Allez hop, je termine
Au Coeur Des Combats 
!
PARTIE 2/3Oreste s’était accroché à une poignée au-dessus de sa tête, comme tous les clones, lorsque la navette avait décollé pour bondir dans l’espace. La voix du pilote clone avait retenti avec sarcasme :
- Respirez à fond, ce n’est pas complètement hermétique.
Le corellien accrocha alors le respirateur à ses lèvres pour ne pas être handicapé par le manque d’oxygène. Il s’enveloppa dans une bulle de Force, ce qui ne l’empêcha pas d’entendre les clones échanger entre eux quelques boutades de soldats… et d’apprendre au passage qu’ils avaient adopté des noms à la place de leur matricule.
Il surprit des noms comme As, Fayot ou Gueule d’Ange. Nul doute que cela amuserait Rachi si elle les écoutait.
- Manthil à toutes les unités, les Jedi ont engagé l’ennemi dans l’Arène.
Le sentiment d’urgence s’accrut chez le jeune Chevalier, qui réalisa que le temps était maintenant compté s’il voulait sauver maître Mundi.
- Nous entrons dans le champ d’astéroïdes, signala le pilote.
- Gare à vos shebs, les gars ! Cria le major.
Tous s’agrippèrent plus fermement à leur poignée respective quand la canonnière se mit à cambrer de manière plus prononcée. L’un des clones fit alors partager à ses camarades que ça ne l’enchanterait pas d’être transformé en poussière d’étoiles. En réponse, ses semblables entonnèrent des chants de guerre en mando’a.
Même si la traduction lui échappait, Oreste percevait leur calme et leur communion. Plus que des camarades, ils se comportaient en frères d’armes. L’âpreté d’une guerre qui paraissait si proche ne les effrayait pas.
Leur chant cessa lorsque le pilote les informa qu’ils étaient sortis du champ d’astéroïdes.
- Rapport des pertes ? Lui demanda Oreste par comlink.
- Deux canonnières perdues.
- Foncez droit sur l’Arène.
- Bien monsieur.
Leur transport trembla plus fortement lorsqu’ils entrèrent dans l’atmosphère de la planète. Les paramètres confirmèrent qu’elle était respirable pour les êtres vivants. Ils descendirent suffisamment bas, pour que le pilote autorisa l’ouverture des portes. Aussitôt, une haleine âcre chargée de poussière, irrita les narines du jeune corellien.
- Nous sommes à une altitude de deux mille mètres, annonça le pilote clone.
Le sifflement de la bourrasque couvrit la réponse du Jedi qui répéta plusieurs fois :
- Descendez encore, nous devons passer sous les scanners ennemis !
- Reçu.
Les autres canonnières les entouraient dont celle de Rachi, qui vint se placer à côté de la sienne, à trente mètres sur la gauche. Oreste se décala pour apercevoir la Twi’lek qui lui faisait des signes de la main.
Il ouvrit son comlink.
- Rachi, pas de casse ?
- Non, et toi ?
Malgré lui, il fut tenté de se pencher au-dessus du vide. Les canyons défilaient sous ses yeux, de longues balafres sinueuses qui déformaient la surface, avant que ne se succède un grand désert rocheux.
- Des nouvelles du Manthil ?
- Ils ont engagé le combat avec la flotte séparatiste. Des vaisseaux de la Fédération du Commerce, précisa-t-elle.
Il releva la tête et fixa une grande montagne qui barrait l’horizon sur une distance infinie. Il projeta sa conscience, pour déceler la présence d’un danger. Celui-ci électrisa les courants de la Force peu après.
- Oreste, c’est une tempête de sable !
- Ne panique pas, ce n’est peut-être rien du tout.
La twi’lek s’étrangla de surprise devant sa désinvolture.
- Rien du tout ? Tu as vu sa taille ? On doit la contourner !
- Et perdre du temps ? C’est hors de question, asséna-t-il. Ma vision est réelle, mon ancien maître a besoin de moi… ils ont besoin de nous !
- Tu es Chevalier, maîtrise tes sentiments, lui conseilla-t-elle. Je te rappelle en outre que tu n’es pas tout seul à commander !
L’image de maître Mundi s’imposa de nouveau à l’esprit de Oreste. Celle de son cadavre troué reposant dans le sable de l’Arène… il devait agir avant qu’il ne soit trop tard.
- Je vais traverser cette tempête et tu as intérêt à suivre, si tu ne veux pas rester derrière, trancha-t-il d’un ton inflexible.
- Fichue tête brûlée corellienne !
Il coupa court aux jurons de Rachi, en éteignant son comlink.
- Pilote, accélérez !
- Nous sommes déjà à la vitesse maximale.
Oreste croisa une nouvelle fois le regard de la twi’lek qui exprimait sa colère dans la Force. Elle lui fit comprendre que leur conversation n’en resterait pas là. Mais c’était le cadet de ses soucis, pour le moment.
Il devait secourir son maître.
- À quelle distance sommes-nous de l’Arène ?
- Je contacte le Manthil, monsieur. ( moins d’une minute après ). Il reste cinquante kilomètres.
Le corellien voulut intimer d’accélérer mais il se rappela qu’ils étaient à la vitesse maximale.
- Monsieur, nos scanners seront déréglés si nous traversons la tempête, le prévint un soldat dans son dos.
- Alors, éteignez-les, rétorqua-t-il sèchement.
- Accrochez-vous, ça va secouer ! Fit un autre clone.
Oreste enfila des lunettes de protection et vit que Rachi en avait fait autant. Puis ils entrèrent dans la tempête. Les grains de sable et de poussière fouettèrent les corps, les armures et la coque de la canonnière, tandis que le transport était malmené, les alarmes hurlant de plus belle. Le pilote clone luttait vaillamment pour maintenir l’assiette coûte que coûte, et ne pas perdre le contrôle.
Les communications furent coupées entre les transports. Alors le corellien se plongea dans la Force, pour se tenir informé.
Il fut troublé de sentir des présences disparaître de ses perceptions, par dizaines. Des transports s’écrasaient, entraînant leurs passagers vers une mort certaine. Il avait choisi pour eux, devait-il s’en sentir coupable ?
Alors la petite voix le rassura.
Tu fais seulement ce qui est nécessaire. Pas de remords ni de compassion.Non, il n’aurait aucun remords, sauf s’il échouait à sauver les Jedi dans l’Arène. En silence, les clones supportaient les tangages violents de la canonnière. Un bon point pour eux, le Jedi n’aurait pas accepté leurs pleurnicheries.
Après quelques minutes délicates, le flot de poussière diminua graduellement avant que la visibilité ne revint. Avec soulagement, il constata que la twi’lek avait survécu à la tempête, son transport suivant celui de Oreste à la trace.
Il retira ses lunettes de protection, tout comme Rachi. Les deux Jedi remarquèrent que leurs rangs avaient été clairsemés.
La non humaine ouvrit son comlink.
- Rapport des pertes ? Demanda-t-elle au Manthil.
- Quinze canonnières se sont écrasées, commandant Sitra. Il n’y a pas eu de survivants.
Oreste avait entendu ce rapport. Quinze canonnières… un tiers de leurs forces avait été perdu alors que leur bataille n’avait pas commencé.
- Le Manthil peut nous envoyer du renfort ?
- Négatif.
Le corellien intervint à son tour.
- On se débrouillera.
- Bien sûr, railla Rachi. Ce n’est pas comme si tu nous avais laissé le choix, Oreste.
- On peut s’expliquer après ?
- J’y compte bien.
Le corellien appréhendait cette perspective. Rachi et lui avaient toujours été des amis proches, se soutenant l’un l’autre, se confiant l’un à l’autre… jusqu’à un certain point. Elle lui avait conseillé dès son arrivée au Temple de Coruscant de se procurer un holocron, pour s’en servir comme d’un journal intime.
Dans cet holocron, il avait emmagasiné ses secrets, qu’il n’aurait jamais pu avouer à Rachi. Cette attirance qu’il éprouvait pour l’obscurité, par exemple. La première fois que c’était arrivé, il en avait ressenti de la jouissance.
- Nous avons rallumé les scanners. Paramétrage en cours, signala un soldat.
- J’espère que cela ne prendra pas trop de temps, grinça le Jedi par-dessus son épaule.
- C’est seulement l’affaire de quelques secondes…
La canonnière fut secouée par une explosion proche qui fit basculer dans le vide plusieurs clones. Le transport qui les flanquait à droite, avait été brisé par un missile et les débris enflammés chutaient pour s’écraser au sol, accompagnés de nombreux morceaux de soldats transformés en torche.
- Nous sommes repérés, la DCA séparatiste est activée ! s’agita le pilote.
- Sommes-nous loin de l’Arène ?
- Trente kilomètres.
- Alors, foncez !
Les obus protoniques et les batteries de lasers anti aériens les encadraient si étroitement, que plusieurs vaisseaux républicains furent fracassés sans qu’ils puissent esquisser la moindre défense. Avant que Oreste ne réagisse.
- Commandant Tissan à toutes les unités, feu à volonté !
Les canons de leur transport ouvrirent le feu sur les positions séparatistes, suppléés par les missiles qui s’abattirent sur les batteries retranchées. Le corellien se pencha, en manipulant des macrobinoculaires. À travers les explosions et les impacts, il distingua les silhouettes de centaines de droides de combat qui maniaient une puissante artillerie. Il fut surpris de repérer des insectoïdes effilées, qui volaient autour de d’autres batteries de conception bien plus locale.
Des géonosiens.
- Oreste, on doit se poser ! On se fait décimer !
- Non, on doit atteindre l’Arène !
- Ouvre les yeux, on a perdu la moitié de nos troupes ! Insista Rachi dans son comlink.
Les défenses séparatistes vidaient les cieux de leurs ennemis, par des salves continues et acharnées. Au loin, se dessinaient de gigantesques ruches qui se culminaient à plusieurs centaines de mètres de haut.
Oreste observa un des canons local, manié par des autochtones. Ceux-ci pointaient l’affût vers le haut et des cercles concentriques verts pâles jaillirent, pour frapper une des canonnières à cinquante mètres derrière le transport de Rachi.
La navette se désintégra instantanément et cela décida le corellien à écouter sa camarade.
- Pilote, posez-nous immédiatement !
- À vos ordres, monsieur.
- Rachi ?
- On reste ensemble, lui confirma la twi’lek.
La canonnière de Oreste amorçait sa descente quand un projectile les percuta par l’arrière, au niveau des moteurs. De nouveau, les alarmes hurlèrent.
- Je perds le contrôle, accrochez-vous !
La non humaine fit entendre sa voix paniquée :
- Oreste !
- Ne t’occupe pas de moi ! Rugit-il.
En effet, Rachi voyait les flammes s’échapper des moteurs de la canonnière de Oreste en chute libre. Elle activa son sabre laser, la lame bleue azur se dépliant et la révélant comme une cible prioritaire. Des tirs de blaster convergèrent d’en bas vers elle, qu’elle bloqua l’un après l’autre. Elle donna l’ordre de virer de bord tandis que les autres canonnières se rapprochaient du sol, pour se poser et y faire débarquer leurs troupes.
À cinq mètres de la terre ferme, la jeune femme sauta à pieds joints et abattit de sa lame ardente, deux droïdes de combat qui attendaient en-dessous.
- Sergent, rapport de situation.
- Nous avons atterri derrière les lignes ennemies, madame. Il est improbable que nous puissions rejoindre l’Arène à temps, répondit le clone.
Les clones débarquèrent autour d’eux et engagèrent le combat contre les machines séparatistes. Rachi fut informée que des centaines de droïdes s’avançaient pour les encercler et les écraser sous le nombre.
- Formez un périmètre de défense ! Nous allons tenir la position ici jusqu’à l’arrivée de Maître Yoda, déclara-t-elle.
Bientôt, tous les clones se regroupèrent autour d’elle et des canonnières posées, puis la bataille devint acharnée, au milieu des décharges de blaster et des beuglements de soldats touchés par les impacts. À côté d’elle, deux clones s’écroulèrent en gémissant, touchés à la tête par des tirs ardents.
Un droïde médical s’affaira, penché sur eux pour leur prodiguer les premiers secours.
Rachi demeura concentrée, repoussant à l’aide de la Force plusieurs droïdes en même temps, déviant les rafales ardentes à l’aide son sabre avant de crier en direction du major clone qui l’avait rejoint :
- Des nouvelles de Ores… du commandant Tissan ?
- Nous avons perdu le contact avec sa canonnière, il n’est plus certainement plus opérationnel.
Elle projeta sa conscience et perçut la présence du corellien, bien vivant. Mais à la place de l’harmonie et de la sérénité, elle ne percevait plus que de la peur et de la colère. Il était isolé d’elle et était en position difficile.
Non Oreste, ne laisse pas de prise à l’obscurité !- Nous devons aller le trouver, major.
- C’est inutile s’il est mort, madame.
Une nouvelle tempête de sable se levait à l’horizon et elle fondrait bientôt là, où elle sentait la présence de Oreste. Elle devait faire vite.
Elle releva son sabre laser au-dessus d’elle en signe de ralliement, que tous puissent l’apercevoir.
- En avant, soldats !
Elle se jeta à travers les rangs ennemis, s’ouvrant un chemin à coups de sabre-laser, suivis par tous les clones déterminés à se sacrifier pour elle.
PARTIE 3/3La petite voix murmura à Oreste, lorsque sa canonnière s’écrasa violemment au sol, projetant des débris et du sable autour de l’impact :
Cède à l’obscurité, c’est ton seul espoir de survie.Quelques quintes de toux causées par la poussière et les cendres lui indiquèrent que tout le monde à bord avait survécu par miracle.
- Sortez tous, intima le corellien. Vite !
Les clones brandirent leur DC-15, prêt au combat. Des tirs de blaster les visèrent lorsqu’ils émergèrent de l’épave pour se déployer. Oreste dégaina et activa son sabre-laser, se jetant devant eux pour dévier les rayons avec sa lame verte émeraude.
Mais il ne put empêcher le clone à ses côtés, d’être touché par un tir dans l’épaule. Le corellien l’entendit grogner et jurer en mando’a avant de ôter son épaulette, couvert par deux de ses camarades dont l’un lui demanda :
- As ?
- Ça ira, vod.
Des dizaines de droïdes convergeaient vers eux, des silhouettes effilées brandissant des fusils blaster et progressant à la même cadence mécanique. Dans leurs rangs, le corellien distinguait des automates à la carrure plus imposante, dont le bras droit était muni d’un blaster lourd.
Oreste comprit la dangerosité de ces super droïdes de combat, lorsque ceux-ci déplièrent leur bras pour les arroser de tirs nourris.
- Avertissez toutes les unités les plus proches de nous rallier ! Lança-t-il derrière lui tout en accomplissant des moulinets avec son sabre.
- Oui, commandant Tissan.
Le corellien sentit la présence de plusieurs clones dont l’atterrissage avait été mouvementé, le rejoindre pour l’aider à faire face à la horde de droïdes. Brandissant sa lame verte, il s’élança en avant, fidèle à son caractère impulsif.
- Suivez-moi, soldats !
- Commandant Tissan, attendez !
Il demeura sourd à l’appel du soldat clone, qui voulait le prévenir de la tempête de sable. Celle se rapprochait dangereusement, alors que le corellien dévora la distance qui le séparait de ses ennemis, à l’aide de la Force.
Cède-moi, jeune Jedi.Cet appel de l’obscurité devenait de plus en plus tentant, alors qu’il fouettait l’air de son ardente épée. Démembrant et hachant avec une frénésie furieuse, percevant qu’un étau se refermait lentement sur lui et les maigres troupes qu’il avait pu rassembler autour de sa personne. Les clones le suivaient pour le couvrir, mais les droïdes restaient supérieurs en nombre et la percée favorisa leur manœuvre d’encerclement.
Cède-moi, Jedi. Ou tu échoueras à sauver ton Maître, tu endosseras seul cette responsabilité.La petite voix harcelait son esprit, suscitant en lui un début de désespoir. Un super droïde de combat lui fit alors face, le bras droit déplié. L’automate le mitrailla, le mettant cette fois un peu plus à contribution.
Puis une perturbation dans la Force l’avertit d’un danger imminent. Il le comprit à temps lorsqu’il vit la roquette sous le bras du robot, être décochée.
- À terre ! Hurla-t-il.
La roquette explosa aux pieds de deux clones, dont les jambes furent arrachées par l’onde de choc et éjectées loin d’eux. Le sang de Oreste fut glacé par leurs hurlements déchirants qui trahissaient leur souffrance.
Ce fut un choc pour lui de ressentir dans ses perceptions, un tel calvaire. Il le ressentait comme si lui-même avait été blessé. Il tourna et fixa hébété, les moignons sanglants des soldats qui furent traînés en arrière par leurs camarades. Ceux-ci leur injectèrent des stims anti-douleur pour les apaiser.
Pas de répit, car les droïdes ne leur en laissaient aucun.
Cède-moi ou ils mourront tous.Des tirs de blasters frappèrent un clone devant lui, sa surprise devant la mort si précoce déteignant dans la Force. La vision des clones mutilés, ses moignons sanglants, cette nouvelle mort si inutile… tout cela le décida à accepter ce que la petite voix ne cessait de lui demander.
Il accepta enfin de lui céder.
Les ténèbres s’emparèrent de lui, s’immiscèrent dans chacune de ses cellules, lui offrant une prescience claire du champ de bataille. Et celle des droïdes qui recherchaient son anéantissement. Mais ce serait lui qui les détruirait.
Oui, les détruire tous pour sauver son Maître et revoir Beliem, la femme qu’il aimait sur Corellia. Il brûlait de la serrer dans ses bras, de l’étreindre.
Pour cela, il devait les détruire.
Il éleva les deux mains et souleva les droïdes de combat les plus proches, comme des fétus de paille. Ses yeux verts et gris se noyaient dans les flammes, alors que les machines étaient déchiquetées par sa puissance télékinétique, broyées et concassées pour n’être réduites qu’à des tas informes. Le sentiment de puissance l’enivrait.
Voilà ce que tu es destiné à être, murmura la petite voix.
Tout à coup, un géonosien qui battait des ailes au-dessus de la mêlée, le prit à partie avec une étrange arme portative. Oreste le perçut à temps et releva son sabre-laser pour dévier son tir. Des cercles concentriques foncèrent vers lui mais il demeura confiant.
Jusqu’à ce que les auréoles entrent en collision avec la lame ardente. La déflagration qui en résulta le projeta au sol, lui arrachant le sabre des mains. Il se roula sur lui-même, un peu sonné et confus. Un soldat se jeta sur le géonosien, le mitraillant de son fusil DC-15. La créature insectoïde esquiva chaque tir avant de répliquer avec son arme sonique.
Les ondes le frappèrent de plein fouet à la poitrine, liquéfiant sa peau, ses muscles, ses os et ses organes. Son agonie ne dura que quelques secondes, le Jedi le vit basculer sur le flanc. Ce clone s’était sacrifié pour lui.
- Non !
Il se redressa sur ses appuis et invoqua de nouveau sa haine. Le géonosien se retourna pour l’achever mais il fut immobilisé par une brutale Étreinte de Force qui l’enserra dans un filet invisible.
La créature grogna et rua pour se dégager, vainement.
Fais-le souffrir, murmura la petite voix.
Oreste sentit la terreur du géonosien à mesure qu’il contracta les poings, resserrant le filet invisible qui comprimait le prisonnier. Ce dernier souffrait et implorait son bourreau dans son dialecte inconnu et inaudible.
Mais le corellien voulait qu’il souffre, comme il avait fait souffrir Villan Osmer, il y a longtemps. Il ne désirait que la justice… n’est-ce pas ? Maître Mundi et Maître Halcyon l’avaient mis en garde sur le danger de confondre justice et vengeance. Mais cela n’avait pas d’importance. Il devait faire ce qui était nécessaire.
Des tirs républicains transpercèrent le géonosien et Oreste sortit de cet état second pétri de haine, relâchant le cadavre fumant. Il eut à peine le temps d’en éprouver de la honte, que les clones criaient :
- Tempête de sable !
Le Jedi récupéra son sabre à l’aide de la Force et remit ses lunettes de protection, au moment où la tempête s’abattit sur les républicains, les ensevelissant sous une nuée de poussière acide qui les battait impitoyablement.
À travers le bruit, Oreste entendit les clones paniquer à cause de l’absence de visibilité.
- Je ne vois rien et nous sommes toujours sous le feu ennemi !
- La ferme, continue de tirer !
Les échanges de blaster se poursuivaient, mais se montraient bien plus imprécis et désordonnées. Les scanners séparatistes devaient être aussi perturbés et cela rendait la situation du Jedi bien plus périlleuse.
Concentre-toi, fie-toi à moi, l’exhorta la petite voix.
Mais la vision de ce géonosien à sa merci qu’il avait torturé avant qu’il ne soit abattu, s’imposa dans ses pensées. Par conséquent, son sabre laser ne dévia pas autant de tirs qu’il le pouvait. Un trait de lumière ionisée traversa la nuée opaque pour le frapper à la cuisse.
Il mit un genou à terre et positionna sa lame verte devant sa poitrine pour bloquer d’autres tirs. Il décida d’appeler sa camarade twi’lek.
- Rachi, tu me reçois ?
Seuls des parasites lui répondirent. Il sentait sa présence quelque part mais la bataille en cours l’empêchait de se concentrer davantage. Puis il détecta un autre écho dans la Force, plus proche et plus menaçant.
Il se retourna vers la menace qui se matérialisa peu après en une vague silhouette armée d’un lourd fusil blaster… qui le visait. Sans réfléchir, le Jedi corellien maîtrisa la douleur liée à sa blessure et se jeta éperdument sur cet ennemi.
Il comprit son erreur trop tard après que sa lame ait transpercé de part en part, une armure blanche. Celle d’un clone qui manifesta sa confusion et son désarroi, en l’agrippant par l’épaule.
- Monsieur… je… vous ai pris pour un droïde.
Ses morts moururent au fonds de sa gorge à cause de la blessure mortelle. Oreste demeura pétrifié et choqué de sa bavure. Il ne voulait pas ça… il demeura debout, vidé de son ardeur devant la mort qui lui avait forcé la main.
La tempête passa mais il s’en moquait. Ce qu’il venait de faire, il ne le comprenait pas. Rien ne le justifiait. Il fixait sans le regarder, le clone mort allongé sur le dos, un trou béant sombre au milieu du torse.
- Des droideka !
Concentre-toi sur l’instant présent, lui parla Halcyon par le biais de la Force.
Alors il reprit racine avec la dure réalité de la guerre. Cinq grandes roues métalliques roulaient dans leur direction, dépassant les rangs des droïdes de combat qui continuaient de déferler sans sourciller.
Arrivées à portée de tir des clones, les roues freinèrent avant se déplier en créatures tripodes infernales, protégées par un bouclier. Leurs blasters jumelés mirent rapidement les clones dépassés en difficulté.
- Commandant Tissan, nous devons nous replier !
Oreste les couvrit du mieux qu’il put avec son sabre laser.
- Réfugiez-vous derrière les canonnières…
Un droideka franchit sa garde et le toucha au flanc, le faisant se plier en deux. Le corellien tituba, plaquant sa paume contre la plaie brûlante.
- Protégez le commandant !
Oreste releva sa lame avant d’être jeté au sol par des impacts à l’épaule. Les clones s’avancèrent pour l’aider mais ils furent décimés. Le corellien sentit un froid s’insinuer dans ses veines tandis que la petite voix murmura sa déception.
Voilà ce qui arrive quand on fait preuve de faiblesse.
Dans un ultime sursaut, il releva sa lame mais l’arme lui fut arrachée des mains par un nouveau tir du droideka. Il tourna la tête, pour chercher le moindre soutien à sa portée mais ne vit que des armures blanches fumantes.
Ses hommes étaient morts en choisissant de le suivre. Il était responsable de leur sort, il avait failli en fonçant tête baissée sur les défenses séparatistes. Il allait payer pour son erreur.
Un droïde de combat se pencha en pointant son blaster sur sa tête.
- Élimination du Jedi programmée, brailla-t-il de sa voix nasillarde.
Oreste ferma les paupières et sa dernière pensée fut le visage de Beliem, qu’il ne reverrait plus. Il avait pourtant promis qu’ils seraient réunis à nouveau. Que découvrirait-il après sa mort, sur la Force ? Et bien, il le saurait enfin.
- Oreste !
Le cri d’une twi’lek l’arracha à l’inconscience et il rouvrit les yeux sur Rachi qui se jetait sur les droïdes séparatistes avec sa lame bleue azur. Les clones à sa suite se déployèrent, en renfort bienvenu.
- Établissez un périmètre ! Couvrez le commandant Tissan ! Fit le major à ses hommes.
Quelques soldats se penchèrent sur le corellien pour lui injecter des stims anti douleur. Peu après avoir repoussé les droïdes, la jeune twi’lek vint à son tour à son chevet. Elle lui agrippa doucement la nuque pour le redresser.
- Oreste.
- Maintenant, tu peux le dire, déclara-t-il avec un sourire triste. C’était une mauvaise idée.
- Nous en parlerons plus tard.
Ils restèrent ainsi, les clones veillant au grain autour d’eux. Certains retrouvèrent quelques uns des hommes de Oreste, qui continuaient de respirer mais qui nécessitaient des soins lourds et conséquents.
- Commandant Sitra, ici le Manthil. Vous nous recevez ?
La twi’lek saisit son comlink qui filtrait l’appel.
- Oui, capitaine Dopper.
- Nous avons perdu le contact avec le commandant Tissan.
- Je l’ai trouvé mais il est sérieusement blessé et ses troupes ont été décimées. Envoyez-nous des navettes médicales.
- Tout de suite. Au fait, une bonne nouvelle. Maître Yoda est arrivé, nous allons enfin investir ce monde et écraser les séparatistes.
Alors Rachi leva la tête et fut soulagée de voir des dizaines de croiseurs Acclamator, envahir les cieux de Géonosis pour se poser et débarquer les troupes. Le corellien inspira un grand coup malgré la gravité de sa blessure au flanc, devant les décharges de turbolaser que libéraient les renforts de maître Yoda pour se débarrasser de leurs homologues séparatistes.
Les clones poussèrent des hourrahs lorsque des canonnières les survolèrent en rase-mottes pour filer vers l’Arène.
Oreste était hors de combat mais son maître serait sauvé, il le sentait. Des navettes médicales se posèrent à côté d’eux. Le corellien fut évacué sur un brancard antigrav, son prochain séjour serait dans une cuve à bacta.
Sa bataille était terminée mais il n’oubliait pas au fonds de lui que c’était parce qu’il avait adopté les ténèbres, une fois de plus.
Voilà, j'espère que cela vous a plu

!