Euh... Bon, je suppose que la plupart d'entre vous ne me connaissent pas - et que les autres ont oublié qu'ils me connaissaient...
Le fait est que je suis inscrit depuis très longtemps sur ce forum (et le site associé bien sûr - VIVE SWU !), mais que je suis par nature plutôt un lecteur, pas un posteur...
Niveau fanfic, même si je continue rarement à en lire, l'écriture est une période de ma vie terminée... et la plupart des choses que j'ai écrites ne méritent pas de quitter un vieux CD de sauvegarde quelque part dans un tiroir de mon bureau...
MAIS : lorsque j'ai participé à l'Ordre 66, j'avais évoqué une fanfic sur laquelle je travaillais, à laquelle j'avais confié la mission de redorer un peu les éléments apportés à l'UE par des auteurs de littérature jeunesse, si souvent méprisés par les fans... Et même si je n'ai jamais réussi à achever cette fanfic, en avoir parlé ici sonnait pour moi comme une promesse. Alors, en retombant dessus ces derniers jours, alors que je faisais un grand nettoyage de printemps sur mon disque dur, je me suis décidé à terminer les quelques chapitres qui manquaient, et à la poster ici.
Mais, par manque de temps, je n'ai fait que terminer rapidement, en suivant le synopsis que j'avais laissé pour chaque chapitre - et je n'ai donc rien retouché du travail déjà fait, même si avec plusieurs années de recul j'y trouve pleins de défauts (style changeant, manque de fluidité, personnages parfois inutiles, etc.).
Conséquence : lisez svp cette fanfic comme ce qu'elle est, c'est-à-dire le produit d'un lycéen qui s'ennuie, sans prétentions - juste pour le fun.
Autre conséquence : tous vous commentaires, critiques, conseils sont bien sûrs les bienvenus - autant pour moi si je me remet un jour à la fanfic, que pour les autres qui liraient ce topic - mais je ne retravaillerai plus cette fanfic. Elle a atteint son état définitif, aussi maladroit qu'il soit.
Pour ne pas décourager les lecteurs par la longueur, je vais la poster en plusieurs fois, mais comme je viens de le dire tout est déjà terminé.
Chapitre 1 : en fuite.
Vêtements déchirés, les jambes mouchetées d’égratignures, la jeune fille courait à travers l’immense forêt. Elle était très jeune, plutôt grande et mince, avec une longue natte blonde qui à ce moment-là n’avait pas due être refaite depuis un bout de temps tellement elle était emmêlée.
En théorie, l’aube aurait dû commencer à poindre ; mais c’était sans compter l’orage qui durait depuis quatre jours, assombrissant encore plus le sous-bois que par beau temps, lorsque la lumière, rendue presque verte par la traversée des branches, n’atteignait qu’à peine le sol.
Elle courait toujours. Depuis déjà plus d’une heure, elle courait ainsi, par foulées irrégulières, se griffant aux branches basses qui lui arrachaient aussi bien des cheveux que des lambeaux de peau. Elle ne pensait à rien d’autre qu’avancer : loin, le plus loin possible, devant, sans regarder derrière.
Pourtant, rien ne semblait la poursuivre, excepté cette sorte d’angoisse qu’elle sentait au plus profond de son être, comme si tout son être en était composé.
Puis, tout d’un coup, comme si enfin elle était parvenue hors d’atteinte d’un champ d’émission radio, elle sentie l’angoisse la quitter, remplacée par un immense vide… Exténuée, sans même chercher à s’adosser contre un arbre, elle s’effondra sur le sol et sombra dans l’inconscience.
La vieille cantina “La fin du Monde” sur Koda ressemble à toutes les cantinas spécialisées dans l’accueil d’individus “à la limite” de la légalité, c’est-à-dire à un entrepôt sale rempli de quelques tables branlantes, avec un comptoir crasseux dans un coin. Pourtant, même comparé à l’ensemble des cantinas, celle-là a dû connaître des meilleurs jours : aucun musicien ou comique sur l’estrade, laissée dans l’ombre ; seulement deux ou trois clients isolés… Accoudé au comptoir, le barman soupire : rien à faire depuis au moins une heure ! Depuis l’ouverture d’une cantina rivale, flambant neuve, juste à l’opposé du module d’atterrissage de la station, en effet, les clients même les plus fidèles semblent avoir déserté ; nul doute cependant qu’ils reviendront, une fois l’engouement pour la nouveauté passée…
À la table la plus éloignée se détache, adossée au mur, une grande ombre, qui pourrait de loin ressembler à un trandoshan, mais avec des écailles noires et mates au lieu d’être brunes. Cela fait bien trois jours qu’il vient, tôt le matin accompagné de jeunes humains – dont le barman finit toujours par perdre la trace dans les ombres de la cantina – consommant seulement un petit verre de vin d’Aldéraan (boisson de plus en plus difficile à se procurer depuis que la destruction de la planète avait éliminé la plupart des producteurs, même s’il subsistait quelques producteurs de vin de synthèse) toutes les deux ou trois heures.
Mais soudain, deux êtres encapuchonnés rentrent dans la cantina, et se dirigent directement vers sa table :
« Vous êtes bien le “professeur Oleho” ?
- C’est possible…
- Notre société a entendu dire que vous recherchiez un emploi pour vous et vos associés…
- Rien ne me prouve que votre “société” soit effectivement le genre d’employeur que je recherche. Mais peut-être avez-vous un devis à me proposer ? »
Une des deux silhouettes sort de sous son manteau une carte de donnée, discrètement, et, tout en attrapant un fruit sec dans la coupelle au centre de la table, dépose négligemment la carte dans la coupelle.
« Nous n’avons pas mieux à vous offrir. Si ce job ne vous intéresse pas, nous ne vous recontacterons pas, et vous ne retrouverez jamais notre trace. »
Ce fut tout. En à peine quelques secondes, la transaction était bouclée . Les visiteurs prirent quand même le temps de s’arêtter prendre un verre au comptoir, histoire de justifier leur présence, puis ils partirent, sans perdre de temps, comme ils étaient arrivés. À son tour, l’être aux écailles noires pris la carte, se leva, et fit mine de se diriger vers la sortie, d’une allure lourde, d’apparence trop ostensiblement nonchalante pour l’être vraiment. C’était le signal : Tash Arranda et son frère Zak, qui jusque-là étaient restés dissimulés derrière une tenture de l’antique estrade, comptèrent mentalement 120 secondes avant de lui emboiter le pas, se forçant à ne pas courir. Après être sortis de la cantina, les trois êtres se dirigèrent vers le module d’habitation, sans dire un mot. Tash avait maintenant 16 ans, mais elle se comportait comme n’importe quel habitant de Koda, conséquence de tout ce qu’elle avait pu vivre en termes d’aventures avec son frère et son oncle adoptif ces trois dernières années. Trois ans, déjà, depuis que l’Etoile Noire de l’Empire avait détruit son monde natal d’Aldéraan, annihilant par là sa famille, son passé, et mettant abruptement fin à l’innocence de l’enfance. Elle brûlait d’impatience de savoir ce que contenait la carte, mais une année de fuite et deux ans à se cacher lui avait appris la patience. Lorsque enfin la porte du taudis qu’ils se partageaient à trois fut refermée, verrouillée, tous trois partagèrent un sourire. Soudain, la peau du troisième se mit à frissonner, ses traits devinrent flous, et il se transforma en quelques secondes en un être humanoïde de taille moyenne, à la peau grise : Mammon Hoole (qui maintenant se faisait appeler Oleho, anagramme de son nom) était en effet un Shi’ido, l’une des rares espèces de la galaxie capable de modifier leur apparence morphologique. Puis il tendit la carte à Tash, qui s’empressa de l’insérer dans son vieux databloc : la carte contenait en tout et pour tout diverses listes de cargaisons pour des vaisseaux qui sans doute n’existaient pas. Mais tous ces vaisseaux étaient dits devoir être affrétés au même endroit, sur Koda, tous à la même heure, le lendemain soir. C’était d’évidence un lieu de rendez-vous.
Penché sur son épaule, Zak, son cadet d’un peu plus d’un an, Fut le premier à parler :
« Après tout ce temps, vous croyez qu’on les a enfin trouvés, les rebelles ? Pour ce que je sais, ça peut encore être des chasseurs de prime ou n’importe quel détrousseur… »
Hoole lui serra l’épaule d’une main, dans un geste de réconfort, puis sa voix grave s’éleva dans les airs :
« Cela fait bien longtemps que les chasseurs de prime ont abandonné notre poursuite : le projet Terreur Galactique est définitivement enterré, oublié… Nous n’avons rien fait de remarquable depuis deux ans, si ce n’est travailler comme coolies sur divers astroports, alors les primes ont progressivement baissé : la dernière fois que je suis allé me renseigner, elles ne dépassaient pas 150 crédits, autant dire qu’elles ont été retirées du marché… Depuis que le Soleil Noir a sombré dans le chaos, tu sais, le monde de la pègre est très désorganisé, et la vieille Guilde des chasseurs de prime n’est guère plus qu’un nom aujourd’hui. Il faut bien que les rebelles recrutent quelque part, même si cela fait trois mois que les infos nous serinent que la Rébellion en est à son dernier souffle. »
Zak ne répondit pas. Il était plus heune que Tash, et même s’il avait lui aussi mûri plus rapidement qu’il aurait dû, Hoole demeurait la voix de la Raison pour lui.
Le lendemain, à bord du vaisseau de transport léger “Nouvelle Ére”, Tash rêvait dans le cockpit… Aucun doute possible, Hamo Blastwell et son collègue étaient bien des rebelles, son cœur le lui disait… Même si les deux hommes s’étaient montrés très sceptiques quant au recrutement de son frère et d’elle-même, « trop jeunes », au moins tous deux seraient autorisés à vivre dans les mondes protégés, bases secrètes où l’Alliance regroupait les quelques civils recherchés par l’Empire, quelques indics qui avaient su monnayer leur sécurité, ainsi que les soldats rebelles en convalescence.
L’Alliance rebelle, espoir de liberté. Et de vengeance…
L’Alliance rebelle, une vie de peur constante où la mort se côtoie quotidiennement…
La mort…
ZAAAAAK !
Tash se réveilla en sursaut, mais il lui fallut du temps pour sortir de ses souvenirs. La vague d’angoisse qui s’était soudainement emparée d’elle commença cependant à refluer, lentement, et elle étudia calmement son environnement. L’orage avait enfin cessé. Les bruits de vie de la forêt, en cette fin d’après-midi humide, recommençaient à prendre possession de toute l’atmosphère, d’abord timidement, puis de plus en plus forts. Chants d’oiseaux, bourdonnements d’insectes, faibles craquements dans les branches mortes jonchant le sol… Aucun bruit d’activité humaine alentour. Tash essaya de se relever, mais immédiatement elle sentit pleinement les innombrables contusions qui lui couvraient le corps, et ne put retenir un gémissement. Elle renonça à se lever, se traîna vers l’arbre le plus proche, et s’adossa contre une grosse racine.
Si elle se rappelait à peu près sa fuite, les évènements antérieurs lui paraissaient très flous, lacunaires, incohérents. Y penser lui faisait mal au crâne, elle décida de laisser cela pour plus tard. Encore une fois, ses yeux firent le tour du paysage. Elle n’avait aucune idée d’où elle pouvait bien se trouver, et il n’y avait aucun sentier apparent. Ensuite, l’inventaire de ses possessions : outre ses vêtements en lambeaux, son vieux databloc toujours fermement vissé à sa ceinture de cuir, et quelques rations de survie dans sa poche intérieure droite, elle n’avait rien. Prise d’un subit sentiment de crainte, elle porta la main à son cou ; ça crainte s’évanouit aussitôt. Elle n’avait pas perdu le pendentif de sa mère, seul souvenir de sa réelle identité : Tash Arranda. D’Aldéraan.
L’Empire payera !
Cela fait maintenant trois jours que Tash erre dans cette forêt lugubre, se nourrissant de racine. Fouillant le paysage des yeux, elle repère enfin un fin morceau d’étoffe claire accrochée à un buisson dont plusieurs branches sont brisées : c’est bien de là qu’elle vient. Remonter sa piste est loin d’être aisé, la pluie ayant effacé ses empreintes – au moins, son instinct a su, malgré la terreur, la forcer à courir en zig-zags, changeant de directions aléatoirement et sans aucune logique, pour décourager les poursuites.
Elle avait d’abord essayé d’élaborer un plan plus complexe, mais elle était trop épuisée pour parvenir à quoi que ce soit – et ses maigres ressources en nourriture n’étaient pas très encourageantes. Après avoir abandonné plusieurs idées toutes plus irréalistes les unes que les autres, son seul choix avait ainsi été de revenir, prudemment, de la direction par où elle était arrivée : là-bas au moins devait se trouver un brin de civilisation…
Chapitre 2 : réveil
Zak se réveille dans un cercueil, sur le point d’être enterré vivant : le docteur Evazan, ou “Docteur de la Mort”, l’a plongé dans un coma proche de la mort pour en faire le cobaye d’une nouvelle expérience de revitalisation des tissus.
Zak sort d’une cuve à bacta ; il vient de réchapper à une terrible variété de virus, que son organisme tout juste purgé des diverses drogues d’Evazan n’a pas été capable de combattre seul.
Zak se réveille dans une pièce froide, le laboratoire secret de Nespis VIII, après que sa sœur a inversé le fonctionnement du Voleur d’Âmes, machine chargée d’aspirer hors d’un organisme son énergie vitale et sa conscience.
Zak reprenant ses esprits progressivement alors que l’influence de l’organisme monstrueux Spore, qui avait pris possession de son corps, s’estompe progressivement.
Zak qui ouvre les yeux au sortir d’une cuve de clonage accéléré dans le complexe de recherche Jedi sur Dantooine.
Zak qui sort pour la 20° fois de la cuve de restructuration au bacta, après une énième série d’expérience et de vivisection partielle.
Zak dont les sens se brouillent alors que le sang s’écoule de sa blessure, emportant toute chaleur avec lui, après qu’il se soit héroïquement jeté entre sa sœur et le blaster qui la menaçait…
Non ! En sueur, le jeune homme se redressa sur sa couche. C’était au moins la dixième fois qu’il refaisait ce cauchemar, au cours des quatre derniers jours. Ça avait débuté par une crise en plein milieu de la journée, une immense migraine, puis la sensation que tout le monde chavirait autour de lui, qu’il était en train de mourir, s’achevant par une perte de connaissance. Et depuis, sans que quiconque parmi les scientifiques l’entourant puisse détecter aucun symptôme d’un mal physique réel, il alternait des phases de fièvre et de nausées, puis d’inconscience, s’achevant par cet horrible cauchemar, où il revivait successivement toutes ses scènes de mort et de renaissance.
Il se leva, et commença à marcher en rond dans sa petite cellule plongée dans la pénombre. Il fixa son reflet dans l’eau croupie du lavabo : il avait le crâne rasé, son corps pâle et maigre était couvert de cicatrices, au point qu’un quart environ de son visage autour de l’œil gauche, là où la peau avait été irrémédiablement détruite par des acides, était recouvert d’un masque en acier poli, fondu directement sur la chair ; il était à moitié nu mais n’avait pas vraiment froid, question d’habitude. Dans quelques heures seulement, les murs se mettraient à luire d’eux-mêmes de leur insolente blancheur, insupportable pour la plupart des êtres vivants parcourant cette galaxie. À vrai dire, il n’était toujours pas parvenu après toutes ces années à déterminer qui il était exactement, confronté à au moins deux trames de souvenirs contradictoires.
Dans un de ces scénarios, il s’appelait Zak Arranda, né sur Aldéraan, puis mêlé dès l’adolescence avec sa sœur et son oncle adoptif, malgré eux, au projet impérial Terreur Galactique, qu’ils avaient plus ou moins volontairement fait échoué. Cela avant de devoir se réfugier dans la fuite pour de longs mois, se déplaçant de planète en planète, avant de se fixer dans une planque sur Koda. Koda, d’où il avait rejoint la Rébellion alors au plus fort de son succès. Ce passé était le plus séduisant, si ce n’est que, depuis trois jours, le scénario s’achevait irrémédiablement sur cette mort héroïque au cours d’une mission. Or, manifestement, il était encore en vie.
Parallèlement à ce scénario se superposait donc une autre histoire : il était 0071138, clone de Zak créé par le complexe semi-automatique de Dantooine, lors d’une escale des Arranda sur cette planète, qui avait paru au premier abord un endroit idéal pour se cacher. Mais Dark Vador en personne était finalement intervenu avec un escadron de stormtrooper, ils avaient pris le contrôle du complexe de clonage, désactivé les droïdes cloneurs, regroupé et parqué les clones, puis une équipe de scientifiques étaient arrivés. Les clones étaient devenus de simples sujets d’expérimentation, avec un taux de mortalité très élevé : soit qu’ils ne supportent pas les expériences, soit qu’ils soient tués froidement en vue de dissections (ou bien même sujets de vivisection). Puis au bout de quelques semaines, malgré les protestations des scientifiques, le complexe de clonage avait été intégralement démantelé, certains appareils emmenés, le reste atomisé au laser, et les quatre ou cinq clones survivants transportés ici, dans cet autre complexe, ou ils n’avaient cessé depuis de subir encore et encore diverses sortes de tests.
Mais s’il était un clone, comment pouvait-il se “souvenir” de la vie de Zak, l’original, après l’opération de clonage ? Avait-il tout imaginé dans son cerveau déréglé de clone ? Et pourquoi cette horrible sensation d’être à la fois vivant et mort ? De nouveau, la tête commença à lui tourner, et il eut tout juste le temps d’atteindre sa couche avant de sombrer encore une fois dans un délire semi-conscient.
Dans son bureau, le maître laborantin Anon Su regarda son chrono : cela faisait plus de huit unités de temps qu’il travaillait sans relâche, courbé sur son databloc, sans bouger de cette pièce miteuse qui avait été, au temps de la grandeur de la cité, un simple local de rangement.
Au temps de la grandeur de la cité… Cela faisait bien longtemps que Anon Su avait cessé de se morfondre dans une révolte passéiste au profit d’une résignation totale à son sort, soumis à ses maîtres impériaux. Pourtant, il ressassait sans cesse le souvenir de cette époque bénie ou, sous le ministère de son oncle Lama Su, la société kaminoan avait atteint son apogée, occupant le seul monde assez technologiquement avancé pour avoir pu se permettre pendant des siècles de rester indépendant de la République Galactique ou de toute autre confédération de mondes ; les fiers Jedi eux-mêmes étaient obligés de montrer patte blanche pour pénétrer la cité.
Mais les kaminoans s’étaient trop impliqués, lors de la guerre des clones, auprès de la République et des Jedi : les clones créés étaient parfaitement loyaux à Palpatine, le vil, qui s’était lui-même couronné Empereur ; et ils s’étaient retournés, sur son ordre, contre leurs créateurs, les avaient asservis, et réduits à de simples techniciens du clonage, esclaves d’officiers humains. Tipoca City sombrait de plus en plus dans la décrépitude, sans que les impériaux fassent mine de s’en préoccuper, d’autant que la fabrication de clones en série avait cessé lorsque Palpatine avait jugé plus sain démographiquement de créer des Académies militaires où il pourrait former ses sujets, gaspillant les derniers vrais clones en conquêtes pour étendre son Empire aux franges de la galaxie. Le complexe avait cependant été tiré de sa léthargie quelques années auparavant, lorsque l’Empereur avait relancé les recherches sur les techniques de clonage kamino et spaarti, pour son “usage personnel”. Il souhaitait notamment parvenir à comprendre pourquoi la Force génait le processus de maturation accelérée : le délai minimum pour faire mûrir un clone, même avec un taux de midi-chlorien quasi-nul, était de dix ans, sous peine de voir le psychisme du sujet se détériorer rapidement – et ce délai s’allongeait avec la réceptivité à la Force.
La découverte récente du complexe de Dantooine, utilisant des techniques inconnues, et la capture d’une bonne cinquantaine de clones construits à partir de 6 ou 7 échantillons d’ADN, dont certains semblaient sensibles à la Force, avait donc naturellement suscité un renouveau d’espoir. Aujourd’hui, seuls subsistaient, ici sur Kamino, trois de ces clones, parmi les derniers fabriqués avant la prise du complexe – ceux élevés à partir de cuves différentes de toutes les autres. Tous les autres, y compris la portion sensible à la Force, avaient été détruits lors des premiers “tests”, qui selon Anon relevaient plus de la torture que d’autre chose. Deux d’entre les survivants, malheureusement, s’étaient révélés peu utiles : ils étaient issus des échantillons incomplets (ADN complet, mais pas d’empreinte psychique) contenus dans la génothèque (ceux de soldats rebelles probablement morts depuis) – sans doute parce que les droïdes avaient voulu progresser par étapes dans la mise en fonction des nouvelles cuves.
Mais le troisième était très intéressant : apparemment, il semblait doté d’un lien psychique avec l’original – parfaitement ce que voulait l’Empereur, quel que soit son but. Comment ce lien avait pu se former demeurait encore un mystère, et Anon regrettait de n’avoir en sa possession qu’une partie des appareillages du complexe, le reste ayant été jugé – comble de l’incompétence ! – trop encombrant pour être transféré sur Kamino. Décidemment ces scientifiques impériaux n’étaient que des amateurs…
Brusquement le vieux cloneur fut tiré de sa rêverie : un long hululement se fit entendre, provenant des murs – le manque chronique d’entretien apportait-il en fin de comptes ses conséquences désastreuses ? Contactant le centre de contrôle, Anon apprit qu’il s’agissait du cœur énergétique de Tipoca City ; il n’eut pas le temps de connaître la nature du problème avant que tous les appareils ne cessent de fonctionner, avec un claquement lugubre en guise de chant du cygne.
Cette fois-ci, ce n’était pas un cauchemar, mais bien des bruits de panique qui avait tiré 0071138 de son sommeil agité ; en ouvrant les yeux, il découvrit la pièce toujours aussi sombre, chose inhabituelle à cet horaire-ci, d’après ce qu’il pouvait juger de l’heure par la faim qui grandissait dans son estomac. Intrigué, il se leva, se dirigea vers la porte, et s’aperçut qu’elle coulissait librement. Profitant de cette chance inouïe, qui sûrement ne se répéterait pas, il s’engagea dans le couloir.
Chapitre 3 : après la bataille
Dans la pièce complètement délabrée, à l’origine un simple cube moulé de plastacier, qu’il appelait depuis quelques mois déjà son “bureau”, Airen Cracken, chef des renseignements de l’Alliance rebelle, ne put retenir un cri de joie lorsqu’il reçut, après tant d’heures d’attente, un message de la flotte : la bataille d’Endor était une victoire, complète, l’Etoile de la Mort n’était plus qu’un souvenir… Et l’Empereur en personne comptait parmi les pertes ennemies !
Presque une semaine entière s’était écoulée depuis, à cause des contraintes de sécurité interne de l’Alliance, qui empêchaient que Cracken reçoivent les nouvelles directement, mais toujours avec un fort délai. Après tant de tensions, l’homme se laissa tomber dans son fauteuil, laissant échapper un long soupir. Pour la première fois depuis, probablement, son engagement parmi les rebelles, il se permettait une pause, une vraie.
Au bout de quelques minutes, cependant, et alors qu’Airen s’était décidé à fermer les yeux, mains derrière la tête et pieds sur le bureau, la trop habituelle sonnerie de son terminal le prévint qu’il venait de capter un message crypté de la part d’un agent en mission – la sonnerie spécifique d’urgence, celle qui en général signifiait l’échec d’une mission ; la pause avait été de courte durée. Fronçant les sourcils, et concentrant à nouveaux toute son attention en quelques secondes, il se pencha sur son terminal.
Si l’Empereur était mort, l’Empire, pas ; et de nombreux prétendants au trône devaient sûrement déjà préparer leur prise de pouvoir : la guerre était loin d’être terminée. En tant que non directement impliqué dans la préparation ou l’exécution de la bataille d’Endor, Cracken avait continué à mobiliser tous ses agents durant les derniers jours, même sans connaître le résultat de cette bataille qui aurait pu signer la fin de l’Alliance rebelle.
Le message provenait du groupe 813, composé de 4 agents chargés d’infiltrer un bastion impérial sur un avant-poste forestier dans le système Borléias, dont la planète principale était un carrefour stratégique dans la défense de Coruscant, le “Centre Impérial”, capitale de l’Empire. Seuls les identifiants secrets des agents twi’leks Y’touk Taa et Yeelua Secura, sa conjointe, apparaissaient dans le cartouche d’authentification du document ; mauvais signe. De fait, les nouvelles étaient très mauvaises : le groupe avait été séparé, les deux Twi’leks restant en arrière pour s’occuper de désactiver un système de fermeture d’urgence de la sortie, destiné à piégé toute personne pénétrant par infraction ; puis, en s’engageant à la recherche de leurs partenaires, ils avaient retrouvé le corps du spécialiste en informatique, Zak Arranda, décédé d’un coup de blaster ; sa sœur Tash avait disparu, sans qu’on puisse savoir si elle était parvenue à récupérer les fichiers recherchés. Réduite à deux membres, l’équipe avait dû abandonner, quittant la base avec le corps de Zak ; et lorsqu’un escadron de chasseurs TIE les avaient pris en chasse, ils avaient été contraints de fuir hors du système, sans confirmation du destin de Tash.
Ces codes qu’ils étaient censés voler étaient essentiels dans l’évolution prochaine de la guerre ; en effet, les équipes spéciales du général bothan Laryn Kre’fey avaient réussi à se procurer plusieurs documents cryptés avec ce code sur Borléias, dont le croisement pourrait peut-être permettre d’établir une stratégie. Donc l’enjeu était double ; outre l’importance intrinsèque des codes, il s’agissait aussi d’entamer une forte collaboration avec les espions de Kre’fey. En effet, face à la montée des Bothans dans l’organisation rebelle – cette espèce ayant développé au fil de nombreux siècles des capacités exceptionnelles en techniques d’infiltration et de renseignement – l’existence même du service de Cracken était menacée. Lui pensait pourtant particulièrement risqué, à long terme, de confier une fonction aussi essentielle que le renseignement à un peuple, et non à une institution bureaucratisée, car lorsqu’il faudrait recréer un gouvernement démocratique, fondé sur l’égalité sans distinction d’espèces, il n’était pas exclu que les Bothans développent une certaine forme de nationalisme au sein du régime, et fasse pression en s’appuyant sur leur monopole de l’information.
L’allégresse qui s’était emparée de Cracken quelques instants auparavant était déjà quasiment retombée : la célébration serait pour plus tard, il lui fallait préparer d’autres stratégies en attendant le débriefing complet au retour des agents.
Sur la passerelle du croiseur calamarien Indépendance, un des plus anciens de la flotte, Mon Mothma demeurait le regard fixé sur le vide, à travers le hublot, là où venait de disparaître quelques secondes auparavant l’escadron d’intervention vers Bakura. La responsable en chef de l’Alliance rebelle, dernière représentante des fondateurs après la disparition de Garm Bel Iblis et la mort de Bail Organa, se permettait un cours répit pour rassembler ses esprits : elle n’arrivait plus à se souvenir depuix quand elle n’avait pas dormi pendant un cycle entier de sommeil. Elle prit une longue inspiration pour se redonner de l’aplomb, puis se retourna vers ses hôtes : l’Amiral Ackbar et le Général Madine, d’abord, représentant l’armée rebelle ; mais aussi un grand nombre d’hommes politiques délégués par les planètes membres de l’Alliance, dont le Bothan Borsk Fey’lya, et enfin quelques administrateurs des structures civiles de l’Alliance.
« Chers amis, commença-t-elle, si l’Empire existe encore, avec la mort de l’Empereur et cette victoire, il n’est plus en mesure de nous considérer comme un groupuscule illégal, mais nous avons acquis le rang de régime adverse ; nous sommes encore loin de pouvoir former un quelconque gouvernement, mais désormais nous dénions officiellement toute légitimité politique de l’Empire ; nous ne sommes plus des “rebelles”, mais des membres de l’Alliance des Planètes Libres. »
Elle attendit quelques secondes, interrogeant chacun du regard, et tous approuvèrent cette nouvelle dénomination du groupement.
Mon Mothma reprit son discours :
« Même sans gouvernement, il nous faut commencer à instaurer des embryons de structures étatiques, et c’est dans ce but que je vous ai réuni aujourd’hui. Nous avons besoin d’un bureau du commerce, qui puisse élaborer des contrats officiels avec les différentes planètes, alliées ou neutres, et sortir notre organisation du système de la contrebande, du moins en apparence ; il nous faut aussi instaurer un comité de sécurité intérieure, non militaire, qui puisse coordonner les polices des différentes planètes membres ; et enfin, un comité scientifique, qui réorganise la Recherche, et l’éducation des enfants de nos peuples, qui doivent déjà être élevé dans l’esprit de la liberté. »
Mon Mothma ne fut pas applaudie à grands cris – après tout, la plupart des membres du comité la connaissaient depuis déjà un certain temps, donc inutile d’entrer dans les formalités. Les invités se contentèrent donc de hocher la tête.
Sans perdre de temps, l’ancienne sénatrice les invita donc à se mettre de suite au travail. Les différents délégués s’assirent autour de la table de conférence, au fond de la grande salle d’observation, et pour la première fois, l’Alliance des Planètes Libres entama un processus de législation.
Récemment libérée de l’oppression impériale, Kooan avait toujours été un haut lieu de recherches scientifiques ; même si l’Empire avait largement utilisé certains laboratoires, notamment ceux de physique et d’aérodynamique pour développer de nouveaux chasseurs, d’autres départements avaient été complètement occultés, comme celui d’histoire, réduit à chroniquer une hagiographie impériale et à glorifier l’Ordre Nouveau. L’heure était donc largement à l’enthousiasme lorsque se posa en grande pompe la navette du tout récemment nommé Président du Conseil Scientifique de l’Alliance, en la personne de l’anthropologue Mammon Hoole. Ce dernier n’était que récemment retiré des services secrets de l’Alliance, où les dons de déguisement naturel de son espèce l’avaient tout naturellement conduit lorsqu’il avait rejoint les Rebelles. Cependant, même au cours de ses missions les plus ardues il n’avait jamais cessé de prendre des notes sur les cultures qu’il avait l’occasion de rencontrer, et profitait de ses permissions pour publier des articles – sous un pseudonyme – et conserver des contacts avec le monde scientifique. Mammon s’approcha du sas, et inspira l’air frais du matin. Des souvenirs de sa jeunesse, lorsqu’il était encore étudiant en anthropologie, lui revinrent. Normalement, à cette époque de l’année, le cycle scolaire aurait dû déjà être entamé ; mais la libération de la planète avait repoussé la rentrée… pas d’un long délai ! Enfin, il allait pouvoir reprendre une vie à peu près normale ! Il ne put s’empêcher de sourire, lorsqu’il reconnut parmi le comité d’accueil son vieux droïde de recherche, DV-9, qui l’avait accompagné tout au long de sa lutte contre le projet Terreur Galactique impérial, avant qu’il ne le lègue à l’Institut de Kooan. En un tel moment, il regrettait cependant l’absence de ses deux neveux adoptifs, qui n’avaient pas achevé leur dernière mission d’espionnage lorsque lui avait demandé sa retraite, et donc ne devaient même pas connaître à l’heure présente la victoire d’Endor. Ses “neveux”…
C’était à l’époque où il était encore doctorant, ici, sur Kooan, qu’il avait rencontré la poétesse Ginny Arranda : svelte, plutôt petite, des cheveux bouclés aux reflets roux, des yeux pétillants de malice, le visage en permanence rayonnant… Ils étaient tous deux tombés amoureux l’un de l’autre, bien que d’espèce différente. Juste après qu’il eut enfin réussi sa thèse – avec les félicitations du jury – elle l’avait amené sur Aldéraan pour de longues vacances, chez son frère et sa belle-sœur ; Tash était juste née. Mais l’idylle avait duré peu de temps, car quelques mois seulement plus tard Ginny était tombée malade, atteinte par une sorte de parasite qui lui pompait toute son énergie, mais qu’aucun chirurgien n’était parvenu à détruire ; courageusement, Ginny avait lutté, demeurant sereine et rayonnante jusqu’à la fin. Lorsqu’elle s’était éteinte, Hoole s’était encore rapproché des Arranda. Mais ensuite, il s’était laissé convaincre par un camarade d’enfance, Borborygmus Gog, de travailler pour l’Empire sur un projet d’étude visant à « ressusciter les morts » officiellement, qui en fait – il ne l’avait découvert que trop tard – n’était qu’une arme, terrible, qui avait pour particularité de transformer tout être vivant en une sorte d’ombre, un ectoplasme entre la vie et la mort… Lorsque Gog avait testé l’arme sur la planète où ils travaillaient, Hoole s’était enfui, monnayant une nouvelle identité en se mettant au service du baron criminel Jabba le Hutt.
Hoole secoua la tête, refoulant tous ces souvenirs anciens : seule resta devant ses yeux l’image de ses deux neveux adoptifs, souriants. Après leur avoir mentalement envoyé du courage, il s’avança enfin vers son comité d’accueil et sa nouvelle vie…
Chapitre 4 : retour à la réalité
Des arbres, encore des arbres… Cette forêt ne finirait-elle donc jamais ? Tash était pourtant bien venue de quelque part ! Si seulement elle parvenait à rallumer son databloc… Mais non – l’interface s’était abîmée dans sa fuite, et même si la mémoire paraissait intacte, pas moyen d’y accéder sans matériel spécialisé. Si seulement son frère avait été là ! Lui était un mécanisien et informaticien hors-pair, il aurait bidouillé l’appareil pour le faire marcher en moins de deux. Mais elle ne ressentait qu’un immense vide dans son cœur, et même si son subconscient continuait à censurer tout souvenir des 24 heures avant sa fuite, elle désespérait de plus en plus de jamais le revoir vivant.
Le reste de sa mémoire, lui, était progressivement revenu ; elle se souvenait en détail comment l’un des amis proche de Blastwell, nommé Farlander, un pilote survivant de Yavin sensible à la Force, que son frère et elle avaient rencontrés sur une base rebelle, avait décelé le pouvoir dormant en elle et son frère, et avait convaincu les recruteurs de l’Alliance de ne pas les considérer comme des gamins, d’autant que la préparation de la bataille contre la seconde Etoile Noire mobilisait la majorité des forces de l’organisation. Ils avaient alors pu suivre “oncle” Hoole de service en service jusqu’aux renseignements, où les capacités de Shi’ido de Hoole en faisaient un infiltrateur hors pair. Et finalement Tash et Zak s’étaient retrouvés à faire équipe avec un couple de Twi’leks. Elle se souvenait encore comment ils avaient été envoyés sur cette maudite planète, dans cette maudite forêt putride, pour retrouver un document dont ils ne savaient rien – par principe, au cas où ils seraient pris et interrogés. Ils avaient atteris sans problème à une distance raisonnable de la cible, puis s’étaient lancés à l’aventure. Mais ensuite, plus rien.
Un vrombissement de moteur la tira de sa rêverie : elle avait continué d’avancer tout en étant plongée dans sa réflexion, une erreur de débutant, et s’était dangereusement rapprochée de ce qui ressemblait à une simple plateforme d’envol, sans aucun bâtiment autour. Jetant un regard rapide autour d’elle, elle se jeta sous une large fougère. Le complexe devait être souterrain, c’était la seule explication. Tash ne vit aucune sentinelle, aucun soldat, seulement la navette qui s’élevait, loin déjà dans le ciel – apparemment, personne ne l’avait repérée, malgré son imprudence. La jeune fille étudia plus attenctivement la plateforme, mais ne repéra pas d’ouverture, de trappe, ou quoi que ce soit ressemblant à un ascenseur ou une échelle d’accès.
Le désespoir s’empara d’elle encore une fois : elle était seule, sans aucun équipement, à la surface d’une base secrète de l’Empire sûrement très bien protégée… Il fallait absolument qu’elle se souvienne des derniers jours !
Hoole pensait ne pas trop mal se tirer de ses pemiers jours comme chef de l’Université. De toute manière, tous les problèmes qu’il pouvait rencontrer étaient si triviaux comparés à son passé récent qu’ils l’amusaient, d’autant plus que ses assistants y voyaient toujours une catastrophe sans borne. Alors qu’il gagnait son nouveau bureau, après une énième cérémonie d’ouverture, un court discours et de nombreuses poignées de mains, il trouva celui-ci ouvert. Etrange. Seuls DV-9 et lui en possédait la clé, et il avait chargé le droïde d’un planning si serré que celui-ci en aurait sûrement pour plusieurs jours sans arrêt – après tout, les droïdes n’avaient pas besoin de sommeil. Hoole prit la forme d’un Defel, une créature apte à se fondre parfaitement dans l’ombre, et s’approcha lentement de la porte. À l’intérieur, un homme se tenait de dos, admirant une sculpture ; et avant même qu’il se retourne, Hoole reconnut son ancien patron, qu’il n’avait quitté que depuis une dizaine de jours standard !
Pour que Cracken se soit déplacé en personne, ce ne pouvait être qu’une très mauvaise nouvelle. La journée avait pourtant bien commencé…