Chapitre 4
La grande rotonde du Sénat était l’un des bâtiments les plus imposants de la planète, et l’un des plus anciens. C’était un chef d’œuvre architectural, autant par sa conception que pour sa fonction. On pouvait grossièrement la décrire comme un champignon massif, de deux kilomètres de diamètre, où se jouaient les décisions les plus importantes de la Galaxie. Les navettes se posèrent à l’entrée, et ils avancèrent tous dans le Grand Hall, salle majestueuse, où tout le personnel et visiteurs arrivaient. On y croisait un nombre notable d’espèces différentes, provenant en majorité des Mondes du Noyau et de la Bordure Médiane. Parfois plus rarement des représentants de la Bordure Extérieure. Mais il était difficile de se focaliser sur un détail plus qu’un autre plus de quelques secondes. Le regard était toujours captivé par l’apparition d’une espèce jamais rencontrée, ou par un détail architectural ou structurel contemplatif. Crail Jerre mena le groupe, les invitant à se diriger dans les couloirs, jusqu’à arriver à l’entrée de la Rotonde, la chambre du Sénat, et la plateforme qui leur avait été dédiée.
— Voici votre plateforme. (Il fit un geste de la main quand ils commencèrent à s’avancer) Désolé, mais ne sont autorisés que les envoyés Jedi et Madame la Sénatrice. Général Solo, vous et votre ami allez devoir m’accompagner dans l’aile réservée aux visiteurs.
Il se permet un peu trop de choses celui-là... songea Han. Il n’avait jamais passé autant de temps auprès de l’agent. Il l’avait aperçu quelques fois, car Leia avait souvent à faire à lui. Mais plus il passait de temps en sa compagnie, plus ce jeunot l’agaçait. Il avait du mal à définir quoi, mais c’était là, persistant. Bon, tant que Leia l’apprécierait, il devra se contenter de garder ses réserves pour lui. C’était le moins qu’il puisse faire, car Crail avait toujours été courtois et respectueux avec sa femme.
— Ca ira, fit Leïa en direction de Han et Chewbacca. Vous pouvez y aller, on vous rejoindra une fois qu’on en aura terminé ici.
— Je ne suis plus général, petit, fit Han d’un ton égal à l’attention de Crail. Bonne chance à tous.
Les trois hommes se retirèrent. Ils s’avancèrent en direction d’un coin libre dans l’aile visiteur, pour assister à la séance. Une fois installés, Crail laissa Han et le wookie. Les trois hommes partis, Leia se tourna vers les deux jeunes Jedi.
— Avez-vous des choses à me demander avant qu’on y aille ? (Pas de réponse) Des choses à vous dire ?
Anakin regarda Alana. Elle lui rendit le sien, et ne semblait plus en colère. Un bon signe, songea Anakin. Tout du moins allait-elle mettre leur grief de côté, le temps de leur apparition en public. Après avoir passé la porte, ils prirent tous place dans la plateforme. La vision qui s’offrait aux deux jeunes Jedi était impressionnante d’envergure. Une impression certaine de mettre les pieds dans un monde basé sur la prestance, le côté solennel de la pièce, la multitude de plateformes. La sensation qu’ils faisaient parti d’un grand ensemble, tout en étant insignifiant à la fois. Différents sénateurs et représentants diplomatiques étaient déjà en plein débat, et Leia profita de ce moment de répit opportun pour quelques derniers conseils.
— Voilà comment les choses vont se passer : vous me laissez faire les présentations, et je vous ferais signe quand ce sera votre tour. Vous savez ce qu’on attend de vous dans votre discours, alors inutile d’en rajouter ou d’en faire trop. Pensez diplomatie et compromis avant out. Ils ne vous poseront pas des questions aussi stupides et absurdes que celles que vous avez eues à votre arrivée. Essayez de faire bonne impression. Pour le reste, je vous fais confiance.
Pour l’heure, le débat qui était engagé portait sur la disparition inexpliquée de dizaines de non-humains. C’était un élément important pour les jeunes Jedi, car c’était là leur premier aperçu de ce qu’allait être une partie non négligeable de leur quotidien. L’affaire en question avait été classée dans la section enlèvements, faute de mieux. Personne n’avait vraiment su comment la classer. L’usage révélait qu’il était mal perçu de laisser une affaire non répertoriée. Question de statistiques. Une affaire en cours valait toujours mieux qu’une affaire non classée.
Mais l’affaire en question attisait les tensions, car les détails étaient assez sordides. Dans les grandes lignes, il s’agissait d’une affaire de disparition, avec une vidéo de surveillance à l’appui. On pouvait y voir les futures victimes pénétrer au sein d’une pièce quelconque, dans un lieu public. Hors champ, l’éclairage semblait avoir subit une sorte de surtension massive, puis plus rien. En arrivant sur les lieux, les équipes de première réponse ne trouvèrent que des vêtements au sol dans la même pièce. Chose particulièrement étrange, ces vêtements étaient identiques à ceux que portaient les victimes quelques secondes auparavant. La conclusion la plus logique était la plus invraisemblable ; ces personnes s’étaient vaporisées. Deux camps s’étaient alors formés dans l’assemblée. Cette situation, plus incongrue que majeure, permettait de se faire une idée générale des tendances et forces en présence.
D’un côté, la majorité se multipliait en diverses demandes et requêtes. Intensifier les recherches, se focaliser en priorité sur des pistes menant à des individus ou groupes pro-humains, la réclamation de mesures et des sanctions économiques à l’encontre de ces mêmes groupes. Et encore d’autres mesures, toujours plus politiques que réellement efficaces. Ils étaient pourtant tous dans le même camp, mais se desservaient les uns les autres, plutôt que de chercher un compromis. Apparemment, la prise de position opportune était plus fréquente que les véritables convictions. Et de l’autre côté, les groupes minoritaires. Humains pour la plupart, demandant de ne pas gaspiller plus de temps que nécessaire sur des sujets réservés aux forces de l’ordre, et de classer ces évènements sans suite.
On pouvait y voir les conséquences de plusieurs décennies d’application des dogmes impériaux. Sous le règne de l’empereur, la mise à l’écart quasi-systémique du personnel non-humain, dans un certain nombre de strates du fonctionnement impérial, avait provoqué d’importantes inégalités. Cela avait fait des humains la principale force de travail, et ce même dans des corps de métiers les plus accessibles, comme le personnel d’entretien ou de maintenance.
La minorité de non-humain qui travaillait pour l’Empire le faisait par des entreprises extérieures, employées en sous-traitance. C’était donc avec une certaine légitimité que les premières voix à se manifester, une fois le Grand Démantèlement terminé, furent celles des non-humains. Ces individus militaient simplement pour une meilleure incorporation de leur communauté dans la nouvelle société à naitre. Une volonté louable et légitime, tout le monde en convenait.
Ils furent tellement nombreux et prompts à militer, que les groupes qu’ils formèrent prirent une importance notable dans le paysage politique. L’instauration de nombreuses lois demandées par les défenseurs des causes non-humaines furent facilement acceptées, à l’aube de la Nouvelle République. Le climat social était quand à lui toujours sous tension, suite à la mise en place de ces nouvelles mesures. Des humains perdaient leur travail au profit d’autres personnes, pour la seule raison qu’ils étaient humains.
Chose plus délicate, il était communément accepté, et considéré comme légitime, que les non-humains ayant été victime du climat social pendant l’Empire puissent à présent profiter d’un retour des choses. Les voix humaines à s’insurger étaient peu nombreuses. Une systémisation des campagnes de diabolisation se mit en place.
Ces voix, parfois légitimes, parfois excessives, étaient considérées comme de vulgaires reliquats de la période impériale. D’aucuns pensaient encore que, même si la Galaxie avait réussi, non sans mal, à s’affranchir de problèmes sérieux avec la fin de l’Empire, elle semblait s’évertuer à en créer de nouveaux, et ce avec un succès inédit. Ils parlaient de déni du réel, mais était accusé de créer eux-mêmes les problèmes qu’ils reprochaient à d’autres. Un problème insoluble en somme.
— Sénateurs, Sénatrices. Je vous en prie !
Un sénateur quarren à la peau orange avait prit la parole, dans un basic républicain qui donnait l’impression qu’ils étaient plusieurs à parler en même temps. Les multiples tentacules sur leur visage en forme de pieuvre donnaient souvent cet effet dans leur voix. Il avait une tendance à accentuer ses propos en bougeant nerveusement ses bras, ajoutant une portée théâtrale superflue à son discours. Même si cela tenait plus de l’esbroufe que de véritable conviction.
— Je peux comprendre que ce débat grimpe en intensité. Je vous invite néanmoins à promptement y réfléchir lorsque nous l’aborderons ultérieurement. Car pour l’heure, un autre sujet important est à l’ordre du jour. La question du retour des Jedi. Dans cette optique, nous avons accepté la requête du respecté Luke Skywalker, et permis l’arrivée de deux envoyés diplomatiques Jedi. Leur demande d’audience devant vous a été acceptée par le Conseil Restreint. Je vais donc donner la parole à Madame la sénatrice Organa, principale actrice de cette initiative. Avant de passer la main, j’aimerais rajouter que nous lui souhaitons tous un bon retour parmi nous. (Il se tourna en direction de la plateforme de Leia, et ajouta dans une révérence pompeuse) Sénatrice, je vous en prie.
— Merci pour votre discours et votre témoignage d’affection, sénateur Jast, répondit Leia en se levant et en s’approchant au centre.
La plateforme mit automatiquement en marche ses répulseurs. Elle s’éleva lentement, sans heurt, avec une grâce solennelle, jusqu’à arriver au centre de la chambre sénatoriale. Les systèmes d’amplification permirent à toute l’assemblée d’entendre Leia discourir.
— Soyez assuré que vos hommages seront appréciés à leur juste valeur, reprit-elle. Mesdames et messieurs, sénateurs et sénatrices, je vous remercie de m’accorder un peu de votre précieux temps pour vous parler d’un sujet. Un sujet d’une importance capitale…
— Bon, eh bien, ça s’est pas trop mal passé les jeunes ! déclara Han lorsqu’il vint à leur rencontre, une fois la séance terminée.
— Ouais, tu parles… répondit Anakin, sincèrement blasé. J’ai eu l’impression de parler dans le vide.
— Bienvenu dans mon monde, mon fils ! lui lança Leia, avec une petite tape dans le dos.
— Moi je trouve que ça allait. commenta Alana. On ne pouvait s’attendre à tous les rallier à notre cause, et être acceptés d’entrée. Malgré le scepticisme ambiant, je pense qu’on a fait bonne impression.
En effet, leur première présentation pouvait être considérée comme réussie. Alana avait le don de manier le verbe avec aisance, capable de s’adapter selon son public. Anakin s’était contenté de réciter les principes de bases, discours préétabli que son oncle et sa cousine lui avait longuement rappelé. Il avait mit toute la conviction qu’il avait pu dans ces paroles, c'est-à-dire pas grand-chose. Mais que pouvait-il y faire ? Il était contraint de remplir un rôle et débiter des discours auxquels il ne souscrivait que très moyennement. Contrairement à sa cousine, qui prenait à cœur ce qu’elle déclarait, et en était à chaque fois convaincue.
— Exactement. (Leia regarda son fils, qui était déçu de l’issue de leur présentation) Ta cousine dit vrai, mon fils. Etant donné les difficultés que je rencontre tous les jours depuis que je suis en poste ici, on peut y voir une victoire. Je pensais qu’ils allaient, pour la plupart, camper sur leurs positions. Ou pire, se faire un premier avis négatif. Mais certains ont semblés sincèrement convaincus. Ce n’est peut-être pas ce que tu souhaitais, mais il faut tout de même voir ça comme un bon présage pour la suite. Qu’avais-tu espéré ?
— Sincèrement ? Je n’en sais rien…
— Moi je trouve que vous vous en êtes très bien sortis, relança Han. Parler ainsi, devant tous ces gens, de vous, de votre mission, c’était pas gagné d’avance.
— C’est grâce à Alana, c’est elle qui les a convaincus. (Le jeune Jedi demeurait négatif) Moi, j’ai brassé de l’air. Au mieux je suis passé pour le mec qui a un physique, mais qu’on n’a pas fait venir pour son sens de la conversation.
— Je ne te reconnais pas, répliqua sa mère. Toi qui es d’habitude plein d’assurance, on dirait que tu nous fais une crise de confiance en toi…
— On a tous les deux été à la hauteur, fit sincèrement Alana. Nous n’avons rien à nous reprocher.
Ces simples mots suffirent à lui redonner confiance en lui. Non seulement car il se sentait moins inutile, mais surtout parce qu’ils venaient d’Alana. Le seul point positif de ce moment avait été qu’elle oubliait leur petite brouille de tout à l’heure. Anakin prit ce qu’il y avait à prendre, et s’en contenta.
La jeune femme avait bien remarqué que les évènements les avaient poussés à oublier la tension de tout à l’heure. Elle comprit également qu’Anakin se contentait de cela. C’était manifeste, autant dans les actes que dans les paroles du jeune Jedi. Elle ne le connaissait que trop bien pour ne pas le voir. Et elle comprit également qu’il se sentait coupable de l’avoir blessée. De tout cela, Alana en était absolument certaine.
Par conséquent, elle décida de ne plus aborder cet évènement de nouveau. Elle ne voulait pas l’accabler davantage. Son cousin venait de vivre une expérience difficile, face à laquelle n’importe qui aurait été déstabilisé et troublé. Elle-même l’avait été en apprenant les révélations du passé. Alors elle se devait de le soutenir, et d’être présente pour lui. Comme ils l’avaient toujours fait l’un pour l’autre. C’était sa mission. Le sens vers lequel son père l’avait élevé, et dont elle avait toujours rejoint les principes, de manière consciente et naturelle. Elle était parfaitement consciente des enjeux de leur venue ici. Qu’elle devait se montrer à la hauteur. Pour le moment, elle n’était pas submergée par son manque de confiance, récurent sur certains sujets, mais généralement trop présent à son goût. Et elle savait parfaitement qu’Anakin se montrerait présent si jamais elle se trouvait prisonnière de ses angoisses et de ses névroses.
Le jeune Jedi pouvait parfois se montrer arrogant, dur, ronchon ou même trop désinvolte concernant certains sujets. Mais parmi tout cela, il y en avait un en particulier où il était toujours à la hauteur. Celui d’apaiser les doutes de sa cousine. Et elle en était consciente. Elle pouvait même se permettre d’être elle-même, plus avec lui qu’avec son propre père. Elle avait une relation quasi-fusionnelle avec Luke. Mais elle craignait toujours de partager ses doutes et ses craintes à son père, consciente de l’ampleur de la tâche qui lui incombait. Celle d’être la nouvelle figure du Nouvel Ordre Jedi. Et seul Anakin se montrait compréhensif à ce sujet. Il savait la rassurer à ce propos. Il avait toujours les mots justes. Où plutôt n’était-ce pas nécessairement les mots employés, simplement le ton, l’attention particulière qu’il lui témoignait. Et la certitude que les paroles de son cousin avaient un réel effet apaisant.
La perte de sa mère, alors qu’elle était bébé, ne lui permettrait jamais d’avoir des frères et sœurs. Mais elle se rassura, se disant que son cousin était comme un frère pour elle. Et de cela, elle était infiniment reconnaissante. Tout ce qu’il faisait pour elle était foncièrement désintéressé, et elle ne le remercierait jamais assez. Peut-être était-ce pour cela qu’elle tentait de lui rendre la pareille, en essayant de l’aiguiller le plus possible sur le droit chemin. Elle avait toujours cru que c’était simplement les dogmes de son père qui s’exprimaient à travers elle. Ce nouvel angle de réflexion lui apportait un point de vue intéressant.
Mais ce qu’elle ignorait, c’était que la volonté de l’apaiser de la part d’Anakin était plus que désintéressée. Le jeune homme aurait voulu plus. Il avait toujours voulu plus… Mais jamais il ne pourrait avoir plus. Les sentiments qu’il éprouvait pour Alana étaient une plaie à taire, même si cela devait être fait. Pour tout un tas de raisons. Le simple fait qu’Alana soit sa cousine en était un, et pas des moindres. Le fait qu’il était certain qu’elle ne ressentait pas la même chose pour lui. Et surtout, que leur relation serait à jamais bouleversée s’il venait à dévoiler ses sentiments.
Le regard des autres vis-à-vis de ses sentiments, la mauvaise réputation qui s’en suivrait, tout ceci, Anakin n’en avait cure. Mais il devait trouver la force d’avancer malgré cela. Ce désir qu’il éprouvait était cruel, il le savait. Il s’était longtemps maudit de l’éprouver, sachant ce qu’il impliquait. Mais malgré tout, que pouvait-il bien y faire ? Il avait appris à se déculpabiliser, tant bien que mal. Il se savait sur la bonne voie, car c’était la chose la plus saine à faire. Pourquoi devait-il se sentir coupable de ressentir des émotions et un attachement à ce point ? Il ne l’avait pas choisi bon sang !
Cela lui était tombé dessus à l’adolescence. Il avait pensé que ça passerait. Mais plus il s’approchait de l’âge adulte, plus ces sentiments se faisaient certains, précis… et dangereux… Les récents évènements ne l’aidaient pas à le gérer. Mais il savait que c’était son fardeau. Il ne pouvait en parler, à qui que ce soit. Jamais. Il en était hors de question. Personne ne pourrait comprendre ce que cela impliquait. Sans compter le risque d’être jugé comme un détraqué, un dégénéré, un déviant… Et ce par les personnes les plus proches.
Le destin… Une notion que lui martelait tant son oncle. Le destin ne faisait que se montrer cruel en ce qui le concernait, ne l’épargnant en aucune occasion.
Mais il venait de retrouver son père, alors même qu’il pensait cela impossible. Encore davantage après les révélations du passé. Il tâcha de se concentrer sur ce point positif, comme Alana lui conseillerait. C’en était manifestement un, de grande importance à n’en pas douter. Retrouver son père, oui. Et une relation de confiance avec Alana, même s’il l’avait blessée. Oui. C’était bien. C’était tout ce dont il avait besoin.
— Oui, et ton père serait sûrement fier de vous, j’en suis certaine, déclara Leia.
— Et en plus, nota Han, je trouve que Jast a été plus sympa que d’habitude.
— Oui, reprit Anakin. C’est étonnant, vu le portait que tu nous en avais fait…
— Non justement. (Leia avait capté l’attention de son auditoire) Il a agit comme d’habitude. Seulement, il a vu que vous faisiez meilleure impression qu’il ne l’avait anticipé. Et il a su s’adapter. Il a senti qu’émettre des réserves, ou vous discréditer dès maintenant, ne l’aurait pas servi sur le long terme. Il choisit toujours parfaitement le moment où il doit dévoiler son avis en public. Il trouvera bien une occasion pour revenir à la charge, croyez-moi. Il attend juste son heure.
— Je te crois, tante Leia…
Le visage d’Alana affichait moins de résolution que le ton de sa réponse. Alana savait que sa déception était trop grande pour parvenir à la dissimuler. Et de tout façon, elle n’en avait pas bien envie… Du moins avait-elle réussit à faire bonne figure devant tout le monde. Mais elle n’avait pu s’empêcher de remarquer et noter tous ces changements par rapport à l’image qu’elle s’était faite, et surtout qu’on lui avait faite. Leia le remarqua sans peine.
— Un problème, ma chérie ?
— C’est que… Je ne pensais pas que les choses étaient aussi tendues. Je croyais que la galaxie était en paix. Mais entre les luttes internes, et les affaires sordides comme celle qu’on a entendu...
Leia comprenait parfaitement ce dont la jeune femme parlait. Elle n’était pas d’ici, ne s’était jamais confrontée à ce genre de situation, avait grandi avec une image par trop biaisée. L’envers du décor en somme…
— Tu parles du climat social… Oui, la poussée des partisans des causes non-humaines, et les mouvements « antihumains » sont de plus en plus présents. Mais là où le bas blesse vraiment, c’est qu’ils sont de plus en plus tolérés. Ce qu’il se passait sous le règne impérial était une véritable infamie. Mais ce que nous sommes en train de faire ici s’y apparente parfois. Bien trop à mon goût.
— Mais il n’y a rien que tu puisses y faire, maman ? demanda le jeune Jedi. Tu es sénatrice après tout, et membre du Conseil Restreint. Tu dois avoir le pouvoir de changer les choses !
— Fiston, ce n’est pas aussi simple, répondit Han.
— Je ne comprends pas.
— Ton père a raison. Ma position est plus délicate qu’on pourrait le penser, expliqua Leia. Je ne suis ni partisante de la majorité, ni membre des groupes minoritaires. J’ai presque tendance à être du côté des pro-humains, parce qu’ils vivent effectivement une période difficile. Mais leurs méthodes sont trop extrêmes. Le crédit que j’ai acquis pendant la guerre s’amenuise peu à peu. Et c’est pourtant tout ce qu’il me reste pour avoir du poids. Et quand je prends parti contre les non-humains, je fragilise ma position, de plus en plus.
— Pourquoi ? s’interrogea naïvement Alana.
— N’est-ce pas évident ? Je suis humaine…
L’affirmation interloqua les deux jeunes Jedi. Non seulement par sa nature, mais de part la façon dont Leia l’avait présenté. Comme une évidence immuable. Anakin avait du mal à la prendre au sérieux. Sa mère lui avait balancé cette vérité avec une évidence qui l’avait désarmé. Mais il refusait de prendre cela au sérieux. Il avait grandi en compagnie d’humains et de non humains, sans aucun problème à ce sujet. Certes, la société galactique devait être plus complexe. Mais pointer des différences de droits entre les citoyens, uniquement en fonction de leur espèce, lui paraissait absurde. Force était de constater que c’était le cas. Et que cet état de fait lui restait en travers de la gorge.
— C’est n’importe quoi, lança Anakin.
— Ce monde est tout nouveau pour vous. Vous êtes encore jeunes. Vous n’avez pas rencontré ce genre de problèmes, là où vous étiez. Ce qui peut être un bienfait, comme un désavantage, en l’occurrence. Je pense que c’est aussi pour cela que Luke a souhaité ce rapprochement. Il veut que les Jedi soient plus concernés par la situation des habitants de la galaxie, et pour cela vous devez y vivre pour vous en imprégner.
— C’est encore pire que ce que j’imaginais, résuma le jeune homme. Je croyais déjà qu’on allait s’enliser dans de la diplomatie à tout va, des débats barbants et interminables. Mais voilà maintenant qu’on va nous mettre des bâtons dans les roues, parce qu’on est humains. C’est stupide…
— Stupide ou non, là n’est pas la question. Les choses sont comme elles sont, et nous n’avons pas le pouvoir d’y faire grand-chose. Il nous reste alors de faire notre travail du mieux qu’on peut.
— Je pense que tu as raison, répondit Alana.
— Ah ça y est, déjà convaincue, rétorqua Anakin.
— Non, je trouve comme toi que c’est stupide, contra la jeune femme. Mais je crois aussi que ce que ta mère dit est vrai. Agissons sur ce que nous pouvons vraiment contrôler, et nous verrons par la suite. Renoncer maintenant serait la pire des choses à faire.
Leia eut l’impression de se retrouver face à son frère quelques instants. La jeune femme savait parler avec sagesse, comme son père, mais elle semblait également avoir un bon instinct politique. L’alliage de qualités importantes, couplées à une certaine maturité précoce.
— Très bien, on va faire comme tu dis…
Le jeune homme préférait éviter la bataille. D’une part, parce qu’il ne pensait pas être en position de gagner. Il ne se savait pas assez au fait des règles diplomatiques pour pouvoir tenir la dragée haute à sa cousine. Mais surtout parce que les récents évènements lui avaient permis de renouer le dialogue avec elle. Il savait néanmoins qu’elle était meilleure diplomate que lui. La conversation repartait sur certains détails des discours prononcés par les deux jeunes Jedi pendant leur audience, agrémentée de commentaires sarcastiques d’Han, et d’encouragements de Leia. Leur moment en famille fut interrompu par l’arrivée un twi’lek.
— Veuillez m’excuser, annonça le jeune homme d’une peau bleutée, lui donnant des traits séduisant mais sérieux, du moins pour des yeux humains. (Il portait un costume d’ensemble commun chez le personnel du sénat, et ses lekkus étaient arrangés sur son épaule) Je suis l’assistant de Monsieur le sénateur Jast, reprit-il, et il souhaiterait vous recevoir dans le salon privé.
Il marqua une courte pause protocolaire. Les deux jeunes Jedi se demandaient ce qu’ils attendaient pour répondre, mais ils se référaient à Leia. Rompue au protocole, elle savait qu’elle devait attendre qu’il reprenne la parole. Ce qui lui laissait le temps de déterminer les raisons d’une telle requête. Elle savait déjà ce qu’elle allait lui répondre.
— Que dois-je lui annoncer ?
— Nous acceptons son aimable invitation, lui répondit-elle naturellement. Après vous.
— Très bien. (Il fit un geste d’invitation) Si vous voulez bien me suivre.
Le groupe avança à la suite de l’assistant, et les deux Jedi songeaient à la même chose. Il trouvera bien une occasion pour revenir à la charge, croyez-moi. Il attend juste son heure. Ca avait été plus rapide que ce qu’ils s’étaient imaginé. Ils passèrent dans une aile réservée au personnel exécutif de la Nouvelle République. L’architecture y était plus épurée. Certes moins tape-à-l’œil que les endroits autorisés pour les visiteurs, mais la sobriété des décorations et ornements présents dans cette partie n’enlevait rien à leur beauté.
La lumière du jour qui filtrait à travers les grandes baies vitrées mettait en valeur les teintes cuivrées et dorés des murs. Passer dans le Grand Hall du Sénat donnait l’impression de visiter un musée impressionnant, quoique classique. Tandis que l’aile privée semblait proposer elle une galerie d’art triée sur le volet des dernières tendances. Ils arrivèrent à ce qui devait être le salon privé en question, puisque l’assistant s’était arrêté devant l’entrée.
— Nous voici arrivés. (Il jeta un regard en direction de Han et Chewbacca) Cependant, l’invitation ne mentionnait pas la présence de vos deux amis, Madame la sénatrice.
— Oh, on dirait qu’on ne fait pas assez bon genre ? ironisa Han en tournant la tête vers Chewbacca.
— Eh bien, c’est-à-dire qu-
— On a peur du méchant wookie, c’est ça ?
L’assistant commençait à voir son rythme cardiaque s’accélérer. Il semblait être le seul à ne pas avoir bien saisi le ton employé par Han. Les deux Jedi s’en amusèrent discrètement. De son côté, Chewbacca bomba le torse, pour donner le change au petit jeu lancé par son ami.
— Vous n’avez rien à craindre, jeune homme, intervint Leia pour mettre fin à la plaisanterie. Et pour ce qui est de l’invitation, nous comptions bien nous y rendre tous ensemble. Dans le cas contraire, je serais malheureusement contrainte de décliner votre offre. Comprenez bien que je préfèrerais profiter de mes retrouvailles en famille.
— C’est tout naturel, accepta l’assistant. Je vais vous annoncer. (Il appuya sur l’intercom de la porte.) Sénateur, Madame la sénatrice Organa et ceux qui l’accompagne.
— Vous pouvez les faire entrer, répondit une voix modulée.
Ils entrèrent, Leia en tête suivie des deux Jedi, puis Han et Chewbacca fermèrent la marche. Le quarren se leva à leur entrée. Mais il n’était pas seul. A coté de lui se trouvait l’agent Crail Jerre, déjà debout.
— Madame la sénatrice, je vous remercie d’avoir accepté mon humble invitation, déclara-t-il d’un entrain peu naturel. Je vous en prie, mettez vous à votre aise, fit-il en désignant le canapé et les fauteuils.
L’éclairage artificiel donnait une vraie impression de lumière naturelle. Nul chef d’œuvre artistique ou architectural ici. Des teintes sombres, agrémentée de fines touches nuancées de blanc et de gris, soulignait le seul intérêt fonctionnel de cette pièce.
— Monsieur le sénateur, commença cordialement Leia. Je suis ravie de votre initiative, et impatiente d’entendre ce dont vous voulez me parler. Agent Jerre, fit-elle dans sa direction.
— Madame la sénatrice, lui répondit-il sobrement.
Les deux jeunes Jedi eurent un regard ostensiblement inquisiteur à l’attention de Crail Jerre, plus insistant de la part d’Anakin. Sa présence confirmait les soupçons qu’un membre du Sénat avait détourné leur navette lors de leur arrivée, et que Leia semblait avoir deviné juste. Mais son sort devrait attendre. Ils s’installèrent tous sur les chaises mais il en manquait une. Cela ne dérangea pas Chewbacca, qui resta debout. Ce qui offrait une scène cocasse, accentuant l’imposante stature du wookie face aux autres.
— Vous êtes venus… en bonne compagnie, Madame la sénatrice, avança le sénateur Jast.
— J’étais avec ma famille lorsque j’ai reçu votre invitation. Nous nous sommes tous rendus à votre suite. J’espère ne pas vous causer un quelconque inconfort, Monsieur le sénateur.
— Aucunement, aucunement, Madame la sénatrice.
Il marqua une pause, avant de continuer. Vraisemblablement, les deux sénateurs étaient parfaitement rompus au jeu d’échec constant de la vie politique. Anakin était surpris de voir sa mère agir ainsi, différemment de tout ce qu’il avait vu. Mais il ne dit rien. Il avait rapidement comprit qu’elle maitrisait la situation. Et que même si ces manières répétées de manquer d’honnêteté le dérangeaient, il savait que c’était dans leur intérêt.
— Je souhaitais vous parlez plus en privé, au sujet de l’audience qui vient de se dérouler, reprit le sénateur Jast. Peut-être l’ignorez-vous, mais c’est sur une requête personnelle que l’agent Jerre ici présent à été chargé d’escorter les envoyés Jedi. Je lui ai personnellement demandé de me faire un rapport avant votre arrivée.
Une nouvelle pause, plus théâtrale que nécessaire. Il avait dû faire son rapport pendant qu’ils étaient au parc Kenobi, mais tous l’avait deviné, à l’instant où le sénateur Jast leur avait annoncé. Leia savait pertinemment que lorsque le sénateur « demandait personnellement » quelque chose, cela impliquait une requête qu’on ne pouvait refuser. Elle fut la seule à ne pas tenir Crail responsable de cette embuscade.
— Vous n’êtes pas sans savoir que je ne partage pas aussi fermement que vous votre… conviction, concernant la présence de Jedi dans notre Coruscant bien-aimée. Mais j’ai été surpris de ce que l’agent Jerre m’a rapporté.
Une autre de ses pauses théâtrales. Mais cette fois-ci, Leia décida de profiter de l’ouverture. Elle avait sentit que la fenêtre de réponse s’y prêtait. Peu importait que Jast la lui ait offerte. Il n’était pas sage de laisser passer une occasion de répliquer. Tant que cela ne paraissait pas pour une surenchère dans la réplique.
— Ce n’est pas dans vos habitudes d’être surpris, sénateur.
— Je travaille justement à l’être le moins possible, sénatrice. (Leia savait que sa petite pique avait fait mouche, malgré le visage toujours imperturbable affiché par le quarren) Je disais donc, j’ai été surpris des retours positifs de l’agent Jerre. Il ne tarit pas d’éloges concernant nos deux jeunes prodiges. (Son attention se reportait à présent sur Alana et Anakin, en s’attardant plus sur la jeune femme) Lorsque je vous ai vu, j’ai d’abord cru que les motifs des éloges de l’agent Jerre étaient… concrets. Mais je me vois contraint d’avouer que la qualité de votre exposé n’a d’égal que votre éloquence. Je suis dans l’obligation d’admettre que j’avais peut-être fait fausse route. Ou porté un jugement trop hâtif, tout du moins.
Alana avait vite prit le pli de Leia. Elle avait passé son temps à observer sa tante depuis son arrivé dans la Grande Rotonde. Elle avait de suite comprit ce qui motivait le comportement de Leia. Elle en avait saisi les rudiments les plus importants. Celui de ne pas laisser une occasion de répondre en faisait parti.
— Vos compliments représentent beaucoup, monsieur le sénateur. Ils sont appréciés à leur juste valeur. Nous vous remercions.
— Je vous en prie, jeune Jedi.
— Nous sommes heureux que vous ayez eut une si bonne impression, sénateur, reprit Leia. Mais je suppose que vous ne nous ayez pas invité uniquement pour nous congratuler, n’est ce pas ?
— Perspicace, comme toujours sénatrice. En effet, dans le cadre d’un témoignage de reconnaissance de ma part, j’aimerai vous convier à un dîner de charité. Organisé par mes soins. Ce sera l’occasion pour vous, jeunes Jedi, de conquérir de nouveaux soutiens à votre cause. Voyez cela comme une volonté d’apaisement de ma part, compte tenu de l’a priori négatif que j’ai nourri à votre encontre.
— Nous serions plus que ravis d’accepter votre invitation, sénateur, répondit rapidement Leia. Nous nous en réjouissons d’avance.
— Parfait, c’est donc réglé. (Le sénateur se leva, indiquant à ses invités que la conversation touchait à sa fin) Mon assistant vous donnera les détails. Je vous dis donc à ce soir.
— Merci sénateur, le remercièrent-ils tous.
— Pourquoi avoir accepté maman ? C’est n’importe quoi !
Anakin avait eu du mal à se retenir de poser la question, depuis qu’ils étaient sortis du salon privé. Une fois que l’assistant leur avait donné les détails et remit les accréditations nécessaires, Leia avait intimé aux autres de ne pas trop poser de question tant qu’ils n’étaient pas remontés dans leur navette. Crail Jerre était sorti peu de temps après eux, et s’était proposé d’utiliser sa navette pour les raccompagner. Les Jedi ne lui avaient pas adressés la parole, signifiant clairement leur sentiment.
Leia avait poliment refusé, en indiquant qu’ils préféraient repartir tous ensemble dans la navette avec laquelle Han et Chewbacca étaient venus. L’agent Jerre comprenait le ressenti que tous nourrissaient à son égard. Il comptait s’effacer respectueusement, sans heurt. Au dernier moment, il vit avant de se retourner que Leia ne lui témoignait aucune rancune. Il se réjouit de savoir qu’elle avait réalisé dans quelle situation il se trouvait. Mais il ne pouvait en attendre autrement d’une femme qu’il admirait autant. A peine les portes de la navette closes, le jeune Jedi avait enfin lâché ce qu’il retenait depuis plusieurs minutes.
— Moi non plus, je ne comprends pas, reprit Alana. Je veux bien être diplomate, mais je ne saisis pas l’intérêt d’accepter cette invitation.
— Ce n’était pas une invitation, mais une requête, répondit Leia. Jast est doué… Notez bien qu’il nous a concédé qu’il était contre nous au départ. Qu’il a fait une erreur et qu’il a changé d’avis.
— Et ?
— Jast ne reconnait pas qu’il fait des erreurs. Il nous a concédé quelque chose dans le seul but de mieux nous en imposer une autre. Tout d’abord, il n’a pas manqué de nous signifier qu’il maitrisait la situation depuis le début, en s’informant auprès de Crail.
L’évocation de l’agent relança Anakin. Au premier abord, il ne l’aimait déjà pas beaucoup. A présent, il comprenait pourquoi.
— Ah oui, parlons en d’ce traitre ! lança Anakin. Il nous fait croire qu’il est dans notre camp, et dès qu’on a le dos tourné, il va rapporter à maman.
— Ne soit pas dur, mon fils. Crail a une position difficile. Tout ce qu’il a fait a été de répondre aux ordres directs d’un sénateur.
— Ta mère a raison, Ani, dit Alana. Mais je dois avouer que le voir là, comme ça, donnait bien une impression de trahison…
— Connaissant Jast, c’était sûrement intentionnel, commenta Han alors qu’il se frayait un chemin dans le trafic.
— J’en suis même certaine, ajouta Leïa. Il n’est pas arrivé là ou il est sans savoir anticiper, et prévoir plusieurs coups d’avance. Mais vous avez bien réagit malgré cela, et ça encore vous pouvez en être fiers.
Les compliments étaient bienvenus, mais les deux jeunes Jedi savaient que le problème était toujours là. Ils allaient devoir se rendre à une soirée bondée de monde, exposés tels des attractions de foire.
— Ca ne change rien à la question, maman.
— Il nous a mis dans une position où refuser aurait été lui manquer de respect. De lui faire un affront, alors qu’il nous tendait la main. Nous n’avions d’autre choix que d’accepter. (Mais la sénatrice ne comptait pas rester sur cette impression de défaite) Il n’est pas encore trop tard. Nous avons encore le temps pour nous préparer, et surtout vous préparer, pour ce soir. Il cherche à nous mettre en difficulté. Alors montrons lui que nous sommes meilleurs qu’il ne le pense, en tournant cette opportunité à notre avantage. Han tu vas nous déposer dans les secteurs, j’ai de bonnes adresses de tailleurs compétents. Alana va rester avec moi pour choisir sa tenue, et vous vous restez avec Anakin pour la sienne. Ensuite, on rentrera à la maison pour souffler un peu, et se préparer pour ce soir. Je vous apprendrais tout ce que vous avez besoin de savoir pour vous sortir du traquenard qu’il pense nous tendre. Jast pense nous prendre au piège, alors montrons lui que nous sommes prêts.
Une pièce dérobée, secrète, plongée dans l’obscurité. Une femme s’approche lentement d’un panneau de commande clignotant, et enclenche la transmission. L’image holographique présente le buste d’un homme à la peau sombre d’âge mur, affichant une carrure massive défiant toute mesure, dissimulée derrière une cuirasse noire et brillante comme la nuit.
— Oui, Brogus ? demanda-t-elle.
— Kyrsta, lui répondit l’hologramme d’une voix grave. As-tu bien reçu le montage vidéo ?
— Oui, c’est bon.
— Bien. Tu sais comment tu devras le diffuser une fois l’opération terminée. L’élu est-il prêt ?
— Prêt et concentré. Il sait ce qu’il a à faire, il réussira.
— Parfait. Je resterai comme prévu dans la Bordure, en attendant la prochaine étape. Le moment de la rétribution approche, nous ne serons plus ignorés. Ton père sera fier.
— Merci, grand frère.
La femme lança la vidéo en question, et on y vit plus nettement l’homme dénommé Brogus réciter un discours engagé, avec une détermination sans faille. L’image, plus nette que l’hologramme, laissait entrevoir les cicatrices que le titan portait sur le visage, ressemblant à de vieilles brûlures. Son crane rasé et un de ses yeux opaque lui conférait un air terrifiant.
La femme dénommée Kyrsta semblait satisfaite du contenu. Elle pianota sur le panneau de commande pour préparer le lancement d’un programme de piratage, pour une large diffusion de ce message sur tous les canaux de communication de la planète. Une fois sa tâche terminée, elle ressortit de la pièce, se dirigeant vers le bureau de la pièce principale. Derrière elle, on peut apercevoir les agitations d’une mégalopole à travers les vitres. Cette mégalopole était Coruscant.