Par : NagaSadowMaster
An 25 : Le Nouvel Ordre Jedi.
Version intégrale et corrigée de la F.F.
Star Wars -Living Force
Episode 1 : Ténèbres.
Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Prologue :
Le vaisseau pirate décrivit un long virage sur la droite au moment où l'un de ses réacteurs explosa, perturbant le calme glacial de l'espace. Vomissant des flammes et des débris de métaux brûlants dans le vide. Alentours, il n'y avait rien, pas même un navire à accoster, même si le capitaine ne pensait pas à cela à cet instant. Non, il scrutait les ténèbres en espérant voir n'importe quel type de vaisseau sortir de l'hyperespace et venir le secourir.
Mais il n'y avait rien, pas un vaisseau. Pas même une planète. Le capitaine savait qu'il était sur la voie commerciale de Rimma, quelque part près d'Utapau (sûrement) mais le fait que ce secteur de l'espace était désert l'inquiétait profondément. D'autant qu'il s'agissait d'une voie commerciale usitée.
Il portait un masque respirateur, qu'il avait dû enfiler avant que l'explosion n'ait déchiré la coque et entraîné une fuite massive de l'air. Il constatait également qu'il n'avait plus son blaster et qu'il avait un mal de tête violent. Lorsqu'il retira son front de la vitre en transparacier, il vit qu'il perdait du sang abondamment à cet endroit. Il garda la sensation glacée quelques instants avant qu'elle ne s'évanouisse lorsqu'il posa sa main droite sur sa plaie ensanglantée et qu'il conclut qu'il s'agissait d'une légère entaille. Rien de grave à côté de la situation du vaisseau : l'incendie gagnait du terrain, le carburant s'échappait dans l'espace et la trajectoire incertaine de l'appareil était plus qu'inquiétante. D'autant qu'il se souvenait d'un champ d'astéroïde situé non loin de là.
Le capitaine paraissait sortir de sa torpeur et commença à avancer vers le cockpit. Il trébucha et manqua de se blesser à la main. Il comprit que ses jambes ne lui répondaient plus mais au lieu de jeter un œil sur elles, il rampa dans les morceaux de verres et de métal. Oubliant la douleur, il progressait péniblement sur le sol dévasté du vaisseau. Diverses explosions secouaient le bâtiment en perdition, la détermination du capitaine était bien encrée : peu importait ce qui arrive, peu importait cette odeur de gaz, de carburant et de matière brûlant dans tout les coins. Peu importait tout ça. Étrangement, il n'avait qu'une idée en tête : rejoindre le cockpit. Pourquoi ? Il l'ignorait. Peut-être allait-il pouvoir avoir un aperçu de ce qui venait d'arriver à son vaisseau. Il voulait connaître la vérité avant de mourir et dans le même temps, peut-être allait-t-il pouvoir savoir s'il y avait d'autres survivants à part lui. Tout en contenant sa douleur, il avançait en faisant un rapide point de ce qu'il savait, c'est-à-dire peu de choses : il y a une dizaine de minutes, peut-être moins, lui et son équipage sortaient de l'hyperespace et ensuite.... Ensuite l'enfer.
Il continuait à ramper, les morceaux de verres s'enfonçant dans la chair de ses mains et de ses genoux, et la douleur le saisissant de toute part. Peu importe, il devait avancer, le plus vite possible avant que ça ne soit trop tard.
- Kerran !
Il parvenait à entendre son prénom malgré les explosions et le tonnerre qui bourdonnait dans ses oreilles. C'était la voix de sa copilote. Sa volonté d'accéder jusqu'au cockpit se multiplia, il accéléra et répondit :
- Je suis là ! Ne t'inquiète pas j'arrive !
Il porta sa main à sa gorge et constata qu'il était légèrement blessé à cet endroit.
- Où es-tu ?!
Sa voix sembla se perdre dans les explosions qui pulvérisaient l'arrière de l'appareil.
- ... ici ! lança la jeune femme après un cri de douleur.
La voix provenait d'un angle situé juste avant le cockpit. Kerran atteignit sa copilote avec difficulté, lorsqu'il leva péniblement les yeux sur elle, son regard trahissait ses pensées.
- Léarra.... commença-t-il incapable de lui dire la vérité.
- Est-ce que c'est si grave ? demanda-t-elle affichant presque un rictus comme si elle avait deviné ce qu'il pensait.
Kerran examina rapidement sa jeune copilote écrasée contre la parois par une poutre d'acier qui enfonçait en même temps des morceaux de verres et de métaux profondément dans le corps de Léarra; à ce stade, il n'y avait plus rien à faire. Elle avait réussi, in extremis, à enfiler un masque respirateur. Aze, un rodien qui s'occupait de la maintenance du vaisseau, n'avait pas eût une telle chance : son visage anhydre et inanimé suffisait à décrire son état.
- Non... répondit enfin Kerran, une larme au coin de l'oeil. Non, ce n'est pas si grave...
- Tu... tu es pas mal amoché... toi aussi... répliqua-t-elle toujours avec un léger rictus.
- ... ne t'inquiète pas... ça va aller... Tu as toujours été plus résistante que moi... commença-t-il d'un ton nostalgique. Tiens le coup Léarra... je suis sûr que des secours vont arriver et...
- Tu crois vraiment... que... quelqu'un voudrait secourir... un vaisseau pirate ? lança-t-elle alors.
Kerran, qui s'était fait la même réflexion, ne put qu'acquiescer.
- Tu as raison... mais... nous devons garder espoir... continua-t-il, tentant de calmer sa copilote.
Elle affichait toujours son rictus, il avait cru jusqu'alors qu'elle tentait de rester la même jusqu'à la fin : une femme qui ne se laissait jamais aller aux larmes et ce malgré les pires choses qui pouvaient lui arriver. Mais il comprit avec horreur que cela n'avait rien à voir : ce rictus était dû à ses blessures, ce n'était pas un sourire de joie mais plutôt une grimace de douleur.
- Léarra... dit-il à voix basse comme s'il admirait le courage avec laquelle elle résistait à la souffrance, puis il lui vint une question qu'il avait presque peur poser, c'était la première pensée qu'il avait eût après toutes ses explosions : Léarra... qu'est-il arrivé à notre vaisseau ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Léarra le regarda avec raideur, bien que la situation fût déjà extrêmement grave :
- Alors... tu... tu ne te souviens vraiment de rien ?
Le sang de Kerran se glaça tandis qu'il secoua négativement la tête :
- Je ne me souviens d'absolument rien...
Chapitre 1 : Une journée comme une autre.
L'air étouffant de Tatooine l'avait déjà incommodé, cette fois, c'était son sable brûlant qui estompa en quelques instants les effets de l'alcool qu'il avait ingurgité -ce qui était plus qu'insupportable pour lui-. Il se releva, tenant à peine sur ses jambes, puis il jeta un regard légèrement imbibé autour de lui : il se trouvait devant une Cantina mais son nom lui échappait complètement.
- Et que je t'y reprenne plus à importuner mes clients avec tes histoires ! lança une voix à l'entrée de la cantina avant de disparaître dans l'obscurité de la taverne.
Il fit quelques pas fébriles puis tomba à genoux.
- ... décidément, il faut que j'arrête avec cette liqueur... se dit-il à haute voix.
- Je confirme... répliqua une voix féminine. Tu as encore été "sorti" d'une cantina, Kerran ?
Il leva les yeux et grimaça.
- Je savais bien que je connaissais cette douce et légère mélodie.... . (Il se releva en enlevant un peu de sable sur son pantalon) Léarra, la belle Léarra qui rendrait romantique le pire des brigands de la galaxie ! Que me vaut ce plaisir ?
Léarra le foudroya du regard :
- Gardes tes compliments, Kerran, je n'ai pas exploré tout les bars de la galaxie pour entendre tes flatteries pour Twi'leks en mal d'amour...
Kerran sembla revenir très vite au sérieux .
- Oww... tu me brises le cœur ! (il fit mine d'avoir une douleur dans la poitrine) Soit, alors, pourquoi as-tu fait tout ce chemin depuis Dantooine si ce n'est pour notre ultime baiser d'adieu ? demanda-t-il en levant les sourcils d'un faux air de charmeur.
Léarra gardait son regard glacial sur lui :
- Tu devrais attendre que l'effet de l'alcool se dissipe, Kerran, répliqua-t-elle d'un ton sec. Je ne suis pas venu ici pour ça.
Kerran sourit de plus belle :
- Je ne suis déjà plus soûl... c'est le fait de te voir qui me fait un peu divaguer... continua-t-il . Un baiser pourrait me rendre mes esprits ...
Léarra sentit la colère prendre de plus en plus le dessus :
- Euh... (faisant mine de réfléchir) non ! Un coup de poing ça te vas ?
Kerran sourit tout en mettant ses mains devant lui :
- Non, non, merci... . Tu as perdu ton sens de l'humour, ma chère... lança-t-il. C'est ce qui faisait pourtant ton charme...
La jeune femme paru de plus en plus impatiente :
- Arrêtes tes âneries Kerran ! J'ai besoin de ton aide !
Il redevint immédiatement très sérieux et fixa les yeux verts de la belle Léarra :
- De quoi s'agit-il ? Tu as encore des ennuis avec les Hutts ?
- Non... c'est autre chose...
- Les mandaloriens ?
- Non...
- Les siths ? posa Kerran, conscient néanmoins qu'ils n'étaient plus apparu dans la galaxie depuis un bon moment et il valait mieux, compte-tenu de ce qu'il se rappelait d'eux...
- Non, je te dis que c'est autre chose !
- Ne me dit pas que c'est les gungans, parce-que là, je pourrais pas t'aider... ils sont bien trop puissants pour moi ! dit-il en éclatant de rire.
Léarra commença à faire demi-tour.
- Attends ! Où est-ce que tu vas ?
- Je pars... je n'aurais même pas dû venir, tu n'as pas grandi depuis l'année dernière, Kerran ! avoua-t-elle, visiblement déçue.
Kerran secoua la tête : toi aussi, toujours aussi susceptible... pensa-t-il.
- Léarra ! Très bien, vas-y, je t'écoute... dit moi ce qui t'arrives...
La jeune femme se retourna, ses longs cheveux noir ondoyant dans la légère brise de Tatooine, et fixa Kerran droit dans les yeux. De ce regard qui l'avait bien plus charmé que ce qu'il avait bien voulu admettre. Il aimait faire croire à Léarra que ce n'était que son humour qui l'avait séduit. Mais ces yeux-là, il ne les avait vu qu'une seule fois -il préférait d'ailleurs ne pas se rappeler de ce mauvais souvenir- mais là, il sut que c'était du sérieux. Elle se rapprocha de lui :
- On devrait parler de ça ailleurs... fit-elle en jetant des regards autour d'eux.
- Tu crois peut-être qu'on nous surveille ? répondit Kerran avec un large sourire. C'est ridicule, voyons, Léarra... !
Elle le regarda d'un air grave :
- Kerran....
- Très bien... Allons dans ton vaisseau...
- Tu n'avais pas un "chez toi" sur cette planète ?
- Euh... commença Kerran l'air embarrassé. J'ai eût quelques malchances au Pazaak... ajoutes-y quelques dettes chez les Hutts et mes fréquentes "sorties" de bar.... bref, tu as compris... les autorités locales ne sont plus aussi heureuses de me compter parmi leurs "bons citoyens"...
Elle leva les yeux au ciel :
- Tu n'as vraiment pas changé ! dit-elle dans un soupir.
Le hangar B-23 accueillait le vaste Vulpture, un vaisseau pirate possédant une coque d'une grande solidité et six propulseurs ioniques extrêmement puissants. Il avait l'allure d'un bâtiment de Coruscant mais d'autres disaient que c'était le mélange réussit entre un superdestroyer impérial et les formes épurées et arrondies des plus beaux vaisseaux de lignes. Néanmoins, le temps était passé sur le Vulpture et il ne l'avait pas épargné. Les différents "accrochages" ayant également laissés leurs parts de cicatrices... Kerran ne pût s'empêcher d'avoir un sentiment nostalgique en revoyant l'appareil.
- Tu l'as mieux entretenu que je ne l'aurais fait... avoua-t-il. Je suis impressionné...
Elle le considéra des pieds à la tête et marmonna :
- Quand on voit comment tu t'entretiens...
- Qu'est-ce que tu as dit ? demanda Kerran avec un regard inquisiteur.
- Rien rien... Tu as toujours tes préjugés sur les femmes à ce que je vois...
Il s'arrêta, paraissant offusqué (ou faisant mine de l'être plutôt) :
- Moi ? Tu plaisantes !
- Non... répliqua-t-elle avec un rictus.
- Léarra, voyons, si ça avait été le cas, je ne t'aurais pas laissé MON vaisseau... Je l'aurais confié au premier jawa venu ! observa-t-il, tentant de rester sérieux.
- Mouai... dit-elle, légèrement amusée par la réplique de Kerran (même si elle essayait de le cacher). Je te rappelle quand même que c'est MON vaisseau aujourd'hui, je l'ai gagné à la loyale !
Kerran s'arrêta à nouveau :
- Tiens, ça me rappelle vaguement quelque chose... lança-t-il. Mais j'ai des témoins qui te prouveront que ce bras de fer n'était pas réglo !
Léarra sourit franchement :
- Tu plaisantes ? Ta fierté en a pris un coup, mais c'était bien réglo'... et je crois savoir où tu iras pêcher tes "témoins"... dans la première cantina que tu trouveras!
- Ah si tu savais... ils demandent de plus en plus... . Payer des témoins aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir avec le bon vieux temps... .
Ils arrivèrent enfin au vaisseau et y grimpèrent sans attendre. Léarra verrouilla les accès et s'assura qu'elle n'était pas écoutée. Kerran s'assit et la regarda faire toutes ces vérifications en se demandant ce qui pouvait bien arriver à la jeune femme pour qu'elle soit autant sur ses gardes. Lorsqu'elle eût finit, elle s'assit à son tour, juste devant Kerran.
- Il y a cinq jours, je faisais route vers Nubia par la voie corellienne classique lorsque j'ai reçu une transmission... (elle s'arrêta, comme si elle tentait de reprendre le contrôle de ses pensées) Mes parents ont été assassinés ainsi que mes frères et soeurs...
- Quoi ?! cria Kerran, abasourdi.
- Je t'en prie Kerran, ne m'oblige pas à me répéter...
Soudain, la jeune femme souriante et sarcastique de toute à l'heure n'existait plus. Léarra tenta de rester calme tandis que les larmes montaient de plus en plus et que les sanglots déformaient sa voix.
- Pourquoi... que... Comment est-ce arrivé ? questionna Kerran.
- Je l'ignore ! cria Léarra. J'ai été contacté par des gens très louches... mais tu me connais, je ne me fie jamais aux apparences... et après tout, on a fait affaire avec des gens encore pires... . Il fallait simplement que je réceptionne un "colis" et que je le livre près de Subterrel...
- Qu’y avait-il dans ce ’colis’ ?
- Je ne sais pas ! On nous a interdit de l’ouvrir, ça aurait rendu notre contrat caduque et on n’aurait pas été payé ! Tout ce que je sais, c’est que ça avait l’air d’être un appareil, qu’il émettait des sons étranges et qu’il était très important aux yeux de ces ‘gens louches’... raconta-t-elle .
- Très bien... pourquoi as-tu besoin de moi ? Qu’est-ce que tu comptes faire ?
- On va remettre la main sur ce colis... et trouver ceux qui ont fait ça à ma famille ! fit-elle avec un regard froid et rempli de rage. La question est... est-ce que tu me suis ?
L'interrogation resta en suspens tandis que Kerran regardait nerveusement autour de lui :
- Euh... tu n'aurais pas quelque chose à boire sur ton vaisseau... Je sais pas... une petite liqueur de Boz Pity... ou...
- Kerran ! lâcha-t-elle avec un ton sévère. Il n'y a rien à boire ici... en tout cas pas ce genre de boissons... Est-ce que tu vas m'aider ou non ?
Kerran se leva et fit quelques pas vers la cale du vaisseau :
- Je suis vraiment désolé pour ce qui est arrivé à ta famille, Léarra. Je suis sincère, ça m'attriste profondément... tu sais à quel point je les appréciais...
- ...ça veut dire que tu ne veux pas m'aider ? coupa-t-elle.
Kerran secoua la tête :
- Je n'ai pas dit ça... C'est juste que... Il me semble que tu t'emportes un peu vite. Qui te dit que les personnes du "colis" sont liées au meurtre de ta famille ? Tu as dû en connaître pas mal depuis, des malfrats de toutes sortes... ça me paraît un peu juste de se baser sur de simples hypothèses... expliqua-t-il d'un ton calme.
Léarra se leva à son tour en lui faisant face :
- Non Kerran, pas des hypothèses... sur mon intuition... ! lâcha-t-elle comme s'il s'agissait d'une véritable preuve.
Il sourit légèrement avant de répondre :
- Ah... l'intuition féminine... Mais ça ne suffit pas Léarra ! Qu'est-ce que tu sais de ces gens ? Qu'est-ce que tu sais de cette "mission" qu'ils t'ont confiée ?
Léarra baissa la tête, tentant de se souvenir du moindre détail du premier entrevu qu'elle avait eût avec ces "gens louches" :
- Voilà ce dont je me rappelle :" Moi et mon équipage, avions décidé de rester quelques temps sur Coruscant, histoire de se faire un peu de crédits et de repérer quelques cibles potentielles : des cargos corelliens, des vaisseaux de lignes, ce genre de choses, je pense que tu me suis. On est allé se détendre au Outlander et c'est là qu'un de mes contacts m'a parlé d'un petit boulot facile... Vu que j'étais un peu à sec, j'ai accepté et il m'a donné une adresse dans les recoins de la ville..."
- C'est là que tu as rencontré les "gens louches" ? questionna Kerran réfléchissant à ce qu'il venait d'entendre.
- Exactement... Continua Léarra. Man'Kcini et An'Rose m'avaient accompagné au lieu dit, pour veiller à ma sécurité. Lorsque nous sommes arrivés, eux étaient déjà là mais on ne pouvait pas distinguer leurs visages. Ils nous ont même demandé de nous arrêter à une certaine distance, j'ai trouvé ça tout de suite bizarre et j'ai soufflé à An'Rose de rester sur ses gardes. Ils ne m'ont posé que deux questions : si mon vaisseau allait suffisamment vite et si j'étais prête à assumer la responsabilité du colis. J'ai répondu par l'affirmative avant de leur demander ce que ce "colis" contenait. Ils ne m'ont rien dit à part qu'il était extrêmement fragile et d'une grande importance.
- Tout ça sens le secret d'État... lança Kerran, visiblement inquiet. Et ensuite ?
- Ils ont placé un traceur sur le colis et m'ont donné la moitié de la somme convenue. Ils ont exigé que je parte avec le colis le soir même et qu'en cas de détour, ils me retrouveraient et me descendraient...
Kerran s'assit après s'être servit une tasse de ce qui s'avérait être un thé Corellia :
- Pourquoi des gens qui semblent posséder suffisamment de moyens pour traquer un vaisseau dans toute la galaxie... s'offrirait les services d'une pirate simplement pour une livraison... Ils perdent du temps inutilement : ils pourraient livrer le colis par eux-mêmes... Ce n'est pas logique... pensa Kerran à haute voix.
- Peut-être qu'ils sont du genre à laisser les basses besognes à des gens moins riches qu'eux... émit Léarra.
- Probablement... ou alors ils ne veulent pas attirer l'attention sur eux... Ce genre de transport illégal est plutôt courant et les autorités mettent rarement la main sur la marchandise... même si tu avais été arrêté, tu n'aurais rien pu dire sur eux à part ce que tu m'en as dit. C'est-à-dire peu, expliqua Kerran d'un ton mystérieux.
- A quoi tu penses ? demanda-t-elle encore plus inquiète.
- Je pense que quelqu'un tente de renverser la Nouvelle République... quelque chose me dit que ce "colis" contient de quoi "abattre" notre cher Borsk Fey'lya... exposa-t-il.
- Une bombe ?
- Ou pire... poursuivit Kerran. Toute cette histoire n'est pas clair... j'ai l'étrange pressentiment qu'il pourrait s'agir d'un membre imminent du conseil de la Nouvelle République qui serait derrière tout ça... Beaucoup de sénateurs ne l'apprécient pas... continua-t-il. Ma chère Léarra, nous voilà repartis pour une nouvelle histoire....
La jeune femme le foudroya du regard.
- Je veux dire... une nouvelle histoire bourrée d'intrigues politiques, d'espionnage, de sang et de...
- Tu t'emportes un peu trop Kerran... rétorqua-t-elle. Je suis ravie que tu aies accepté de m'aider et... seulement ça... ajouta-t-elle en le regardant d'un air faussement sévère.
Kerran se désigna du doigt avec un rictus :
- Moi ?! Enfin, j'ai fait un trait sur notre histoire depuis la fois où tu m'as laissé aux griffes des mandaloriens sur Dantooine !
- Tu l'avais cherché... répliqua Léarra en se retenant de rire.
- Pfff ! J'avais à peine regarder cette danseuse Twi'lek... comme toujours tu en as fait une montagne ! Tu sais, je crois que tu as tendance à tout exagéré ma chère... fit Kerran comme s'il se lançait dans un long discours. Ça me rappelle d'ailleurs la fois où on avait aidé cette jeune fille de Iego qui était d'ailleurs...
- La ferme ! cria Léarra en se dirigeant vers le cockpit .
- Oh, ne me dis pas que tu es encore jalouse ! poursuivit Kerran en la suivant. Ce n'était rien qu'une ado'... elle avait quoi...
- 20 ans ? Tu trouves que c'était une ado' ? répliqua-t-elle en continuant sa route.
- J'ai toujours aimé les femmes plus âgées... lança-t-il en s'arrêtant.
- ...ça explique pourquoi je t'ai trouvé un jour dans une cantina enlacé à une vieille dame... répondit Léarra avec un large sourire.
Kerran s'arrêta net, les yeux écarquillés, il souffla un "eurk" avant de demander :
- Je préfèrerais qu'on ne parle plus jamais de ça, tu veux bien... ? J'avais forcé sur le whisky de....
- Mais oui ! fit Léarra qui avait atteint le cockpit.
Elle alluma le comlink du vaisseau et ordonna :
- Aze : contrôle des boucliers, An'Rose : vérification des blasters, Man'Kcini : vérification du carburant et de l'hyperdrive.... (elle s'arrêta) Kerran, tu vas piloté MON vaisseau...
- Hein ? émit-t-il, déconcerté. Tu veux que je pilote dans cet état ?
- Quand tu auras dé-saoulé tu prendras les commandes... tu seras capitaine du Vulpture...
- Aha ! Pourquoi ce revirement de situation ? C'est une sorte de jeu de rôle c'est ça hein ? Je suis le capitaine et toi ma jeune copilote, nous traversons les étoiles en quête de ...
- NON ! Ce n'est pas un jeu de rôle Kerran. J'ai juste besoin de repos et de toute façon je ne me sens plus l'âme d'une capitaine ces temps-ci... ajouta-t-elle en baissant la tête.
Kerran comprit qu'une fois de plus, il s'était totalement fourvoyé : même s'il voulait simplement plaisanter avec la jeune femme, il avait oublié les événements tragiques qui venaient d'arriver.
- Je suis désolé Léarra... j'oubliais... ta famille... et...
- Laisse tomber Kerran... répondit-elle. J'ai fait mon deuil et de toute façon, je vais venger leur mort et dans ces moments-là, il vaut mieux éviter de pleurer sur sa personne... (Elle se dirigea vers la "salle" de repos) Tu sais... je crois que tu n'aurais jamais dû partir... je ne suis pas faite pour être capitaine...
Elle avait dit cela d'un ton affecté puis elle disparaissait dans le corridor principal du vaisseau, laissant Kerran dans ses pensées.
Je n'ai jamais eu l'intention de partir... Léarra... pensa-t-il. C'est juste que je n'avais pas le choix... Si tu savais ce que j'ai vécu...
Chapitre 2 : La descente aux Enfers.
Kerran songea à ce que Léarra lui avait révélé, il y avait déjà de cela une ou deux heures. Son esprit était redevenu clair et ses pensées filaient à toute vitesse : un secret d'État, un complot contre Fey'lya... voilà ce dont il se rappelait avoir dit lorsqu'il était soûl . Comme quoi, je pense mieux après avoir bu quelques verres, pensa-t-il.
Il voyait cette histoire d'un mauvais oeil : une organisation secrète (à ce qui paraissait), un étrange appareil et surtout l'assassinat de la famille de Léarra. Y avait-il un lien entre ces trois choses ? Comment avaient-ils pu connaître l'identité de Léarra ? Pourquoi les avoir assassinés ? Tout cela faisait-il parti d'un plan visant à supprimer toutes les preuves de la réception et livraison du mystérieux "colis" ? Même s'il restait encore de nombreuses questions, des pièces commençaient néanmoins à s'emboîter et surtout à justifier la paranoïa de Léarra...
La jeune femme se sentait sans doute coupable du meurtre de sa famille et la fonction de capitaine était devenue insupportable. Même si c'était loin d'être le moment, il se demanda un instant si Léarra avait encore des sentiments pour lui. Il se secoua la tête : il se força à redevenir raisonnable et replongea dans leur passé commun. Lors de leur première rencontre sur Malastare, alors que les autorités le poursuivaient lui et un autre criminel, elle l'avait aidé en le cachant chez elle. Kerran était resté un moment avec la jeune femme et lui avait parlé de ses rêves de gloire. Sans trop savoir comment il avait réussi à séduire un ange, Kerran emmena Léarra avec lui au cours de plusieurs voyages et "missions" ce qui scella leur complicité. Elle revenait voir ses parents aussi souvent qu'elle le pouvait et paraissait adorer cette vie de pirate... Et Kerran constata que ça ne semblait plus être le cas maintenant.
Pourquoi s'attaquer à cette femme ? La question resta en suspens :
- ...ça ne tiens pas debout... dit-il entre ses dents.
- Qu'est-ce qui ne tiens pas debout ? fit Léarra à l'entrée du cockpit.
Kerran se retourna et tomba littéralement de son siège, ce qui fit sourire la jeune femme.
- Ow... moi...! répondit-il avec un large sourire. Tu es vraiment... charmante... continua-t-il en l'admirant de ses grands yeux écarquillés.
Léarra portait une tenue de pilotage noire avec des reflets violets foncés et ...
- Tu veux que je t'aide ? lança-t-elle, le regardant avec sévérité. Mes yeux sont plus hauts...
Kerran leva les mains :
- Désolé... ! J'arrive pas à m'en empêcher...
- Alors essaie au moins ! rétorqua-t-elle, même si au fond d'elle, elle considéra cette maladresse comme plutôt flatteuse.
Elle s'assit à sa droite, à la place dîtes du copilote.
- Tu t'es décidé à quitter Tatooine ? Il était temps... remarqua Kerran.
- Je te prierais de garder ton sarcasme pour toi... fit-elle extrêmement sérieuse. J'attendais que mon équipage soit au complet... je n'étais pas en train de choisir une tenue...
- C'est ce qu'elles disent toutes... murmura Kerran en faisant une grimace. Mais je croyais que ton équipage était déjà là -je ne sais où- mais déjà là... tu ne les as pas appelé par le comlink interne du vaisseau tout à l'heure ?
Léarra le fixa d'un air désolé :
- Tu es en retard sur ton siècle mon cher Kerran... j'ai modifié le comlink pour pouvoir les contacter directement sur leur appareil personnel... . J'ai adopté cette solution quand on s'est tous perdu sur Mygeeto... et quand j'ai compris que mon équipage était à ton image...
- Quoi ? Merveilleusement intelligent, fort et vaillant ? fit Kerran avec un large sourire.
- Non, répliqua sèchement Léarra. Alcoolique, joueur et quelques peu désorienté...
Kerran secoua la tête tout en riant :
- J'avais fait exprès de me perdre dans la mer de dunes... !
- Encore un de tes plans dragues ? lança Léarra .
Mais il ne répondit pas, ce qui fit sourire la jeune femme.
- Tenez-vous prêt, on décolle ! fit Kerran au comlink avant de se retourner sur Léarra : Et, on va où ma chère ?
- A l'origine de tout ceci : Coruscant.
- Ok... émit Kerran avec un ton sérieux. C'est parti !
Les propulseurs du Vulpture libérèrent un long vrombissement et l'appareil décolla dans le ciel de Tatooine. En peu de temps, il atteignit l'orbite de la planète, offrant le spectacle silencieux du tapis étoilé de l'espace. Kerran sembla presque surpris, cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas vu ces ténèbres infinis. Il se disait que cette image était la métaphore de toute sa vie... ou peut-être plus simplement, de lui-même. Lorsqu'il reçu la confirmation par Léarra que les coordonnées de l'hyperespace étaient correctes, il sentit un léger frisson et posa sa main sur la commande actionnant la vitesse de la lumière.
Soudain, le vaisseau vibra violemment et des alarmes retentirent dans tout l'appareil .
- Mais qu'est-ce que ... commença Léarra, commençant à s'inquiéter.
- On nous tire dessus ! Cria Kerran, confirmant les crainte de la jeune copilote. Puissance maximum sur les boucliers arrières ! -Il se lança dans une série de vrilles abruptes- Ow... je me souvenais plus de cette sensation...
- Laquelle ?! fit Léarra en s'affolant sur les commandes des boucliers et des blasters.
- L'envie de vomir, termina Kerran avant de jeter un regard sur la jeune femme. Tu trouves toujours que c'était une bonne idée de me mettre aux commandes ? ajouta-t-il avec un sourire tandis que Léarra hochait la tête positivement. Très bien... . Accrochez tous vos ceintures ! ordonna-t-il dans le comlink.
Il fit plonger l'appareil, exécuta plusieurs vrilles et, sans que sa copilote n'est compris ce qu'il avait fait, se retrouva juste derrière ses poursuivants : quatre chasseurs TIE. Léarra comprit vaguement qu'il était passé en dessous d'eux très rapidement avant de se repositionner à l'arrière.
- Des Impériaux ? C'est quoi ce cirque ?
Léarra le fixa en secouant la tête :
- Non... c'est devenu assez courant que des groupes de criminels réutilisent d'anciens vaisseaux et matériels impériaux ! cria-t-elle. Attention ils vont tirer !
- Arrête de t'inquiéter ! Je sais ce que je fais ! Et j'avais compris... répliqua-t-il avec agacement avant de tirer sur les deux appareils ennemis : l'un d'eux explosa tandis que l'autre, touché à l'aile, virevolta et alla s'écrasé à la surface de Tatooine. Et de deux ! cria Kerran, jubilant.
Il fit plusieurs embardées, enchaînant plusieurs loopings et l'équipage du Vulpture ne savait plus reconnaître le haut du bas. Kerran restait totalement concentré sur le pilotage, oubliant même les cris d'épouvantes de Léarra. Il vira encore pendant plusieurs secondes avant de se mettre quasiment en stand-by.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Ils sont justes derrière nous !! hurla Léarra, parfaitement effrayée par les virages abrupts de Kerran.
Celui-ci regarda rapidement ses écrans de contrôle en souriant :
- Oui, ils le sont même un peu trop... fit-il avant d'enclencher l'Hyperdrive : les gigantesques propulseurs ioniques du Vulpture ayant eut raison des deux derniers poursuivants.
Léarra soupira de soulagement avant de regarder Kerran. Celui-ci fit de même :
- Alors, heureuse ? fit-il désinvolte.
Elle lui mit une grande claque en ajoutant :
- Tu aurais pu tous nous tuer en plongeant en Hyperespace comme ça ! On n'aurais pu traverser une supernova, une planète ou un autre vaisseau ! Tu es inconscient !
Kerran l'attrapa par les poignets :
- Du calme voyons... tu sais bien que ceux sont des légendes ! Et en plus j'avais recalculé les coordonnées avant de plonger... Je sais encore piloter Léarra... et en plus, je pensais que c'était pour ça que tu étais venu me demander de l'aide !
Léarra secoua la tête.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé Kerran... ?
- De quoi tu parles ? demanda-t-il en mettant ses mains derrière la tête, comme pour se relaxer.
- Ta manière de piloter...
- ...est excellente, oui je sais... termina-t-il, sérieusement.
- Non... Tu m'as dit un jour, qu'on ne connaissait une personne qu'après l'avoir vu piloter face à un danger... que c'est dans ces moments-là qu'on pouvait savoir ce qui importait le plus à ses yeux... énonça-t-elle. Alors, qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Kerran sembla se raidir.
- Ma façon de piloter à changer à ce point ? fit-il .
- Oui... on dirait... on dirait que tu ne te soucies plus de vivre... tout ce que tu as fait été du suicide... Tu n'as jamais piloté comme ça, même dans les pires moments, peu importe ce que tu racontes dans les cantina pour te faire mousser et ajouter à ta réputation . Tu n'as JAMAIS piloté comme ça, sans te soucier de ton équipage, de leur vie eux-même avant la tienne... Tu peux jouer les gros bras et dire que tu ne connais pas la peur, là tu m'as fait plus peur que ces chasseurs !
Kerran resta silencieux, fixant le vide.
- ... Tu te trompes Léarra... commença-t-il, le regard vitreux. Je connais la peur... (il la regarda droit dans les yeux) Tu ignores ce que j'ai vécu...
Léarra s'approcha de lui, sa réponse l'ayant vite calmé, et, le regard inquiet, en posant sa main sur son épaule droite :
- ...racontes-moi alors...
Kerran la fixa avec cette une profonde tristesse, ce qu'elle n'avait jamais vu chez lui depuis qu'elle le connaissait.
- Raconter quoi ? J'ignore si c'est vraiment arrivé... commença-t-il.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna Léarra.
- Depuis quelques temps... j'ai l'impression qu'il s'agit surtout de divagations... des hallucinations d'ivrognes, continua-t-il en passant sa main sur son visage. Pourtant... j'ai tellement l'impression que c'est arrivé... ça paraissait si réel...
- Quoi ? Qu'est-ce qui paraissait si réel ? demanda la jeune femme, l'air encore plus inquiet.
Kerran regarda les étoiles défilés devant lui en soufflant :
- J'ai été enlevé... torturé...
Léarra resta silencieuse, visiblement très étonnée.
-
TOR..torturé ? Mais par qui ?
- Je ne sais pas... murmura Kerran, luttant pour retenir ses larmes et par la même occasion ses souvenirs douloureux. On m'a drogué, j'étais dans un état second... impossible de me souvenir en détail de ce que j'ai pu voir là-bas...
- De quoi te souviens-tu ? demanda Léarra. Même si ce n'est pas important...
Kerran resta un moment silencieux, le regard toujours vitreux et le visage de plus en plus pâle :
- Les ténèbres... murmura-t-il. Les ténèbres... (il le répéta avec un ton plus sombre). Et... j'ai vu ces choses que je pensais avoir oublié... comme si on voulait que je me les rappelle... continua-t-il, l'air profondément attristé.
Léarra ne paraissait pas tout saisir et elle comprit que malgré tout ce qui était arrivé entre eux, elle ne connaissait pas cet homme qui se tenait devant elle... Kerran était toujours resté vague sur son passé et même sur lui-même en général.
- Quelles choses ? questionna Léarra, espérant pouvoir en apprendre un peu plus, puisque la situation s'offrait aux confidences.
Kerran la fixa à nouveau avec froideur :
- Des choses terribles... souffla-t-il, puis il jeta un regard sur les écrans de navigation. Nous arrivons à proximité de Coruscant... dit-il en ramenant vers lui la commande de l'Hyperdrive.
Les traits lumineux se changèrent en points scintillants et Coruscant, le joyau de la galaxie, apparut devant eux. Kerran sembla reprendre le dessus et commençait à avoir une attitude qui lui ressemblait d'avantage. Pour Léarra, il restait toujours aussi mystérieux... en tout cas pour l'instant, car elle avait bien l'intention de reprendre cette conversation tout en veillant à ne pas lui faire endurer de trop mauvais souvenirs.
- Préparez-vous à atterrir les gars ! lança-t-elle dans le comlink.
- C'est pas à moi de dire ça normalement ? fit Kerran avec un vague sourire.
- C'est un réflexe, désolée...
Ils regardèrent tout d'eux la gigantesque planète-ville avec le même air inquiet.
- Tu penses vraiment qu'on va trouver des réponses ici ? demanda Kerran.
Léarra prit l'expression d'une pirate avant son méfait :
- En trouver peut-être pas... en arracher, oui. Prends ton blaster...
- Tu comptes te battre ? Tu sais... euh... j'ai eût quelques soucis avec les autorités d'ici... et il vaudrait mieux qu'on passe inaperçu...
- Ne t'inquiète pas Kerran... là où nous allons, il n'y a pas d'autorités "à proprement parler"... répondit-elle avec un regard d'acier.
- Et où est-ce qu'on va ? questionna-t-il, visiblement, il ne voyait pas où elle voulait en venir.
- On décents aux Enfers... souffla-t-elle en chargeant ses blasters et en les plaçant à sa ceinture.
- Chouette... émit Kerran pas vraiment satisfait de la réponse. On aurait pu descendre à l'Outsider plutôt non ?
L'ombre du vaisseau passa lentement sur les gigantesques gratte-ciels de Coruscant. Certains bâtiment étaient déjà éclairés et la planète-capitale brillait déjà : telle une myriade d'étoiles, les éclairages des tours, avenues et autres plates-formes offraient toujours un spectacle unique aux yeux de Kerran. Certaines zones étaient encore illuminées fébrilement par le soleil qui s'évanouissait lentement derrière les immenses structures artificielles de la planète. Il pensa alors, sans trop savoir pourquoi, que là où vivait jadis, le jour venait de se lever. Le Vulpture descendit lentement, avec élégance, jusqu'une plate-forme située au coeur d'un véritable labyrinthe de petites ruelles : c'était leur destination. Kerran et Léarra sortirent du vaisseau suivis par An'Rose, Aze et Man'Kcini. Elle s'était dit qu'il ne fallait pas être trop nombreux même si les choses risquaient fort de déraper. Elle avait conscience que ses membres d'équipage faisaient partie des meilleurs tireurs de son entourage et elle en connaissait un paquet. Elle marchait à distance "raisonnable" de Kerran, elle n'avait aucune envie qu'il imagine des choses... et puis, avec leur discussion de toute à l'heure, elle se méfiait un peu de lui même si elle n'avait pas forcément de quoi. Encore un coup de son intuition sûrement.
Kerran leva les yeux vers les cieux, la vue était bien meilleure que celle du cockpit et il vit le scintillement des premières étoiles percer l'atmosphère polluée de la capitale et ce, malgré les éclairages divers qui parasitaient à présent cette vision enchanteresse. Kerran regardait les rayons du soleil se refléter dans les nombreuses fenêtres des gigantesques bâtiments de Coruscant. Il lui avait dit, il y a longtemps, qu'il trouvait cela particulièrement beau et il avait enchaîné avec un long discours sur la beauté de la nature et celle de la technologie : "en voyant cela, avait-il dit, cela prouve que beauté naturel et beauté artificielle peuvent parfaitement s'accorder".
Aujourd'hui, il se montrait d'humeur beaucoup moins philosophe. Il observait le métal froid de ces hautes tours et paraissait les caresser des yeux. Il avait une attitude étrange, peut-être était-ce dû au fait qu'il n'avait pas revu Coruscant depuis déjà un long moment. Mais il n'était pas béat comme un touriste pouvait l'être. Non, il avait l'air plutôt soucieux, comme s'il reconnaissait en cet amas de bâtiments de toutes formes, quelque chose de vital pour lui.
Kerran fit quelques pas vers Léarra, en la rattrapant assez vite :
- J'ai déjà vu ça ! dit-il en désignant du doigt les bâtiments.
- Oui, bien sûr Kerran, tu es déjà venu ici... qu'est-ce qui te prend ? s'enquit Léarra.
- Non... ce n'est pas ce que je veux dire ! fit-t-il avec une étrange expression, comme s'il avait résolu une énigme : j'ai vu ça là-bas... là où ils me retenaient... ajouta-t-il, ce qui surprit Léarra, elle qui pensait reprendre leur conversation bien plus tard...
- Tu penses qu'ils sont sur Coruscant... ceux qui t'ont fait ça ? demanda-t-elle en regardant autour d'elle.
Kerran secoua la tête avec une mine grave :
- Non... non... Je... crois me souvenir que ces bâtiments étaient... commença-t-il, visiblement cherchant à se souvenir exactement de ce qu'il avait vu. Ils étaient en hologramme tridimensionnel...
Léarra passa une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de dire :
- Voilà un autre mystère... peut-être que nous allons en apprendre bien plus qu'on l'aurait cru finalement!
Kerran acquiesça juste de la tête et ils continuèrent à avancer. Léarra semblait connaître le chemin beaucoup mieux que le reste du groupe. Elle les entraîna dans un passage étroit et tourna vers la gauche. Il y avait un ascenseur dissimulé derrière un grand bâtiment. Elle le désigna du doigt en lançant :
- Voilà l'entrée des Enfers... (elle se retourna vers An'Rose et Man'Kcini) dégainez vos blasters les gars !
Kerran fit de même en demandant :
- Je n'ai été qu'une fois aux Enfers... et ça c'est plutôt mal passé... J'ai failli perdre un bras et mes deux jambes... tu es sûre que c'est ici que tu vas retrouver le gars qui t'as mis en contact avec "les gens du coliss"?
Léarra chargea son blaster et vérifia la visée en lançant :
- Parfaitement sûre... Si tu as peur de perdre quelque chose aujourd'hui, mets-toi derrière moi ! ajouta-t-elle avec un rictus.
Kerran la dépassa et se plaça devant elle :
- Tu crois ça ? Allons-y !
Léarra sembla quelque peu étonnée par le soudain revirement de Kerran et pensa alors qu'il voulait sans doute la protéger. Comme si j'en avais besoin ! pensa-t-elle. Je suis sûre que c'est encore moi qui vais te sauver... Le groupe avança à l'intérieur de l'ascenseur, celui-ci ferma sa porte automatiquement et commença sa longue descente.
- C'est parti ! fit Kerran, soudain très enthousiaste.
Le groupe le regarda d'un air sévère.
- Bah quoi ?
La porte s'ouvrit avec fracas. Le son résonna un instant dans l'obscurité avant de s'éteindre. Kerran braquait son blaster droit devant lui et les autres faisaient de même dans d'autres directions. Mais il n'y avait rien. Pas même un dealer de "bâtons de la mort"...
- Je vois... fit Kerran en scrutant le couloir à moitié baigné dans les ténèbres. Il semblerait qu'ils n'aient pas reçu ton carton d'invitation... remarqua-t-il en regardant Léarra.
- Tss... fit-elle en secouant la tête. Avance !
- Ok ok... répondit-il, braquant son blaster vers les ténèbres. C'est très mal éclairé ici ! fit-il en s'enfonçant dans le couloir. Je suis sûr que je vais marcher sur un... Aaaaah !
Léarra baissa la tête d'un air abattu :
- Voilà, à force de faire des âneries tu es tombé ! dit-elle comme si elle s'adressait à un enfant.
Elle s'approcha de Kerran qui s'était relevé presque aussi vite.
- Je ne suis pas tombé... expliqua-t-il. J'ai glissé sur quelque chose... quelque chose de visqueux d'ailleurs, ajouta-t-il avec une grimace.
Léarra alluma sa torche et fit signe aux autres de faire de même. Puis elle la braqua vers le sol à l'endroit où Kerran avait glissé :
- Eurk ! Une main ! fit Kerran légèrement amusé par sa découverte, puis il prit une torche que lui tendait Léarra.
- Tu as l'air ni horrifié ni surpris... fit-t-elle en lui jetant un regard inquisiteur.
- J'en ai vu des trucs à Af'El... et j'ai eût part de trucs horribles la première fois que je suis venu ici... Je me souviens de ce rodien qui avait été immolé juste devant moi part des...
- Je ne veux pas en savoir plus, merci ! coupa la jeune femme en regardant la main. Elle a été tranchée... encore un tricheur...
- Ou un mauvais payeur... observa Kerran. En tout cas, sa main lui a été enlevé il y a un moment déjà... (jetant un oeil autour de lui) Je n'aime pas vraiment la tournure que prenne les choses...
- Qu'est-ce que tu racontes ? réprima Léarra. Il ne s'est encore rien passé !
- C'est justement ça qui m'inquiète, répondit-t-il d'un ton mystérieux, à son tour, il examina la main du regard. Tranchée oui... ou mâchouillée : il y a des traces de morsures... -Kerran se releva et s'adressa au groupe- Dispersez-vous les gars ! Aze, tu fermes la marche ! Léarra... tu me colles comme mon ombre !
- Dans tes rêves... répliqua-t-elle en le dépassant. Et puis, l'expression c'est "tu me colles aux basques" !
Il regarda vers elle d'un air désapprobateur :
- Non, ça je trouve que ça fait très "négatif"... je dis ça à une fille quand elle m'étouffe trop mais pas...
- Je ne t'écoutes déjà plus Kerran... souffla-t-elle. Avance !
Le groupe s'enfonça dans le corridor à peine éclairé en jetant un oeil à tout ce qui pouvait "potentiellement" bouger, c'est dire qu'il était désert... Ils arrivèrent à la fin du corridor : celui-ci donnait sur trois autres voies. Man'Kcini et An'Rose étaient respectivement sur les flancs gauche et droit, tandis que Kerran et Léarra étaient au centre légèrement plus avancés que les autres. Kerran avait reprit sa place de "protecteur" juste devant la jeune femme et il scrutait les ténèbres avec de plus en plus d'appréhensions.
- Je sais pas pourquoi... mais j'ai un mauvais pressentiment... fit-il d'un ton glacial. J'espère que tu te souviens du chemin, parce-que c'est un véritable dédale...
- Ne t'inquiète donc pas, dit-elle pour le calmer. On doit continuer tout droit pendant deux cent mètres environs...
- Les Enfers n'ont jamais aussi bien portés leur nom... fit Kerran. D'aussi loin que je me rappelle la seule fois où je suis venu ici... ça grouillait de monde... bon, pas autant qu'à la surface... mais c'était moins désert que ça ! J'ai l'impression d'être à un concert d'ewoks...
Léarra dû admettre qu'il avait raison pour une fois. Tout cela n'était pas normal ce qui n'était pas sans l'inquiéter. Le groupe continua à avancer dans un silence pesant qui était régulièrement perturbé par le cliquetis métallique des blasters.
- Ici ! Cria Man'Kcini. Odeur sang !
Kerran le fixa d'un air étonné :
- Oh... il parle ! (il se retourna vers Léarra ) Tu l'as recruté où celui-là ? Il parle d'une drôle de manière... ajouta-t-il en souriant.
Léarra fit comme s'il ne l'écoutait pas, s'approcha de Man'Kcini et éclaira l'endroit qu'il désignait.
- Il n'est pas vraiment frais... je dirais... deux ou trois jours... observa-t-elle.
- Man'Kcini a des sens ultra-développés c'est ça ? Demanda Kerran avec un rictus.
- Il vient d'une planète où il n'y a que les sens qui priment...
- ... sur le langage c'est ça ? termina Kerran.
Léarra acquiesça en retournant à la tache de sang :
- C'est étrange... ça n'a pas l'air d'être dû à un tir de blaster...
- Peut-être un sabre-laser ? tenta Kerran.
- Ou épée acier ! fit Man'Kcini.
- Non... Continuons d'avancer... ne nous arrêtons pas... ordonna-t-elle préférant ne pas se lancer dans de vagues interprétations.
Léarra se souvenait de ce long corridor, elle y était venue il y a deux semaines environ et rien ne paraissait pressentir un revirement aussi extrême.
- Partout où je vais, je passe d'un mystère à un autre... finit-elle par dire.
- Tout comme moi... répondit Kerran en posant sa main sur son épaule. Ne t'en fait pas, on va bien finir par trouver quelqu'un ...
Léarra fit un léger sourire, pas vraiment sincère compte-tenu de la situation mais elle apprécia la marque d'affection de Kerran et eût un léger frisson. Le groupe continua d'avancer dans la noirceur de ces couloirs lugubres, le souffle glacial qui circulait dans les conduits d'aération émettait un son sinistre : comme un râle parfaitement inquiétant. Le groupe s'arrêta une seconde fois, Man'Kcini s'était agenouillé et étudiait un bloc de données.
- Cadavre... fit-il simplement au reste du groupe qui le rejoignait. Pas bon signe...
- Je suis d'accord avec le wookie... dit Kerran en souriant.
- Kerran ?
- Quoi ?
- Silence... -elle regarda Man'Kcini :- donne-moi ce bloc de données... (elle l'examina un instant) Il est verrouillé par un mot de passe... observa-t-elle.
Kerran lui prit des mains et le tapa légèrement contre le sol, un bip signala qu'il était déverrouillé.
- Comment tu... commença Léarra.
- J'ai travaillé y'a longtemps, pas loin d'ici, dans un lieu presque aussi sinistre... à Af'El... Quelques amis pirates m'ont montré cette "technique" pour ouvrir les blocs de données... Mais franchement, je ne pensais pas que ça marcherait... dit-il avec un sourire.
- Qui a-t-il d'écrit ? demanda Léarra en regardant par dessus son épaule.
- ...heum... ça parle de Pazaak... de vols... tiens, il a une dette envers les Hutts aussi celui-là... ! commenta-t-il. Voyons... ah ! ça à l'air intéressant : "Ruï'Tark un de mes amis rodiens a disparu depuis quatre jours, ça m'inquiète beaucoup, mais ici, il n'y a aucune autorité chez qui demander de l'aide. Les Hutts m'ont assuré qu'ils feraient marcher leurs relations et leurs services de renseignements en échange de mes 200 crédits... je ne leur fais pas confiance, mais je n'ai pas d'autres solutions. En d'autres temps, cette disparition ne m'aurait pas inquiété, mais beaucoup de mes connaissances se sont eux aussi "évaporés". Ce n'est pas normal."
Léarra fixa Kerran, tous les deux avait une mine inquiète.
- Dit-il autre chose ? questionna-t-elle.
- Je crains que non... attend... -il appuya sur quelques touches et reprit :- il y a ça qui a été ajouté il y a environ 5-6 jours... mais c'est plutôt bizarre : "...secteur Ar-171... attention... vous... approche...". Il a dû écrire ça dans la précipitation... conclut-t-il.
- Six jours tu dis ? demanda Léarra. C'est à peu près ce que je pensais du corps... Il l'a ajouté juste avant sa mort...
- Il serait mort ici ... ? c'est plutôt bizarre étant donné qu'il parle du secteur Ar-171... expliqua-t-il.
- Il y a une carte des lieux sur ce bloc ? interrogea Léarra.
- Tu as peur de ne plus savoir où tu vas ? fit-il pour une fois sans se moquer. Oui il y en a une... et comme je le pensais, nous sommes encore loin du secteur Ar-171... c'est au Nord à environ 2 kilomètres... ajouta-t-il.
La jeune femme sembla quelque peu soucieuse puis avisa :
- On devrait éviter ce secteur pour l'instant...
- Parfaitement d'accord... répondit Kerran. J'ai déjà vu des trucs étranges dans les bas-fonds de Coruscant... des mutants, des droïdes assassins détraqués... ça ne m'étonnerait pas que l'on tombe sur l'un ou l'autre... continua-t-il en avançant dans les ténèbres. Ou pire...
De la masse grouillante et dégoulinante insufflait à l'air un goût insupportable et Kerran ne voulait même pas savoir de quoi il s'agissait. Ce fût une nouvelle fois Man'Kcini qui arrêta le groupe : il avait trouvé un autre cadavre sur son chemin.
- Cadavre... répéta-t-il. Duro... (cette déduction surprit le reste du groupe puisque le cadavre était totalement défiguré et surtout, il était dans une phase avancée de décomposition).
- Je note qu'on les suis... remarqua Kerran. Il est étrange qu'aucun d'entre eux n'est de trace de tirs de blaster... même si celui-là ne ressemble déjà plus à rien...
Léarra acquiesça en le fixant.
Ils continuèrent d'avancer après avoir rapidement vérifié s'il avait un bloc de données. Ils progressèrent durant plusieurs mètres et arrivèrent cette fois devant deux voies différentes. Léarra s'avança en regardant les détails des deux voies avant de désigner la voie de droite :
- Par là... dit-elle.
Kerran fixa la carte du databloc qui affichait "secteur Ar-171" sur la voie de gauche, il soupira de soulagement.
Le groupe continua d'avancer puis s'arrêta devant la porte d'accès qui était close. Quelque chose clignotait au centre du sas opaque. Kerran s'approcha posément :
- Qu'est-ce que..., commença-t-il puis lorsqu'il comprit de quoi il s'agissait il hurla : BOMBE !!
Tout le groupe courut jusqu'au corridor qu'ils avaient précédemment arpenté et ils se couchèrent à plat ventre au moment où la bombe explosa et que le souffle brûlant passa au-dessus d'eux. Après quelques instants, ils se relevèrent, Kerran fût le premier à être debout et il vérifia que le groupe était au complet et sain et sauf.
- Tout ça ressemble de plus en plus à un guet-apens... expliqua-t-il à Léarra. Si on a pas essayé de nous tuer avec cette bombe, on essaie au moins de nous attirer dans un endroit précis... poursuit-il en fixant la seule voie qui se présentait maintenant à eux. Le seul passage qu'il nous reste mène au secteur Ar-171...
Léarra le regarda, réellement inquiète.
- Oh non... murmura-t-elle.
- Ne t'inquiète pas Léarra... commença-t-il, sa main saisit celle de la jeune femme et elle le regarda avec tendresse, pour la première fois depuis qu'ils s'étaient revu, puis elle baissa la tête et lâcha sa main.
- Nous devons avancer... il faut que je le retrouve... c'est notre seule piste. Même si on doit essuyer une tempête de laser... il faut avancer...
Kerran acquiesça ,l'air décidé :
- Très bien... Man'Kcini, tu restes à ton poste... An'Rose, sur la droite... Aze, tu gardes nos arrières... On reste concentrés et groupés les gars ! Personne ne flanche ! ordonna-t-il. Allons-y !
Après quelques pas, les rares lumières qui donnaient aux corridors un aspect "habité" s'éteignirent. Le groupe se trouva dans le noir complet.
- Décidément, je crois que c'était une mauvaise idée de venir ici... murmura Kerran. C'est pire que dans la grotte d'un dragon Krayt...
Léarra n'eût pas le temps de répondre : un cri terrible, rauque et terrifiant retentit dans les bas-fonds avant de disparaître dans les nombreux couloirs.
- Qu'est-ce que j'avais dit... continua-t-il en chargeant son blaster.
Le silence retomba, plus lugubre encore que précédemment. Le groupe restait immobile dans les ténèbres et parfaitement groupé. Aucun n'osait avancer.
- C'était quoi à votre avis ? demanda Kerran, l'air inquiet.
Léarra se rapprocha un peu plus de lui en braquant son blaster vers les ténèbres.
- Je ne sais pas... mais ça avait l'air gros en tout cas... murmura-t-elle. Nous devons avancer... on se met en danger en restant ici...
- Tu as raison... souffla Kerran. Avançons en cercle... chacun veillera aux arrières de l'autre !
S'il y avait eût de la lumière, il les aurait tous vu acquiescer. Kerran ne savait ce à quoi ils allaient faire face.
- Je suis déjà venu deux ou trois fois aux Enfers, je n'ai jamais vu de mutants ou de droïdes assassins détraqués... d'où est-ce que tu tiens ça ?? demanda Léarra tout en avançant en même temps que le groupe.
- Les politiciens n'ont jamais rien fait pour améliorer la vie dans ces bas-fonds... peu importait ce qui pouvait grouiller là en bas, tant qu'ils en étaient éloignés... expliqua Kerran. Mais si ça peut te rassurer, je pense que ce qui nous concerne est bien différent d'un droïde ou d'une horde de mutants... observa-t-il.
Un grognement terrible tonna dans les couloirs et fut suivi par des bruits de pas à en faire trembler le sol. Le groupe braqua leurs blasters à l'unisson en direction du bruit qui venait de retentir.
- Si seulement on avait plus de lumière... fit Kerran.
- Odeur... fit Man'Kcini en faisant bouger sa torche pour signaler au groupe qu'il s'était arrêté. Odeur sang frais... odeur acide...
- Tes mots doux ne me rassurent pas , Man'Kcini, lança Kerran avec un ton sarcastique. Je plaisantais tout à l'heure mais ça ressemble de plus en plus à un dragon Krayt !
- Impossible ! Sur Coruscant ! murmura Léarra.
- Tu sais, il y a des cinglés partout... et certains demandent à des chasseurs de leur ramener un bébé Krayt contre de grosses sommes... raconta Kerran. Va savoir pourquoi. Lorsque les bestiaux deviennent trop encombrants, ils les abandonnent dans les bas-fonds ou les égouts de la ville et voilà ce qui arrive : ils bouffent les malheureux qui s'aventurent dans les Enfers...
Léarra était de moins en moins rassurée mais l'histoire de Kerran ne la convainquit pas trop :
- Ceux sont des légendes pour enfants, ça, Kerran. Tu devrais lire des livres de ton âge... lança-t-elle avec un ton froid. Ce n'est pas un dragon Krayt... par contre, ça y ressemble... mais en moins gros : la taille des couloirs est trop étroite pour un Krayt adulte, même s'ils adorent les cavernes étroites, là elles le sont un peu trop ! Et de toute façon il ne trouverait pas de quoi se nourrir ici...
Kerran sembla secouer la tête.
- Tu plaisantes ? Et nous alors qu'est-ce qu'on est ? Tu crois que lorsqu'il va nous trouver il nous regardera juste dans les yeux ? fit-il. Quoiqu'il en soit, on est au moins d'accord sur une chose : c'est une créature monstrueuse...
- Tu parles d'une découverte... souffla-t-elle. Notre déduction ne nous sert pourtant à rien...
- Au moins, on ne sera pas surpris quand on tombera nez -à -nez sur lui ! répliqua-t-il.
- Silence ! ordonna Man'Kcini ce qui surprit Kerran.
La créature gronda à nouveau.
- ...ça approche ! lança Man'Kcini.
La tension pesa sur le groupe, Kerran avait le souffle court tandis qu'il pointait son blaster en direction du grondement. La créature sembla accélérer dans la direction du groupe.
- Elle charge !! hurla Kerran.
Il fût le premier à tirer dans sa direction, après plusieurs salves, une vocifération résonna dans le corridor. Signe qu'il avait fait mouche.
- Visez au centre ! ordonna-t-il aux autres qui firent feu à leur tour.
Malgré les cris de douleur de la créature, sa vitesse ne sembla pas changer. Kerran pensa à nouveau qu'il lui fallait bien plus de lumière pour combattre que les petites torches fixées à leurs armes.
- Léarra, qu'est-ce que tu as sur toi mis à part ton blaster ? demanda-t-il à la jeune femme.
- Kerran, ce n'est pas le moment pour tes blagues douteuses !! cria-t-elle.
- Ce n'est pas une blague ! Dépêche ! répondit-il en tirant .
- Un détonateur thermique... une mine... une fusée éclairante et des électrobinoculaires, énonça-t-elle.
Kerran réfléchit rapidement puis il ordonna :
-Tout le monde retourne en arrière !
- Quoi ? cria Léarra.
- Tu m'as bien entendu ! Cette créature me "rappelle" quelque chose... je sais ce que je fais ! hurla Kerran. Repars dans le couloir de toute à l'heure avec le reste du groupe, MAINTENANT !
Léarra sembla le fixer :
- Non... non... qu'est-ce que tu comptes faire ! s'inquiéta Léarra.
- J'ai besoin de tout ce que tu as ! dit-il. Je m'occupe du reste !
La créature était de plus en plus proche.
- Léarra ! Ce n'est pas le moment de t'inquiéter ! cria-t-il en prenant le matériel que lui donnait la jeune femme. Je sais ce que je fais ! Partez tous dans le corridor ! Si je ne reviens pas, retournez à la surface c'est un ordre ! ajouta-t-il.
An'Rose, Man'Kcini et Aze coururent vers l'arrière en pointant leur torche vers le sol.
- Je ne veux pas te laisser Kerran ! clama Léarra. C'est hors de question !
- C'est déjà trop tard pour moi... hurla-t-il. Va-t-en !
Léarra semblait perdue entre ce qu'il lui disait et ce que lui disait son cœur. Tandis que l'affirmation de Kerran retentit en son esprit sans qu'elle puisse en saisir le sens. La créature continuait d'approcher, ses pas lourds, de plus en plus rapides, écrasant tout sur son passage et ses rugissements perçant les oreilles de Kerran et Léarra.
- Non ! Je ne veux pas que tu meures ! cria Léarra, des sanglots dans la voix. Je n'ai pas réussi à sauver ma famille, mais je peux te sauver toi !
Kerran l'embrassa et lui murmura :
- Pars ! Maintenant ! Personne ne peut me sauver ! hurla-t-il mais la jeune femme ne sembla pas bouger. Va-t-en !!!
- Je... dit-elle avant de se mettre à courir , poussée par Kerran.
Kerran fixa les ténèbres derrière lui, comme pour s'assurer qu'elle était suffisamment loin. Avant de vociférer :
- Je te connais sale bestiole ! Je ne sais pas comment ni pourquoi... mais je te connais ! A nous deux !
Jusqu'alors, Kerran avait silencieusement remercié la Force que le corridor devant lui soit si long puis il mit la paire d'électrobinoculaires, rengaina son arme et sortit la fusée éclairante qu'il tira en direction de la créature. Kerran détourna les yeux : ceux-ci s'étaient habitués à l'obscurité, une telle lumière soudaine pouvait avoir de sérieux dommages sur sa vue même s'il portait les électrobinoculaires. Le cri strident de la créature lui déchira les tympans, c'était le signe qu'il attendait, prouvant qu'il connaissait bien la bête et ses faiblesses. Il se retourna sur elle, hurlant de toute ses forces puis dégaina son blaster. Il lui tira quatre fois entre les deux yeux et parvint à jeter le détonateur thermique dans sa gueule. Kerran se jeta à plat ventre en se protégeant le mieux possible. La bombe explosa déchiquetant la carcasse du monstre, envoyant du sang acide sur les murs du couloir ainsi qu'une de ses pattes mais elle n'était pas encore morte et semblait vouloir se venger d'une telle blessure. Elle n'eût pas l'occasion de courir vers lui (même si elle pouvait à peine le faire) : Kerran fonça sur elle, blaster à la main et sauta par dessus ses crocs acérés. Arrivant à proximité de sa tête, il tira plusieurs fois dans le crâne de la bête qui hurla de plus belle avant de s'effondrer. Kerran retomba sur ses jambes puis soupira profondément :
- Quelle journée... murmura-t-il.
- Qu'est-ce que vous avez fait ! cria une voix grave derrière lui. Qu'avez-vous fait !
- Qui êtes-vous ? demanda Kerran en visant avec son blaster la silhouette légèrement éclairée par la lueur de la fusée éclairante qui peinait à s'éteindre.
Chapitre 3 : De l'ombre à la lumière.
Léarra était perdue dans ses pensées. Alors que la situation était extrêmement grave, elle ne songeait qu'à ce baiser que Kerran lui avait donné, il y avait de cela un court instant avant de faire face à la créature. Son attitude avait contredit tout ce qu'elle avait pu lui dire : il pensait aux autres et était prêt à sacrifier sa vie pour eux. Néanmoins, elle ne s'était pas trompée sur une chose : il était réellement suicidaire. Ce qui l'inquiétait beaucoup car depuis qu'elle le connaissait, elle ne l'avait jamais vu déprimer... bien au contraire, il aimait la vie dans des proportions parfois inavouables... Elle soupira en fermant les yeux et soudain plus rien n'existait autour d'elle. Elle devint "sourde" à tout les bruits environnants et voyait tout ce qu'elle aussi avait oublié. Léarra pensa qu'elle s'était forcée à taire ses souvenirs tout simplement pour ne pas souffrir d'avantage. Elle laissa aller sa tête contre le mur sur lequel elle était appuyée, assise, attendant en craignant le pire. Elle se demandait toujours pourquoi il l'avait embrassé et ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire avant de se réprimander elle-même : elle n'était plus une adolescente pour réagir de la sorte !
Une explosion retentit dans les ténèbres, elle se leva d'un coup et regarda en direction de l'entrée du corridor même si elle ne distinguait rien du fait de l'obscurité. Elle s'attendait à percevoir la créature foncer sur le groupe, imaginant que Kerran était mort sous ses griffes mais rien n'arriva. Il y eût un hurlement terrible puis le silence funèbre revint.
- Kerran ? s'enquit Léarra, murmurant dans les ténèbres.
Mais il n'eût pas de réponses.
- Les gars... souffla-t-elle. Chargez vos blasters, on y va...
L'homme se tenait dans l'ombre et Kerran ne distinguait pas ses traits, ce qui avait le don de l'énerver.
- Je vous ai posé une question... rappela-t-il.
- Je n'ai pas à vous répondre après ce que vous lui avez fait ! répliqua la silhouette noire.
- Oh... toutes mes excuses... fit Kerran en s'inclinant légèrement avant de le viser à nouveau avec son blaster : vous allez me dire tout ce que je veux savoir... en commençant par votre nom !
Le silence retomba dans les couloirs . Des pas retentirent derrière Kerran, tandis qu'il pointait toujours l'arme sur l'humain. C'était le groupe conduit par Léarra. Plusieurs des éclairages fonctionnaient à nouveau et elle avait l'impression que l'obscurité était morte avec la créature. Ils la contournèrent en l'observant, stupéfaits. Man'Kcini s'arrêta et étudia la carcasse sans vie du monstre puis il regarda vers Kerran en disant :
- Bravo ! Boulot bien ! Jamais vu créature pareille... beaucoup résistante... observa-t-il.
- Merci... fit Kerran entre ses dents, pointant toujours l'arme sur l'homme. Mais évite de dire ça devant lui, il risque de pleurer...
L'homme secoua la tête.
- Vous ne savez pas dans quelle histoire vous vous êtes embarqués ! Imbéciles que vous êtes ! cria-t-il. Cette créature était innocente... elle était un miracle de science ! déclara-t-il comme possédé.
- Vous avez tort... et pas seulement sur les âneries que vous déblatérez ! répliqua violemment Kerran. On ne s'est pas embarqué dans cette histoire : on nous a forcé à y embarquer ! ajouta-t-il. Je vous ai posé une question !
Léarra eût un étrange frisson à nouveau. Elle s'était retenue de courir dans les bras de Kerran lorsqu'elle avait constaté qu'il était bien en vie. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en pensant qu'il la surprenait de jour en jour...
- Je ne suis personne d'important ! répliqua l'homme se reculant au moment où Kerran essaya d'avancer vers lui.
- Je me fous de votre importance ! Dîtes-moi qui vous êtes ! cria Kerran, à bout