Le Réveil de la Force été "transgressif" en redéfinissant la Force de manière incompréhensible et inexpliquée.
Les Derniers Jedi s'est ostensiblement voulu transgressif en tuant le passé, en voulant détruire tout ce qui avait été montré jusque là.
L'Ascension de Skywalker a transgressé avec le retour de Palpatine et tout ce que ça implique.
Attention je parle bien de transgression morale pas de cohérence de l'oeuvre ce qui est un autre problème.
Si Kylo Ren ne s'appelait pas Ben Solo, s'il n'était pas de la famille Skywalker, ça ne viendrait à l'esprit de personne que Rey tombe amoureuse d'un homme qui incarne le mal et la violence. Kylo Ren tue Han, Luke et cause la mort de Leia, les héros d'antan. Et c'est justement pour ça que la gentille héroïne n'aurait jamais pu finir avec le méchant. Un film envoie avant tout un message.
Sinon, il me semble que l’ambiguïté morale est une thématique essentielle de
SW et ce dès la TO (et d'ailleurs, je pense que cela explique en partie son succès) : Vader bien sûr mais aussi Han Solo, à un niveau bien inférieur bien sûr, montrent que tout le monde n'est pas tout noir ou tout blanc, même si bien sûr ces personnages prennent finalement le bon chemin.
Leïa y tombe déjà amoureuse du mauvais garçon qui, bien sûr, a bon fond mais est aussi un hors-la-loi égoïste et non du gentil chevalier blanc Luke (bien sûr on peut considérer à postériori que c'est parce qu'elle a toujours su qu'il s'agissait de son frère mais en tout cas quand on regarde
ANH, c'est ce que l'on conclut).
Et j'imagine que tu trouvais alors déjà que la prélogie trahissait complètement la TO, parce que Padmé tombe amoureuse d'un jeune homme qui a tué tous les membres d'un village, femme et enfants y compris, par vengeance ! Personnellement, ça m'a toujours paru incroyable qu'elle ne soit pas plus refroidie que ça par ce qu'il avait fait parce que depuis le début, Padmé est présentée comme un personnage représentatif du bien, de la morale et en plus par principe. Padmé est quelqu'un de raisonnable et avec beaucoup de sang-froid. Alors je comprends bien qu'elle est emportée par sa passion et je l'accepte mais cette contradiction avec ce qu'elle est m'a toujours troublée.
Rey, elle, au contraire, a toujours été montrée comme quelqu'un de purement instinctif, clairement orientée naturellement vers le bien, mais sans que cela soit une construction intellectuelle de sa part. Donc le fait qu'elle puisse être encore plus à l'écoute de ses émotions me parait totalement cohérent avec ce qu'elle est en tant que personnage, d'autant plus que, contrairement à Padmé, on nous montre bien qu'elle est attirée (très modérément j'en conviens et, on peut considérer, de façon un peu artificielle) par le côté obscur.
Pour conclure, je dirais qu'il est vrai que la prélogie et la postlogie ont tous les deux exploité cette idée d’ambiguïté morale de façon qui peut laisser penser qu'elles trahissent la TO mais personnellement, je pense qu'à partir du moment où l'on accepte l'idée d'une extension d'un univers fictif, on peut accepter que cela ne sera pas fait exactement comme on l'aurait fait dans les années 70/80 parce que les codes narratifs et les mentalités évoluent.
Réécrire un mythe c'est aussi accepter de le moderniser.