Hello there ! Nous sommes lundi et c'est donc l'heure d'un nouveau chapitre qui n'était pas censé être aussi looooooooong, ni impliquer certains personnages finalement utilisés et qui m'a un peu fait revoir mes plans initiaux pour la suite de la fic' en cours d'écriture (oui, ça fait beaucoup). Sur ce, bonne lecture !
Partie IV - Mentor
Chapitre 13 : Juste devant Skywalker
19 av.BY, Temple Jedi de Coruscant, Système Coruscant
L’aube pointait à l’horizon, délimitant approximativement les hauts gratte-ciels de la capitale et l’inarrêtable circulation de speeders. La chaleur des premiers rayons réchauffa le visage sombre de Deekon qui en apprécia la sensation. Cela faisait des semaines qu’il n’avait pas eu la possibilité de savourer un simple lever de soleil sans que celui-ci ne soit interrompu par une explosion ou l’entrée pressée de Deviss. Lentement, la lumière éclaira plus intensément la pièce au fur et à mesure que le soleil continuait son incessante montée dans le ciel de Coruscant. Vêtu uniquement du bas de sa tunique de Jedi, le Kage garda les yeux fermés et laissa son esprit vagabonder autour de lui. Il était rare que le jeune général reste passer la nuit au Temple. Il préférait se poser dans l’un des quartiers éloignés de la capitale, lui permettant ainsi de garder une certaine proximité avec la réalité, ainsi que de maintenir ses contacts, jugés peu recommandables par le Conseil, à jour. Pourtant, cette fois-ci, pour une raison qu’il ne saisissait pas encore totalement, il avait accepté l’invitation de Maya. Pour la première fois depuis des mois, il était parvenu à passer une nuit de sommeil continue.
Pas de cauchemars.
Ses perceptions s’étendirent au reste du bâtiment qui reprenait vie au rythme de l’astre lumineux qui éclairait maintenant son torse grisâtre. Le Temple était relativement vide, la plupart des Jedi étant disséminés aux quatre coins de la galaxie pour combattre les Séparatistes ou porter assistance aux mondes touchés par la guerre. Certaines présences, pourtant, étaient immuables et il pouvait sans problème les retrouver à chacun de ses rares passages. Tera Sinube, le vieux et sage Cosien, lui apparaissait toujours aussi calme et endormi qu’il s’en rappelait dans son enfance, mais cela n’était qu’une façade. Il avait très vite appris que le vénérable Maître était bien plus vif que la majorité des jeunes membres qu’il entrainait. Deekon lui-même reconnaissait que son ancien professeur avait encore beaucoup à lui apprendre. Il y avait aussi Jocasta Nu. Esprit droit et direct, il ne l’avait encore jamais détecté en dehors des Archives Jedi et il se demanda si la Maître Jedi quittait parfois ses rayons emplis de documentation pour prendre l’air. Il sourit en repensant à la dernière fois qu’il était allé chercher des informations auprès de l’humaine.
Elle m’avait fait passer pour un véritable imbécile.
Un délicat gémissement derrière lui le tira soudainement de sa rêverie et il tourna la tête vers la silhouette encore endormie dans l’un des deux larges lits au confort somme-tout assez sommaire. Pendant un instant, il resta fasciné par ce visage blanc à moitié masqué par une chevelure de la même couleur, dont seules se détachait une bouche aux lèvres d’un bleu qui lui rappelait celui des Astéracées saphir d’Alderaan. Lorsqu’il remonta jusqu’aux yeux céruléens dissimulés par de nombreuses mèches, il remarqua qu’elle le regardait.
— Qu’est-ce qui me vaut ce sourire béat ? demanda Maya sans toutefois réussir à décoller sa tête du matelas.
Il souriait ? Il ne l’avait pas remarqué. Pour tout dire, il n’avait pas vraiment l’impression de réussir à se détacher de la vision de la jeune femme émergeant gentiment des bras d’un sommeil qu’elle ne voulait pas encore vraiment quitter.
— Rien du tout, je me disais simplement que je ne t’avais vue aussi ébouriffée depuis notre descente au niveau 1313.
Souriant à son tour, elle s’assit avant de s’étirer faisant se soulever légèrement le haut anthracite qu’elle portait pour dormir. La fine bande de peau ainsi dévoilée fut suffisante pour empêcher le Kage d’enchaîner.
— Tu es aussi matinal lorsque tu es sur ton vaisseau ? demanda-t-elle en faisant léviter sa tunique blanche habituelle pour se changer.
Deekon s’éclaircit la gorge, puis se tourna pour faire face au soleil qui commençait maintenant à émettre une lumière plus radieuse qu’un instant auparavant. Derrière lui, il entendit le léger son des vêtements tombant sur le sol lisse de la chambre. Sur l’instant, il maudit l’ouïe fine dont il était pourvu et le picotement dans ses joues que ce bruit pourtant anodin avait déclenché.
— Difficile à dire lorsqu’on passe le plus clair de son temps dans l’espace ou à dormir entre deux assauts sans réelle notion du temps, répondit-il avec un ton suffisamment espiègle pour masquer son trouble, mais je voulais profiter d’un lever de soleil.
Il sentit la présence de Maya dans son dos et, peu de temps après, son souffle au niveau de son épaule droite. Il fut, une fois encore, surpris de remarquer qu’il dut faire un léger effort pour rester impassible.
— J’imagine que tu as rarement le temps d’en profiter.
Sa voix était empreinte d’inquiétude, mais surtout d’une infinie compassion. Deekon ne put qu’hocher la tête. Les moments de calme étaient rares durant ce conflit. Jamais il ne s’était senti aussi coupé de la lumière procurée par le Temple et des sages conseils de ses mentors. La sagesse de Sar Labooda lui manquait et, plus encore, les paroles réconfortantes de Maya. Depuis qu’il l’avait réalisé, il avait fait tout son possible pour passer du temps avec l’Arkanienne. Cependant, l’impression que ce conflit et principalement le Conseil Jedi prenaient à cœur de l’éloigner d’elle aussi souvent qu’ils le pouvaient ne le quittait pas. L’idée que cela ait pu être intentionnel lui traversa l’esprit. Il se souvenait sans peine d’une réflexion qu’Osha avait eu à propos de sa relation avec Maya. Son conseil avait alors autant semblé être un avertissement.
Osha…
Le Kage sursauta lorsque la jeune femme lui prit la main. Le contact de ses doigts diffusant une agréable chaleur le déstabilisant plus qu’il ne l’aurait dû.
— Tu as l’air… ailleurs, lui fit-elle remarquer en lui faisant face sans toutefois le lâcher.
Encore une fois, l’Arkanienne lisait en lui comme s’il avait affiché un texte déroulant jaune fluo sur son visage et il espéra que certains aspects lui en restaient néanmoins cachés.
— Je repensais à Osha, déclara-t-il pour ne révéler qu’une partie de ses pensées. Je repensais à l’impact que cette guerre a sur l’Ordre et dans quel état nous en ressortirons.
Maya ne répondit pas et se contenta de plonger son regard azur au-delà de ses propres yeux. Elle comprenait, il le savait, mais il avait besoin d’exprimer ce qu’il vivait, l’effet que cette guerre avait sur lui et ce qui l’effrayait.
— Je ne sais plus quoi penser. D’un côté, on me demande d’être un général, de mener des soldats au combat et parfois cela implique de les mener à leur mort. On me demande d’affronter un ennemi que l’on dit être prêt à mener la démocratie à sa perte. Cela me semblait facile au début, puis on constate qu’il n’y a pas que de simples droïdes menés par des adeptes du Côté Obscur ou des monstres mécanisés. On constate qu’il y a des populations entière qui pensent se battre pour se libérer d’un gouvernement tyrannique.
Il attrapa l’autre main de la Jedi et n’eut aucune peine à voir son regard briller. Elle s’emparait de ses émotions, les partageait avec lui, bien qu’il ne le voulait pas. Il ne voulait pas que Maya perçoive l’impact que la guerre et encore moins elle-même avaient sur lui, mais il ne parvenait pas à tout garder.
— Dois-je être un soldat, prêt à tout pour mettre fin à cet affrontement ou rester un Jedi ? Comment rester fidèle à des principes de paix et de respect de la vie en sachant les conséquences que cela peut avoir aujourd’hui ? À quel moment mettre fin à une vie de sang froid pour en sauver des milliers d’autres peut-il devenir la bonne chose à faire ? Être à la fois Jedi et Général est impossible.
— Et pourtant tu continues de te battre sans oublier ce qui fait de toi un Jedi, constata l’Arkanienne.
Le Kage soupira en s’éloignant.
— Ce qui fait de moi une Jedi... Je commence à me demander si cela signifie encore quelque chose, avoua-t-il d’une voix amère. Rares sont ceux qui sont restés fidèles à leur principe. J’ai l’impression que nous nous sommes perdus en chemin et que cela date de bien avant la Guerre des Clones. Tu as entendu ce qu’il s’est passé sur Umbara ?
Maya hocha la tête. Évidemment, les récents événements s’étant déroulé sur la planète avaient fortement ébranlé l’Ordre, qui avait pourtant réussi à dissimuler l’affaire au grand public.
— Tu n’es pas Krell. Lorsque tu me parles de la relation avec tes hommes, avec Deviss ou ce soldat CRA, Red, tu te préoccupes du sort de ces hommes.
— Je le sais, mais je sens que cette guerre est en train de me changer.
Il n’osa pas mentionner le fait qu’il référençait chaque monde envahi par Grievous, ni qu’il mémorisait le nom de chaque Jedi tombé sous ses griffes où le nombre de clones ou de civils morts pour s’être trouvés face à lui.
— Nous changeons tous, murmura Maya.
— Pas toi. Toi, tu es restée cette même personne douce et lumineuse. Tu ne t’es pas engouffrée dans la noirceur de ce conflit. Au contraire, tu y amènes la lumière, prête à panser les blessures de la galaxie entière.
— Tu me surestimes, s’amusa Maya non sans une pointe de gêne.
—Quand as-tu dégainé ton sabre-laser pour la dernière fois ?
L’absence de réponse de la part de son amie le conforta dans sa position, puis elle finit par le regarder à nouveau, comprenant malgré ses efforts pour le dissimuler.
— C’est Osha, c’est ça ? Tu penses que si tu avais agi en tant que soldat et non en tant que Jedi, elle serait encore en vie. Tu penses que tu n’es pas le Jedi que tu aurais dû être, que tu trahis l’enseignement de Maître Labooda ?
Le Kage sut immédiatement qu’il s’agissait de plus qu’une simple question. Le reproche dans la voix de l’Arkanienne était clair.
— Oui.
Maya fronça le sourcils et se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit d’un mouvement de la main.
— Suis-moi, ordonna-t-elle sans lui laisser la moindre possibilité de refuser, et enfile quelque chose.
Surpris, Deekon resta immobile face à ce revirement brusque et s’empara maladroitement de sa tunique sombre. Il l’enfila péniblement avant de sortir, à son tour, dans le couloir.
Qu’est-ce qu’elle a encore en tête ?
— Maya !
Son appel se perdit dans le couloir, la Jedi ne ralentissant pas devant lui.
Qu’est-ce que j’ai encore dit ?
— Maya, attends !
Son cri lui valut le regard interrogateur et même désapprobateur de la part des autres membres de l’Ordre. Baissant la tête afin de moins se faire remarquer, il abandonna l’idée d’appeler l’Arkanienne et pressa le pas. Il finit par la rattraper au niveau de la salle des archives alors qu’elle interrogeait Jocasta Nu. Lorsque la vieille humaine, vêtue d’une ample robe à la teinte dorée, le vit arriver, elle adopta une expression légèrement agacée.
— Maître Nu, la salua Deekon en tentant de ne pas la regarder dans les yeux.
— Deekon Jeren, grinça-t-elle entre ses dents. Vous avez finalement décidé de vous instruire en lieu et place de guerroyer ou avez-vous été pris d’une soudaine envie de battre un précédent record.
Du coin de l’œil, le Kage n’eut aucune peine à voir Maya retenir un éclat de rire. Lui, savait très bien à quoi la vénérable Jedi faisait référence et il lui semblait désormais évident qu’elle ne lui avait pas encore pardonné un simple et court instant de son existence.
— Je… J’accompagne Maya, finit par dire en dévoilant son plus beau sourire afin de masquer la légère inquiétude qu’il ressentait face à l’archiviste.
La femme le regarda avec une méfiance palpable avant que la Jedi arkanienne ne vienne lui sauver la mise.
— Je voulais savoir si Katooni était dans les parages ?
La Maître Jedi finit par détourner son attention du Kage, à son grand soulagement.
— Elle est encore en consultation de la section sur les conflits républicains et l’implication des syndicats de l’Espace Hutt.
Maya s’inclina pour la remercier, très vite suivi par Deekon qui s’empressa de lui emboiter le pas.
— Et veillez à ce qu’elle respecte le classement, cette fois-ci !
La voix de Nu se perdit au loin alors que Deekon réalisait qu’il avait encore accéléré son rythme, devançant l’Arkanienne.
— Tu es prêt à te lancer en plein milieu d’une armée de droïdes de combats, mais tu es toujours effrayé par l’ancienne, constata Maya particulièrement amusée.
— Les tas de ferraille, je sais à quoi m’en tenir, répondit le Chevalier Jedi dans un léger frisson. Elle, elle est toujours capable de surprendre.
L’Arkanienne eut un petit rire avant de l’entraîner vers la section indiquée et cette Katooni dont le Kage devait avouer n’avoir jamais entendu parler. Il fut surpris de découvrir deux jeunes novices, une Tholotienne, reconnaissable aux vrilles crâniennes blanchâtres pigmentées de mauve retenues par une coiffe, et un Nautolan, une fois arrivés à leur destination.
— Maître Maya ! s’écrièrent les deux enfants à la vue de l’Arkanienne.
Celle-ci s’inclina avec un très large sourire.
— Zatt a découvert de nouveau écrits au sujet de Maître Avar Kriss et des événements de Hetzal Prime, annonça la Tholotienne d’une voix enjouée. C’est tout simplement fascinant. Il y a tellement de chose que l’on pourrait mettre en pratique aujourd’hui.
La réaction naïve, mais intégralement colorée par l’optimisme influença le sourire qui s’afficha sur le visage de Deekon et il s’avança à son tour pour se présenter. La réaction qu’il reçut le surpris. À peine l’avait-t-elle remarquée que la jeune fille se figea en un instant en le contemplant les yeux écarquillés. Le Nautolan, bien que moins pétrifié, n’était pas en reste. Intérieurement, le Kage ne put s’empêcher de ressentir une pointe de vexation sans pour autant en vouloir à la novice. Habitué à combattre au côté des clones qui servaient à ses côtés depuis bientôt trois années, il avait oublié à quel point son apparence pouvait impressionner,
On dirait qu’elle a vu un démon.
Maya ne prêta pas attention à la réaction que le Kage attribuait à la frayeur et se contenta de se mettre sur le côté en présentant les deux jeunes initiés de sa main.
— Deek, je te présente Katooni et Zatt, lui expliqua-t-elle alors que le Jedi s’inclinait légèrement. Katooni, Zatt, je vous présente mon ami Deekon…
— Maître Jeren, lâcha Katooni dans un hoquet qui surpris le Chevalier aux courts cheveux argentés.
Il la vit déglutir, alors que son ami Nautolan se ressaisissait en premier.
— Elle veut dire par là qu’elle est votre plus grande admiratrice.
Surpris le Deekon leva un sourcil, alors que la Tholotienne donnait une tape à son camarade avant de se redresser.
— Veuillez m’excuser pour ma réaction, Maître Jeren, déclara-t-elle en s’éclaircissant la gorge. C’est juste que nous ne vous voyons pas souvent au Temple.
Le Kage n’eut aucune peine à constater la gêne dans le regard de la novice, mais ne fit pas l’erreur, cette fois-ci, de croire qu’elle réagissait à son apparence inhabituelle.
— Disons que je suis un Kage très occupé, répondit-il non sans une pointe d’amusement. Admiratrice ?
Les joues sombres de la Tholotienne s’empourprèrent et elle baissa légèrement le regard.
— Oui… Euh… En fait, il s’agit plutôt d’une forme de respect… Et euh…
— Elle est fascinée par tes liens avec la pègre, tu le crois-ça ? rigola Maya derrière lui.
— Je trouve juste qu’une collaboration avec certaines personnes aux mœurs douteux en temps de guerre peut nous donner un accès intéressant à certaines ressources rares, se défendit la gamine avant de réaliser le ton qu’elle avait utilisé pour répondre à l’Arkanienne. Sans vouloir vous offenser Maître.
— Tu vois que tout le monde ne désapprouve pas les méthodes enseignées par Maître Labooda, plaisanta Deekon à l’attention de l’autre Chevalier Jedi. Cela nous donne accès à des ressources utiles. Même Kenobi et Skywalker sont d’accord avec moi, une fois sur deux.
— Sans compter que vous détenez le record de la moyenne la plus basse quant à la durée de vos batailles remportées avec la 128e, compléta Zatt en pianotant sur son datapad. Juste devant Maître Skywalker.
Juste devant Skywalker.
— Vraiment ? demanda-t-il intéressé.
— Mes chiffres ne mentent jamais, indiqua le Nautolan en lui présentant une série de nombres et de graphiques qu’il ne comprenait pas.
Pourtant, il ne chercha pas à les interpréter plus en détails.
Juste devant Skywalker.
— Et tu en as d’autres des statistiques de ce genre ? l’interrogea-t-il sans cacher son intérêt maintenant que son égo avait été flatté.
Maya lui donna un coup de coude dans les côtes et il poussa un léger, mais exagéré, souffle.
— Euh… Disons que vous restez quand même peu connu des citoyens de la République et que la mention de votre nom sur l’holonet est quasi nulle, sans prendre en compte…
— J’ai compris, maugréa Deekon alors que Maya s’empêchait tant bien que mal de pouffer bêtement en face des novices. Pourquoi cet intérêt pour la pègre, Katooni ?
Il n’avait pas mis longtemps à changer de sujet, tant parce qu’il était intrigué de voir un autre membre de l’Ordre, aussi jeune soit-il, être ouvert à ce genre de procédé que pour empêcher Zatt de lacérer sa propre fierté à coup de chiffres.
— On va dire que c’est dû à une certaine… collaboration avec un groupe de pirates suite à notre Collecte, réfléchit la Tholotienne en choisissant consciencieusement ses mots. Ces événements ont un peu changé ma vision du bien et du mal et légèrement flouté la barrière qui les séparait. J’ai entendu parler de votre Maître et de sa façon de procéder, ainsi que du fait que vous suiviez la même voie et cela a remis beaucoup de choses en perspectives.
— Cela signifie qu’elle nous bassine les oreilles avec les missions de Sar Labooda et de Deekon Jeren, traduisit Zatt avant de se faire foudroyer du regard.
En entendant ces mots, le Kage ne put s’empêcher d’être empli d’un sentiment de fierté. Non pas en raison de la mention de son nom chez les plus jeunes générations de Jedi, mais en raison de celle de son défunt Maître. De son vivant, Sar Labooda avait été désapprouvée par plusieurs membres du Conseil pour ses pratiques jugées inhabituelles. Savoir que son enseignement perdurait au-delà de lui-même avait un effet bien plus positif sur lui qu’il n’aurait pu l’imaginer.
Si vous pouviez être là pour le voir, Maître.
— Eh blast, tu as vu l’heure Katooni ! s’exclama soudainement son camarade nautolan. On va devoir se dépêcher si on ne veut pas être en retard ! On ne peut pas se permettre d’être en retard !
Une expression paniquée se dessina alors sur le visage de la Tholotienne suite à cette information et elle pivota instantanément vers les deux Chevaliers Jedi.
— Ce fut un plaisir de discuter avec vous Maître Jeren. Vous serez également présent ? demanda-t-elle à mi-voix.
Deekon se contenta de légèrement s’incliner.
— Ce fut un plaisir jeune Katooni, se contenta-t-il de dire avant de se tourner vers le Nautolan. Jeune Zatt.
Une furtive déception transparut sur le visage à la peau sombre de la Tholotienne qui s’empressa de courir dans les couloirs des archives juste derrière son ami. Cette brève ruée déclencha un cri de désapprobation de Jocasta Nu qui cria le nom de la Tholotienne. Amusé, Deekon se tourna vers son amie dont les longs cheveux blancs descendaient en cascade sur ses épaules.
— Merci, Maya. Je dois avouer que je n’aurais jamais imaginé que mes actes pouvaient avoir un impact positif, quoique discutable, sur les novices. Tu as entendu ? « Juste devant Skywalker ».
Il avait désormais oublié ses sombres pensées et son questionnement quant à ses actions. Seulement, ce n’était ni le Jedi, ni le Général qui semblait avoir influencé ces deux jeunes novices, mais bien Deekon Jeren, disciple de Sar Labooda et de ses méthodes peu communes.
Voilà ce qu’elle voulait me faire voir. Je ne peux être à la fois Soldat et Jedi, mais je peux être quelque chose de différent. Cela remettra-t-il en cause mon statut au sein de la Grande Armée ou au sein de l’Ordre ?
Il décida qu’il pourrait réfléchir à cette possibilité plus tard et finit par remarquer le sourire espiègle de Maya.
— Quoi ?
— Tu penses quoi de Katooni ?
— Elle a une façon de penser assez unique, que je n’avais plus l’habitude de voir en venant au Temple et elle a définitivement une certaine tendance à pousser les bons boutons chez Maître Nu, compléta-t-il en se remémorant le cri outré de l’archiviste.
— J’en connais un qui était assez pareil, plaisanta-t-elle une lueur particulièrement taquine au centre de ses yeux bleus.
Deekon éclata de rire suite à la remarque.
— Tu n’as pas tort. J’ai l’impression de me revoir plusieurs années en arrière avant que je rencontre Sar et…
Il s’interrompit, prenant soudainement conscience d’un fait important qu’il n’avait alors pas encore saisi en raison de la lenteur d’esprit qui l’envahissait à chaque fois qu’il discutait avec la jeune Jedi au teint pâle.
« Vous serez également présent ? »
Le regard de Maya dut immédiatement percevoir sa compréhension, car ses yeux pétillèrent encore plus intensément.
— Maya, non. Inutile de ne serait-ce que d’y penser. Non.
— Et pourquoi ?
Il eut un mouvement de recul, surpris par ce que son amie sous-entendait. Il connaissait la façon dont elle considérait son implication dans le conflit et ce qu’il faisait. Bien qu’elle le montrait de moins en moins, l’Arkanienne désapprouvait son implication à la tête d’une armée, il le savait.
Alors, qu’elle imagine…
— C’est toi qui me pose la question ? Ce n’est pas toi qui désapprouve l’implication de l’Ordre en tant que généraux et la situation à laquelle cela nous expose ?
— Si.
La réponse était courte, simple et surtout particulièrement déroutante de sa part.
— Et tu suggères que je…
— Oui, admit-elle tout de même un peu gênée.
— Pourquoi ?
— Parce que cette guerre va changer irrémédiablement la façon dont l’Ordre Jedi fonctionne. Parfois, lors de mes nuits les plus obscures, je rêve même que ce conflit finira par le détruire, que la République finira par nous détruire. Les novices comme Katooni ont besoin de repères pour les guider maintenant plus que jamais.
Le Kage s’approcha à nouveau et soupira.
— Parce que tu crois que je suis un bon repère ? Maya, tu connais mon implication dans cette guerre. La façon dont je procède. Je ne reste pas en arrière. Je ne comprends pas pourquoi tu veux envoyer une gamine en plein cœur de tout cela.
La jeune Arkanienne leva ses yeux vers lui et, une nouvelle fois, il se sentit comme happé par sa présence, se sentant vulnérable et presque incapable de s’opposer à elle. Il pesta intérieurement contre cet état de fait, mais cela ne changeait pas sa résolution.
— Deek, malgré ce que tu penses, tu es l’un des Jedi les plus lumineux que je connaisse. Tu préfères faire ce qui est juste, plutôt que d’emprunter le chemin le plus facile. C’est ce qui fait de toi un Jedi et c’est pour ça que je te fais confiance pour t’occuper d’elle, comme Sar Labooda l’a fait avec toi.
Émettant un claquement de langue frustré, il secoua la tête. Il voulait lui dire que la seule raison qui lui permettait de se maintenir dans la lumière à chaque instant était bien plus complexe qu’elle ne le croyait, qu’elle n’imaginait pas l’importance qu’elle avait pour lui. Il désirait lui avouer que, sans elle, il aurait sombré de nombreuses fois. Chacun des moments où cette présence étincelante l’avait tiré en dehors de l’obscurité restait ancré dans sa mémoire, mais il garda le silence. Le comlink à son poignet bipa avant qu’il ne trouve le courage de le lui expliquer et la voix de Deviss, plus autoritaire et emplie de réflexion que les autres clones, résonna :
— Général, je sais que vous êtes en permission, mais le Général Windu requiert votre présence pour un briefing d’urgence.
Le Kage contempla le visage blanc de son amie et porta l’appareil de communication à ses lèvres.
— Merci, commandant, annonça-t-il avant de couper la transmission. Tu devrais la prendre comme Padawan. Tu ferais un bien meilleur Maître que moi.
— Ce n’est pas moi qu’elle admire, le tacla l’Arkanienne en le défiant d’un de ses regards désapprobateurs.
Deekon soupira avant de reculer.
— Je te contacte dès que je peux, Maya.
La Jedi croisa les bras sur sa poitrine sans répondre et il s’éloigna, une fois encore, sentant que chacun de ses pas élargissait irrémédiablement une distance physique et émotionnelle avec une personne qu’il aimait plus que tout. Pourtant, il continua. Il n’avait pas l’étoffe d’un mentor et encore moins en pleine guerre. Il ne pouvait pas trainer une gamine d’une dizaine d’année au cœur de ses combats. Il savait qu’il n’avait pas été un cadeau pour son ancien maître, mais elle avait réussi à le transformer en quelqu’un de meilleur tout comme Maya. Lui, il savait ne pas avoir les épaules pour le faire.
Un Maître, moi ? Je serais un piètre mentor.
Une présence lui cogna alors soudainement l’esprit. Le touché fut bref, familier et lui parut être semblable à une tape de réprimande sur son crâne. mais ne provenait pourtant pas de Maya. Surpris, il se stoppa net. Un seul être aurait pu l’atteindre avec tant de délicatesse et de force réunies, mais la réponse lui semblait impossible. Il se mordit la lèvre, repensant au novice qu’il était et ce à quoi aurait pu ressembler sa vie si quelqu’un n’avait pas accepté de le comprendre. Au fond de lui, il était conscient que Katooni avait beaucoup en commun avec le jeune Jedi qu’il avait été.
Dank farrik !
Il se tourna vers Maya, qui était toujours dans son champ de vision et activa son comlink.
— Deviss, appela-t-il lorsque son appel fut accepté. Je vous laisse participer au briefing en mon nom. Vous m’informerez sur le Protecteur.
— Le Général Windu ne va pas apprécier.
Cela, il en était conscient, mais il s’en fichait. Une présence tout droit sortie du passé venait de le remettre à l’ordre de manière éthérée. Il savait ne jamais l’avoir déçue et il ne commencerait pas aujourd’hui.