Perdus dans le Non-Espace (Star Wars #29 à 33), par Charles Soule, Ramon Rosanas, Andrés Genolet et Madibek Musabekov
Scénario : Pendant ce temps, à Vera Cruz...J’exagère, mais à peine.
En effet, les héros de la Rébellion ne jouant aucun rôle dans la mini-série Hidden Empire, sans doute Charles Soule, le scénariste commun aux deux titres, s’est-il dit qu’il fallait expliquer pourquoi. Cet arc va donc expédier les héros de la Rébellion dans le Non-Espace, sans aucun moyen de revenir à leur point d’origine, le temps nécessaire pour que Qi’ra tente d’achever son grand plan. Et pour faire passer cela au lecteur, Soule va l’appâter en impliquant, une nouvelle fois, la Haute République dans la série Star Wars…
Cette implication est à la fois bienvenue et donne néanmoins un curieux sentiment d’un peu forcé. Que l’un des architectes de cette ère la référence dans ses écrits postérieurs, c’est logique et bienvenue, mais là, Charles Soule n’hésite pas à le faire depuis qu’il a pris les commandes de la série… et ça se voit de plus en plus en fait ! L’Opération Flambeau, Elzar Mann, le Non-Espace, à se demander pourquoi les héros n’avaient à ce point pas entendu parler de la Haute République dans la précédente série (comment ? La Haute République n’avait pas été créée avant ? Excuse facile….). Le problème dans l’exécution, ici, c’est qu’on se retrouve avec des dialogues très explicatifs, avec des double-pages où on croirait presque lire du Brian Bendis en fait, où on nous révèle quand, comment, pourquoi, qu’il y avait un Jedi mais qu’en fait certains les ont rejoint, etc. Mais il n’y a pas que ça, d’ailleurs : qu’est-ce que les personnages parlent dans ces épisodes ! Sauf quand ils sont occupés à faire autre chose, un rapprochement que je n’avais pas vu venir. Mais pourquoi pas après tout !
Et le Non-Espace Nihil, justement, c’est cela : un Non-Espace. C’est à dire qu’il n’y a rien à voir, ça ressemble à une gigantesque plate-forme plus ou moins rocheuse, avec plus ou moins des ruines, mais sans jamais trop référencer non plus les romans, il ne faudrait pas divulgâcher quoi que ce soit… Le même récit publié après la fin de la Haute République, et je suis certain qu’on aurait eu une référence claire à Marchio Ro, par exemple.
On se retrouve donc avec des événements qui, au final, vont assez vite s’avérer prévisibles. La vague de Force de Hidden Empire va jouer un rôle – encore qu’on a du mal à voir combien de temps s’écoule pour nos héros dans ce Non-Espace, une menace totalement désincarnée (et qui est encore opérationnelle 250 ans plus tard, c’est fort), des gens qui sont tous finalement assez bienveillants et un problème de carburant qui est résolu presque comme par magie par l’Alliance Rebelle. Tant mieux, ils vont pouvoir s’occuper , au hasard,de la deuxième Étoile de la Mort comme ça…
Un dernier point sur le personnage d’Amilyn Holdo, très mise en avant dans ces épisodes. C’est une excellente chose, mais comme à chaque fois avec ce personnage, chaque scénariste se sent obligé de passer par la case « clin d’œil à la manœuvre Holdo des Derniers Jedi que t’as vu moi aussi j’ai vu le film ! ». Des fois, c’est subtil. Là, ça l’a moins été.
Dessins : Trois dessinateurs pour cinq épisodes...C’est lassant, à Force. Déjà, lorsqu’un dessinateur n’arrive pas à tenir 5 épisodes, c’est frustrant, mais là, se mettre à 3, c’est à se demander si Marvel se moque de nous ou pas. Surtout que le découpage est 1/2/2, et que si le premier épisode est une sorte de prologue, les quatre suivants forment un véritable « tout ». A la rigueur, si les dessins étaient sublimes, s’il y avait une vraie plus-value, je pourrais comprendre mais, avec tout le respect que je leur dois, ce sont Ramon Rosanas, Andrés Genolet et Madibek Musabekov, pas vraiment des grands noms de l’industrie… Encore que Rosanas ne s’en sort pas mal, mais le dessin de Genolet semble très souvent pris par le temps, ce qui fait qu’on se retrouve dans des décors vides avec des silhouettes qui sembleraient presque floues. Et j’ai un peu de mal avec le style de Musabekov, mais j’ai vu qu’il reste pour le prochain arc, j’aurai le temps de m’y faire.
ConclusionUn récit de transition, qui s’appuie quasi-exclusivement sur ses références à la Haute République pour convaincre le lecteur. C’est d’autant plus regrettable que la partie graphique est signée à six mains, et que ce n’est donc pas le visuel qui sauvera l’ensemble. Allez hop, on passe à la suite.
Note : 60 %