins ondulés et plus sauvages, tranchant nettement avec ses coiffures sophistiquées qu’il avait brièvement connu sur Brentaal lorsqu’elle exerçait encore son métier de commerciale dans l’immobilier, un milieu où l’apparence faisait une bonne partie de travail. L’air recyclé rendait son souffle plus saccadé, soulevant sa poitrine avec une régularité impeccable, et les quelques kilos qu’elle avait perdu depuis leur séjour dans les souterrains de la résistance la laissait loin d’être cadavérique.
L’ensemble était bien plus réussi que ce que voulait lui faire croire Elinea. Ajouté à son énervement, l’ensemble lui prodiguait une allure différente de ce qu’il avait connu. A ce moment précis, Nazyth la trouva magnifique. Ce n’était pas vraiment le moment.
Il allait ouvrir la bouche pour tenter une phrase très neutre mais elle l’interrompit en poursuivant :
— Si tu réponds à cette question, je t’étrangle de mes propres mains.
Elle tourna le dos et alla s’asseoir à l’autre bout de la pièce, les genoux repliés sur sa poitrine tandis que ses bras entouraient ses jambes. Ses yeux fixaient un point imaginaire sur le mur en face, le genre de point qu’un être humain trouve parfois particulièrement intéressant, du moins assez pour s’y attarder du regard sans que l’esprit ne s’en souvienne jamais, souvent trop occupé lui-même à réfléchir, penser, peser, sous-peser et ressasser ses propres souvenirs. En inoculant le sens de la vue, l’esprit humain se perdait dans les affres de son âme, un état propice à l’introspection et à la réflexion, parfois tellement profonde et désarmante que l’être se sortait de son rêve éveillé d’un tressaillement ou d’un frisson. Ce que fit Elinea, qui attrapa furtivement le regard de Nazyth avant de détourner les yeux pour recommencer sur un autre point, cette fois situé sur le sol.
Le Rangers mobilisa tous ses muscles courbaturés pour se relever en s’aidant de ses mains, une fois debout s’épousseta les mains sur le pantalon de sa combinaison et combla les quelques mètres qui le séparait d’Elinea. Immobile, elle attendit qu’il se soit assis juste à côté d’elle pour pousser un grognement qui semblait indiquer qu’il n’était pas vraiment le bienvenu.
Nazyth s’en doutait. Mais il fallait briser la glace au plus tôt si — justement — ils voulaient pouvoir s’échapper de cette maudite planète. Pour cela il fallait qu’il casse la carapace de sa compagne d’infortune et savait bien qu’il avait peu d’autres moyens à sa disposition que d’ouvrir sa propre carapace. Pourquoi est-on toujours rattrapé par ses défauts ? Bon, phase un, je fais mes excuses. Sincères ou non, elle en a besoin. J’ai estimé avoir fait mon devoir. Elle, le devoir, elle s’en moque.
— Excuse-moi. Je n’aurais pas du demander de l’aide à ta mère. Peut-être que d’autres personnes du réseau auraient pu m’aider aussi bien qu’elle l’a fait.
— Ils seraient morts aussi ?
— Probablement.
— Alors tu es l’unique responsable.
— Si je suis l’unique responsable alors je n’en connais pas la raison. Voilà le fond de mon excuse. J’aurais du envisager toutes les possibilités.
— Tu envisages parfois la mort des autres ? ricana-t-elle.
— Envisager n’est pas programmer.
— C’est dégueulasse quand même.
L’abcès semblait increvable et Nazyth se renfrogna en réprimant un soupir. Il s’appuya contre le mur et tenta de fermer les yeux pour chasser ses pensées tourmentées.
— Ma mère est morte comme elle l’avait souhaitée, entendit-il.
Nazyth décolla sa tête de la paroi granuleuse et regarda Elinea avec un intérêt renouvelé.
— Elle a fait le choix de protéger. Quelqu’un qui protège fait bouclier contre les attaques extérieures.
— Tu peux être fière d’elle, essaya-t-il.
— Non, tu ne comprends pas. Je ne parlais pas de toi. Mais de moi. Après sa retraite des commandos, elle a enfin commencé à s’occuper de moi. Quand papa est mort, elle est la seule à m’avoir protégée. Elle m’a protégé jusqu’à me mentir sur ses activités des derniers mois de sa vie. Mais elle était consciente des dangers qui me guettaient. Je n’ai jamais été soldat et je n’ai jamais tenu une arme dans mes mains mais il me semble qu’un bouclier qui anticipe est un bon bouclier.
Nazyth commença à voir où elle voulait en venir.
— Et toi, tu ne l’as pas prévenu des dangers que tu courais. Tu as utilisé un bouclier dont tu savais qu’il était faillible.
— Un bouclier est toujours faillible.
— Mais pas toujours sacrifiable, dit-elle dans un regard noir.
Le Rangers ne tenait plus en place et se leva d’un bond en gesticulant.
— Tu m’emmerdes ! C’est sans fin et sans fond ! Personne à mes yeux n’est sacrifiable. Je ne sais toujours pas ce qu’il s’est passé à New Plympto pour que les Douze de Kyp en aient après moi. Je te l’ai dit assez de fois pour commencer à en tenir un compte sur mon databloc.
— C’est quoi ton problème ? rétorqua-t-elle. Tu mens Nazyth. Tu respires le mensonge. Tu ne m’as pas tout dit. Tu te prends pour ma mère ? Le voilà le fond de la question, petit soldat. Pourquoi toujours me garder dans l’ignorance ? Ma mère a voulu me protéger et a fait de moi une incapable pour affronter cette guerre. Alors ne fait pas la même chose qu’elle. J’ai besoin de savoir, Nazyth. C’est quoi cette histoire de résistance que tu fomentes sur chaque planète ? Qui sont ces Rangers ? La mission sur New Plympto ? Tout, Nazyth ! Dis-moi tout.
Nazyth retrouva sa respiration et inspira une grande bouffée d’air aseptisé pour se calmer.
— Ok. Je commence par quoi ? dit-il en croisant les bras sur sa poitrine.
— Nazyth c’est ton vrai prénom ? demanda-t-elle avec suspicion.
— Euh, oui, répondit-il en haussant un sourcil de surprise. Nazyth Kej. Pourquoi ?
— Rien. J’aime pas, se moqua-t-elle méchamment, un sourire de garce accrochée à ses lèvres.
Nazyth leva les sourcils et se rassit. Elinea continua.
— Les Rangers Atraviens ?
— Antariens.
— Si tu veux... Donc ?
— Les Rangers Antariens sont le bras armé de l’Ordre Jedi. Ils furent très puissants jadis, et Palpatine...
— ... vous a exterminés, pauvres chéris...
— Tout juste. Il y a huit ans, Maître Skywalker a voulu nous faire renaître pour offrir à ses maigres effectifs le soutien logistique dont ils ont cruellement besoin et offrir aux élèves éconduits de l’Académie une opportunité de rester au sein de l’Ordre.
— D’anciens élèves de l’Académie ? Tu as été à l’Académie Jedi ?
Nazyth sourit faiblement.
— Oui, mais mes capacités sont plus que limitées.
— Ça, je le savais déjà, ricana-t-elle. Formidable ! Ravie d’apprendre que l’Ordre Jedi a une milice armée secrète. Rassurant. Vraiment rassurant...
— Nous sommes armés que lorsque c’est nécessaire. Nous sommes plutôt des espions. Nous avons nous-mêmes juré sur le Code Jedi.
— Oh, comme c’est louable. Vous avez une chorale également ? Un spectacle de fin d’année peut-être ?
— Hum, pour ainsi dire, notre existence n’est pas vraiment officielle, même au sein de l’Ordre Jedi. Je ne vois que cette seule explication à ce qui s’est passé sur Brentaal.
— Une milice secrète de Luke Skywalker envoyée sur Brentaal.
Elle se passa une main sur le visage. Elle garda les doigts pressés contre ses paupières, plus dépitée que jamais.
— Je rêve... souffla-t-elle.
— Nous sommes sous les ordres du capitaine Solo, ajouta-t-il avant qu’elle ne puisse surenchérir. Nous implantons des cellules de résistance sur les mondes susceptibles d’être envahi par les Yuuzhan Vong. Ta mère faisait partie de l’un de ces réseaux mis en place par certains de mes camarades.
— Et New Plympto ?
— Une mission Jedi qui a mal tourné. J’ai été envoyé sur Brentaal prévenir Kyp Durron et son escadron. Et puis plus rien, jusqu’à ce sombre après-midi. Quelque chose a du déraper et les Douze de Kyp auront pensé que je leur ai fourni de fausses informations. Maître Durron fait partie des Jedi qui ne connaissent pas notre existence. Ou faisait partie.
L’air d’ahurissement qui traversait son visage la laissait ivre de colère, son teint palissant peu à peu, mais elle sut qu’il disait vrai.
— Tu veux dire que ma mère est morte à cause d’un défaut de communication au sein de l’Ordre Jedi ?
— Pas tout à fait. Ta mère connaissait les risques qu’elle encourait en entrant dans le réseau de résistance. Elle n’aurait pas fui la planète avec toi lorsque les Yuuzhan Vong auraient attaqués. Elle voulait te protéger...
— Me protéger ? Et toi aussi tu veux me protéger ? En me cachant la vérité ? C’était si dur de m’expliquer tout ça avant ?
— Tu n’es pas une guerrière Elinea.
— Je sais, dit-elle doucement en regardant ses pieds. J’aime pas la guerre.
— Personne n’aime ça, Elinea.
— Permets-moi d’en douter, marmonna-t-elle.
Un silence gêné s’installa entre eux. Nazyth ne savait pas vraiment comment prendre la dernière remarque d’Elinea. L’accusait-elle d’être sanguinaire ? Le jeune homme doutait que cela change sa vision de voir les choses, mais il essaya de se rapprocher d’elle. Elle n’avait jamais semblée aussi perdue, aussi esseulée et aussi fragile.
— J’ai peur, dit-elle.
— Moi aussi j’ai peur, lui susurra-t-il à l’oreille.
Il n’était pas sûr que ce soit la vérité, mais si cela pouvait le rendre plus humain à ses yeux...
— Prends-moi dans tes bras, le coupa-t-elle dans ses pensées.
Passé l’instant de surprise, il l’enlaça tandis que la tête de la jeune femme se posait doucement sur son épaule.
Silencieusement, presque imperceptiblement, Nazyth sentit les soubresauts des sanglots qui animaient les flancs d’Elinea.
Réconciliation réussie. Phase deux : je poursuis ma mission. Nazyth s’était vu propulsé chef de la résistance dans les heures qui avaient suivi l’invasion. Une fois que les tentatives de recherche des Yuuzhan Vong se seraient tues, ses équipes devraient préparer leur prochaine mission. Et Elinea devait être mise en sécurité.



CHAPITRE XI
Retraite


Eve Lane — Journal personnel


Nous avons entendu des rumeurs sur une rencontre entre le Conseiller Pwoe et le Général Bel Iblis. Le Quarren serait venu chercher un soutien militaire inconditionnel pour que son auto-proclamation au poste de Chef d’Etat de la Nouvelle République ne puisse souffrir d’aucune contestation, ou alors qu’il puisse faire souffrir toute contestation. La différence devait être ténue dans son esprit. Les bruits courent et ne s’attardent pas, sauf pour s’embellir ou se dramatiser. Des morceaux choisis circulent dans les conversations de bistrots, les camps de réfugiés et parmi les militaires miraculés et remontés revenus de Coruscant.


« ...Général Bel Iblis, veuillez tout d’abord recevoir mes félicitations pour votre comportement admirable de courage et de ténacité au dessus de Coruscant.
Le sourcil blanc de Bel Iblis s’est levé jusqu’au plafond.
— Ah ? Vous y étiez ?
Pwoe ne s’est pas laissé démonter, et a continué calmement :
— Oui, vos actions ont pu sauver nombre de nos concitoyens et...
— Et vos actions ?
— Pardon ?
— Oui, vos actions ! Combien ont-elles sauvé de citoyens pendant que vous fuyiez misérablement comme une limace kjuga ?
— En accord avec le Commandant Suprême Sien Sovv, il était de mon devoir...
— De la fermer et d’ouvrir bien grand vos oreilles, ou tout autre orifice relié à vos tympans ou ce qui en tient lieu.
— Je vous ordonne de...
— Partir sur le champ. J’ai plusieurs millions de soldats fidèles qui ne répondent plus aux ordres de votre pantin d’amiral, ni même à la République. Il serait dommage que votre navette soit détruite avant que vous ne quittiez Fondor.
— Comment osez-vous...
— J’ai également quelques milliards de réfugiés qui continuent d’affluer par millions, heure après heure, Tête-de-Poulpe. Grâce à vos actions héroïques bien entendu. Des réfugiés qui ont faim. Et qui adorent la soupe de poisson.
Pwoe étant reparti dans un autre style de courbettes, celles-ci plutôt profil bas, Bel Iblis s’est tourné vers le commandant Pash Cracken et lui a lancé :
— Vous avez bien retiré les réserves de nourriture de sa navette pour les distribuer aux réfugiés ? »

Au moins je suis certaine de cette dernière phrase puisque j’ai moi-même vidé la navette du Sénateur Quarren, avec le reste de mon équipe. E’lena, Orias Teegan, Erinkla, Ijra Huy, Gwok Chibano et Gaj Noba sont revenus un à un de New Plympto où quatre d’entre nous ont trouvé la mort aux côtés des Nosauriens. L’une de ces résistants ramenée par Kol à bord du Soleil de New Plympto — Loli — nous a rejoints.
L’Unité Tharen comporte à présent neuf membres, et nous projetions déjà de reprendre nos opérations de sabotage. Mais sans ordre direct et précis des Solo ou de Maître Skywalker il semble inconsidéré de se lancer dans une mission improvisée. En attendant, nous nous mettons au service de Garm Bel Iblis dont la droiture et l’honnêteté l’impose comme un chef de confiance.


Vladet

L’air aigre emplissait ses narines, chaque particule de poussière virevoltant sournoisement dans les tourbillons de son souffle pour mieux s’immiscer dans chaque recoin de ses poumons asphyxiés. Des contractions de son diaphragme soudaines, brèves et trop erratiques pour être saines soulevaient violemment sa poitrine entravée par le bâton amphi planté dans son poumon gauche. Le goût métallique du sang affluait au fond de sa gorge, à moins que ce ne soit qu’une vue d’un esprit malicieux... Une blancheur infinie envahit son esprit, le plongeant dans une tornade mentale infernale, une chute abyssale dans un puits sans fond... jusqu’à ce qu’il rencontre le fond, une explosion kaléidoscopique de couleurs et de douleur.
Nazyth s’entendit crier presque de manière détachée puis il sombra au son du hurlement de son second.
— RETRAITE !

— Entrez, mais ne faites pas trop de bruit, il a besoin de repos, lui avait dit l’infirmière.
La jeune femme s’avança avec précaution vers le lit de camp installé dans le bloc médical de fortune de la résistance, séparé par une cloison de durabéton des autres compartiments. Un rideau était tiré de l’autre côté, laissant le patient un peu d’intimité vis-à-vis de son voisin. Ce dernier semblait dormir également.
L’homme allongé semblait paisible, presque innocent.
Bien sûr, se dit-elle. Innocent.
Deux tuyaux transparents lui fournissaient l’air nécessaire à sa bonne respiration : un séjour dans une cuve Bacta réparait instantanément les dégâts physiologiques apparents mais pas les traumatismes du cerveau humain qui avait besoin d’un peu de temps pour rétablir ses facultés psychologiques et corporelles. Elinea s’assit sur un tabouret bien trop haut pour sa petite taille et caressa machinalement les plis du drap du Ranger. Des draps... Le moelleux des draps lui manquait, la chaleur rassurante d’un foyer, Nazyth avec elle...
NON ! Ma fille, tu es en train de te faire avoir. Tu le détestais encore il y a quelques jours, se réprimanda-t-elle en chassant rapidement la pensée presque érotique qui l’avait étreinte. De toute façon il te déteste aussi. Elle déporta ses yeux sur la pile de vêtements lavés de Nazyth, et remarqua un morceau de papier usé qui dépassait. Ne pouvant résister à sa curiosité, elle tira doucement l’objet pour découvrir une photographie photovoltaïque.
Quel ringard ! ricana-t-elle intérieurement avant d’écarquiller les yeux, en réalisant ce qu’elle voyait. Oh...
Nazyth poussa un gémissement qui attestait de la douleur de son réveil et Elinea remit la photographie dans la poche de la veste, sans aucune discrétion vu la panique qui l’avait soudain animée.
— Hé ! Comment tu vas ? demanda-t-elle dans un sourire si éclatant qu’elle eut peur qu’il soit faux.
— C’est qui ? J’suis au paradis ?
— Hum, non Nazyth, c’est Elinea.
— J’ai toujours su que je finirais en enfer, fit-il avec un mince sourire.
— Pas de doute, t’es réveillé.
— Oui. Merde...
— Quoi ?
— Les trucs dans le nez me chatouillent...
— Nazyth...
— ...tellement que j’ai bien envie de les enlever et de...
Nazyth...
— ...me lever parce que je me sens en pleine f...
— NAZYTH ! Ici l’enfer, tu m’écoutes ?
Nazyth plissa les yeux et mimant une moue de malaise.
— Crie pas... oui ?
— T’es gentil, mais tu restes au lit, ok ?
Nazyth reposa sa tête en marmonnant quelque chose à propos de l’enfer et l’infirmière entra pour s’assurer que le Ranger n’avait pas de problèmes de respiration, maintenant qu’il était réveillé. Elinea se saisit d’une coupelle remplit d’un liquide bleuâtre encore chaud qui dégageait une petite odeur aseptisée amère. Une lingette à la propreté légèrement douteuse baignait dedans et quelques gouttes du liquide vinrent se répandre sur la table basse à mesure qu’Elinea essorait le tissu. Elle l’entortilla sur lui-même pour le passer sur le front encore éprouvé et couvert de sueur de Nazyth qui soupira tranquillement.
Tomas Savic, son second, arriva ensuite, un sourire éclairant son visage resté tuméfié et sale depuis la mission de la veille.
Il portait un plat chaud, seul point positif de cette bravade à l’ennemi qui avait consisté à voler le plus de nourriture possible pour charger les navettes d’évacuation et nourrir les réfugiés amassés dans les souterrains qui commençaient à crier famine.
Tout s’était déroulé parfaitement. Les sapeurs avaient fait un travail au millimètre, impressionnant de précision, pour amener le tunnel provisoire sous le plus vaste dépôt de fourniture de la Brigade de la Paix, le minant de charges explosives qui avaient enseveli le passage après que les speeders furent chargés du contenu de l’entrepôt. Tout avait marché comme prévu.
Du moins cette partie là.
Les militaires, emmenés par Nazyth, avaient tenté le pari audacieux d’attaquer frontalement les positions des Brigadiers afin de faire diversion et si la chance leur souriait, créer la liaison avec les équipes qui vidaient l’entrepôt.
Mais les renforts Yuuzhan Vong ne s’étaient pas fait attendre. Nazyth avait juste eu le temps de voir arriver les guerriers et était tombé au sol, une douleur fulgurante dans la poitrine.
— Lieutenant Savic, dit-il en lançant un regard plein de sous-entendus à Elinea. Vous êtes mon paradis.
Le second, relevant la petite scène qui se déroulait sous ses yeux sourit et roula des yeux de dépit.
— Je ne veux pas savoir ce qui se passe ici...
— Rien ! fit Elinea qui se leva brusquement et partit en trombe, visiblement vexée.
Nazyth haussa les épaules et se jeta sur l’assiette, la faim le tenaillant depuis qu’il s’assurait que ce n’était pas le cas pour la femme susceptible et lunatique qui se faisait appeler Elinea.
— Alors ? On s’en sort bien non ? dit-il la bouche pleine. Je ne me souviens pas très bien, je n’ai pas vu grand-chose...
— Quatre cents morts. Autant de blessés.
Nazyth s’arrêta de mâcher et releva les yeux vers son second, muet d’incrédulité. Quatre cents. Le tiers de leurs effectifs. Un tiers de plus blessé. Il avala bruyamment et difficilement sa bouchée et écouta Savic continuer.
— Ils nous ont pris à revers, une vraie boucherie.
Le Rangers serra les dents et les poings, le visage et les jointures de ses doigts livides.
— Nous ne sommes plus assez nombreux pour protéger les souterrains. Ils finiront par se procurer des grutchinyas. Leur garnison n’est pas encore assez nombreuse pour tenter de nous attaquer mais elle le sera un jour. Il faut partir.
— Le but de cette opération était de ramener des vivres. C’est chose faite. Sans ça, pas d’évacuation ! Ne vous accablez pas, Monsieur.
— Le but n’était pas de tuer quatre cents hommes et femmes...dit-il en secouant la tête. Mais nous pleurerons nos morts plus tard. Il faut évacuer tout le monde. Coupés des lignes républicaines comme nous sommes, comment savoir quelle planète est occupée ou ne l’est pas ? Quelle planète accepte les réfugiés ou ne les accepte pas...
— Pour la première question je n’ai pas vraiment de réponse, mais pour la deuxième...
— Vraiment ?
— Oui, une experte en la matière pour ainsi dire.
— J’irais la voir, comment s’appelle-t-elle ?
— Saria Ballen, elle est arrivée deux jours avant les Yuuzhan Vong mais a été rejetée des camps de réfugiés. Je l’ai hébergée chez moi avant que nous nous cachions tous dans les souterrains.
— Très bien. Et pour la première question ?
— Des rumeurs prétendent que Garm Bel Iblis et son groupe de combat sont à Fondor. Une route hyperspatiale sûre pourrait être établie et avec les quelques chasseurs d’escorte que nous comptions utiliser on devrait pouvoir se débarrasser de quelques mines hyperspatiales, de grutchin voire même d’un interdicteur. Difficile de trouver plus proche. Comme vous l’avez dit, les Vong peuvent être partout.
— Malheureusement oui, soupira-t-il en enfournant une autre bouchée.
— Ce qui est surtout malheureux c’est que nous allons manquer de vaisseaux. Les blessés prennent plus de place que les valides et nous n’avons plus assez de Bacta pour soigner tout le monde rapidement. J’ai bien peur que certains d’entre nous aient à rester ici en attendant de trouver d’autres vaisseaux.
— Combien ?
— Nous pouvons évacuer les vingt-sept mille réfugiés à bord de nos sept transports. J’ai déjà établi les listes d’admission et sélectionné nos meilleurs pilotes pour les transports et la trentaine de chasseurs qui les escorteront. Tous les soldats qui en ont fait la demande partent avec les transports. Nous sommes deux cent cinquante trois à rester, dit-il en jetant un œil à son databloc.
— Elinea ?
— Transport B9.
— Bien, très bien, dit-il en tendant son assiette à son second et s’allongeant à nouveau. J’ai besoin de repos. Vous pouvez disposer Lieutenant.
L’homme resta en place, le regard emprunt d’une détermination que beaucoup de couards pourraient lui envier.
— Monsieur ?
— Lieutenant Savic ?
— Monsieur, cette planète n’est pas la votre. Vous êtes un homme bien. Vous méritez de partir.
— Répétez ça voir ? demanda Nazyth en fermant les yeux.
— Vous méritez de partir.
— Non, avant...
— Vous êtes un homme bien ?
— Oui voilà !
Tomas Savic leva un sourcil et garda le silence. Le jeune homme rouvrit les yeux et le regarda d’un air sévère.
— Alors ?
— Excusez-moi, Monsieur, je ne comprends pas.
— Eh bien, répétez voyons !
Un air d’ahurissement apparut sur le visage de Savic mais il se ressaisit vite, adoptant une posture militaire parodiée à l’extrême en disant d’une voix forte.
— Vous êtes un homme bien, Monsieur.
Nazyth referma les yeux en dodelinant de la tête de satisfaction.
— Bien. Maintenant vous méritez de partir Lieutenant. Rompez. Moi, je roupille.

Elinea vit passer le lieutenant Savic devant elle en lui jetant un regard noir pour l’humiliation qu’il lui avait fait subir quelques minutes auparavant. Transport B9. La meilleure nouvelle qu’elle ait entendue depuis bien longtemps, assurément. Elle avait trépigné de joie, elle avait voulu crier, pleurer, sauter en entendant les deux résistants parler d’évacuation imminente. Puis ce sentiment s’était doucement évanoui. L’amertume, la tristesse et l‘indécision avaient pris sa place : elle désirait plus que tout au monde quitter ces souterrains crasseux, cette poussière et ces gens sinistres et cadavériques que constituaient la masse des réfugiés, alors pourquoi se sentait-elle si mal ?

Quelques heures après la visite de Tomas Savic, Nazyth se réveilla au son du claquement métallique des bottes du personnel s’activant pour préparer les vaisseaux à l’évacuation finale des réfugiés. Différents langages aliens s’attardaient dans les airs : des cris, des ordres, des injonctions, des interjections, des plaisanteries. Autour de lui, le vacarme se rapprochait insidieusement, deux infirmiers Bothan et Etti transportant de lourdes valises chargées de matériel médical. Thorma, l’infirmière Bith en charge de l’évacuation des blessés se tenait maintenant près de son lit et débranchait un à un les derniers appareils d’aide à la respiration.
— Je ne vous mets pas dehors, Commandant, mais je crois qu’il est temps de vous lever et de toutes façons, je ne pense pas que vous souhaitiez rester plus longtemps, n’est-ce pas ?
— Euh... oui, bredouilla-t-il, par contre si vous pouviez...
Thorma lui fit un sourire entendu et avant de se retourner, tendit à Nazyth ses vêtements :
— Bien sûr !
— Merci, marmonna-t-il, écarlate de gêne, en enfilant ses sous-vêtements.
Être nu devant son médecin, ses amis ou une femme humaine ne le complexait pas du tout mais bizarrement, lorsqu’il avait affaire à un alien, il devait bien reconnaître que le jugement particulier que certaines espèces avaient du corps humain le mettait mal à l’aise, encore plus lorsqu’il s’agissait d’une espèce humanoïde comme les Bith, une espèce à même de faire des comparaisons... Parfois, les considérations aliens se contentaient du côté biologique des choses, ce qui selon Nazyth, était le pire. Il avait autrefois rencontré un Dug moqueur qui lui avait expliqué qu’il était tout bonnement incapable de différencier le sexe d’une femelle et d’un mâle humain. Nazyth avait failli vomir son dernier repas.
Puis Elinea entra dans la pièce, un sourire faible et peu assuré sur les lèvres, comme si elle s’attendait déjà à une remarque désobligeante ou un trait d’humour déplacé de Nazyth. Ne voulant pas le rendre plus méfiante qu’elle ne l’était déjà, Nazyth fit l’effort d’entamer normalement la conversation par un banal :
— Oh, c’est toi.
— Oui, ça ne fait aucun doute, sourit-elle. Le Lieutenant Savic m’a dit que nous allions évacuer.
Elle s’arrêta un court instant en effectuant un mouvement ample et lent du bras pour souligner l’activité qui se déployait autour d’eux.
— En même temps, tout ce bazar... Je suis dans le transport B9, et toi ?
— Formidable ! Le transport B9 est notre appareil le plus performant, le mieux blindé et le mieux armé. On y a rajouté deux turbolaser 56-GT, avec ça tu seras en sécurité.
— Je ne sais pas.
— Je t’assure que si. Nos pilotes vont tous vous ramener à Fondor, derrière les lignes Républicaines, c’est ce que tu voulais non ?
— Oui, marmonna-t-elle.
Il avait raison. Après tout, c’est elle qui avait tout fait pour s’en débarrasser, c’est elle qui l’avait pressé de partir loin. Il l’avait protégée et s’était mis en danger lui-même pour qu’elle n’ait pas à souffrir de la guerre. Elle avait beau savoir qu’il ne partirait pas, elle n’était pas sensée être au courant. Elle ne trouva pas d’autre moyen que de dire la vérité.
— Je vous ai écouté avec le Lieutenant Savic. Tu ne veux pas partir.
— Mon devoir est ici.
— Alors je ne serai pas en sécurité...
— Je t’assure que...
— ... sans toi, termina-t-elle.
— Oh.
Nazyth arrêta brièvement d’enfiler sa veste puis reprit là où il en était : la manche gauche. Il cala correctement le tissu rêche sur ses épaules et vérifia le contenu de ses poches. Il se leva enfin du lit et vint se poster en face d’Elinea, lui prenant doucement les épaules.
— Écoute ma jolie, on est pas fait l’un pour l’autre, même en d’autres circonstances plus paisibles...
— Arrête ton cinéma petit soldat ! Pourquoi ton devoir serait-il à une planète qui n’est même pas la tienne ?
— Mon sacrifice n’est pas vain. On ne parle de planète mais de personnes, ici, d’êtres vivants.
— Ton sacrifice ? s’écria-t-elle d’une voix aiguë, les larmes aux yeux.
Il sut qu’il en avait trop dit.
— Tu ne penses pas survivre à la guerre, n’est-ce pas ? dit-elle tête baissée pour masquer sa tristesse. Peut-être même que tu ne veux pas.
— Je me suis mal exprimé, je...
— Viens avec moi ! Reste pas là, je t’en supplie, implora-t-elle dans un sanglot.
Nazyth prit un air agacé et n’eut pas vraiment besoin d’en forcer la sincérité.
— Arrête de pleurer et de faire ta gamine effrayée. Vu les maigres instants d’amitié que nous avons partagé, il ne fait aucun doute que tu me feras tes adieux sitôt que tu seras en sécurité. Alors plutôt que de satisfaire à ton humeur du moment, à ta peur de l’instant, monte dans le transport, fiche moi la paix et laisse moi faire ce qu’il me semble être le plus utile.
Nazyth prit immédiatement conscience de la dureté de ses propos et le regretta presque. Là, il y était vraiment allé fort en laissant libre cours à son énervement. La force de ses paroles se dissipa le long de sa joue jusqu’à sa tempe à mesure que les muscles de son visages absorbait le choc douloureux de la gifle que venait d’envoyer Elinea. Elle tournait déjà les talons pour se rendre à son transport.
Jamais Nazyth n’avait pensé ce qu’il venait de dire, mais il devait trouver un moyen radical et efficace pour qu’Elinea accepte, pour une fois, ce qu’il exigeait d’elle. Si je m’en sors, tout est à refaire...

Les préparatifs à l’évacuation battaient leur plein lorsque Nazyth sortit enfin du bloc médical. Des humains, des Duros, des Twi’lek et des Vray transportaient des caisses de vivres à la main ou sur des chariots répulseurs. Beaucoup d’entre eux allaient et venaient dans le désordre le plus total pour récupérer leurs derniers effets personnels, leurs proches ou leurs amis. Les miliciens de Savic avaient beau faire tout ce qu’il pouvait pour inciter la foule à opérer dans le calme et le respect de l’autre, des êtres vivants paniqués n’y montraient que peu d’égard. Surtout lorsqu’ils étaient entourés par une moitié de soldats dont le seul désir était de rejoindre le bal de la précipitation et par une deuxième moitié blasée et dépitée de devoir rester sur Vladet en regardant leurs camarades soupirer de soulagement. Nazyth scruta le hall de la base à la recherche de quelqu’un qui pourrait le mener jusqu’à Saria Ballen. Autant chercher une unité R2 dans un sandrunner Jawa ! Sauf lorsqu’on avait un Caamasi sous la main : Fraci Y’tro — que tout le monde connaissait ici — et qui s’était rapidement mué en assistant logistique de Nazyth. Son cerveau à la mémoire infaillible contenait les noms, prénoms, état, zone d’affectation et planète d’origine des quelques dizaines de milliers de membres se terrant dans les souterrains. Nazyth ne comprenait pas comment l’Empire avait pu dénigrer autant les non-humains. Certains aliens possédaient des capacités intellectuelles, physiques, morales ou physiologiques incroyables et le mélange des genres lui paraissait plus qu’essentiel. D’ailleurs il avait même eu une aventure avec une Bothan nommée Cili lorsque celle-ci lui avait... Nazyth secoua la tête en souriant, ce n’était vraiment pas le moment de ce repasser ce vieil épisode sur l’holoécran de sa mémoire. Sans hésiter une seconde de plus, Nazyth sortit son comlink et tenta de joindre Fraci.
— Y’tro j’écoute, dit une voix légèrement voilée.
— Salut Fraci, Commandant Kej à l’appareil.
— Avez-vous fini votre sieste, Monsieur ?
— Non. Je sortais justement pour dire à tous ces gens affolés de faire moins de bruit.
— En effet ! On n’est même plus tranquille chez soi de nos jours...
Nazyth pouvait entendre que son interlocuteur souriait largement.
— Connaîtrais-tu quelqu’un du nom de Saria Ballen s’il te plait ?
— Vous cherchez un bouc-émissaire Monsieur ?
— Tout juste !
— Dans ce cas, elle doit être à l’infirmerie Monsieur. Sa fille a besoin de soins réguliers. Des gens biens Monsieur.
— Merci Y’tro.
— De rien Monsieur.
Nazyth raccrocha et prit son mal en patience pour refaire en sens inverse les dix mètres qu’il avait fait depuis l’infirmerie. Thorma finissait d’emballer des seringues hypodermiques et de jeter des compresses souillées sans aucune précaution médicale ou écologique. La Bith leva les yeux vers lui, encore absorbée dans son travail.
— Je vous manquais ?
— Oui, ainsi qu’une de vos patientes. Ballen. Ca vous dit quelquechose ?
La Bith fit un geste brusque en direction de la droite avant de se replonger frénétiquement dans ses occupations. Nazyth marcha à grandes enjambées le long du couloir qui longeait les compartiments médicaux, le bruit et l’agitation de la base s’estompant à mesure qu’il s’enfonçait plus loin dans les profondeurs du bloc médical. Ce dernier tunnel avait été creusé très récemment, suite à l’augmentation du nombre de malades et de blessés. La frénésie et le vacarme de la foule n’était plus qu’un lointain murmure et Nazyth savoura ce calme relatif et temporaire. Tous les compartiments qu’il avait longés étaient vides et la fin du tunnel était en vue. Une chambre sur sa droite était encore éclairée mais le rideau était tiré.
— Il y a quelqu’un ? demanda-t-il.
Le silence seul lui répondit.
Il répéta sa question puis face au silence régnant toujours, se décida à ouvrir de lui-même le rideau. Il déploya sa main lorsque le rideau se mit à bouger. Une petite tête brune se matérialisa un instant dans les rideaux puis disparut subitement. Nazyth poursuivit son geste et ouvrit le rideau entièrement. Une petite fille se tenait assise sur le bord d’un lit, une petite fille à l’air triste. Une tristesse presque abyssale, comme si ses lèvres n’avait jamais connu un sourire. Des yeux vides d’expression et de sens, sans profondeur aucune si ce n’était celle de l’innocence et de la vulnérabilité.
— Bonjour, dit-il doucement. Je m’appelle Nazyth. Et toi c’est ?
La petite fille resta muette. Elle ne semblait même pas l’entendre, et à peine remarquait-elle sa présence.
— Ah. Tu ne veux pas me dire ton nom. Ta maman t’a peut-être dit de ne pas parler aux étrangers n’est-ce pas ?
Cloitrée dans son silence.
Nazyth fit quelques pas en avant, assez doucement pour ne pas risquer de l’effrayer, et vint s’asseoir à côté d’elle. La fillette ne broncha pas.
— Moi je connais déjà ton nom, tu sais. C’est Ballen, non ?
La petite fille tourna enfin la tête vers lui et fixa son regard sur son nez. Ou bien sa joue, impossible de vraiment savoir. Elle pencha légèrement sa tête sur le côté et le dévisagea minutieusement. D’une manière à la fois détachée et concernée, une situation si troublante que Nazyth en fut presque effrayé.
Que se passe-t-il avec cette gamine ?
Il ferma doucement les yeux pour se soustraire à ce regard et mieux se concentrer. Il se remémora une à une les techniques de méditation qu’il avait apprises au Praxeum et essaya de lancer son esprit vers la fillette en espérant que la Force lui donnerait quelque indice sur son mutisme...
...Pour être subitement et intégralement envahi par une blancheur absolue. Pour avoir essayé par curiosité, Nazyth savait que les Yuuzhan Vong étaient absents dans la Force. Mais le vide d’énergie vitale qu’ils constituaient avait la couleur du mal, la noirceur du désespoir. Cette enfant rayonnait dans la Force, presque trop fort pour qu’un être sensible comme lui puisse résister à une telle pureté de l’âme. Nazyth n’avait jamais croisé une telle innocence, une telle insouciance même dans le cœur d’un enfant. Il n’était pas très à l’aise avec la Force mais la vague de bonté qui le submergea aurait été insoutenable pour n’importe quel autre être sensible à la Force tellement l’immaculée pénétrait chaque recoin de sa perception à présent.
La pureté à l’état pur.
Un mince filet humide sur sa joue se dessina, et Nazyth rattrapa avec surprise la larme qui coulait de son œil droit. La première depuis de trop longues années.
Il rouvrit les yeux et regarda la petite fille.
Voilà pourquoi je me bats, voilà pourquoi je dois vivre.
Un optimisme comme il n’en n’avait jamais connu l’anima au plus profond de lui, et sa joie explosa lorsque la fillette écarta ses bras pour que Nazyth s’occupe d’elle. La petite brune enfouit sa tête dans son cou et resta ainsi de longues minutes.
Ce fut seulement à ce moment là que Nazyth remarqua qu’Elinea et une femme qui devait probablement être Saria Ballen observaient la scène en souriant. Le Rangers rougit instantanément et bredouilla :
— Bonjour Madame Ballen.
— Eh bien Aliya, tu t’es fait un nouvel ami ?
La petite fille se dégagea de Nazyth et se précipita bras tendus vers sa mère qui dut lâcher son paquetage pour l’accueillir dans ses bras. Vraisemblablement, elle devait être en train de rassembler ses affaires pendant qu’Aliya l’attendait là.
— Elle s’appelle donc Aliya, renchérit Nazyth. Elle n’a pas voulu me dire son nom.
— Oh, dit Saria d’un air gêné. Je suis désolée... Aliya ne parle pas.
Si Nazyth était rouge, il devint alors cramoisi. Avant qu’il n’ait pu formuler une réponse, Saria poursuivit en se tournant vers Elinea.
— C’est un bon parti, il semble avoir un bon contact avec les enfants, vous devriez le garder.
Elinea préféra ne pas répondre.
— Vous savez, en règle générale, Aliya a peur des étrangers. Elle ne se préoccupe que des gens de confiance. Si elle vous connaît depuis quelques secondes vous devez être quelqu’un d’exceptionnel.
— Je vous rassure, ce n’est pas le cas, dit Elinea.
Nazyth choisit d’ignorer la remarque et demanda rapidement à Saria quelles planètes étaient déjà saturées en réfugiés afin d’éviter de laisser les milliers de réfugiés qu’il tentait de sauver dans une situation trop compliquée. Saria lui fit une liste exhaustive des mondes surpeuplés et Nazyth croisa ces informations avec les siennes pour conclure que Fondor serait certainement la meilleure destination. Saria et Aliya repartirent enfin du bloc médical en faisant un petit signe à Nazyth qui fit un sourire éclatant à la fillette.
Une fois qu’elles furent parties, Elinea lança :
— Fraci m’a envoyé chercher Saria. Je ne suis pas venu de bon cœur, crois-moi.
La jeune femme disparut derrière le rideau.

Elinea s’éloigna dans la coursive poussiéreuse ou le nuage soulevé par l’agitation alentour se faisait de plus en plus épais. Tomas Savic leva juste les yeux pour s'assurer qu'elle prenait la bonne direction puis alla plus loin consulter tranquillement ses sous-officiers dans un hall où le bruit faiblissait peu à peu sous l'effet conjugué de l'action tranquillisante et régulatrice plus efficace des soldats de Savic et de la diminution significatives du nombre de réfugiés, la plupart d'entre eux ayant maintenant rejoint leur transports.
L'évacuation pariait plus sur la rapidité que la puissance de feu des résistants. Vladet étant d'une importance mineure, et la flotte Yuuzhan Vong affaiblie par les combats de Coruscant et de Borleias occupée à se dépêtrer des poches de résistances du Noyau qui commençaient à s'agiter, il ne restait sur place qu'une petite frégate qui suivait la plupart du temps la face ensoleillée de Vladet. Les sept transporteurs lourds que la résistance avait affrétés étaient cachés dans les étendues glacées des territoires nordiques de l'hémisphère supérieur de Vladet. Les souterrains y menant avaient été creusés puis scellés avant l'arrivée des Vong, pour leur majeure partie. La grande inconnue résidait dans l'état de ses souterrains. Pour le reste, un transporteur délabré dont on avait retiré l'hyperpropulsion pour récupérer des pièces et s'assurer que les moteurs des autres transporteurs étaient comme neuf. Fraci Y'tro s'était proposé pour conduire ce transporteur dans une pseudo-manœuvre d'évasion en face ensoleillée, laisser assez de temps aux autres transporteurs lents et lourds de faire leur saut hyperspatial pendant que la frégate le descendrait tranquillement. Nazyth Kej et ses hommes devaient ensuite récupérer sa capsule près d'un glacier proche. Enfin, si les coraux skippers venaient à perturber le plan, l'armement supplémentaire des transporteurs leur laisserait peut-être le temps de fuir.
Tomas interpela le Caamasi :
— Prêt ?
— Oui, Monsieur.
Le lieutenant n'en avait jamais douté : Fraci était courageux comme la plupart de ses pairs, excepté ce petit caractère désabusé qu'il cultivait sciemment. Tomas se demanda si cette réaction n'était pas liée au vide qui le tourmentait depuis la destruction d’un monde natal qu’il n’avait connu que dans les souvenirs de ses parents exilés.
— Alors, allez-y. Il est temps. Bonne chance Fraci.
— Monsieur, je demande la permission de parler.
— Accordée, dit Tomas, légèrement surpris.
Fraci n’était pas du genre à discuter les ordres et pour un Caamasi, on pouvait dire qu’il était un « homme »
d’action. Les Caamasi étaient les plus grands pacifistes de la Galaxie, et ce malgré le fait que leur monde ait été ravagé par l’Empereur. Fraci ne faisait pas exception et n’aurait jamais accepté une autre mission qu’une simple diversion dans un transporteur si légèrement armé. Néanmoins, sa fibre philosophique n’étant pas touché parce que lui demandait la mission, Savic était intimement convaincu qu’il la remplirait avec brio. A la lueur dans les yeux de l’alien, le lieutenant sut tout de suite qu’il était plus sur le point de dédramatiser que d’argumenter.
— Avez-vous préparé mon pique nique, monsieur ? fit-le Caamasi dans un grand sourire.
— Bien entendu. Le Commandant Kej lui-même l’a cuisiné.
— C’est mon arrêt de mort ?
— C’est votre arrêt de mort ! Rompez.
Le Caamasi, déjà vêtu de sa combinaison de vol, s’en vint aussi vite qu’il était arrivé après avoir salué son supérieur.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Dim 07 Mar 2010 - 10:33   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

CHAPITRE XII
Attendre et Comprendre


Chroniques de Yun-Yammka, Cortex Ompha, Troisième Cantique

La vie est tangible.
C’est un fait, un postulat qui n’a jamais été prouvé mais qui est définitivement vrai.
La douleur est tangible.
Définition de la douleur : une sensation relayée via des neurones vivants.
La douleur cesse avec la mort.
Le contraire de la mort est la vie.
La vie est donc douleur.
La vie est également une vérité fondamentale, pour laquelle nous vivons.
Ainsi, la douleur est une vérité fondamentale.
J’existe si et seulement si je sens la douleur et que la douleur est une vérité fondamentale.
Je me scarifie moi-même et je sens cette souffrance.
J’ai mal, donc je suis.
Ma douleur est ma colonne vertébrale.
Et votre douleur est mon sang.
Do’ro-ik Vong pratte !

Kral Qalu



Vladet


En voyant la lueur les propulseurs du dernier transport se fondre dans les nuages du ciel nocturne de Vladet, Nazyth se demanda s’il avait vraiment cru un seul instant que les résistants et les réfugiés aient pu rester plus de deux semaines dans cet enfer. Chaque jour qui passait les avaient rapproché d’une inéluctable découverte par les extragalactiques. Nazyth se moquait de savoir si sa mort était une question de temps plutôt qu’une question de volonté et que les Yuuzhan Vong, à l’usure ou en force, étaient en mesure d’éradiquer toute vie de ces souterrains.
Nazyth était tourmenté par ses derniers échanges avec Elinea : elle avait malheureusement vu juste. L’excuse à son cynisme n’était pas plus valable pour justifier la relation qu’il avait entretenue avec la jeune femme, et elle l’était encore moins pour justifier de mettre en danger les quelques trente mille réfugiés désespérés de Vladet. Nazyth était peut-être condamné, mais il n’avait pas le droit de condamner les autres : seuls les volontaires étaient restés. Il savait qu’il avait adopté la bonne attitude en laissant le choix de leur destin à ces hommes et femmes qui l’entouraient, le Rangers regrettait simplement de ne pas l’avoir fait plus tôt. Il avait érigé un voile illusoire devant ses yeux en tentant de garder à l’abri des réfugiés désespérés dans des tunnels crasseux et lugubres. Qu’espérait-il alors ? Attendre sagement la fin de la guerre en laissant tout le monde mourir de faim ? Nazyth savait que si un seul transport avait été capturé ou abattu, il n’aurait pu en supporter sa culpabilité : c’était avec ce sentiment de mal-être et d’inquiétude qu’il avait affronté la nuit.
Le dernier éclat orange des propulseurs scintilla une dernière fois dans le ciel et le Rangers sentit la peur panique qui l’avait envahi au début de la nuit s’évader peu à peu pour faire place à l’adrénaline. Maintenant que les transports étaient partis, Fraci était quelque part là-haut, espérant que sa mission de sauvetage se déroulerait sans anicroche. La balise du Caamasi transmettait toujours, et ses dernières positions attestaient que sa trajectoire était conforme aux prévisions du plan.
Le glacier était coincé dans une vallée étroite que les résistants avaient pris soin de couvrir avec deux batteries d’artilleurs mobiles postés sur chaque flanc. Leurs derniers missiles sol-air ne seraient certainement pas de trop si un corail skipper ou deux venaient à se montrer. Nazyth et quinze de ses hommes se chargeait de l’éventuel tir de barrage qui permettrait à Savic et l’unité médicale qu’il protégeait d’aller extirper Fraci de son module. Vingt autres soldats lourdement armé s’étaient disposés autour de l’entrée du souterrain le plus proche pour permettre à tout le monde de fuir.
Nazyth sortit ses macrobinoculaires et scruta le ciel : l’épaisse couche de nuage ne permettait pas d’observer les couches supérieures de l’atmosphère. Le module de Fraci ne préviendrait pas avant de se montrer et le Caamasi était sensé couper sa balise à l’entrée dans l’atmosphère pour se faire plus discret. Nazyth fourra ses jumelles dans son sac et s’accroupit derrière un bloc de glace bleuie par un ruisseau fin qui s’écoulait en dessous. Il resserra la sangle de son manteau et observa son haleine se condenser instantanément au contact de l’air glacial dans lequel il évoluait.
Attendre.

Kral Qalu toucha le moignon de son bras gauche : les membres de son domaine avaient refusé qu’il soit remplacé pour que le pisteur se souvienne de son court séjour sur Naboo et de son rôle significatif dans le fiasco du plan de l’Exécuteur Vorrik. Le Maître de Guerre s’était fait un plaisir de le rétrograder au rang de subalterne avant de l’affecter à la flotte de B’shith Vorrik qui l’avait lui-même envoyé dans la garnison ridiculement réduite de Vladet. Se sortir du bourbier dans lequel il s’était empêtré à Naboo lui avait coûté un bras et sa réputation. Son sursaut d’orgueil et ses capacités exceptionnelles au combat avaient été la clé de sa réussite sur Naboo : quoique ses supérieurs aient pu dire par la suite, Kral avait fourni une information fiable à un supérieur en risquant sa vie en l’honneur de Yun-Yuuzhan. Comme tout bon guerrier, il s’était battu avec toute la rage de Yun-Yammka. Somme toute, ce que le supérieur avait fait de l’information qu’il avait fournie le concernait peu : Kral Qalu était simplement devenu un bouc-émissaire, une tête à faire tomber pour justifier de l’ingérence de la structure de commandement. De la même manière que ses semblables, Kral Qalu érigeait l’honneur en mode de vie, mais pour la première fois de sa vie, c’était l’injustice qui le frappait de plein fouet.
Au plus profond de lui-même Kral savait qu’il ne méritait pas sa condition. Là où ses croyances étouffaient indéfectiblement son sens de la compassion et ses convictions, s’était installé un grand vide. Sa propre civilisation, sa propre culture s’était retournée contre lui : comment les dieux pouvaient-ils autoriser l’honneur sans la justice ? La seule justice qui semblait valable était justement l’honneur. Les Humiliés n’avait pas d’honneur : ils se trouvaient en dehors du cercle de légalité de la société Yuuzhan Vong. Si le discours général voulait que les Humiliés fussent des Yuuzhan Vong en quête de rédemption, le traitement réel qu’ils subissaient au jour le jour était proche de l’esclavage. Et c’était là ce qui troublait le plus Kral Qalu : un esclave n’a pas d’honneur. Quels étaient leurs sentiments vis-à-vis de la justice ?
La découverte de la Galaxie avait changé bien des choses pour les Yuuzhan Vong : l’espoir et la fin de l’errance. Mais ces infidèles secouaient leurs certitudes. Alors qu’il était encore en convalescence dans le damutek du domaine Molou fraîchement installé sur Yuuzhan’tar, Kral Qalu s’était enfoncé dans les couches inférieures de la nouvelle planète hôte de son peuple à la recherche des Humiliés. Il y avait croisé un Yuuzhan Vong du nom de Raamr Iln, chétif et craintif, prêt à mourir sur le champ lorsqu’il avait croisé le guerrier au détour d’un ancien bar crasseux d'infidèles.
— Relève-toi, Humilié, lui avait-il dit.
Avec précaution, le petit être légèrement confus s’était relevé tout doucement en reculant pour se mettre hors de portée.
— Es-tu prêt à mourir ?
— Oui, Maître...
— Pourquoi ?
Le Yuuzhan Vong s’était arrêté net avant de s’incliner encore plus bas et d’ajouter d’une voix rauque.
— Si telle est la volonté des dieux...
— Cette volonté est-elle juste ?
— Yun-Shuno nous a promis le rédemption et...
— REPONDS A MA QUESTION, HUMILIE !
— Non, Maître, ce serait injuste ! avait-il paniqué.
— Assieds-toi, avait dit Kral en lui indiquant un siège d’infidèle. Raconte moi ce qui est juste ou ce qui n’est pas juste dans la société Yuuzhan Vong, toi qui n’est pas de l’Elite, toi répudié par les Dieux, dis moi. Je déciderai ensuite de ton sort.
Le petit Humilié s’était assis à contrecœur et s’était exprimé prudemment sur ces sujets tabous de la société Yuuzhan Vong. Kral Qalu apprit toutefois que les Humiliés n’attendaient pas patiemment que la prophétie annonçant leur rédemption se réalise. Avant cette rencontre, le pisteur n’était pas au courant des événements de Yavin IV où un guerrier du nom de Vua Rapuung avait racheté son honneur aux côtés du Jeedai Anakin Solo. Si Tsavong Lah avait voulu étouffer l’affaire au sein de l’Elite, il avait réussi : peu de Yuuzhan Vong semblaient au fait des exécutions perpétrées sur la quatrième lune de Yavin, et de toute façon les échanges entre l’Elite et les basses couches restaient plutôt rares. Kral Qalu était resté stoïque le temps du récit de l’Humilié et l’avait ensuite laissé partir. Seul dans le bar infidèle, Kral Qalu avait connu ses premiers doutes, il avait tué deux infidèles qui erraient à la recherche de nourriture pour passer sa colère mais le malaise qui l’avait envahi alors le poursuivait encore aujourd’hui.
Ici, dans le transport Yorik-trema, à la poursuite d’une capsule d’évacuation qui pourrait les mener aux résistants trop agités de Vladet, Kral Qalu attendait. Mais le Yuuzhan Vong voulait faire plus qu’attendre. Il voulait savoir.
Comprendre.

Nazyth déambulait quelque part dans les méandres de sa conscience, des recoins ni trop sombres pour l’inquiéter, ni trop lumineuses pour l’aveugler. Il se sentait toujours ainsi au combat : une demi-conscience qu’il croyait parfaitement lucide. Pas vraiment un cauchemar endormi, ni un rêve éveillé, mais quelque chose d’intermédiaire, de flou, comme un songe grisé. Il pouvait presque sentir son esprit se détacher de son corps lorsqu’il s’entendait lui-même hurler à gorge déployée et appuyer aussi vite qu’il le pouvait sur la gâchette. C’étaient là ses vrais moments de lucidité, une lucidité bien dangereuse. Lorsqu’il voulait rester en vie, mieux valait se plonger profondément dans cette transe naturelle catalysée par la peur et l’excitation.
Les trois transports Yorik-trema s’étaient posés trop tard pour surprendre l’équipe de Savic qui, presque tranquillement, avait couvert l’extraction de Fraci. Mais la quinzaine de guerriers, accompagnés de leurs Chazrach asservis étaient parvenus aux tunnels avec une frénésie insoupçonnée avant que la résistance ne parvienne à les sceller.
Le temps ne pressait plus pour les réfugiés qui goûtaient à présent aux joies du saut hyperspatial. Néanmoins, considérer que les résistants disposaient d’un temps illimité pour se débarrasser des guerriers Yuuzhan Vong était une folie. Tenir l’entrée du tunnel était vitale pour les hommes de Vladet. Quand les Vong se rendraient compte de leur défaite – Nazyth ne doutait aucunement de la capacité de ses troupes à se défaire des extragalactiques – ils chercheraient à tout prix à transmettre la localisation précise de cette entrée aux maîtres des Grutchins. A partir de cet instant, les résistants auraient beau sceller tous les souterrains autant qu’ils le pouvaient, les Vong finiraient par les trouver. Et par les tuer.
Les Yuuzhan Vong avaient créés leur propre diversion en se lançant à l’assaut de cette entrée. Leurs trois transporteurs étaient à la merci des artilleurs postés sur les flancs. Nazyth leur avait demandé de rester en position : une condamnation en bonne et due forme si le reste des soldats ne battaient pas les Vong et qu’ils se retrouvaient du mauvais côté du tunnel.
Nazyth rechargea son blaster dans un concert de cliquetis et reprit sa sanguinaire activité. Les Chazrach moins bien protégés commençaient à tomber un à un. Malheureusement, ses hommes aussi.

Debout derrière les fantassins Chazrach, Kral Qalu avançaient en escaladant les rochers, les corps de Chazrach calcinés et d’humains transpercés par des scarabées rasoirs. Il saisit fermement son bâton amphi qui se raidit instantanément dans sa main. Au son do Do’ro-ik Vong pratte de ses camarades il s’élança vers les premières lignes des infidèles. Il trancha facilement la main d’un homme brun qui sembla étonné de la douleur engendrée. Un deuxième tenta de l’ajuster avec sa vibrolame et Kral lança son bras en arc de cercle pour parer l’attaque. Les muscles de l’avant-bras de l’homme frémirent sous l’impact et Kral Qalu ordonna silencieusement à son bâton amphi de s’assouplir. L’arme serpentine s’enroula doucement jusqu’au coude de l’homme et planta goulument ses crocs dans sa chair tendre. Le poison s’écoula lentement dans les veines de l’homme à mesure que Kral tirait à lui son adversaire. Kral dégaina son coufee en continuant à tirer. L’humain vint s’empaler tout doucement sur son couteau de combat, ses entrailles lentement déchirées et transpercées. Son dernier souffle de vie expiré, il s’affaissa sous son propre poids.
Kral Qalu eut un rictus satisfait avant de remarquer que la situation globale ne tournait pas en faveur des siens. Des Chazrach si blessés qu’ils en étaient fantomatiques tentaient impuissamment d’asséner des coups significatifs aux humains, et la moitié des fiers guerriers Vong gisaient inanimés sur les flancs de la montagne. Une vingtaine de mètres au-dessus de lui, Kral vit l’un des infidèles sortir un comlink de sa combinaison et hurler un ordre. Quelques secondes plus tard, le sifflement caractéristique de roquettes fut suivi d’une explosion violente derrière lui.
Kral Qalu ferma les yeux. Evidemment, se dit-il. Sans attendre d’ordre du lieutenant qui les dirigeait – fut-il encore en vie – Kral Qalu tourna les talons et dévala la pente à toute vitesse en direction du premier feu qui crépitait sur les restes d’un des Yorik-trema.

Nazyth ne réfléchit pas plus longtemps et ajusta la premier Yuuzhan Vong qu’il vit redescendre la pente mais le rata de peu. Il ordonna à Savic de prendre le commandement et s’élança à toute vitesse à la poursuite de l’ennemi. Un deuxième Yuuzhan Vong lui emboîta le pas lorsqu’il passa en trombe en évitant un amas rocheux barrant le chemin. Arrivé à trente mètres des transporteurs, il entendit siffler un projectile et leva les yeux pour apercevoir deux trainées jaunes et rouge dans le ciel. Les deux Yuuzhan Vong s’arrêtèrent et Nazyth, les yeux occupés à regarder le ciel, se prit les pieds dans une roche saillante, roula sur quelques dizaines de mètres tandis qu’il entendait deux nouvelles explosions – il espérait qu’il s’agissait des transporteurs. Les membres douloureux, Nazyth releva la tête et se trouva nez à nez avec deux bottes de crabe vonduun qui lui ordonnèrent :
— Debout, infidèle. (Kral Qalu réajusta son tyworzym.) Maintenant.
Nazyth n’eut pas le temps de s’exécuter que le deuxième Yuuzhan Vong était arrivé.
— Tue-le, Kral Qalu, lança-t-il.
— Non, répondit le pisteur, le regard mauvais.
— Oserais-tu répudier l’ordre d’un supérieur ? gronda le dernier arrivé.
Ponsii Dar’dau, Ai’tanna Yun-Yammka, ponsii Dar’dau !, hurla le premier Yuuzhan Vong avec un air de démence effrayant, intimant visiblement à son interlocuteur de se retenir ses paroles. Yuth Ugg !
Le second Yuuzhan Vong eut un léger mouvement de recul, et Nazyth se dit que l’air de folie douce qui flottait dans les yeux du Yuuzhan Vong à un bras était plus que terrifiant. Ne mettant que quelques secondes à se ressaisir, l’officier Yuuzhan Vong se jeta sur son opposant : deux pas dans la direction du bâton amphi suffirent à Nazyth pour se relever sur un genou et ajuster l’officier au point vulnérable connu de son armure. Deux rayons lasers bleus heurtèrent violemment les flancs du Yuuzhan Vong. Son visage distendu par la douleur jeta un rapide coup d’œil à la chair brûlée et commotionnée qui pendait à présent sur ses côtes, un mélange indiscernable de vonduun et de sa propre chair. Les jambes encore endolories par sa chute, Nazyth posa sa main gauche au sol afin de se relever complètement et sa lenteur dans l’exécution du geste permit à Kral Qalu de ne pas perdre de temps. Le Yuuzhan Vong lança sa botte de crabe vonduun sur la tempe du jeune homme.
Les yeux fermés pour mieux contenir les élans douloureux qui parcouraient son crâne et menaçaient de suinter de tous les orifices de son visage, Nazyth sentit s’ajouter à ces douleurs lancinantes l’oppression d’une main se refermant doucement sur sa gorge en le soulevant du sol. Sa lucidité déjà accablée par le coup reçu à la tête, le manque d’oxygène attaqua ses fonctions cérébrales de plein fouet. Lorsqu’enfin la pression se relâcha, Nazyth se sentit tomber comme une poupée de chiffon sur le sol rocailleux.
— Lève-toi, infidèle, il n’y a plus aucun danger, ricana le Yuuzhan Vong.
Nazyth se redressa avec l’assurance d’un somnambule et sentit immédiatement que son blaster lui avait été arraché lors de l’opération. Il ne nota pas tout de suite la légère pression qui s’exerçait encore sur son coup et qu’il mettait sur le compte de la douleur résiduelle de l’étranglement qu’il avait subi. Lorsqu’il ouvrit les yeux, Nazyth se rendit compte que le bâton amphi de son adversaire était à présent enroulé autour de son coup, sa petite tête serpentine prête à plonger ses crocs dans ses artères les plus vulnérables.
— Pourquoi te bats-tu infidèle ? cracha le guerrier.
— Je suis chirurgien-plasticien, votre amour des cicatrices m’enlève mon travail, haleta Nazyth.
— Réponds ! Ou meurs ! hurla-t-il pendant que son bâton amphi sifflait d’impatience.
— Pour que vos dieux ne gouvernent pas notre Galaxie, cracha-t-il, pour que nous ayons le droit de lever les yeux vers les étoiles en décidant qui décide de notre destin sans que quiconque nous l’impose. Il n’y a pas de justice sans liberté.
— Nous rendons justice aux dieux en épurant la Galaxie des infidèles, répondit le Yuuzhan Vong, visiblement sur la défensive.
— Vous rendez la justice pour vos dieux ? Quel peuple prétentieux ! Ne peuvent-ils pas s’en charger seuls ? Pourquoi ne pas simplement nous transformer en Humiliés ? Quelle est la différence entre un être rejeté des dieux et un être qui n’y croit pas ? Votre rang vous permet d’aimer cette justice, qu’en est-il de ceux qui ne sont pas dans votre cas ?
Nazyth plissa les yeux : le visage du Yuuzhan Vong était impassible mais son regard abyssal et tandis que l’étreinte de l’arme de Kral Qalu se desserrait, le Rangers se demandait quelles pensées tourmentées avaient pu traverser l’esprit de l’extragalactique. Le Yuuzhan Vong tomba à genou en tenant sa poitrine ensanglantée et une silhouette pointant un blaster apparut derrière lui.

Comment sait-il ? COMMENT PEUT-IL SAVOIR ?
Le malaise qui l’assaillait depuis quelques semaines acheva d’exploser dans sa tête et le pisteur sentit son contrôle sur le bâton amphi vaciller.
Je n’y crois plus. Je ne suis pas un Honteux. Je ne suis pas un guerrier.
Deux décharges énergétiques le heurtèrent entre les plaques d’armures de ses omoplates, projetant une onde de douleur que Yun-Yammka aurait apprécié… si je pouvais encore lui dédier.
« Nazyth ! hurle une voix.
— Elinea ? Par la Force qu’est que tu fais là ? »
La Force l’emporte sur la force, quelle ironie.
« Achève-le !
— Non, attends… »
L’attente est aussi longue que la compréhension douloureuse. Si Yun-Shuno a promis la rédemption aux Honteux, elle est aussi la seule à apporter un semblant de justice au peuple Yuuzhan Vong. L’infidèle doit comprendre lui-aussi. Les Honteux…

— Les Honteux…
Le râle qui s’échappa de la bouche distordue du Yuuzhan Vong était presque inaudible. Elinea resserra l’emprise sur son blaster et mis le guerrier en joue. Nazyth s’approcha prudemment et demanda :
— Quel est ton nom ?
— Kral Qalu, soupira-t-il. Les Honteux… sont les justes. Ils accompliront sa volonté comme je l’ai accompli. Ils s’éveilleront à elle.
— Qui est-elle, guerrier ? le pressa Nazyth.
Jeedai fut le seul mot que Nazyth parvint à saisir dans le hurlement de douleur que poussa le Yuuzhan Vong. Kral Qalu lança son bras vers le col de la combinaison du Rangers et l’attrapa aussi fermement qu’un blessé grave pouvait le faire. Elinea réagit instantanément en appuyant violemment le fût de son blaster sur la tempe du guerrier.
— Ecoute-moi, résistant, il faut que sa volonté soit faite, la volonté de Yun-Shu…
La fin de la phrase se perdit dans la gerbe de sang qui jaillit de l’autre côté de son crâne lorsque le rayon laser le traversa. Nazyth se dégagea et croisa le regard mauvais d’Elinea.
Il passa devant elle et se dirigea vers les souterrains.
Sans un mot.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 07 Mar 2010 - 17:26   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Bon, j'ai lu les quatre premiers chapitres, et je trouve ça pas mal sur le plan de l'écriture et des personnages; attention quand même aux virgules quand tu fais des phrases longues, parce que je ne suis pas passé loin de mourir d'asphyxie :lol: Il me semble aussi avoir aperçu une ou dux fautes de conjugaison, du présent qui tombe comme un cheveu sur la soupe, mais rien de préoccupant.

Pour le scénario, il a l'avantage de s'insérer parfaitement dans l'UE, il comble les vides du NOJ, on trouve plusieurs références (j'aime bien le nom de l'unité de Lane^^), au point que se pourrait très bien être canon; par contre, pour l'instant, en raison des sauts d'un bout à l'autre de la Galaxie, il donne l'impression d'être très... Discontinu. On passe de Durron à Sarkin, à Vorrik, à Alema Rar... Lorsque la fan-fic est plus avancée, cela ne pose pas problèmes; mais lorsque l'histoire en est encore à son début, il vaut mieux se centrer sur peu de personnages et d'intrigues, je trouve. Enfin, ça devrait aller mieux le temps que tout cela se mette en place.

Bref, malgré ces défauts, ça me semble plutôt bon, surtout pour une première fan-fic (je n'en menais pas large, à mes débuts^^)
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Lun 08 Mar 2010 - 13:01   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Bon, j'ai lu les quatre premiers chapitres, et je trouve ça pas mal sur le plan de l'écriture et des personnages; attention quand même aux virgules quand tu fais des phrases longues, parce que je ne suis pas passé loin de mourir d'asphyxie :lol: Il me semble aussi avoir aperçu une ou dux fautes de conjugaison, du présent qui tombe comme un cheveu sur la soupe, mais rien de préoccupant.


:P

Pour le scénario, il a l'avantage de s'insérer parfaitement dans l'UE, il comble les vides du NOJ, on trouve plusieurs références (j'aime bien le nom de l'unité de Lane^^), au point que se pourrait très bien être canon; par contre, pour l'instant, en raison des sauts d'un bout à l'autre de la Galaxie, il donne l'impression d'être très... Discontinu. On passe de Durron à Sarkin, à Vorrik, à Alema Rar... Lorsque la fan-fic est plus avancée, cela ne pose pas problèmes; mais lorsque l'histoire en est encore à son début, il vaut mieux se centrer sur peu de personnages et d'intrigues, je trouve. Enfin, ça devrait aller mieux le temps que tout cela se mette en place.


Tu résumes bien ce que j'en pense moi-même !

Bref, malgré ces défauts, ça me semble plutôt bon, surtout pour une première fan-fic (je n'en menais pas large, à mes débuts^^)


Ouais, en me relisant, j'ai plutôt apprécié, ça fait vraiment longtemps que je l'ai écrite. D'ailleurs, elle n'est pas finie... il manque un chapitre... le final. J'ai déjà écrit l'épilogue.

En fait, je me suis rendu compte que ce que je préférais c'était écrire sur les Yuuzhan Vong, je me suis éclaté avec Kral Qalu et Tri'kor Vorrik.

J'ai mis cette vieille fic pour demander au fandom si ça valait le coup ou non que je reprenne à écrire. Je prépare d'ailleurs quelque chose sur les YV à mon avis nettement plus intéressant. Plus court aussi. Je préfère le format "nouvelle". Cette fic sur les Rangers Antarien m'a entraîné trop loin à mon goût.

J'essaierai quand même de vous livrer une fin digne de ce nom.
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar wedge25 » Lun 08 Mar 2010 - 13:47   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Cool, une fanfic NOJ par notre cher Gilad. :love: Dès que j'ai 5 minutes, j'attaque çà. :D

Non patron, je ne suis pas sur un site porno. Aïe..pas sur la tête...ouille! :paf:
« La réalité, c'est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d'y croire. » Philip Kindred Dick
wedge25
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 473
Enregistré le: 15 Mar 2006
Localisation: Orléans
 

Messagepar Cosmokenobi » Ven 12 Mar 2010 - 11:31   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Gilad,

Bien que je n'ai pas encore tout lu (je vais m'attaquer ce midi au chapitre IV), j'aurais une petite suggestion à te faire...du même style que le dramatis personae

Pourquoi ne pas indiquer pour chaque partie entre/pendant/avant/après (rayer les mentions inutiles) quels romans du NOJ cela se déroule (par exemple, pour le chapitre I, tu indiques 8 mois après le début de l'invasion, ce qui nous situe au début du NOJ)

Ça pourrait fournir une indication supplémentaire (inutile peut-être, mais pas sûr...)

Qu'en penses-tu?
Han Solo "Mais tout l'or du monde ne vaut pas ça"
Cosmokenobi
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1290
Enregistré le: 03 Fév 2006
Localisation: France
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Ven 12 Mar 2010 - 11:40   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Done
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Cosmokenobi » Ven 12 Mar 2010 - 11:53   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Gilad Pellaeon a écrit:Done


Quelle efficacité, c'est juste énorme :D

En tout merci car maintenant, je sais que je ne dois pas lire la dernière partie avant d'avoir lu La voie du Destin en entier (que je viens de commencer)
Han Solo "Mais tout l'or du monde ne vaut pas ça"
Cosmokenobi
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1290
Enregistré le: 03 Fév 2006
Localisation: France
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Ven 12 Mar 2010 - 12:00   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Si si tu peux, y'a aucun spoiler inside et le chapitre 13 et l'épilogue ne sont même pas encore écrits... :roll:
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 

Messagepar Cosmokenobi » Ven 12 Mar 2010 - 12:09   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Ah oui, alors dans ce cas c'est différent :transpire:

Si tout se passe bien, tu auras mes impressions en live ce soir sur les chapitres IV et V (je vais les lire ce midi, avec peut-être un petit retour sur le 3 premiers histoire de me remettre dedans... :D )
Han Solo "Mais tout l'or du monde ne vaut pas ça"
Cosmokenobi
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1290
Enregistré le: 03 Fév 2006
Localisation: France
 

Messagepar Darth Piejs » Lun 15 Mar 2010 - 10:52   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière

Et bien et bien bizarrement je me doutais que Gilad+FFic=NOJ!
Bon bah faudra attendre que j'ai entamé le NOJ pour te donner mon avis :wink:
J'aime beaucoup la couv c'est toit qui l'a faite? Elle est bien dans le style NOJ genre sombre voyage.
Je suis déçu d'apprendre qu'on aura pas droit à Tyria dans le NOJ, ta fic rattrappera tout ça :) .

PS : Pour répondre à ta question non Jace ne porte pas de slim mais des robes... :transpire: :paf: :D

Alpha63 a écrit:Oh god.
Après Piejs et sa fic Old Rep voilà Gilou et sa fic NOJ.
Candidou on attend tous ta fic TCW :love:


:lol: :lol: :lol:
The Old Republic : "Piejs", Chef de Guilde Section Wampa XXI
Chroniques des Nouvelles Guerres Sith : Les Mémoires de Darth Piejs
Darth Piejs
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 9019
Enregistré le: 28 Fév 2008
Localisation: Meditating on the Dark Side in my Roon's Castle
 

Messagepar TAWAK » Lun 15 Mar 2010 - 12:30   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

+1 sur la couv => elle est dans le style de celles du NOJ mais elle arrache bien plus que beaucoup d'entre elles.
Wedge Antilles : Si Corellia ne se rallie pas à l'AG, si la guerre éclate vraiment, quelque chose de très grave va se passer ... Je risque de ne pas toucher ma retraite militaire de l'Alliance Galactique !
TAWAK
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 11028
Enregistré le: 20 Déc 2001
Localisation: Paris
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 16 Mar 2010 - 12:43   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Je passe juste te dire que je passerais prochainement sur tes fan-fics, Gilad, et ça vaut aussi pour celle de Wedge25; pour l'instant, je suis trop pris par les procédures d'orientation de Terminale et par l'écriture du chapitre VIII de L'Ascension de Sev'rance Tann :wink:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 21 Mar 2010 - 0:51   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Ayé, c'est lu...

Je suis fatigué donc je vais faire court: c'est étonnament bien manié au niveau du style pour une première fan-fic, et les personnages sont convenablement développés; j'apprécie également les nombreuses références à l'UE. Mais le scénario est très classique, et pour tout dire, assez brouillon... Cela s'arrange sur la deuxième partie, mais dans l'ensemble cela donne un peu l'impression d'avoir été bricolé au fur et à mesure, on dirait que tu as introduit des personnages sans vraiment savoir quoi en faire...

Enfin bref, je m'attaque prochainement à ta nouvelle fan-fic :wink:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Notsil » Dim 11 Avr 2010 - 17:38   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Décidément ils sont chouettes tes textes sur le NOJ ^^
Une période sur laquelle j'ai vu peu de fan-fic, et qui en étant maitrisée se révèle très intéressante ;) Certaines subtilités doivent m'échapper puisque je n'ai pas relu le NOJ depuis la fin de sa parution, mais j'aime beaucoup, et j'attendrais la suite avec impatience :p
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
Notsil
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 2967
Enregistré le: 24 Mar 2006
Localisation: Dans un livre
 

Messagepar Gilad Pellaeon » Mar 20 Avr 2010 - 10:42   Sujet: Re: [NOJ] La Grande Rivière (en cours)

Merci pour le feedback ! C'est très gentil.

Je pense d'ailleurs repasser dessus avant d'écrire la fin. Le reproche que je fais (et que vous faites) à ma fanfic c'est que les subtilités échappent au lecteur pour plusieurs raisons :
- au début il y a trop de personnages
- trop de planètes et d'intrigues
Et aussi, je pense que je ne prends pas assez de temps pour via le narrateur, rappeler ce qui se passe à tel ou tel moment dans le NOJ.

Ca risque d'être un peu artificiel (j'espère pas trop) mais je vais essayer d'éclaircir le texte, voire de "fusionner" des personnages (quelques psychologies à revoir) mais je compte faire ça sur des "figurants" qui n'ont pas vraiment de psychologie pour le coup. :)
Se permet de rebondir.
Gilad Pellaeon
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6592
Enregistré le: 20 Fév 2003
Localisation: Paris
 


Retourner vers Les Archives (textes inachevés)


  •    Informations