par Sebastian733 » Jeu 05 Mar 2009 - 21:07 Sujet: suite du chapitre I et chapitre II
Je sais que je ne pourrais rien obtenir de plus dans ce dossier mais je ne peux vraiment pas partir sans avoir plus d'informations sur la situation que je rencontrerai là-bas. Je démarre donc un programme spécialement conçu pour naviguer sur l’holonet et me compiler des données. Je modifie les paramètres afin qu’il me fournisse un maximum de détails sur la planète Concord Dawn. Ce genre de choses prend du temps mais j’ai une assez bonne idée de la manière de m’occuper d’ici là.
J’enfile rapidement ma veste et je quitte mon appartement sans oublier de glisser mon blaser modifié dans le holster fixé à ma hanche. Sortir sans arme dans cette partie de la cité s’apparente à se balader avec une superbe cible sur le front. Bien que je ne vive pas dans les secteurs les plus bas de Coruscant, on peut déjà trouver son lot de problèmes dans cette section.
À la sortie de mon immeuble, une prostituée me propose ses services pour la modique somme de dix crédits. A vue de nez, elle n’en vaut pas la moitié mais j’évite de le lui faire remarquer. Je me contente d’avancer en fixant droit devant moi. La vielle entraîneuse crache par terre après mon passage. Finalement, elle n’en vaut pas plus de deux.
Je déambule dans la cité en prenant de nombreux chemins détournés afin de semer un éventuel poursuivant. Rien ne me pousse à croire que je suis suivi mais les vieilles habitudes ont la peau dure. Mon ancien instructeur aurait été fier de me voir appliquer ses leçons. Bien sûr, il m’aurait descendu avant pour voir dans quel but j’utilisais son savoir.
Le vieux Kortan avait le cuir aussi dur que du plastacier mais l’âme d’un vrai patriote. C’est à lui que l’Alliance devait son excellent service de renseignements et ce, malgré tout ce dont se vantaient les Bothans. S’il n’avait pas été tué sur Corellia quelques années plus tôt dans une escarmouche contre les impériaux, ce serait certainement lui qui serait à la tête des services secrets de la nouvelle République aujourd’hui.
La vitrine d’un magasin me renvoie un reflet peu flatteur: mon pull terne et trop ample recouvre mes mains et mon pantalon a cette absence de couleur définie, caractéristique des vêtements ayant subi une trop longue série de mauvais traitements. L’usure menace de se transformer en trous à bien trop d’endroits. Le résultat correspond parfaitement à ce que je désire: j’aime être invisible, la couleur passe-muraille est celle que je porte le mieux. L’univers est déjà trop rempli d’imbéciles préoccupés à se faire remarquer, des gens incapables de comprendre l’utilité de passer inaperçu, de se fondre dans la masse. De nouveau, l’image du blaster apparaît devant mes yeux, un écho d’une telle violence, d’un tel réalisme, que, pendant un instant, je suis même incapable de respirer. La panique compresse ma cage thoracique.
Je glisse une main tremblante dans la poche de ma veste et en tire une plaquette. Dedans, une série bien alignée de patchs médicaux de couleur jaune. J’en attrape un que je colle derrière mon oreille droite. Il ne faut qu’une seconde aux drogues diffusées dans mon organisme pour remplir d’une épaisse lumière artificielle la partie de mon cerveau où se loge la noirceur. J’attends encore et laisse mes muscles se relâcher mais pas trop, ce n’est pas le bon moment pour souiller mon pantalon.
Autour de moi, les gens s’écartent comme s'ils craignaient d’être éclaboussés par l’aura de souillure qui sort de moi. Je déteste être comme ça. Dans ces moments-là, je pourrais parfaitement tirer mon arme, l’appuyer contre ma tempe et presser la détente. Mais, heureusement, la tentation ne dure généralement pas assez longtemps pour que j’exécute mon funeste projet.
Enfin, je finis par pouvoir repartir. Ma vue se brouille légèrement, un effet secondaire du patch médical, rien qu’un petit effort ne puisse corriger. Après avoir encore déambulé pendant dix minutes, j’arrive enfin à ma destination, la porte rouillée d’un atelier de Speeder. Je frappe violemment, pas de réponse. Mon second essai rencontre plus de succès. Je me glisse hors de portée du petit orifice sur la porte. Mon interlocuteur a la mauvaise habitude d’accueillir les visiteurs indésirables à coups de désintégrateur.
J’entends le clapet de l’orifice s’ouvrir puis une respiration rauque. Heureusement pour moi, les Besalisks n’ont jamais été réputés pour leur discrétion.
« Très drôle, Kit. » me dit-il sans la moindre trace d’humour dans la voix. « Qu’est-ce que tu veux? »
Je reprends place devant la porte. « Jai besoin d’informations et d’un vaisseau pour me rendre sur Concord Dawn. »
Le clapet se referme, suivi du bruit caractéristique accompagnant la désactivation d’un verrouillage magnétique. Enfin, Li’nal apparaît devant moi. Il s’agit d’un Besalisk de grande taille dont la peau grise et parcheminée témoigne d’un âge avancé.
« Tu sais que je ne fais pas la charité. »
Je lui tends une petite poignée de crédits qu’il empoche sans les compter. Sans un mot, il me libère le passage. Une fois à l’intérieur, j’éprouve un certain plaisir à constater que l’atelier est toujours pareil à mon souvenir, rempli de speeders à moitié démontés et de pièces de rechange posées sur des établis. Çà et là, des mécanos vaquent à leurs occupations. Si je ne savais pas que les trois quarts des appareils présents sont des véhicules volés, je pourrais me croire chez n’importe quel concessionnaire.
« Je vois que les affaires marchent pour toi. »
Il me répond sans même se retourner.
« Bah! Sous l’Empire ou sous l’Alliance, il y a toujours de la place pour des types débrouillards dans ce genre de business. » Il ponctue sa phrase d’un crachat qui s’étale sur le pare-brise d’un vieux speeder rouillé. J’ai le chic pour choisir mes contacts.
Je le suis jusque dans la petite pièce qui lui sert de bureau et nous prenons chacun un siège. Le sien gémit sous l’effet de son poids.
« Alors raconte-moi. »
« J’ai un travail à faire sur Concord Dawn. »
« Quel genre de mission? »
« Recherche de personne disparue. »
Une lueur s’allume dans son regard. J’avais toujours détesté quand il perdait son air d’abruti. Ceux qui se laissaient tromper par l’aspect de Li’nal ne commettaient généralement pas deux fois la même erreur, enfin quand ils arrivaient à survivre à la première.
« Quelqu’un d’important? »
« Pour mes employeurs oui » réponds-je de manière évasive.
Il comprend visiblement le message car son regard se fait un moment vitreux. Je peux presque le voir aller rechercher les informations dont j’ai besoin dans l’énorme base de données qui lui sert de cerveau. Enfin, ses yeux se plantent dans les miens. Je fais un effort pour soutenir son regard.
« Que sais-tu sur la guerre des gangs qui se déroule dans la capitale ? » me forçais-je à lui demander.
« Concord Dawn a toujours été pourrie par la corruption. C'est un endroit pas si mal en fait. De ce que je sais, les gangs ont arrosé pendant des années les officiels afin qu’on leur foute la paix. Jusqu’à récemment, le statut quo entre les différents groupes de la capitale était respecté, chacun faisait ses petites affaires dans son coin et laissait plus ou moins les autres tranquilles. Sauf une escarmouche ou deux, la cité était plutôt calme. »
« Qu’est-ce qui a changé? »
« Tu ne devines pas? »
Je connais la réponse mais je n’ai pas envie qu'elle sorte de ma bouche. Après tout, j’avais contribué largement à cet état de fait.
« Le renversement de l’Empire. »
« Bingo! Quand l’Alliance est arrivée au pouvoir, elle s’est mise en tête de réformer une grande partie de l’administration des planètes pour mettre fin à la corruption. »
« J’imagine que là-bas ça ne s’est pas très bien passé. » dis-je d’une voix morne.
« Oh, ça aurait pu. Mais, dommage pour la République, leurs beaux projets sont intervenus en même temps que l’arrivée à la tête de l’un des gangs les plus importants de Vincel Orl, un caïd avec des idées de grandeur. Orl s’était visiblement mis en tête que sa vie serait bien meilleure si son gang venait à s’étendre et, en plus, il avait les moyens de ses ambitions. Entre l’arrivée d’un gouvernement plus répressif et l’agressivité grandissante du gang de Vince, les autres chefs se sont sentis acculés. Après ça, ce fut l’escalade. Et voilà où on en est aujourd’hui. »
J’éprouve un certain malaise en écoutant son compte-rendu de la situation. Quand l’Alliance n’était encore qu’un mouvement marginal, luttant jour après jour pour sa survie, tout nous paraissait plus simple. C’était eux ou nous, leur vie ou la nôtre. L'Empire nous apparaissait comme la tyrannie à abattre. Mais, aujourd’hui, quand je vois comment les choses ont tourné, je me demande quelle était la part d’oppression et quelle était la part de nécessité. C'était ce genre de pensées qui m’avaient empêché de continuer à bosser pour la République, enfin ça… entre autres.
« Tu connais quelqu’un qui peut m’emmener là-bas rapidement et discrètement? »
En voyant son regard, je ne peux m’empêcher de me sentir stupide. Bien sûr qu’il connaît quelqu’un.
« Parfois j’hésite vraiment entre te répondre ou te descendre. » répond-il d’un air faussement peiné.
Je me contente de hausser les épaules, essayant de faire taire le sentiment de danger qui s’éveille dans mon crâne. Les psychotropes contenus dans le patch derrière mon oreille ont tendance à me rendre paranoïaque. Un petit prix à payer pour que je puisse fonctionner efficacement. Li’nal m’observe un moment comme si il percevait le schéma tortueux de mes pensées. Enfin, il se décide à répondre à ma question.
« Va du coté des docks de la section Delta-82. Tu y trouveras Sasha Reynold. C’est une contrebandière qui fait régulièrement des circuits dans la bordure médiane. Pour un paquet de crédits, elle t’amènera où tu veux et sans poser de question. »
J’acquiesce en prenant note mentalement. Mon regard se pose sur sa griffe qu’il fait jouer adroitement sur le métal du bureau. Le bruit me rappelle étrangement celui de l’ouverture de ma penderie. Je lui tends une petite pile de crédits qu’il empoche de nouveau sans les compter. Nous nous serrons la main et je repars par où je suis entré.
Une fois dehors, je suis pris d’un léger vertige. je m'appuie contre la porte du garage. Personne ne me prête attention. De la sueur perle sur mon front. Je l’éponge du revers de ma manche. Je me redresse et prends une direction au hasard.
Il me faut moins de trente minutes pour revenir à mon appartement. Je compose mon code d’accès sur l’ancien digicode et la porte s’ouvre dans un chuintement pneumatique. Je m’arrête un instant le temps de me servir un grand verre de Cognac et le prends avec moi pour m’asseoir derrière le bureau. Le message qui clignote sur ma console m’apprend qu’elle a terminé de compiler l’ensemble des données dont j’ai besoin.
Le dossier nouvellement créé confirme le portait brossé par Li’nal. Je parcours de nombreux articles sur la corruption de Concord Dawn ainsi que sur les programmes de la République visant à enrayer celle-ci. C’est peu après la nomination de Théophile Dark’tus comme gouverneur planétaire que les choses avaient commencé à mal tourner. Les rapports sur la brutalité des gangs s’étaient faits de plus en plus alarmants jusqu‘à ce que l’escalade de la violence atteigne le point de non retour. Dans un premier temps, la République avait tenté d’envoyer sur une place une force militaire avec pour ordre de ramener le calme dans les cités de la planète mais les gangs étaient tout simplement trop bien organisés et trop bien armés pour que la force d’intervention puisse en venir à bout sans mettre la planète à feu et à sang. La République avait alors tenté d’envoyer des médiateurs afin d’ouvrir le dialogue mais là aussi ce fut peine perdue. Et la situation en était là depuis presque deux ans.
En parcourant les articles, un fait troublant attire mon attention: la plupart d’entre eux sont signés Jaila Stendman. Visiblement, la jeune reporter avait couvert les évènements sur Concord Dawn depuis leurs débuts. Il n’est donc pas surprenant qu’elle détienne un certain nombre d’informations pouvant intéresser ses patrons. Mais cela n’explique quand même pas pourquoi ceux-ci ont engagé un agent extérieur afin de mettre la main sur elle. Quinze mille crédits, c’est tout simplement une trop grosse somme pour ce genre d’opération. Pour dire la vérité, je l’aurais fait pour la moitié du prix. Pourtant, quelqu’un là-haut semble vraiment désireux de mettre la main sur ces données.
Je suis maintenant en possession de toutes les informations préliminaires dont j’ai besoin pour remplir mon contrat. Je jette un coup d’œil à ma montre: la journée est déjà bien engagée et un grondement rappelle mon estomac à mon bon souvenir.
Je n’ai jamais été un fin cordon bleu mais il ne faut pas être un chef pour préparer les rations auto-chauffantes vendues par l’un des marchands au coin de la rue. Dix minutes plus tard, je suis occupé à me goinfrer d’une mixture ayant l’apparence d’huile de moteur et presque le même goût. Mais toutes ces années dans la Rébellion ont blindé mon estomac contre ce genre de traitement.
Une fois mon repas expédié, je remplace le patch derrière mon oreille par un neuf. Une autre dose de cognac corellien m’aide à me détendre complètement. J’enlève l’arme de mon holster et déboucle ce dernier qui tombe dans un bruit mou au sol. J’ôte ensuite mes vêtements que je jette en boule dans un coin, trop épuisé pour les ranger convenablement. Je m’allonge sur le lit et me prépare à m’endormir non sans avoir d’abord glissé mon blaster sous l’oreiller. Enfin, je ferme les yeux en adressant une prière muette à un quelconque dieu à l’écoute pour qu’il m’évite les éternels cauchemars de la nuit. Je n’ai pas trop d’espoir.
Chapitre II
Je me réveille d’un bond, balayant la pièce avec mon blaster, Devant moi, les murs froids d’une base impériale. Je peux clairement entendre les pas d’une précision mécanique des stormtroopers se déplaçant dans l’obscurité. Mais où est donc mon appareil de vision nocturne? Je suis incapable de me souvenir où je l’ai mis. Enfin, les rouages grippés de ma cervelle se mettent en route. Les murs sombres laissent la place à la semi-obscurité qui règne dans la pièce. La moiteur a recouvert ma peau d’une fine pellicule de sueur rance.
Une vive douleur dans la main me fait réaliser que j’ai encore le doigt crispé sur la détente. Heureusement que j’avais eu la bonne idée d’enclencher la sécurité de l’arme sinon mon mur compterait quelques trous de plus. Je dépose mon arme sur la petite table de chevet à gauche du lit. J'éprouve des difficultés à contrôler les spasmes de mon corps. J’ai juste le temps de me précipiter en vitesse jusqu’aux toilettes avant que les restes de mon repas à moitié digéré ne franchissent la frontière de mes lèvres. En fait, le seul avantage de la régurgitation est que ça évite de penser à quoi que ce soit d’autre.
Enfin, je me redresse et passe une serviette humide sur mon visage. L’eau glaciale me fait le plus grand bien. Je respire profondément. Ce genre de crise ne dure, heureusement pour moi, pas trop longtemps et n’a qu’une raison possible. Mes doigts effleurent la bosse provoquée par la boîte en plastique dans ma poche. Il faudra que j’ai une petite discussion avec celui qui me vend mon matos. Je n’aime pas qu’on me prenne pour un con.
Ma préoccupation suivante se porte sur la préparation de mon petit voyage dans la bordure médiane. Bien que Concorde Dawn soit Tatoïenne, ce n’est pas une raison pour bâcler ma préparation. Mes instructeurs m’ont suffisamment répété qu’une mauvaise préparation est le chemin inévitable vers le fiasco total. Je jette une poignée de vêtements dans le sac marin sur mon lit. L’ordre n’a jamais été mon fort.
Mon regard se porte sur un petit DataPad posé sur la table de chevet. C'est en réalité une grenade Flash camouflée. Il arrivait aux services spéciaux de l’Alliance d’inventer quelques petits gadgets bien utiles de temps en temps. Je ceins mon holster autour de ma taille et y fourre sans délicatesse mon blaster ainsi que deux cellules d’énergie de rechange. On ne sait jamais ce qu’on va trouver pendant les recherches. Enfin, je ferme le sac avec un petit câble magnétique à verrou dont je suis le seul à connaître la combinaison.
J’hésite à empocher ma bouteille mais, après tout, j’aurais sûrement besoin de tous mes esprits une fois sur place. Je la laisse donc où elle est. Je jette un dernier regard à la pièce impersonnelle qui me sert de chambre en me demandant un instant si je la reverrais. J’avais quitté bien trop d’autres habitations provisoires pour m’en soucier réellement.
Une fois dehors, je marche d’un pas décidé vers les docks que m’a renseignés le Besalisk, non sans faire attention à ne pas être suivi. Je rejoins ma destination. La section Delta-82 est étonnamment bien fréquentée pour un repère de contrebandiers. Ca et là je vois des « hommes » d’affaire en costume déambuler entre les différents docks. J’interpelle un des dockers occupé à transporter une lourde cargaison sur un chariot anti-grav.
« Où est-ce que je peux trouver Sasha Reynold? » lui demande-je.
« Dock douze. Vous ne pouvez pas rater son vaisseau, c’est celui avec la meute de mecano-droÏdes afférés sur la coque. »
Je lui tends une plaquette de vingt crédits qu’il empoche avant de retourner à son travail. Je franchis la porte du dock et,
comme il me l'a décrit, je vois une petite armée de droïdes occupés à effectuer des réparations sur la coque d'un vaisseau de transport. Je reconnais la classe bien que je n’en ai jamais vu de semblable auparavant. Il s’agit d’un Exploreur E-9, une navette à long rayon d’action principalement utilisée pour l’exploration et le transport de fret, l’un des appareils favoris des contrebandiers avec les incontournables YT-1300.
« Allez, grouillez-vous! Je veux que mon appareil soit prêt à voler dans deux heures. » crie une femme qui me tourne le dos au pied de la rampe d’accès du vaisseau. Je m’approche d’elle suffisamment pour qu’elle m’entende malgré le vacarme produit par les outils des droïdes.
« Sasha Reynold? » dis-je derrière elle.
Elle se retourne d’un geste contrôlé jusqu’au moment où ses yeux se posent sur mon visage. La transformation qui s’opère sur le sien est spectaculaire: ses paupières s’étrécissent et ses narines se mettent à palpiter sous le coup d’une violente émotion. Ses lèvres, un instant avant rouges et pulpeuses, ne sont plus maintenant qu’une fine cicatrice exsangue. Pendant un bref moment, j’ai peur qu’elle dégaine le petit blaster qu'elle porte dans le holster sur son sein gauche. Finalement, ses yeux accrochent les miens et elle paraît reprendre le contrôle de ses émotions. Malgré la haine que je peux clairement lire dans ses yeux, elle fait l’effort de s’adresser à moi d’une voix courtoise.
« Ce fils de pute m’avait prévenue mais je ne m’attendais pas à ce que vous leur ressembliez autant. »
Je comprends soudain la raison de sa réaction. Je l’avais souvent vue dans les yeux de mes anciens camarades de lutte même si ce ne fut jamais avec une telle intensité.
« Li’nal m’a dit que vous pourriez me conduire sur Concorda Dawn. » lui demande-je, préférant ne pas approfondir le sujet.
« Oui, c’est ce qu’il m'a dit. Je dois me rendre là-bas pour y apporter des ravitaillements à l’un de mes clients alors un passager ne pose pas vraiment un problème. »
« Parfait! Quand partons-nous? »
« Doucement, Fett… » Elle a dû voir le tic nerveux qui a agité ma joue à l’énonciation de ce nom car elle reprend d’une voix un peu moins dure:
« J’ai subi quelques petits… problèmes lors de mon dernier contrat. Mon appareil ne sera pas opérationnel avant ce soir. En plus, Li’nel vous a sûrement dit que je ne fais pas la charité. »
Je lui tends les crédits que j’avais préparés spécialement pour ça. La somme est assez conséquente mais je pense que mes employeurs n’auront pas trop de difficultés à la faire passer avec mes notes de frais. Après tout, ça ne représente qu’une partie infime des sommes avec lesquelles ils sont habitués à jongler. Visiblement moins confiante que le Besalisk, Sasha prend le temps de vérifier que le compte y est.
« Bien, je serai là à l’heure. » dis-je en faisantdemi-tour. Je suis déjà à mi chemin quand je rajoute d’une voix qui laisse enfin percer la colère: « La prochaine fois que vous m’appelez comme ça, je vous descends. ». La porte du dock se referme avant que je puisse entendre sa réponse.
Je passe le reste de la journée à déambuler sans but dans les quartiers du secteur . De nombreux petits dealers viennent essayer de me refourguer leurs cames habituelles. Je les écarte brusquement. Même s’il m’est arrivé d'en consommer de temps en temps quand la noirceur s’épaissit trop pour que même mes propres produits soient totalement efficaces, aujourd’hui mon cerveau semble avoir signé une trêve provisoire avec le reste de mon corps. Je finis sans trop savoir comment dans une gargote à demi vide. Une vielle Twi’lek vient prendre ma commande. Elle doit être habituée aux choses bizarres car je ne perçois presque pas son tressaillement quand je tourne mon visage vers elle.
« Qu’est-ce que je te sers beau brun? »
« Donnez-moi un menu du jour et une bière... non, plutôt un Whisky. »
« Un menu et un Whisky qui roule. » me dit-elle en souriant.
Mon regard se tourne vers la rue que j’aperçois à travers la vitre. Les néons qui ne s’éteignent jamais peignent le fero-beton en couleur pastel. Une mouche percute le carreau à hauteur de mes yeux. Je la vois danser et rebondir dessus inlassablement. Soudain, derrière elle, une explosion déchire la neige. Le corps sans vie d’un de mes camarades atterrit à coté de moi. La chaleur fait fondre la glace dans la tranchée et je me retrouve vite recouvert d’une boue glaciale. Les TB-TT continuent à pilonner nos positions, crucifiant notre infanterie surplace. Vingt mètres sur ma droite, un officier continue de réclamer des renforts sans même se rendre conte que la radio dans laquelle il parle n’est plus qu’un tas de métal et de circuits informes.
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Sebastian733 le Mer 11 Mar 2009 - 18:45, modifié 3 fois.
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