La première navette arriva, et Leia et Han en sortirent. Leur arrivée fut remarquée, d’une part par leur notoriété, mais aussi à cause de l’effet que leur présence ici suscitait aux autres invités. Leia portait une robe longue distinguée, et un petit gilet recouvrant ses bras. Un look élégant, mais somme toute classique pour une femme de pouvoir d’âge mûr. Han avait été obligé de faire l’effort de porter un costume trois pièces. Il avait tout de même fait le choix de déboutonner sa chemise, plutôt que de la laisser col fermé et montant jusqu’au milieu du cou comme c’était généralement l’usage. Si ce n’est ce détail, il ne dénotait pas parmi les autres invités humains.
Juste après eux descendirent Alana et Anakin. Et dire que leur arrivée avait été remarquée eut été un doux euphémisme. Leia et Han les avaient mis en garde qu’ils risquaient de devenir le centre d’attention principal à leur arrivée. Qu’étrangement, plus ce serait le cas, mieux ce serait. Mais être prévenus et préparés ne faisait pas tout. La sensation d’être dévisagés comme des attractions étranges, des bêtes de foire, n’était plaisante pour aucun des deux Jedi. Même si Anakin possédait un orgueil et une fierté qui faisait défaut à la jeune femme, il était difficile de se satisfaire de ce genre de traitement. Le jeune homme savait néanmoins qu’il réussirait à passer au dessus de tout cela, du moins réussir à donner le change. Mais pas Alana.
La plupart des invités avaient les yeux ébahit devant la silhouette de la jeune femme. Elle portait une robe noire à manches longues, et s’arrêtant aux genoux, épousant parfaitement les courbes de son corps. Elle offrait un léger décolleté sur le devant, et un dos nu jusqu’à la taille derrière. Des talons élégants complétaient sa tenue. Ses cheveux étaient laissés libres, plaqués sur un coté de son visage dans une coiffure asymétrique. Une légère touche de maquillage avait suffit, la jeune femme s’estimant suffisamment déguisée comme ça. Car tout ceci la mettait mal à l’aise. Leia avait beau lui dire que ce genre d’évènement pourrait se répéter à l’avenir, cela ne lui était pas d’un grand secours. Le seul facteur apaisant était la présence de son cousin. Le jeune Anakin n’était pas en reste lui non plus. Un costume bleu nuit, légèrement pailleté, la veste ouverte révélant une chemise d’un blanc éclatant. Le tailleur avait passé un certain temps à ajuster le costume, craignant que le jeune homme ne craque les coutures des tissus à la moindre contraction musculaire. Des mocassins en cuir marron accompagnaient le tout. Ses cheveux aussi étaient lâchés, plaqués vers l’arrière. Anakin s’efforçait de dégager suffisamment d’assurance pour que la jeune femme se sente moins intimidée par toute cette attention. Et elle lui était grandement reconnaissante. Elle songea qu’elle devra lui rendre la pareille, dans le cas où l’un de ces aristocrates finirait par initier le dialogue avec eux. En se focalisant sur une interaction en particulier, elle se sentirait plus à l’aise.
L’un comme l’autre n’étaient pas des plus à l’aise dans ces tenues, plutôt habitués aux vêtements amples et confortables. C’est pourquoi Han et Leia les avaient guidés vers des styles simples mais élégants, des classiques qui avaient déjà fait leur preuves. Dans tous les cas, une fois leur arrivée digérée par l’assemblée, l’attention commença à se dissiper au fil des secondes. Ils comprirent que le niveau d’attention était éphémère, l’audience se concentrant déjà sur l’arrivée d’une nouvelle personnalité en vue, qui semblait mériter leurs égards. Ils se contentaient donc de suivre Leia et Han, cherchant à paraitre le plus naturel possible. Ils commençaient à s’avancer et s’approcher du buffet, tout en saluant des invités qui les appelaient çà et là. Mais rien à voir avec les réactions à leur arrivée. Un salut bienvenu… Jusqu’à ce qu’ils furent rejoints par l’hôte de la soirée lui-même. Il avait fait le choix de porter une tenue similaire à celle d’Anakin. Sauf que sa tenue, ne misant clairement pas sur la sobriété, était un complet blanc brillant, faisant ressortir la couleur orange de sa peau.
— Bien le bonsoir, Madame la sénatrice ! dit-il de son ton peu naturel.
— Monsieur le sénateur.
— Général Solo (Bien qu’il ne soit plus officiellement membre des opérations spéciales, mais simple consultant, Han se garda de le corriger, et lui rendit son salut en opinant du chef) Laissez-moi vous dire que vous êtes tous les deux particulièrement à votre aise, ce soir.
— Merci, je peux également vous retourner le compliment, répondit Leia.
— Merci. Je suis ravi que vous ayez pu vous joindre à nous. (Il regarda étrangement les deux Jedi qui se tenaient derrière eux) Serait-ce… Mais oui ! Ce sont nos deux jeunes envoyés Jedi que voici ! J’ai bien failli ne pas vous reconnaitre. Vous êtes resplendissants !
— Merci, Monsieur le sénateur, répondirent les deux jeunes.
— Eh bien, que pensez vous de ma demeure ?
Typiquement le genre de question où l’honnêteté n’était pas de mise…
— C’est très joli, Monsieur le sénateur, répondit sobrement Alana.
— C’est… Grand. Très grand, ajouta maladroitement Anakin. Monsieur le sénateur.
— Je vous ferais volontiers la visite à l’occasion, si vous le souhaitez. Mais pour l’heure, j’ai de nombreux invités qui méritent tout autant mon attention. Veuillez m’excuser, et surtout faites comme chez-vous.
Le sénateur repartit rapidement, pour le plus grand bonheur des deux jeunes Jedi.
— Pfiou, murmura le jeune homme. J’en peux plus de ce type.
— C’est vrai qu’il est… particulier, ajouta Alana.
La jeune Jedi senti un léger frisson la parcourir, différent de tout ce qu’elle avait pu ressentir auparavant. Elle tourna son regard en direction d’Anakin, qui arborait un visage troublé à son tour. Ils se retournèrent brusquement, ayant cru entendre le cri de dizaines et de dizaines de personnes souffrir atrocement. Mais rien. Les invités riaient, plaisantaient, parlaient fort pour certains. Mais aucun cri de douleur. Cette sensation était étrange, semblant toute proche. Mais elle s’était vite estompée. Tous deux commencèrent à douter, songeant que cela était certainement du à leur état de stress, quant à la perspective de leur présence à cette soirée. Ils n’eurent de toute façon plus le temps de s’en inquiéter, lorsqu’Han leur adressa naturellement la parole, lui et Leia n’ayant pas prêté attention au léger trouble qui les parcourait.
— Eh les mômes, vous n’êtes pas les seuls à trouver ça barbant, rétorqua Han.
— Nous venons à peine d’arriver, alors il va falloir faire un petit effort, affirma Leia sans déchiffrer réellement leur expression. Pour l’instant, tout s’est déroulé comme on l’avait prévu, alors il n’y a pas de raisons de s’en faire.
— J’en serais pas si sûr, chérie.
Han parlait en gardant sa mâchoire verrouillée, pour rester le plus discret possible, en désignant un homme qui les avaient reconnus et commençait à s’approcher.
— Ah, oui. (Elle avait compris l’allusion juste avant de le voir) En même temps, comment tu voulais qu’il rate une soirée pareille, ajouta-t-elle en affichant un sourire forcé.
— Han ! Leia ! Quel plaisir de vous voir, les amis !
L’homme qui s’approchait et qui les avaient interpellés avait à peu près le même âge qu’Han, aux alentours de la soixantaine. Il était très légèrement plus petit, et avait une peau brune légèrement marquée, des cheveux grisonnants, et arborait un bouc soigneusement taillé. En plus d’un costume au design épuré et raffiné de couleur rouge, il portait pardessus une fine cape noire. L’ensemble aurait été ridicule en toute circonstance. Mais sur cet homme, cela ne semblait pas de mauvais goût. Il rendait son accoutrement inspirant pour tous les invités, qui se seraient tous retrouvés ridicules affublés d’une telle façon.
— J’étais sûr de te trouver ici…
— Tu n’aurais jamais pu manquer une occasion de pavaner, vieille canaille, lui lança Han.
— Et si vous me présentiez plutôt à vos charmants compagnons ?
— Voici mon fils, Anakin, et cette jeune femme est ma nièce, Alana. Les jeunes, je vous présente Lando Calrissian, fondateur et PDG de LandoMilitech, et accessoirement un vieil ami.
— Tout le plaisir est pour moi. (Il s’inclina vers Alana) Laissez moi vous faire remarquer que vous êtes un vrai ravissement pour les yeux, jeune femme, lui dit Lando alors qu’il souhaitait lui baiser la main. (La jeune Jedi se laissant faire même si elle n’avait pas bien saisit la nature du geste) Et vous, jeune homme, tant de charisme et de prestance. N’en n’auriez vous pas volé à votre vieux père ?
— Pardon ? demanda Anakin, ne saisissant pas le ton de l’interaction.
— Ce n’est rien, fiston. Lando aime taquiner. C’est réellement un ami, même si on peut toujours se demander pourquoi…
— Ah, je sais qu’au fond tu m’aimes bien, vieille canaille. Alors, mes chers envoyés Jedi, des commentaires sur votre arrivée ? demanda-t-il sur un ton malicieux.
Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’Anakin n’appréciait pas ce Lando, alors qu’il venait de le rencontrer. Il était trop arrogant, trop expansif, trop… Trop ! Son ton décontracté ne l’amusait pas. Il pouvait bien être un personnage important pour ses parents, cela lui importait peu. Il lui donnait l’impression d’avoir un flambeur en face de lui. Même si le jeune homme était peu familier avec cette dénomination, l’association lui paraissait ô combien pertinente. Alana, elle, était moins absolu que son cousin. Certes, elle était peu habituée à rencontrer des personnages excentriques et hauts en couleur. Bon, il y avait bien Grogu, qui était un phénomène à lui seul. Mais c’était bien différent. Lando était courtois, et dégageait un charme, une décontraction naturelle. Elle imaginait difficilement comment un tel homme pouvait avoir de grandes responsabilités, étant donné qu’il faisait tout son possible pour paraitre détaché de tout élément sérieux.
— Vous pouvez répondre normalement, leur révéla Leia en voyant qu’ils hésitaient. Lando n’est pas comme ces autres politiciens.
— Tu heurtes ma sensibilité, très chère.
— Parce que tu en a toujours une ? lui lança son ami.
— C’est… dépaysant, lui répondit Alana. Les choses sont complètement différentes, et nous sommes toujours en train de nous adapter.
— Je pourrais toujours vous y aider, si vous me laissez faire, suggéra Lando. Vous pourriez passer voir mes installations, je vous ferais visiter…
— Tu te rends compte à qui t’es en train de parler, coupa Han d’un ton sec. Devant moi en plus ? Ma nièce, qui est trois fois plus jeune que toi, soit dit en passant.
— Que me chantes-tu là ? J’étais juste en train de faire connaissance, en tout bien tout honneur, mon ami. Je me suis calmé avec l’âge.
— C’est ça…
— Je suis juste un homme vieillissant qui se retrouve déstabilisé lorsqu’il fait face à une femme séduisante. Ou devrais-je dire, deux femmes séduisantes, ajouta-t-il de son ton habituel.
— Sacré Lando, lui répondit Leia.
— Ne t’inquiète pas, mon garçon, (L’agacement d’Anakin grimpait de plus en plus, et cela commençait à se remarquer. Lando l’avait relevé, et tenta de désamorcer la situation) Je ne fais que plaisanter, juste un peu, c’est tout. A quoi bon travailler autant si ce n’est pas pour pouvoir s’amuser…
— Ce serait appréciable que vous deveniez plus sérieux, juste un peu, grommela le jeune homme.
— Oula, j’ai réveillé la bête ! (Il reprit un ton plus posé) Veuillez m’excuser, jeune homme. Je ne voulais pas vous contrarier. Pardon à vous aussi, jeune femme, si je vous ai causé quelconque inconfort.
Alana ne l’avait pas mal prit. Contrairement aux remarques dont elle avait fait l’objet depuis son arrivée, celles de Lando ne la dérangeait pas. Du moins ne la mettait pas mal à l’aise. Lando dégageait une certaine sympathie, une courtoisie qui impliquait qu’on lui pardonnait facilement.
— C’est oublié, répondit Alana en ajoutant un simple geste apaisant de la main.
— Néanmoins, l’invitation précédemment proposée tient toujours, et ce pour votre ami également. (Anakin se contentait de le fixer sans répondre) Je pense qu’aux vues de vos prochaines assignations, ce serait pertinent de visiter les infrastructures d’une organisation comme la mienne.
— Parce que vous, vous êtes chef d’entreprise ? rétorqua Anakin, sur un ton agacé.
— « Chef d’entreprise », c’est d’un trivial…
— Pardon ?
— Lando est directeur et actionnaire majoritaire de LandoMilitech, qu’il a lui-même fondé, révéla Leia. C’est un des acteurs majeurs de la sphère des mégacorporations.
— L’acteur numéro un d’ailleurs, se permit-il de rectifier.
— Je croyais que Blacktower marchait sur tes plates bandes ? envoya Han d’un ton bien sentit.
— Ils essaient… Leur branche militaire et sécurité me titille depuis des années, mais pour le reste, je n’ai pas à m’en faire…
— Vous avez donné votre propre prénom à votre compagnie ? s’amusa Alana qui n’avait pas oublié ce détail.
— Il suffit de le connaitre un peu pour ne pas en être surpris, lança Han sur un ton railleur. Avoir son nom inscrit sur la façade de la plus grosse corpo de la planète, un vrai régal pour toi, hein !
— Je ne vois pas d’intérêt à être le numéro un si personne ne le sait !
— Vous travaillez dans quel domaine ? demanda Anakin.
Son agacement s’était lentement mué en curiosité. Le jeune homme en était le premier surprit.
— Armement, production et reconditionnement post-Empire. Nombreuses branches de sécurité et d’armée privée. Réseaux de transports et de communications intra/extra planétaire. Droïdes et matériel cybernétique. Et dans le matériel médical il y a peu, avec le rachat de diverses compagnies. Faites votre choix !
— Impressionnant, constata le jeune Jedi.
— Question d’opportunité, jeune homme. J’étais le propriétaire d’une honnête affaire d’exploitation de gaz tibana. Après la guerre, j’ai tout revendu, pour me lancer dans le reconditionnement de matériel militaire. L’Empire a laissé de nombreux trésors, pour ceux capables de sentir la brèche. La guerre crée des opportunités, et je les ai saisies. (Les deux jeunes Jedi affichaient à présent un silence désapprobateur) Je peux lire vos réactions sur vos visages, vous me trouvez ignoble.
— Ce n’est pas ça, c’est que… hésita Alana.
— On est juste surpris que vous annonciez tout haut avoir prospéré sur le dos de victimes de la guerre, lança Anakin.
Le ton de défi amusa beaucoup Lando. Mais pas Han.
— Anakin, attention, lui dit son père.
— Ben quoi ?
— Laisse Han, apaisa Lando, ils sont jeunes et nouveaux ici. Ils comprendront.
Son ami se montrait conciliant, mais son fils devait apprendre de quoi il retournait vraiment. Et à qui il manquait de respect en le faisant passer pour un simple opportuniste. Sans compter que Lando lui avait tendu la main au pire moment.
— Ce n’est pas que ça, reprit Han. Lando a servi sous la bannière de l’Alliance Rebelle contre l’Empire. C’est un héros de guerre décoré.
— Oh, si en plus c’est toi qui se mets à me jeter des fleurs, mon ami.
L’état de fait refroidit brusquement Anakin. Il se rendit compte qu’une nouvelle fois, il avait parlé sans avoir une vue d’ensemble. Les simples paroles de son père l’avaient ramené à la réalité, et il comprit son erreur.
— Je l’ignorais, admit le jeune homme. (Il se tourna vers Lando) Veuillez m’excuser, monsieur Calrissian.
— Ce n’est rien, j’ai dit ! lui dit-il en lui envoyant une légère tape amicale. C’était il y a longtemps tout ça. Une autre vie… Et appelez-moi Lando, ajouta-t-il pour apaiser tout le monde. Monsieur Calrissian c’est pour les affaires.
— Eh bien, Lando, qui sont vos amis qui échauffent à ce point les esprits ?
Une twi’lek, accompagnée d’une humaine, s’était discrètement approchée du petit groupe, et personne ne les avaient remarquées. Elles ressemblaient à s’y méprendre toutes les deux à des modèles de couvertures de holos de mode, et portaient des tenues qui s’y prêtaient également. La twi’lek avait une peau d’un rouge sombre, et l’humaine la peau pale avec des yeux légèrement plissés.
— Ah vous avez réussi à retrouver ma trace, mesdames. (Il fit les présentations) Je vous présente mesdames Yuthura Ban et Temiri Orzo. Mesdames, je vous présente Madame la sénatrice Organa et Monsieur Han Solo, que vous avez certainement déjà rencontré. Et voici nos deux envoyés Jedi récemment arrivés, Anakin Solo et Alana Skywalker.
— Vos réputations vous précèdent, Madame la sénatrice et Monsieur Solo, c’est un plaisir, répondit la twi’lek.
— Et nous sommes enchantées de faire la connaissance de nos prestigieux nouveaux visiteurs, rajouta l’humaine.
— Nous sommes ravis également, mesdames, fit Leia.
— Madame Ban est actionnaire minoritaire de ma société, en charge du pôle logistique, annonça Lando en désignant la twi’lek. Madame Orzo est en charge de tout le pôle juridique.
— Eh bien, tu sais t’entourer d’associées… compétentes, Lando, commenta Han avec sous-entendus.
— Qu’est ce que tu vas insinuer là, mon ami ? Des femmes jeunes et séduisantes comme elles n’ont que faire d’un vieux bougre comme moi, voyons. (Il attira de légers rires courtois avec cette petite blague) Et puis, je ne mélange jamais le plaisir et les affaires, tu le sais.
— Ca n’a pas toujours été ainsi, n’est ce pas ?
— Ah, voilà une anecdote que j’adorerais entendre, répliqua Yuthura Ban d’un air intéressé.
— Moi aussi, ajouta Temiri Orzo. Il se pourrait bien que cette soirée devienne intéressante.
Anakin avait vite remarqué les regards que Temiri Orzo lui lançait. Ces manifestations lui plaisaient autant qu’elles le mettaient mal à l’aise. Sans compter que plus il cherchait à se montrer indifférent, plus cela renouvelait l’intérêt de la charmante humaine. Il devait l’avouer, elle était séduisante. Sa coiffure, son maquillage, ses vêtements, tout était étudié pour la mettre en valeur. Mais au-delà de la simple attirance physique, il ne ressentait rien. Pour une simple et bonne raison. Elle n’était pas Alana…
— Je pense que nous pouvons réserver ce genre d’anecdotes pour plus tard dans la soirée, glissa Leia.
— Je suis d’accord ! proclama Lando, sautant à pieds joints dans la bouée de sauvetage que Leia venait de lui lancer.
— En tout cas, je suis ravie que l’un des envoyés Jedi soit une femme, annonça la twi’lek.
— Je ne sais pas bien si cela constitue un compliment, répondit Alana. Mais merci.
— C’en est un, je peux vous l’assurer, compléta l’humaine.
— Et on peut également être ravis de voir deux femmes à des postes à haute responsabilité dans une entreprise si prestigieuse, nota Leia.
— C’est tout naturel ! répliqua Lando avec son entrain naturel. Je choisis souvent les meilleurs associés, et ce d’où qu’ils viennent. (Il se tourna et contempla les alentours) Allons, assez parlé et profitons de la soirée ! Mesdames, soyez gentilles, et accompagnez les envoyés Jedi pour leur faire découvrir les festivités, c’est tout nouveau pour eux.
— Bien sûr, voulez-vous vous joindre à nous ? leur dit la twi’lek en les désignant.
— Euh, volontiers, répondirent-ils, en cherchant Leia du regard.
— Ne vous inquiétez pas, leur dit-elle, j’ai beaucoup de gens à voir de toute façon. (Elle parla à voix basse à Lando, tandis que les quatre jeunes gens s’éloignèrent) Je ne te remercie pas de les lâcher ainsi alors qu’ils sont novices.
— Bah, tu te fais trop de soucis ! objecta-t-il d’un geste nonchalant de la main. Ils sont bien accompagnés, ça ira. Au fait, où est notre bon vieux Chewbacca ? J’aurai aimé le voir.
— Tu n’es pas sérieux, répondit Han. Tu connais Chewie, il n’est pas sortable. Il se serait jeté sur le buffet, et aurait blessé ceux qui auraient voulu le calmer ou le faire sortir. Tu n’aurais pas oublié le pot qu’on avait fait, après que nous ayons signé nos contrats chez toi ?
— Oh que si que je m’en souviens. Tout l’immeuble aussi d’ailleurs…
— Alors, vous appréciez la soirée ? demanda l’humaine.
— Pour l’instant, ça ne se déroule pas trop mal, répondit Anakin.
— Et vous ? ajouta Alana.
— Nous ? Eh bien, nous faisons comme nous pouvons… déclara la twi’lek d’un ton fuyant mais assez clair.
— Alors vous aussi vous trouvez ça un peu brabant ? devina Anakin.
— Jeune homme, lui répondit l’humaine d’un ton langoureux. Vous devriez apprendre qu’exposer vos pensées et vos intentions si ouvertement, dans des sphères comme celles-ci, se révèle rarement à propos.
— Cela pourrait vous porter préjudice, continua Yuthura.
— C’est ce que je lui dis souvent, reprit Alana. Mais revenons à ce que vous disiez, voulez-vous ? Vous disiez ne pas être friandes de ce genre de soirées.
— Nous n’avons jamais dit cela, lui répondit-elle. Le fait est que ces soirées s’apparentent plus à du travail qu’à de la détente pour nous.
— Il est difficile de concilier les deux, ajouta Temiri. Seul Lando semble en être capable, plus ou moins.
Les deux femmes gloussaient légèrement, et un silence commença à naître. Les deux Jedi ne sachant pas par où commencer, ce fut la twi’lek qui relança rapidement la conversation.
— Alana, c’est bien ça ? M’accompagnerez-vous dans la cour ? (La jeune femme accepta la nouvelle invitation inopinée) Nous vous retrouverons tout à l’heure, ajouta-t-elle, en direction d’Anakin et Temiri Orzo.
Anakin et Temiri s’éloignèrent en direction d’un balcon faiblement éclairé, offrant un panorama de la ville agitée dans le lointain, surplombée par le scintillement des étoiles dans la nuit noire. C’était le genre de coin idéal pour des discussions plus intimes, mais Alana n’allait pas pouvoir en entendre un mot.
Les deux femmes se dirigèrent vers la cour, dans un parc qui se voulait presque artistique, agencé pour un vernissage. On ne pouvait parcourir une dizaine de mètres sans croiser une statue, faites à partir de la végétation pour la plupart. Le parc offrait une bouffée d’air frais et de calme bienvenue aux deux femmes. Alana restait sur ses gardes. Elle avait se tenait sur ses gardes, concernant d’éventuels traquenards. Le fait de se trouver séparée d’Anakin en était manifestement un. Les deux femmes étaient séduisantes, même elle l’avait remarqué. Elles occupaient des postes importants, des postes d’influence. Elles devaient forcément avoir un but dissimulé. Mais Alana se savait prête. Son esprit glissait davantage vers Anakin. Elle craignait que son cousin ne finisse par commettre une erreur. Il n’avait certes rien de particulier à révéler. Mais sa manière parfois excessive de réagir pouvait poser des problèmes. Visiblement, les préoccupations de la jeune femme se lisaient sur son visage, car la twi’lek l’observait de manière étrange. Elle prit la parole, cherchant à dissiper les doutes d’Alana.
— Vous devez penser que nous essayons de vous séparer, pour vous questionner sur des sujets complexes, fit-elle en souriant. Il n’en est rien. J’ai simplement préféré laisser ma collègue seule avec votre ami. J’ai vite compris qu’il l’intéressait, si vous voyez où je veux en venir, et cela me semblait réciproque. J’espère que vous ne m’en voudrez pas.
— Ah, d’accord. (Alana se sentait un peu bête de ne pas avoir saisi ces détails) Il fait ce que bon lui semble.
— J’aurai pensé que vous auriez désapprouvé, ou alors vous avez un talent précoce à feindre l’indifférence…
— Pourquoi pensez-vous cela ?
— Il semble que votre ami ressente quelque chose pour vous, ne trouvez-vous pas ?
Cette phrase était tellement absurde qu’Alana ne dissimula pas sa réaction.
— Ani ? répondit-elle, sincèrement étonnée, sa surprise se lisant clairement sur son visage. C’est absurde. Nous sommes cousins.
— Oh… Très bien... (Yuthura Ban était toujours convaincue de son intuition, mais elle n’insista pas) C’est justement à cela, se dévoiler, que sert un tête-à-tête…
— Et que voulez-vous me faire dévoiler ?
— C’était une image très chère. (Elle lui indiqua d’un geste un petit banc au loin, comme destination) Je souhaitais simplement vous découvrir un peu plus, voilà tout. En l’occurrence, j’ai pu comprendre que vous cachez difficilement votre surprise, blagua-t-elle. C’est la première fois que j’ai l’occasion d’approcher un membre de votre Ordre. Racontez-moi ce que c’est, d’être un Jedi.
— C’est difficile à expliquer, à comprendre du point de vue de…
— D’un ignorant ? devina-t-elle.
— Ce n’est pas ce que j’allais dire.
Elles arrivèrent près d’un banc près d’une fontaine, et Yuthura invita Alana à y prendre place. Ce coin était plus calme, bien plus apaisant que le reste de la propriété.
— Essayez toujours, relança la twi’lek.
Quelque chose semblait émaner de la twi’lek. Elle possédait un charme enivrant, c’était certain. Alana avait sincèrement envie de se dévoiler. La crainte qu’elle avait quant au fait de rester sur ses gardes se faisait moins pressante. Pas que Yuthura Ban soit particulièrement sympathique. Mais une légère bienveillance, une certaine honnêteté transparaissait. Ce qui motivait sa question était un réel désir d’échanger avec elle.
— Une vie de Jedi, ma vie en particulier, a toujours été accaparé par l’entrainement, le travail, l’apprentissage, expliqua Alana. J’ai grandi avec mon père et mon cousin, et d’autres qui sont devenus ma famille.
— Une vie faite uniquement de travail est éprouvante. J’en conviens, car j’en sais quelque chose. Et cela vous plaît malgré tout ?
— Oui, énormément. Je n’ai jamais rien connu d’autre, et je n’en ai jamais ressenti la volonté ou le besoin.
— On ne regrette pas ce que l’on n’a jamais connu.
— C’est possible, oui. Mais je ne vois pas ma condition comme un fardeau. Plutôt comme une bénédiction. Suivre la voie de la Force, et les enseignements de mon père, est ce qui a fait de moi ce que je suis, et m’a préparé pour les épreuves à venir. J’en suis heureuse.
— C’est une belle façon de voir les choses.
Alana sentit un léger manque de sincérité dans les paroles de Yuthura.
— Vous désapprouvez ?
— Aucunement. Je remarque juste que votre vie si heureuse semble vous avoir coupée des préoccupations du reste de la galaxie. Ne craignez vous pas que cela vous desserve à l’avenir ?
— J’apprendrais et je m’adapterais, répondit-elle plus froidement.
— Ce n’était pas un reproche, bien au contraire. La Galaxie est un endroit où il est difficile de vivre pleinement. Vous semblez y être parvenu, cela se respecte. J’espère que votre apprentissage se fera en douceur.
— Vous pensez que vous n’avez pas eu une vie aussi facile que la mienne.
— Qu’est ce qui vous fait dire cela ?
— Vous. (La jeune Jedi avait réussit à lire entre les lignes, et à faire les déductions rapides qui s’imposaient) Et votre scepticisme réservé.
— Perspicace. Un tour de Jedi ?
— Non, j’essaie de faire attention aux détails.
— Votre confiance en votre capacité d’adaptation se confirme en effet. Vous apprenez rapidement.
— C’est l’idée. (Elle sentit que le moment était de changer de sujet) Alors, à vous de vous dévoiler, Yuthura Ban.
La twi’lek commençait à apprécier la jeune femme. Elle ne ressemblait pas au portrait qu’elle s’était faite au préalable. Alana était certes convaincue par son idéologie et ses intentions, mais son côté moralisatrice n’était pas ce qui transparaissait en premier lieu. Yuthura y voyait davantage une certaine sincérité, presque ingénue, mais bienvenue et rafraichissante. Exactement ce dont elle n’avait pas l’habitude dans son milieu. Exactement le genre de femme que la twi’lek appréciait. Elle ne risquait rien à parler un peu d’elle.
— Eh bien, je n’ai pas une vie très différente de beaucoup de gens dans la galaxie. J’ai grandi dans une petite colonie, dans la Bordure Extérieure. Après avoir perdu mes parents à la fin de la guerre, j’ai dû me débrouiller seule pendant quelques temps. Jusqu’à ce qu’une opportunité dans l’import/export se présente. J’ai grimpé les échelons, et j’étais douée pour ça. Quand les autorités se sont penchées sur mes affaires, j’ai cru que c’était la fin pour moi. Mais Lando a interféré, et m’a proposé un poste. J’ai continué à monter en grade, jusqu’à atteindre le conseil d’administration. Et me voilà.
— Très impressionnant. Et… je suis désolé, pour votre famille.
— Ne vous en faites pas, je m’en suis bien sortie au final. Heureusement pour moi, Lando n’est pas un homme rancunier. Il sait reconnaitre la valeur des gens et la révéler. Offrir un poste à quelqu’un qui s’accapare ses marchandises, c’est peu commun.
— Vous aviez volé Lando ? s’exclama Alana, bien plus fort qu’elle ne l’avait voulu.
— Votre discrétion est proverbiale, fit-elle, amusée. Il semblerait que vous n’avez pas saisi l’allusion lorsque j’ai utilisé le terme d’import/export.
— Ah…
Visiblement, malgré toute sa jugeote, Alana avait encore des choses à apprendre. La fameuse adaptation qu’elle louait tant lui fit défaut. Cela ne pouvait se substituer à un long apprentissage des subtilités dans ce genre d’interactions, ailleurs que dans un cadre contrôlé tel qu’elle l’avait toujours connu. Par chance, la twi’lek ne s’attarda pas sur ce point.
— Tout ça pour dire que je respecte votre façon de voir les choses, conclu la twi’lek. Même si je ne la partage pas complètement.
— J’apprécie votre honnêteté, admit Alana. Qualité qui n’est pas la plus répandue, par ici…
— En effet. (Yuthura Ban se leva lentement, avec grâce, ce qui invita Alana à en faire de même) Nous devrions retourner voir vos amis, avant qu’ils ne s’inquiètent.
— En effet.
— J’ai beaucoup aimé partager ce moment avec vous, Alana. Sachez que les portes de mon bureau vous seront toujours ouvertes, si tant est que vous me gratifiez de votre présence au siège.
— J’ai moi aussi beaucoup apprécié notre échange, Madame Ban, et votre bienveillance à mon égard.
— Voyons, appelez-moi Yuthura, fit-elle.
Les deux femmes finirent par rejoindre leurs deux compagnons, toujours au niveau du balcon où elles les avaient laissés. Lorsqu’Anakin perçut le retour des deux femmes, il se retourna assez brusquement. Il indiqua leur retour à la femme qui l’accompagnait, et se mirent à la suite des deux femmes. Temiri avançait à côté du jeune homme, toute proche, et lui prit le bras en levant un regard vers Anakin quand elle vit qu’Alana portait son regard sur eux. Alana décrypta aisément le geste, voyant là un marquage de territoire pour s’approprier une chose qui, en l’occurrence, n’était pas sienne. Elle s’en serait amusée, si ce n’était que la démarche excessivement provocante de cette femme l’agaçait.
— Alors, vous avez pu vous entretenir au calme, les filles ? fit Temiri en les désignant.
— Oui, répondit Yuthura. Ce fût très enrichissant. Et de votre côté ?
— Très à propos, enchaina-t-elle avant de laisser Anakin répondre. Instructif et… ludique.
Anakin était terriblement gêné. D’une part, de la formulation de la femme avec il avait passé un moment déstabilisant, quoique plaisant. Ensuite, que l’information soit révélée de cette façon devant sa cousine.
— Devons-nous y aller ?
— Oui, malheureusement. Nous avons encore beaucoup de monde à voir, mais ce n’est que partie remise pour une prochaine fois, ajouta Yuthura en regardant Alana.
— En effet, passez une bonne soirée, mesdames, conclu la jeune Jedi.
— Merci, à vous aussi !
En se retournant, Temiri, rapprocha davantage du bras le jeune Jedi d’elle. Elle le tira légèrement vers le bas, pour que leurs visages soient quasiment à la même hauteur. Elle commença à murmurer à l’oreille du jeune homme, tellement proche qu’il sentait son souffle chaud sur son visage. La sensation était enivrante.
— J’ai beaucoup apprécié ce moment, et j’attends votre appel.
En se dégageant du jeune homme, elle lui envoya un regard plein de sous-entendus, et ce qu’elle fit avec ses yeux plu beaucoup au jeune homme, bien plus qu’il n’aurait voulu l’afficher. Elle finit par jeter un court regard de satisfaction mesquine vers Alana, avant d’emboiter le pas à sa collègue. Une fois les deux femmes parties, Alana s’avança vers Anakin, toujours immobile. La jeune femme n’avait pas besoin de faire d’effort pour comprendre. Ce n’était d’ordinaire pas le genre de choses qu’elle remarquait aisément. Mais même elle était capable de voir ce qui se dégageait de son cousin. Cela ne la gêna pas. Elle était heureuse pour lui, même si cette femme ne lui faisait pas bonne impression. Elle n’était pas quelqu’un d’assez bien pour son cousin, de son humble avis. Compte tenu de ses blessures émotionnelles, Anakin méritait quelqu’un qui saurait le comprendre et l’écouter, pas une simple bimbo plus préoccupée par les apparences que par la personnalité d’une personne. Une femme comme Yuthura aurait été bien plus adaptée…
— On dirait que ça s’est bien passé pour toi, hein ? demanda-t-elle
— De quoi ? (Le jeune homme fut arraché à ses pensées) Ah elle ? Oui, Temiri est… charmante, quoiqu’un peu excessive.
— Excessive, hein…
— Il ne s’est rien passé, se défendit le jeune homme. Même si elle a été très insistante.
— Je n’ai rien dit, tu fais ce que tu veux, dit-elle d’un ton égal.
— Je sais, et je te dis qu’on a juste discuté.
— Ne te braque pas, Ani, je te crois.
— Je ne me braque pas, mentit-il. Et d’ailleurs, toi aussi ça a du être bien, non ? Yuthura semble beaucoup t’apprécier.
— Oui, elle a été très ouverte, et la discussion a été très intéressante.
Bon, il avait réussi à fuir la conversation sans heurt et sans trop s’énerver. Une victoire, à n’en point douter. Il en profita donc pour mettre cette discussion de côté, de manière bien maladroite. Si bien que c’est Alana qui n’insista plus.
— Ouais…
— Ouais. (Un moment de gêne commença à apparaitre) Bon, on essaie de retrouver tes parents ?
— Allons-y, en espérant éviter de tomber sur des gens comme Jast.
— Je ne pense pas qu’on pourra y couper. Cette résidence en est pleine.
Les deux jeunes Jedi se mirent en route, en quête de Han et Leia. Mais la résidence semblait s’être vidée de la masse d’invités qu’on pouvait y trouver quelques temps plus tôt, passant d’une légère agitation générale à un silence palpable. Ils avancèrent jusqu’au bâtiment principal, toujours éclairé, et y virent rassemblé à l’intérieur toute la foule d’invités. Tous étaient entassés dans l’immense salon, l’attention accaparée par les différentes images de retransmission vidéo qui s’offraient à eux sur des écrans géants. Alana et Anakin s’approchèrent, intrigués, jusqu’à découvrir ce qui absorbait l’attention générale. Trop loin pour entendre clairement le son, ils furent stupéfaits du contenu des images.
Une vision dérangeante. Il s’agissait des images d’un centre hospitalier spécialisé dans les prestations médicales pour les non-humains. Plus précisément pour les espèces nécessitant un type de soins plus particuliers, difficilement accessible dans les cliniques ordinaires. Ce genre d’infrastructure était en général bondé, et l’affluence ininterrompue donnait une impression de ruche en pleine activité. La différence majeure ici résidait justement dans l’absence de foule, d’activité. Les images montraient un grand bâtiment vidé de ses occupants habituels, et remplacés par du personnel de première réponse et des forces de l’ordre. Partout sur le sol se trouvaient des vêtements de tous types et de toutes tailles. C’était un flash info en direct, répétant les mêmes choses en boucle, tout en ajoutant de nouvelles informations au fur et à mesure que le mystère s’éclaircissait. La bande d’information sous-titrait ainsi : Nouvelle attaque ! Les non-humains ciblés. Un centre hospitalier entier transformé en mortuaire.
— Ah, vous voilà, fit Leia auprès des deux Jeunes Jedis. On se demandait où vous étiez passés. Vous devez voir ça.
— Qu’est ce que c’est ? demanda Anakin tout en étant absorbé par les écrans.
— C’est arrivé il y a quelques heures, répondit Han. Et ça tourne en boucle. On vient de l’apprendre.
— Des gens sont morts ? s’inquiéta à son tour Alana.
— Apparemment. Ils vont bientôt repasser le montage de vidéo surveillance de tout à l’heure, et vous verrez.
— Qu’est ce qu’on y voit, papa ?
— Je… (Il n’avait aucune idée de la façon de formuler) Il faut le voir pour le comprendre.
Les deux Jedi se regardèrent, et se comprirent instantanément, sans un mot. Ils tournèrent la tête en direction des écrans. On y voyait un journaliste twi’lek, annonçant qu’il était préférable ne pas exposer des personnes sensibles à ces images. Le montage se lançait. La salle principale de la clinique était bondée. L’image se concentrait sur une personne en particulier, qui se déplaçait lentement, s’arrêtant pour ensuite rester planté au milieu de la salle réservée à l’accueil de nouveaux patients. Il demeura immobile quelques temps, les gens l’évitant du mieux qu’ils pouvaient. Une femme aqualish, tenant la main de sa fille, lui jetait un regard accusateur et méprisant après qu’elle eut manqué de le heurter. Cette personne avait l’apparence d’un être humain, ou d’un humanoïde tout du moins. Il portait des vêtements sombres, et une sorte de cape ou l’ont pouvait distinguer une sorte de nuage rouge au dos. Il semblait être victime de douleurs intenses, le contraignant à se recroqueviller, se tordre de douleur, ce qui attira l’attention des gens autour de lui. Il finit par se redresser et écarter ses bras. Dans un cri strident, perçant, une sorte de lumière blanche intense semblait sortir de ses yeux et de sa bouche. Puis vient un énorme flash lumineux qui coupa l’image. On pouvait entendre un cri des plus étranges, comme si des milliers de personnes poussaient le même son, au même moment, avant de s’éteindre. Puis plus rien. L’image revint au direct.
On retrouvait la même pièce où s’était déroulé le montage vidéo. Cette fois-ci avec l’absence de toutes les personnes présentes, mis à part leurs vêtements jonchés au sol, exactement à l’endroit où ils se trouvaient quelques secondes auparavant. Dans l’assistance, plusieurs personnes avaient détourné le regard pendant le montage vidéo. D’autres échangeaient des messes basses en guise de commentaires. Les deux Jedi eurent leur regard qui se croisèrent, et c’est comme s’ils étaient en train d’échanger leurs impressions sur ce qu’ils venaient de voir. Tout ce qui avait attrait à leur sensation de tout à l’heure prenait sens.
— Vous voyez, reprit Han. C’est incroyable. Horrible. Ils disent que ça s’est passé il y a quelques heures, à peu près a-
— Au moment où nous sommes arrivés, devina Alana.
— Comment… ?
— On l’a senti, papa, fit Anakin. On n’a pas su ce que c’était sur le moment, mais on a ressenti quelque chose.
— La Force était puissante et très concentrée à ce moment, continua Alana. De manière très négative.
— Le côté obscur ? demanda Leia.
— C’est fort possible. Une puissance incroyable. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel rituel, mais il ne peut y avoir qu’une espèce pour en avoir mis au point des semblables.
— Les Sith ?
— Les Siths ont disparus, répondit Anakin. Mais…
— Attendez, coupa Han. Regardez !
Leur attention se reportait sur les écrans. La liaison semblait être parasitée, et l’image brouillée. L’éclairage intérieur semblait souffrir d’interférences également. Les logos du média couvrant l’évènement disparurent, et l’image offrait maintenant une silhouette sombre. Le buste d’un homme s’approcha de la faible clarté dans l’obscurité de l’image. On pouvait distinguer qu’il était humain, une peau sombre et marqué par l’âge, et des cicatrices sur le visage et son crâne rasé. On ne distinguait qu’un seul de ses deux yeux. Celui-ci semblait blanc, opaque, avec une absence d’iris, bardé d’une cicatrice imposante.
— Citoyens de Coruscant, ceci est une déclaration de l’Aube Rouge. (Il parlait d’une voix rauque et terrifiante) Nous avons écumé un océan d’étoiles pour nous préparer. Ceci n’est qu’un avant goût de la véritable justice. Depuis trop longtemps, votre monde se complait dans sa décadence sociale. Pour d’obscures raisons, vous vous êtes efforcés de dérégler le bon fonctionnement de votre société. Vous suivez les dogmes des élites, qui prétendent vous ressembler, qui vous forcent à courber l’échine avec leurs fables sur l’égalité… Mais c’est une chimère. A ceux d’entre vous qui êtes éveillés, agissez. Le sort des humains persécutés, et le sort de votre planète, est dans vos mains. (Il se rapprocha davantage en inclinant légèrement sa tête près de l’écran) Aux représentants de la Nouvelle République, je dis ceci : vous avez un mois pour prendre les mesures nécessaires, et réévaluer votre politique envers les humains, ou vous verrez votre monde subir les conséquences de vos actes.
La liaison se coupa aussi brutalement qu’elle était apparue, et l’éclairage revint à la normale. Toutes les personnes présentes étaient abasourdies.
- Venez, fit Leia. Nous devons partir au plus vite. Nous avons du travail qui nous attend.