Une fois n'est pas coutume (j'ai mal à ma dignité, mais c'est comme ça...), je suis d'accord avec Sergorn : ce topic est fatiguant. J'ai demandé à plusieurs reprises qu'on mette un peu sa mauvaise foi de côté pour discuter du fond des problèmes que posent
TLJ (car objectivement, il y en a) et je me retrouve, une fois encore, confronté à des réponses qui sont intellectuellement malhonnêtes. Je vais donc suivre les conseils qu'une douzaine de membres ont eu la gentillesse de m'adresser par mp et arrêter d'essayer de discuter avec des personnes qui, manifestement, n'ont pas envie de
communiquer parce qu'elles préfèrent parler toute seule et faire mentir les films. Ce message sera donc le dernier ici me concernant, sur ce topic du moins.
Je suis désolé DRIII, mais lorsque tu dis : "je t'avouerai que j'ai eu quelques doute en lisant que "physiquement, un objet en suspension dans l'air est aussi un objet qui chute", tu fais preuve d'une mauvaise foi complète. Nous étions d'accord (parce que c'est une évidence) pour dire qu'un objet ne peut être en suspension dans l'air qu'à la condition qu'une force ascendance équilibre la force gravitationnelle qui le fait tomber. Autrement dit, on est d'accord, depuis le départ, pour dire qu'un objet en suspension dans l'air est un objet qui
continue de subir l'attraction gravitationnelle de l'astre sur lequel il se trouve, car sinon, il s'élèverait vers le haut sous l'effet de la force ascendante. Donc, oui :
un objet en suspension dans l'air est un objet qui ne laisse pas de chuter. Le problème, c'est que tu confonds volontairement, pour te payer ma tête, la chute phénoménologique (voir quelque chose chuter) et la chute physique (subir une force qui attire l'objet vers le bas, comme lorsqu'on dit, depuis Newton, que la lune chute constamment sur la terre, et que c'est précisément pour cette raison qu'elle tourne autour de nous. Ce n'est certes pas ce qu'on voit, mais physiquement, c'est ce qui se passe). Donc oui, encore une fois : un objet en suspension dans l'air ne laisse pas de chuter. C'est même la condition pour qu'il soit en suspension.
Le problème c'est qu'avec ton attitude, c'est surtout toi, finalement, qui démontre que tu n'es pas très à l'aise avec les concepts de la physique classique, donc c'est toi qui passe pour l'ignorant, ce qui es triste, car tu ne l'es pas : tu ne fais que feindre l'être, et ce à des fins rhétoriques. Moi, ça m'agace.
Pour le reste, tu t'entêtes à confondre un jugement esthétique et une analyse rationnelle au sujet d'une expression faciale, tu essaies de jongler avec des histoires de vitesse et de trajectoire sans comprendre que, si j'évoquais plus haut la relativité restreinte, c'est précisément parce qu'elle nous permet de convertir l'énergie cinétique en masse afin de pouvoir estimer la masse totale d'un système ou d'un corps en mouvement. En d'autres termes, elle permet de contredire ta position, et c'est pour ça que tu fais semblant de ne pas recevoir mes arguments. Je ne parle même pas du fait que, pour ce qui est de ton calcul, tu calcules l'énergie totale du système ce qui... n'a aucun sens dans notre discussion puisque ce qui est en question, ce n'est pas la quantité d'énergie considérée en soi, mais précisément la masse totale que Yoda déplace par la pensée. Une manière simple de t'en convaincre serait d'estimer, sur la même base, l'énergie totale du système que montre la scène avec Rey, c'est-à-dire la somme totale de toute l'énergie contenue dans la masse au repos des pierres, plus l'énergie cinétique insufflée. Tu verrais que le résultat en joules dépasse considérablement celui que tu donnes pour la scène de la nacelle.
Outre le fait que, du point de vue strictement scientifique, le raisonnement ne tient pas la route deux secondes, ce qui me frappe surtout, c'est que ton argumentation est symptomatique des efforts spéculatifs toujours plus vains et considérables qu'il est nécessaire de déployer pour espérer sauver
TLJ de ses absurdités. À ce niveau-là, je préfère encore faire comme Sergorn et ne pas me poser trop de questions. Cela me semble moins dispendieux.
En gros, pour rendre la scène de Rey et des cailloux un tant soit peu crédible, selon toi, il faut :
1. Entrer dans des querelles de mots, quand les mots qu'on utilise sont ceux de la saga, avec le sens de la saga.
2. Tordre le sens des mots de la saga, par exemple ce que Yoda dit à Luke dans
ESB (on passe de : soulever des pierres et soulever un x-wing ne sont pas des choses différentes si tu as foi en la Force à : si tu as foi en la Force, tu peux faire n'importe quoi n'importe comment, et tu soulèveras même des montagnes). Quel dommage, quand même, que Yoda n'ait pas assez eu foi en la Force pour vaincre Palpatine, ni Anakin dans le côté obscur pour être en mesure de tuer Obi Wan. Quel dommage que le Conseil Jedi dans son ensemble aie manqué d'enthousiasme dans sa quête effrénée pour percer à jour la mystérieuse identité du Seigneur Noir des Siths, etc.
3. Recourir à des élucubrations qui font intervenir des considérations physiques qui, quoique très intéressantes en soi (ce n'est pas moi qui dirai le contraire, puisque j'y consacre ma vie), sont à cent mille lieux du propos du film, tout ça pour pouvoir espérer rationaliser un tant soit peu pourquoi Rey fait, aussi facilement qu'elle le fait, des choses que mêmes les plus puissants jedi de la saga semblent incapables de réaliser sans efforts manifestes. Il y a un tel besoin de sens pour comprendre ce qui se passe à l'écran que tout est bon, même les arguments les moins pertinents dans le cadre d'une fiction grand public qui est certes profonde, mais qui n'a pas vocation à nous faire faire de la physique.
4. Contredire les faits et les dialogues de la saga. Par exemple, tu dis que la prélogie ne montre aucune distinction entre les sith et les jedi dans l'usage technique de la Force. C'est... faux. C'est même systématiquement démenti, tant par Dooku qui dit à Yoda dans le II qu'il est devenu plus puissant (= a plus d'affinités avec la Force) depuis qu'il a basculé du côté obscur, que par Anakin qui affirme à Obi Wan qu'il sous-estime ses ''nouveaux pouvoirs''. Manifestement, si : le côté obscur donne accès à de nouvelles capacités. Je ne parlerai même pas de l'usage technique spécifique de la Force que constituent les ''éclairs de Force'' et qui, à ma connaissance, n'ont jamais été maîtrisés par le jedi à l'écran. C'est tout de même embêtant, je trouve, de devoir nier l'existence des éclairs de force ou le fait que seuls les siths semblent capables de les utiliser pour défendre ton interprétation. C'est un coût que je ne serais pas prêt à assumer pour ma part.
Mais le pire n'est pas là, le pire est que tu refuses d'admettre que Luke est particulièrement puissant (ou sensible, pour éviter tout malentendu) dans la Force (bien plus que Rey, en principe) en vertu de son hérédité avec Anakin (que Rey, précisément, ne possède pas, à moins d'un revirement inattendu dans le IX).Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une hérédité particulière pour être puissant dans la Force (ex. Palpatine, Yoda, Obi, etc) mais l'hérédité de Luke fait de lui un être à part, bien plus capable que n'importe qui. C'est indéniable. D'abord, c'est dit explicitement dans les films : Luke dit dans le VI que "La Force est puissante dans sa famille", ce qui signifie bien que quelque chose du don d'Anakin se transmet aux générations suivantes. Il y a une filiation de la puissance dans la Force. C'est on ne peut plus explicite. Que cette filiation soit exceptionnelle, unique même dans l'histoire, au sens où personne d'autre ne semble tirer de son ascendance une affinité quelconque avec la Force, on est d'accord. Mais précisément : cette filiation du don existe chez les Skywalker, et c'est ce qu'il s'agit d'expliquer. Dans ton hypothèse, c'est un fait inexplicable, Luke ne doit rien de ses capacités à Anakin. Dans la mienne, elle s'explique très facilement : Anakin n'est pas simplement quelqu'un de sensible à la Force, il est un être né de la Force. Elle le constitue dans sa chair, et la chair de sa chair garde l'empreinte de cette origine divine. Compte tenu de l'être d'exception qu'est Anakin (c'est l'Élu, celui qui est né de la Force et qui revient des ténèbres à la lumière pour rétablir l'équilibre et obtenir la rédemption), sa filiation ne peut qu'être exceptionnelle. C'est pourquoi Luke, en plus d'être sensible à la Force, lui est
particulièrement sensible.
Pour te faire comprendre pourquoi ton interprétation ne tient pas, je t'invite simplement à considérer ses conséquences : si tu avais raison, si la puissance de Luke dans la Force était indépendante de sa filiation, peux-tu m'expliquer pourquoi Yoda et Obi-Wan voient en lui ''leur dernier espoir'' pour défaire les Siths ? Plus exactement, peux-tu m'expliquer pourquoi ils voient dans les deux descendants directs d'Anakin les deux seuls êtres capables, dans toute la galaxie, de défaire les Siths ? Si tu avais raison, Yoda et Obi auraient pu former en secret de nouveaux talents pour défaire Vador et Palpatine. La galaxie ne manque pas d'être ''sensibles'' à la Force. Mais c'est précisément ce qu'ils ne font pas, car ils savent que les descendants du fils de la Force sont les meilleurs forceux sur lesquels ils puissent compter.
Enfin, pour ce qui est de ton interprétation de l'acte de Luke dans le VI, désolé, mais le film la contredit elle aussi : ce que fait Luke à ce moment, personne d'autre qu'un jedi ne peut le faire, et c'est bien pour ça que réaliser cet exploit achève sa formation. C'est exactement le sens de la réplique qui suit immédiatement sa prise de conscience : maintenant que j'ai résisté au côté obscur, je suis devenu un jedi, et toi, Palpatine, tu l'as dans l'baba. Est-ce par ''humanité'' que Luke résiste au côté obscur ? Non, précisément, car ce que fait Luke (pardonner à son père, croire en lui, puis goûter à la colère, au désespoir même, vaincre Vador, puis l'épargner pour revenir à la lumière) n'est pas un geste humain mais héroïque. C'est-à-dire qu'il fait précisément ce que tout homme, le commun des mortels ne peut pas faire : faire preuve d'une sérénité, d'une lucidité et d'une maitrise de soi absolues. Résister au Mal. Non pas en l'écartant a priori, mais en le goûtant, en l'expérimentant, pour finalement parvenir à en revenir (chose que même Yoda estime être impossible, il le dit : on ne revient pas du côté obscur). Pourtant Luke le fait (et Anakin aussi. Serait-ce donc un hasard que seuls les Skywalker en soient capables ?)
Donc oui : le geste de Luke, par lequel il devient un authentique jedi est l'expression pure de la puissance dans la Force : c'est l'expression pure et parfaite de la spiritualité nécessaire à la qualité de jedi, et il n'est en mesure d'accomplir sa prouesse que parce qu'il a avec la Force, par l'entremise de son hérédité paternelle, une affinité, une sensibilité, un potentiel uniques qui le rendent susceptibles d'exploits spirituels dont tous les autres individus sont incapables. Windu n'a pas cette sérénité, ni cette sagesse, tout grand jedi qu'il était : en n'ayant pas la lucidité nécessaire pour épargner Palpatine, il précipite sa mort et l'instauration de l'Empire. Bref, c'est parce que Luke est puissant dans la Force qu'il est aussi sage et lucide, et non parce qu'il est sage et lucide qu'il est puissant dans la Force.
Tu défends ton argument en disant que Luke est profondément humain, ce qui semble induire qu'en cela nous lui ressemblons tous dans notre humanité. Mais non. C'est Rey qui incarne l'idée - qui moi me révulse - que n'importe qui, n'importe quand, peut faire n'importe quoi pour peu qu'il y croit (Rémi Gaillard quoi). C'est comme ça qu'on peut devenir sans aucune explication un jedi qui ridiculise Luke et Yoda en termes d'affinité avec la Force. Luke symbolise autre chose (le contraire, même) : il est humain, mais c'est un héros, un être exceptionnel, unique, qui est mi-humain (Padmé) mi divin (Anakin) et qui incarne ce faisant un entre-deux, une mesure, une tempérance... bref, un
équilibre extraordinaire.
Je te ferai remarquer, du reste,
que tous les principaux protagonistes de la saga sont profondément humains, illustrent quelque chose d'essentiel à l'humanité. Palpatine aussi, dans son genre, est très humain. Il est on ne peut plus humain dans son dogmatisme, sa soif de pouvoir, sa cupidité, sa cruauté, son égoïsme, son ambition consumante (ce n'est pas pour rien que l'empereur n'est pas un extraterrestre, mais incarné par un acteur humain, fait de chair et d'os, dans un univers où pourtant les extraterrestres ne manquent pas. Palpatine n'incarne pas l'altérité de l'humanité, mais l'humanité dans sa noirceur et sa corruption, c'est différent), Vador est éminemment humain dans son chagrin, son inquiétude constitutive et sa destinée tragique, Obi Wan est humain dans sa pétillante sagesse. Luke aussi est humain au début (surtout dans le IV et le V), mais en réalisant son destin, il devient plus, ou plutôt, il devient l'humain seulement dans ce qu'il a de meilleur, épuré de la crainte de l'obscurité car il l'a vue et l'a vaincue : c'est l'essence même du jedi qui, contrairement aux jedi de la prélo, n'est pas dogmatique au point de vouloir étouffer les ténèbres en lui. Ces ténèbres, il s'y est livré (colère contre Vador), mais au moment fatidique, il a su les maîtriser (pas les anéantir, les maîtriser) pour en revenir et les transcender. Après la disparition de Vador et Palpatine, il est donc le seul utilisateur de la galaxie à connaître les deux versants de la Force. Luke n'est pas l'élu, mais en sauvant Luke, l'élu a rétabli l'équilibre dans la Force en laissant derrière lui un être qui la connaît dans toute sa richesse et qui la maîtrise enfin.