Blue a écrit:@DRIII : je n'ai pas dit que tu étais un abruti, et je suis loin de le penser compte tenu de la discussion que nous avons partagée les pages précédentes. Vraiment. Si c'était le cas, je n'aurais pas pris la peine de te répondre si longuement, tu imagines bien. Je dis juste qu'affirmer, comme tu le fais, que le conte de fée et le mythe sont des genres qui ne diffèrent pas n'est pas une position sérieuse, et que pour persévérer à le penser, il faut soit tout ignorer de la distance qui les sépare (ce qui ferait de toi non pas un abruti mais, au pire, quelqu'un qui, en l'occurrence, ne sait pas de quoi il parle) soit connaître cette distance et faire comme si elle n'existait pas, (en quel cas tu ne ferais pas preuve d'abrutissement, mais de mauvaise foi à visée éristique).
C'est là qu'à force de digressions, on finit par oublier de quoi on parle. Là, il est question de Star Wars, de la façon dont Lucas l'a envisagé et conçu en s'inspirant notamment du "Héros aux Mille et Un Visages" de Campbell. Que tu apprécies, cautionnes, valides ou non les thèses de Campbell n'a aucune forme d'importance, dans la mesure où Lucas, lui, s'en est inspiré (et il n'est pas la seul à Hollywood). C'est ça qui importe puisqu'on parle ici de l'oeuvre de Lucas et que la question qui nous oppose est de savoir si
TLJ respecte l'esprit et est cohérent avec ce que Lucas a créé cinématographiquement.
Au-delà des intentions de Lucas, Star Wars est fondamentalement "campbellien" dans le syncrétisme qu'il opère, ce brassage de différents mythes, légendes et contes, issus de différentes cultures. La Trilogie originelle l'est également dans sa structure, dans le sens où elle respecte le fameux "Voyage du héros" théorisé par Campbell.
Or, sur quels principes Campbell a-t-il dressé ce schéma narratif archétypique ? Sur l'idée que tous les grands mythes, tous les contes, obéissaient à la même structure.
"Que nous écoutions avec une réserve amusée les incantations obscures de quelque sorcier congolais aux yeux injectés de sang, ou que nous lisions, avec le ravissement d'un lettré, de subtiles traductions des sonnets mystiques de Lao-tseu ; qu'il nous arrive, à l'occasion, de briser la dure coquille d'un raisonnement de saint 'Thomas d'Aquin ou que nous saisissions soudain le sens lumineux d'un bizarre conte de fées esquimau — sous des formes multiples, nous découvrirons toujours la même histoire merveilleusement constante. Partout, la même allusion l'accompagne avec une persistance provocante : allusion à l'expérience qui reste à vivre, plus vaste qu'on ne le saura ou qu'on ne le dira jamais."Le "Voyage du Héros" s'applique aussi bien aux mythes qu'aux contes ou qu'aux légendes. Et Lucas, dans "Star Wars", mêle allègrement des influences issues des mythes, des contes ou des légendes. Comme Tolkien avant lui. Que Tolkien ait développé toute une cosmologie de la Terre du Milieu ne retire rien au fait que "Bilbo le Hobbit" est, à la base, un conte de fées écrit pour des jeunes enfants (comme Star Wars à la base visait les gosses de 12 ans, dixit Lucas).
Des personnages comme C3-PO, Chewbacca, R2-D2, Jar-Jar Binks et BB-8 sont typiquement des personnages de contes de fées. C'est l'équivalent de l'Epouvantail, du Bûcheron et du Lion dans le "Magicien d'Oz".


Le bestiaire récréatif qui caractérise aussi l'univers Star Wars est lui aussi typique du conte de fées (attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas de grosses bestioles ou de monstres dans les mythes, je dis juste qu'ils n'ont pas de fonction récréative).
Donc dire que Disney vient tout chambouler en transformant Star Wars en conte de fées, non et mille fois non ! Abrams et Johnson ont juste opéré un retour aux sources. "Il était une fois" / "Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine".
D'ailleurs, il y a un truc que je ne comprends pas dans ta posture. Comment peux-tu dire que l'aspect "conte de fées" te déplaît dans
TLJ et dire que tu as aimé
TFA ? Alors que c'est
TFA qui introduit Rey comme une héroïne de conte de fées.


Les séquences dans les bois, sous la neige, sur Starkiller renvoie à l'imaginaire gothique, aux frères Grimm, aux ogres et aux fées...

Je ne vois donc pas en quoi
TLJ serait plus critiquable que
TFA sur ce point. Conte de fées, ce n'est pas un gros mot... Star Wars ne se résume pas seulement au conte de fées, mais c'est une influence majeure, essentielle de la saga.