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Chroniques de l'après Endor

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Messagepar Para Emperor » Dim 27 Avr 2008 - 1:40   Sujet: Chroniques de l'après Endor

Salut à tous !

Euh... Bon, je suppose que la plupart d'entre vous ne me connaissent pas - et que les autres ont oublié qu'ils me connaissaient...
Le fait est que je suis inscrit depuis très longtemps sur ce forum (et le site associé bien sûr - VIVE SWU !), mais que je suis par nature plutôt un lecteur, pas un posteur...

Niveau fanfic, même si je continue rarement à en lire, l'écriture est une période de ma vie terminée... et la plupart des choses que j'ai écrites ne méritent pas de quitter un vieux CD de sauvegarde quelque part dans un tiroir de mon bureau...
MAIS : lorsque j'ai participé à l'Ordre 66, j'avais évoqué une fanfic sur laquelle je travaillais, à laquelle j'avais confié la mission de redorer un peu les éléments apportés à l'UE par des auteurs de littérature jeunesse, si souvent méprisés par les fans... Et même si je n'ai jamais réussi à achever cette fanfic, en avoir parlé ici sonnait pour moi comme une promesse. Alors, en retombant dessus ces derniers jours, alors que je faisais un grand nettoyage de printemps sur mon disque dur, je me suis décidé à terminer les quelques chapitres qui manquaient, et à la poster ici.
Mais, par manque de temps, je n'ai fait que terminer rapidement, en suivant le synopsis que j'avais laissé pour chaque chapitre - et je n'ai donc rien retouché du travail déjà fait, même si avec plusieurs années de recul j'y trouve pleins de défauts (style changeant, manque de fluidité, personnages parfois inutiles, etc.).
Conséquence : lisez svp cette fanfic comme ce qu'elle est, c'est-à-dire le produit d'un lycéen qui s'ennuie, sans prétentions - juste pour le fun.
Autre conséquence : tous vous commentaires, critiques, conseils sont bien sûrs les bienvenus - autant pour moi si je me remet un jour à la fanfic, que pour les autres qui liraient ce topic - mais je ne retravaillerai plus cette fanfic. Elle a atteint son état définitif, aussi maladroit qu'il soit.

Pour ne pas décourager les lecteurs par la longueur, je vais la poster en plusieurs fois, mais comme je viens de le dire tout est déjà terminé.

Chapitre 1 : en fuite.

Vêtements déchirés, les jambes mouchetées d’égratignures, la jeune fille courait à travers l’immense forêt. Elle était très jeune, plutôt grande et mince, avec une longue natte blonde qui à ce moment-là n’avait pas due être refaite depuis un bout de temps tellement elle était emmêlée.
En théorie, l’aube aurait dû commencer à poindre ; mais c’était sans compter l’orage qui durait depuis quatre jours, assombrissant encore plus le sous-bois que par beau temps, lorsque la lumière, rendue presque verte par la traversée des branches, n’atteignait qu’à peine le sol.
Elle courait toujours. Depuis déjà plus d’une heure, elle courait ainsi, par foulées irrégulières, se griffant aux branches basses qui lui arrachaient aussi bien des cheveux que des lambeaux de peau. Elle ne pensait à rien d’autre qu’avancer : loin, le plus loin possible, devant, sans regarder derrière.
Pourtant, rien ne semblait la poursuivre, excepté cette sorte d’angoisse qu’elle sentait au plus profond de son être, comme si tout son être en était composé.
Puis, tout d’un coup, comme si enfin elle était parvenue hors d’atteinte d’un champ d’émission radio, elle sentie l’angoisse la quitter, remplacée par un immense vide… Exténuée, sans même chercher à s’adosser contre un arbre, elle s’effondra sur le sol et sombra dans l’inconscience.

La vieille cantina “La fin du Monde” sur Koda ressemble à toutes les cantinas spécialisées dans l’accueil d’individus “à la limite” de la légalité, c’est-à-dire à un entrepôt sale rempli de quelques tables branlantes, avec un comptoir crasseux dans un coin. Pourtant, même comparé à l’ensemble des cantinas, celle-là a dû connaître des meilleurs jours : aucun musicien ou comique sur l’estrade, laissée dans l’ombre ; seulement deux ou trois clients isolés… Accoudé au comptoir, le barman soupire : rien à faire depuis au moins une heure ! Depuis l’ouverture d’une cantina rivale, flambant neuve, juste à l’opposé du module d’atterrissage de la station, en effet, les clients même les plus fidèles semblent avoir déserté ; nul doute cependant qu’ils reviendront, une fois l’engouement pour la nouveauté passée…
À la table la plus éloignée se détache, adossée au mur, une grande ombre, qui pourrait de loin ressembler à un trandoshan, mais avec des écailles noires et mates au lieu d’être brunes. Cela fait bien trois jours qu’il vient, tôt le matin accompagné de jeunes humains – dont le barman finit toujours par perdre la trace dans les ombres de la cantina – consommant seulement un petit verre de vin d’Aldéraan (boisson de plus en plus difficile à se procurer depuis que la destruction de la planète avait éliminé la plupart des producteurs, même s’il subsistait quelques producteurs de vin de synthèse) toutes les deux ou trois heures.
Mais soudain, deux êtres encapuchonnés rentrent dans la cantina, et se dirigent directement vers sa table :
« Vous êtes bien le “professeur Oleho” ?
- C’est possible…
- Notre société a entendu dire que vous recherchiez un emploi pour vous et vos associés…
- Rien ne me prouve que votre “société” soit effectivement le genre d’employeur que je recherche. Mais peut-être avez-vous un devis à me proposer ? »
Une des deux silhouettes sort de sous son manteau une carte de donnée, discrètement, et, tout en attrapant un fruit sec dans la coupelle au centre de la table, dépose négligemment la carte dans la coupelle.
« Nous n’avons pas mieux à vous offrir. Si ce job ne vous intéresse pas, nous ne vous recontacterons pas, et vous ne retrouverez jamais notre trace. »

Ce fut tout. En à peine quelques secondes, la transaction était bouclée . Les visiteurs prirent quand même le temps de s’arêtter prendre un verre au comptoir, histoire de justifier leur présence, puis ils partirent, sans perdre de temps, comme ils étaient arrivés. À son tour, l’être aux écailles noires pris la carte, se leva, et fit mine de se diriger vers la sortie, d’une allure lourde, d’apparence trop ostensiblement nonchalante pour l’être vraiment. C’était le signal : Tash Arranda et son frère Zak, qui jusque-là étaient restés dissimulés derrière une tenture de l’antique estrade, comptèrent mentalement 120 secondes avant de lui emboiter le pas, se forçant à ne pas courir. Après être sortis de la cantina, les trois êtres se dirigèrent vers le module d’habitation, sans dire un mot. Tash avait maintenant 16 ans, mais elle se comportait comme n’importe quel habitant de Koda, conséquence de tout ce qu’elle avait pu vivre en termes d’aventures avec son frère et son oncle adoptif ces trois dernières années. Trois ans, déjà, depuis que l’Etoile Noire de l’Empire avait détruit son monde natal d’Aldéraan, annihilant par là sa famille, son passé, et mettant abruptement fin à l’innocence de l’enfance. Elle brûlait d’impatience de savoir ce que contenait la carte, mais une année de fuite et deux ans à se cacher lui avait appris la patience. Lorsque enfin la porte du taudis qu’ils se partageaient à trois fut refermée, verrouillée, tous trois partagèrent un sourire. Soudain, la peau du troisième se mit à frissonner, ses traits devinrent flous, et il se transforma en quelques secondes en un être humanoïde de taille moyenne, à la peau grise : Mammon Hoole (qui maintenant se faisait appeler Oleho, anagramme de son nom) était en effet un Shi’ido, l’une des rares espèces de la galaxie capable de modifier leur apparence morphologique. Puis il tendit la carte à Tash, qui s’empressa de l’insérer dans son vieux databloc : la carte contenait en tout et pour tout diverses listes de cargaisons pour des vaisseaux qui sans doute n’existaient pas. Mais tous ces vaisseaux étaient dits devoir être affrétés au même endroit, sur Koda, tous à la même heure, le lendemain soir. C’était d’évidence un lieu de rendez-vous.
Penché sur son épaule, Zak, son cadet d’un peu plus d’un an, Fut le premier à parler :
« Après tout ce temps, vous croyez qu’on les a enfin trouvés, les rebelles ? Pour ce que je sais, ça peut encore être des chasseurs de prime ou n’importe quel détrousseur… »
Hoole lui serra l’épaule d’une main, dans un geste de réconfort, puis sa voix grave s’éleva dans les airs :
« Cela fait bien longtemps que les chasseurs de prime ont abandonné notre poursuite : le projet Terreur Galactique est définitivement enterré, oublié… Nous n’avons rien fait de remarquable depuis deux ans, si ce n’est travailler comme coolies sur divers astroports, alors les primes ont progressivement baissé : la dernière fois que je suis allé me renseigner, elles ne dépassaient pas 150 crédits, autant dire qu’elles ont été retirées du marché… Depuis que le Soleil Noir a sombré dans le chaos, tu sais, le monde de la pègre est très désorganisé, et la vieille Guilde des chasseurs de prime n’est guère plus qu’un nom aujourd’hui. Il faut bien que les rebelles recrutent quelque part, même si cela fait trois mois que les infos nous serinent que la Rébellion en est à son dernier souffle. »
Zak ne répondit pas. Il était plus heune que Tash, et même s’il avait lui aussi mûri plus rapidement qu’il aurait dû, Hoole demeurait la voix de la Raison pour lui.

Le lendemain, à bord du vaisseau de transport léger “Nouvelle Ére”, Tash rêvait dans le cockpit… Aucun doute possible, Hamo Blastwell et son collègue étaient bien des rebelles, son cœur le lui disait… Même si les deux hommes s’étaient montrés très sceptiques quant au recrutement de son frère et d’elle-même, « trop jeunes », au moins tous deux seraient autorisés à vivre dans les mondes protégés, bases secrètes où l’Alliance regroupait les quelques civils recherchés par l’Empire, quelques indics qui avaient su monnayer leur sécurité, ainsi que les soldats rebelles en convalescence.
L’Alliance rebelle, espoir de liberté. Et de vengeance…
L’Alliance rebelle, une vie de peur constante où la mort se côtoie quotidiennement…
La mort…
ZAAAAAK !


Tash se réveilla en sursaut, mais il lui fallut du temps pour sortir de ses souvenirs. La vague d’angoisse qui s’était soudainement emparée d’elle commença cependant à refluer, lentement, et elle étudia calmement son environnement. L’orage avait enfin cessé. Les bruits de vie de la forêt, en cette fin d’après-midi humide, recommençaient à prendre possession de toute l’atmosphère, d’abord timidement, puis de plus en plus forts. Chants d’oiseaux, bourdonnements d’insectes, faibles craquements dans les branches mortes jonchant le sol… Aucun bruit d’activité humaine alentour. Tash essaya de se relever, mais immédiatement elle sentit pleinement les innombrables contusions qui lui couvraient le corps, et ne put retenir un gémissement. Elle renonça à se lever, se traîna vers l’arbre le plus proche, et s’adossa contre une grosse racine.
Si elle se rappelait à peu près sa fuite, les évènements antérieurs lui paraissaient très flous, lacunaires, incohérents. Y penser lui faisait mal au crâne, elle décida de laisser cela pour plus tard. Encore une fois, ses yeux firent le tour du paysage. Elle n’avait aucune idée d’où elle pouvait bien se trouver, et il n’y avait aucun sentier apparent. Ensuite, l’inventaire de ses possessions : outre ses vêtements en lambeaux, son vieux databloc toujours fermement vissé à sa ceinture de cuir, et quelques rations de survie dans sa poche intérieure droite, elle n’avait rien. Prise d’un subit sentiment de crainte, elle porta la main à son cou ; ça crainte s’évanouit aussitôt. Elle n’avait pas perdu le pendentif de sa mère, seul souvenir de sa réelle identité : Tash Arranda. D’Aldéraan.
L’Empire payera !

Cela fait maintenant trois jours que Tash erre dans cette forêt lugubre, se nourrissant de racine. Fouillant le paysage des yeux, elle repère enfin un fin morceau d’étoffe claire accrochée à un buisson dont plusieurs branches sont brisées : c’est bien de là qu’elle vient. Remonter sa piste est loin d’être aisé, la pluie ayant effacé ses empreintes – au moins, son instinct a su, malgré la terreur, la forcer à courir en zig-zags, changeant de directions aléatoirement et sans aucune logique, pour décourager les poursuites.
Elle avait d’abord essayé d’élaborer un plan plus complexe, mais elle était trop épuisée pour parvenir à quoi que ce soit – et ses maigres ressources en nourriture n’étaient pas très encourageantes. Après avoir abandonné plusieurs idées toutes plus irréalistes les unes que les autres, son seul choix avait ainsi été de revenir, prudemment, de la direction par où elle était arrivée : là-bas au moins devait se trouver un brin de civilisation…


Chapitre 2 : réveil

Zak se réveille dans un cercueil, sur le point d’être enterré vivant : le docteur Evazan, ou “Docteur de la Mort”, l’a plongé dans un coma proche de la mort pour en faire le cobaye d’une nouvelle expérience de revitalisation des tissus.
Zak sort d’une cuve à bacta ; il vient de réchapper à une terrible variété de virus, que son organisme tout juste purgé des diverses drogues d’Evazan n’a pas été capable de combattre seul.
Zak se réveille dans une pièce froide, le laboratoire secret de Nespis VIII, après que sa sœur a inversé le fonctionnement du Voleur d’Âmes, machine chargée d’aspirer hors d’un organisme son énergie vitale et sa conscience.
Zak reprenant ses esprits progressivement alors que l’influence de l’organisme monstrueux Spore, qui avait pris possession de son corps, s’estompe progressivement.
Zak qui ouvre les yeux au sortir d’une cuve de clonage accéléré dans le complexe de recherche Jedi sur Dantooine.
Zak qui sort pour la 20° fois de la cuve de restructuration au bacta, après une énième série d’expérience et de vivisection partielle.
Zak dont les sens se brouillent alors que le sang s’écoule de sa blessure, emportant toute chaleur avec lui, après qu’il se soit héroïquement jeté entre sa sœur et le blaster qui la menaçait…

Non ! En sueur, le jeune homme se redressa sur sa couche. C’était au moins la dixième fois qu’il refaisait ce cauchemar, au cours des quatre derniers jours. Ça avait débuté par une crise en plein milieu de la journée, une immense migraine, puis la sensation que tout le monde chavirait autour de lui, qu’il était en train de mourir, s’achevant par une perte de connaissance. Et depuis, sans que quiconque parmi les scientifiques l’entourant puisse détecter aucun symptôme d’un mal physique réel, il alternait des phases de fièvre et de nausées, puis d’inconscience, s’achevant par cet horrible cauchemar, où il revivait successivement toutes ses scènes de mort et de renaissance.
Il se leva, et commença à marcher en rond dans sa petite cellule plongée dans la pénombre. Il fixa son reflet dans l’eau croupie du lavabo : il avait le crâne rasé, son corps pâle et maigre était couvert de cicatrices, au point qu’un quart environ de son visage autour de l’œil gauche, là où la peau avait été irrémédiablement détruite par des acides, était recouvert d’un masque en acier poli, fondu directement sur la chair ; il était à moitié nu mais n’avait pas vraiment froid, question d’habitude. Dans quelques heures seulement, les murs se mettraient à luire d’eux-mêmes de leur insolente blancheur, insupportable pour la plupart des êtres vivants parcourant cette galaxie. À vrai dire, il n’était toujours pas parvenu après toutes ces années à déterminer qui il était exactement, confronté à au moins deux trames de souvenirs contradictoires.
Dans un de ces scénarios, il s’appelait Zak Arranda, né sur Aldéraan, puis mêlé dès l’adolescence avec sa sœur et son oncle adoptif, malgré eux, au projet impérial Terreur Galactique, qu’ils avaient plus ou moins volontairement fait échoué. Cela avant de devoir se réfugier dans la fuite pour de longs mois, se déplaçant de planète en planète, avant de se fixer dans une planque sur Koda. Koda, d’où il avait rejoint la Rébellion alors au plus fort de son succès. Ce passé était le plus séduisant, si ce n’est que, depuis trois jours, le scénario s’achevait irrémédiablement sur cette mort héroïque au cours d’une mission. Or, manifestement, il était encore en vie.
Parallèlement à ce scénario se superposait donc une autre histoire : il était 0071138, clone de Zak créé par le complexe semi-automatique de Dantooine, lors d’une escale des Arranda sur cette planète, qui avait paru au premier abord un endroit idéal pour se cacher. Mais Dark Vador en personne était finalement intervenu avec un escadron de stormtrooper, ils avaient pris le contrôle du complexe de clonage, désactivé les droïdes cloneurs, regroupé et parqué les clones, puis une équipe de scientifiques étaient arrivés. Les clones étaient devenus de simples sujets d’expérimentation, avec un taux de mortalité très élevé : soit qu’ils ne supportent pas les expériences, soit qu’ils soient tués froidement en vue de dissections (ou bien même sujets de vivisection). Puis au bout de quelques semaines, malgré les protestations des scientifiques, le complexe de clonage avait été intégralement démantelé, certains appareils emmenés, le reste atomisé au laser, et les quatre ou cinq clones survivants transportés ici, dans cet autre complexe, ou ils n’avaient cessé depuis de subir encore et encore diverses sortes de tests.
Mais s’il était un clone, comment pouvait-il se “souvenir” de la vie de Zak, l’original, après l’opération de clonage ? Avait-il tout imaginé dans son cerveau déréglé de clone ? Et pourquoi cette horrible sensation d’être à la fois vivant et mort ? De nouveau, la tête commença à lui tourner, et il eut tout juste le temps d’atteindre sa couche avant de sombrer encore une fois dans un délire semi-conscient.

Dans son bureau, le maître laborantin Anon Su regarda son chrono : cela faisait plus de huit unités de temps qu’il travaillait sans relâche, courbé sur son databloc, sans bouger de cette pièce miteuse qui avait été, au temps de la grandeur de la cité, un simple local de rangement.
Au temps de la grandeur de la cité… Cela faisait bien longtemps que Anon Su avait cessé de se morfondre dans une révolte passéiste au profit d’une résignation totale à son sort, soumis à ses maîtres impériaux. Pourtant, il ressassait sans cesse le souvenir de cette époque bénie ou, sous le ministère de son oncle Lama Su, la société kaminoan avait atteint son apogée, occupant le seul monde assez technologiquement avancé pour avoir pu se permettre pendant des siècles de rester indépendant de la République Galactique ou de toute autre confédération de mondes ; les fiers Jedi eux-mêmes étaient obligés de montrer patte blanche pour pénétrer la cité.
Mais les kaminoans s’étaient trop impliqués, lors de la guerre des clones, auprès de la République et des Jedi : les clones créés étaient parfaitement loyaux à Palpatine, le vil, qui s’était lui-même couronné Empereur ; et ils s’étaient retournés, sur son ordre, contre leurs créateurs, les avaient asservis, et réduits à de simples techniciens du clonage, esclaves d’officiers humains. Tipoca City sombrait de plus en plus dans la décrépitude, sans que les impériaux fassent mine de s’en préoccuper, d’autant que la fabrication de clones en série avait cessé lorsque Palpatine avait jugé plus sain démographiquement de créer des Académies militaires où il pourrait former ses sujets, gaspillant les derniers vrais clones en conquêtes pour étendre son Empire aux franges de la galaxie. Le complexe avait cependant été tiré de sa léthargie quelques années auparavant, lorsque l’Empereur avait relancé les recherches sur les techniques de clonage kamino et spaarti, pour son “usage personnel”. Il souhaitait notamment parvenir à comprendre pourquoi la Force génait le processus de maturation accelérée : le délai minimum pour faire mûrir un clone, même avec un taux de midi-chlorien quasi-nul, était de dix ans, sous peine de voir le psychisme du sujet se détériorer rapidement – et ce délai s’allongeait avec la réceptivité à la Force.
La découverte récente du complexe de Dantooine, utilisant des techniques inconnues, et la capture d’une bonne cinquantaine de clones construits à partir de 6 ou 7 échantillons d’ADN, dont certains semblaient sensibles à la Force, avait donc naturellement suscité un renouveau d’espoir. Aujourd’hui, seuls subsistaient, ici sur Kamino, trois de ces clones, parmi les derniers fabriqués avant la prise du complexe – ceux élevés à partir de cuves différentes de toutes les autres. Tous les autres, y compris la portion sensible à la Force, avaient été détruits lors des premiers “tests”, qui selon Anon relevaient plus de la torture que d’autre chose. Deux d’entre les survivants, malheureusement, s’étaient révélés peu utiles : ils étaient issus des échantillons incomplets (ADN complet, mais pas d’empreinte psychique) contenus dans la génothèque (ceux de soldats rebelles probablement morts depuis) – sans doute parce que les droïdes avaient voulu progresser par étapes dans la mise en fonction des nouvelles cuves.
Mais le troisième était très intéressant : apparemment, il semblait doté d’un lien psychique avec l’original – parfaitement ce que voulait l’Empereur, quel que soit son but. Comment ce lien avait pu se former demeurait encore un mystère, et Anon regrettait de n’avoir en sa possession qu’une partie des appareillages du complexe, le reste ayant été jugé – comble de l’incompétence ! – trop encombrant pour être transféré sur Kamino. Décidemment ces scientifiques impériaux n’étaient que des amateurs…
Brusquement le vieux cloneur fut tiré de sa rêverie : un long hululement se fit entendre, provenant des murs – le manque chronique d’entretien apportait-il en fin de comptes ses conséquences désastreuses ? Contactant le centre de contrôle, Anon apprit qu’il s’agissait du cœur énergétique de Tipoca City ; il n’eut pas le temps de connaître la nature du problème avant que tous les appareils ne cessent de fonctionner, avec un claquement lugubre en guise de chant du cygne.

Cette fois-ci, ce n’était pas un cauchemar, mais bien des bruits de panique qui avait tiré 0071138 de son sommeil agité ; en ouvrant les yeux, il découvrit la pièce toujours aussi sombre, chose inhabituelle à cet horaire-ci, d’après ce qu’il pouvait juger de l’heure par la faim qui grandissait dans son estomac. Intrigué, il se leva, se dirigea vers la porte, et s’aperçut qu’elle coulissait librement. Profitant de cette chance inouïe, qui sûrement ne se répéterait pas, il s’engagea dans le couloir.


Chapitre 3 : après la bataille

Dans la pièce complètement délabrée, à l’origine un simple cube moulé de plastacier, qu’il appelait depuis quelques mois déjà son “bureau”, Airen Cracken, chef des renseignements de l’Alliance rebelle, ne put retenir un cri de joie lorsqu’il reçut, après tant d’heures d’attente, un message de la flotte : la bataille d’Endor était une victoire, complète, l’Etoile de la Mort n’était plus qu’un souvenir… Et l’Empereur en personne comptait parmi les pertes ennemies !
Presque une semaine entière s’était écoulée depuis, à cause des contraintes de sécurité interne de l’Alliance, qui empêchaient que Cracken reçoivent les nouvelles directement, mais toujours avec un fort délai. Après tant de tensions, l’homme se laissa tomber dans son fauteuil, laissant échapper un long soupir. Pour la première fois depuis, probablement, son engagement parmi les rebelles, il se permettait une pause, une vraie.
Au bout de quelques minutes, cependant, et alors qu’Airen s’était décidé à fermer les yeux, mains derrière la tête et pieds sur le bureau, la trop habituelle sonnerie de son terminal le prévint qu’il venait de capter un message crypté de la part d’un agent en mission – la sonnerie spécifique d’urgence, celle qui en général signifiait l’échec d’une mission ; la pause avait été de courte durée. Fronçant les sourcils, et concentrant à nouveaux toute son attention en quelques secondes, il se pencha sur son terminal.
Si l’Empereur était mort, l’Empire, pas ; et de nombreux prétendants au trône devaient sûrement déjà préparer leur prise de pouvoir : la guerre était loin d’être terminée. En tant que non directement impliqué dans la préparation ou l’exécution de la bataille d’Endor, Cracken avait continué à mobiliser tous ses agents durant les derniers jours, même sans connaître le résultat de cette bataille qui aurait pu signer la fin de l’Alliance rebelle.
Le message provenait du groupe 813, composé de 4 agents chargés d’infiltrer un bastion impérial sur un avant-poste forestier dans le système Borléias, dont la planète principale était un carrefour stratégique dans la défense de Coruscant, le “Centre Impérial”, capitale de l’Empire. Seuls les identifiants secrets des agents twi’leks Y’touk Taa et Yeelua Secura, sa conjointe, apparaissaient dans le cartouche d’authentification du document ; mauvais signe. De fait, les nouvelles étaient très mauvaises : le groupe avait été séparé, les deux Twi’leks restant en arrière pour s’occuper de désactiver un système de fermeture d’urgence de la sortie, destiné à piégé toute personne pénétrant par infraction ; puis, en s’engageant à la recherche de leurs partenaires, ils avaient retrouvé le corps du spécialiste en informatique, Zak Arranda, décédé d’un coup de blaster ; sa sœur Tash avait disparu, sans qu’on puisse savoir si elle était parvenue à récupérer les fichiers recherchés. Réduite à deux membres, l’équipe avait dû abandonner, quittant la base avec le corps de Zak ; et lorsqu’un escadron de chasseurs TIE les avaient pris en chasse, ils avaient été contraints de fuir hors du système, sans confirmation du destin de Tash.
Ces codes qu’ils étaient censés voler étaient essentiels dans l’évolution prochaine de la guerre ; en effet, les équipes spéciales du général bothan Laryn Kre’fey avaient réussi à se procurer plusieurs documents cryptés avec ce code sur Borléias, dont le croisement pourrait peut-être permettre d’établir une stratégie. Donc l’enjeu était double ; outre l’importance intrinsèque des codes, il s’agissait aussi d’entamer une forte collaboration avec les espions de Kre’fey. En effet, face à la montée des Bothans dans l’organisation rebelle – cette espèce ayant développé au fil de nombreux siècles des capacités exceptionnelles en techniques d’infiltration et de renseignement – l’existence même du service de Cracken était menacée. Lui pensait pourtant particulièrement risqué, à long terme, de confier une fonction aussi essentielle que le renseignement à un peuple, et non à une institution bureaucratisée, car lorsqu’il faudrait recréer un gouvernement démocratique, fondé sur l’égalité sans distinction d’espèces, il n’était pas exclu que les Bothans développent une certaine forme de nationalisme au sein du régime, et fasse pression en s’appuyant sur leur monopole de l’information.
L’allégresse qui s’était emparée de Cracken quelques instants auparavant était déjà quasiment retombée : la célébration serait pour plus tard, il lui fallait préparer d’autres stratégies en attendant le débriefing complet au retour des agents.

Sur la passerelle du croiseur calamarien Indépendance, un des plus anciens de la flotte, Mon Mothma demeurait le regard fixé sur le vide, à travers le hublot, là où venait de disparaître quelques secondes auparavant l’escadron d’intervention vers Bakura. La responsable en chef de l’Alliance rebelle, dernière représentante des fondateurs après la disparition de Garm Bel Iblis et la mort de Bail Organa, se permettait un cours répit pour rassembler ses esprits : elle n’arrivait plus à se souvenir depuix quand elle n’avait pas dormi pendant un cycle entier de sommeil. Elle prit une longue inspiration pour se redonner de l’aplomb, puis se retourna vers ses hôtes : l’Amiral Ackbar et le Général Madine, d’abord, représentant l’armée rebelle ; mais aussi un grand nombre d’hommes politiques délégués par les planètes membres de l’Alliance, dont le Bothan Borsk Fey’lya, et enfin quelques administrateurs des structures civiles de l’Alliance.
« Chers amis, commença-t-elle, si l’Empire existe encore, avec la mort de l’Empereur et cette victoire, il n’est plus en mesure de nous considérer comme un groupuscule illégal, mais nous avons acquis le rang de régime adverse ; nous sommes encore loin de pouvoir former un quelconque gouvernement, mais désormais nous dénions officiellement toute légitimité politique de l’Empire ; nous ne sommes plus des “rebelles”, mais des membres de l’Alliance des Planètes Libres. »
Elle attendit quelques secondes, interrogeant chacun du regard, et tous approuvèrent cette nouvelle dénomination du groupement.
Mon Mothma reprit son discours :
« Même sans gouvernement, il nous faut commencer à instaurer des embryons de structures étatiques, et c’est dans ce but que je vous ai réuni aujourd’hui. Nous avons besoin d’un bureau du commerce, qui puisse élaborer des contrats officiels avec les différentes planètes, alliées ou neutres, et sortir notre organisation du système de la contrebande, du moins en apparence ; il nous faut aussi instaurer un comité de sécurité intérieure, non militaire, qui puisse coordonner les polices des différentes planètes membres ; et enfin, un comité scientifique, qui réorganise la Recherche, et l’éducation des enfants de nos peuples, qui doivent déjà être élevé dans l’esprit de la liberté. »
Mon Mothma ne fut pas applaudie à grands cris – après tout, la plupart des membres du comité la connaissaient depuis déjà un certain temps, donc inutile d’entrer dans les formalités. Les invités se contentèrent donc de hocher la tête.
Sans perdre de temps, l’ancienne sénatrice les invita donc à se mettre de suite au travail. Les différents délégués s’assirent autour de la table de conférence, au fond de la grande salle d’observation, et pour la première fois, l’Alliance des Planètes Libres entama un processus de législation.

Récemment libérée de l’oppression impériale, Kooan avait toujours été un haut lieu de recherches scientifiques ; même si l’Empire avait largement utilisé certains laboratoires, notamment ceux de physique et d’aérodynamique pour développer de nouveaux chasseurs, d’autres départements avaient été complètement occultés, comme celui d’histoire, réduit à chroniquer une hagiographie impériale et à glorifier l’Ordre Nouveau. L’heure était donc largement à l’enthousiasme lorsque se posa en grande pompe la navette du tout récemment nommé Président du Conseil Scientifique de l’Alliance, en la personne de l’anthropologue Mammon Hoole. Ce dernier n’était que récemment retiré des services secrets de l’Alliance, où les dons de déguisement naturel de son espèce l’avaient tout naturellement conduit lorsqu’il avait rejoint les Rebelles. Cependant, même au cours de ses missions les plus ardues il n’avait jamais cessé de prendre des notes sur les cultures qu’il avait l’occasion de rencontrer, et profitait de ses permissions pour publier des articles – sous un pseudonyme – et conserver des contacts avec le monde scientifique. Mammon s’approcha du sas, et inspira l’air frais du matin. Des souvenirs de sa jeunesse, lorsqu’il était encore étudiant en anthropologie, lui revinrent. Normalement, à cette époque de l’année, le cycle scolaire aurait dû déjà être entamé ; mais la libération de la planète avait repoussé la rentrée… pas d’un long délai ! Enfin, il allait pouvoir reprendre une vie à peu près normale ! Il ne put s’empêcher de sourire, lorsqu’il reconnut parmi le comité d’accueil son vieux droïde de recherche, DV-9, qui l’avait accompagné tout au long de sa lutte contre le projet Terreur Galactique impérial, avant qu’il ne le lègue à l’Institut de Kooan. En un tel moment, il regrettait cependant l’absence de ses deux neveux adoptifs, qui n’avaient pas achevé leur dernière mission d’espionnage lorsque lui avait demandé sa retraite, et donc ne devaient même pas connaître à l’heure présente la victoire d’Endor. Ses “neveux”…
C’était à l’époque où il était encore doctorant, ici, sur Kooan, qu’il avait rencontré la poétesse Ginny Arranda : svelte, plutôt petite, des cheveux bouclés aux reflets roux, des yeux pétillants de malice, le visage en permanence rayonnant… Ils étaient tous deux tombés amoureux l’un de l’autre, bien que d’espèce différente. Juste après qu’il eut enfin réussi sa thèse – avec les félicitations du jury – elle l’avait amené sur Aldéraan pour de longues vacances, chez son frère et sa belle-sœur ; Tash était juste née. Mais l’idylle avait duré peu de temps, car quelques mois seulement plus tard Ginny était tombée malade, atteinte par une sorte de parasite qui lui pompait toute son énergie, mais qu’aucun chirurgien n’était parvenu à détruire ; courageusement, Ginny avait lutté, demeurant sereine et rayonnante jusqu’à la fin. Lorsqu’elle s’était éteinte, Hoole s’était encore rapproché des Arranda. Mais ensuite, il s’était laissé convaincre par un camarade d’enfance, Borborygmus Gog, de travailler pour l’Empire sur un projet d’étude visant à « ressusciter les morts » officiellement, qui en fait – il ne l’avait découvert que trop tard – n’était qu’une arme, terrible, qui avait pour particularité de transformer tout être vivant en une sorte d’ombre, un ectoplasme entre la vie et la mort… Lorsque Gog avait testé l’arme sur la planète où ils travaillaient, Hoole s’était enfui, monnayant une nouvelle identité en se mettant au service du baron criminel Jabba le Hutt.
Hoole secoua la tête, refoulant tous ces souvenirs anciens : seule resta devant ses yeux l’image de ses deux neveux adoptifs, souriants. Après leur avoir mentalement envoyé du courage, il s’avança enfin vers son comité d’accueil et sa nouvelle vie…


Chapitre 4 : retour à la réalité

Des arbres, encore des arbres… Cette forêt ne finirait-elle donc jamais ? Tash était pourtant bien venue de quelque part ! Si seulement elle parvenait à rallumer son databloc… Mais non – l’interface s’était abîmée dans sa fuite, et même si la mémoire paraissait intacte, pas moyen d’y accéder sans matériel spécialisé. Si seulement son frère avait été là ! Lui était un mécanisien et informaticien hors-pair, il aurait bidouillé l’appareil pour le faire marcher en moins de deux. Mais elle ne ressentait qu’un immense vide dans son cœur, et même si son subconscient continuait à censurer tout souvenir des 24 heures avant sa fuite, elle désespérait de plus en plus de jamais le revoir vivant.
Le reste de sa mémoire, lui, était progressivement revenu ; elle se souvenait en détail comment l’un des amis proche de Blastwell, nommé Farlander, un pilote survivant de Yavin sensible à la Force, que son frère et elle avaient rencontrés sur une base rebelle, avait décelé le pouvoir dormant en elle et son frère, et avait convaincu les recruteurs de l’Alliance de ne pas les considérer comme des gamins, d’autant que la préparation de la bataille contre la seconde Etoile Noire mobilisait la majorité des forces de l’organisation. Ils avaient alors pu suivre “oncle” Hoole de service en service jusqu’aux renseignements, où les capacités de Shi’ido de Hoole en faisaient un infiltrateur hors pair. Et finalement Tash et Zak s’étaient retrouvés à faire équipe avec un couple de Twi’leks. Elle se souvenait encore comment ils avaient été envoyés sur cette maudite planète, dans cette maudite forêt putride, pour retrouver un document dont ils ne savaient rien – par principe, au cas où ils seraient pris et interrogés. Ils avaient atteris sans problème à une distance raisonnable de la cible, puis s’étaient lancés à l’aventure. Mais ensuite, plus rien.
Un vrombissement de moteur la tira de sa rêverie : elle avait continué d’avancer tout en étant plongée dans sa réflexion, une erreur de débutant, et s’était dangereusement rapprochée de ce qui ressemblait à une simple plateforme d’envol, sans aucun bâtiment autour. Jetant un regard rapide autour d’elle, elle se jeta sous une large fougère. Le complexe devait être souterrain, c’était la seule explication. Tash ne vit aucune sentinelle, aucun soldat, seulement la navette qui s’élevait, loin déjà dans le ciel – apparemment, personne ne l’avait repérée, malgré son imprudence. La jeune fille étudia plus attenctivement la plateforme, mais ne repéra pas d’ouverture, de trappe, ou quoi que ce soit ressemblant à un ascenseur ou une échelle d’accès.
Le désespoir s’empara d’elle encore une fois : elle était seule, sans aucun équipement, à la surface d’une base secrète de l’Empire sûrement très bien protégée… Il fallait absolument qu’elle se souvienne des derniers jours !

Hoole pensait ne pas trop mal se tirer de ses pemiers jours comme chef de l’Université. De toute manière, tous les problèmes qu’il pouvait rencontrer étaient si triviaux comparés à son passé récent qu’ils l’amusaient, d’autant plus que ses assistants y voyaient toujours une catastrophe sans borne. Alors qu’il gagnait son nouveau bureau, après une énième cérémonie d’ouverture, un court discours et de nombreuses poignées de mains, il trouva celui-ci ouvert. Etrange. Seuls DV-9 et lui en possédait la clé, et il avait chargé le droïde d’un planning si serré que celui-ci en aurait sûrement pour plusieurs jours sans arrêt – après tout, les droïdes n’avaient pas besoin de sommeil. Hoole prit la forme d’un Defel, une créature apte à se fondre parfaitement dans l’ombre, et s’approcha lentement de la porte. À l’intérieur, un homme se tenait de dos, admirant une sculpture ; et avant même qu’il se retourne, Hoole reconnut son ancien patron, qu’il n’avait quitté que depuis une dizaine de jours standard !
Pour que Cracken se soit déplacé en personne, ce ne pouvait être qu’une très mauvaise nouvelle. La journée avait pourtant bien commencé…
Modifié en dernier par Para Emperor le Mer 30 Avr 2008 - 0:43, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Dim 27 Avr 2008 - 17:15   Sujet: 

Le début de cette histoire est en tout cas très sympa, peu de fautes et de bonnes descriptions qui permettent de poser rapidement les personnages et leur situation.
Ca promet d'être intéressant ^^
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Messagepar Para Emperor » Mer 30 Avr 2008 - 0:41   Sujet: 

Deuxième fournée (sur 4) !!!


Chapitre 5 : luttes de pouvoir.

Face à la large verrière de transparacier, le nain restait immobile, debout dans sa toge noire à paillettes, fixant de ses yeux noirs les dernières traces du transporteur qui venait d’emporter le Collège des prophètes du Côté Obscur vers Dromund Kaas. En effet, les quelques vingt prophètes avaient jugé plus sage de se réfugier sur l’ancienne planète Sith dès que les nouvelles d’Endor, notamment la mort de l’Empereur, était arrivées jusqu’à la station.
Il s’agissait d’anciens historiens, archivistes ou astrologues chargés par l’Empereur de fonder une nouvelle philosophie, presque une religion, à partir des préceptes de son Ordre Nouveau, en étroite relation avec les spécialistes en propagande du COMPORN ; c’est aussi à eux que Palpatine confiait la collecte et l’archivage de tout le savoir des siths, et entre autre la protection de son propre ouvrage, le Compendium du Côté Obscur. Officiellement, parmi les prophètes, seul leur Grand Maître, Kadann, avait été formé à la science de la Force ; les autres avaient d’ailleurs été sélectionnés en partie pour leur incapacité totale à pouvoir ne serait-ce que ressentir les effets de la Force lorsque d’autres tentaient de l’utiliser contre eux, ce qui les rendait à la fois imperméables aux enseignements sith qu’ils étudiaient en permanence, et aussi immunisés face à tout jedi survivant de la purge qui aurait pu vouloir s’emparer de ce savoir. Mais cela n’était que la version officielle, et le nain savait qu’en fait seule une portion du Collège avait été recrutée par l’Empereur, les autres étant des disciples personnels de Kadann, issus de Dromund Kaas.
Toujours est-il qu’aucun de ses « prophètes » n’avait jamais paru en public. En fait, leur existence était à moitié secrète, entourée de légendes instrumentalisées ou de rumeurs créées sur mesure, la situation rendue floue autant par le COMPORN que par l’Empereur et les trois conseillers proches qui connaissaient toute l’histoire : Dark Vador, le grand Vizir Sate Pestage, et l’Exécuteur Sedriss.
Mais lorsque Kadann, pour étayer l’aspect mystique de la religion qu’il créait, avait décidé d’énoncer des prophéties, sous forme de quatrains au sens plus ou moins sibyllin (mais qui souvent s’appuyait sur les dernières données des services secrets impériaux, afin que les « prophéties » se réalisent), l’Empereur avait fondé un Conseil des Prophètes factice, composé de cinq acteurs, prestidigitateurs, ou spécialistes es mise en scène de propagande, avec à leur tête “Jedgar”, “Gornash”, et surtout lui, Tyrunos, dans le rôle de Kadann. En quittant la station, seuls, sans que personne ne soit au courant de leur départ, les vrais prophètes avaient fait une erreur stratégique qu’ils pourraient regretter toute leur vie : c’était Tyrunos, et non le vrai Kadann, que l’ensemble des habitants de la galaxie reconnaissaient comme le grand prophète, et s’il manipulait correctement les diverses légendes tournant autour de lui, peut-être pourrait-il prendre le contrôle de l’Empire… Un sourire s’étendit lentement sur le visage du nain barbu, tandis qu’il détournait enfin les yeux de la baie.
La salle était très peu éclairée, et pourtant le nombre d’étoiles au-dehors suffisait à la vue : la station spatiale Scardia était très proche du centre de la galaxie, là où les étoiles sont particulièrement denses. Si proche en fait que si les coordonnées astrographiques n’étaient pas par tradition centrées sur Coruscant, capitale millénaire de la République défunte puis de l’Empire, mais sur le centre géométrique de la galaxie, les coordonnées de la station approcheraient du (0,0,0). “Kadann” l’imposteur s’éloigna de la baie, après un dernier coup d’œil, puis alla rejoindre son complice Jedgar dans la salle attenante.
Il leur fallait maintenant établir avec précision leur stratégie : la structure de l’Empire, fondée sur les rivalités internes, ouvrait des possibilités de prises de pouvoir multiples, et l’accès au trône impérial allait constituer dans les prochains mois une véritable course, entre le Conseil des Grands Moffs d’une part, les Grands Amiraux et la flotte d’une autre, voire aussi les Renseignements et le COMPORN réunis sous la coupe d’Ysanne Isard (maîtresse présumée de l’Empereur d’après de nombreuses rumeurs), ou enfin la haute administration civile menée par Pestage. D’après les dernières informations obtenues, Sedriss avait quant à lui fui vers un monde mal connu, Byss, propriété privée du défunt Empereur. Des proches de l’Empereur pouvaient aussi constituer des menaces, comme les quelques « mains » qu’il avait eues à son service – des espionnes d’élite formées à la Force dont le nombre exact n’était pas connu – mais aussi des disciples personnels de l’Empereur ou de Vador, comme le Commandant miraluka Jerec, le Haut Inquisiteur Tremayne ou le Procureur de Justice Hethrir. Restait enfin à déterminer comment les structures plus petites, sans chef réel, allaient s’aligner par rapport à ces différents chefs potentiels : tandis que la flotte semblait peu encline à suivre les sept grands amiraux survivants (l’amiral Galak Fyar avait d’ores et déjà disparu avec ses troupes, et les amiraux Harrsk, Zsinj et Krennel se montraient plutôt agités et insoumis), les survivants de la Garde impériale s’étaient réunis dans leur base d’entraînement de Yinchorr, brodant leur uniforme écarlate de bandes noires en signe de deuil ; et l’académie militaire de Carida refusait toute communications avec les différentes factions depuis plusieurs jours.
Kadann – puisque désormais Tyrunos assumait cette identité – savait bien qu’il ne pourrait lui-même prendre le pouvoir directement : son influence était trop faible. Il lui fallait d’abord passer dans les intimes de celui qui sortirait vainqueur de cette lutte de pouvoir, et pour cela le plus urgent était d’établir un système d’espionnage parallèle aux agents d’Isard. Fort de ces renseignements, Kadann pourrait composer et publier quelques « prophéties » finement formulées afin d’augmenter son influence.

Soulagé, le colonel Gavin Trediul se servit un verre de brandy corellien. Cela faisait maintenant près d’une demi-heure que le général Derricote avait quitté la base, retournant sur Borléias, et l’atmosphère de l’avant-poste retrouvait peu à peu son calme habituel. Diriger cette base avait été jusqu’à présent une sinécure, et cela convenait tout à fait à un homme aussi peu courageux que Trediul ; mais l’incursion rebelle des derniers jours avait causé un sacré trouble ! Les hommes avaient été pris au dépourvu, et des règles élémentaires avaient été oubliées lorsque l’alerte avait été lancée ; résultat : les rebelles avaient réussi à récupérer les corps de leurs morts, et à s’échapper, on ne savait donc rien ni de leur nombre, ni de leur identité, ni de leur objectif exact. Trediul lui-même avait d’ailleurs été le seul à toucher une cible, lui qui avait toujours été le plus mauvais de sa promotion en tir ; si ça n’était pas un comble ! Heureusement le colonel avait un don pour rédiger ses rapports de manière à présenter tant ses hommes que lui-même en héros, et ce sans mentir vraiment sur les faits, et apparemment les hommes avaient fait bonne impression à Derricote lors de sa visite surprise d’inspection. Trediul se leva de son bureau ; c’était un grand homme, élancé même, mais à la silhouette émaciée. Il avait des cheveux courts, aussi sombres que sa peau était claire, toujours bien peignés, et un petit bouc au bout duquel pendait une perle opalescente, le symbole de la caste la plus élevée de sa planète d’origine. Il passa sa main sur sa veste pour aplanir les plis, et se dirigea vers ses appartements, où l’attendait sa maîtresse ; il se devait de la rassurer, maintenant que le général et son équipe d’experts n’étaient plus là, car les civils étaient normalement interdits dans la base, à plus forte raison les proches des soldats, quel que soit leur rang ; l’inspection aurait tourné bien plus mal si elle avait été découverte…

Avec une grimace au travers de son visage couleur d’ébène, le colonel Reese Malc’olm secoua de la pointe du pied le long corps flasque étendu devant lui sur le sol. Lui qui était court, râblé, il avait toujours été foncièrement dégoûté par l’apparence de ces Kaminoans tout en longueur. Cet Anon Sul en particulier lui était antipathique, espèce de parodie de scientifique qui n’avait aucune volonté, et parvenait à se plaindre sans cesse de ses conditions de travail tout en restant – rhétoriquement du moins, et Malc’olm doutait qu’il fût capable de révolte intérieure – parfaitement soumis à l’Empire, comme l’animal qu’il était méritait d’être. Malc’olm se retourna vers ses hommes, mais ne prit même pas la peine de leur parler : un geste suffit pour leur signifier qu’ils devaient disposer du corps, qu’importe comment, tant qu’il disparaissait. Après toutes ses années d’inutiles services auprès de l’Empire, cet abruti de Kaminoan n’avait pas trouvé mieux, au paroxysme de sa carrière incompétente, que de laisser s’échapper le sujet le plus prometteur du projet ! Et sans même avoir réussi à découvrir quoi que ce soit à son propos de plus intéressant que des observations d’ordre comportemental et des échantillonnages d’ADN qui ne révélaient rien, sinon l’ADN de l’original, dont Malc’olm se fichait éperdument.
Il partit d’un pas rapide jusqu’à la cellule qu’occupait le prisonnier, puis refit lentement le chemin de fuite, scrutant les couloirs de son regard d’acier, en tentant de repérer quelque chose que les experts, tout experts qu’ils étaient, avaient pu manquer… Le prisonnier avait directement, sans perdre de temps, couru vers la sortie du secteur laboratoire. Lorsque le courant était revenu, il avait déclenché un système de sécurité au niveau de la porte 509, un sas qui conduisait au hangar de livraison des cuisines… Même s’il avait l’air jeune, surtout si on considérait son âge en tant que clone et son âge artificiel, il avait été assez intelligent pour éviter de courir droit vers les plates-formes d’envol principales, plus proches du quartier où il était détenu, mais mieux surveillées, et leur préférer les baies d’envol des barges de fournitures… Ses capacités techniques impressionnaient aussi le colonel : le jeune homme avait été capable de bypasser les commandes du sas de sécurité assez rapidement pour que personne n’ait le temps de chercher d’où venait l’alarme, puis avait ouvert la porte et s’était apparemment dissimulé sur une barge en partance ; comme les processus de livraison de nourriture de la cité étaient tous automatisés, en effet, les alertes successives de la journée n’avaient pas eu d’influence sur les plannings des barges droïdes… Les poings sur les hanches, le colonel fit le tour du hangar des yeux : nul ne pouvait dire exactement combien de temps avait été nécessaire au fuyard pour forcer l’ouverture du sas, mais la barge n’était partie que deux heures locales après la panne de courant… Hors un terminal d’ordinateur non sécurisé se trouvait dans le hangar ; quelqu’un d’assez doué en piratage informatique que le clone aurait-il pu résister à la tentation de faire un peu plus que son objectif principal ? Avec un sourire en coin, Malc’olm se dirigea vers le terminal, et consulta l’historique des derniers fichiers auquel l’accès avait été requis : il n’y avait eu aucun accès depuis trois jour… Alors que les responsables d’approvisionnement devaient consulter ce terminal toutes les 8 heures standard ? Entrant un code que lui seul connaissait, Malc’olm accéda à l’historique de sécurité, qui lui était ineffaçable – surtout lorsqu’on ne connaissait pas son existence – qui enregistrait en détail chacune des commandes… La dernière commande avant son propre accès était bien, comme il le soupçonnait, la suppression de l’historique classique, et l’avant-dernière était l’édition d’une datacard vierge, et la copie de plusieurs données techniques sur le complexe kaminoan et les expériences qui y avaient été menées dans les six derniers mois standard. Le colonel fut surpris que découvrir que même les dossiers de plus haut degré de confidentialité avaient été ouverts et copiés par le clone : même un espion Bothan n’était pas aussi efficace !
Malc’olm dressa mentalement une liste de tous les fichiers importants compromis (du moins ceux qu’ils connaissaient), puis quitta le hangar, réfléchissant à la manière dont il allait rédiger son rapport… L’Empereur lui faisait confiance, Malc’olm étant un de ses plus anciens subordonnés, déjà titulaire d’un haut poste pendant la guerre des clones ; mais même vis-à-vis de son bras droit Dark Vador le vieux Palpatine pouvait se montrer violent… D’un autre côté, la brèche ne devait avoir que peu de conséquences stratégiques, car à l’heure présente, Palpatine devait enfin avoir éliminé le gros de forces de la Rébellion, vu qu’il leur avait personnellement tendu un piège dans le système d’Endor…


Chapitre 6 : départs

Nar Shaddaa… La planète du vice… Mais aussi l’endroit de la galaxie où il est le plus aisé de disparaître, de changer d’identité, pour tous les êtres vivants capables soit de payer comptant, soit de duper leurs partenaires commerciaux… Arriver là n’avait été trop difficile : la planète-grenier où la barge-droïde avait atterri n’était qu’un monde agricole sans histoire, exploité par l’Empire de manière quasi industrielle, donc surbureaucratisé, donc corrompu, donc fréquentée par divers contrebandiers à la petite semaine pour qui jouer les durs face au gouverneur local – un lâche, voire dégainer un blaster, suffisait pour obtenir une source sûre et peu risquée de revenus modestes… Comme ces contrebandiers amateurs étaient loin d’être des “pros”, ils étaient peu soucieux de leur vaisseau, et s’infiltrer en clandestin avait été un jeu d’enfant. Maintenant, il se retrouvait seul, perdu au centre de Nar Shaddaa, sans aucun but. Il devait y avoir moyen de monnayer les dossiers secrets impériaux qu’il avait volés avant de partir – il s’était découvert tout d’un coup un don instinctif pour l’informatique, sans doute qu’il avait bénéficié inconsciemment des progrès de son modèle… En consultant son propre dossier, il avait lu la confirmation “scientifiquement prouvée” que d’une manière ou d’une autre il avait entretenu un lien psychique avec son modèle, dont il ne savait pas s’il avait ou non marché dans les deux sens… Mais ses cauchemars n’étaient sûrement pas des cauchemars, et le vide, la souffrance qui l’étouffaient de l’intérieur ne pouvaient s’expliquer que par le décès réel de Zak. La question était de parvenir à tirer le meilleur prix de ces informations ; et si son double avait été espion, il n’était pas espion indépendant et n’avait jamais eu à vendre les résultats de ces missions… Alors qu’il marchait sans but dans le dédale de rue d’un des multiples étages de la planète sururbanisée, en faisant attention à ne regarder personne en particulier, tout en voyant tout le monde, il finit par atteindre une immense cantina… Dans le monde de l’économie souterraine, une cantina valait comme une bourse d’échange : c’est là que toutes les transactions s’effectuaient… Il pénétra dans le bâtiment, trouva une table dans un recoin, commanda au serveur mécanique rouillé « quelque chose de pas trop fort », que de toute façon il n’essaierait même pas de goûter, et se mit à observer la foule, imperceptiblement, essayant de repérer les habitudes du milieu, et de distinguer un courtier en informations qui lui paraisse “fiable” (si tant est qu’on puisse employer ce terme). Il dut se rendre à l’évidence : malgré toutes ses précautions, il ne devait pas être très discret, parce que les courtiers en informations vinrent le trouver de lui-même. Il eut cependant la présence d’esprit de ne pas engager de conversation sérieuse avec le premier, ni même le deuxième. En fait, il attendit le lendemain (les cantinas de cette dimension ne fermaient jamais). Finalement, le serveur mécanique vint lui apporter un message : un dénommé Yz’truck, un Kubaz, l’attendait dans une salle privée, à l’étage. Lorsqu’il pénétra dans la pièce annoncée, l’éclairage était réglé au minimum, et son interlocuteur était dissimulé dans une alcôve sombre, qui plus est embrumée par un nuage de fumée verdâtre sortant d’un narguilé à la structure complexe. Il ne ferma pas la porte, et ne s’avança pas trop, mais resta en position de pouvoir fuir facilement. Une voix rauque et mécanique s’éleva dans l’air, s’exprimant en basique, ce qui signifiait que le Kubaz devait utiliser un micro auto-traducteur :
« Qui êtes-vous, nouvel arrivant ? »
Le jeune homme marqua un temps d’arrêt… Il ne s’était même pas posé la question de son identité… Réalisant que son hésitation ne le mettait pas en position de force, il se reprit, répondant instinctivement :
« Vous pouvez me désigner sous le nom de Zak…[Non ! Je ne suis pas Lui !]…Zakky !
- Zakky me suffira.
- Je suppose que vous ne m’avez pas convoqué simplement pour apprendre mon identité, vu que personne ne me recherche…
- Mon temps est assez précieux, en effet ; bien que je me réserve le privilège d’apprécier moi-même la valeur de chacune des informations que vous fournirez. »
L’être tira une longue bouffée de fumée de son narguilé, puis la souffla lentement dans l’air de la pièce ; apparemment, il n’avait pas l’intention de parler plus.
« Ne perdons pas de temps, dit Zakky – il lui faudrait bien adopter ce patronyme, désormais – j’ai en ma possession une carte de donnée. Un ensemble de dossiers impériaux issus d’un complexe de recherche sur les technologies de clonage. Degré de confidentialité varié, je n’ai pas vraiment eu le temps de trier. J’attends un paiement indépendant pour chaque fichier, pas de possibilité de traitement global. Je n’ai pas particulièrement de volonté de faire parvenir ces données à qui que ce soit, à vous de choisir vos clients.
- Hm… Je ne peux évidemment rien proposer sans expertiser ses documents. »
La créature fit glisser sur le sol un lecteur de carte jusqu’à Zakky ; sur le mur de droite de la pièce, un écran géant s’alluma. La voix reprit : « si vous voulez bien introduire votre carte dans le lecteur, nous négocierons donc chaque fichier en connaissance de cause… J’espère que le temps que vous allez me faire perdre à un tel procédé en vaudra le coup. »

Tash ne doutait pas de ses capacités, mais si l’équipe de quatre dont elle faisait partie avait échoué à infiltrer la base sans rencontrer de résistance, à une époque où personne dans la base ne s’attendait à une telle chose, elle n’avait aucune chance d’y arriver seule sans informations supplémentaires. Elle s’était donc construit à la faveur de la nuit trois postes d’observation autour de la clairière, dont un en hauteur dans un arbre, et observait les rares activités depuis trois jours locaux. Jusqu’à présent elle était parvenue à repérer des traces prouvant que la plateforme d’atterrissage elle-même devait servir de monte-charge pour pénétrer ou sortir dans la base, mais sans aucune commande extérieure. Une base souterraine impériale type possédait forcément plusieurs sorties plus ou moins secrètes camouflées autour de la plateforme du hangar. Tash en avait identifié deux, mais sans savoir dans quelle pièce elles atterrissaient, elle ne s’y était pas engagée ; néanmoins il apparaissait qu’elles étaient peu employées par le personnel de la base. Soudain, durant le troisième jour, une navette de transport lourd s’approcha, se posa au centre de la plate-forme qui descendait dans les profondeurs de la base quelques minutes plus tard. Le fait était d’importance : l’approvisionnement de la base n’était pas fait par des barges automatisées, seules des navettes à équipage vivant s’en chargeaient ; et cela ne pouvait signifier que deux choses : première hypothèse, la base était un complexe dépendant directement de l’Empereur et bénéficiant de ce fait d’un statut de plus haute confidentialité, et alors seuls des personnels de confiance étaient dans le système, un droïde pouvant trop facilement se faire pirater. Mais jamais Cracken n’aurait envoyé une équipe de seulement quatre membres dans un tel complexe. Donc la seule autre explication était que le personnel de cette base était très réduit, au point que l’affrètement d’une barge droïde lourde ait paru trop peu rentable à la bureaucratie impériale. Elle décida donc qu’elle tenterait d’emprunter l’une des entrées camouflées la nuit suivante.

Le vaisseau sur lequel Cracken avait voyagé ne payait pas de mine, sans être non plus particulièrement “pittoresque” : tout ce que faisait le général était toujours finement étudié, et le choix d’un tel vaisseau était hautement stratégique : personne ne le remarquait, et ceux qui le remarquaient l’oubliaient vite. Il était cependant assez grand pour qu’une cabine, près du compartiment moteur, ait été transformée en chambre mortuaire, intégralement drapée d’un velours bleu sombre constellé de cristaux qui rappelait un ciel étoilé. Il était particulièrement rare lors d’une mission d’infiltration à équipe réduite que les corps des victimes puissent être récupérés ; lorsque c’était le cas, comme les espions n’étaient en général ni qualifiés ni équipés pour embaumer un corps, la procédure standard était de couler le corps dans une chape de résine à durcissement rapide. C’est ainsi qu’avait été conservé le corps de Zak. Malgré l’exiguïté de la cabine, Hoole avait trouvé la place de s’agenouiller devant le corps, en réduisant un peu sa taille (la clé du don de change-forme des Shi’ido résidait en partie dans le fait que leurs cellules étaient en fait peu nombreuses et gonflées d’un gaz facilement produit ou libéré ; donc sans se transformer un Shi’ido pouvait modifier sa taille à volonté). Tête inclinée sur sa poitrine, il était resté là plusieurs heures, se recueillant selon la tradition shi’ido, c’est-à-dire en se remémorant dans l’ordre chronologique toutes les occasions où il avait été en présence du défunt. Puis il s’était levé, était parti vivement sans jeter un regard en arrière, avait scellé le sas, et demandé à Cracken d’attendre que l’Alliance construise un mausolée sur Coruscant pour créer une sépulture à Zak, ou bien de larguer son corps plastifié, comme un soldat mort dans l’espace, au milieu du champ d’astéroïdes qui avait été Aldéraan. Après le départ de Cracken, Hoole s’enferma dans un mutisme complet que ses collègues respectèrent, d’autant qu’il se lança à corps perdu dans son travail, résolvant les problèmes bureaucratiques les uns après les autres avec acharnement. Au bout d’une semaine standard, toutes les décisions nécessaires pour la rentrée scolaire ayant été prise, les autres étant moins urgentes, le vice-président de l’université, un Chadra-Fan, imposa à Hoole six mois de congés pour pouvoir faire plus sereinement son devoir de deuil. Toujours en parlant le minimum, Hoole fit la requête qu’on lui affrète une navette monoplace, ne prit qu’un seul sac, et récupéra le rapport secret de Cracken sur la mission précédente de Tash – rapport que Deevee avait discrètement « emprunté » à l’ordinateur personnel de la cabine de Cracken (Hoole supposait en fait qu’un homme aussi rusé et précautionneux que le général était parfaitement au courant de cette infraction, voire même qu’il avait délibérément chargé le rapport dans l’ordinateur du vaisseau pour la rendre possible). Il allait retrouver Tash !


Chapitre 7 : nouvelle affectation

Pour la troisième fois, le colonel Reese Malc’olm composa le code complexe constituant l’adresse sécurisée du transpondeur personnel de l’Empereur sur l’Etoile Noire. L’appareil cliqueta de longues minutes, recherchant un signal, même faible, du transpondeur visé ; mais il ne trouvait rien, que ce soit sur l’holonet ou sur l’un des réseaux privés de l’armée impériale. Une goutte de sueur commença à glisser le long de la tempe du colonel ; ce pourrait-il que… ? Se secouant, il entra le code d’urgence, celui de l’Exécuteur Sedriss sur Coruscant, mais personne ne répondit… Le règlement impérial stipulait qu’un secrétaire ne devait jamais passer plus de trente secondes avant de répondre à un appel de cette priorité ; il y avait décidemment un problème. Malc’olm se passa la main devant le visage, fermant brièvement les yeux… Comment l’Empereur aurait-il pu échouer ? Non, c’était impossible, ce devait encore être une des ruses machiavéliques du vieil homme… Après réflexion, Malc’olm parvint à se souvenir du code des laboratoires de Byss, qu’il ne devait contacter qu’en cas d’extrême urgence. Officiellement, Byss n’était le lieu d’aucune base impériale, donc toute communication passait par une série de voies détournées et de redirections complexes au sein de l’holonet ; il n’aurait pas la communication avant plusieurs minutes. En attendant, Malc’olm se laissa tomber dans un fauteuil.

Après presque une journée à donner une série d’identifiants et de mots de passes à des bureaucrates ou des droïdes de filtrage, Malc’olm parvint enfin à obtenir le chef de la base de Byss ; mais à sa plus grande surprise, c’est l’image de l’Exécuteur Sedriss, en personne, qui s’afficha sur la table holographique.
« Mon… Monseigneur… ?
- Ah, colonel Malc’olm, j’attendais justement que vous me contactiez… Ces temps-ci, le nombre de mes supposés inférieurs hiérarchiques qui se mutinent est assez alarmant…
- Monsieur, c’est inadmissible ! J’ai prêté serment au Chancelier Suprême Palpatine il y a des années de cela, croyez bien que je lui resterai fidèle jusqu’à la mort s’il le faut !
- C’est bien… Malheureusement notre cher Empereur n’est plus vraiment dans la meilleure position souhaitable. La plupart des êtres de la galaxie le croient mort, et l’Empire se délite un peu plus de jours en jours… Byss était connue de peu de gens, et beaucoup sont morts ses derniers mois au service glorieux de notre Empereur ; mais votre base risque d’être rapidement découverte, et sûrement les données dont vous-même êtes le gardien sont d’importance pour les chercheurs d’ici… Nous devons faire vite si nous voulons sauver l’Empereur !
- Sauf votre respect, Monseigneur, la question de notre vouloir ne se pose même pas ; tel est notre devoir, et nous ne vivons que pour nous y soumettre.
- Bien ! L’Empire manque d’hommes tels que vous ! Si seulement l’Empereur avait conservé l’exigence des premières années de son règne dans le choix de ses serviteurs, peut-être n’en serions-nous pas à ce stade critique aujourd’hui…
- Ou peut-être serait-ce pire ? Au moins, si les nouveaux seigneurs de guerre se détruisent entre eux, ils ne s’occupent pas encore de nous, et l’Empereur reviendra dans un Empire encore plus pur, pour sa plus grande gloire !
- Voici vos ordres : vous allez faire transférer toutes les données de l’ordinateur principal de votre base sur votre navette personnelle, choisir vos dix meilleurs hommes, et les deux meilleurs scientifiques de la station. Puis vous ferez en sorte que nul autre des personnes connaissant cette base ne survive… et vous détruirez Tipoca City. Je vous attends sur Byss, le plus tôt possible. Exécution ! »
La liaison fut rompue avant que Malc’olm ait pu ajouter quoi que ce soit. Sans perdre de temps, il commença par dégainer son blaster et éliminer en personne tous les subordonnés de la salle des communications, qui comme il se doit avaient écouté attentivement tout en feignant faire autre chose. En moins d’une minute, quatre cadavres fumant étaient étendus sur le sol.

Pensif, le général Derricote gardait les yeux fixés sur le drapeau impérial en velours de Kuat qui était étendu face à son bureau, sur le mur opposé. Les derniers jours avaient été éreintants ; mais la situation se précisait de jours en jours, alors que dans les bordures médianes et extérieures les seigneurs de guerres les plus faibles disparaissaient ou prêtaient allégeance à leurs supérieurs, et que dans les systèmes centraux seuls deux puissances se partageaient le pouvoir : le Comité Central des Grands Moffs d’une part, qui s’était rallié on ne sait comment les prophètes du Côté obscur et au moins un Grand Amiral, et face à lui le Conseil Directeur de l’Empire, fragilement (et sans doute provisoirement) allié à Ysanne Isard et Sate Pestage. En tant que maître d’un système essentiel à la défense de Coruscant, Derricote pouvait se permettre de choisir quel camp il allait choisir, mais lorsque son choix serait fait, il ne pourrait que s’y tenir : impossible de jouer double-jeu avec un monstre de ruse comme Isard dans la partie. Il lui fallait donc être très prudent : le Conseil des Grands Moffs paraissait de loin plus solide que cette alliance de circonstance entre Isard, Pestage et les autres pontes de Coruscant, mais en termes de stratégie le Grand Moff Hissa n’arrivait pas à la cheville d’Isard, et seuls les prophètes du Côté obscur pouvaient lui permettre de tenir face à elle. Les prophètes du Côté obscur… ou ceux qui se prétendaient tels ! Derricote n’avait jamais été particulièrement friand de tout ce fatras de mysticisme et de religion, il connaissait mal ce qui se tramait à Scardia ; mais récemment un de ces anciens amis de l’Académie impériale, le Grand Amiral Peccati Syn, qui suivait Pestage depuis le début des troubles, était rentré en contact avec lui pour le convaincre de rejoindre son camp, juste avant d’emmener sa flotte vers Kashyyyk ; et il s’était présenté comme un adepte de l’Eglise du Côté Obscur, dirigée par les « vrais » prophètes, loyaux à nul autre que Pestage. Derricote pensait de plus en plus que chacun s’était créé ses propres prophètes, et il se fichait éperdument de savoir qui étaient les vrais : ce n’était pas la fonction des militaires de démêler les complots et de révéler les trames du monde politique ; on ne lui avait appris à l’Académie qu’à obéir aux ordres, ceux de l’Empereur, pas à choisir son supérieur ! Il soupira, et s’affaissa un peu plus dans son fauteuil… Les ordres de l’Empereur… Dark Vador étant lui aussi décédé, sans doute Pestage était l’homme encore vivant qui avait été le plus proche de l’Empereur. Ou bien était-ce Ysanne Isard ? Politiquement, elle était effectivement une des personnalités les plus proches du défunt monarque. Savoir si elle était, comme des rumeurs le disaient, la maîtresse de l’Empereur était impossible à établir. Derricote avait toujours eu horreur des ragots, autant que de toutes les manipulations des membres de l’espèce d’aristocratie dont Palpatine s’était entouré sur Coruscant. Tous des marionnettes… Le vieil homme possédait officiellement un harem de concubines, mais il ne s’agissait qu’un moyen supplémentaire pour soumettre les aristocrates, en rétablissant des antiques pratiques féodales de différents mondes ; Derricote n’avait vu l’Empereur « en vrai » qu’une seule fois dans sa vie, et une véritable onde de malaise émanait de cet homme ; seul le pouvoir l’intéressait, et Derricote doutait fortement qu’il ait pu entretenir des relations amoureuses avec qui que ce soit, du moins pas depuis qu’il était Empereur… Pestage, Isard… De toute manière, pour le moment, ils étaient dans le même camp. Les Grands Moffs ne valaient rien. Derricote appela un subalterne, et demanda à ce qu’on lui ouvre un canal sécurisé vers Coruscant.


Chapitre 8 : vers les profondeurs

Dans la sombre ruelle, Zakky regardait fondre le databloc, au milieu d’un brasero : c’était féerique, des étincelles blanches, bleues ou vertes alternaient avec des explosions de flammes dorées ou rougeâtres, tandis que les puces vivaient leurs derniers instants, que toutes données s’effaçaient… Il avait vendu pour un total de 1 000 crédits la plupart des dossiers ; tous, en fait, excepté celui qui traitait de sa propre identité. Un jour ou l’autre, ces informations finiraient par atteindre la toute jeune “Nouvelle République”… Une part de lui se sentait un peu coupable, certes, de ne pas avoir communiqué directement les renseignements aux nouvelles autorités : après tout, il avait encore souvenir d’un certain code secret pour joindre le QG des services secrets…
JE ne suis pas LUI ! Je me fiche de la République !
L’odeur des composants brûlés ou fondus devenait de plus en plus insupportable ; Zakky recula. Le databloc n’était qu’une masse informe ; Zak aurait été incapable d’en tirer quoi que ce soit, et il était le hacker le plus doué que Zakky “connaisse”. Il se détourna du brasero, et parti droit devant lui, se reconstruire une vie de citoyen normal de la galaxie. Ses 1 000 crédits ne tiendraient pas longtemps, surtout ici, sur Nar Shaddaa, capitale de l’arnaque et paradis des pickpockets ; il lui fallait trouver un boulot rapidemment… Heureusement, il n’avait pas gagné que des crédits lors de sa transaction avec le vieux Kubaz ; il avait aussi acheté quelques informations, et savait qui il voulait rencontrer. Il s’engagea dans le labyrinthe des rues de la mégalopole planétaire, descendit encore un étage, là où même les voyous moyens ne s’engageaient pas, mais où seuls habitaient les autochtones, épiant parmi les immondices l’étage supérieur, près à se précipiter comme charognards au moindre incident qui laisserait des morts et ferait fuir la foule. Zakky n’était pas armé ; il se contentait de se rouler entièrement dans un grand manteau miteux, comptant sur le fait qu’aucune des créatures d’en bas ne pourrait imaginer qu’un jeune humain puisse volontairement visiter les bas-fonds sans armes ; plus le bluff est gros, plus il a de chance de fonctionner. Se repérant avec un peu de difficultés, il finit par atteindre un vieux hangar tout déconfit, plongé dans l’ombre. Il chercha un moyen de signaler sa présence à l’entrée, finalement frappa à la lourde porte toute rouillée, mais n’obtint – c’était à prévoir – aucune réponse. Il fit coulisser la porte, assez pour pouvoir passer, et s’engagea dans la pénombre, faisant bien attention, cette fois, à laisser son manteau ouvert, ses mains bien écartées du corps. Il n’avait pas fait trois pas qu’un projecteur aveuglant se braqua pile sur son visage ; il ne put que fermer les yeux, et leva un bras devant ses yeux, mais ne put les rouvrir tant la lumière était forte. Une voix de droïde l’interpella : « Ce lieux est privé. Vous avez trente secondes pour fournir une bonne raison à votre présence ou mon protocole d’assassinat se mettra en route. » Zakky, assez paradoxalement, se relaxa. Il s’était toujours senti plus à l’aise avec les machines, leurs modes de raisonnement pur, qu’avec les êtres vivants. Enfin, Zak s’était toujours senti plus à l’aise…
Prenant garde à bien articuler, il prononça seulement cinq mots « vous êtes mon futur job ». Il comprit qu’il avait provisoirement gagné un entretien lorsqu’il eut compté mentalement jusqu’à plus de 40 secondes, sans qu’on essaie de le tuer. Il essaya de rouvrir les yeux ; il y parvint, car la lumière avait baissé. Devant lui se dressait un droïde en métal poli, d’un noir mat, difficile à voir. Mesurant deux fois la taille d’un Wookie, sa moitié supérieure était d’allure presque simiesque, avec quatre bras descendant jusqu’au sol, tandis qu’il se tenait sur trois courtes pattes de type arachnoïde. Mais le plus étrange était qu’au niveau de son “ventre”, il était creux, formant une sorte de niche, dans laquelle un être vivant était assis en tailleur, souriant de toutes ses dents. Comme ses yeux retrouvaient leur efficience, Zakky distingua mieux son hôte : c’était une femme, de petite taille, portant d’affreuses cicatrices de brûlures mal guéries sur tout le corps, notamment sur le crâne ; seule la partie droite de son visage avait été épargnée, avec un bout du front, d’où jaillissait, telle une cascade, une longue mèche de cheveux blonds emmêlés, seuls vestiges de la chevelure. Elle fixait son “invité” avec des yeux pétillants de malice mais froids, inquisiteurs, et Zakky ne put que détourner le regard. Lorsque enfin la naine s’exprima, c’était d’une voix rauque, mais sur un ton sautillant, comme près à raconter une bonne blague :
« J’admire ton audace, p’tit gars. Tu pourras p’t-être aller loin comme ça ; moi-même j’ai un jour tenu tête à c’vieux Palpy en personne. Mais crois pas que ça a suffit à te sauver. Je sais parfaitement qui tu es, même si ça fait un peu d’temps que j’baroude plus comme chasseuse de primes. Mala Mala n’donne pas de boulot à des impotents. Qu’est-ce que tu peux m’dire de ce droïde ? »
Zakky essaya de se concentrer. Ce droïde n’était pas un modèle de série, Mala avait dû le construire de bout en bout, toute seule. Il pouvait certes reconnaître la plupart des composants, ou au moins les matériaux employés, mais il doutait que cela soit la réponse attendue. Il inspira profondément, et tout d’un coup, sans vraiment comprendre comment, ce qu’il fallait voir lui sauta aux yeux, comme s’il l’avait toujours su. Il fixa son regard sur la femme, cette fois, soutint son regard sans ciller, et commença à énoncer, d’une voix monocorde, ce qu’il avait vu compris du droïde en le voyant – non, plutôt en le “ressentant”, même s’il n’avait aucune idée de comment il avait fait :
« L’articulation du second bras gauche est faussée ; il ne peut sûrement pas se plier à moins de 40 degrés, parce que l’une des vis est tordue, et que la gaine du servomoteur a fondu, peut-être touchée par un tir de blaster, bloquant l’une des tiges de contrôle en refroidissant. »
Mala resta silencieuse.
Zakky ajouta, un sourire en coin : « et le pied gauche est mal graissé, ce qui fait que votre assise n’est pas parfaitement horizontale ».
L’ancienne chasseuse de prime éclata d’un rire sonore, fermant les yeux, puis reprit enfin la parole : « Impressionnant… Tu vois, j’prends toujours un grand soin de mes Amis… Moi, je les connais de fond en comble, j’vois tout d’suite quand que’que chose ne va pas. Mais j’avais encore jamais vu un mécano comme toi. J’aime les gens directs, comme toi… On pourra p’t’êt’ s’entendre… Y fait plus bon être chasseur de prime, mais Mala a du flair… Avec toutes ces différentes factions qui apparaissent un peu partout, ça va être la panacée d’la contrebande ! Et Mala va avoir besoin d’aide pour monter une entreprise de commerce, les commerciaux font pas assez confiance aux gens seuls… Le fait d’avoir un associé doit être signe qu’on est capables de tenir un contrat, j’sais pas, ça les rassure… Et mes Amis sont pas assez vivants pour faire des “associés”… Allez, commence par regraisser la patte, j’veux voir comment tu t’débrouille avec les mains dans l’cambouis avant de te confier vraiment mes Amis… »

LLG-H4-212 n’était qu’une pauvre petite station minière itinérante, qui prospectait dans un petit champ d’astéroïdes aux confins du système de Borléias. La station n’était pas affiliée politiquement, de toute manière elle était loin d’être en règle, et ce même si plusieurs planètes du système comportaient des bases impériales de premières importance. Si les Impériaux faisaient semblant d’ignorer l’existence de cette station, c’est parce qu’elle leur fournissait des ressources à bas prix, et qu’elle était de toute manière de taille trop réduite pour servir de base de soutien à des troupes rebelles : stratégiquement, la station n’était rien. D’un point de vue commercial non plus, d’ailleurs : les ressources contenues dans les astéroïdes étaient loin d’être des denrées rares, seule la proximité des clients impériaux maintenait l’exploitation à peu près rentable ; les habitants de la station étaient généralement des vieux aventuriers à la retraite, ou des anciens joueurs professionnels qui n’avaient pas réussi à s’enrichir, mais avaient arrêté avant de s’empêtrer dans des dettes astronomiques. Depuis maintenant plus d’une semaine, Hoole était un vieux Sullustéen borgne, contremaître de la foreuse numéro 8311, au troisième niveau de la station. Une semaine sans reprendre son apparence… Il se rappelait un jour avoir dit à Zak qu’il était vital pour un Shi’ido de ne jamais perdre de vue son identité réelle, et de conserver le plus possible son apparence originelle ; que c’était loin tout cela… Hoole était loin de se laisser prendre au piège de son apparence d’emprunt : la rage qui l’habitait, de n’avoir pu encore découvrir un seul moyen d’approcher la planète ou sa nièce adoptive avait disparu, lui rappelait en permanence qui il était. Mais peut-être la chance allait-elle tourner : il avait fini par découvrir que Trediul, l’Impérial en charge de la base “secrète”, achetait régulièrement des liqueurs raffinées de contrebande, qu’il se faisait livrer au pôle, loin de ses hommes ; restait à identifier quels contrebandiers traitaient avec lui, parmi les très nombreux “commerçants indépendants” qui venaient se ravitailler en carburant à la station. Pour cela, Hoole n’avait pas l’intention de perdre à nouveau une semaine à offrir des verres à des soûlards à la cafétéria de la station ; en moins d’une minute, il prit ce qui s’approchait le plus de l’apparence d’un Defel, créature parfois surnommée « spectre » par son exceptionnelle capacité de camouflage. Puis il se glissa dans l’ombre, tout contre le poste de “douane” de la station, à un endroit d’où il pouvait entendre tout ce que déclaraient les différents pilotes. Paradoxalement, ici, les contrebandiers ne mentaient jamais sur leur marchandise : il n’y avait pas d’autres lois sur la station qu’un consensus respecté par tous, parce que c’était un lieu bon pour prendre sa retraite quand on n’était pas au net avec les autorités d’ailleurs dans l’univers, et que tous voulaient éviter les incidents, quels qu’ils soient. Au bout de moins de six heures standard, Hoole entendit enfin quelqu’un annoncer un transport de champagne togorien, et il décida d’aller inspecter son vaisseau ; son pilote resterait probablement au moins une heure à se délasser à la cafétéria. Lorsqu’il eut enfin repéré le vaisseau en question, un très vieux modèle, qui avait vaguement la forme d’un scorpion et portait des vestiges d’une ancienne peinture rousse, il n’essaya même pas de vérifier que le sas était fermé : il se fit Mynock, et pénétra dans le vaisseau à travers les évents de renouvellement d’air. À l’intérieur, il vola jusqu’au poste de pilotage, et reprit sa forme traditionnelle – enfin – pour manipuler l’ordinateur principal. Quelques minutes plus tard, il avait à peine réussi à contourner une première série de codes de protection qu’il sentit la froideur du canon d’un blaster sur sa tempe droite. Comment avait-il pu ne pas entendre le propriétaire revenir ? Il cessa immédiatement tout mouvement, attendant la suite ; rares étaient les contrebandiers à tuer les cambrioleurs sans chercher à en savoir plus. Finalement l’inconnu parla :
« Mon vaissssseau vous intéressssse, voleur ?
- Je ne suis pas un voleur de vaisseau. Je ne faisais que vérifier votre journal de bord, pour vérifier si vous correspondiez au pilote que je recherche.
- Vous cherchez un transsssporteur ?
- Si les liqueurs qui sont sur votre manifeste vont jusqu’à un petit officier impérial grassouillet, alors je veux être livré en même temps… J’ai autant de crédit qu’il sera nécessaire.
- Je ne prends pas de passssagers. Et je détessste qu’on fouille dans mes affaires. Faites vos prières. »
Hoole se tenait prêt à toute éventualité, celle-là incluse. En fait, il ne s’était jamais senti menacé. En une fraction de seconde, il n’était plus qu’un fin serpent cristal lové sur le siège, bien loin de l’angle de tir du blaster. Il se laissa glisser du siège, passa derrière son agresseur, un falleen, puis immédiatement, alors que le pilote n’avait toujours pas compris ce qu’il se passait, Hoole, cette fois sous les traits d’un jeune Trandoshan, emprisonnait son adversaire contre son torse, dans une solide clé du bras droit. Prêt d’étouffer, le pilote lâcha son blaster, essaya de porter ses mains à sa poitrine, mais ses épaules étaient complètement bloquées. Hoole relâcha un tout petit peu sa pression, et prit une seconde pour réfléchir à ce qu’il allait dire :
« Maintenant, c’est moi qui parle. Moi, je ne veux pas de tuerie. Moi, je veux juste profiter de ton vaisseau pour une étape. Alors tu vas te tenir tranquille, faire tes affaires comme si de rien n’était, et moi je quitterai ton vaisseau dès que cela me siéra.
- Ssssale change-forme ! Sssi tu te crois maître de moi, tu te trompe ! Je ne travaille pas ssseul… »
Hoole, cette fois, se sentit menacé : s’il n’avait pas entendu entrer le pilote tout à l’heure, ce devait être que celui-ci utilisait une ceinture génératrice de champ de camouflage. Si effectivement il avait des alliés dans le vaisseau, Hoole ne les repérerait pas avant qu’ils n’attaquent. Dans un même mouvement, il lâcha prise, pivota sur lui-même, et prit la forme d’un chien akk, créatures intelligentes dont la peau résistait à de fortes doses d’énergie, et dont la gueule garnie de croc terrorisait ses adversaires. Bien sûr, Hoole ne changeait que son apparence, pas la consistance de ses cellules, mais il espérait que ses adversaires éventuels l’ignoraient, ou du moins n’auraient pas la présence d’esprit de tirer. En seulement quelques bonds, il était hors du vaisseau, et il atteignait enfin un abri, en l’occurrence un tas de pièces de rechange, lorsque le premier rayon de blaster fusa à quelques centimètres de son oreille. Il atterrit plus ou moins lourdement derrière le tas de pièces détachées, puis reprit une forme de serpent pour se glisser à l’intérieur du tas lui-même. Les occupants du vaisseau ne tireraient plus, de peur de devoir rembourser les pièces détachées abîmées au propriétaire de cette baie d’atterrissage.
Le soir venu – dans la mesure où on peut parler de soir sur une station où l’éclairage est entièrement artificiel – Hoole se tenait toujours en embuscade dans la baie, épiant ; il avait changé plusieurs fois de cachette, et ses adversaires devaient croire qu’il avait abandonné la partie, puisque trois d’entre eux (Hoole ne savait toujours pas combien ils étaient au total) avait quitté le vaisseau en direction de la cafétéria. Soudain, alors que le Shi’ido s’apprêtait à changer encore une fois de cache pour tenter de regarder à travers la verrière du poste de pilotage, il remarqua une autre forme tapie dans l’ombre, qui semblait l’observer ; un de ses adversaires ? Hoole se concentra, sa peau frémit, commença à prendre une autre forme, mais sans cesser de frémir, se mit à onduler de manière aléatoire, Hoole passant à grande vitesse d’une forme à l’autre, jamais de la même taille ou de la même épaisseur. Un tel exercice était très fatigant, voire douloureux, et seuls les plus doués des Shi’ido en était capables. Mais il parvint ainsi à troubler assez l’autre pour pouvoir s’en approcher sans risque, et le clouer au sol. C’était une jeune femme, à la peau claire mais aux yeux et aux cheveux très noirs. Sa chevelure était coiffée en dreadlocks, et la jeune femme portait un tatouage, une ligne jaune qui lui barrait le visage juste sous les yeux ; probablement une Kiffar. Elle souriait, et d’une voix douce, indiqua à Hoole qu’il n’avait rien à craindre d’elle. Il la laissa se relever, et put mieux l’observer : elle portait effectivement les tatouages rituels des gardiens Kiffar, mais pas seulement : une sorte de gosse rose des vents noire s’étalait sur son ventre, centrée sur son nombril. Toujours de sa même voix douce, elle reprit la parole :
« Je vous observe depuis un bon moment. Apparemment, nos intérêts convergent pour le moment : vous ne ressemblez pas à un revendeur de vaisseau, plutôt à un espion rebelle… enfin, “républicain”, maintenant ; donc je pense que c’est la cargaison qui vous intéresse, ou bien des données de l’ordinateur de bord. Moi, je veux le vaisseau lui-même. On pourrait peut-être faire équipe ?
- C’est possible… Mais vous vous trompez : je ne suis plus un espion, je ne suis pas en mission sur ce coup. Ce qui m’intéresse, c’est que ce vaisseau tienne son agenda, et qu’il m’infiltre chez son prochain client.
- Tout cela change peu mes plans : quand ce vaisseau sera mien, on pourra sûrement s’arranger. Vous êtes un changeant, si je ne m’abuse ? Alors vous n’avez pas vraiment besoin du vrai contrebandier pour tenir l’agenda prévu…
- Pourquoi tenez-vous à récupérer ce vaisseau ?
- Parce que c’est le mien ! Enfin, celui de mon frère ; ces forbans se sont emparés du vaisseau, abandonné sur Sullust, après que frère a disparu. Je ne cherche pas vraiment la vengeance, c’est la loi dans le milieu où on vit, mais j’ai besoin de ce vaisseau.
- Je suis Mammon Hoole. Vous avez un nom ?
- Un nom, oui… Vos… mon prénom n’a pas d’importance…
- Et bien puisque vous semblez avoir un plan…
- Ces salauds ne sont que quatre : trois mâles et une femelle. Vous avez dû remarquer que les mâles sont allés se saoûler à la cafétéria ; elle est donc seule à bord, mais laisse toujours actif son générateur de camouflage. Il faudrait l’attirer dehors. »
La jeune femme ferma les yeux, et tendit la main en direction de l’écoutille du vaisseau. Autour de la rampe d’accès, les trois mâles avaient abandonné plus tôt dans l’après-midi des pièces tordues de métal, sûrement des composants usés du vaisseau. Sous le regard de Hoole, une longue tige de plastacier se souleva du sol, plana un temps à un mètre du sol, puis retomba, rebondit sur les autres pièces, avec un fracas assourdissant. Hoole, prenant une forme de mynock, s’envola, fit le retour du vaisseau, pour revenir se plaquer juste contre la paroi du vaisseau, tout contre l’écoutille. Vos rejoua son petit tour, cette fois à partir des pièces détachées qui avaient servi de refuge à Hoole quelques heures plus tôt. Toujours aucune réaction de la contrebandière. Puis, la Kiffar sortit un blaster, le lança dans les airs, et referma les yeux. Le blaster s’immobilisa dans les airs, face à l’écoutille, et se mit à tirer, avant de voler un peu plus loin, toujours braqué vers le sas, et de tirer un autre coup. Soudain, Hoole sentit un déplacement d’air : il ne voyait toujours personne, mais savait qu’elle était là, juste devant lui. Il se jeta sur elle, se transforma dans le même temps en Wookie, et l’assomma d’un seul coup du poing droit. En quelques foulées, la Kiffar l’avait rejoint. Il désigna le blaster, qui semblait revenir vers la main de sa propriétaire, et lui demanda si elle était une Jedi rescapée de la purge.
« Une Jedi ? Vous avez vu mon âge ? Je n’étais même pas née quand la purge a commencé ! Non, mon père était peut-être un Jedi, même s’il n’a jamais explicitement répondu à cette question… C’est vrai que ses manières n’ont jamais correspondu à ce qu’on trouve sur les Jedi dans les livres d’histoire, mais tous les Jedi n’étaient pas dorcément des saints imperméables à toutes émotions, et je pense qu’il n’a jamais été un Jedi très respectueux des règles, c’était plutôt un marginal. Enfin, le sujet a toujours été évité à la maison, ma mère a toujours dit que le seul Jedi qu’elle ait jamais connu était mort à Kashyyyk… Jedi ou pas, c’est de lui que je dois tenir ces quelques… “trucs”. Il nous les a enseigné à mon frère aîné et à moi, en disant que ça pouvait toujours être utile. Apparemment, ça n’a pas suffi à mon frère, puisqu’il a disparu corps et âme il y a plus d’un an. »
Hoole se demanda pourquoi sa nouvelle alliée, qui ne lui avait toujours pas révélé ne serait-ce que son prénom, se livrait aussi facilement. Apparement, elle avait besoin de déverser ses problèmes sur quelqu’un, et ne considérait pas le Shi’ido comme une menace. Tout en inspectant l’intérieur du vaisseau, elle continuait de parler, de maugréer plutôt, sans vraiment s’adresser à Hoole :
« Moi je sens qu’il n’y est pas mort, du moins pas tout de suite, et je veux découvrir ce qui lui est arrivé, voire s’il a survécu… C’est pour ça que j’ai besoin de son vaisseau, le Skorp-Ion ! C’était le vaisseau de papa, mais il l’a offert à Korto pour sa majorité – et le frérot n’a pas pu s’empêcher d’aller faire des bétises avec. Dès que j’ai appris que le vaisseau avait été repéré sur Sullust, je suis parti à sa poursuite : mon frangin a peut-être laissé des marques qui me permettraient de comprendre… »
Des marques… Hoole avait entendu parler des capacités psychométriques des Kiffar, bien que lui-même n’ait jamais étudié ce peuple, qui vivait reclus sur lui-même depuis la guerre des clones. Il opina de la tête sans rien dire, et laissa sa complice pénétrer la première dans l’habitacle du vaisseau.
À peine dix minutes plus tard, ils décollaient dans le maelström du champ d’astéroïdes.

Tash ouvrit les yeux. Comme la veille, il ne lui fallut que quelques secondes pour réaliser où elle était. Comme la veille, elle referma les yeux. « Idiote ! » Murmuré, crié, maugréé, c’était le seul mot qu’elle avait prononcé depuis son arrivée dans la cellule de détention impériale. Standard, la pièce ne comportait rien d’autre qu’une couchette en dur, et dans un coin un trou régulièrement pyrolysé, pour soulager ses besoins naturels. Il n’y avait que trois cloisons, la quatrième étant remplacée par un champ énergétique rougeâtre, qui bourdonnait incessamment. Le toucher causait des graves brûlures, et les objets légers rebondissaient dessus ; mais on voyait tout au travers, ce qui permettait aux geôliers d’avoir un œil sur chaque détenu en permanence. En l’occurrence, la cellule de Tash était la seule active, et le geôlier n’était qu’un vieux droïde superviseur. Tash soupira, rouvrit les yeux, et s’assit sur sa couchette. Désespérer n’était pas très utile dans ce genre de situation.
Quelques jours auparavant – combien exactement, elle n’aurait su le dire – elle avait choisi celle des entrées camouflées qui lui paraissait la plus judicieuse, pas trop proche de la clairière, et s’y était glissée le plus discrètement possible. Malheureusement, elle avait sans se le rappeler choisi exactement la même entrée que celle qu’elle avait empruntée avec son frère la première fois – au moins, elle était cohérente dans ses choix – et la porte avait été placée en mode de sécurité maximale et d’alerte permanente, gardée par des droïdes de combat programmés pour la capture. Dès qu’elle avait réalisé qu’elle ne s’en tirerait pas cette fois, elle avait dissimulé son databloc abîmé dans un conduit de maintenance de la taille d’un droïde MSE-6, pas plus, puis était repartie dans la direction opposée, afin de se faire capturer le plus loin possible de sa cachette. Les droïdes chasseurs étaient très rudimentaires, sans vocabulateurs, eux ne diraient rien de cette manœuvre qu’ils étaient incapables d’expliquer.
Tash s’avachit, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains. Il n’y avait rien qu’elle pouvait faire, sans aucun équipement, sans aide attendue. Si seulement elle était une Jedi, comme elle l’avait rêvé quelques années plus tôt ! Durant les mois où Zak, oncle Hoole et elle étaient en fuite, ils s’étaient un temps réfugiés sur une planète inhabitée et non recensée, Dagobah. Là, Tash et Zak avaient rencontré une créature étrange, un très vieux maître Jedi, Yoda ; mais il s’était contenté d’être bienveillant avec eux, refusant de parler de la Force à Tash. Certes il avait confirmé que son frère et elle étaient sensibles à la Force, mais il avait annoncé qu’il attendait un apprenti, le dernier des Jedi, et ne pouvait former les Arranda. C’est à cette époque que Tash avait commencé à se résoudre à la réalité : il n’y avait plus de Jedi, la période où même les plus faibles des êtres doués dans la Force étaient admis au temple Jedi pour y être formé selon leurs capacités respectives était bien révolu. Si Yoda avait décidé de ne rien lui dire de plus que la morale des Jedi, rien sur les arts jedi eux-mêmes, c’est qu’elle n’avait qu’un potentiel minimal. Elle avait dès lors cessé de s’entraîner à faire léviter le médaillon de sa mère, cessé d’essayer de troubler les esprits de ses adversaires lors des missions ; elle avait tourné la page. Elle savait désormais que le “dernier des Jedi” était Luke Skywalker, un des meneurs de l’Alliance ; elle l’avait déjà croisé lorsqu’elle s’était retrouvée impliquée dans le projet Terreur Galactique, mais depuis qu’il était un peu célèbre, elle n’avait jamais plus eu l’occasion de l’approcher, de lui parler, de savoir si c’était lui que Yoda avait attendu si longtemps…
À force de ruminer ces anciens rêves, Tash se prit à vouloir réessayer de sentir la Force. Après tout, elle n’avait rien d’autre à faire. Elle descendit de sa couchette, s’assit en tailleur sur le sol, pile au centre de la cellule, sur le dallage tiède en duracier. Elle fit le vide dans son esprit, fixa le droïde surveillant, puis imagina l’interrupteur d’urgence, dans la nuque du droïde, en train de s’abaisser. À sa plus grande surprise, dix longues minutes plus tard, elle vit le droïde se raidir, puis sa tête s’affaisser sur sa poitrine, et ses photorécepteurs s’éteindre. Aussitôt, une alarme hulula dans ces oreilles, et un groupe de gardes se précipita dans le module de détention, fusil blaster au poing. Toujours en tailleur, Tash se contenta de leur lancer un regard interrogateur, prenant l’air innocent qu’elle avait développé petite fille, et qui avait toujours attendri ses professeurs, à l’école.


La suite bientôt !
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Messagepar Para Emperor » Sam 03 Mai 2008 - 16:03   Sujet: 

Bon, apparemment personne ne l'attend avec impatience, mais voici quand même la suite.

Chapitre 9 : Dejarik galactique

L’aube se levait à peine sur Coruscant, mais déjà Ysanne Isard était prête à se mettre au travail, debout face à la verrière immense qui équipait son bureau, droite comme un I, dans son uniforme pourpre toujours aussi impeccable. D’une seconde à l’autre, le Grand Amiral Makati rentrerait dans la pièce. Il avait demandé une audience privée avec elle, dès qu’il avait reçu les nouvelles assignations de cibles pour sa flotte, et les fichiers sur les nouveaux ennemis de l’Empire, les mutins s’étant ajoutés aux rebelles. Isard n’avait rien pu tirer de lui lors de leurs communications par holonet, et les espions qu’elle avait placés auprès de l’amiral n’avaient rien découvert de valeur. En ces temps où les allégeances changeaient chaque jour ou presque, cette entrevue pouvait très bien n’être qu’un essai d’assassinat ; mais Isard n’avait pas peur, et sa réputation de combattante impitoyable qui rendait mal à l’aise les phallocrates les plus endurcis n’était pas usurpée. Le holster qui se balançait sur sa cuisse droite n’était pas simplement une fioriture de son uniforme, l’arme lui avait été offerte par feu l’Empereur en personne le jour où il lui avait demandé d’exécuter elle-même le traître qu’elle avait piégé, Armand Isard, son propre père.
Enfin, on frappa à la porte de son bureau. Elle fit face à la porte, et d’un ton sec, demanda à son hôte d’entrer. Dans son uniforme blanc immaculé, le Grand Amiral entra, referma la porte derrière lui, s’avança jusqu’à un siège, et s’y assit sans attendre d’y être invité. Lui n’était pas impressionné par cette femme, putain de l’Empereur ou non. Elle n’était même pas son supérieur hiérarchique, puisqu’elle était Chef des Renseignements, un corps mixte, ni militaire ni civil. Lui était Grand Amiral de la flotte, son seul supérieur avait toujours été l’Empereur, et maintenant qu’il n’y avait plus d’Empereur, il était prêt à faire tout son possible pour maintenir l’Empire viable jusqu’à ce qu’un nouvel Empereur soit couronné. Un Empereur, pas une Impératrice.
Isard n’esquissa pas un mouvement ; elle se contenta de fixer son visiteur de ses yeux vairons, attendant qu’il parle. Un assassinat apparaissait maintenant des plus improbables, s’il avait voulu la tuer il l’aurait fait sans perdre de temps ; il devait probablement détenir plutôt des informations inconnues d’elle, et elle comptait bien retenir chacune de ses paroles. Sur le ton de la conversation, l’amiral finit par parler, le visage hautain, sans même daigner la regarder :
« Est-ce que le nom d’Azrakel vous dit quelque chose ? »
Isard ne répondit pas, toujours aussi immobile.
« Cet homme s’est présenté à moi, il y a quelques jours de cela, en se présentant comme un prophète du Côté Obscur, le seul “vrai”, et m’a demandé une flottille pour aller détruire Scardia et ses – je cite – « misérables vermines d’acteurs de seconde zone ». L’homme porte des séquelles de multiples tortures, et son esprit est sûrement dérangé. Cependant il semble connaître une partie des codes de communication de la station Scardia dont nos espions sur place ont affirmé la validité. Vous savez que cette station spatiale est un bastion surarmé, un véritable bunker spatial, quasi imprenable. J’ai jugé l’information digne de parvenir aux Renseignements impériaux. »
Isard conserva son mutisme, se demandant si l’amiral en dirait plus. Elle devait avouer qu’il avait piqué sa curiosité. En tant que chef des Renseignements, elle avait toujours aussi été très impliquée dans les services de censure, et entretenait des relations assez étroites avec les chefs du COMPNOR. Elle savait depuis un certain temps que les dirigeants actuels de Scardia n’étaient pas les vrais “prophètes” nommés par l’Empereur, mais des opportunistes quelconques. Les vrais s’étaient pour le moment retirés des jeux du pouvoir, ne conservant de contact qu’avec Pestage, qui était de son bord – tant qu’elle aurait besoin de lui. Mais aucun de ces prophètes ne se nommait Azrakel…
Désespérant d’obtenir une seule réponse de cette femme, Makati haussa les épaules, se leva, salua sa collègue, cria « Longue vie à l’Empire ! » et quitta le bureau, tournant le dos à Isard, sans lui montrer aucune marque de respect. Elle n’obtiendrait donc aucun détail supplémentaire.
La jeune femme s’assit à son bureau, alluma son terminal, et fit une recherche dans ses bases de données personnelles pour le nom “Azrakel”. Mais elle n’obtint aucun résultat.

À des années lumières des bureaux propres et bien tenus du Centre Impérial, au niveau carcéral du destroyer de Makati, Azrakel sourit. Il marchait en rond dans sa cellule, nu, exposant sans aucune honte son corps rachitique affreusement torturé, et même déformé. Il n’avait pas mangé depuis son incarcération, mais le côté obscur le sustentait. Son heure viendrait. Pour l’instant, il tolérait cette incarcération, mais il aurait pu faire mourir ses gardiens d’une dizaine de manières différentes, toutes aussi douloureuses, d’une seule pensée. Certes il avait fui son maître, le vrai Kadann, dès qu’il en avait eu la force, et son plus fort désir était de le tuer un jour, pour venger toutes les tortures qu’on lui avait infligées ; mais c’était la voie des Sith, depuis toujours : l’apprenti devait supplanter son maître, pas attendre sa disparition pour lui succéder. Pendant des années, Azrakel avait été l’apprenti de Kadann. Mais Kadann n’était pas à proprement parler un Sith : il était un “Docteur Noir”, un spécialiste du côté obscur, formé non pas au combat ou à la politique, mais à l’introspection, l’étude des profondeurs de la Force. Palpatine, devenu Empereur, avait quelque peu adapté les traditions Sith à son ambition personnelle. Parce qu’il voulait conserver une maîtrise totale de tous ses subordonnés, qui n’étaient dans sa pensée que des pions, il avait décidé de séparer les enseignements sith. Dark Vador était bien sûr le plus puissant des êtres formés par l’Empereur, sans doute était-il un Sith traditionnel ; mais après lui venait Jérec, formé seulement à la science militaire ; les mains de l’Empereur, formées uniquement aux techniques d’assassinat sith ; et les docteurs noirs, instruits à la magie Sith du contrôle du corps, l’exacte contraire de l’art des guérisseurs Jedi. Or le seul moyen, selon l’Empereur, de former de tels “docteurs”, était de les torturer jusqu’à ce que le corps soit intégralement ouvert à la souffrance, prêt à puiser dans la haine pure toute l’énergie nécessaire à leur survie. Azrakel prit plaisir à s’imaginer en train de torturer son ancien maître à mort, et partit d’un sinistre éclat de rire, diabolique, qui glaça le sang des soldats assignés à sa garde.

Il faisait froid dans la salle. Toute chromée de partout, on aurait dit qu’elle n’avait jamais servi… D’ailleurs, elle n’avait servi. Nerveux comme un jeune étudiant lors de son premier rendez-vous amoureux, Trediul marchait de long en large dans la salle de torture de sa base. Il ne savait pas trop si ce nouveau divertissement allait lui plaire : depuis toujours, il avait été du style à s’évanouir à la moindre goutte de sang ; mais ces nouveaux droïdes “interrogateurs” de type IT-1 étaient censés être très “propres”. Et lorsque rien ne le menaçait directement, Trediul était bien capable d’être sadique, comme tous les autres. Fixant son propre reflet dans le plateau de la table en duracier, il testa plusieurs sourires, recherchant le plus sournois. Il comptait bien s’amuser…
Quelques minutes plus tard, deux stormtroopers lui amenèrent la prisonnière : ce n’était qu’une jeune femme, pas très impressionnante, apeurée, et elle ne lança aucune pique provocante à son tortionnaire, comme le faisaient les femmes fatales dans les holofilms. Lorsqu’elle fut enfin attachée, le colonel abandonna son sourire figé, celui qu’il avait mis tant de temps à répéter : finalement, c’était plutôt decevant. Enfin, il se contenterait des supplications de la jeune femme et de ses cris de douleur, lorsque le droïde la briserait, à petit feu comme il se doit. Trediul était aux premières loges… peut-être un peu trop. Il prit ses distances, afin de pouvoir se détourner rapidemment si le spectacle devenait insoutenable.
Allongée sur la table, Tash ne se débattait même pas. Elle n’avait encore jamais eu à subir de torture particulière (si l’on excluait que son cerveau avait un court temps été extrait de son corps par des B’omaars lors d’un séjour sur Tattooine), mais elle avait été formée à plusieurs techniques de relaxation et de résistance par les instructeurs rebelles ; et vu la manière dont elle était attachée, et le temps qu’il avait fallu aux stormtroopers pour y parvenir, elle ne faisait pas face à des professionnels, du moins sans considérer les droïdes. Tandis qu’une des sphères noires avançait vers elle, garnie de différentes sortes de pinces, et d’une seringue surproportionnée (savoir que sa taille était exagérée pour terrorriser les prisonniers ne suffisait pas pour rassurer la jeune espionne), Tash crispa la machoire, luttant pour ne pas fermer les yeux. Il fallait qu’elle résiste, de toute sa pensée, de toute son âme ! Après avoir flotté quelques secondes au-dessus d’elle, sans bouger, comme pour étudier tous ses points faibles, le droïde contourna la table, pour l’attaquer de dos. Histoire de faire bonne mesure, ou de se rattacher à un protocole, l’Impérial le plus gradé stoppa le droïde d’une main, se râcla la gorge, puis déclama sur un ton théâtral la phrase qu’il devait préparer depuis le début de la séance : « Sale petite espionne rebelle, pour avoir pénétré dans ce territoire strictement réservé à la Grande Armée impériale, tu mérites de subir les pires tourments de l’univers. Cependant nous nous montrerons peut-être indulgents au point de t’épargner de trop longues souffrances, si tu nous révèles tout ce que nous voulons savoir… » La fin agrémentée d’un petit clin d’œil. Puis l’homme, apparemment fier de lui, se tourna brièvement vers les soldats, impassibles, comme s’il avait attendu des louanges ou des applaudissements. Tash crut même entendre le droïde derrière elle soupirer ; en d’autres circonstances, elle aurait pu en rire.
Mais sans prévenir, sans même attendre le signal de l’officier impérial, le droïde entra en action, frappant Tash à la nuque d’un arc énergétique qui stimula tous ses nerfs en même temps, et elle perdit soudain toute notion de l’endroit où elle se trouvait, de ce qui lui arrivait, tandis que chaque parcelle de son corps lui sembla s’enflammer d’un seul coup. Certains nerfs envoyaient une sensation de chaleur intenable, d’autres de froidure extrême, et ceux qui étaient connectés aux organes internes lui donnaient l’impression que des centaines d’aiguilles la transperçaient de part en part. Comme par réflexe, Tash hurla, mais dans la même seconde le peu de conscience qui lui restait se concentra pour expulser loin d’elle toute cette douleur, comme si son corps émettait un cyclone entraînant loin d’elle tout objet autour. Pour alimenter cette tempête, elle puisa dans toute sa rage, sa haine des impériaux qui avait tué ses parents, et même… son frère ! Toute la mémoire des dernières semaines lui revint d’un seul coup : cet officier, c’était lui, la personne qui avait assassinné Zak !
Alors que Tash ne sentait plus la douleur, ou plutôt s’en servait comme d’un stimulant, et avait l’impression qu’il lui suffisait de le décider pour lâcher sur son entourage une puissance destructrice, soudain, elle entendit au plus profond d’elle-même comme un cri, qui lui fit perdre toute concentration : « NON, TASH ! La Force sera toujours ton alliée, mais ne cède pas au Côté Obscur ! »

Tash se trouvait dans un jardin, le jardin de chez elle, sur Aldéraan, au crépuscule. C’était une sorte de pentagone, dont un des côtés longeait la maison, les quatres autres étant fermées par des vieux mûrs en pierre taillée à l’ancienne, entièrement recouvert de mousses et de lierre. Dans chaque angle, un arbre fruitier. Tash tourna sur elle-même, pour s’orienter. Mais elle n’y parvint pas : il n’y avait pas de maison, de tous côtés il y n’y avait qu’un vieux mur. Puis elle reconnu le mur qui devait se trouver à l’Est, parce qu’une petite fontaine y était encastrée, laissant s’échapper un fin filet d’eau avec un son cristallin. Tous les arbres étaient en fleurs. Soudain, Tash aperçut, contre un des murs qui faisaient face à la fontaine, un banc en bois clair qui n’avait jamais été là. Sur ce banc, quelqu’un était assis, mais il apparaissait sans contour, comme un nuage de brouillard d’un blanc étincellant. Comprenant qu’elle devait rêver, Tash s’approcha de la forme. Petit à petit, elle se souvint de l’impression de puissance destructrice qui l’avait envahie, et de ce cri qui l’avait stoppée net. Où avait-elle déjà entendue une telle voix ? Soudain, elle se souvint. Mal assurée, elle s’approcha encore de la créature, et lui demanda en béguayant :
« Ai… Aidan ?
- Oui, Tash, tel a été mon identité. Mais aujourd’hui je ne suis plus Aidan, je ne suis qu’une part de toi.
- Voulez-vous dire… N’êtes-vous qu’un souvenir ? Mais vous ne m’avez jamais parlé du Côté Obscur auparavant ! Et ce rêve n’est pas un élément du passé !
- Pourtant, en un sens, je ne suis plus qu’un souvenir… Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’étais déjà mort depuis longtemps… Mais la Force parfois nous joue des tours étranges : j’étais tellement peu convaincu d’avoir été défait aussi simplement, tellement honteux de ma défaite, tellement dévoué à ma mission, que je suis demeuré là-bas… Je ne sais pas trop sous quelle forme : certains m’ont appellés fantôme, mais d’abord, tous ne pouvaient pas me voir, et tu étais la seule à m’entendre ; de plus, en me concentrant très fort, j’étais encore capable de toucher ; et enfin, sans pouvoir moi-même utiliser la Force, j’ai pu de transmettre une partie de ma puissance, de mon savoir… Lorsque nous avons ensemble vaincu ce savant fou, ce Gog, c’est comme si je m’étais redempté ; j’ai enfin accepté ma mort, et j’ai commencé à me fondre dans la Force ; mes perceptions et mes connaissances se sont étendues, tandis que mon moi s’évanouissait, devenant pure énergie ; j’ai alors senti comment le mal s’était emparé de tout l’univers, combien peus étaient les Jedi survivants, et j’ai compris que je ne pouvais pas encore abandonner, pas encore me laisser aller au repos. J’ai essayé de reprendre ma forme précédente, de me reconstituer un ectoplasme, mais c’était désormais impossible ; par contre, j’ai eu l’intuition que la possibilité qui me restait était de me fondre dans un autre esprit, de perdre à jamais mon identité, et de ne demeurer que comme savoir, savoir-faire, souvenir, dans l’inconscient d’un… d’un “élève”. Je ne connaissais plus personne dans cet univers, si ce n’est toi, alors je me suis fondu en toi, devenant une partie de ton subconscient. Mais la temporalité est différente lorsqu’on se fond dans la Force, tout se passe sur un autre plan de conscience, comme dans un rêve. Le temps que ma sagesse et ma science deviennent tiennes, tu avais renoncé à la Force, perdu tout espoir de devenir Jedi. Aujourd’hui, tu as repris contact avec la Force. Aujourd’hui, enfin, je suis revenu à un certain degré de conscience. Tash, je suis ton nouveau professeur ! »
Tash demeurait silencieuse, ébahie. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il voulait lui dire, ou du moins elle n’arrivait pas à intégrer tout ce que ces paroles impliquaient. Lorsqu’elle l’avait rencontré, effectivement, le fait qu’il soit un “fantôme” ne lui avait pas posé trop de problème ; maintenant, elle était confrontée à une nouvelle conception de la Force, non comme simplement un outil amusant disponible aux Jedi, mais presque comme une entitée, une divinitée, dont chacun ne serait qu’une cellule. Et cet Aidan aurait échappé à la mort en vidant au sein d’elle-même le contenu de son âme !
Comme s’il percevait son trouble, le nuage blanc évanescent changea de forme, puis s’adressa à nouveau à elle :
« Je conçois parfaitement que tu puisses me voir désormais comme un parasite, un autre qui aurait pénétré par effraction dans ta propre intimité, ton propre inconsient, mais tu dois comprendre que je nuis plus quelqu’un. Je ne suis qu’un souvenir, un de tes savoirs, et je t’en conjure, tu dois accepter cet héritage ! De toute manière, c’est la dernière fois que nous nous rencontrons. Lorsque ce rêve cessera, je n’aurais définitivement plus de moi distinct de toi. Je n’existerais plus en toi que sous forme d’instincts, de connaissance que tu n’as jamais apprises, de souvenirs de ma vie passés, rien d’autre. Accepte-moi. »
Tash était loin d’être prête à une telle chose ; mais elle commença à sentir poindre au fond d’elle une douleur physique, et le jardin autour d’elle commença à devenir de plus en plus flou. Elle avait une foule de questions à poser à Aidan, ce Jedi authentique de l’ancien ordre, mais elle sentait que tout se délabrait de plus en plus vite ; alors, sans qu’elle put rien faire, elle eut l’impression que le nuage s’insinuait en elle, elle l’inhalait, l’avalait, et en tirait à chaque inspiration une plus grande sérénité, un antidote à la douleur qu’elle ressentait de plus en plus insistante dans tout son corps…


Tash reprenait progressivement conscience, dans la salle de torture, mais étrangement elle se sentait presque extérieure à son corps. Elle acceptait la douleur, mais non plus dans le but de la retourner contre la cause de cette douleur ; cette fois, elle comprenait sa douleur, comme un simple message nerveux de chacun de ses nerfs à son cerveau, un avertissement de son corps, rien de plus. Lentement, elle s’apaisa. Puis elle perçut, comme de l’intérieur, chacun des éléments qui l’entouraient. Le droïde, d’abord, dont la “conscience” primitive se limitait à une série de calculs. Tash introduit dans ce schéma mathématique si parfait une simple petite erreur de virgule, qui devint une réelle incohérence, et petit à petit toutes les fonctions du droïde cessèrent, bloquées, comme si Tash avait joué le rôle d’un virus informatique. Puis elle sentit les esprits des trois Impériaux, beaucoup plus complexes, beaucoups plus sinueux, bien moins logiques ; elle pouvait les sentir, mais pas les toucher. Elle n’essaya même pas de faire naître une pensée quelconque dans ces esprits résistants, mais elle finit par repérer chez l’officier une trace d’ennui, de lassitude, voire de fatigue, et imagina qu’il sagissait d’un petit ruisseau coulant dans la conscience de l’homme, un ruisseau qui prenait la force d’un torrent, devenait rivière, puis fleuve, creusant son lit de plus en plus profondément dans l’esprit de l’homme.
Trediul ne put retenir un baillement ; il ne savait pas vraiment ce qu’il avait, depuis quelques minutes, mais il n’avait qu’une envie : tout cesser. D’autant que le droïde agissait de plus en plus bizarrement, clignotant à un rythme effréné, comme s’il était prêt à exploser ; en fait, quelques secondes plus tard, il cessa de clignoter, cessa de vrombir, cessa tout, même son répulseur, et s’écrasa lamentablement sur le sol, avec un grand fracas métallique ; la seringue se brisa, et le piston qui était à l’intérieur roula sur le sol, jusqu’à la pointe du pied de Trediul. Les yeux écarquillés, il resta un moment sans comprendre, puis insulta les deux stormtroopers pour leur incompétence, leur demanda de tout nettoyer, de remettre la prisonnière apparemment inconsciente dans sa cellule, et regagna ses quartiers, dans une colère noire qui ne le quitta que plusieurs heures plus tard, entre les bras de sa maîtresse.

La nuit dans la jungle de Yavin IV : alors que la chaleur baisse, progressivement, les bruits changent, tandis que les animaux diurnes s’endorment, cédant le terrain aux prédateurs nyctalopes, encore plus menaçants. Luke, Chevalier Jedi, était assis au milieu de cet univers hostile, presque nu, couvert de sueur après un petit footing vespéral ; pourtant, les animaux semblaient tous l’ignorer, le contournant à peine. Les yeux fermés, il prenait plaisir à respirer le plus profondémment possible, goûtant l’air dans ses poumons, enfin guéris après l’infection par des larves hémophages durant sa dernière mission sur Bakura. Ouvrant les yeux, et les relevant vers les étoiles, Luke senti une pointe de douleur au fond de lui en repensant à ceux qu’il avait laissés là-bas, morts ou isolés : Dev, Gaériel… Il se força à se détendre, à éliminer toute douleur de son souvenir, mais tout “Jedi” qu’il était, il n’y parvint pas. Alors, il se contenta de penser à eux, surtout à Gaériel, qu’il aimait, et qui aurait pu l’aimer, mais qui avait tenu à demeurer loin de tout, sur sa planète, pour s’occuper de son peuple. Soudain, alors que Luke se mettait à rêver à d’autres scénarios possibles, son communicateur bipa. Il n’y avait aucun message, seulement un appel tout de suite coupé. Mais l’adresse d’émission suffisait ; il releva en soupirant, écarta une mèche de ses cheveux blonds, puis chercha à se réorienter dans le noir. Après une brève hésitation, il partit sur sa droite, en marchant cette fois.
Le temps de rentrer, puis de revêtir une tenue plus digne, Luke avait pris pas mal de retard ; il se glissa le plus discrètement possible dans la vieille salle de briefing, celle-là même dans laquelle l’attaque contre la première Etoile Noire avait été planifiée, quelques années auparavant. L’équipe logistique de l’alliance avait tenté de nettoyer la pièce, mais même cinq années d’abandon avaient suffi à causer des dégâts irréparables, et plusieurs crevasses s’ouvraient dans le plafond en plastacier moulé. Cinq ans… déjà… Ce n’était pas un hasard que le nouveau Sénat provisoire de la Nouvelle République ait établi sa base ici juste après la victoire d’Endor, dans la base même qui avait connu la première victoire majeure du mouvement rebelle unifié. Luke n’était pas aussi fin politicien que sa sœur, et il avait encore un peu de mal exactement à comprendre le rôle de ce “Sénat provisoire”, alors que la plupart des décisions actuelles de la Nouvelle République passaient par le Conseil Provisoire, dirigé par Mon Mothma, ou par l’Etat Major Interarmée, codirigé par le Général Crix Madine et l’Amiral Ackbar. Toujours est-il que ce Sénat existait, au moins comme signal qu’il y aurait un vrai Sénat un jour, et que le Conseil Provisoire était bien “provisoire”.
Luke se concentra enfin sur ce qui se disait. Mon Mothma était en train d’énoncer les mesures prises par le Sénat lors de sa première séance plénière, mesures qui pour la plupart n’étaient que des protocoles de fonctionnement interne, dèjà très alambiquées alors que l’institution naissait à peine ; mais une des mesures concernaient directement Luke, et un clin d’œil de la Mon Mothma avait clairement fait comprendre à Luke que c’était le sujet principal de la réunion, et qu’elle n’avait énoncé le reste que pour combler l’espace pendant l’absence du Jedi.
« La résolution numéro 7 du Sénat provisoire prévoit l’établissement dans de brefs délais d’une petite structure, de moins d’une dizaine de membres, servant à s’assurer de la responsabilité des décisions du Conseil Provisoire, et d’informer le Sénat sur les décisions prises par le Conseil sus-nommé. Cette nouvelle strucure, baptisée Réseau de Renseignements Planétaires du Sénat, sera constituée pour un tiers de membres effectifs du Conseil Provisoire, ainsi que de généraux de la flotte ayant réçu des distinctions, et de membres civils neutres, ne possédant plus de lien ni avec le Sénat, ni avec le Conseil, ni avec l’Armée.
Voilà pour le texte officiel. En fait, les membres choisis pour constituer ce groupe sont, dans la mesure où ils acceptent cette fonction, le Général Solo et l’Amiral Ackbar, pour les membres militaires ; Lando Calrissian, Baron-administrateur de la Cité des Nuages sur Bespin, et tout récemment retiré des cadres de la flotte où il servait comme Général ; la Princesse Léïa Organa et moi-même comme membres du Conseil provisoire ; et le Chevalier Luke Skywalker, Jedi et général honoraire de notre flotte, le seul à ne pas encore avoir accepté cette fonction. »
Tous se tournèrent vers Luke, qui bien que surpris, inclina la tête en signe d’approbation ; après tout, il n’avait que des amis dans ce groupe ! “Général honoraire”… Mon Mothma savait trouver les mots… Contrairement à Lando, Luke ne s’était pas retiré de l’armée ; il avait d’ailleurs été en charge de la mission sur Bakura ; mais en tant que Jedi, l’armée ne le considérait pas comme un officier ordinaire, et les missions qu’on lui confiaient étaient souvent celles dont l’implication politique était de premier ordre ; d’autant qu’il avait le privilège, très rare, de pouvoir refuser les missions qui ne lui seyaient pas. Il se souvint de ce que Mon Mothma lui avait raconté sur les Jedi de l’ancien ordre, le jour où il avait atteint le grade de général : lorsque la guerre des clones avait débuté, la République avait dû lever une armée, la Grande Armée de la République, et le statut des Jedi avait été discuté au Sénat assez âprement ; finalement, il avait été décidé que tous les membres de l’Ordre, quelque soit leur rang dans l’ordre, bénéficieraient d’un pouvoir absolu sur les soldats républicains, sous le titre de “général”, y compris les padawans : désapprouvé par beaucoup, ce décret n’avait fait qu’alimenter le ressentiment croissant de la population contre l’Ordre.
Puis les Jedi généraux avaient été trahis, terrassés par leurs propres troupes, sans aucune hésitation de la part des clones. Luke n’avait jamais évoqué le sujet avec ceux des officiers de l’Alliance qui avaient fait partie des – très rares – cadres non clones de l’armée prè-impériale, comme Jan Dodonna, mais il avait un jour découvert par hasard, au détour d’une conversation, que Chewie avait dans sa jeunesse connu nul autre que Yoda, et qu’il l’avait même aidé à s’enfuir lorsque tous les autres Jedi avaient été massacrés.
Mais jusqu’à présent, aucun des militaires de l’Alliance n’avait osé critiquer son statut de général-jedi, et Luke préférait ne pas penser à une telle éventualité avant qu’elle ne se produise.

Ce n’est que le lendemain que parvinrent au QG de Yavin IV les premiers rapports de la force d’intervention extérieure expédiée à la poursuite de la flotte Ssi-ruuvi : au lieu de trouver un ennemi prospère prêt à lancer une nouvelle attaque contre l’espace impérial, ils n’avaient trouvé qu’un Imperium Ssi-ruuk blessé, tentant péniblement de se relever d’une attaque à grande échelle contre tous les mondes périphériques du système ; les flottes ssi-ruuk s’étaient toutes regroupées autour de la planète-capitale, Lwhekk. Après un bref engagement, la flotte d’intervention républicaine avait obtenu un cessez-le-feu ; même si les négociations de paix piétinaient, l’Imperium ne devait plus être considéré comme une menace. Mon Mothma se réjouit d’une telle situation, mais Ackbar, par nature plus suspicieux, demanda à l’unité d’essayer d’identifier l’ennemi des Ssi-ruuk avant de revenir, craignant que cette guerre entre deux autres factions n’ait fait que remplacer une menace par une autre. Quelques jours plus tards, donc, il étudia avec Luke, le plus qualifié pour identifier la technologie ssi-ruuvi puisqu’il avait été leur prisonnier, plusieurs échantillons d’épaves prélevés sur les champs de bataille spatiale aux alentours de Lwhekk ; tous ceux qui n’étaient pas ssi-ruvi étaient impossibles à identifier, bien loin en tout cas du matériel impérial. Les experts stratégistes de la Nouvelle République firent l’hypothèse, d’après la situation géostratégique du territoire ssi-ruvi, qu’il pouvait s’agir des Chiss, mais l’Etat Major refusa d’y voir une menace, et l’affaire “Bakura” fut définitivement classée. C’est que les diverses factions impériales s’étaient remises à bouger…


Chapitre 10 : secrets révélés

Regardant le cadavre de Kubaz fumant tout en reprenant sa respiration, Malc’olm ne put s’empêcher de sourire. Le vieux non-humain n’avait rien dit, mais étant donné sa réputation, et puisque toutes les pistes sans exception pointaient vers lui, il n’était pas possible de douter : c’était lui la source, il ne devait pas y avoir eu d’autres intermédiaires entre le clone échappé et lui. Mais le colonel impérial ne se laissa pas longtemps envahir par l’auto-satisfaction : éliminer le kubaz avait été plus un moyen de se défouler qu’autre chose, la plupart des informations s’étaient répandues maintenant, et il était presque impossible d’en regagner le contrôle.
Cela faisait plusieurs semaines désormais que Malc’olm traquait le clone, et tentait d’empêcher que les dossiers volés deviennent publics trop rapidement ; Sedriss n’avait rien trouvé de mieux comme punition, pour avoir permis cette fuite de données, que de retirer à Malc’olm son grade de colonel – provisoirement, du moins il l’espérait – et de ne lui avoir donné aucune troupe et aucun moyen pour réparer sa négligeance. Vu le peu de pitié habituelle des officiers impériaux, Reese savait qu’il avait été traîté avec une grande clémence, et donc s’interdisait de maudire son sort. Après tout, c’était de bonne guerre, et le clone était devenu comme un ennemi personnel.
Malc’olm entreprit de fouiller le cadavre, mais ne trouva rien : les Kubaz avaient une excellente mémoire, assez pour retenir les informations fragmentaires et relativement vagues qui faisaient la majeure partie de son commerce. Les données plus conséquentes, comme celles que traquait l’ex-colonel, avaient du être dissimulées quelque part à proximité des trois ou quatre cantinas que le Kubaz utilisait comme bureau, trop valeureuses pour qu’il les aie en permanence sur lui. D’un autre côté, il ne s’agissait que d’un non-humain, son intelligence limitée ne pouvait pas défier celle d’un officier impérial ! Malc’olm se remémora les derniers jours, qu’il avait passés à filer l’indic sur ses trajets quotidiens, et chercha à en distinguer le plan d’ensemble. Le Kubaz passait plusieurs fois par jour près des ruines d’un ancien garage, parfois au prix de détours qui rallongeait conséquemment le chemin ; il devait y avoir quelque chose à chercher par là… Sans perdre son temps, l’homme se releva, quitta le cadavre qui commençait déjà à sentir – encore plus qu’un Kubaz vivant, comme quoi c’était possible – et se dirigea vers le garage rapidemment, sans toutefois trop se dépêcher, ce qui attirerait l’attention.
Ce n’est qu’après plusieurs heures de recherches parmi les ruines que Malc’olm accepta l’évidence : il devait s’être trompé. Alors qu’il reprenait son souffle, assis sur une vieille cracasse de landspeeder qui ne devait tenir debout qu’à cause des multiples couches de peinture revêtant la tôle rouillée, quelque chose attira son regard – un vague reflet, ou plutôt un éclat de lumière… Mais il avait beau essayer de reproduire le mouvement de tête qu’il avait effectué, il put revoir cet éclat – et pourtant, le soleil n’évoluait pas si vite… Ou alors, n’était-ce pas, plutôt qu’un reflet, le clignotement d’une diode d’un appareil quelconque ? Il fallait qu’il en ait le cœur net… Il lui fallut attendre bien une demi-heure avant que l’appareil ne re-clignote : mais Reese put ainsi bien le localiser, fixé en haut d’un lampadaire, en face du garage. Finalement, le Kubaz n’était pas si bête : il n’accedait jamais directement à sa base de donnée, il se contentait de s’y connecter, sans doute à partir d’un databloc basique, via un réseau sans fil sécurisé.
L’impérial attendit – encore – que les quelques passants flânant dans la rue se soient dispersés, et escalada le lampadaire. Délicatement, il détacha l’appareil, désactivant in extremis les explosifs dissimulés dessous. Il redescendit en quatrième vitesse – se laissant tomber, en fait, au prix d’une entorse au genou. Il rejoignit son hôtel sans se préoccuper d’être discret – de toute façon, qui ici pouvait le reconnaître ? – et s’attaqua directement à l’appareil, sans même prendre le temps de se sustenter. Il parvint relativement rapidement à brancher son ordinateur personnel dessus, puis à cracker le code, mais déchanta lorsqu’il put enfin accéder aux données : celles-ci n’étaient pas le moins du monde hiérarchisées, et chacune ne portait comme nom qu’un code alphanumérique sans doute signifiant pour le Kubaz, mais pour lui seul. Vu la quantité de données, il aurait fallu des mois à une équipe d’archivistes pour parvenir à analyser et trier ces données – les données volées à l’Empire étaient toutes ici, quelque part, mais Reese dut abandonner tout espoir d’identifier à qui elle avait bien pu être vendu. La fuite était définitivement irréparable.
Résigné, Reese rassembla le peu d’affaires qu’il avait, appela la réception pour réserver une place sur le prochain long-courrier, puis tenta de dormir quelques heures. Mais, incapable de trouver le sommeil, il finit par rallumer son ordinateur. Après plusieurs tentatives infructueueses, il parvint à composer un script pour classer les différentes informations en fonction de leur succés : les infos les plus vendues étaient attirant les chasseurs de trésors divers et variés : des légendes plus ou moins bien ficelées (dont certaines écrites par l’Empire lui-même, comme celle de la Bibliothèque Jedi de Nespis VIII)… Mais alors qu’il faisait défiler les données, le mot « Kamino » attira son regard. Fébrile, il ouvrit le fichier, et le lu avidemment : il s’agissait d’un mail datant de la Guerre des Clones, adressés à Lama Su en personne, et et rédigée par une certaine Jocasta Nu (qui s’avéra, après une rapide recherche dans les bases de données de l’Armée impériale, avoir été libraire en chef du Temple Jedi, et nommée pendant les derniers temps de la guerre responsable des plus jeunes apprentis). Le message en lui-même était très peu important, c’était un refus de la part de Nu de baser des unités clones spécialisées dans les refuges secrets de l’ordre, là où les enfants seraient envoyés en cas de danger sur le Temple de Coruscant. Mais là où le message devenait intéressant, c’était sa provenance : Yavin IV. Reese relut le message : certaines tournures de phrases laissaient à penser que Nu, alors qu’elle écrivait ces lignes, avait été en pleine tournée de contrôle de ces fameux refuges secrets. Il y aurait donc eu un centre Jedi caché sur Yavin IV ?

Le Skorp-Ion filait à travers les astres, suivant la route la plus directe vers la base impériale. Hoole était aux commandes, laissant sa nouvelle alliée explorer les différentes pièces du vaisseau. Elle finit par le rejoindre, après quelque temps, plongée dans ses pensées. Quoi qu’elle ait pu découvrir au sujet de son frère, elle n’en dit mot – et Hoole eut la discrétion de ne rien demander. Mais soudain, elle leva la tête, scrutant d’un air étrange le plafond de la cabine. Sans prendre le temps de dire à Hoole de lui faire place, elle grimpa sur le dossier du siège de pilote, et se mit à appuyer sur plusieurs jointures. Enfin, un déclic se fit entendre, et une des plaques de métal tomba brusquement, retenue par un seul de ses côtés. Hoole activa le pilote automatique – les astéroïdes se faisaient de moins en moins denses – et se leva, puis contourna le fauteuil où sa coéquipière était perchée, pour se retrouver dans son dos. Il parvint à voir l’intérieur de la cachette, et ce sur quoi la jeune femme était tombée en arrêt. Sur le verso de la plaque amovible, fixé par deux pinces, était un tube métallique sombre dont l’usage ne faisait doute. Hoole se retint de faire la moindre réflexion, laissant à Vos le temps de réfléchir aux implications de cette découverte. Mais elle le surprit en refermant la trappe, sans toucher au sabrolaser.
« Il émane des mauvaises ondes de ce sabre. J’ai “lu” plusieurs images en ouvrant la trappe, et la plus récente montrait mon père très fatigué, rangeant ce sabolaser, pour en récupérer un autre, plus scintillant, et à la forme moins abrupte. S’il n’a jamais parlé de son passé de Jedi, c’est peut-être qu’il a commis des actes inavouables pendant les troubles de la guerre civile, où l’on sait que certains Jedi ont changé de camp... Et ce qui est sûr, vu ce que j’ai ressenti, c’est que ce sabre-là n’est pas celui dans lequel il se reconnaît. Soit ce n’est pas le sien, soit il ne l’a utilisé qu’à regret – en tout cas, cette arme était une menace. »
Cette fois, Hoole se permit un commentaire :
« Vous en sauriez plus rien qu’en effleurant cet objet, tellement il doit être “chargé” de ce que les votres peuvent “lire” – ça vaut pour toute arme, tant nos mains se crispent sur elle au cœur de l’action, alors pour quelque chose d’aussi personnel qu’un sabrolaser…
- Probablement… Mais je ne suis pas prête à explorer le passé de mes parents. C’est de mon frère que je m’occupe, pour l’instant !
- Je vous rappelle que tant que vous êtes avec moi, vous m’avez promis de m’accompagner jusqu’à une base impériale pleinement fonctionnelle… Un sabrolaser est une arme puissante, et croyez-moi, elle ne sera pas de trop si les choses tournent mal !
- Vous croyez peut-être que je vais apprendre à le manier rien qu’en ressentant les empreintes laissées par son utilisateur précédent ?
- Non, bien sûr… Mais n’avez-vous jamais utilisé de vibro-lame ? Une arme blanche reste une arme blanche, n’est-ce pas ?
- J’ai dit que je ne voulais pas y toucher ! cria-t-elle. Et je ne vous laisserai pas le prendre non plus ; fin de la discussion. »
Hoole n’insista pas. Jetant un œil sur le pare-brise, il vit que le vaisseau s’était enfin dégagé du champ d’astéroïdes. Prenant un ton neutre, il demanda alors à la jeune femme, comme si rien ne s’était passé, de l’aider à programmer le saut hyperspatial qui les conduirait à destination.

Perdue au milieu d’un dédale de vitrines et d’étagères pleines de bibelots de formes plus ou moins incongrues, de couleurs chamarrées et de tailles diverses, la “table de micro-conférence Trayus” de la station Scardia était visuellement très décevante : c’était un simple bloc de verre météoritique, parfaitement lisse, parfaitement parallélépipédique, avec trois sièges noirs sans distinction autour. Mais le Grand Moff Hissa n’éprouvait strictement aucun intérêt pour l’art, aussi il s’assit sans la moindre arrière-pensée pour le décor. Dans quelques jours, Hissa introniserait officiellement son pion, le fougueux mais peu calculateur Trioculus, comme nouveau chef de l’Empire, au cours d’une conférence sur Kessel – cette action, qu’il espérait assez rapide pour couper l’herbe sous les pieds des prochains coups du camp Pro-Coruscant, n’avait pas l’aval de Kadann, mais il savait que les prophètes avaient beaucoup moins de pouvoir qu’ils ne clamaient en avoir, et qu’à terme il ne pouvait que soutenir le Comité Central des Grands Moffs. Néanmoins, il était essentiel au plan que personne ne voit le coup venir, que tous perçoivent Hissa comme un lâche qui n’oserait pas le premier proposer un « Empereur ». C’est pourquoi il avait besoin de monter au grand jour une autre action, dont on croirait qu’elle serait sa principale stratégie : et pour bien attirer sur cette action tous les regards, il fallait qu’elle soit très médiatisée. D’où sa rencontre avec Kadann, maître de principales voies de propagande.
Comme d’habitude, le nain se faisait attendre. Sans doute croyait-il signifier par là son importance, mais pour Hissa – comme pour nombre d’Impériaux maniaques de la discipline – seule l’exactitude la plus parfaite méritait une once de respect. Hissa alluma son databloc, et se remit à l’étude des données tactiques. Son coup d’éclat serait de faire croire qu’il était trop attaché au symbole du Centre Impérial, et que le Comité Central attendrait, pour donner un Chef à l’Empire, d’avoir reconquis le Palais Impérial – et pour cela, Hissa se préparait à envoyer une flotte qui lui était fidéle à l’assaut du système de Borléias, pour l’instant fidèle à Isard, qui tenait lieu d’avant-poste vers Coruscant. Hissa n’espérait pas gagner par la voie des armes, mais n’avait pas non plus monté une telle opération juste pour faire diversion : il espérait bien qu’à terme Borléias retournerait sa veste et jurerait allégeance au Comité Central, et alors la flotte d’Hissa se joindrait aux forces présentes pour faire du système un véritable bastion inaccessible aux Rebelles.
Enfin, Kadann parut, toujours aussi inpécable, et marchant de manière assez bruyante pour que tout le monde le remarque. Il ralentit ostensiblement le pas en arrivant près de la table, mais, voyant qu’Hissa ne se lèverait pas pour le saluer, décida pour cette fois d’accepter l’affront, et s’assit – il n’y avait pas de témoins à la scène.
Essayant de produire un sourire convaincant, le nain déclama d’un air trop mélodramatique :
« Mon cher Hissssa, Grand Moff parmi les Moffs, quelle stratégie venez-vous donc proposez à votre Maître ? J’ai ouï dire que vous prépariez un colloque sur Kessel – je n’en doute pas, vous saurez respecter tout le décorum, mais je n’aime guère prendre la parole devant un si grand public…
- Oh, n’ayez crainte, votre présence ne sera pas nécessaire ; il ne s’agira que d’une présentation technique et stratégique de ma prochaine campagne, des détails trop fastidieux pour quelqu’un d’aussi… occupé que vous…
- Une campagne… militaire ? Vous comptez donc reprendre les hostilités contre ce parasite de Rebellion ? Ou bien remettre les Seigneurs de Guerre dans le droit chemin ?
- Allons, allons, il faut voir la politique à plus grande échelle ! Ces trouble-fête ne sont que des moustiques pour l’Empire, tous autant qu’ils sont, en ces temps troublés il est plus esssentiel de rétablir l’ordre un peu relaché au sein-même de nos institutions… Non, à vrai dire, je me propose de conduire quelques… exercices… quelques manœuvres… aux alentours de certains systèmes qui, prenant exemple sur le Centre Impérial, rechignent à éxecuter les ordres du pouvoir intérimaire… Sans doute sont-ils trop attristés encore de la disparition de notre Vénéré Empereur, il ne parviennent pas à faire leur deuil… Mais je ne doute pas que la rigueur impériale reprenne ses droits sous peu…
- Assez de palabres ! Vous comptez assiéger Coruscant ?
- J’espère ne pas avoir à en arriver là, Kadann – le nain frémit de se faire appeler ainsi par son prénom, mais ne broncha pas – une petite démonstration de force devrait amplement suffire… tant qu’elle est retransmise par tous les canaux, d’un bout à l’autre de la galaxie !
- Je vois… Après tout, pourquoi pas… Scardia n’est pas assez visible politiquement parlant, il faut un véritable Temple pour permettre à nous autres Prophètes d’atteindre notre pleine puissance… Et le Palais Impérial pourrait s’y préter… Bon, c’est d’accord, j’accepte votre proposition. Je vous fais confiance pour relayer mes ordres auprès de la flotte, dévoué Hissa ; notre plan ne souffre aucun délai.
Hissa se retint de sourire : décidemment, manipuler ce Kadann était presque trop facile ! Et bientôt, il perdrait son ton arrogant de pacotille, lorsqu’il se verrait forcé d’oindre un nouvel Empereur, pion des Grands Moffs…

Isard se leva de son siège, à la gauche du trône impérial désespéremment vide, et quitta la pièce d’un pas leste, sans dire un mot de plus. La session était terminée. Une énième session du Conseil Impérial. Tant qu’elle était encore dans la salle, tout demeura immobile ; mais dès que la Directrice eut passé la porte, les chaises commencèrent à grincer, à craquer, alors que chacun étiraient ses muscles endoloris par des heures de débat en grande partie stérile, tandis que les transmissions holo des conseillers incapables d’être présents physiquement s’éteignaient une à une, dans un grésillement. Sate Pestage attendit, comme à son habitude, pour sortir parmi les derniers. Il avait fini par s’hébituer à ce nouveau Conseil, certes réduit de moitié en effectif par rapport aux temps glorieux du défunt Palpatine, mais dôté cette fois d’une efficacité réelle – du moins, d’un pouvoir en puissance. Il n’avait pas tenu un réel compte du nombre de plaisanteries oiseuses au sujet du nouveau pantin du Grand Moff Hissa (ce dénommé Trioculus, pêché quelque part sur Kessel) qui avaient égréné la dernière session, d’autant qu’Ars Dangor s’en était donné à cœur-joie (il aurait mieux fait de faire carrière dans le spectacle de cabaret, se dit Pestage) – néanmoins, la menace du Comité Central était réelle. Bien sûr, Pestage était l’un des rares initiés de l’Empereur à connaître Byss, et ce qui s’y tramait, et cela le réconfortait ; mais il se faisait fort d’utiliser cette carte le plus tard possible, et aurait préféré maintenir l’héritage de Palpatine en meilleur état en attendant son éventuel retour… Isard semblait plus obsédée par la Nouvelle République, qui effectivement se confortait de jours en jours, mais n’était pas encore assez forte pour tenter des incursions aussi profondes dans le territoire impérial que celles qu’un vil traitre comme Hissa pouvait, lui, se permettre…
Un espoir était de détourner l’attention de Trioculus sur les Rebelles – et pour cela, Sedriss semblait avoir un plan. Un de ses agents avait semble-t-il mis la main sur des informations à propos d’un sanctuaire Jedi, le genre de chose que Kadann ne pourrait que convoiter. Mais serait-ce suffisant ?
Pestage sortit de ses pensées : il ne restait plus que lui dans la salle du Conseil. Depuis tout ce temps qu’il avait servi Palpatine, il était de plus en plus persuadé qu’en fin de compte, la maitrise des hommes sur le cours de l’Histoire était minime : la seule vraie technique, en poçlitique, était d’avoir assez d’imagination à l’avance pour ne pas se laisser surprendre par ce qui pouvait arriver. Presque tout ce que Palpatine avait pu prédire s’était réalisé. Si le Sith n’avait donné à Pestage aucune indication sur comment organiser l’Empire pendant l’inter-règne, en attendant le couronnement de sa réincarnation à venir, cela signifiat sans doute qu’aucune difficulté particulière n’était à prévoir. Il suffisait d’attendre – et de faire confiance aux forces à l’action sur Byss. Oui, le plan de Sedriss fonctionnerait. Et l’Empereur, à terme, reprendrait ce qui n’avait jamais cessa d’être sien. C’était écrit.

Chapitre 11 : piégés !

Migration… Une planète explose – Alderaan ? – mais tous les habitants réussissent à s’enfuir à temps, pour recoloniser une autre planète, exactement identique à la première…
Vases communiquants… Une cruche en plastacier s’évanouit dans l’air, alors que l’eau qu’elle contenait est recueillie par un deuxième cruchon, identique au premier…
Héritage… Un vieil homme tend à un enfant un masque de Wookie – mais l’enfant l’enfile, et aussitôt le masque se fond sur son visage, se transforme, prend l’apparence du veillard…
Une voix, une voix d’enfant : « Mon frère, toi qui est ma chair, mon sang, sauve-moi, laisse-moi renaître… »
Invasion. Une base rebelle standard, sur une énième planète raocailleuse. La bataille fait rage. Les soldats tombent, un à un, devant l’ennemi. Bientôt, ne reste plus que le général en charge de la garnison. Pris de panique, il s’enfuit, sans savoir vraiment où ; mais la base n’a qu’un nombre limité de sorties, et toutes sont aux mains de l’ennemi désormais. Au détour d’un couloir creusé dans la roche, un tir de laser le fauche. Alors qu’il sent son sang le fuir, et ses sens se troubler, allongé sur le dos, il perçoit qu’on s’approche de lui. Un officier impérial se penche vers lui, ricanant. Mais alors que l’officier ennemi, vainqueur, approche son visage de plus en plus près du mourant, aucun doute n’est plus permis : c’est son propre visage que le Rebelle scrute des yeux, avant de lacher son dernier souffle…

Zakky se réveilla en sursaut, et mit quelques instants à identifier où il était, les nerfs à vifs, craignant tout danger… Mais non, tout était paisible autour de lui. Il était dans la cabine du petit airspeeder que Mala et lui avaient acheté, en se côtisant, afin de pouvoir traiter avec des clients éloignés peu désireux de se déplacer à la “boutique” de Mala – boutique dont la réputation naissante était que le client, loin d’y être roi, avait des chances d’y laisser la peau si les propriétaires ne le considéraient pas comme suffisamment honorable pour acquérir un de leur produits.
Encore un rêve ! Depuis son entrée au service de Mala, et depuis qu’une petite routine s’était installée dans sa vie, Zakky avait commencé à mieux dormir. Déjà, le rêve de ses morts multiples ne revenait pas plus d’une fois par mois – et de toute manière, il s’y était assez habitué pour réussir à se rendormir immédiatement après, sans que son rythme cardiaque ait trop accéléré…
Mais ce dernier rêve était différent… plus métaphorique. Tous ces symboles, avaient-ils un sens ? Comment pouvaient-ils en avoir un ?
Zakky se redressa, et caressa son crâne rasé de sa main gauche, machinalement. Il n’avait jamais entretenu sa coiffure, depuis sa libération, mais à l’évidence, jamais plus ses cheveux ne pousseraient - sans doute ses tortionnaires les avaient-ils épilés, afin de ne plus avoir à s’en occuper.
Il jeta un œil sur son chronomètre : dans deux heures, il devrait sortir voir son contact. Trop peu de temps pour se rendormir, s’il voulait être vraiment concentré lors de la rencontre. Il décida d’aller prendre l’air, et quitta l’airspeeder – vérifiant mécaniquement toutes les sécurités des portières – puis s’éloigna dans la ville, marchant pour marcher, sans but précis. De toute façon, il ne connaissait pas ce quartier, alors il aurait été en peine de s’y retrouver, sans le GPS de l’aispeeder !
Soudain, au détour d’un bloc d’immeubles, il failli rentrer dans un groupe de jeunes plutôt désoeuvrés : il évita de justesse l’un d’eux, un Rodien, mais cela le placa au centre du cercle formé par la bande.
« Eh, bouffon, tu t’crois où, à bousculer les gens comm’as ? »
Zakky ne parvint pas vraiment à identifier lequel avait parlé ; il tournazit sur lui-même, cherchant une issue, mais les loubards s’étaient resserrés autour de lui : apparemment, il comptaient faire de lui leur distraction du soir. Il commença à paniquer. Comment avait-il pu être aussi peu attentif ? Le coin était loin d’être le mieux fréquenté de la galaxie, c’était même plutôt le contraire !
Mais alors qu’il paniquait de plus en plus, son cerveau refusant d’inventer le moinbdre début de plan, de trouver la moindre option, son corps, qui aurait du être tétanisé, se détendit. Il se vit, sans comprendre, sans avoir rien provoqué, tendre le bras très rapidement, saisir un des gangsters par le bras, le plaquer contre lui en bouclier, tout en lui piquant sa vibrolame de l’autre main, avant de la pointer sur le cou de son otage. Que se passait-il ? Etait-il possédé ? Zakky était incapable de commander lui-même me moindre mouvement, il était comme un spectateur, un passager cmandestin de son propre corps.
En tout cas, ce qui le possédait était doué : il avait tellement rapide que ses adversaires, impressionnés désormais, préférèrent prendre la fuite ; attendant qu’ils soient assez loin, il assomma d’un coup de coude son prisonnier, et retourna en vitesse se calfeutrer dans son speeder. Là, alors que sa respiration se calmait, il parvint peu à peu à reprendre le contrôle de ses membres – mais alors, il entendit, très disctinctement, et pourtant intérieurement, sa propre voix crier :
« Non, c’est à moi ! À moi ! »
Traumatisé, il resta immobile à écouter sa propre respiration, pendant de longues minutes – avant d’être, enfin, tiré de sa torpeur par le braillement de son chronomètre.

Penchés tous deux sur la verrière du cockpit, Hoole – qui avait pris l’apparence de l’ancienne détentrice du vaisseau et Vos inspectait l’espace qui s’ouvrait devant eux – un espace beaucoup plus encombré qu’ils ne l’auraient cru. Une flotte impériale d’importance se répartissait sur les orbites des plus grosses planètes du système, selon une formation que Hoole n’osait pas identifier: jamais un stratège n’aurait placé ainsi une flotte de défense, et une flotte meurtrie en quête d’asile ne présenterait pas une configuration aussi lache… Telle qu’elle se présentait, on aurait pu dire que cette flotte hésitait entre faire un blocus du système, ou attaquer le système : y avait-il eu une rébellion ?
Après un regard vers Vos, qui demeurait impassible, Hoole ouvrit un canal de communication vers son “client” (Vos avait sans problème “senti” que l’ancien pilote, moins prudente qu’on l’aurait pensé, avait fait pense-bête de tous ses codes d’identification, dissimulé à portée de griffes, sous le panneau de contrôle du transpondeur), et sans qu’on lui pose beaucoup de questions, ni ne le renseigne sur la situation actuelle, lui donna l’autorisation de se poser – mais non à la plateforme “secrète” du pôle, directement dans la base ! Ce choix montrait le malaise de son client, trop apeuré pour quitter sa base, et ne fit que renforcer l’inquiétude de Hoole quant aux rapports entretenus entre la flotte et les différentes planètes… Néanmoins, au point où il était, plus question de reculer : Tash était là, quelque part…
Hoole appuya sur l’accélérateur, droit vers sa cible. La flotte ne sembla pas réagir à l’arrivée de ce petit vaisseau, comme figée dans l’espace… Mais ce manque de réactivité n’était pas une raison pour s’attarder !
La base était de taille réduite – du moins, à ce qu’on pouvait en juger des proportions du hangar, puisque l’ensemble du complexe était souterrain. Très peu de techniciens ou de soldats étaient présents dans le hangar lorsque le Skorp-Ion se posa – à l’évidence, la personne qu’ils avaient eu au bout du transpondeur, toute inquiète qu’elle fut, était assez gradée – et assez concentrée – pour éloigner les témoins, le temps de régler discrètement les divers traffics de son chef – et ce, pensait Hoole, sans véritable fondement, car il soupçonnait la discipline assez relachée, dans cette base éloignée de tous les fronts, et que tous les hommes devaient savoir ou supposer les écarts de leur commandant…
Hoole demanda à Vos de rester dans le vaisseau, au moins dans un premier temps, mais la jeune femme refusa. Ils sortirent donc côte à côte, en prenant l’allure très arrogante des contrebandiers. Un seul Impérial, un capitaine, les attendait.
« Vous avez changé d’équipage ? Demanda-t-il, suspicieux, portant la main ostensiblement vers son holster.
Hoole ne se départit pas de son calme, et rétorqua :
« Changé, non – mais mes frères passaient leur temps à se plaindre que je les exploitais, alors nous avons pris un employé.
- Et où sont vos frères ?
- Ils surveillent une cargaison dans une de nos caches. Pourquoi ? Depuis quand vérifiez-vous nos manifestes ? On n’a une tête de Rebelles, peut-être ?
Hoole se mit à rire, et fut soulagé de voir que Vos l’avait suivit, tout aussi naturellement que lui – apparemment, jouer la comédie ne posait aucun problème à la jeune Kiffar.
L’officier ne rit pas, n’esquissa même pas un sourire.
« Ces derniers jours ont été… surprenants. Mon supérieur a appris à ses dépends qu’un base impériale a toujours sa raison d’être, et peut se retrouver au cœur d’un schéma stratégique en seulement quelques heures.
- Ah ? Et bien, j’espère que ça ne l’empêchera pas de payer !
- En fait, je n’ai pas important de le déranger pour l’informer de votre arrivée. Son emploi du temps est trop plein à l’heure actuelle pour penser aux loisirs. Considérez-vous comme nos… invités… le temps que la situation se tasse.
- Quelle situation ? J’ai des contrats à remplir ! Si ma cargaison ne vous intéresse plus, je trouverai bien un autre acheteur ! »
Cette fois, l’Impérial dégaina son blaster – et, sur un signe de son bras, plusieurs stormtroopers apparurent en renfort.
« Disons que je pense utile d’avoir sous la main un vaisseau civil au cas où la base deviendrait une place trop stratégique. Ce vaisseau fera parfaitement l’affaire. Si vous voulez avoir une chance de redécoller un jour avec, je vous conseille de vous délester de vos armes, et de me suivre.

Tandis qu’une navette le conduisait rapidement vers une planète volcanique quelconque, où les soi-disant “Prophètes du Côté Obscur” lui avaient donné rendez-vous, Le “général” Reese Malc’olm contemplait son nouvel uniforme. Vu l’état de guerre intestine qui déchirait l’Empire à l’heure actuelle, beaucoup de fichiers militaires étaient devenus inaccessibles à tel ou tel camp ; même sans cela, puisque les dernières affectations de Malc’olm avaient toutes été strictement confidentielles, sur des mondes parfois censés ne pas exister, les fichiers impériaux n’avaient aucune donnée sur lui datant de moins de 10 ans – il lui était alors facile de prétendre à n’importe quel grade… et celui de général était le plus adapté à sa nouvelle mission. Bien sûr, il n’avait pas abandonné sa poursuite du clone, dont il avait pour ainsi dire fait une affaire personnelle – mais il avait reconnu, à regret, que sa présence était désormais plus utile à l’Empire ailleurs, et il avait donc placé une prime sur sa cible – valable uniquement pour sa capture, « vif » et surtout pas « mort ». Pour l’instant, son rôle était de « rapparaitre » mystérieusement auprès de la faction « pro-Moffs », et échanger de livrer tout ce qu’il savait sur la « Cité Jedi » de Yavin IV, en échange d’un poste assuré de commandement sur une des bases bientôt conquises de Borléias. Si les Moffs gagnaient à Borléias, il serait ainsi un pion bien placé pour les Byssiens – sinon, il trouverait bien un moyen de s’éclipser avant que les « Pro-Coruscant » ne capturent tous les « Pro-Moffs »…
Le plan avait de grandes chances de marcher : certes les informations qu’il était parvenu à glaner ici ou là sur la Cité perdue des Jedi étaient lacunaires, mais ce qu’il demandait en échange n’était pas si gourmand, après la purge effectuée par les Moffs dans les officiers supérieurs de leurs propres forces. Il suffisait de se montrer convaincant dans son serment d’allégence aux Prophètes…
Soudain, alors que la navette était en mode subluminique, entre deux sauts hyperspatiaux, le pilote lui fit signe qu’il recevait une communication sécurisée. Malc’olm appuya sur le bouton rendant opaque et insonorisée la vitre séparant l’espace passager du cockpit, et alluma l’holoprojecteur du système de communication. La liaison était extrêmement mauvaise, mais le code d’identification utilisé était celui fourni aux chasseurs de primes. L’homme fit la mou, déçu : si vite ? Son adversaire, qui jusque là s’était montré malin, aurait-il commis une erreur de débutant ?
Le chasseur qui l’avait contacté ne donna pas son identité, ni ne lança une visio-conférence – il se contenta d’envoyer des données écrites, puis se déconnecta aussitôt. Reese lu rapidement le message, et sa déception s’envola : peut-être sa cible avait-elle choisit une solution de facilité en se cachant sur Nar Shaddaa, là où tant d’êtres recherchés trouvaient refuge, mais le localiser dans cette ville tentaculaire révélait que le chasseur de prime était vraiment doué… ou chanceux.
Malc’olm se renfonça dans son fauteuil. Une fois la rencontre avec les prophètes achevée, il ferait un détour par la klune des Contrebandiers. Ses nouveaux supérieurs ne le remarqueraient sans doute pas, puisque le poste qu’il réclamait, dans le système Borléias, n’était pas encore à pourvoir…
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Messagepar Para Emperor » Dim 04 Mai 2008 - 19:40   Sujet: 

... et la fin (désolé pour le triple post, cette fois j'attends pas deux-trois jours, de toute façon même en attendant ça garantit pas que quelqu'un réponde entre-temps...)


Chapitre 12 : sans dessus-dessous

Vince Daydreamer était officier de communication dans une quelconque base impériale, et cela lui suffisait parfaitement. Il n’était pas carriériste, et se contentait de faire son travail, sans zèle ni paresse. Il n’avait pas fondé de famille, mais était encore jeune, et pensait naïvement que ça lui tomberait dessus en temps et en heure, comme à tout bon fonctionnaire. Se vie était parfaitement réglée, peu excitante, mais confortable.
Jusqu’à l’arrivée de LA flotte… Alliée ? Ennemie ? Vince avait appris la mort de l’Empereur sans que cela lui fasse ni chaud ni froid : il n’avait aucune conviction politique particulière, tant que son salaire tombait en chaque fin de mois. La politique demandait trop de rélfexion. S’il avait commandé cette base, il lui aurait semblé logique d’ouvrir grand les portes à cette flotte, qui était une flotte impériale, et tout aurait continué dans la routine habituelle. Mais non ; Trediul avait résisté, refusant d’écouter d’autres ordre que ceux émanant du bon vieux Derricote, à quelques planètes de là. Vince n’y comprenait rien, mais après tout, sans doute y avait-il une raison à ce qu’il ne commande pas la base : jusque-là Trediul avait été bon avec ses hommes, alors aucune raison de le contredire.
Ainsi était l’état d’esprit du major Daydreamer, tandis qu’il se tenait droit comme un i, quelques mètres derrière Trediul, attendant une réponse de sa part, à transmettre à la flotte « ennemie ». Mais Trediul prenait son temps, comme figé, tel un ordinateur ayant planté ; et Vince n’osait pas interrompre les pensées sans doute complexes de son supérieur, pas même par un discret raclement de gorge.
C’est fou ce que le fait de se sentir investi d’une mission change un homme. Jusqu’à quelques semaines auparavant seulement, Trediul était un officier peu autoritaire, et un homme débonnaire. Mais lorsque la flotte était arrivée, son regard s’était allumé d’un éclat nouveau, et le lâche était devenu téméraire, prêt à lutter jusqu’à la mort. Il avait réintroduit la discipline dans ses rangs, et la base arrivait enfin à atteindre l’efficacité pour laquelle elle était conçue : un bastion quasi imprenable. Il avait même réussi à transmettre sa flamme à certains de ses hommes, se découvrant un charisme qu’il n’avais jamais suspecté.
Trediul se tourna enfin vers l’estafette, et son allure elle-même avait gagné en noblesse. Vince se demanda même s’il n’avait pas perdu un peu du poids, ou fait de la musculation.
« Dites à cet amiral de pacotille que je n’ai que faire de son ultimatum : ma décision ne vaciellera pas. S’il veut bombarder, qu’il bombarde ! Je crains plus le moustique qui a élu domicile dans ma chambre que ses jouets interstellaires. »
Vince hocha la tête, saluat, et tenta de faire demi-tour tout en restant droit, comme dans les holo-drama ; il trébucha, mais camoufla son déséquilibre en partant au pas de course vers son bureau, où il se réfugia parmi ses divers oridnateurs, transpondeurs, et communicateurs plus ou moins conventionnels. Une fois assis devant ses écrans, il se sentait parfaitement à l’aise, intouchable. Ses doigts agiles de geek composèrent le code du vaisseau amiral ennemi, et c’est très poliment, sans aucune expression, qu’il répéta les mots de son supérieur, exactement, mais sans aucune trace d’émotion, telle une boite vocale automatique. Puis il salua son interlocuteur selon les règles, et coupa la communication.
Et c’est seulement alors qu’il prit le temps de réfléchir à l’impact du message qu’il venait d’envoyer. Certes, Trediul n’était pas à ce point suicidaire : la base était entièrement souterraine, chaque paroi renforcée de tectobéton, un matériau juste assez solide et à la fois assez souple pour résister à des ondes de choc de plusieurs mégatonnes. Seule une Etoile Noire pouvait espérer détruire la base depuis l’orbite. Mais face à une attaque au sol, qu’en serait-il ? Une base souterraine n’avait aucune tourelle, aucun bouclier énergétique, pour défendre ses accès – il suffisait d’une charge explosive bien placée, et il faudrait alors tenir la base de l’intérieur, profitant de son aspect labyrinthique que seuls ses occupants connaissaient, défendant coursive par coursive le complexe, en attendant de l’aide, ou la lassitude des attaquants. De plus, si l’énergie était tirée directement par géothermie, combien de réserve de nourriture et d’eau la base possédait-elle pour tenir un siège ?
Revoyant les images d’holofilms de guerre qu’il avait pu voir, où des soldats affamés et épuisés continuaient à défendre des bunkers contre divers ennemis (généralement des aliens très laids), Vince essaya de se conforter un imaginant que, comme dans ses films, la hiérarchie allait tomber, les soldats héroïques devenant comme des frères, prêts à se sacrifier l’un pour l’autre, jusqu’à ce que l’un d’eux trouve la solution magique qui allait éradiquer les aliens, et que tous finissent, bras-dessus bras-dessous, au Palais Impérial, recevant la plus haute distinction pour avoir sauvé l’Empire…
C’est alors qu’il se souvint qu’il n’y avait pas que des soldats dans la base. Allaient-ils devoir s’allier avec leurs anciens prisonniers, comme dans certains films, pour rpousser l’ennemi commun ? Vince grimaça à cette idée : des espions rebelles, des pirates, des makfrats en tous genre… Des punks agitateurs, sans foi ni loi, voilà ce qu’ils étaient… Mais peut-être que les deux mystérieux individus qui demeuraient, sans être officiellement prisonniers, dans les quartiers des invités (reservés en temps normal aux visites de l’Etat-Major ou aux bureaucrates civils en inspection), pourraient se révéler utiles ?
Sans doute. Il ne pouvait pas s’agir d’ennemis de l’Empire, sinon ils seraient au niveau carcéral. N’est-ce pas ?
Vince attrappa un thermos à côté de lui, et bu une gorgée. Réfléchir autant commençait à lui donner mal à la tête. Il vérifia d’un coup d’œil que la porte de la salle était bien fermée, entra un certain mot de passe dans son ordinateur, et lança un holo porno : ça, au moins, ça demandait peu de réflexion…

Discrétement, Zakky referma la trappe par où il venait de se glisser. Il se faufila entre deux murs quasiment collés, et s’extirpa de ce trou à rat, avant que le datbloc qu’il portait en bandoulière se mette à biper. Parfait : il avait réussi à sortir du périmètre sécurisé avant que les routines anti-virus ne détectent sa manipulation désactivant les divers pièges et alarmes. Il prit le temps de souffler un peu, cherchant où il pourrait aller.
Depuis trois jours, ses rêves avaient radicalement changé : ils étaient comme des messages d’alerte, et leur interprétation ne prêtait à aucune confusion : « fuis ! ». Il avait alors décidé de fausser compagnie à son employeuse et tous ses « amis » de métal. De toute façon, leurs relations allaient de mal en pis : maintenant que les affaires commen çaient à bien tourner, que le marché du droïde « modifié » avait bien assimilé ce nouvel acteur, l’argument utilisé pour embaucher Zakky n’avait plus court : les affaires tournaient, les clients ne posaient plus de questions. De plus, Zakky avaient commis quelques erreurs techniques en réparant les droïdes, maintenant qu’il essayait de compter sur ses compétences propres, sans laisser « la chose », « l’autre » qui était en lui, reprendre le contrôle de son corps.
Il soupçonnait donc Mala, ancienne chasseuse de prime, de lui avoir préparé bientôt d’autres tâches, qu’il risquait de moins apprécier – ou bien, tout simplement, de le supprimer, pour récupérer ses (maigres) possessions, et ne plus le voir traîner dans l’atelier. Cette pensée le fit frissonner, et il se décida à ne pas s’éterniser dans le coin, de peur qu’il ait oublié une alarme secondaire : il n’avait variment pas envie d’affronter une horde de droïdes…
Il monta quelques passerelles plutôt délabrées pour revenir à un étage moins dangereux pour un humain isolé, et se dirigea vers une cantina. Il n’avait pas travaillé assez longtemps à l’atelier pour mettre beaucoup de crédits de côté, mais il espérait néanmoins avoir assez pour se payer un aller simple vers n’importe quelle planète peu évoluée et sans histoires, où il pourrait se créer une nouvelle vie, une vie simple – même s’il n’était pas sûr qu’une vie simple soit vraiment faite pour son caractère, il ne voyait aucune autre option.
Sur le chemin, il croisa un petit homme dissimulé dans un grand manteau noir à capuche – le genre qui se croit discret, mais qui fait trop dissimulé pour passer inaperçu. Vu que la plupart des batiments alentours, à cette étage, étaient desaffectés, l’homme devait probablement aller d’où Zakky venait – et sans doute avait-il tiré la conclusion réciproque au sujet de Zakky, parce que le jeune homme entendit ses pas ralentir, puis s’arrêter complètement. L’individu allait-il lui demander la direction exacte, peut-être ? Pourtant, il n’avait pas l’air d’hésiter le moins du monde quelques secondes plus tôt, il semblait sûr de son chemin… Zakky eut un mauvais pressentiment, et accéléra le pas – mais l’individu lui emboita le pas. Un détrousseur, encore ? Décidémment, Nar Shaddaa n’était pas idyllique pour sortir le soir !
Zakky quitta l’allée principale dès que l’occasion se présenta, et dès qu’il eut passé le coin de la rue, il se mit à courir. Il se trouvait dans une ruelle sombre et très mal entretenue – des trous irréguliers s’ouvraient sur les profondeurs insondables de la planète. Par chance, le troisième trou laissait apercevoir une autre passerelle juste en contrebas – l’adolescent se laissa tomber, espérant que le passage serait trop étroit pour son poursuivant. Mais il n’était plus un gamin, et son adversaire était loin d’être obèse ; quelques secondes plus tard, il entendit son poursuivant se réceptionner à son tour sur l’étroite passerelle.
Une détonation, puis un éclair. Le rayon blaster passa à seulement quelques mètres. Gauche. Courir. Gauche, encore. Un escalier. Toujours courir. Droite. Coup de blaster. Ne pas s’arrêter de courir.
Les poumons en feu, Zakky tourna encore une fois, et aperçu ce qui aurait pu être une fenêtre ouverte ; sans prendre le temps de réfléchir, tant que son poursuivant ne pouvait momentanément pas le voir, il sauta dans l’anfractuosité offerte. Il ne savait pas si c’était une bonne idée – il n’avait jamais suivi d’entraînement sur comment semer un poursuivant. Mais il senti que « Lui » savait. Pas maintenant ! Il lui fallait résister. Si la chose s’emparait encore une fois le contrôle de son corps, il risquait de ne plus jamais pouvoir lui reprendre.
La pièce dans laquelle il avait atteri n’avait pas d’autre issue. Il se colla contre le mur, accroupi sous la fenêtre, et tenta de retenir sa respiration, chose quasi impossible tant il était essouflé. Les oreilles aux aguets, il espérait de tout cœur que son poursuivant allait continuer au-delà de sa cachette… Enfin, les pas tant redoutés se firent entendre, dépassérent la fenêtre… et cessèrent. Aïe. L’homme aussi cherchait son souffle, tout en cherchant des yeux où sa proie avait bien pu disparaître.
Zakky restait pétrifié, tous ses muscles tendus. À nouveau, il ressenti la présence de « l’Autre » - mais cette fois, sans agressivité. « Il » était là, sans chercher à dirigeait quoi que ce soit. Et « Il » parla dans sa tête :
< S’il te plait… Sois raisonnable… tu sais bien que je suis plus qualifié que toi pour affronter qui que ce soit en duel… >
< Mais qui es-tu, à la fin ? Que fais-tu dans ma tête ? Suis-je devenu fou ? >
< Tu n’es pas fou… je ne crois pas. Pas plus que moi. Je suis… mort. Et juste après, je me suis lentement éveillé, ici, en toi. Il m’a fallu plusieurs semaines pour entrer par effraction dans ta mémoire, et j’ai une théorie. Je m’appelait Zak… et nos corps, si semblables étaient connectés. Lorsque le mien a cessé de fonctionner, le tien a du aspirer mon esprit, comme un para-tonnerre attire la foudre… Mais je suppose que tu avais pressenti tout celà, même si tu ne veux pas admettre que ce soit possible… >
< Co… comment… >
< Je ne sais pas. Moi non plus, je ne me l’explique pas. Mais je suppose que ma sœur avait raison, que la Force existe, et que nous avons du sang de Jedi… >
< S’il suffisait de cloner un Jedi pour lui donner l’immortalité, ça se saurait ! >
< En tout cas, quel que soit le comment, les faits sont là. Je suis le vrai Zak Arranda, et toi une simple copie. Je te serai toujours reconnaissant, mais donne-moi mon corps. >
< Quoi ? Laisse-moi ! Tu n’as aucun droit sur mon corps ! C’est ma vie, même si je suis né de ton ADN ! >
< C’est idiot de résister, tu sais que je finirai par gagner, parce que tu sais que j’ai raison… Il ne peut y avoir qu’un Zak, celui qui est né sur Alderaan, et c’est moi. >
« Jamais ! »
Il fallut plusieurs secondes à Zakky pou réaliser qu’il avait réellement prononcé ces mots. Crié, même. Zak cessa presqu’aussitôt de se faire sentir, même s’il était toujours là – quelque part.
Et le poursuivant, surpris mais satisfait, s’approcha de la fenêtre, avant de dire, d’une voix calme :
« Au nom de l’Empire, clone, je vous arrête, pour diffusion d’informations classées secret défense, destruction d’un complexe scientifique haut de gamme, génocide à l’encontre du peuple Kaminoen… »

Accroupie au milieu du couloir, Vos essayait de se concentrer. Quelques heures seulement après leur arrivée, à Hoole et elle, l’homme qui les avait accueillis avait changé d’idée, et les avait recrutés de force au service de l’Empire – s’ils aidaient à défendre la base, leur liberté et leur vaisseau leur seraient rendus. Donc, maintenant, ils avait tout loisir d’explorer la base – d’autant que les soldats impériaux, peu aguerris, étaient trop stressés pour être attentifs à eux. Hoole semblait avoir pris son rôle à cœur, restant presque en permanence à la salle de Commandement Tactique ; mais elle le suspectait de ne jamais dormir, et de profiter de ses heures de repos pour se changer en un animal de petite taille et se faufiler à travers la base.
Vos revint à ce qui l’avait intrigué. Le couloir était beaucoup trop passant (excepté en ce moment précis, au milieu de la pause repas) pour porter des “marques” bien visibles, mais pourtant, une force l’y attirait – et elle comptait bien comprendre pourquoi. Il lui semblait qu’il y avait quelque chose – un objet – qu’elle était en devoir de trouver. Un peu comme le sabrolaser… Mais elle ne trouverait rien en restant accroupie ! Comme si elle était capable de méditer, à la manière de ces mystiques aliens qu’on rencontrait dans presque toutes les rligions de la galaxie… Elle se releva, et frappa à une cloison, pour en tester l’épaisseur. Et puis, elle remarqua enfin une trappe d’accès reservée aux droïdes d’entretien – il y en avait tellement, réparties dans toute la base, qu’elles devenaient presque comme invisibles…
Vos se pencha, et délicatement, ouvrit le panneau. un conduit sombre, trop étroit pour laisser passer même un enfant humain, s’allongeait de part et d’autre de la trappe. Vos plongea son bras vers la droite et, à tâton, chercha s’il y avait quelque chose – en espérant ne pas de faire rouler sur les doigts par un droïde MSE. Rien. Elle essaya alors vers la gauche, et cette fois-ci ses doigts rencontrèrent quelque chose. Tandis qu’un sourire se dessinait sur son visage, Vos tira l’objet à elle, et l’examina : c’éatit un databloc fortement endommagé, un modèle assez standard… du moins, chez les Rebelles ! Sans doute était-ce ce que cherchait Hoole… Mais il avait nié travailler pour l’Alliance. Il devait y avoir autre chose. La personne qui avait dissimulé ce databloc ici n’était sûrement pas un occupant de la base, elle avait du se résoudre à cette cachette peu fiable sur le point d’être capturée.
Vos décida d’aller « flâner » à proximité de la section carcérale… Heureusement, personne ne se méfiait d’elle.

Les yeux fermés, accroupie sur sa couchette, Tash s’entraînait à étendre ses perceptions dans la Force. Elle réussissait sans problème à sentir toute la base maintenant, et elle entendait les pensées des soldats les plus faibles d’esprit sans même avoir besoin de se concentrer. Elle avait progressé rapidement, grâce à l’héritage d’Aidan – mais elle regrettait que sa voix se soit tue une fois son leg effectué… Fort heureusement, l’Impérial n’avait jamais essayé de torturer Tash à nouveau, trop vexé d’avoir cassé son jouet. Il la laissait croupir dans sa cage, et cette situation convenait fort bien à la jeune fille.
Elle sourit. La situation allait vraiment de mieux en mieux – bientôt, son calvaire serait fini. Son oncle Hoole l’avait retrouvée ! Et, comme au bon vieux temps, il allait la tirer de ce mauvais pas… C’était trois soirs auparavant qu’il s’était manifesté. Alors que Tash dormait calmement, recroquevillée en position fœtale sur sa couchette, elle avait soudain été par réveillée par le contact d’une chose froide et visqueuse contre sa joue. Ouvrant la joue, elle s’était retrouvée nez à nez avec une long serpent de cristal ! En deux temps trois mouvements, faisant appel à la Force, elle avait bondi, et faisait maintenant face à la bête, debout, à un mètre de ses dents. Mais la bête ne fit pas mine d’attaquer : au contraire, elle se lova sur le sol, et posa la tête sur ses anneaux, tout en continuant à la fixer. Ce n’était pas un comportement de serpent… Et puis de toute façon, on ne trouvait pas cette espèce de serpents sur cette planète ! Tash, toujours soupçonneuse, relacha la tension de ses muscles, et s’accroupit pour mieux observer le serpent, qui ne bougeait toujours pas. Elle se rappella alors que, la seule fois ou elle avait vue le redoutable animal en vrai, et non en holo, c’était lorsque son oncle qui en avait pris la forme sur Kiva. Mais dans ce cas, pourquoi ne reprenait-il pas sa forme ? Tash finit par comprendre : les senseurs de sa cellule auraient immédiatement réagi, si une créature à sang chaud autre qu’elle-même l’avait rejointe dans la cellule.
Pour signifier qu’elle avait compris son identité, elle approcha sa main, et caressa la tête de l’animal. Alors, il ouvrit la gueule, laissant tomber un morceau de papier plié. Tash le déplia : il était couvert de l’écriture manuscrite de son oncle. Assez pour lui expliquer en détail la situation, et sans doute son plan de fuite. Puis, le serpent sortit de la cellule, des fois qu’un des gardes placé non loin ne vienne jeter un coup d’œil – ils avaint forcément remarqué que Tash s’était réveillée, elle si calme d’habitude. À vrai dire, après lecture, le papier ne mentionnait aucun plan précis – seulement un briefing, et des mots réconfortants.Mais depuis, Hoole était revenu chaque nuit, juste pour faire acte de présence.
Soudain, Tash fut tirée de sa méditation par le bruit étouffé d’une explosion lointaine, auquel s’enchaîna le hululement aigu d’une sirène. Finalement, les destroyers en orbite s’étaient décidés à bombarder. Au bout de quelques minutes, alors que le bombardement s’intensifiait, faisant trembler tous les murs, les deux gardes chargés de surveiller la cellule reçurent un appal sur leur comlink, et s’éloignèrent hors de vue de Tash. Avaient-ils quitté la pièce ? Etait-elle enfin seule ? En fin de compte, ça avait peu d’importance : tenter de s’évader alors que l’enfer se déchaîner à la surface était voué à l’échec : que pourrait-elle bien faire une fois sortie de sa cellule ? C’est alors qu’elle sentit s’approcher une présence peu familière. Discrètement, restant hors du champ des caméras de surveillance, une silhouette menue s’avançait. Elle avait de longs cheveux sombres tressés en dreadlocks – cela suffit à ce que Tash l’identifie comme la nouvelle alliée de fortune de son oncle.
Tash se leva, et s’avança jusqu’à la barrière de force qui fermait la cellule. Elle fut directe :
« Êtes-vous Vos ? »
La femme ne répondit pas. Elle dévisagea Tash, hocha la tête, et dit, sans vraiment s’adresser à elle :
« C’est donc ça… Hoole ne venait pas chercher quelque chose, ou se venger, il venait vous libérer… Vous devez compter beaucoup à ses yeux – parce que je ne suis même pas sûr qu’il sache que ceci existe »
Elle désigna d’un doigt le databloc contenant les données volées, qu’elle avait accroché à sa ceinture.
Les restes du droïde de torture avaient été entassés dans un coin de la pièce. Vos se dirigea vers eux, se pencha prudemment, et posa la main dessus ; son regard sembla alors se perdre dans le vide quelques instants, puis elle se releva et parla à nouveau.
« Vous avez été torturée », murmura-t-elle. C’était une affirmation, pas une question. Tash fronça les sourcils : était-ce une Jedi ? Non, Hoole l’aurait spécifié dans son petit texte…
Sans doute son regard était-il très visiblement interrogateur, car les traits de Vos s’adoucirent, et elle précisa :
« Ceux de ma race sont naturellement connectés à la Force – et les plus chanceux, les plus doués, développent le rare don de psychométrie… »
Tash était maintenant très intrigué. Si Aidan ne pouvait plus répondre à ses questions, peut-être cette femme étrange le pourrait-elle ?
« Psychométrie… Cela implique que les évènements laissent des traces émotionnelles dans les objets… Savez-vous comment cela marche ? Comment on peut imprimer ses pensées, ses émotions, dans un objet ?
- J’ai bien peur de ne pas être calée en théorie… Et puis je ne pense pas qu’on puisse aller jusqu’à imprimer ses pensées aux choses, ce que je lis, ce sont surtout des images… pourquoi ? »
Tash choisit de faire confiance à Vos – elle avait besoin de parler à quelqu’un de ce qui lui était arrivé.
« J’ai… découvert en moi une sorte de… mémoire seconde… des souvenirs qui me m’appartiennent pas… Comme si quelqu’un m’avait donné sa mémoire…
- Hum… Je n’ai jamais entendu parler de cela… De toute manière, “lire” les êtres vivants est prohibé parmi les miens – les vivants comme les morts. Ces souvenirs, quels sont-ils ? Est-ce qu’ils vous gênent ?
- Non… disons que j’ai gagné presque sans effort des années d’entraînement Jedi… Mais la majeure partie est encore bloquée : il fait que mon corps intègrent ces réflexes, et c’est loin d’être évident, sans reproduire les mouvements… »
Vos siffla d’admiration.
« Alors, tu as rencontré un Jedi, et il t’as fait cadeau de sa mémoire ? Comme ça ? T’as du sacrément lui taper dans l’œil ! »
Tash sourit, puis les deux femmes éclatèrent de rire.
C’est le moment qu’un des garde choisit pour revenir à son poste. Dès qu’il vit Vos, il dégaina son blaster, mais sembla hésiter sur la conduite à suivre, et marmonna :
« Eh, là, trainez pas ici ! l’est interdit d’parler ‘vec les prisonniers. Je f’rai pas d’rapport, mais déguerpissez-moi d’là en vitesse… »
Vos ne broncha pas, et quitta les lieux. Il fallait qu’elle s’entretienne de tout ça avec Hoole.



Chapitre 13 : Zakky super-héros

Zakky faisait les 100 pas dans sa cellule. Pourquoi était-il si plein d’excitation ce jour-là ? Il n’aurait su le dire. Encore une fois, il ne put empêcher un ricanement. C’était devenu un tic depuis quelques jours – l’ironie de sa vie le faisait ricaner. Depuis qu’il était né – né en tant que clone – il avait passé la majeure partie de sa courte vie imprisonné. Et lui-même était devenu maintenant une prison pour son « locataire »…
Il cria, histoire de voir si quelque chose se passerait – mais non. Il était au fin fond d’une cellule d’un croiseur impérial en sous-effectif, volant à travers l’hyperspace – il n’avaiet même pas de geoliers. Malc’olm avait fini son job en le capturant, et sitôt oublié : c’était un homme très occupé, entre complots et manigances. Un jour, peut-être, il se souviendrait qu’il y avait quelqu’un dans la section carcérale du vaisseau, et s’en débarasserait dans le premier pénitencier venu. Ou pas. Peut-être Zakky finirait-il la vie ici, dans ce cube de duracier de deux mètres sur deux.
Il sentit à peine la décélération – en fait, il entendit surtout les moteurs luminiques, situés très près de sa prison, s’éteindre. Et soudain, il sentit un malaise au creux de son estaomac, qui l’obligea à s’agenouiller. Il se mite à trembler. Etait-il tombé malade ? Non, ça ressemblait plus à une réaction de peur panique – une réaction qui n’était pas la sienne. Pour la première fois, il décida de parler de son plein gré à son double.
< Zak ? tout va bien ? >
La “voix” qu’il entendit, qui pourtant n’était qu’intérieure, était extrèmement faible.
< C’est ici… je le sens… ici ! >
< Ici, quoi ? Que ce passe-t-il ? >
< C’est ici que… que je suis mort. Dans ce système. >
< Oh. Et bien, condoléances. >
< Ça te fait rire ? >
< Pas vraiment. Et d’une, si tu n’étais pas mort je vivrais ma vie tranquillement, seul. Et de deux, tu dérègles ma digestion avec tes pics d’adrénaline. >
< Tais-toi ! >
< Pourquoi ? C’est toi, le parasite ! Même si tu parvenais un jour à prendre le contrôle total de mon corps, tu ne seras jamais débarassé de moi – jamais. >
< … >
< Et la réciproque est vraie : est coincés là tous les deux. Peut-être qu’on devrait repartir sur de meilleures bases. >
< Imposteur ! >
< Enchanté, moi, c’est Zakky. Clone. >
< … >
< L’humour, c’est plus ton fort, hein, mec ? Le Rébellion t’as rendu trop sérieux... >
< Silence ! Je sens autre chose… pas toi ? >

Tash se rendit compte qu’elle était réveillée. Pourtant, elle ne se souvenait pas de ce qui l’avait réveillé. Pas de sonnerie d’alarme, pas de cauchemar, rien. Et puis, petit-à-petit, elle se rendit compte qu’elle était heureuse. Très heureuse. Elle sentait en elle un mélange de paix, de joie et d’excitation très enfantine, qu’elle n’avait pas ressentie depuis… depuis qu’elle avait perdue Zak. Cette sensation, c’était celle de la présence de son frère. Mais c’était impossible ! Il était mort devant ses yeux ! Et Hoole lui avait confirmé avoir procédé à une cérémonie mortuaire…
Pourtant, la Force ne pouvait pas la tromper. Elle étendit ses perceptions, pour voir si elle pouvait attribuer une source à cette sensation. Rien dans la base. Elle se concentra, la sueur perlant à son front, et étendit son aura jusqu’au ciel. En orbite, des vaisseaux impériaux, remplis d’esprits aussi affairés que dans la base. Un vaisseau particulièrement vide attira son attention. Elle canalisa sa pensée, forçant sa respiration à demeurer des plus régulière, et bientôt ne sentit plus que ce vaisseau. Et là…

L’assaut terrestre avait commencé. La base était imprenable… sauf avec une débauche de moyens, que l’ennemi pouvait se permettre. Au lieu d’essayer de prendre les entrées, ce qui aurait été suicidaire, les troupes ennemies avaient fait une excavation à moins d’un mètre de distance, puis percé un large tunnel horizontal avec des droïdes miniers à plasma – un modèle retiré de la cente quelques années auparavant, parce qu’il était trop destructeur, et bousillait le minerait dès qu’il creusait une galerie – mais l’empire ne creusait pas pour exploiter le sous-sol…
L’ennemi avait donc pénétré la base par ses étages médians, coupant la base en deux, et piégeant ainsi les troupes, qui dans la partie supérieure, qui dans les étages “sécurisés” les plus profonds.
Les assaillants avaient néanmoins commis une erreur… Ils avaient conservé leur équipiement impérial. Du coup, alors que la bataille faisait de plus en plus rage, chaque couloir étant un terrain de bataille, il était progressivement devenu très difficile de différencier les attaquants des défenseurs !
De ce point de vue, Hoole et Vos n’étaient pas gâtés : dans le doute, puisqu’ils n’avaient pas d’uniformes impériaux, tout le monde les canardait. Les deux compagnons de fortune s’étaient présentement réfugiés dans une arrière-cuisine du niveau 15, essoufflés. Ils étaient assis derrière un comptoir, chacun d’un côté, le blaster levé, jetant périodiquement des regards derrière eux pour voir si quelqu’un se pointait à la porte.
« Hoole, je sais que la situation paraît plutôt déséspérée, mais pourtant, si vous voulez sauvez votre amie, c’est le moment ! On ne pourrait rêver meilleure pagaille…
- Mais en voilà une bonne idée ! ça va être tellement facile !
- Pas vraiment… Mais je sais compter, et on peut le tourner dans tous les sens, trois ça vaut mieux que deux…
- C’est vrai que ma nièce a eu une formation de combat, mais je préfère à l’heure actuelle, les prisons sont l’endroit le plus sûr de la base…
- Ça vaut aussi pour nous !
- Certes…
- Ce qui me fait penser… Il y a un monte-charge spécialisé, pour faire parvenir la pitence des prisonniers depuis la cuisine, sans se balader à pied à travers toute la base…
- Là, ça devient trop facile !
- … un monte charge blindé, qui ne s’ouvre qu’avec empreintes biométriques…
- C’était trop beau… »
Tous deux se fixèrent un moment, puis sourirent : il avait fallu peu de temps ensemble pour qu’ils deviennent complices. Rien de romantique, bien sûr, d’abord du fait de la différence d’âge, et puis parce qu’ils étaient trop « loup solitaire » pour cela ; mais un réel respect mutuel.
Et puis, comme quoi le hasard peut parfois bien faire les choses, quelqu’un rentra dans la cuisine, en courant – le cuisinier. Il faut préciser que Trediul, ce gourmet, avait préféré faire remplacer tout le personnel cantiner par des cuisiniers talentueux, mais sans formation de combat. Le gros homme qui venait d’entrer était couvert de sueur, celle-ci goutant de ces très longues et très fines moustaches, retroussées en leurs extrémités. Il s’adossa à un mur, près de la porte – s’affala contre le mur, plutôt – et murmura un « madre mia » de soulagement.
Il n’avait pas perçu la présence de Voas et Hoole. Ceux-ci échangèrent un regard entendu, puis bondirent, blaster au point.
L’homme, près à éclater en sanglots, leva les mains au-dessus de sa tête. Sa figure, qui était rouge d’avoir couru, pâlit, rivalisant de blancheur avec son tablier.
Hoole lui demanda, avec le plus de courtoisie possible :
« Cher ami, auriez-vous l’obligeance, je vous prie, de nous indiquer le monte-charge menant aux prisons, et de l’ouvrir pour nous ? »
Bien que tremblant de partout, le cuisiner ne se fit pas prier.

Avoir formé un lien mental avec sa sœur était sûrement la meilleure chose qui fut arrivée à Zak depuis des lustres. Ils avaient ainsi pu discuter de tout et de rien, et surtout de leurs dernières expériences avec la Force, cette chose si étrange. Bien sûr, Zakky avait mis son grain de sel dans la conversation un peu trop souvent, mais après tout, il avait raison : Zak et lui allaient devoir apprendre à cohabiter.
L’attaque de la base où Tash demeurait avait rendu la conversation plus difficile, parce qu’elle avait beaucoup plus de mal à se concentrer dans le brouhaha des alarmes, cris, coups de blaster et explosions. Mais Zak(ky) s’était trouvé une résolution nouvelle à vouloir sortir de sa prison – au moins pour aider sa sœur, par tous les moyens possibles.
La solution finit par se présenter d’elle-même. La voix de Tash, après s’être tue longtemps, comme si elle avait dû cesser sa méditation, résonna à nouveau dans sa tête, toute excitée cette fois :
« Zak ! tu m’as bien dit être dans une prison basique impériale, fermée par un mur énergétique ?
- Euh… oui… enfin, moi, elle me semble basique…
- J’ai ici à mes côtés quelqu’un qui sait comment désactiver ces mécanismes de l’intérieur. Vos a fait des choses pas très légales par le passé, elle a eu affaire à la police de nombreaux systèmes… »

Hoole, Tash et Vos tentaient de remonter vers le hengar – et le Skorp-Ion via des puits de maintenace, le vieux Shi’ido menant la troupe. Il était préocuppé par Tash : depuis qu’ils l’avaient libérée, elle semblait ailleurs. Elle avait demandé à Vos de lui expliquer comment désactiver, berner ou détruire plusieurs systèmes de sécurité impériaux qui n’étaient pas présents sur la base. Pourquoi ici et maintenant ? Certes, Hoole, ancien espion de l’Alliance, était surpris que la Kiffar en sache autant sur les équipements pénitenciers impériaux – bien plus que lui. Mais aussi fascinant que cela soit, ce n’était pas la priorité !
Arrivé en haut de l’échelle, il devissa délicatement les quatres verrous de la trappe, et poussa doucement cette dernière, juste assez pour l’entrouvrir : il voyait pleins de jambes de commandos courrir dans tous les sens. C’était très mauvais signe. Hoole referma la trappe, sans faire de bruit, et se tourna vers ses compagnons, plus bas sur l’échelle.
« Et maintenant ? » demanda-t-il.

Le terminal était tout ce qu’il y avait de plus basique : un écran, un clavier mural. Rien n’aurait pu faire soupçonner qu’avec ses dons pour l’informatique, amplifiés par la Force, Zak(ky) avait en quelques minutes hacké l’ensemble des systèmes du vaisseau. Bien sûr, il n’avait pas pris de gants, et serait assez vite repéré – et tué, ou renvoé dans sa cellule.
Mais d’ici, pouvait aider grandement sa sœur. Il envoya un metamessage aux navettes impériales qui avaient atterri dans la base enfin sécurisée, pour qu’elle lancent une alerte d’autodestruction – toutes en même temps. De quoi faire fuir tous les occupants du hangar en peu de temps. Il ne lui restait plus qu’à composer une code d’identification prioritaire pour le vaisseau de ses amis – mais comme ce vaisseau était largement tuné, le faire passer pour un vaisseau impérial n’était pas aisé. Il remarqua à quelques commandes sur le réseau qu’un agent de sécurité, quelque part, venait de la repérer… Il fallait faire vite. Vite !

Hoole s’assit à côté de sa nièce, et lui passa un bras autour des épaules. Elles se laissa aller, et posa sa tête sur son épaule.
« Ça va ?
- De mieux en mieux… »
Ils restèrent dans cette position un long moment. Ils n’avaient pas besoin de parler. Le Skorp-Ion filait dans l’espace, vers la fin de l’aventure. Vos était seule aux commandes, ce qui lui convenait parfaitement.
Puis, Hoole se décida à poser la question qui lui trottait dans la tête depuis le décollage.
« Pourquoi les Impériaux nous ont-ils laissés partir comme ça ? Et que s’est-il passé exactement dans le hangar ? C’est toi qui a fait tout ça, avec la Force ?
- Non, pas exactement… Nous avions un allié dans un des vaisseaux assiègeants…
- Un allié ? Qui ça ? Cracken prétendait qu’il n’avait pas assez d’agents pour en mettre sur le coup d’une opération de sauvetage…
- Pas ce genre d’allié… Mais tu ne pourrais pas comprendre… »
Tash sourit, et se tut.


Chapitre 14 : avant la tempête

L’homme, comme un automate, lacha les comandes de sa navette, la laissant dériver dans l’espace. Où était-il, déjà ? Il avait du mal à maintenir son attention sur le présent : plus il vieillissait, plus il devenait narcoleptique. C’était la nature de son lien avec la Force : il était quasi-incapable d’utiliser celle-ci volontairement, mais son sommeil était chargé de rêves variés : prémonition, visions du passé, mais surtout, surtout, invention de nouvelles technologies. En fait, il aurait sûrement plus mérité le titre de prophète que… qui déjà ? L’homme fronça les sourcils. Ah, oui. Bien sûr. Il avait retrouvé ce qu’il faisait là. Il venait de parvenir à fuir de la Station Scardia, juste avant qu’elle n’explose, atomisée par l’Inquisiteur, destroyer impérial. Sa navette volée avait quittée la station assez peu de temps avant l’explosion, tous systèmes comms éteints, pour que les attaquants le prennent pour un débris. Il n’eut pas besoin de tourner la tête pour le vérifier : même s’il n’y avait pas prêté garde jusqu’à présent, il voyait depuis le début, très nettement, le champ de débris juste derrière lui – grâce à un troisième œil, placé à l’arrière de la tête, qui lui fournissait quasiment une vision à 360°.
D’un coup, tout le passé s’éclaircit – certes, il oublierait tout à nouveau dans quelques minutes, mais il fallait qu’il prenne une décision, qu’il choisisse une destination, avant de se laisser retomber dans ses rêves. Les derniers mois avaient été chargés. Après des années de tortures diverses, il avait été libéré de l’Empire par les Rebelles, mais ceux-ci l’avaient gardé enfermé, en isolement, se méfiant de lui – à raison, comme allait le prouver la suite. En effet, lui croyait être maître de lui-même, mais ce n’est que lorsque qu’il se réveilla dans le vaisseau personnel de Kadann, Prophète du Côté Obscur, qu’il avait fini par avoir des soupçons – ne s’était-il pas endormi contre un arbre sur Yavin IV, juste après avoir quitté ses « hôtes » rebelles ? Il avait du se rendre à l’évidence : certes les impériaux avaient échoué à le conditionner – et pourtant, ils avaient mis le paquet – mais ils avaient trouvé une alternative : une sonde au cœur de son cerveau, relié à une antenne dans une molaire, permettait de le contrôler à distance dès que le sommeil l’emportait. C’est ainsi qu’il avait, complètement inconsciemment, libéré Kadann des ruines de la Cité Perdue des Jedi…
Heureusement, il était parvenu, après une enquète personnelle dans les fichiers « top secret » de Scardia, à s’assurrer qu’il n’y avait qu’une télécommande en phase avec sa sonde – et elle était toujours sur Scardia, dans les poches de la blouse de Kadann, lors de l’explosion… Il était libre ! S’il avait survécu, lui, peut-être d’autres avaient pu s’enfuire de Scardia – mais pas Kadann, qui était mort et bien mort avant l’explosion. L’Inquisiteur n’avait pas ouvert le feu dès son arrivée, mais plutôt en partant. Son commandant, le Grand Amiral Makati, avait demandé une entrevue avec Kadann, soit-disant pour se rallier à lui ; mais à place, c’était un petit homme maigre, aux membres tordus, à l’air dément, qui était sorti de la navette consulaire, et avait massacré à main nue la plupart des prophètes et de leurs servants. Triclope – c’est ainsi que l’homme s’était toujours entendu nommer, à cause de son troisième œil, même s’il détestait le sobriquet, et aurait tout donné pour avoir un vrai nom – avait parfaitement maitrisé ses émotions, alors que tous les autres spectateurs étaient paralysés d’horreur, et s’était éclipsé vers le hangar au vaisseau. Et maintenant, il flottait là ; dernière pièce du puzzle : qu’avait-il fait pendant son séjour sur Scardia ? Pour avoir été dans la salle d’audiance au moment du massacre, et non en prison, avait-il prêté serment à cet Empire qui l’avait créé, et qu’il abhorrait ? Cette pensait le révulsait, mais il finit par se souvenir : effectivement, il l’avait fait, par pur machiavelisme : son plan d’alors était de devenir dans l’Empire, ce que les Impériaux auraient tant voulu qu’il devienne chez les Rebelles ; il allait noyauter leur administration, et attendrait pour les trahir avec panache, d’avoir atteint un poste le plus haut sans possible sans trop se compromettre.
Triclope secoua la tête : c’était un bon plan tant qu’il était sur Scradia, un des centres du pouvoir – mais cela n’avait plus aucune chance de marcher nulle part, maintenant. Alors, que faire. Il ferma ses yeux – les trois – et tenta de provoquer une vision. Ne sachant trop que faire, il tenta de prier la Force toute puissante, lui demandant avec moult tournures et expressions d’humilité de lui indiquer sa place dans l’Univers, son rôle dans l’Histoire.
Et, hasard ou non, un éclair de lucidité traversa son esprit – il se souvint de visions qu’il avait eu auparavant, et laissées de côté, croyant de simples cauchemars… Une ville remplie de Palaptines… Palpatine se consumant dans une formidable combustion spontanée, avant que les flammes s’ouvrent sur un grand oiseau, le phénix des légendes… Triclops rapprocha ces rêves de ses souvenirs les plus anciens, et du peu qu’il savait de sa mère, de sa naissance…
Contrairement à des ragots parcourant la Cour impériale, il n’était pas le fils de Palpatine – loin de là. Il était le résultat d’une expérimentation. Mais la rumeur ne naît jamais qu’à partir d’un fond de vérité – et c’était de ce fond de vérité que Triclope venait, enfin, de prendre conscience. Il avait été créé sans père, grâce au génie combiné de deux scientifiques Shi’ido, et de techniques Sith, mais dans quel but ? Palpatine avait peu d’intérêt pour la science pure. Il avait réellement essayé de se créer, sinon un fils, du moins un être assez proche de lui pour, une fois corrompu par le côté obscur, le continuer après sa mort… Triclops avait été un résultat très décevant, rejetant viscéralement le côté obscur, même avant de savoir parler, comme il rejèterait plus tard la philosophie de l’Empire – mais cela n’avait probablement pas empêché la quête de l’Empereur…
Une nouvelle image se forma dans la tête de Triclope : un visage d’adolescent, riant dans le crépuscule de Yavin IV. Son fils, Ken. Lui maîtrisait la Force. La génétique n’était pas une science exacte : et si la tentative de Palpatine avait en fin de compte réussi, en sautant une génération ? Ken avait rejoint la Rebellion ; il était vif d’esprit, et motivé : il serait rapidement sur le devant de la scène. Et ce qui restait de l’esprit maléfique de l’ancien tyran apprendrait forcément son existence, un jour ou l’autre. Triclope frissonna ; il ne pouvait pas laisser faire ça !
Mais où retrouver Ken, maintenant ? Triclope décida, encore une fois, de faire confiance à la Force. Il composa des coordonnées au hasard, et entra dans les limbes de l’hyperespace.


Tash n’en croyait pas ses yeux. Depuis qu’elle avait entendu parler du complexe, à son retour dans l’armée d’active, elle s’était sentie trahie. DRAGON, déjà, quel nom ridicule ! Il fallait pourtant bien se rendre à l’évidence : la Nouvelle République avait osé construire sur Dagobah. Tash posa son chasseur, adressa un salut rapide au technicien qui s’approchait, et lui demanda où elle trouverait Luke Skywalker, qui avait été nommé responsable du complexe, pour remplacer les charges militaires dont il se départissait de plus en plus.
Elle ne le trouva pas là où on lui avait indiqué, mais décida de l’attendre. Elle était trop en colère pour savoir, il fallait qu’elle évacue la tension. Elle hésita un instant à faire quelques passes fictives de sabrolaser, mais se retint : en lui ofrant l’arme, Vos l’avait expressement défendue de toucher à l’arme, tant qu’elle n’était pas en danger, et incapable de se défendre autrement.
C’était à peu près deux semaines auparavant. Après Borléias, Hoole avait demandé à Vos de les conduire, Tash et lui, sur Kooan, où du travail l’attendait – son travail, maintenant qu’il avait quitté l’armée. Vos était restée quelques temps chez Hoole, tandis que Tash reprenait des forces dans l’hôpital de la cité universiaire. Mais la Kiffar finit par découvrir, non par psychométrie, mais en fouillant le journal de bord du Skorp-Ion, une piste qui pourrait la remettre sur les traces de son frère disparu. La veille de son départ, Tash était allée lui dire adieu au Skorp-Ion : elle s’attendait à trouver la jeune femme activement occupée à des derniers réglages, mais au lieu de cela, elle trouva, prostrée, en larme, dans le cockpit. A ses pieds, le sabrolaser qu’elle venait de « lire ». Tash la consola comme elle put, et la Kiffar eut vite retrouvé l’air digne et fier qui la caractérisait d’habitude. En se relevant, elle avait désigné l’arme à Tash :
« Tiens, prends-le. Ce n’est pas l’arme de mon père. Il l’a construit, certes, mais pour infiltrer les adversaires des Jedi, pendant la guerre des clones. Et ce qu’il a commis avec… je ne veux pas… Je veux l’effacer de ma mémoire. Alors, prends-le, et tâche de faire de cette arme démoniaque un outil au service du bien ! »
Tash avait attendu que Vos soit partie, pour allumer le sabre : sa lame était rouge, une couleur quasi-jamais choisir par les Jedi, mais affectionnée par les Siths. Elle avait néanmoins décidé d’honorer le cadeau de son ami, et conservé le sabre : avec la sagesse d’Aidan en elle, elle saurait se prémunir des tentations du côté obscur.
Tash respira profondément, se forçant au calme, et tenta de planifier ce qu’elle allait dire à Luke, le Jedi officiel de la Nouvelle République. Et dire qu’elle avait rencontré Yoda, elle, et que le vieux sage l’avait rejetée, pour pouvoir former Skywalker ! Ce même Skywalker, qui s’était permis de faire de Dagobah cette… chose… ce “Dragon”…
Luke finit par arrivé, conversant avec un jeune homme que Tash ne connaissait pas. Un peu plus jeune qu’elle, ce dernier était brun, bouclé, l’air avenant. Il portait autour du cou un médaillon en forme de sphère argentée. Même sans connaître Tash, il lui sourit ; puis il aperçut le sabrolaser pendu à sa ceinture, et ouvrit la bouche, ébahi. Il se tourna vers son mentor, et, croyant murmurer, parla en fait à haute voix, tant il était troublé :
« Une Jedi ? mais Luke, je croyais que tu étais… enfin, tu sais, tout le monde t’appelle le dernier des Jedi…
- Et bien, Ken, tu es bien sensible à la Force, non ? Il n’y a plus de Jedi au sens où l’Empereur a fait exterminer les membres de l’Ordre Jedi, entraînant la perte de la plupart de leurs enseignements, mais heureusement la galaxie a continué à produire des Jedi potentiels… Comme Tash. » Il continua, en s’adressant à elle : « Mais la dernière fois qu’on s’est vus, tu n’avais pas de sabrolaser ?
- La dernière fois qu’on s’est vus, j’étais une gamine, mais je ne le suis plus, Maître. Je n’ai pas la puissance des Skywalker, mais je me débrouille plutôt bien avec la Force – et je commence par être déçue de ce que fais de ton héritage, Jedi. »
Son ton surpris Luke : sans doute, personne n’avait jamais du lui faire de reproches sur son comportement de Jedi – surtout une femme encore plus jeune que lui, à peine sortie de l’adolescence, et qu’il n’avait jusqu’à présent que croisé deux ou trois fois, lors du démantèlement du Projet Terreur Galactique…
Mais Luke lui-même doutait du rôle que con héritage réclamait de lui ; alors, il demeura très calme, diplomate – comme l’aurait été un grand frère. Il s’approcha plus près de Tash, et écarta les bras, souriant, presque à la manière de son ami Yan Solo :
« Eh ! Ne mords pas ! Qu’ai-je fait pour mériter de tels reproches ?
- Regarde autour de toi ! Regarde ce que tu as fait de ce lieu !
- Cette planète était inhabitée, et nous avons construit ce complexe dans le respect de son écosystème, avec l’aide d’experts écologistes Ithoriens… Je ne vois pas où tu veux en venir ?
- Ne fais l’innocent… Je suis venue ici, avant. J’ai connu Yoda. L’air résonne encore de son aura. Cette planète devrait être un sanctuaire, réservé aux Jedis ! Pas une attraction, « venez visiter le lieu où le-grand-héros-Luke-Skywalker s’est initié aux arts Jedi ! »
- Ce n’était pas mon intention… Ce complexe est dédié à la connaissance, il contient une école, en hommage à Yoda !
- Une école… Jedi ? Non. On dirait que ça te plaît d’être le seul, le « dernier ». Ça fait très… romantique.
- Ecoute, Tash. Autant être honnête avec toi, même si on se connaît peu. Je ne suis pas prêt à porter la responsabilité de refonder un Ordre. Après la mort de Dev Sibwarra, à Bakura, j’ai cherché quelqu’un que je pourrais prendre comme apprenti. J’ai fait plusieurs séances d’entraînement avec une jeune Ranger Antarienne de Toprawa, qui venait de rejoindre la Marine Républicaine, mais nous ne sommes pas arrivés bien loin – et même si j’ai mis à l’époque cet échec sur le compte d’une trop faible sensibilité de ma partenaire, j’ai peur de m’être trompé… Je suis un Jedi, d’accord, pas un bon pédagogue. Et avec la Force, si on veut pas fabriquer un futur autre Palpatine, il faut être prudent… »
La colère de Tash était tombée. Il fixa Luke droit dans les yeux, cherchant à lire en lui – elle le sonda avec la Force, et elle sentit qu’il la laissait faire. Jusqu’à présent, elle l’avait toujours perçu comme un peu vantard, imbu de son statut de héros – mais elle s’était trompée. En fait, lorsqu’elle l’avait rencontrée, elle n’était vraiment qu’une gamine, et c’était sans le moindre dédain qu’il l’avait traitée comme telle. Il était sincère – elle voyait maintenant combien, sous son apparence placide et souriante, il était terrorisé, à l’idée qu’il pourrait être incompétent, qu’Obi-Wan Kenobi s’était trompé, qu’il ne serait pas à la hauteur de la tradition millénaire de l’ordre Jedi. Tash eut presque pitié de lui ; si elle voulait, elle aussi, prétendre au statut de Jedi, il fallait le soutenir, pas lui faire un procès !
Luke perçut son changement d’humeur, et instantanément, sans dire un mot, elle sut qu’il lui avait pardonné sa crise.
« Peut-être as-tu raison… Peut-être devrait-on rendre Dagobah à la nature… De toute manière, le RRPS va bientôt être démantelé. La République grossit d’heures en heures, de nombreuses planètes offrent les conditions idéales pour un complexe comme celui-ci. Je vais y réfléchir. Quant à l’Ordre Jedi… Tu seras parmi les premiers à savoir quand et comment il renaîtra. »

Malc’olm visitait son nouveau domaine. La bataille de Borléias s’était achevée rapidement, une fois les Moffs et les Prophètes éliminés de la partie. Heureusement, car cette guerre civile, particulièrement néfaste pour l’Empire, aurait pu durer encore longtemps : deux avant-postes seulement avaient été gagnés par la flotte attaquante – l’un en se rendant sans condition, l’autre à l’issue d’une bataille acharnée – et, même sans eux, Derricote avait les moyens de résister.
Un technicien s’approcha pour lui remettre un rapport, mais il désigna son nouvel aide de camp, un dénommé Trediul : il trouvait très jouissif, plutôt que de faitre juger l’ancien commandant de la base comme traître, de le prendre comme esclave personnel – d’autant qu’il n’était plus vraiment un traître, puisque Malc’olm était lui-même devenu « pro-Coruscant ».
Cela n’avait posé aucun problème : Sedriss avait bien fait les choses, son pion était passé d’un camp à l’autre sans que personne ne s’en offense, en conservant le contrôle de sa base du système Borléias. Depuis, Malc’olm n’avait de cesse de reconstruire la base, bien abîmée par la bataille – mais il doutait fortement qu’elle le soit vraiment, après les ravages causés par les droïdes miniers dans la structure-même des locaux. De toute façon, si l’avant-poste devait être abandonné, Sedriss lui trouverait bien un autre poste, il restait encore plein de places vides parmi les officiers impériaux.
En règle générale, la situation politique s’était simplifiée, et souriait à nouveau aux servants de l’ancien Empereur. Il restait encore ça et là des Seigneurs de Guerre, et la République avait beaucoup profité de la crise de succession, mais l’Empire commençait enfin à retrouver une santé appréciable. Rien n’était joué, tout pourrait être regagné, et la soi-disant République des Rebelles serait confiée aux seuls livres d’Histoire.

Dagobah n’était pas un lieu acceuillant, loin de là. La brume quasi permanente y dissimulait un marais putride, dans lequel un entrelac de racines diverses constituait les seules bases solides – certaines racines étant assez larges, ou tressées de manière assez serrées, pour cette couvertes d’un peu de terre. Dans tous les coins, des créatures de toute sorte – mais peu sympathiques pour la plupart – foisonnaient.
Pourtant, Tash avait l’air de se sentir plus à l’aise dans ses marais, dans lesquels elle s’orientait sans problème, que dans les couloirs asptisés du DRAGON. Ravi de pouvoir parler de la Force avec quelqu’un, Ken aimait aller se promener avec elle – et, bien qu’il n’ait que treize ans, la jeune femme acceptait sa présence. Ce jour-là, ils étaient donc assis sur une grosse racine, près de ce qui resssemblait aux ruines d’une hutte en boue séchée, que la nature avait presque achevée de reconquérir. Zeebo, le mooka de Ken – un petit animal couvert partiellement de fourrure, partiellement de plumes – avait couru un peu partout dans la ruine, mais été ensuite revenu se coucher sur son épaule.
Tash était particulièrement maussade ce jour-là, et n’avait rien dit d’autre qu’un timide « bonjour » depuis que Ken l’avait retrouvée. Ayant toujours peur qu’elle décide qu’elle n’avait rien à faire de ce gosse lui tournant autour, Ken ne la brusquait jamais – il essaya de sortir deux ou trois blagues, mais Tash ne réagit pas, et il abandonna. Puis, pris d’un soupçon soudain, il regarda son chronomètre – et ce qu’il lut confirma ses souvenirs: c’était l’anniversaire de la mort de Zak. Enfin, mort… Tash lui avait tout raconté de ses aventures, depuis son adolescence mouvementée avec Hoole, jusqu’à ces missions d’espionnage – celles dont elle pouvait parler sans trahir son serment de confidentialité – et Ken savait qu’une partie de Zak avait survécu, au sein de son clone, celui toujours emprisonné par les impériaux.
C’est alors que Ken se sentit l’âme d’un héros. Bombant le torse, il se leva, et se campa fièrement en face de son amie ; puis il prit la voix la plus virile qu’il pût (avec un résultat assez médiocre, sa mue n’étant pas achevée), et déclama :
« Viens, Tash, allons libérer ton frère – oui, clone ou pas, c’est toujours ton frère. Il n’a jamais constitué une menace importante pour l’Empire, alors il ne doit pas être dans une prison de haute sécurité. À nous deux, deux futurs Jedi, nous le pouvons – et nous le devons. »
Tash ne dit rien, mais il réussit au moins à lui soutirer un sourire. Ah, la naïveté de la jeunesse, quand on croit encore que tout est possible… Mais était-ce vraiment si naïf ? La Rébellion elle-même était née de gens capables de faire ce genre de paris fous, et ses plus grandes victoires, à commencer par la destruction de la première Etoile Noire, continuait de défier tout calcul probabiliste. Après tout, elle-même avait été tirée des griffes de l’Empire uniquement par Hoole et Vos. Mais était-elle prête à retourner sur les lieux-mêmes ou elle avait croupi si longtemps ? Où elle avait été torturée ? Au moins, elle avait l’avantage de connaître le terrain – mieux valait le mettre à profit tant que ses souvenirs étaient frais…
Elle leva les yeux : Ken attendait toujours une réponse, il ne s’était pas dégonflé. Mais avait-elle le droit d’entraîner un adolescent dans une telle folie ? Les agents du RRPS, eux, n’avaient pas hésité, tirant profit de l’immense culture du jeune homme, qui avait passé toute son enfance à ingurgiter les informations contenues dans la Bibliothèque Jedi de Yavin IV… De toute façon, il semblait s’être enamouraché d’elle, il ne la laisserait pas partir…
Tash soupira, se leva, et retourna vers le DRAGON, Ken sur ses talons. Elle devait réfléchir sérieusement, si la chose était juste un rêve fou, ou bien réellemnt envisageable.


EDIT : en fait, tout ne loge pas, donc je mets la vraie fin dans un autre poste...
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Messagepar Para Emperor » Dim 04 Mai 2008 - 19:47   Sujet: 

Chapitre 15 : ultime confrontation

La même forêt. Encore. Tash avait du mal à se concentrer sur le présent, tant ses souvenirs des infiltrations précédentes étaient présents à son esprit. Ken et elle n’avaient eu aucun problème à gaganer la surface de la planète : les impériaux avaient employé beaucoup d’ouvriers et artisans civils, durant les derniers mois, pour tenter de reconstruire l’avant-poste, et les deux futurs Jedis, aidés de la Force, qui les entourait d’une aura d’anonymité, s’étaient mêlés sans problème à une équipe de maçons tous plus pauvres et miteux les uns que les autres. Puis ils s’étaient enfoncés dans la forêt, attendant leur heure.
Finalement, après plusieurs éboulements critiques, la base avait été déclarée irréparable, les poutrelles porteuses étant devenues trop fragile, et les parois externes trop friables. Le démantèlement de l’avant-poste avait été ordonné, et le personnel avait été réaffecté ailleurs, chaque jour voyant le départ de plus en plus d’advesaires. L’évacuation des prisonniers n’étant pas une priorité, il ne restait maintenant plus grand monde pour les garder.
Mais ces derniers finiraient bien par être transférés, donc il fallait agir sans tarder. Tash profita qu’un nuage obscurcît la lune pour courir se glisser dans un puit créé par l’un des éboulements. Quelques minutes après, son jeune assistant la rejoint. Ils creusèrent la terre meuble, essayant de faire le moins de bruit possible, puis parvinrent à la paroi de tectobéton, déjà craquelée en plusieurs endroits. Un soupçon de plastique liquéfié suffirait à agrandir les fissures, conduisant la paroi à s’effondrer sur elle-même.
En l’espace de quelques minutes, ils s’étaint introduits dans un couloir de la base. Celle-ci devait être presque vide, mais elle ne l’était pas totalement ; il fallait donc tenter de faire une diversion, le plus loin possible de la zone carcérale, en ameutant le plus possible de soldats ennemis. Tash s’en chargerait, pendant que Ken essaierait d’atteindre les prisons.

Après quelques dizaines de minutes de recherche, Tash trouva ce qu’elle cherchait : une salle grande, ronde, équipée de peu de caméras de surveillance, comme de peu de sorties. Probablement une salle de conférence, pour les exposés tactiques, car un gigantesque holoprojecteur était suspendu au plafond, tandis que plusieurs parois étaient en fait des écrans plats. La salle étant dans l’obscurité, les caméras de surveillance étaient provisoirement peu efficaces. Tash commença par piéger toutes les portes, puis disposa plusieurs dispositifs leurres sous des meubles ou dans des placards : machines à fumée, pétards sonores, grenades flash… Enfin, elle se planta face à une caméra de surveillance, et alluma son sabrolaser… elle sourit à la caméra, puis éteignit son sabrolaser, et quitta rapidement la pièce – elle n’avait pas besoin pas besoin de rester à portée de vue pour contrôler tous ses gadgets à distance, la Force l’aidant à « voir » la pièce parfaitement. L’alerte fut sonnée, un régiment vint enquêter, et ce fit vite piéger dans la salle, quand les lourdes portes anti-incendie se fermèrent définitivement. Tash chercha un autre lieu propice à semer la zizanie dans la base.

Ken ne trouva pas de suite les prisons, et s’égara plusieurs fois. Il n’avait jamais été espion, lui ! Heureusement que la base n’était pas très occupée, car il pénétra même par mégarde dans une ancienne salle de repos pour le personnel, équipée de tables de sabacc – la classe ! Finalement, donc, il parvint aux prisons. Il y avait trois prisonniers : un soldat impérial ivre qui braillait des chansons paillardes en se dégrisant, un grand individu dissimulé dans un long drap sombre, et un jeune homme au visage partiellement recouvert par des prothèses métalliques, qui ne pouvait qu’être Zak.
Tous furent surpris de son arrivée, mais évidemment, le soldat impérial se mit à crier encore plus fort, et plus des chansons cette fois, mais des insultes, un flot d’insultes dans plus de langues qu’un droïde protocolaire n’aurait été capable d’en identifier – ce qui ne manquerait pas d’attirer du monde.
Ken se souvint que la Force manipulait les esprits les plus faibles – donc, probablement, les êtres ivres. Il allâtt dans le sens de l’ivresse, et « expliqua » à l’homme combien il était fatigué, jusqu’à ce que le soûlard s’effondre, ronflant presque aussi fort qu’il n’avait chanté au début.
Ken décourvit les commandes d’ouverture des cellulles, tomba nez à nez avec un code, dégaina enfin le blaster qu’il avait emporté, et appliqua la méthode Yan Solo : il tira à bout portant sur les commandes des prisons, déclenchant par là une dizaine d’alarmes différentes. Efficacité, subtilité.
Enfin, un escadron d’impériaux surgit dans la prison, mené par un officier qui avait visiblement connu des meilleurs jours, tant ses traits étaient tirés, et son uniforme comme sa coiffure, négligés. Celui-ci braqua un blaster sur Ken, et tira.
L’homme mystérieux de la troisième cellule, aussi rapide que la langue d’un Gungan, laissa tomber son manteau sombre, et sauta, s’interposant entre l’adolescent et le trait de feu. Ken le reconnu immédiatement, sans s’expliquer ce qu’il pouvait là : c’était Triclope, son père ! Et il veniat de se sacrifier pour lui sauver la vie !

Tash était contente d’elle : se déplaçant très vite dans la base désertée, en suivant un trajet qui pouvait paraître complètement illogique, aléatoire, afin de toujours garder une longueur d’avance sur les défenseurs, elle était parvenue à semer un désordre difficilement imaginable.
Mais son avantage ne pouvait pas durer éternellement. Au détour d’une coursive, elle se retouva face à un officier impérial, trapu, à la peau sombre, qui ne parut pas surpris du tout de la voir surgir devant lui. Bien campé sur ses deux jambes, les bras croisés, avec un pistolaser lourd d’un modèle ancien (mais de qualité hors pair, celle affectionnée par les plus riches) dans chaque main, il arborrait un sourire de carnassier. D’évidence, il l’attendait : la course de Tash n’avait pas été si imprévisible que cela. Elle dégaina son sabrolaser, sauta par-dessus les premiers rayons le temps qu’il s’allume, puis para et renvoya les rayons suivants, forçant son adversaire à plonger sur le côté pour éviter le retour de ses propres traits. Tash n’était pas encore une bretteuse d’élite, malgré les talents cédés par Aidan, et l’Impérial par contre semblait très perofrmant – d’où son choix d’armes que beaucoup auraient qualifiées d’antiques par rapport à des blasters communs. Le duel allait être ardu.

Zakky ne perdit pas de temps : dès que son sauveur providentiel, aussi peu doué soit-il, avait réussi à déconnecter les barrières fermant sa cellule, il avait plongé contre le mur jouxtant l’entrée principale de la pièce, et était ainsi dissimulé dans le dos de l’escouade d’Impériaux entrée en trombe. Il piqua un blaster dans le holster du dernier entré, et les dégomma l’un après l’autre. Le dernier debout, l’officier, s’était retourné, et Zakky sentit une rage énorme en son sein ; il céda le contrôle à Zak, qui se déchaîna sur Tediul, némésis de sa précédente vie, assouvissant sa vengeance en tirant plus de coups que nécessaire, afin de bien réduire le cadavre de son adevrsaire en une masse informe.
Après avoir vérifié qu’une deuxième escouade n’était pas directement sur les talons de la première, et assommé d’un coup de crosse l’ivrogne, que la fusillade avait réveillé, Zak(ky) dévisagea son sauveur. Apparemment, il devait être venu pour le troisième prisonnier, puisqu’ils avaient l’air de se connaître intimement.
Il était exceptionnellement jeune pour attaquer comme ça une base impériale ! Sanglotant, il s’était agenouillé près du grand homme – qui n’avait prononcé strictement aucun mot depuis qu’on l’avait enfermé dans la prison, malgré plusieurs tentatives de Zak(ky) pour lier connaissance – dont les yeux étaient déjà défocalisés, dans le lointain, près à perdre leur flamme à jamais. Zak(ky) put entendre le mourant murmurer :
« Ken… Enfin je te retrouve… Tu dois disparaître… La magie Sith est immense, elle étteint des limites insoupçonnables… Palpatine est mort, une fois, mais il reviendra… Dans peu de temps… Mais c’est à la lignée des Skywalker de finir le travail qu’elle a commencé… Pas à toi… Tu dois me promettre de disparaître… Si Palpatine apprend ton existence, il te volera ton corps… Promets-moi… »
L’adolescent, la gorge trop nouée pour parler, hocha la tête, puis le mystérieux devin poussa un dernier râle, et ce fut fini.
Zakky ne put s’empêcher de titiller son collocataire intérieur :
< Alors comme ça, Môsieur le joue “magie Sith”, en volant le corps des autres après sa mort, hein ? Pas de quoi se vanter ! >
Il n’obtint aucune réponse, Zak ayant été trop occupé à savourer sa vengeance pour écouter les dernières paroles du mourant. Puis, Zak(ky) jeta un œil par le couloir promettant la liberté, et entendit au loin des bottes de soldats. Il posa la main sur l’épaule de son sauveur, prostré, et d’une main ferme, le força à se relever.
Se sentant obligé de dire quelque chose pour justifier la violence de son geste, il ne trouva qu’à bredouiller :
« Euh… Faudrait y aller, là… Sinon, on va vite rejoindre ton ami… »
L’adolescent le suivit mécaniquement, après avoir essuyé ses larmes d’un revers de la manche.

Après quelques passes, voyant qu’elle n’avait pas le dessus, Tash avait essayé de fuir, et de semer son adversaire. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, ses jambes courtes le propulsaient à une vitesse impressionnante. N’ayant pas trop le choix, Tash se dirigea vers le point de rendez-vous, espérant que Ken n’avait pas essuyé trop de revers de son côté.
Enfin, elle reconnut au bout du couloir son frère – du moins, ce à quoi son frère aurait ressemblé si on lui avait plongé la tête dans un bassin d’acide. Face à cette vision, Tash sentit simultanément son cœur se réchauffer, et son estomac se révulser. Mais au moins, son « nouveau » frère était un rapide de la gachette : même s’il ne pouvait encore apercevoir le poursuivant de Tash d’où il était, il avait commencé à lever son arme. Alors Tash stoppa net, mettant toutes les chances de son côté, et se propulsa avec la force en un salto arrière : l’Impérial, tentant d’éviter son sabre, se prit le tir de Zak(ky) en plein cœur. S’en était fini du colonel Reese Malc’olm. Et du cauchemar Borléias. Les trois jeunes gens se sentaient liés, comme s’ils s’étaient toujours connus. D’autres Impériaux fondirent sur les trois jeunes gens, de tous les côtés à la fois, mais ils eurent le temps de se faufiler par la même brêche qui avait permis à Tash et Ken de s’introduire dans la brèche ; et quand les impériaux tentèrent de les suivre par le même chemin, Tash déclencha avec la force sa dernière grenade thermique, causant un ultime éboulement qui écrasa les impériaux. La suite se déroula comme dans un rêve, les trois héros sentant avec certitude qu’ils ne pouvaient pas échouer, que leur succès était dans l’ordre des choses – la volonté de la Force ?

Épilogue :

Descendant de la navette qui l’avait conduite ici, le jeune homme prit une grande inspiration, laissa l’air chaud et parfumé lui remplir les poumons, tandis qu’une rafale de vent caressait la peau nue de son crâne. Zak(ky) venait sur Yavin IV pour la première fois. Devant lui, main dans la main, M. et Mme Palparranda, récemment mariés, riaient aux éclats. Mariés. Au fil du temps, à mesure que Ken mûrissait et devenait un homme, ses sentiments pour Tash s’étaient renforcés – et un jour, elle s’était rendu compte qu’elle aussi, tenait au jeune homme plus qu’à un ami – plus qu’à Zak(ky), même.
Laissé à l’écart du trio, il devait avouer que leurs minauderies de jeune couple l’agaçaient plus qu’autre chose. Il laissa Ken faire visiter les lieux à Tash, comme elle lui avait révélé Dagobah, des années auparavant. Luke Skywalker les avaient invités à la conférence d’inaguration de son Praexum Jedi, et il y avait de grandes chances que cex deux-là fassent partie des premiers élèves. Mais Zak(ky), lui, n’était pas prêt. Sa sensibilité à la Force était indiscutable, mais elle ne s’exprimait que face aux machines – pour quelque chose censé relier tous les êtres vivants entre eux, c’était pour le moins paradoxal.
Luke avait sélectionné quelques étudiants-test pour sa première promotion, et lui non-plus ne devait pas sentir Zak(ky) prêt, puisque seuls Tash et Ken avaient été explicitement invités à cette conférence. Il avait d’abord était vexé, mais la part de lui qui était Zakky, toujours aussi philosophe et cynique, avait fini par avoir le dessus sur le très émotif Zak… D’autres « forceux », comme on les surnommait dans les rangs de l’armée de la République, et même parmi les plus célèbres héros de l’époque, avait retourné l’invitation de Luke : Mara Jade par exemple ne comptait même pas venir à cette fête d’inauguration, trop occupée à ces affaires commerciales.
Tash et Ken n’étaient plus en vue ; Zak(ky) se décida enfin à avancer vers le très ancien temple dans lequel Luke avait installé son Praexum, une pyramide de pierre s’élevant dans le ciel crépusculaire, son sommet sombre se détachant devant le rouge vif de la géante gazeuse Yavin. S’il n’entrait pas à l’Académie, qu’allait-il bien pouvoir faire ? Il n’avait pas quitté sa sœur depuis leurs retrouvailles dans le système de Borléias.
Mais peut-être était-ce inutile de vouloir tout programmer ? Il laisserait la Force le guider…


Voilà ! J'espère que ça a plut à certains !
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Messagepar Notsil » Mar 06 Mai 2008 - 18:44   Sujet: 

Ca m'a plu à moi en tout cas ^^

Une FF terminée, c'est pas tous les jours qu'on en voit ^^

En tout cas les perso sont sympa, il y a aussi pas mal de références à l'UE, ça se voit que la fin est un peu plus rapide que ce qu'on aurait pu supposer, mais ça passe bien quand même.
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Messagepar Para Emperor » Jeu 15 Mai 2008 - 0:28   Sujet: Re: Chroniques de l'après Endor

Merci d'avoir pris le temps de lire jusqu'au bout, et je suis heureux que ça t'aie plu !
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