par Kieffer » Dim 29 Avr 2007 - 19:52 Sujet:
Genèse d’un destin.
Cinq années avant la bataille de Yavin, sur Corona IV dans la Bordure Extérieure…
Comme chaque année la venue de l’émissaire impérial était attendue par tous même si les nouvelles n’étaient guère reluisantes. Avec la recrudescence des actes terroristes contre les industries impériales de part la galaxie, chacun ici redoutait une nouvelle augmentation des quotas de minerais à fournir annuellement à l’Empire. En deux ans ces quotas avaient déjà doublés et étaient dorénavant très difficilement supportables par la population des basses castes locales auxquelles il incombait la tâche d’extraire lesdits minéraux. Même les hautes castes toléraient de plus en plus mal ce qu’ils considéraient dorénavant comme une ingérence lourde de l’Empire dans leurs prérogatives régaliennes.
Sur cette planète, à l’écart des axes majeurs de la Galaxie, repérée par l’Empire uniquement pour ses sous-sols exceptionnellement riches, l’arrivée de la tutelle impériale avait été un choc mais il avait semblé vain de résister. Sur Corona, on se battait encore en duel à l’épée et la chasse se faisait toujours à l’aide de rudimentaires mais néanmoins efficaces arcs. Les seules traces d’une technologie avancée se trouvaient dans les mines en la personne des droïdes excavateurs fourni à la communauté planétaire pour augmenter sa productivité.
Les principaux chefs de clans ainsi que la noblesse féodale locale s’étaient assemblés en silence autour de leur roi et attendaient maintenant sans bruits. La navette impériale fut bientôt en vue dans le ciel azuré. Elle se posa dans un vacarme assourdissant puis coupa ses moteurs ramenant le silence sur la lande. L’écoutille de la navette s’ouvrit et la rampe d’accès se déplia pesamment jusqu’au sol. Plusieurs personnes descendirent alors de la navette, un émissaire impérial flanqué de plusieurs soldats des troupes de choc.
L’émissaire impérial s’approcha du roi Eadred, seigneur de Corona, mit un genou à terre et lui tendit la missive contenant les doléances de l’Empire. Le roi se saisit de celle-ci d’un geste vif, la décacheta et la porta à ses yeux. Il lut le texte en silence, ponctuant néanmoins sa lecture de quelques jurons locaux bien sentis. Finalement il rendit la missive à l’émissaire en déclarant tout net :
-C’est hors de question. Les requêtes de votre Empire sont irréalisables et disproportionnées. De plus il est impossible que les hautes castes soient mises à contribution, physiquement ou pécuniairement, c’est contraire à toutes nos traditions.
Un murmure de surprise parcourut la foule rassemblée tandis que lentement l’émissaire impérial se relevait. Il prononça alors d’une voix froide :
-Mais vous n’avez pas le choix, mon bon roi, vous avez personnellement juré fidélité à l’Empereur dois-je vous le rappeler ?
-Je vous défend de remettre en cause ma fidélité envers l’Empereur, mais je ne peut agréer à un texte qui fait de nous plus des esclaves que des sujets de l’Empire. En leur forme actuelle je rejette les requêtes impériales présentées en ce jour devant moi.
-Vous n’avez pas le choix, éructa violemment l’émissaire impérial.
-Oh que si ! répondis le roi Eadred tout en abattant sa lourde hache sur le crâne de l’émissaire qui s’effondra dans une gerbe de sang.
Les soldats des troupes de choc restèrent interdits quelques instants puis épaulèrent leurs blasters. Parmi l’assemblée, les épées étaient maintenant dégainées et les arcs bandés. Face à ce déploiement de force, les troupes impériales refluèrent en bon ordre vers leur navette et décollèrent promptement sans demander leur reste.
La navette ne fût bientôt plus qu’un point dans le ciel, et, sur la lande, chacun rengaina son arme en silence, la tension étant quasiment palpable. Entre l’Empire et le peuple de Corona c’était maintenant la guerre qui succédait à plusieurs années de froide collaboration.
Le roi se tourna alors vers ses sujets et prit la parole d’une voix claire et forte :
-Loyaux sujets, depuis plusieurs années déjà l’Empire a tenté de nous rendre exsangue avec ses requêtes, mais dorénavant nous sommes de nouveau maîtres de notre destin, comme auparavant, personne ne nous dictera plus la conduite à tenir. Que l’armée se rassemble, que l’on ferme les mines et que chacun se prépare à tenir sa place dans la lutte face à l’Empire. Hautes et basses castes, nous allons comme jadis nous battre côte à côte pour défendre Corona.
Une succession de cris de ralliement suivirent et bientôt toute l’assemblée se dispersa, chacun partant se préparer au combat.
Pendant ce temps, à bord du croiseur stellaire de classe Impérial « Trépas », l’heure était à l’effervescence. Les soldats impériaux se préparaient au combat afin de ramener Corona dans le bienveillant giron de l’Empire. Bipodes et speeders étaient armés en hâte et bientôt le vaisseau commença de vomir ses troupes en direction de la rétive planète.
Dans chaque famille coronienne l’heure était à la solennité. Les chefs de famille et leurs fils en âge de combattre prenaient les armes et se préparaient à la bataille à venir. On affûtait les épées, on tendait les arcs. Partout régnait la même ardeur, la même volonté de se battre, de se montrer digne des générations précédentes et de se couvrir de gloire au combat.
Néanmoins, personne n’avait de doute sur l’issue du combat, les coroniens n’étaient que quelques milliers et face à l’implacable machine de guerre impériale ils ne pouvaient triompher, seul comptait maintenant la résistance acharnée à offrir face à l’ennemi. C’était plus un baroud d’honneur qu’une lutte pour la victoire. Mais chaque délai gagné face à l’Empire permettrait aux mineurs de saboter l’équipement minier et de noyer les galeries rendant ainsi leur exploitation impossible pour un bon bout de temps.
Les éclaireurs coroniens avaient rapidement repéré le lieu de regroupement des forces impériales et le message avait été transmis jusqu’au roi Eadred.
Suivi par près de deux milles combattants, l’ost royal avait progressé durant la nuit afin d’aller à la rencontre des troupes impériales. Au petit matin, les deux forces se feraient face.
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Formant une large ligne, les soldats coroniens attendaient leur puissant opposant. Les basses et hautes castes avaient envoyé leurs meilleurs combattants, leurs fils les plus vigoureux afin de servir au sein de l’armée royale.
Parmi eux, le jeune Allan, fils aîné d’un notable de renom sur Corona, se tenait au milieu des premières lignes, l’épée à la main, revêtu d’une légère armure de mailles, le bouclier aux couleurs de sa famille posé à ses côtés. Il ressentait l’excitation, le frisson avant le combat comme tous les guerriers de sa famille avant lui. Son père, gravement malade n’ayant pu se joindre aux forces coroniennes, l’honneur de la famille reposait dès lors sur ses seules épaules.
En son for intérieur, il était prêt à mourir, pour son roi, pour sa famille, pour le peuple de Corona, pour préserver leur souveraineté si difficilement acquise au fil du temps. Il n’était néanmoins pas dépourvu d’admiration face à ses ennemis, ces soldats armés de bâtons crachant le feu, engoncés dans leurs armures immaculées, et, pouvant défier la gravité à bord de leurs curieux engins volants.
Son père lui en avait souvent parlé, il existait d’autres mondes, dans le ciel, la haut , au milieu des étoiles. D’autres planètes comme Corona, des centaines, des milliers peut être, tant d’univers variés et inconnus. L’immense soif de découverte d’Allan était née de là, il voulait lui aussi parcourir les étoiles, découvrir d’autres mondes, en d’autres termes, vivre ce que nul coronien avant lui n’avait vécu.
Mais aujourd’hui ce rêve était bien loin, par la faute de l’Empire, et cela Allan comptait bien le lui faire payer.
Les coroniens resserrèrent les rangs tandis que, luisantes et chauffées à blanc par leur traversée de l’atmosphère, apparurent de nombreuses navettes impériales qui déversèrent leur flot de soldats pour renforcer les lignes déployées à l’autre bout de la lande.
Les lignes impériales comptaient près d’une dizaine de milliers de soldats des troupes de choc, leurs blanches armures immaculées reflétant tel des miroirs les quelques pâles rayons de soleil daignant éclairer le sol spongieux séparant les deux forces antagonistes.