Voici une nouvelle inédite et encore en cours d'écriture ( Voir le topic "présentation des récits" ).
Je m'efforce de faire des chapitres courts pour une courte nouvelle. Pour les deux premiers, j'ai réussi! Pour les suivants...
édit du 10/08/20
15 800 ans avant la bataille de Yavin
En ce temps-là, les hyperdrives étaient assez peu performants et au-delà du Noyau et des territoires proches, les cartes de navigation manquaient de fiabilité.
On ignore comment le Casallar, un immense vaisseau colonisateur emportant cinquante mille colons en stase, trouva un monde accueillant aux confins de ce qu'on appellerait plus tard la bordure médiane (quadrant Nord-Est).
Seule certitude : Dix sept mille ans avant Yavin, les navigateurs avaient emprunté sans le savoir des tronçons de ce qui deviendrait, des millénaires plus tard, la voie Hydienne.
Les colons n'avaient pas prévu de s'exiler aussi loin de la République, mais le monde qu'ils découvrirent était parfait pour une colonisation. Ils le baptisèrent Casallara, que les siècles transformèrent en Csallar. Leur petite colonie grandit et prospéra pendant plus d'un millénaire.
Les Csallari, lointains descendants de colons corelliens, étaient comme leurs ancêtres de hardis explorateurs. Ils se sentirent vite un peu à l'étroit dans leur système.
Quinze mille cinq cents ans avant Yavin, ils furent les premiers humains à explorer la Bordure médiane, le long de ce qui deviendrait la branche nord-est de la voie Hydienne.
Toutes les conditions étaient réunies pour que Csallar devienne le point de départ d'une nouvelle colonisation…. Pourtant, la brillante "culture Csallari" s'effondra et tomba dans l'oubli pour plusieurs millénaires.
Ceci est l' histoire de sa chute.
Septième expédition Csallari, à bord du Découverte, 15 830 av Yavin
Tantôt brûlant, tantôt grelottant, il titubait le long des couloirs assombris et déserts. Le Découverte, jadis pimpant et surpeuplé ressemblait à un vaisseau fantôme, un vaisseau hanté.
Il n’avait croisé personne depuis qu’il avait réussi à quitter l’infirmerie désertée. Où étaient-ils tous passés ? Les morts reposaient dans la chambre froide, mais les autres ?
Il se traînait, parfois contraint de s’appuyer contre la cloison, yeux fermés, en attendant que le monde cesse de tourner, que sa respiration redevienne régulière, que ses jambes cessent de trembler et consentent à reprendre leur progression. Quelques mètres, quelques mètres encore.
Était-ce la fièvre qui brouillait sa vue ? Il avait le sentiment que l’obscurité suintait littéralement des cloisons.
Étaient-ce des hallucinations engendrées par le mal qui le rongeait ? Des Voix lui parlaient :
* ta résistance est futile, renonce
* retourne à l’infirmerie, les secours arrivent, ils viendront te chercher.
Elles jouaient sur ses peurs, ses désirs.
* elle est la-haut, sur la passerelle, elle t’attend, elle t’aime…
* Ce monde est maudit, n’y retourne pas ! Renonce !
Il crispa sa main sur l’objet caché sous sa tunique et les voix se turent un instant. Il ne savait pas comment il avait trouvé la force d’aller le chercher dans sa cabine.
Quelques mètres de plus…
Son objectif, pourtant si proche dans ses souvenirs, lui semblait inaccessible. Pourtant il avançait, un pas hésitant après l’autre, comme poussé par une volonté inconnue.
Soudain, au détour d’un couloir…
- c’est là, oui c’est là, croassa-t-il à travers ses lèvres crevassées. Hangar 4
Si seulement il avait pu boire. Juste quelques gorgées d’eau bien fraîche.
Oui, là, de l’autre côté de ce hangar obscur, ces petites lumières familières.… Un désert à traverser. Un désert sans paroi où s’appuyer, avec pour seuls guides ces petits points clignotants. Dans son état ? Il en aurait pleuré, s’il l’avait pu.
Avec le désespoir revinrent les voix.
* Ce caillou te tue à petit feu. Abandonne-le.
* elle t’attend, elle porte ton enfant !
Il s’arrêta net !
- Vous mentez, c’est impossible !
Tous les membres de l’expédition avaient accepté, par contrat, un implant contraceptif. Pour un si long voyage, pouvant durer des années, c’était du simple bon sens. Il en avait un, Lyria aussi.
Un détail de sa formation de sécurité lui revint
- De l’eau… Oui, une réserve d’eau.
Toutes les capsules de sauvetage en avaient une ! Une bonne raison d’avancer à découvert, d’avancer dans ce gouffre tourbillonnant.
- Un pas… Après l’autre. Un… Foutu pas…après…
Un pas, deux pas… Maintenant qu’il s’était engagé…
- la meilleure …Façon… De … Marcher… c’est…
Une chansonnette de sa jeunesse lui revenait. Il s’accrocha au refrain et entama sa traversée. Un pied devant l’autre… on recommence !
Qu ‘elle était loin, cette capsule de sauvetage ! Par la baie du hangar, il apercevait ce monde vert et bleu qu’il avait longtemps considéré comme un paradis.
- Le monde du Fléau ! La... Planète maudite !
* Alors, fait demi-tour ; elle t’attend, elle t’aime, elle te désire, elle…
- Fous-moi… La paix ! T’es… Juste… Un délire… causé par… La fièvre !
Un délire qui avait poussé nombre de ses collègues à commettre des atrocités ! Un délire qui semblait avoir sa propre volonté. En bon exobiologiste, il connaissait des dizaines de parasites agissant sur le comportement de leur hôte, mais là…
- La solution… La solution.
Son intuition lui soufflait qu’il la trouverait en bas, sur le monde où tout avait commencé.
Septième expédition Csallari, Système Luma, cinq mois plus tôt.
La rumeur avait circulé dans tout le Découverte. Ils étaient une bonne quinzaine d’individus excités par la nouvelle, qui s’ agglutinaient devant la baie vitrée surplombant le hangar 4. Harm Mogran réussit à se faire une place parmi eux en usant de sourires, mais aussi de sa carrure imposante.
Une navette approchait. À son bord, un groupe d’éclaireurs et de négociateurs, des experts du « premier contact » revenaient faire leur rapport : selon les informations glanées par l’exobiologiste, les indigènes avaient enfin accepté le principe d’une une mission scientifique de longue durée
Il en ferait partie. Il devait en faire partie, coûte que coûte : c’était l’occasion pour le jeune scientifique de se faire enfin un nom et une réputation.
- Les sondes ont ramené des échantillons fascinants, affirma-t-il à son ami Yan Trackad. Cette forêt accueille Une biodiversité incroyable ! Cinq ans de publications assurées, au bas mot !
- De quoi obtenir une chaire prestigieuse à Corolei ou à Derba, approuva son compagnon, Mais méfie-toi : Sordeg est sur le coup, lui aussi.
- Peuh ! Sordeg n’aime pas quitter son labo et les forêts tropicales ne lui réussissent pas. Je lui laisse le continent nord, ses landes et ses steppes.
- Tu sembles résolu. Il parait le professeur Topol et ses étudiants seront de la partie, insinua-t-il avec un sourire narquois.
Une étudiante, surtout, l’inaccessible Lyria Hogges, fille du richissime Marval Hogges, le plus gros investisseur de l’expédition
- Avoue, t’as le béguin pour elle, poursuivit le chef mécanicien.
- Mmmhhh… Mais elle est quasi intouchable, regretta Morgran.
- un conseil : admire-la, mais de loin !
Morgran poussa un soupir résigné :
- T’as raison, comme toujours.
Le Découverte était l'un des vaisseaux de la flotte d’exploration affrétée par le gouvernement et des investisseurs privés. Celle-ci avait pour but d'explorer les systèmes situés au sud-est de Csallar, dont les routes avaient été défrichées par la sixième expédition. La recherche scientifique était l’un des objectifs officiels de la mission, l’autre étant de prendre contact avec les peuples rencontrés et si possible, de nouer de fructueuses relations commerciales.
L'autre but non avoué était de trouver des ressources exploitables et des mondes favorables à la colonisation.
Rançon du succès, la population csallari croissait trop vite et quelques colonies seraient les bienvenues pour absorber le trop plein démographique.
Cette jolie planète très peu peuplée, par exemple, était la candidate idéale : quasiment aucun terrain cultivé, d'immenses forêts, des prairies et des landes. Les habitants, des philosophes contemplatifs, n'occupaient que quelques villes fort anciennes, délabrée et envahies par la forêt. Ils ne semblaient utiliser aucune technologie et refusaient de couper ces arbres immenses qui détruisaient peu à peu leurs modestes demeures et leurs cités jadis majestueuses !
Une race ancienne qui semblait marcher volontairement sur la voie de l'extinction ; des humanoïdes, des gens très bizarres qui semblaient émettre leur propre lumière !
À tel point que, faute de connaître le nom de leur race, ils avaient été consignés dans le Journal de Bord sous l’appellation de : « Ceux Qui Brillent ».
Ils ne parlaient pas le basic évidemment, ni bien sûr le Corellien ou le Csallan qui en était dérivé. Ils ne pratiquaient aucune langue connue et, sans références, les machines de traduction peinaient parfois à déchiffrer leurs paroles. Les linguistes travaillaient sur le problème, bien aidés par les Lumineux qui, eux, semblaient fort bien les comprendre.
En tout cas, Morgran avait obtenu ce qu’il voulait : une place au sein de la mission scientifique.
Il le regrettait amèrement