Bonjour!!
Après Titi, c'est à moi de me lancer dans ce recueil et j'espère qu'après cette réussite, je ne vais pas trop abaisser le niveau. Je vous laisse le soin de donner votre verdict.
Bonne lecture:
Une Parenthèse
Je cours. Plus précisément, je cours en enfer. Au-dessus de ma tête, le ciel noir est éclaboussé par le sang des mille combats qui s’y déroulent. Des vaisseaux aux angles symétriques en poursuivent d’autres aux courbes arrondies ; l’instant d’après, les proies deviennent les prédateurs. Leurs rencontres se soldent toujours par une brûlante explosion qui éclipse pendant une seconde les dizaines de milliers d’étoiles crevant la noirceur du ciel. Au-delà des combats aériens, des nuages de fumées et des défenses planétaires, deux flottes géantes, les plus grandes jamais rassemblées, s’opposent avec fracas et sans retenue. Je cours. Sous mes pieds, le sol n’arrête pas de trembler, secoué par l’affrontement des arsenaux des deux cultures intergalactiques. Secoué par une révolte d’esclaves contre leurs anciens maîtres. Secoué par un mécanisme d’autodestruction ordonné par un individu ravagé par son fanatisme. Je cours. Autour de moi, le paysage n’est que ruines et désolation. D’un côté, de l’acier et du béton émergent d’une végétation qui m’est inconnue ; de l’autre, des plantes voraces achèvent de métaboliser des structures artificielles plusieurs fois millénaires. Quelle sensation de savoir où l’on se trouve tout en ne reconnaissant rien de ce qui nous entoure. Je connaissais bien Coruscant, mais cette planète n’est plus Coruscant. J’ignore à quoi ressemblait la véritable Yuuzhan’tar, mais cette planète n’existe pas encore. Je suis dans un endroit sans nom situé entre deux cultures antagonistes, et symbolisant parfaitement la guerre qui a ravagé la Galaxie depuis cinq trop longues années. Je cours. J’aurais bien voulu courir dans une autre direction avec d’autres compagnons, mais le sort, le destin, la Force, m’ont forcé à me séparer des personnes que j’aime et à suivre un autre chemin. D’ailleurs, j’aurais préféré ne pas devoir courir en ce lieu et me tenir le plus loin possible de cette ultime bataille avec ma famille. Seulement, si je veux offrir un futur à ceux que j’aime plus que tout, je dois courir ici et maintenant. Je ne suis pas la seule à avoir fait ce choix. Tous ceux qui combattent ici aujourd’hui ont fait le même que moi. Depuis la planète qui a fait irruption quelques jours plus tôt dans le système jusqu’au plus petit combattant microscopique, tous veulent un avenir édifié sur les cendres de leur adversaire. Un million de combattants, un seul objectif.
Je m’arrête. Il y a peu de temps encore, j’étais avec mes camarades. Alors que nous nous empressions d’aller prêter main-forte à des révoltés, un enfant est apparu, perché sur un talus. D’abord, j’ai cru qu’il s’agissait d’un humain, d’un des nôtres ; mais lorsqu’il parla la langue de nos ennemis, j’ai compris que j’étais loin du compte. C’était sa peau lisse, sans aucune déformation ni scarification, qui m’avait induite en erreur. Il était beau : il me rappela mon fils. Il demandait de l’aide pour sa famille, j’ai décidé de lui offrir la mienne. Prévenant mes camarades que je les rejoindrais, je me suis mis à le suivre. Il m’a mené jusqu’ici. Un sous-sol, trois étages sous le niveau de la terre, un énième affrontement. D’un côté, trois guerriers féroces, de l’autre, deux adultes, un mâle et une femelle à la peau aussi lisse que leur progéniture, défendant un bébé. Parfait exemple de la lutte du bien contre le mal. Je crie. Ma voix résonne dans la pièce. Les trois guerriers se tournent vers moi. J’allume mon sabrolaser. Je vois dans leur regard une étincelle de bonheur sadique : il y a plus d’honneur à tuer une Jedi qu’une famille de honteux. Je souris alors qu’ils se disposent en arc de cercle devant moi. Je suis satisfaite, je vais accomplir mon devoir, je vais sauver des innocents. Mes futurs adversaires éructent des imprécations. Je n’y comprends rien, mais je reconnais deux noms qui reviennent très souvent : Yun-Yuuzhan, le dieu Créateur, et Yun-Yammka, le dieu Massacreur. Je sens qu’ils me préparent un joli programme. Je les défie tous les trois à tour de rôle, en pointant mon arme vers chacun d’entre eux. J’ai hâte que ce combat commence. Dans un hurlement incohérent, ils dressent leurs bâtons amphi et convergent sur moi. Parfait. Que le spectacle commence.
Au dernier moment, je bondis dans les airs et j’effectue un saut périlleux au-dessus de mes ennemis. Je retombe accroupie au sol et d’un geste parfait j’effectue, dans mon dos, un arc avec mon arme. Je sens une petite résistance, par deux fois. Un hurlement de douleur se répercute dans toute la pièce. Je sais sans regarder que je viens de trancher les tendons se trouvant derrière les genoux d’un de mes adversaires. Il ne pourra plus jamais marcher, mais je sais que ça ne l’empêchera pas de combattre. Un danger à garder en tête. Je me redresse et pivote juste à temps pour faire face à mon prochain opposant. Je serre mon arme et j’attaque sur sa gauche. Il bloque mon coup. Je l’avais prévu. Je lui envoie de toutes mes forces un morceau de débris en pleine figure, par son côté droit non protégé. La pierre l’envoie au sol, trois mètres plus loin. Un autre d’éliminé, temporairement. Je me tourne vers le troisième guerrier. Il bondit sur moi, il se déchaîne sur ma lame, il met tout son cœur à l’ouvrage. Je recule. Il augmente alors l’intensité de ses frappes. Une couche de sueur recouvre son visage tandis que son souffle commence à se hacher. Puis, je m’arrête. Il ne comprend plus rien. Il mesure presque deux fois ma taille, il m’a envoyé des attaques auxquelles seul un commandeur aurait pu résister, pourtant je ne cède plus le moindre centimètre. Il a raison, je n’aurais pas dû pouvoir résister à ses coups ; toutefois, j’ai soif de justice, de combat, de victoire et rien ne m’arrêtera. Je lance la contre-attaque. Il recule, dépassé par la rapidité de mes attaques. Je n’ai peut-être pas sa puissance, par contre j’ai avec moi la vitesse et l’expérience pour tuer un adversaire. Je vois ses yeux aller de gauche à droite en essayant de suivre les mouvements de mon arme, mais surtout je sens sa colère monter. Je sais que l’ouverture est proche. Mon opposant lance une attaque horizontale au niveau de ma tête. Je me baisse. Il est emporté par son mouvement. Je saute en avant et je l’atteins au point faible de son armure, c’est-à-dire à l’aisselle. Il est choqué, car ne s’attendait pas être atteint si facilement. Il se met à tituber. Je l’achève en lui plantant mon sabre dans la tête. Plus que deux.
Je sens un danger derrière moi. Je me retourne et j’ai juste le temps de plonger pour éviter la gueule reptilienne qui vole vers moi. J’évite la morsure, je roule sur le côté et me redresse. La créature me suit du regard, ouvre à nouveau la bouche et crache du poison. Je tends la main en invoquant la Force. Je sais que je ne peux pas agir directement sur le poison, alors je compresse l’air tout autour. Le crachat mortel se met à avancer au ralenti dans cet air densifié. J’ai tout le temps de l’éviter et de passer à la contre-offensive. Le Yuuzhan Vong dont j’ai sectionné les tendons tente de réagir. Seulement, son bâton amphi transformé en fouet est moins maniable. Profitant de ma vitesse, je m’empare de l’arme alors qu’elle s’apprête à cracher à nouveau. Vu qu’elle n’est plus tranchante, je peux l’agripper sans risque. L’arme se met à gesticuler violemment. La tenant d’une main, j’envoie un coup de pied à son propriétaire avant qu’il ne décide de la rigidifier à nouveau. L’adversaire est sonné, mais ça n’empêche pas le bâton amphi de toujours se débattre. A tel point qu’il échappe à mon emprise. Je vois la créature se dresser face à moi, et en arrière-plan je distingue mon troisième opposant. L’arme ouvre la gueule. Je la frappe le plus fortement possible d’un revers de mon sabre. La tête part en arrière et crache son venin en direction du Vong. Puis, je saisis à nouveau la bête furieuse et j’enfonce mon arme dans sa bouche grande ouverte. Je bondis ensuite vers mon prochain adversaire. Il a tout l’avant-bras droit et une partie du torse qui fume, pourtant il ne montre aucun signe de faiblesse. Je n’en attends pas moins de ce membre d’une espèce se complaisant dans la douleur.
A l’inverse de mon premier ennemi, je ne lui laisse pas le temps d’agir. Je l’attaque de toutes mes forces. J’y prends presque du plaisir. Non, je me mens à moi-même, j’adore cela. Il y a cinq minutes, je voulais sauver une famille sans défense, en cet instant je veux me venger de tout le mal qu’on m’a fait, de tout le mal qu’on a fait à ma famille. Cela fait cinq ans que ça dure, et il est temps d'égaliser les scores. J’ai été atteint dans ma chair, ma dignité, mon honneur. J’ai évité de mourir de justesse. J’ai failli perdre ceux que j’aime de tout mon cœur. Quelqu’un doit payer pour tous ces actes, et tous ceux dont je ne me rappelle plus. Je sais que ce genre de pensées est mal, qu’en temps normal je condamne cette attitude, mais en cet instant c’est ce qui me fait avancer. Je suis totalement immergée dans la Force, je lâche tout. J’ignorais que j’avais toute cette rage en moi : le cumul de toutes ces années de douleur, le fait de n’avoir plus combattu au corps à corps depuis un certain temps, le fait d’être seule face à mes ennemis. On dit que j’ai un sang-froid légendaire, que je ne perds jamais mon contrôle, pourtant, pour une fois, je décide de suivre mes émotions. Pourquoi ? Ça fait du bien. Cinq années de retenue, cela suffit comme ça ! Mon ennemi recule toujours sous mes frappes. J’ai presque envie de rire. La scène d’une femme d’un mètre soixante faisant reculer un géant de plus de deux mètres cinquante doit être cocasse à contempler. Je continue le combat. Je vois l’armure de mon adversaire se fissurer et changer de couleur par endroit. Parfait, le venin a fait son effet. Je feinte sur la droite et je m’écarte au dernier moment. Je vois son bâton amphi s’abattre là où j’aurais dû être. Je lui tranche l’avant-bras, et, avant qu’il ne puisse réagir, je lui enfonce mon arme dans la poitrine, là où son armure est morte. Le Yuuzhan Vong chute en arrière, en crachant du sang. Il meurt avant de toucher le sol. Plus qu’un. Je me retourne et vois mon dernier ennemi reprendre ses esprits. Il espère me lancer un scarabée. Je m’approche de lui lentement, j’éteins mon arme et je le regarde. Il a un moment de surprise. Je lève ma main droite avant de l’abaisser brusquement. Le plafond s’écroule au-dessus de mon adversaire. Le Yuuzhan Vong est enseveli sous plusieurs centaines de kilos de béton. Plus aucun ennemi. J’ai gagné.
Le combat est terminé. Je m’accroupis et je reprends mon souffle. Mine de rien, j’ai dépensé beaucoup d’énergie et je dois absolument récupérer avant de rejoindre mes compagnons. Je respire bruyamment. Je profite de ce moment de répit pour analyser la situation. Avec surprise, je m’aperçois que la famille de honteux a disparu. J’essaye de me souvenir du moment où ils se sont éclipsés, mais je ne me rappelle que de ma propre rage. Ça m’effraye. Je n’ai pas l’habitude de me comporter ainsi, et surtout de prendre du plaisir à exécuter de tels actes. Même durant mes sombres années, je n’ai jamais éprouvé un tel sentiment ; il s’agissait seulement de la satisfaction du devoir accompli durant ces moments là. J’ai peur. Non, il ne faut pas avoir peur, c’est la voie directe vers le Côté Obscur et je n’ai aucune envie de lui rendre visite. Mais peut-être que j’y suis déjà ? Non. Depuis quelque temps, une nouvelle vision de la Force est apparue. Il paraît qu’on peut utiliser ses sentiments les plus sombres pour atteindre un objectif lumineux. Je n’y crois pas. Pourtant, c’est ce que je viens de faire. Peut-être… Je ne sais plus. Mon esprit est embrouillé. Je sens toute la planète trembler autour de moi. Je sais que ce n’est pas le moment de se livrer à une introspection. Plus tard, lorsque tout sera terminé. Que je sois vivante ou morte. Pour l’instant, j’ai une guerre à mener et des amis à aider.
Je me relève et je quitte cet endroit en empruntant le couloir par lequel je suis venue. J’ai à peine fait dix mètres que je m’arrête. Il me semble que… J’utilise la Force pour amplifier mes capacités auditives. C’est bien ce que je pensais. Certes, je ne peux pas sentir un Yuuzhan Vong dans la Force ; par contre je peux l’entendre, surtout quand il se déplace maladroitement et qu’il respire bruyamment. Je reprends ma marche en avant, je repère une cavité sombre, je m’y réfugie tout en recréant l’écho de mes pas grâce à la Force. Ainsi, on croit que je continue à m’éloigner. Je n’attends pas longtemps avant de voir une silhouette remonter le couloir, pliée en deux. Je la vois s’approcher de moi. Elle ne me verra pas, je le sais. J’ai créé un écran noir devant moi, comme l’aurait fait une parfaite fallanassi. Elle est bientôt là. Il s’agit d’un mâle, de la même taille que moi, et il ne semble pas armé. Ce n’est pas un honteux : il est déjà bien scarifié et ses habits indiquent une certaine richesse. Il n’a pas d’armure, donc il ne s’agit pas d’un guerrier. Il a tous ses doigts et seulement ses doigts, ce qui l’éloigne autant de la caste des modeleurs que de celle des prêtres. Il n’a pas la suffisance des intendants. J’ignore de qui il s’agit, mais de toute façon ça n’aura bientôt plus d’importance. Je bande mes muscles. Il passe devant moi. Je lui saute dessus. Je lui agrippe le cou, je le plaque contre le mur d’en face et j’active mon sabrolaser. Je lève mon arme tout en le regardant droit dans les yeux. Je m’aperçois que son regard est différent de celui des trois guerriers que je viens de tuer. J’y lis une certaine innocence, de la naïveté et de l’incompréhension. Je me rends alors compte que j’ai affaire à un adolescent. Malgré ce que me crie ma raison, mon cœur me souffle qu’il n’est pas dangereux. Depuis de nombreuses années, j’ai pris l’habitude d’écouter ce dernier dans ce genre de situation. Je relâche un peu mon emprise et le jette brusquement au sol. J’ai peut-être un cœur, mais je préfère ne pas le montrer à des inconnus, surtout à ceux qui ne sont pas dans le même camp que moi.
« Casse-toi ! »Lui ordonné-je sèchement tout en abaissant mon arme.
Le jeune Yuuzhan Vong se relève, me regarde et reste immobile. Je comprends qu’il n’a aucune intention de partir.
« Je ne suis pas d’un naturel patient. Tu fais ce que je te dis ou tu rejoindras tes trois amis ! » Répèté-je en essayant de me montrer menaçante, malgré le fait que je n’arriverais très probablement pas à lui faire du mal.
Il reste planté devant moi. Je le vois qui hésite. Fuir avec la certitude de rester en vie, ou rester afin d’accomplir ce qu’il est venu faire.
« Que veux-tu ? » Lui demandé-je, tout en restant sur mes gardes.
« Comprendre. » Me répond-il avec un accent guttural très prononcé.
Je reste perplexe. J’ai affronté de nombreux Yuuzhan Vong durant ces cinq années, pourtant aucun de ceux-là n’a jamais rien voulu en savoir plus sur les infidèles qu’il rencontrait. Qui est cet adolescent qui n’a eu besoin que d’un seul mot pour me désarçonner ?
« Comprendre quoi ? » M’enquiers-je en essayant de dissimuler au mieux le trouble qu’il vient de créer en moi.
« Cette guerre. Pourquoi nous battons-nous ? Pourquoi nous entretuons-nous ? » Continue-t-il sur un ton innocent, enfantin.
Deuxième réplique, deuxième surprise. Je ne parviens pas à y croire, ce dialogue me semble si surréaliste. Se moque-t-il de moi ? Est-il sérieux ? Ces deux interrogations résonnent dans ma tête, à tel point que je ne sais pas quoi répondre… Ce qui est une chose rare pour moi.
« Je veux savoir. » Insiste-t-il en me regardant droit dans les yeux.
J’y lis une telle sincérité que je ne peux m’empêcher d’exploser de rire. Un son qui le surprend complètement et qui rebondit dans tout le couloir. C’est la guerre, des centaines de personnes meurent chaque seconde, et moi je ris trois niveaux sous la surface de la planète, à tel point que j’ai mal au ventre. Enfin, je m’arrête. Je sèche mes larmes de joie et je me tourne vers mon interlocuteur.
« Je dois admettre que ça fait du bien et qu’il y a bien longtemps que je n’ai plus ri comme cela. En tout cas, j’ignorais que les Yuuzhan Vong avaient le sens de l’humour. On en apprend tous les jours. » Lui dis-je tout en reprenant mes esprits avec un peu de mal. « C’était drôle, mais la situation est grave. Mes amis m’attendent, et je suis sûre que les tiens aussi. Donc, on va partir chacun de notre côté et prier pour qu’on ne se croise pas d’ici une heure. Ce fut presque un plaisir. Adieu ! »
Toutefois, j’attends qu’il parte en premier pour reprendre à mon tour mon chemin. Je ne suis pas du genre à tourner le dos à un adversaire potentiel, même s’il m’a amusé. Pourtant, il ne bouge pas. Je sens à nouveau l’énervement monter en moi.
« Je veux comprendre cette journée. » Reprend-il, toujours sur le même ton innocent.
Ça y est, je suis en colère Je n’ai plus du tout envie de plaisanter.
« Cette journée sert à mettre un terme à la guerre que ton peuple a déclenché en arrivant il y a cinq ans ! » Lancé-je, prête à reprendre mon arme en main.
« On nous a promis une galaxie. » Rétorque brusquement l’adolescent, semblant soudain beaucoup moins inoffensif.
« Un mensonge ! » Contré-je en redoutant une attaque.
« J’ai entendu les rumeurs des quorealistes… Pourtant ce geste a sauvé notre race ! » Réplique-t-il sur un ton totalement convaincu.
« Tu crois ? » Demandé-je avec un sourire sardonique.
Il ouvre sa bouche puis la referme aussitôt. Il est malin. Il comprend que son peuple peut disparaître aujourd’hui.
« Nous avons gagné cinq année de plus, alors ! » Parvient-il à dire en essayant de se redonner une contenance. « Ce n’est pas rien. »
« Exact, ce n’est pas rien. » Répèté-je sur un ton moqueur. « Les milliards d’innocents que vous avez massacrés seront ravis d’apprendre que vous pensez à eux. »
« C’est un honneur de mourir. » Tonne-t-il en levant son poing droit au-dessus de la tête. « Par notre sacrifice, nous fusionnons à nouveau avec Yun-Yuuzhan, qui nous a donné la vie ! »
Je ne peux m’empêcher de faire une moue de dégoût. Un beau Yuuzhan Vong comme j’ai appris à les détester !
« Soit, mourez. Mais ailleurs que chez moi ! » Crié-je en le fixant intensément. « Ici, nous voulons vivre ! »
Sous la force de ma colère, il recule de deux pas avant de retrouver son courage et de s’arrêter.
« Je ne comprends pas… Vous êtes une
Jeedai, je le sais, j’ai vu votre sabre de lumière. » Déclare-t-il avec un regard confus.
Une fois de plus, ce comportement inédit me trouble, à tel point que j’en oublie presque ma colère.
« Et alors ? Où est le problème ? » M’enquiers-je tout en restant méfiante.
« Depuis le début de cette guerre, vous êtes en première ligne à chaque bataille. On raconte même dans mon peuple qu’un
Jeedai est mort comme les plus braves guerriers de nos légendes. » M’explique-t-il très simplement. « Il y a quelque chose qui ne va pas. »
« Les Jedi sont les gardiens de la Paix et la Justice dans la Galaxie. Notre rôle est de lutter contre ce qui menace ces deux notions. Il nous arrive donc de prendre les armes quand il n’existe plus d’autre alternative. Toutefois, nous le faisons toujours à regret car d’un certain point de vue, prendre les armes signifie que nous avons échoué dans notre médiation. » Lui raconté-je, comme je l’ai déjà souvent fait avec les jeunes Jedi qui me côtoyaient. « Seulement, ton peuple n’a voulu aucune négociation. Il nous a attaqués sans aucun motif. Vu que des innocents mouraient, nous devions remplir notre mandat. Ainsi, à chaque fois, nous nous sommes dressés sur votre chemin. »
Il me regarde en silence pendant quelques secondes. Je le vois soupeser chacun de mes mots. En plus d’être malin, il a reçu une brillante éducation : il sait raisonner. Ce n’est pas un adolescent classique chez les Yuuzhan Vong.
« Pourquoi me mentez-vous ? » Me demande-t-il en redressant la tête et en me fusillant du regard.
« Pardon ?» M’exclamé-je en sentant à nouveau la colère monter en moi.
« Je vous ai vu combattre : vous aimez cela. Je n’ai vu aucun regret dans votre comportement. »
En entendant cette affirmation, j’ai l’impression de recevoir une gifle. Il a raison, j’ai combattu avec rage ! J’ai donné un bien piètre exemple à quelqu’un à qui je voulais donner une leçon. Je comprends instantanément que j’ai mal agi. Dans ce combat, je n’avais plus rien d’une Jedi. C’est une certitude. Je n’ose imaginer ce que je suis devenue… Non, pas à ce point quand même ! Je suis à la frontière, j’ai juste le temps de faire marche arrière et de redevenir la Maître Jedi que je suis sensée être. Je regarde à nouveau mon interlocuteur. Je sais qu’il a assisté à mon conflit intérieur, comme j’ai assisté au sien quelques instants plus tôt. Quelle étonnante rencontre en plein milieu d’un champ de bataille.
« Tu as raison et tort à la fois. » Lui dis-je en rompant le silence qui s’était installé entre nous deux. « Oui, j’ai cédé à la rage, ce n’était pas digne d’un Jedi. Non, je ne t’ai pas menti. Tout ce que souhaite un Jedi, c’est de vivre en harmonie avec son environnement, en paix avec lui-même et ceux qui l’entourent. Malheureusement, à votre arrivée, vous avez brisé cette harmonie. »
« Quelle harmonie ? » Se moque mon jeune vis-à-vis. « Vivre avec des abominations ! En recouvrir intégralement un monde ! Les laisser en détruire un autre. Notre croisade a un motif : vous ramener sur la bonne Voie. »
« Et si nous refusons ? » questionné-je en croisant les bras devant moi. « Qu’en est-il du respect de la conviction de ceux qui nous entourent ? Notre liberté s’arrête là où commence celle d’autrui. »
« Et si ceux qui nous entourent suivent la mauvaise voie ? »
« Qu’en sais-tu ? Qu’est-ce qui te permet de porter un tel jugement sur un autre ? Ton point de vue ? Que fais-tu de celui de ton voisin ? » Continué-je en me mettant à avancer vers le Yuuzhan Vong. « Nous sommes là pour vous ramener sur la bonne Voie. Idiotie. Il n’y a pas de bonne Voie, ni de mauvaise Voie, il y a seulement une Voie pour chaque individu. Nous sommes tous différents. C’est valable chez nous, comme chez vous ! »
Il veut riposter mais je l’interromps d’un geste de la main.
« Stop. Ne t’engage pas sur ce chemin, ton peuple et toi, vous êtes vraiment mal placés pour parler. » Déclaré-je d’un ton sec avant de reculer.
Immédiatement, je comprends que je me suis laissée emporter. Il me regarde fixement, serre le poing comme pour me frapper, mais parvint à se retenir. Encore une fois, il prouve qu’il n’est pas comme ses semblables.
« Que voulez-vous dire par là ? » S’enquiert-il finalement en contenant parfaitement son irritation.
Je lui dois une explication. Je sais qu’il ne me lâchera pas tant que je ne la lui aurais pas fournie.
« Que sais-tu du refus de Quoreal d’envahir cette Galaxie ? » Commencé-je après avoir réfléchi sur la manière de lui présenter la cruelle vérité.
« Je sais qu’il a été abandonné des dieux et que c’est pour cela que le Seigneur Shimrra a pris sa place. » Me répond-il avec une curieuse lueur dans le regard. « Mais je sais aussi qu’il existe une autre version. Il aurait rencontré une planète vivante, signe de mauvais augure selon nos traditions, ce qui l'aurait décidé à ne pas envahir cette galaxie. Il y a quelques jours encore, j’aurais trouvé cette rumeur farfelue et j’aurais tué celui qui me l’aurait rapportée. Mais aujourd’hui, en voyant le nouvel astre qui brille dans le ciel, je pense que cette rumeur est proche de la réalité. »
« Cette planète s’appelle Zonama Sekot et elle est tout ce qui y a de plus réel. » Révèlé-je en guettant sa réaction.
Il ne montre absolument rien.
« Toutefois, je pense que pour la survie de notre race, il fallait venir dans cette galaxie, malgré l’avertissement. » Observe-t-il sur un ton neutre.
Il a une conviction, c’est bien pour son âge.
« Je pense que votre venue dans cette galaxie n’est pas un hasard. Vous avez été attiré jusqu’ici. » Dis-je avec conviction. « Malheureusement, ni Quoreal ni Shimrra n’ont compris comment faire face à cette planète vivante. L’un voulait fuir, l’autre voulait la détruire. La solution était beaucoup plus simple et ton peuple l’a oubliée au fil des millénaires. »
« Je ne comprends pas. » Déclare-t-il, à nouveau troublé.
« Récemment, des Yuuzhan Vong ont débarqué sur Zonama Sekot. Il y avait une modeleuse, un prêtre et un traître. La modeleuse a trouvé une similitude génétique entre ta race et cette planète. Le prêtre a trouvé un lieu qui lui était plus familier que le vaisseau-monde dans lequel il est né. Le traître a préféré ne rien sentir afin d’essayer de la détruire. La modeleuse est morte, le prêtre a été laissé pour mort et le traître a fui. » Murmuré-je lentement. « Heureusement, le prêtre a survécu. Durant sa convalescence, il a compris pourquoi il se sentait si bien sur cette planète. »
« Yuuzhan’tar… Mais Yuuzhan’tar est détruite… Peut-être a-t-elle laissé une graine derrière elle et l’a envoyé loin de chez nous, sachant qu’elle était menacée ? » Poursuit l’adolescent en comprenant ce qui s’est passé des dizaines de milliers d’années auparavant.
Une fois encore, il m’étonne. J’ai mis des jours à apprivoiser ce concept, d’ailleurs aujourd’hui encore j’ai du mal à y croire, pourtant cela semble tout naturel pour lui.
« Mais pourquoi était-elle menacée ? » Me demande-t-il d’une voix tremblante.
Il s’en doute, mais il ne veut pas encore accepter la vérité.
« Zonama Sekot est une planète paisible. Tout comme devait l’être Yuuzhan’tar. »
« Nous ! » Fait-il en titubant.
« Exact. Il y a bien longtemps, ton peuple a affronté un ennemi, deux peuples de droïdes. Yuuzhan’tar lui a fourni les armes pour se défendre, malheureusement il a pris goût à la violence. Peu à peu, toute cette violence a détruit ce monde idyllique et toute la galaxie qui l’entourait. » Expliqué-je en me remémorant l’histoire racontée par Zonama Sekot après que la planète ait retrouvé ses souvenirs. « Pour vous punir, Yuuzhan’tar vous a privé de votre connexion avec la Force. C’est pourquoi nous, Jedi, ne pouvons vous percevoir, et c’est pour cela que vous vous complaisez dans la souffrance. Cette damnation vous a fait si mal que vous avez cru qu’il s’agissait du cadeau ultime de vos dieux. En fait, ce n’était que votre punition pour avoir déchaîné une vague de violence dans toute votre galaxie. »
Il me regarde. Il ne me pose aucune question, il sait que je dis la vérité. Il vacille et tombe au sol. Je m’attends à des cris de rage, de déni, de désespoir, mais tout ce que je vois ce sont des larmes. Une nouveauté de plus : j’ignore qu’un Yuuzhan Vong peut pleurer. Ce comportement me trouble, je ne sais pas quoi faire.
« En fin de compte, cette journée n’est que la conclusion logique de notre histoire. » Fait-il d’une voix amère secouée par les sanglots. « Nous méritons la mort. Zonama Sekot a bien choisi son camp. »
« Non, tu te trompes. Elle n’a choisi aucun camp, elle veut simplement vous envoyer un message. » Indiqué-je en m’accroupissant devant mon interlocuteur.
« Quel message ? »
« La fin du règne de la souffrance, le début d’une vie nouvelle. »
« Peut-être pour les autres… Pas pour moi. » Fait-il avec un rire nerveux. « Je suis mort. »
« Pourquoi ? » Lui demandé-je en fronçant les sourcils.
Il me répond d’abord par un autre ricanement.
« Parce que j’avais été choisi avec d’autres pour faire partie des candidats à la succession du Seigneur Shimrra après sa mort. Seulement, il y a quelques semaines, il a décidé de nous éliminer. J’ai réussi à m’échapper et depuis lors je vis ici, avec des guerriers restés fidèles. » M’explique-t-il d’une voix tremblante.
« Attends, les guerriers que j’ai tué, ils étaient avec toi ? »
« Oui. Pourquoi ? »
Je ne lis aucun regret dans son regard, seulement une simple curiosité. Mon sang ne fait qu’un tour. Je le saisis par son col, je le relève et je le menace de mon sabrolaser.
« Pourquoi t'en es-tu pris à cette famille de honteux ? » L’interrogé-je en redoutant sa réponse.
« Parce qu’elle se trouvait sur mon chemin. » M’indique-t-il en me fixant avec des yeux écarquillés.
Je fais tout pour essayer de me contrôler. Je repense à la famille de honteux que j’ai sauvé, je revois toutes les familles que j’ai protégées et surtout j’imagine toutes celles qui n’ont pas eu cette chance. Je suis submergée par l’émotion. Je m’emporte lorsque l’image de ma famille apparaît devant mes yeux. Une famille que j’ai faillie ne pas avoir et qui risque de disparaître au terme de cette bataille. J’oublie mes obligations de Jedi. Je vois rouge. J’active mon arme.
« Ton peuple est vraiment pourri. » Grincé-je entre mes dents en sentant la froideur envahir mon cœur. « Bravo, ça a failli marcher. Tu as presque réussi à me convaincre que tu étais différent, que tu pouvais comprendre, que tu pouvais changer… Non, tu ne vaux pas mieux que les autres ! »
« Je peux aussi vous retourner le compliment ! » Contre-t-il sans essayer d’échapper à mon emprise. « Je croyais que vous n’aimiez pas tuer, vu d’ici ça n’en a pas l’air ! Vous parlez bien, mais en fin de compte vous ne voulez pas de nous dans votre Galaxie. Tout comme nous ne voulons pas de damnés dans notre peuple ! »
« Comment peux-tu parler de damnés alors que c’est tout ton peuple qui l’est ! » Riposté-je en visualisant déjà comment je vais mettre un terme à sa vie.
« Parce que je ne le savais pas ! Parce que c’est tout naturel de châtier un honteux qui se comporte mal ! Shimrra a voulu me tuer mais ce n’est pas pour cela que je vais m’abaisser à ce point ! » Crie-t-il sur un ton convaincu « C’était peut-être une erreur mais c’est la même que la vôtre ! Il est difficile pour tout le monde de changer ses habitudes… Toutefois pour moi, c’est trop tard. Tuez-moi. Je suis un monstre et je n’ai plus aucune raison de vivre. »
Cette dernière affirmation sonne creux dans mes oreilles... Toutefois, je m’efforce de ne pas l’entendre. Je me concentre sur ce que je dois faire. Je sais que je peux le tuer : j’ai la technique, j’ai l’expérience de ce genre d’action et surtout il n’y a aucun témoin. Je sais que de nombreuses personnes me féliciteraient pour cet acte qui a maintes fois été réalisé durant cette guerre. Je sais même que mon mari me pardonnera ce moment de faiblesse, se rappelant toute la souffrance que j’ai endurée à cause de ces envahisseurs. Pourtant, je ne parviens pas à faire ce geste si simple qu’est celui de lui ôter la vie. Ma main se met même à trembler. En cet instant, je ne sais plus du tout qui je suis.
« Tuez-moi ! » Hurle-t-il de toutes ses forces.
Je ne l’entends presque pas. Je reste figée. Je vois ma vie défiler devant mes yeux. Je vois d’où je suis partie, je vois où je suis arrivé, mais surtout je vois le chemin que j’ai parcouru. Ça et là, je vois des marques sombres, tel mon combat de tout à l’heure, mais malgré tout je sais que je peux être fière de ma vie. Enfin, je vois ce que je compte faire et je comprends que j’arrive à un point crucial de mon existence. Aujourd’hui n’est pas seulement le jour où le destin de la Galaxie se joue, c’est surtout le jour où je décide définitivement de qui je suis. Je prends ma décision.
« Non, je ne te tuerai pas. » Annoncé-je en éteignant mon arme et en la raccrochant à ma ceinture. « Je ne tuerai pas si ce n’est pas nécessaire, même mon pire ennemi. Jamais. »
Je me recule et lis de l’incompréhension dans ses yeux. Puis, il comprend quelque chose. Des larmes jaillissent de ses yeux alors qu’il s’écroule au sol, où il se recroqueville comme un fœtus.
« Shimrra m’a enlevé mon avenir, vous avez détruit toutes mes certitudes et vous venez de me priver de la dernière chose qui m’était chère… la mort. » Sanglote l’adolescent en se frappant la tête au sol. « Il fallait me tuer, je n’ai aucun futur… Si mon peuple gagne cette guerre, Shimrra me tuera ; si votre peuple gagne ce conflit, les honteux que vous soutenez me tueront. Je suis perdu, je ne suis plus rien. »
Je sais parfaitement ce qu’il est en train d’éprouver, car je l’ai déjà vécu moi-même de nombreuses années auparavant. Il l’ignore encore, mais ce jour comptera pour toujours dans sa vie future. Involontairement, il vient de m’aider à trouver ma voie hors de ce conflit destructeur qui a ravagé mon univers pendant cinq ans, à surmonter la haine que j’ignorais posséder, et à tracer un chemin que j’emprunterais volontiers avec ma famille si je survis à cette terrible journée. C’est à mon tour de l’aider. Je viens de détruire ses convictions, à moi de lui en proposer de nouvelles. Je m’accroupis à ses côtés et je lui pose la main sur l’épaule. En le regardant cette fois-ci, je ne vois ni un Yuuzhan Vong, ni un adolescent, seulement une âme en détresse que la Jedi que je suis doit secourir.
« Je connais cette sensation, je l’ai vécue moi-même il y a plus de vingt ans. Tout mon univers s’est écroulé. J’ai cru mourir. Pourtant, j’ai continué à vivre et malgré tout j’ai remonté la pente. Certes, ce ne fut pas facile tous les jours, mais j’ai réussi à me recréer une nouvelle vie que je considère largement meilleure à celle qu’on avait édifiée pour moi. » Le consolé-je presque comme si c’était mon propre enfant. « Considère ce jour non pas comme celui de ta mort, mais comme celui de ta naissance. Tu n’es pas la machine qu’on a programmée depuis toujours, tu es Toi et tu me l’as prouvé à maintes reprises dans cette conversation. Ecoute ton cœur et construis ce qu’il veut. Je te promets que ce sera dur, que ce sera la chose la plus difficile que tu aies jamais tenté de faire, que tu voudras retourner de nombreuses fois à tes anciennes habitudes, mais je te promets aussi que si tu tiens le coup, si tu parviens à surmonter tous les obstacles qui se présenteront sur ton chemin, tu trouveras ton bonheur, ta raison de vivre. »
Ses pleurs ont cessé depuis un moment déjà. Il m’écoute attentivement. Je sens une nouvelle vigueur poindre en lui. Je sais que, tout comme il m’a cru lorsque je lui ai révélé les secrets de son peuple, il me croit lorsque je lui promets un avenir. Je sais que c’est temporaire et qu’il aura à nouveau des doutes lorsqu’il se retrouvera seul ; et par-dessus tout, je sais que tout ce discours s’avérera inutile si mon camp perd la guerre. Néanmoins, cela n’a pas d’importance. Ce qui compte réellement, c’est qu’en ce moment précis, il sait que son futur peut être totalement différent de la voie qu’il a toujours suivie jusque-là. Si un tel miracle est possible, alors cela signifie que tout l’est par ailleurs.
« J’ignore comment va se terminer cette guerre, mais je veux que tu te souviennes de mes paroles pour le restant de ton existence, qu’elle dure une heure ou un siècle. C’est la clé pour changer la galaxie. » Reprends-je en toute sincérité.
Il se redresse. Il me fixe. Je ne parviens plus à croire qu’un moment j’ai pu le considérer comme mon ennemi.
« Tout le monde ne comprendra pas vos paroles. Dans mon camp, comme dans le vôtre. » Dit-il d’une voix calme.
Cette rencontre n’est qu’une petite parenthèse au cours d’un conflit destructeur, mais elle aura permis à deux ennemis de se trouver un objectif commun vers lequel se diriger. Mettre fin aux erreurs du passé. Seulement, il va falloir encore combattre pour arriver jusque- là. La folie meurtrière est une chose bien difficile à stopper, et à chaque fois, elle ne nous offre que deux possibilités…
« Je sais. Nous sommes toujours en guerre, il y aura encore beaucoup de morts. Des deux côtés. Mais il faut aussi croire que les hostilités peuvent cesser, et c’est pour cela que je suis ici. » Affirmé-je sur un ton résolu.
« Je vous crois. J’ignore quel sera notre avenir à chacun, mais je sais qu’on le trouvera chacun de notre côté. » Fit-il tout en se relevant. « Je m’appelle Konulal, et vous ? »
« Mara Jade Skywalker. » Réponds-je fièrement.
« J’ai entendu parler de vous… Maître
Jeedai Mara Jade Skywalker, ce fut un honneur. »
Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il fait demi-tour et disparaît dans le premier couloir venu. Je reste là jusqu’à ce que je n’entende plus le bruit de ses pas, puis je me retourne et prends le chemin de la surface. Je viens de redonner la vie à un Yuuzhan Vong, mais je sais que je risque de prendre celle du prochain que je croiserai. Je ne me fais aucune illusion, nos deux peuples sont toujours en guerre. Et ils le seront tant que Shimrra n’aura pas été arrêté. Après ce sera l’incertitude, mais cette conversation m’a donné un petit espoir. Je suis à nouveau dehors. Je sens Tahiri et Kenth Hamner qui poursuivent leur route. Je me mets à courir dans leur direction. Un guerrier adverse se dresse sur mon chemin. L’affrontement est inévitable. Je suis une Maître Jedi : mon objectif est de mettre un terme à cette guerre, pas de me venger. Une résolution difficile à tenir. Ça me plaît. J’active mon sabrolaser. Je cours.
La suite, c’est de l’histoire connue !
Oiki Ran, le Ktâh qui attend vos réactions avec une légère crainte!!