Malgré l'heure, les badauds affluaient de toutes parts et continuaient d'approcher, malgré les risques potentiels ainsi encourus, en une masse de plus en plus compacte, des ruines du bâtiment alors encore légèrement en proie aux flammes, tandis que les vaisseaux-incendie officiant sur place poursuivaient toujours méticuleusement leur œuvre, tentant continuellement et désespérément de circoncire ce qui restait du brasier infernal qui sévissait toujours il y a encore seulement quelques minutes de cela.
Une foule de plus en plus importante commençait de ce fait à se former dans tout le périmètre, malgré tout le dispositif mis le plus rapidement possible en place par les forces de sécurité de la cité, avec notamment tous ces attroupements de curieux qui continuaient de se précipiter en direction de ce hangar, ou plutôt ce qu'il en restait, attirés par toutes ces hautes colonnes et volutes de fumées maintenant bien visibles au loin depuis au moins plusieurs pâtés d'habitations.
Entre les pompiers, les officiers de police, les ambulanciers et tous les autres services qui avaient également été dépêchés sur les lieux en urgence, il était bien difficile de s'approcher ou d'apercevoir quoi que ce soit pour qui tentait de le faire, et ce, que ce soit aussi bien par accès terrestre que par la voie des airs. La violence et la soudaineté de l'explosion n'avait alors visiblement pas seulement fait "trembler" que le bâtiment concerné...
Elle était même parvenue à attirer dans l'effervescence de ces parages calcinés ce qui semblait être, à sa tenue austère, un autre de ces « Jedi », un jeune Humain aux cheveux châtain clair coupés court à l'exception d'une fine tresse lui retombant sur l'épaule, ayant obtenu l'autorisation des forces de sécurité de s'avancer un peu plus loin que la foule dans tous ces décombres, après s'être d'abord présenté en arrivant sur les lieux comme étant le « Padawan Kenobi ».
Le jeune homme, bouleversé par ce qu'il semblait alors être le seul en mesure de voir et de percevoir, au-delà de toute autre perception Humaine "normale", ramassa quelque chose, apparemment fait de métal, qui brillait encore un tout petit peu d'un faible éclat au beau milieu de toutes ces cendres et autres débris encore fumants: voilà tout ce qu'il restait de la poignée carbonisée, fondue, tordue et à peine reconnaissable de ce qui fut alors l'arme de Darsha Assant, de son vivant Padawan Jedi de son état. Et resta ainsi un long moment, prostré, comme perdu dans ses souvenirs, en observant avec une religiosité teintée de respect et d'un soupçon de mélancolie la relique au creux de sa main.
Toutefois, à le voir ainsi, inspirant puis expirant lentement, pour enfin soupirer légèrement, il ne montrait pourtant point de tristesse. Était-ce alors parce que cette caste d'individus si "spéciaux" que l'on nommait des « Jedi » restait fidèle à une réputation d'êtres invariablement insensibles ne faisant ainsi jamais montre extérieurement d'une quelconque émotion, ou bien était-ce dû au fait que venait peut-être maintenant à l'esprit de ce jeune représentant un sentiment bien étrange tout d'un coup...
*
Pendant ce temps, au cœur d'autres éboulis eux aussi liés à la déflagration même si pourtant situés plusieurs niveaux de la cité plus bas, des secouristes, brancardiers et maîtres-chiens s'affairaient également à la base de ce qui semblait être les restes d'une large canalisation verticale communicante avec les lieux directs de la catastrophe:
- Il y a des personnes coincées ici !, s'exclama soudainement une première voix.
- Combien ? Vivantes ou non ? Étendue et nature des blessures apparentes ?, lui cria alors une autre.
- Trois corps désarticulés et inconscients ! C'est vraiment moche à voir, je vous jure ! En dix ans de métier, je n'avais encore jamais vu ça les gars !
- Deux d'entre eux sont bien mal en point, mais néanmoins toujours en vie, apparemment ! Du moins pour l'instant... Mais... Va vraiment falloir se grouiller je crois !, continua une nouvelle voix accompagnant la première. C'est incroyable, n'empêche ! Même s'il s'en est apparemment vraiment fallu de bien peu. Bon, pour le troisième, en revanche, c'est déjà réglé d'office... Pauvre gars...
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Quelques jours plus tard, les yeux d'un être, bel et bien vivant malgré les probabilités mais encore bien salement amoché, revirent pour la première fois la lumière depuis l'accident, même si ce n'était alors qu'une lueur artificielle et aveuglante provenant d'un plafond et perçue depuis une position allongée dans un lit:
- Les moniteurs enregistrent une activité neuronale stable... Le patient réagit aux stimuli externes !... Et a apparemment à nouveau conscience de son environnement !?... Docteur, vite, venez voir, il revient peu à peu à lui !!, parvint-il à entendre cette voix qui lui semblait à la fois toute proche mais néanmoins déformée et étouffée.
- Où ... suis ?, réussit-il seulement à très péniblement articuler.
- En sûreté, vous êtes tiré d'affaire, ne vous en faites pas, tout va bien se passer maintenant !, lui répondit ce Docteur qui venait de s'approcher. Me comprenez-vous distinctement ?
- Ou-Oui... M-m-mais ... où ?, demanda-t-il tout aussi péniblement et douloureusement.
- Vous êtes dans un hôpital, sur Coruscant. Plus précisément dans une des ailes spécialisées et affectées aux services des soins intensifs, dont je suis en charge.
La révélation lui fit un sacré choc. Le Docteur s'en rendit compte et lui demanda doucement:
- De quoi vous rappelez-vous exactement ? Surtout, prenez votre temps pour répondre sans vous fatiguer.
- Haut ... é-échelle ... ex-ex-plosion ... plus rien.
- C'est très bien, je vous remercie. Reposez-vous, maintenant. Vous en avez encore grand besoin. Je repasserai vous voir un peu plus tard, d'accord ?
Sans attendre spécialement une réponse, le praticien laissa son patient aux soins de l'infirmier de service qui avait précédemment constaté la reprise de conscience.
Son audition et sa vue s'habituant peu à peu à ce qui se présentait tout autour de lui, l'être ainsi hospitalisé, malgré les premières recommandations du Docteur, voulu néanmoins en apprendre un peu plus avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience:
- À q-quoi ... ress-ressemblais ... en arrivant ?, osa-t-il ainsi demander à la personne à son chevet en train de lui administrer une nouvelle dose de sédatif et d'antidouleur. Veux ... ho-honnête.
- Alors, pour ne rien vous cacher, concéda un peu à contrecœur l'infirmier, vous ressembliez à un tas de viande raccroché à des tubes..., continua-t-il sans autre forme de ménagement. Croyez-moi, le plus important dans l'immédiat est que vous vous portiez maintenant mieux. Vraiment.
Petite pause, le temps d'encaisser l'information, avant de poursuivre la conversation tant que son état le lui permettait encore:
- Et ... autres ?, sembla tout à coup se remémorer le patient.
- Hé bien... De ce que j'en sais tout du moins personnellement, je crois que seule cette personne-ci, en plus de vous, s'en est également sortie, répondit alors l'infirmier, toujours affairé à lui brancher diverses poches de traitement, en désignant maladroitement de son seul coude de libre un autre lit apparemment tout proche du sien. Croyez bien que je suis sincèrement désolé.
Le patient se força à tourner lentement et péniblement la tête, non sans un grognement de lancinante douleur au passage, dans la direction indiquée pour vaguement parvenir à constater qu'effectivement une silhouette familière, même si bien difficilement reconnaissable au premier regard car surtout bien mal en point sous toute cette incroyable quantité de bandages, était étendue dans le lit juste à côté du sien, toujours inconsciente...
L'infirmier, compatissant malgré son léger manque de tact, lui accorda quelques secondes de tranquillité avant de lui dire:
- Vraiment navré si jamais vous aviez d'autres compagnons. Mais il était malheureusement déjà presque trop tard même pour vous bien avant que notre équipe ne puisse vous rapatrier ici. Le cas échéant, toutes mes condoléances.
- Comment ... m-m-mort ?, demanda bravement et stoïquement l'être hospitalisé.
- Hum... Toujours d'après ce que j'ai pu comprendre étant donné la situation, vous, ou au moins certains d'entre vous, avez été victimes d'une très vilaine chute de plusieurs étages, dans ce qui s'avérait apparemment être un ancien conduit de maintenance de chauffage urbain, suite à une énorme explosion survenue dans un hangar de stockage situé juste au-dessus, là où il y a d'ailleurs vraisemblablement également eu au moins une autre victime potentiellement impliquée parmi vous... C'est déjà même un impensable miracle que
vous, vous en ayez réchappé ! Au moins l'un de vos camarades, quant à lui, a visiblement quelque peu amorti la chute d'un autre... Intentionnellement ou non, le fait est, que ce soit donc à vous-même ou bien encore à cette personne dans le lit d'à-côté, qu'il vous a ainsi sauvé la vie...