En revisionnant la saison 1 de Andor j’ai réalisé que je n’avais jamais écrit ma petite critique sur ce roman. Un comble pour ce petit bijou.
On ne va pas y aller par quatre chemins : The Mask of Fear est un chef-d’œuvre de la littérature
SW (avec ce genre de phrase vous ne pourrez être que déçu par la lecture du roman

).
Enfin, c’est surtout la première moitié du roman sur l’effondrement d’une démocratie et la mise en place d’une dictature d’une telle justesse qu’on en reste bouche-bée devant les échos avec l’actualité (et pas seulement US, mais du pays où je suis né et du pays où je vis actuellement) – on en vient même à ricaner lorsqu’il est dit que l’Empire change le nom de certains lieux géographiques.
Mais Mask of Fear n’est pas que cela, le roman a un vrai rôle in-universe pour décrire la transition entre la République, la Guerre des clones, et l’Empire, la paix. On a la dévitalisation du Sénat, le destin de la délégation des 2000, le rôle des planètes séparatistes où encore la mise au pas de l’administration. On est dans cet entre-deux, ni au niveau de l’Empereur (encore moins du Sith) ni au niveau de la population lambda (je pense à l’épisode de The Bad Batch où l’on nous présente la mise en place des chain-codes), mais dans les rouages de la société.
Mon Mothma est absolument sublime. On ne peut que penser à la Mon Mothma de Andor, sa robe blanche, son appartement de luxe, son mari à la con, même un peu trop j’ai plusieurs fois dû me rappeler que ce n’était pas la même période. Elle a cette foi en la politique qui lui donne cette force pour continuer à lutter pour la démocratie mais qui la fragilise et la rend obsolète face au nouveau pouvoir.
Pour Bail Organa, j’aime beaucoup un aspect dont je n’avais pas pensé mais qui est excellent : il est traumatisé par l’Ordre 66 et d’avoir vu un Padawan se faire abattre par les clones. C’est d’ailleurs une grande différence avec Mon Mothma, et encore une fois je n’avais pas conscience mais on a beaucoup vu Bail avec les Jedi (dans
TCW notamment) alors que Mon n’avait pas de lien particulier avec l’Ordre – comme on peut l’imaginer la plus part des sénateurs – et la disparition des Jedi est certes préoccupante mais pas primordiale dans la lutte politique.
Saw Guerrera, je n’ai jamais accroché à ce personnage depuis Rogue One et ce roman ne me fait pas changer d’opinion. Meh.
Côté nouveaux personnages j’ai beaucoup aimé Haki et Zhuna qui donnent un côté espionnage au roman et nous fait quitter le monde des cols propres pour nous projeter dans le milieu des mains sales. Soujen m’a beaucoup fait penser au clone Echo ? Comme une version améliorée de ce que les Séparatistes voulaient créer. Il est là pour donner un peu d’action au roman…
… et c’est là où la deuxième partie m’a légèrement déçue. The Mask of Fear reste un roman
SW donc on ne fait 500 pages sur des tractations politiques. Les sénateurs vont dans des endroits où aucun sénateur n’irait pour faire des choses qu’aucun sénateur ne ferait. C’est comme ça depuis l’épisode IV de la saga donc j’accepte même si je ne trouve pas ça très intéressant. Surtout que tout le monde aura compris en voyant la couverture et en lisant le synopsis qu’on est pas dans un roman d’aventure et d’action, donc si ce qui vous intéresse ce sont les batailles spatiales, les planètes à explorer ou les duels au sabre laser, j’imagine que vous avez déjà compris que ce livre n’était pas pour vous.
Un point plus important qui m’a chiffonné c’est la façon dont les sénateurs suspects sont traités par les services impériaux (
leur détention avec interrogatoire musclé) qui ne m’a pas convaincue. Soit le nouveau régime est radical avec eux (vous étiez proches des Jedi, vous vouliez négocier la paix, donc vous êtes des ennemis : une balle dans la tête ou au camp de rééducation), soit il utilise des pressions beaucoup plus subtiles dû à leur statu de sénateur pour garder une façade respectable auprès du Sénat et de la population.
Et on arrive enfin au grand défaut de The Mask of Fear : ce devrait être le deuxième tome de la trilogie (ou quadrilogie) ! Il me manque un roman de ce niveau à l’époque de la Guerre des clones pour nous montrer comment la société est travaillée par la tentation de la dictature. On peut certes picorer certains éléments dans
TCW et d’autres romans mais une vision plus globale serait nécessaire. Ici le roman commence presque à la proclamation de l’Empire et j’avais l’impression que c’était trop « facile » pour la population, comme si elle était déjà habitué à l’Empire. Il y a un paragraphe très important pour l’expliquer mais il se situe à la fin du roman et ce n’est qu’un paragraphe.
J'avais exprimé des doutes sur Alexander Freed à l'annonce du livre: alors oui le premier chapitre fait un peu peur quand on arrive des romans de la HR et leurs styles très simples (pardon, efficaces). Mais cette écriture pompeuse (il utilise 6 fois l'adjectif gargantuan tout de même

) colle parfaitement au monde sénatorial et j'ai dévoré le livre d'une traite!
En résumé, si vous avez aimé Andor il est fort possible que vous aimiez Mask of Fear, non seulement pour les thèmes abordés mais parce qu’il y a cette même tension, ce même sentiment d’oppression autour des personnages. Si vous n’avez pas aimé Andor, et bien lisez-le quand même!
