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Elémentaire, mon cher Obi-wan

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Messagepar Lunia » Sam 24 Fév 2018 - 11:29   Sujet: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Re-salut :)
Voilà une autre fic que je me décide à poster.
Il s'agit d'un Crossover...ehem...très rare et qui fera sans doute froncer les sourcils à nombre d'entre vous :transpire:, il s'agit d'un Sherlock Holmes/Star Wars.
C'est une traduction, elle fait 30 chapitres. Je l'ai trouvée tellement plausible, bien écrite que j'ai tout de suite accroché. Et en plus l'auteur originale, Frostfyre7 était super contente que je lui demande de la la traduire.

Bref, voilà un avant-goût.

Élémentaire, mon cher Obi-Wan


OOOOOOOO


Résumé: La vie à Londres peut devenir intéressante quand Sherlock Holmes se lance sur la piste de l'ignoble Moriarty. Cependant l'enquête prend une tournure étrange lorsque Holmes et Watson interviennent dans une tentative d'assassinat sur un jeune homme étrangement vêtu. (traduction complète)

Personnages: Sherlock Holmes, Watson, Obi-Wan, Qui-Gon

Chapitre un

Le claquement d'une porte suivi de bruits de pas martelant l'escalier m'indiqua que mon ami, et ancien colocataire rentrait chez lui après une nuit à faire Dieu sait quoi dans les rues brumeuses de Londres. La veille, j'étais retourné à notre logement au 221B Baker Street après l'appel inquiétant de ma fiancée, Mary, qui avait découvert que Holmes n'avait donné aucun signe de vie.

Bien que je ne fus pas aussi perspicace que lui, j'en étais venu à la conclusion qu'il avait certainement déniché une nouvelle affaire sur laquelle enquêter et j'étais donc parti rapidement me coucher. J'avais appris depuis longtemps que m'asseoir et l'attendre en m'inquiétant pour lui allait fortement irriter l'humeur de Holmes. Il détestait ce genre de sentiment, même si c'était fraternel.

A présent, il était un peu plus de neuf heures du matin et j'étais dans le bureau encombré de Holmes, en train de lire les nouvelles du matin tout en buvant tranquillement une tasse de thé que m'avait apportée Mrs Hudson, notre gardienne et femme de ménage. Après avoir été alerté par tout ce boucan en bas, je ne pris pas même pas la peine de lever les yeux lorsque la porte s'ouvrit.

« Il est de retour, Watson ! » me dit mon ami avec enthousiasme. Il était légèrement essoufflé et, comme je levai les yeux de ma lecture, je pus voir qu'il avait oublié son chapeau.

Ses cheveux noirs ébouriffés et coupés en pointe, combinés à des traits saillants et à des vêtements sombres le faisaient en tout point ressembler à un corbeau pris dans une mauvaise tempête.

« Lequel ? » demandais-je. Il n'y avait que deux personnes qui pouvaient engendrer autant d'intérêt chez Holmes. La première était son ennemi juré, le professeur James Moriarty, le seconde était l'homme de main de Moriarty, l'ancien colonel espion Sebastian Moran. Et même si Moran était aussi dangereux que Moriarty, il était évident qu'en voyant la grande agitation de Holmes, j'aurais plutôt misé sur Moriarty. Il avait vaincu Moran une fois, et réussi seulement à déjouer les pièges de Moriarty et Holmes était toujours excité à l'idée que quelqu'un puisse lui tenir tête.

Holmes se jeta dans son fauteuil favori, un fauteuil en osier et cessa d'être un corbeau pour se changer en un félin aux yeux d'acier acérés. « A votre avis, Watson ? Je vous laisse deviner. »

Je poussai un soupir. Il y avait des jours où j'avais l'impression que l'unique but dans la vie de Holmes était d'être une pierre à aiguiser pour façonner les esprits. Mais au moins cette fois, étais-je certain d'avoir la bonne réponse. « Moriarty ? »

« Il a été repéré à Woking ! » Holmes se pencha sur le côté de sa chaise et farfouilla parmi le bazar accumulé. Après un moment, il en sortit triomphalement sa pipe. Il la rembourra, la porta à sa bouche et poursuivit : « Il garde profil bas ! Sans doute doit-il manigancé quelque chose. » Il semblait incroyablement excité à cette idée. C'était un homme qui se moquait des autres crimes de Whitechapel, il les caractérisait d'« ennuyeux » ou encore « sans imagination ». Ce n'était pas étonnant que Scotland Yard ne l'affectionne pas beaucoup.

« Et vous allez lui mettre des bâtons dans les roues, je suppose ? » Je pliai mon journal, essayant de prendre un air détaché. Aussi fascinantes que les aventures de Holmes puissent être et autant je les appréciais, je n'avais aucune envie de me mêler à nouveau des affaires de Moriarty. C'était probablement le seul homme sur la planète auquel j'attacherais une pierre pour le jeter ensuite dans la Tamise, sans éprouver le moindre remord.

« Bien entendu » répondit Holmes avec une arrogance affolante. Il alluma sa pipe, en respira quelques bouffées avec satisfaction pendant quelques instants. Je fis de mon mieux pour l'ignorer. C'était étrange, mais les moments où je le trouvais le plus insupportable étaient soit quand il était au sommet d'un nouveau défi, ou alors quand il était au fond de l'ennui, à se consoler avec une aiguille hypodermique. Je détestais cette période parce que cela lui donnait l'occasion de s'adonner à cette vilaine habitude, mais quand il était arrogant, il pouvait vraiment être offensant.

« Pensez-vous que vous allez l'attraper cette fois ? »

« Nous verrons » Ses yeux brillaient dans la perspective d'une chasse difficile.

Parfois, je me demande s'il veut vraiment attraper Moriarty.

Holmes revint un peu plus tard, vêtu comme un vieux mendiant aux habits dépareillés. J'avais remarqué, au fil des ans, qu'il avait tendance à favoriser les personnes âgées quand il se déguisait. Je l'avais questionné à ce sujet lors d'un dîner et il m'avait expliqué « Mes fonctions se prêtent beaucoup mieux aux personnes âgées qu'aux jeunes, Watson. Et les gens ont tendance à rejeter les personnes âgées, ce qui peut constituer un avantage, et puis... » ajouta-t-il, un peu irrité. « Je fais une jeune femme très laide. »

« Pourtant, vous vous y êtes déjà prêté » murmurais-je en me souvenant d'une robe de soirée épouvantable cachée au milieu de ses nombreux postiches et déguisements.

« Certes, mais les gens se rappellent plus facilement d'une jeune femme laide que d'une vieille, Watson. Et je préfère ne pas m'y prêter trop souvent. Mieux vaut être une vieille femme laide ou un vieil homme. En tout honnêteté, je préfère être un vieil homme. Tant qu'ils n'auront pas inventés de vêtements plus confortables pour les femmes, je limiterais mes déguisements de femme... »

Les conversations avec Holmes lors des dîners sont si intéressantes.

Dès que mon ami fut sorti, je m'empressais d'aller en bas en quête d'un bon plat mijoté par Mrs Hudson. C'était une petite femme dodue à l'âge indéterminé, aux bonnes joues rondes et au sourire joyeux. Elle avait des yeux bleus chaleureux et des cheveux bouclés et argentés. Elle maternait Holmes et lui, s'en agaçait. Il détestait lorsque les gens le protégeaient. Moi, je la trouvais attachante. Elle me rappelait ma propre mère, Dieu ait son âme.

« Bonjour, Docteur » m'accueillit-elle comme j'entrai dans la cuisine. Ses mains étaient couvertes de la farine de la pâte qu'elle pétrissait. « Monsieur Holmes est de nouveau sorti, à ce que je vois »

Holmes avait quitté son logement par la porte arrière de la cuisine. Il aurait en effet été curieux pour un vagabond de sortir par l'entrée. « Oui, apparemment, le professeur Moriarty aurait été repéré à Londres. »

Elle fronça légèrement les sourcils. « Le professeur ? Eh bien, je pense que cela annonce de mauvaises choses. Et je suppose que cela signifie que Mr Holmes va de nouveau rentrer à des heures tardives. »Mrs Hudson secoua la tête. « Je me demande si j'arriverais un jour à dormir une nuit complète »

« Ne vous inquiétez pas, Mrs Hudson. Holmes est capable de se prendre en main. » Je n'avais pas l'air très convaincu.

« Ha » dit-elle avec mépris. « Et il va sans doute bientôt vous traîner avec lui. »

Je n'avais pas pensé à ça. Je devais parler à Mary afin qu'elle ne se mette pas en colère contre moi si elle me voyait moins souvent au cours des prochaines semaines. Elle savait comment était Holmes. J'étais certain qu'elle comprendrait. Tout de même, je me pris à espérer ardemment que, si Moriarty se trouvait vraiment à Londres, Holmes le trouve et l'arrête rapidement. Je n'étais pas pressé de ramper à travers les bas-fonds sordides de Londres.

Holmes revint plus tard dans l'après-midi et je pus voir aux traits fermés de son visage qu'il était troublé par quelque chose. Sachant qu'il se refermerait plus qu'à l'accoutumé, je lui demandai aussitôt ce qui n'allait pas. Il me gronda pendant quelques minutes, sans doute dans l'espoir de commencer une dispute, mais quand il se rendit compte que je restais impassible, il céda.

« J'ai parlé à Mycroft cette après-midi. Son personnel garde un œil sur Moriarty depuis quelque temps. »

Je haussai les sourcils. « J'ignorais que votre frère s'intéressait au professeur. »

« Moi non plus. » grogna Holmes. « Il semblerait que Sebastian Moran ait été employé au Bureau des affaires étrangères. Durant l'Afghanistan. » ajouta-t-il en me lançant un regard significatif. « Et maintenant qu'il travaille pour Moriarty, le professeur semble subitement s'intéresser aux affaires politiques. » Il croisa les doigts, posant son menton dessus. « Je frémis à la pensée de ce qui pourrait arriver si jamais Moriarty mettait la main sur des secrets d'état. Ou sur quelqu'un d'influent. » Holmes fronça les sourcils et je pus presque entendre les rouages de son cerveau se mettre en marche. « Je me demande s'il cherche à exercer son emprise sur quelqu'un dans le cabinet. Il n'est certainement pas au-dessus d'un chantage. »

Vous non plus, pensais-je sans le dire à haute voix. Cela m'avait souvent perturbé de voir à quel point Holmes et Moriarty se ressemblaient. Si ce n'était l'amour profond de Holmes pour l'humanité, je n'aurais pas été surpris de voir un autre James Moriarty. Ils étaient à la fois profondément brillants, peu scrupuleux et voulant à tout prix être le meilleur. Heureusement, Holmes, lui, cherchait à être le meilleur enquêteur criminel, pas le meilleur criminel et avait des principes moraux inébranlables. Moriarty, de ce que j'avais vu, n'avait pas de tels scrupules. Il œuvrait également plus longtemps que Holmes. Il était de la génération du père de Holmes. Il avait l'expérience de son côté.

« Est-ce que Mycroft va nous aider ? »

« Pas activement » déclara Holmes avec un sourire ironique. Mycroft, selon Holmes, était beaucoup plus intelligent qu'il en aurait jamais rêvé. J'étais enclin à le croire, tout simplement parce que Holmes n'était jamais humble en ce qui concernait ses capacités. Sinon, les deux frères n'auraient pas pu être plus différents. Bien que Holmes était constamment poussé à faire des choses, au point d'en faire trop. Mycroft était l'homme le plus paresseux que j'ai jamais rencontré. Il était énormément gros, et préférait le plus souvent rester soit à ses appartements, soit à son club, soit préférait diriger ses sous-fibres dans un fauteuil confortable. Il était officiellement une sorte de comptable, mais j'avais appris rapidement que ses affaires avaient très peu à voir avec l'argent, mais beaucoup plus avec les relations internationales. Son « entreprise » était à peine connue au Bureau des affaires étrangères et une de ses fonctions était de garder un œil sur eux. Un gardien pour les gardiens, pour ainsi dire. « Il préfère que je fasse son travail pour lui » poursuivit Holmes. « Cela ne me dérange pas, mais cette fois ce ne sera pas gratuit. »

Je clignai des yeux. « Vous allez faire payer votre frère pour chasser un homme que vous chassez de toute façon ? Et vous ne pensez pas que Mycroft le saura ? »

Holmes m'adressa un de ses rares sourires authentiques, transformant ses traits ascétiques. « Oh Mycroft le sait déjà et cela l'irrite au plus haut point. Mais il va me payer parce qu'il sait ce qu'il me doit. Je l'ai sorti, pardonnez-moi l'expression, d'un merdier dans lequel il s'était fourré, il y a quelques années de ça. Même s'il est aussi intelligent que moi, sa paresse le met dans le pétrin à chaque fois. »

Je secouai la tête en souriant. « Il ne vous parlera plus pendant des mois. »

« Oh , il se réconciliera bien assez tôt, surtout quand j'aurais attrapé Moriarty. Bien qu'il ne puisse pas me pardonner pour ne pas lui avoir fait crédit comme je le fais habituellement. » Il détacha son faux-nez et laissa distraitement tomber sa casquette de mendiant. « Je vais allez me laver, Watson, puis vous et moi allons sortir faire une promenade. »

« Je suppose que ce ne sera pas une promenade de santé ? » demandais-je sentant un sentiment d'angoisse naître dans mon estomac.

« Cela dépend ce que vous attendez par « promenade de santé », mon ami. » Il s'arrêta à la porte. « Apportez votre révolver. »
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Messagepar Dark Ashla » Sam 24 Fév 2018 - 12:53   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

J'ai beaucoup aimé cette fic (surtout la fin !)
Sherlock Homes/Star Wars... :x mais :love: !!!
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fan-fictions-hdf-f17/les-liens-du-sang-t19083.html#p1124625
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Messagepar Lunia » Sam 24 Fév 2018 - 16:18   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Merci beaucoup :D
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Messagepar Pic » Lun 26 Fév 2018 - 21:06   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Je ne sais pas s'il faut dire que c'est bien écrit ou bien traduit (sûrement les deux !), mais en tous cas c'est un texte de très grande qualité :love:
J'ai cru un moment que l'époque choisie était celle de la série Sherlock, avant de comprendre que le récit se déroulait à la fin du XIX° siècle, comme l'oeuvre originale. Je suis curieux de voir comment les personnages de Star Wars vont débarquer dans l'histoire...
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Messagepar Lunia » Sam 03 Mar 2018 - 10:46   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Merci ^^ voilà la suite.

Chapitre deux

Woking, contrairement à Whitechapel, n'était pas si mal que ça. La classe moyenne inférieure, pour ainsi dire. Cependant, c'était un endroit dangereux la nuit et je gardai la main dans mon manteau comme le faisait Holmes, en marchant dans la rue. Mon vieux revolver armé était un poids réconfortant.

Il ne faisait pas totalement sombre et plusieurs personnes déambulaient encore dans le crépuscule froid de l'automne. Des fiacres et des chariots claquaient sur les pavés humides alors que les passants revenaient de leur travail et rentraient chez eux. Certains avaient aussi probablement envie de dépenser leur argent et de se divertir.

Tandis qu'un fiacre passait, dévoilant de jeunes femmes vêtues de couleurs vives, je me mis à songer à mes futures noces. Mary voulait à tout prix avoir mon opinion sur les repas du mariage et sur le linge de maison. J'aurais aimé lui dire que cela n'avait pas d'importance pour moi, qu'un drap ressemblait à un drap d'une façon ou d'une autre, mais elle se soumettait entièrement à ma décision. Je me demandais si je pouvais prendre Holmes et Moriarty comme excuse pour me sortir de cette situation délicate et de tous ces enquiquinements liés au mariage, mais je rejetai aussitôt cette solution. Je préférerais mourir plutôt que d'infliger cela à ma fiancée.

Un léger bruit provenant de Holmes me tira de mes pensées. La rue était quasiment vide à présent. Il avait ralenti le rythme et me tirai par la manche tandis que je passais devant lui. « Regardez là-bas, devant cette porte » D'un petit mouvement de tête, il me désigna la porte en question. Essayant de rester discret, je jetai un coup d'œil.

Tout ce que j'aperçus au début était une silhouette aux contours flous à moitié dissimulée dans l'obscurité. Au premier abord, je crus que c'était une femme parce qu'elle était drapée dans quelque chose de fluide. Puis l'ombre se déplaça et je réalisai qu'elle était beaucoup trop grande et large d'épaule pour que ce soit le cas. C'était un homme mais étrangement vêtu. Le vêtement qui se mouvait doucement était une sorte de robe, sombre et ne pouvant être clairement identifiée dans la pénombre. Comme il bougeait, je distinguai un bout de tissu clair en dessous du vêtement. « Qu'est-ce que c'est ? » demandais-je doucement à Holmes.

Il secoua la tête. « Je n'en suis pas certain. Mais il est traqué » Non loin du mystérieux individu, je remarquai une seconde silhouette, debout et immobile dans le recoin d'une ruelle. Pour autant que je pourrais le dire, celle-ci était habillée de façon plus conventionnelle.

« Qu'allons-nous faire ? » soufflais-je.

« Rien pour le moment. » Il me tira sur le côté, dans l'ombre d'une porte. « On va simplement regarder. Je veux voir ce qui va se passer. »

« Mais Holmes, cet homme ne sait peut-être pas qu'il est traqué. Peut-être devrions-nous... »

« Il sait qu'il est surveillé » me dit doucement mon ami. Pour une fois, j'évitais de lui demander comment il le savait et reportai mon attention sur l'homme en robe. Après un moment, je compris comment Holmes avait deviné. L'homme était tendu, sur le qui-vive. Cela se sentait dans ses mouvements.

C'était comme assister à un drame, la scène était captivante mais quelque chose de terrible se préparait. On ignorait ce qui allait se produire et ce suspens en était presque insoutenable. Après un long moment, l'homme se déplaça rapidement vers l'autre côté de la rue, sa main se glissant sous sa robe.

Un autre mouvement attira mon attention. Le deuxième homme s'était emparé d'un objet étrange qui ressemblait vaguement à un pistolet, mais elle n'appartenait à aucune sorte d'arme à feu que je connaisse. Il leva le bras et je sentis Holmes se raidir à mes côtés. Je me tendis brusquement, moi aussi, prêt à distraire l'ombre armée.

L'autre homme sembla sentir la menace, il se tourna alors qu'il s'approchait du coin de la rue et commença à retirer sa main de sa robe. Sans avertissement, un fiacre déboucha tout à coup d'une ruelle. Je pouvais clairement entendre les malédictions du conducteur comme il dévalait les pavée en tirant sur les rênes, essayant d'éviter l'homme debout dans la rue. Le cheval se cabra dans un hennissement de frayeur. L'homme en robe se retourna rapidement pour voir ce nouveau danger foncer droit sur lui. A travers tout ce vacarme, j'entendis un sifflement suivi d'un éclair vert.

L'homme en robe se décala vers l'avant, les sabots avant du cheval manquant de peu son crâne et tomba lourdement sur le sol. Le conducteur avait réussi tout juste à tirer de force son cheval, de sorte qu'il n'écrasât pas l'homme tombé à terre. Le cheval hennit de douleur et de protestation et ce bruit fut comme un catalyseur. C'était comme si nous avions été figés sur place avant, mais là, Holmes s'élança. Je me précipitai à mon tour, me dirigeant vers l'homme blessé, tandis que mon ami prenait en chasse celui qui avait tiré.

Je pouvais voir que le conducteur du fiacre était descendu et se rapprochait de la forme étendue sur les pavés. « Ne le touchez pas ! » intimais-je. Il stoppa net comme si ma brusque autorité l'avait brûlé.

Arrivé près du blessé, je mis un genou à terre, me maudissant d'avoir oublié ma sacoche. Un examen rapide me révéla que l'homme n'avait, heureusement, ni crâne, ou dos, ou cou cassé, je n'aurais rien pu faire pour lui. Il avait une profonde entaille au front et une ecchymose recouvrait déjà sa pommette gauche. Je vérifiai son pouls et mes mains coururent sur ses jambes, ses bras et ses côtes. Les épaisses couches de vêtements rendaient mon examen difficile mais je me doutais qu'il avait dû se fracturer plusieurs côtes.

Cependant, sa blessure à l'épaule était une autre affaire. Cela ressemblait plus à une brûlure qu'à une blessure. Au moins était-elle cautérisée et ne saignait-elle pas. J'avais vu bien pire en Afghanistan.

« C'était un accident, m'sieur !' glapit le chauffeur de fiacre. Je lui jetai un bref coup d'œil, il tremblait de sous ses membres. « Il...il va bien, n'est-ce pas ? »

« Il a été touché... »

« Touché ? Mais je n'ai pas... »

« Je sais » coupais-je d'un ton cassant. « Calmez-vous, s'il vous plaît. »

« Il est...il est mort ? » demanda le conducteur d'une toute petite voix.

« Non, mais il est très mal en point. » Je plissai le nez en respirant l'odeur de chair et de tissus brûlés. Quel genre d'arme pouvait produire ça ? J'avais déjà vu des brûlures causées par de la poudre à canon, etc...mais elles n'étaient pas aussi nettes.

Holmes revint, il était à bout de souffle. « Je l'ai perdu. » dit-il sombrement. « Celui qui a fait ça, Watson, il savait ce qu'il faisait. Je n'ai pu retrouver aucune trace de lui.» Il regarda l'homme toujours inconscient. « Nous devons le ramener à Baker Street. Vous le soignerez et je jure que je mettrais cette situation au clair. »

« Très bien. Cher monsieur » déclarais-je en m'attirant un regard horrifié du conducteur. « Aidez-moi à le charger dans votre fiacre. »

Le conducteur s'inclina, marmonnant tout le long du chemin des prières, des malédictions et tout un ramassis de bêtises. Je l'ignorai, Holmes, cependant, perdit rapidement patience.

« Dépêchons-nous, Watson. Mes omoplates commencent à me démanger. Je n'aime pas m'exposer ainsi, tout peut arriver dans ce quartier à une heure aussi avancée de la nuit. Oh, pour l'amour du ciel, ressaisissez-vous ! »Cette dernière remarque, plutôt méchante, s'adressait au pauvre conducteur qui se tordait les mains d'angoisse alors que j'installai le patient sur le siège du fiacre.

Il était très jeune et je me doutais que c'était probablement la première fois qu'il manquait de tuer quelqu'un. Me sentant désolé pour lui, j'essayai de le calmer, mais il fallut que Holmes le menace et se mette en colère pour qu'il se ressaisisse suffisamment pour conduire. Nous partîmes enfin, laissant derrière nous les ombres et les secrets de Woking.

Voir le 221B Baker Street me procura un intense sentiment de soulagement et de confort dès que nous approchâmes du trottoir. Je payai le chauffeur du fiacre, ajoutant quelques shillings supplémentaires et lui suggérai de se prendre un remontant. Reconnaissant, il m'adressa un sourire hésitant et s'en alla, nous laissant Holmes et moi, porter l'inconnu. Qui était beaucoup plus lourd qu'il n'en avait l'air.

Mrs Hudson ouvrit la porte et ses yeux s'écarquillèrent de surprise devant l'étrange cortège que nous formions. « Oh mon Dieu ! » Son ton exprimait plus de l'exaspération que du choc. Cela faisait des années que des inconnus plus bizarres les uns que les autres avaient franchi le seuil de sa maison. Avec Holmes, elle n'était plus choquée par quoi que ce soit depuis bien longtemps. « Non ! Non ! Mr Holmes, ne vous avisez pas de le mettre dans le salon ! Je viens tout juste de le nettoyer. Allongez-le plutôt dans la chambre d'amis ! » Elle posa ses mains sur ses hanches et le fixa farouchement alors que Holmes hésitait entre la porte du salon et les escaliers qui menaient à la chambre. « Ne me lancez pas ce regard, Mr Holmes ! Je n'accepte pas que l'on salisse ces meubles ! »

Holmes la regarda un moment, puis décida que tout compte fait, le blessé serait bien mieux à l'étage. Nous montâmes progressivement les marches, levant doucement notre charge, suivis de Mrs Hudson. Nous posâmes l'homme sur un lit et je demandai à notre cuisinière de m'apporter ma sacoche. Elle emmena Holmes avec elle, lui ordonnant d'aller à la cuisine pour m'amener de l'eau bouillante, une distraction que j'avais inventée il y a quelques années, pour le tenir éloigné lorsque je m'occupais d'un patient. Dans ce cas là, j'avais effectivement besoin d'eau, afin de nettoyer et de poser un cataplasme sur l'épaule du blessé. Les protestations de Holmes furent fermement ignorées et il finit par emboiter le pas à Mrs Hudson tandis que je reportai mon attention sur l'homme allongé sur le lit.

Ses habits étaient encore plus curieux que je ne le pensais : il portait une longue robe brune volumineuse avec une capuche dans un tissu qui ressemblait à de la laine douce, et en dessous, une tunique de couleur crème ceinturée sur un pantalon d'une teinte légèrement plus foncée. Le fermoir de la ceinture était un assemblage de matériaux encore plus étranges et il me fallut un moment avant de comprendre le mécanisme d'ouverture. Accroché à sa ceinture, un objet long de forme cylindrique attira mon attention. Je n'en avais encore jamais vu de tel, je l'examinai de près avant de le mettre soigneusement de côté avec la ceinture enroulée autour.

Une fois que je le vis torse nu, je compris pourquoi il avait été si lourd : l'homme était solidement musclé. Je me demandais quelle profession il exerçait pour le maintenir dans une aussi excellente forme physique. Après toutes mes années de carrière, je n'avais pas autant de muscles. J'étais plutôt considéré comme « trapu ».

Mrs Hudson revint avec mes affaires et je m'occupais aussitôt de l'épaule du jeune homme. Il ne bougea pas d'un pouce, même quand je désinfectai sa plaie. Il n'était pas très vieux, âgé tout au plus d'une vingtaine d'années. De nombreuses cicatrices sur son torse et ses bras laissent penser que la vie qu'il menait était loin d'être paisible. Ses traits étaient fins et beaux, avec de larges pommettes et une petite fente au milieu du menton. Ses cheveux étaient encore plus bizarres que sa tenue. Coupés courts de partout, en brosse, rassemblés en une très courte queue à l'arrière de sa tête et une longue tresse enroulée à intervalle régulier avec du fil rouge et doré tombait sur son épaule droite. Je me demandais alors s'il appartenait à un quelconque ordre religieux.

Je ne pouvais plus faire grand chose pour son épaule tant que Holmes n'aurait pas apporté de l'eau pour nettoyer la plaie. Il y avait des ecchymoses qui apparaissaient sur les côtés, me confirmant que notre hôte s'était bien cassé une côte ou deux. Avec l'aide de Mrs Hudson, j'enveloppais son torse dans des bandages serrés et nous l'installâmes plus confortablement dans son lit.

Holmes arriva à point nommé avec l'eau et je commençai à tremper le matériel nécessaire pour un cataplasme. Quand il aurait refroidi et serait fin préparé, je le mettrais sur l'épaule de mon patient. Holmes se tenait adossé contre la porte, me regardant travailler dans un silence inhabituel. Quand je mis le cataplasme de côté pour qu'il refroidisse, il rompit le silence : « Cela vous dérange si j'emprunte ses vêtements ? »

Mrs Hudson leva un sourcil « Et que pensez-vous faire avec les vêtements de ce pauvre garçon, Monsieur Holmes ? Vous ne pouvez pas le laisser un peu tranquille ? » Elle semblait anormalement bouleversée par cette suggestion. L'idée de Mrs Hudson de ce qui était juste et appropriée avait toujours été quelque peu différente de celle de mon ami.

« Je souhaiterais simplement en savoir plus notre mystérieux invité, Mrs Hudson, et comme il n'est pas disponible actuellement... »

Sentant une dispute sur le point d'arriver, je préférai intervenir: « Je suis plus intéressé par l'arme qui a causé ça » dis-je en désignant l'épaule blessée. « Je jurerais avoir vu une lumière verte lorsque l'attaquant a tiré dans la ruelle et je ne connais aucune arme qui cause une telle blessure. »

Face à ce mystère encore plus fascinant, Holmes oublia immédiatement son irritation. « Peut-être est-ce une sorte d'arme expérimentale ? » se dit-il en s'approchant dangereusement de la blessure. Tardivement, je réalisai que j'avais réussi à capter son attention sur quelque chose que je ne voulais pas qu'il touche pour l'instant.

« Peut-être que ce jeune homme pourra nous le dire lui-même quand il se réveillera » suggérais-je à la hâte. « S'il vous plaît, Holmes, ne touchez pas au bandage, il est tout propre. Contentez-vous de nous dire ce que vous avez observé sur lui pour l'instant » ajoutais-je.

Il étudia mon patient attentivement, ses yeux gris devenant subitement calculateurs. « Il est âgé de vingt ans, est droitier et prend soin de ses vêtements. Vu les callosités sur ses mains, c'est un épéiste. » Il s'arrêta, fronçant les sourcils. « Mais je ne connais pas cette forme d'escrime, peut-être est-ce une forme orientale ? »

« De quelle nationalité est-il ? » demanda doucement Mrs Hudson.

« Je n'en suis pas encore certain » admit-il à contrecœur. « J'en saurais plus quand je pourrais parler avec lui. Je vais jeter un coup d'œil à ses vêtements, si vous avez besoin de moi, Watson, je serais dans mon bureau. Prévenez-moi quand il se réveillera. »

Il adressa un signe de tête à Mrs Hudson et s'en alla.

« Il n'a toujours pas mangé » déplora Mrs Hudson. « Tant pis, je lui mettrai de côté pour plus tard. Mais vous, Monsieur Watson, vous devez être affamé. Que diriez-vous d'un bon plat chaud et d'une tasse de thé ? »

J'acquiesçai avec reconnaissance « Merci Mrs Hudson, ce serait parfait. » Une lueur joyeuse dans les yeux, elle quitta la pièce, me laissant seul avec le jeune homme mystérieux.

Normalement ce soir, je devais dîner à nouveau avec Mary afin de discuter du mariage de façon plus approfondie. Cependant, je m'en serais voulu d'abandonner mon patient et je recrutai donc un des gamins des rues de Baker Street pour lui laisser un message avec tous mes regrets. J'envoyai le petit garçon en guenilles, me sentant à la fois coupable et soulagé de ne pas avoir à parler du linge de maison. Mary était la femme la plus adorable qui soit, mais les femmes et le mariage...Secouant la tête, je rejoignis l'intérieur de la maison.

Je tombai sur Mrs Hudson dans le hall et elle m'annonça qu'elle avait laissé le repas sur le buffet et allait se coucher. Je la remerciai, allai dans la salle à manger engloutir mon dîner puis retournai voir mon patient.

Il était calme, trop calme, pensais-je. Cela faisait plus de trois heures qu'il était resté inconscient et il ne montrait toujours aucun signe de réveil. Les traumatismes crâniens sont assez particuliers et, même si celui-ci ne paraissait pas alarmant, on ne sait jamais comment cela va évoluer. Ne pouvant rien faire de plus, je me décidais d'aller rendre visite à Holmes. Histoire de voir s'il avait progressé dans son enquête. Alors que je me retournais, quelque chose capta mon regard auprès du lit. Je me penchai et découvris que c'était la ceinture du jeune homme avec l'étrange objet cylindrique accroché dessus. J'aurais pourtant juré l'avoir rangée sur la commode mais elle avait dû glisser et personne ne l'avait remarquée, cachée à cet endroit. Sachant que Holmes voudrait certainement l'étudier, je la récupérai et descendis vers son bureau.

Je m'arrêtai devant sa porte et tendis l'oreille. Il n'y avait aucun bruit à l'intérieur et aucune odeur suspecte ne me chatouilla les narines.J'avais appris depuis longtemps à ne pas rentrer sans frapper quand il travaillait. Lorsque nous étions colocataires, j'avais commis cette erreur alors qu'il était plongé dans une expérience chimique délicate. L'explosion avait brisé les vitres de la chambre et mit la pièce dans un tel désordre que Mrs Hudson ne nous avait pas parlé durant une semaine. Depuis lors, je faisais preuve de prudence. Je frappai, attendis un long moment et, n'obtenant aucune réponse, j'ouvris prudemment la porte et entrai.

Holmes était assis dans son fauteuil en osier, le regard plongé dans le vague, en train de jouer discrètement avec sa pipe. Pendant un moment, je crus qu'il avait cédé à la tentation mais je réalisais en voyant ses yeux, qu'il était devait être plus préoccupé qu'autre chose...Je dus prononcer trois fois son nom avant qu'il ne lève enfin son regard vers moi.

« S'est-il réveillé ? » me demanda-t-il immédiatement.

« Non, et cela commence à m'inquiéter. Mais ce n'est pas la raison pour laquelle je suis ici. J'ai pensé que cela vous intéresserait » Je lui montrai la ceinture avec l'objet cylindrique.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Je n'en ai aucune idée. Je l'ai remarqué quand j'ai déshabillé notre hôte. Étonnant, n'est-ce pas ? »

Il me le prit vivement des mains et l'examina sous toutes les coutures. « Je ne reconnais pas cet alliage. Et ses finitions sont très inhabituelles ! » Il le détacha de la ceinture, la laissant négligemment tomber sur le sol alors qu'il tournait à plusieurs reprises le cylindre entre ses doigts. « C'est fin et solide à la fois » dit-il en tapotant sur l'une des extrémités. On aurait dit qu'il y avait une sorte de lentille ou de pierre en son centre. « Cela ressemble à un bouton »

« Holmes, avez-vous tellement envie d'appuyer dessus ? Nous n'avons aucune idée de ce que c'est ou de ce qu'il fait. »

« Allons, Watson. Où est passé votre curiosité ? » fit-il en souriant.

Je le fixai avec inquiétude, n'aimant pas cette expression familière qui passait sur son visage. « Là, où elle devrait être » répondis-je vaillamment. « Derrière le bon sens. »

Il ricana et son doigt se déplaça vers le bouton...

Des bruits de pas dans les escaliers attirèrent tout à coup notre attention. Holmes se tourna vivement tandis que la porte s'ouvrait, révélant une silhouette maigrichonne. Je reconnus Billy, l'un des garçons de rue le plus familier de Holmes. « M'sieur Holmes ! » lança-t-il à bout de souffle. « J'ai un message pour vous » De sa main sale, il tendit un papier plié en quatre.

Holmes s'en empara et, oubliant le cylindre, parcourut rapidement son contenu. « Ha ! Il semblerait, Watson, que l'une de mes sources ait décidé de me parler » Devant mon regard perplexe, il expliqua « Je suis allé enquêter un peu plus tôt aujourd'hui, à la recherche d'informations sur Moriarty. Apparemment, il a été plus que menaçant...Cela ne m'a pas empêché de laisser entendre que je paierais gracieusement pour toute information. Le poisson a mordu à l'hameçon visiblement...Billy, va réveiller Mrs Huson, elle te donnera sûrement quelque chose à manger. » Il lança une pièce au garçon qui l'attrapa en souriant et sortit en courant. Holmes ajouta le message sur la pile de papiers qui encombrait son bureau, l'épinglant avec le poignard qu'il gardait spécialement pour ça.

« Vous allez rencontrer cet homme ? Ce soir ? »

« Il n'y a pas de temps à perdre, Watson » Il alla dans sa chambre et je pus l'entendre fouiller dans une armoire.

« Voulez-vous que je vienne ? »

« Non, non. Vous, vous restez ici et vous gardez un œil sur notre invité. Je ne pense pas rentrer très tard » Il réapparut, portant des vêtements miteux et une casquette en tissu.

« Soyez prudent, Holmes »

Il sourit. « Toujours, Watson »
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Messagepar Ve'ssshhh » Sam 03 Mar 2018 - 17:30   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Un cross over pour le moins original. Une intrigue bien menée, on se croirait dans un roman de Conan Doyle. Vivement la suite!
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar Pic » Mer 07 Mar 2018 - 23:03   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Oui, c'est une bonne histoire que tu nous racontes là, et elle est bien écrite. :oui: Un récit par Watson à la première personne, comme dans les oeuvres de Conan Doyle.

Je me permettrai quand même de faire deux petites critiques sur cette deuxième partie. D'abord la bagarre. J'ai eu beaucoup de mal à visualiser la scène, car entre l'homme, le deuxième homme, et l'autre homme, au bout d'un moment je ne savais plus qui était qui !
Le deuxième point est juste une faute de frappe récurrente, avec un s en trop qui transforme un passé simple en imparfait, ou un futur en conditionnel : je serais dans mon bureau au lieu de je serai dans mon bureau, je me décidais au lieu de je me décidai, demandais-je au lieu de demandai-je, etc.

Mais tout cela est anecdotique, et tout comme Ve'ssshhh j'attends la suite avec impatience !
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Messagepar Lunia » Mer 30 Mai 2018 - 18:37   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Merci beaucoup pour vos avis :)
Voici la suite.

Chapitre trois


Watson se serait sans doute vexé que j'usurpe ainsi ses écrits. Des écrits qui, d'après lui, n'appartenaient qu'à lui seul. Cependant, il y a des faits que je dois narrer de ma propre main. Cela permettra ainsi de garder une certaine objectivité et d'éviter que ces faits ne soient trop embellis par quelqu'un d'autre. L'incident qu'il s'est passé est très étrange et je ne souhaite pas que Watson s'en empare.

Après avoir quitté Baker Strett, je marchai en direction du sud avant de héler un fiacre pour qu'il m'emmène vers les quais. Le conducteur toisa mes vêtements d'un œil critique et insista pour que je le paie d'avance. Plongé dans mon personnage, je poussai un juron, ignorant le sourire narquois qui s'étalait sur son visage et comptai les pièces de monnaie.

La nuit était devenue froide et le brouillard s'était glissé insidieusement jusqu'à la Tamise, se mêlant à la fumée des maisons et des usines et recouvrant la ville. J'ordonnai au conducteur de s'arrêter bien avant les quais. Un personnage de ma condition n'aurait pas gaspillé de l'argent ainsi pour un fiacre, mais arriver sur les quais aurait non seulement attiré l'attention sur moi et en plus, j'aurais pu servir de cible pour un vol. Contrairement à ce que pensait Watson, je ne cherchai pas à m'attirer d'ennuis.

Tirant mon manteau contre moi, je restai dans un coin de la rue jusqu'à ce que le fiacre soit hors de vue. Moriarty avait le bras plus long que le mien et je ne voulais surtout pas qu'il trouve le seul conducteur de fiacre qui connaisse ma destination. Une fois que je fus certain d'être bel et bien seul, je tirai le bord de mon chapeau sur les yeux et me dirigeai vers un pub miteux qui portait le nom coloré de « Rouleau dans le Foin »

Le Rouleau était connu pour ses nombreuses bagarres, où la police locale ne pouvait rien y faire (et n'aurait même pas essayé pour tout l'or du monde) et son atmosphère sincèrement écœurante. Dirigé par une femme énorme nommée Hilde, qui était plus grande que moi, et faisait deux fois la taille du tour de Mycroft, sa réputation en avait fait le lieu idéale pour les transactions louches. Personnellement, je trouvai ce lieu fascinant et Watson n'avait pas besoin de le savoir. J'avais fait en sorte de ne pas avoir à l'emmener au Rouleau. Certains choses n'ont pas besoin d'être publiées dans Le Strand, et Watson avait toujours eu la langue un peu trop pendue quand il écrivait.

Mon contact était un homme que je connaissais sous le nom du Rat. Je trouvai ce surnom cliché et sans imagination, mais comme il ne devait guère s'intéressait à mon opinion, je gardai mes pensées pour moi. Il m'attendait à une table bancale dans le fond, non loin de Hilde-Demi-Tonne, comme on l'appelait dans son dos. Elle était en train de s'immiscer dans une dispute qui avait éclaté à son bar. Je savais qu'elle avait une quarantaine d'années, qu'elle venait d'immigrer d'Allemagne, qu'elle était ambidextre, bien instruite et cachait très bien ce fait. Elle n'avait jamais été mariée, avait eu quatre enfants, dont une sourde et vouait une profonde aversion à mon égard. Elle était à moitié convaincue que j'étais policier. Cependant, sa politique était de jamais s'impliquer dans les affaires de ses clients et elle gardait ses opinions pour elle-même. Elle me lança un regard venimeux tandis que je rejoignais la table de mon informateur.

Sur la surface sale, le Rat poussa un verre dans ma direction. Je m'en saisis, feignant de boire une gorgée. Je n'aurais pas l'imprudence de boire quoique ce soit dans ce bar. Hilde était bien capable de mettre quelque chose dedans et le Rat aurait très bien pu le faire pour elle. « Vous êtes en retard » gronda le Rat avec un regard qu'il aurait voulu menaçant. Ce fut peine perdue.

Le Rat, je pouvais le mentionner, avait la folie des grandeurs. Il était petit, un voleur d'origine Américaine qui lisait trop de romans d'espionnage et se croyait mystérieux et dangereux. D'où ce nom qu'il avait choisi. Son image était quelque peu abîmée par sa face de lapin, son strabisme flagrant et la bedaine qui dépassait de son pantalon. Il avait passé pas mal de temps en Allemagne, en France, en Hongrie et en Autriche, avant d'échouer à Londres.

« Tu es sûr que tu n'as pas été suivi ? » poursuivit-il.

Je levai un sourcil. « Assez ! Je n'ai pas de temps à perdre ! Venons-en à ce qui nous amène. »

Il cligna des yeux, un peu surpris par ma brusquerie. « Donne-moi d'abord l'argent. »

« La moitié » dis-je sèchement en plaçant un billet de cinq livres sur la table. « Parle, maintenant »

Il saisit l'argent, se voûtant à l'intérieur de sa chaise, son nez se trémoussant bizarrement accentuant son aspect de lapin. Il lança un regard nerveux à la salle bruyante et murmura : « Allons dehors »

Je soupirai. Le revoilà parti en plein roman d'espionnage. « Très bien ». Sachant qu'il insisterait pour que je paye les boissons, je me retournai et lançai une pièce de monnaie à Hilde qui me lança un regard aussi sympathique que tout à l'heure...Tout en ricanant intérieurement, je suivis mon informateur à l'extérieur.

Il s'engouffra dans une ruelle dont l'atmosphère était bien meilleure que celle du « Rouleau dans le Foin ». Toutefois, je n'approuvai pas son choix. Mes omoplates commençaient déjà à me démanger tandis que les ténèbres se refermaient sur nous. « Bon, j'en ai assez » m'irritais-je. « Parle, ou bien je reprends l'argent et je voir ailleurs ! »

Le Rat haussa les épaules, se frottant le nez. « Le bruit court que l'homme que tu recherches se serait fait de nouveaux alliés... »

« Ce n'est pas surprenant » répliquai-je de mon ton le plus cinglant, perdant mon accent de la classe inférieure au passage. Le Rat ne savait pas qui j'étais exactement mais il savait que je n'étais pas un docker. « Il se fait toujours des contacts dans le monde souterrain »

« Mais ils ne sont pas ordinaires , à ce qu'il paraît...»

J'arquai un sourcil. « Comment ça ? »

Il haussa les épaules. Un habitude vraiment irritante qu'il avait attrapé, je crois, pendant son boulot en France. « Personne ne les a jamais vu auparavant. Ils sont étranges, font des choses étranges... »

C'était comme lui tirer les vers du nez. « C'est à dire ? » sifflai-je en serrant les dents, faisant tinter les pièces de monnaie dans ma poche.

« Je ne sais pas vraiment. Les rumeurs disent qu'ils auraient donné au groupe de l'homme que tu cherches une arme assez bizarre. »

Une sonnette d'alarme explosa dans ma tête tandis que je me remémorai l'incident de Woking. Il y aurait-il un lien entre Moriarty et le blessé étendu dans ma chambre d'hôte ? Cela ferait un peu trop de coïncidences à mon goût. « Tu peux être plus précis ? »

Le Rat ouvrit la bouche mais aucune réponse ne vint. Il émit un râle rauque et ses mains s'agrippèrent à sa gorge. Alarmé, je l'attrapai alors qu'il s'écroulait sur le sol, secoué de spasmes. Il trembla une dernière fois avant de s'immobiliser. Bien que connaissant la réponse, je vérifiai les battements de son cœur. Comme prévu, il était mort. J'effectuai un examen minutieux, un profond malaise m'envahissant peu à peu, je n'avais trouvé aucun signe de ce qui l'avait tué. Il s'était étouffé à mort et aucun indice ne me disait ce qui avait causé une telle asphyxie. Il n'y avait rien de logé dans sa gorge, aucune fléchette empoisonnée. Je pensais à du poison dans son verre mais ni sa langue, ni sa gorge n'était gonflée. Si c'était réellement du poison, dans ce cas je ne connaissais pas celui-ci, qui tuait de manière subtile et ne laissait aucune trace.

Me sentant tout à coup observé, je me redressai, balayant l'obscurité autour de moi. Le bruit de pas d'un homme aux semelles épaisses avec une légère claudication parvint à mes oreilles à travers le brouillard. Enjambant le corps du Rat, je courus vers la provenance de ce bruit mais il disparut dans la nuit. Je poussai un juron et jugeai plus prudent de quitter ces lieux aussi rapidement que possible. Je laissai mon informateur où il était et me dirigeai vers une rue proche pour appeler un fiacre. Watson m'aurait traité d'insensible de laisser un mort comme ça mais je ne voyais pas l'intérêt d'attirer l'attention sur moi. Il n'y avait rien que je puisse faire pour le Rat à présent, sauf retrouver celui qui l'avait assassiné. Il était possible qu'il soit mort de façon naturelle, j'en parlerais à Watson à l'occasion, mais j'avais quelque réserve à ce sujet.

Il me fallut plus d'une heure pour trouver un fiacre et ce fut vers trois heures du matin que j'atteignis enfin le 221B Baker Street. Je fus surpris d'apercevoir de la lumière briller encore à l'étage supérieur. Je payai mon chauffeur, négligeant de lui donner un pourboire et franchis à grandes enjambées les quelques mètres qui me séparaient de l'entrée. La porte s'ouvrit avant que je n'ai eu le temps d'appuyer sur la sonnette. Watson se tenait dans l'encadrement de la porte, il semblait plus que tendu. « Vous m'avez l'air nerveux» observai-je en passant devant lui pour rejoindre le hall. Il n'était éclairé que par une faible bougie mais je perçus néanmoins l'inquiétude de mon ami. « Que s'est-il passé ? »

« Je pense que vous feriez mieux de monter à l'étage avec moi » dit-il, se tournant vers moi pour me précéder.

J'étais sûr que cela avait quelque chose à voir avec notre invité. L'expression de Watson était celle d'un médecin perplexe et effrayé. Tout en le suivant, j'ôtai mon manteau et mon chapeau et les jetai devant la porte d'amis que Watson ouvrit pour moi. La lampe était allumée, éclairant la pièce d'une lueur douce et chaude. Je tournai la tête vers la forme allongée sur le lit et je compris tout de suite ce qui avait alarmé Watson.

« Juste ciel ! » ne pus-je m'empêcher de crier. « Comment est-ce possible ? »
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Messagepar Pic » Mar 12 Juin 2018 - 7:31   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

L'ambiance des Sherlock Holmes de Doyle est toujours bien rendue, avec une dose de plus en plus importante de faits inexplicables. Des Jedi et des Sith qui s'affrontent en plein Londres... Ca promet un développement peu canonique !
Il y a toujours quelques erreurs sur les conjugaisons (passé simple/imparfait), mais moins que dans le chapitre d'avant. C'est très agréable à lire, et pour le moins original !
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Messagepar Lunia » Mar 03 Juil 2018 - 19:34   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Merci pour ton commentaire ;)
Voici la suite, beaucoup plus longue cette fois

Chapitre quatre

Ce fut l'une des rares fois de ma vie où je vis Sherlock Holmes assez surpris pour lâcher ce genre de commentaire. Cela m'avait pris toute une nuit pour observer le changement d'état de notre invité mais, Holmes, avec ses compétences quasi-inhumaines d'observation, avait remarqué ce changement instantanément. Il avait vu le blessé quelques heures plus tôt et l'évolution de son état était en effet spectaculaire.

Lorsque nous avions apporté le jeune homme, j'avais jugé, en raison de la gravité de ses blessures, qu'il s'en remettrait au moins au bout de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines. Pourtant, entre le laps de temps où nous l'avions amené et le moment présent, l'entaille sur son front avait guéri laissant place à une cicatrice blanche et les ecchymoses sur son visage avaient pratiquement disparu.

Me lançant un bref coup d'œil pour avoir ma permission, Holmes rejoignit le lit et souleva avec précaution la compresse de gaze que j'avais placée sur l'épaule de mon patient. Il poussa un léger sifflement comme s'il avait vu ce qui m'avait troublé. Bien que la blessure ne soit pas totalement cicatrisée, elle était tout de même en meilleur état. Ce n'était plus qu'une question d'heures à présent.

Remettant la compresse en place, Holmes leva les yeux vers moi. « Eh bien, Watson » lâcha-t-il avec une pointe d'humour noir. « Soit vous êtes un faiseur de miracles qui a su garder ses secrets hors de ma portée, soit ce jeune homme est un guérisseur exceptionnellement rapide. »

« Non, anormalement rapide, Holmes » rectifiai-je.

Il leva un sourcil. « Superstitieux, Watson ? Allons, il y a sûrement une autre explication. »

Piqué par ses railleries, je croisai les bras d'un air obstiné « Très bien. Dans ce cas, expliquez-moi, Holmes »

Sa bouche se tordit en une grimace contrariée. Ce fut la seule excuse que j'obtins pour sa remarque irritante. « Je ne pense pas que je le puisse, Watson » admit-il en s'asseyant dans le fauteuil que j'avais placé près du lit. Ses yeux gris se troublèrent, il eut soudain l'air très las. La suie et la saleté de la rue accumulées sur son visage, accentuaient ses traits fatigués. Ses cheveux sombres, d'habitude parfaitement lissés en arrière, retombaient en désordre sur son front. Il avait l'air de quelqu'un qui avait passé des heures dans les bas-fonds les plus glauques et sinistres de Londres. Me rappelant tout à coup où il était allé, et sachant ce que Holmes avait fait, ce fut une probabilité qui devint de plus en plus certaine.

« Votre rendez-vous ne s'est pas bien passé » hasardai-je.

Il sourit finement, sans humour. « Vous pouvez le dire. En fait, ce serait même un euphémisme. »

« Le contact ne vous a pas donné l'information ? »

« Il est mort » Il avait prononcé ces mots avec un ton si terre à terre qu'il me fallut un moment pour me rendre compte de la situation.

« Il est mort ? Mais comment ? »

Brièvement, Holmes me décrivit les événements de la soirée. Bien que sa voix ne fléchit pas une seule fois, restant même très calme, la lueur dans ses yeux me révéla qu'il était profondément troublé par ces événements étranges. Quand il eut fini, je restai silencieux un long moment, repensant à ce qu'il m'avait dit. Mon regard dérivait vers l'homme étendu sur le lit. J'étais d'accord avec Holmes, il y avait un lien entre lui et Moriarty, je ne croyais pas à autant de coïncidences.

Comme s'il avait entendu un signal, le jeune homme s'agita pour la première fois de la nuit. Holmes se tendit immédiatement tel un chien à l'affût, toutes traces d'ennui et d'inquiétude disparues. Je me redressai également et me rapprochai du bord du lit. Dans le visage pâle, des yeux bleu-vert s'ouvrirent. D'abord flous, ils se focalisèrent sur le lit à baldaquin un long moment. Puis il cligna des yeux une fois, deux fois et tourna la tête pour ancrer ses yeux dans les miens. Même s'il semblait toujours un peu dans le vague, je trouvai son regard particulièrement pénétrant, presque troublant. J'avais l'impression qu'il lisait en moi. C'était un peu comme Holmes, quand il sondait quelqu'un pour l'analyser, mais pourtant il y avait une différence subtile et je n'arrivai pas à mettre le doigt dessus. Et cela le rendait encore plus troublant que Holmes.

« Où suis-je ? » demanda-t-il doucement. Sa voix était légèrement rauque, encore ensommeillée, et son accent était un curieux mélange d'Anglais, d'Écossais et de quelque chose d'autre.

« Baker Street » répondit Holmes. « A Londres »

Son visage demeura impassible alors que ses yeux se tournaient vers mon ami, le dévisageant avec attention. « Vous souvenez-vous de votre nom ? » demandai-je gentiment.

Il me regarda à nouveau. « Oui »

Je vis la bouche de Holmes se contracter en réprimant un sourire. Il admirait les personnes qui allaient à l'essentiel, sans donner d'informations superflues. « Comment est-ce que vous vous appelez ? » demanda-t-il.

Un silence tendu s'installa dans la pièce. Enfin le jeune homme parut se détendre et il poussa un léger soupir. J'avais la sensation étrange que Holmes et moi venions de passer une sorte de test. « Mon nom est Obi-Wan Kenobi » répondit-il enfin.

Je regardai Holmes, espérant qu'il pourrait déceler les origines de ce nom étrange. Tout ce que je vis fut un léger froncement de ses sourcils. Pour une fois, il était comme moi, dans le flou totale. « Je suis le docteur Watson » me présentai-je. « Et voici mon associé et ami, Sherlock Holmes »

Holmes, qui avait toujours été direct de nature, se pencha en avant. « Que faisiez-vous dans les rue de Woking ? Et qui suiviez-vous ? »

La main de Kenobi frôla son épaule et il grimaça de douleur. « J'ignore où se trouve Woking . »

« Vous ne venez pas de Londres, ou même d'Angleterre » déclara Holmes qui le regardait d'un œil inquisiteur.

Si le jeune homme fut surpris par sa perspicacité, il n'en montra aucun signe. « Non, je viens d'un peu...plus loin » Son ton faisait clairement comprendre qu'il n'en dirait pas plus.

« Pourquoi cet homme vous a-t-il tiré dessus ? » questionna Holmes qui n'en démordait pas.

« Pourquoi désirez-vous tant le savoir ? » demanda Kenobi du tac au tac. Son masque impassible se fissura un peu, montrant une personnalité plus propice à un jeune homme de vingt ans.

Holmes écarta ses mains. « Je suis un détective consultant, Mr Kenobi. C'est mon travail de savoir de telles choses »

Les yeux clairs de Kenobi le fixèrent un long moment. « Dans ce cas, Maître Holmes, vous et moi faisons à peu près le même travail » Il soupira et s'installa plus confortablement contre son oreiller. « Mon maître et moi sommes venus à Londres à la recherche d'un voleur. Il a volé les plans d'un important... » Il hésita paraissant chercher le mot approprié. « Constructeur. Des plans pour une nouveau modèle. »

Holmes haussa un sourcil. « Vous ne me dites pas tout, mais peu importe. Pourquoi ces plans sont si importants au point de vouloir tuer quelqu'un ? »

« Les plans pour une arme sont toujours importants, Maître Holmes »

« Ah » Mon ami croisa ses longs doigts. « Il doit s'attendre à recevoir beaucoup d'argent, s'il est prêt à vouloir tuer. »

L'expression de Kenobi s'assombrit légèrement. « Il a déjà tué. Et mon maître pense qu'il y a plus que de l'argent en jeu. »

« C'est la seconde fois que vous utilisez cette expression. Êtes-vous un apprenti ? C'est une notion archaïque peu répandue. Est-ce pour cela que vos cheveux sont coiffés...ainsi ? »

Notre invité toucha la tresse qui pendait sur son épaule, une lueur d'intérêt dans les yeux. « Vous être quelqu'un de très observateur. »

« J'essaye» fit Holmes avec une modestie inhabituelle. « Et je constate également que vous n'avez guère l'envie de nous parler de votre...profession, n'est-ce pas ? »

« Pas pour l'instant »

Holmes changea brusquement de tactique « Où est votre maître ? Lorsque Watson et moi vous avons vu, vous étiez seul. »

« Nous nous sommes séparés » La voix de Kenobi était calme mais il était difficile de ne pas remarquer l'inquiétude qui se dégageait de sa voix.

« Eh bien, nous ferons tout ce que nous pourrons pour que vous soyez réunis » fit Holmes avec gaieté. Je lui jetai un regard perplexe. Il n'avait pas mentionné Moriarty, ni même la guérison anormalement rapide de Kenobi, alors que sa curiosité légendaire ne demandait qu'à être assouvie. Mon ami se leva. « Venez, Watson » dit-il. « Nous devrions laisser notre jeune ami se reposer » Il adressa un signe de tête en direction de Kenobi et, prenant mon bras, m'entraîna à l'extérieur.

Une fois dans son bureau, il ferma la porte, baissa la luminosité de la lampe et s'enfonça dans son fauteuil et ferma les yeux. Je demeurai près de la porte « Qu'est-ce que c'est que ces propos, Holmes ? De toute ma vie, je ne vous ai jamais vu vous retenir de poser autant de questions, et cela de façon si résolue !»

Il eut un geste impatient. « Je ne peux avoir de conversation avec vous, Watson, quand vous êtes dans cet état » s'agaça-t-il. Soupirant, je m'enfonçai dans un fauteuil et attendis. Il resta silencieux si longtemps que je me demandai s'il avait fini par s'endormir, quand tout à coup il s'agita et ouvrit les yeux. « Je n'ai rien demandé pour de nombreuses raisons. La première, et cela me navre de l'admettre, est que je ne connais pratiquement rien de ce jeune homme. Il ne vient pas d'Angleterre, ni d'Amérique, ni d'Asie ou d'un autre continent. Je n'ai jamais vu ce genre de vêtements auparavant, sa coiffure m'est pratiquement inconnue ou me rappelle vaguement certains ordres de l'Est. De plus, il garde une maîtrise de soi très impressionnante pour un homme de son âge. S'il n'est vraiment qu'un apprenti comme il le prétend, je frémis à ce que serait son maître...Il joue un rôle, Watson, et il est en quelque sorte lié à Moriarty et à ses nouveaux alliés."

« Pensez-vous que ce soit un homme de Moriarty ? »

Holmes considéra la question « Non, étrangement je ne le pense pas. Il dit la vérité, même si elle est quelque peu modifiée. » Il soupira profondément, et son soupir se transforma en bâillement. « Mais il est tard, Watson, pour parler encore de ça. Et cela fait quarante-huit heures que je n'ai pas dormi. J'en apprendrais plus sur lui demain matin »

Je me levai avec difficulté, sentant ma propre fatigue s'installer dans mes os. « Bonne nuit, Holmes » Sa seule réponse fut un grognement. « Et concernant notre invité, comment Mrs Hudson va réagir à votre avis ? »

« Oh la connaissant, elle lui donnera sûrement à manger » déclara Holmes d'une voix endormie.

Le lendemain matin, la fraîcheur de l'automne me réveilla et je restai dans mon lit quelques instants, en ne pensant à rien de particulier, jusqu'à ce que les événements de la veille me reviennent brusquement. Je m'habillai alors à la hâte et descendis les marches pour voir si notre invité se trouvait dans les parages.

Je tombai sur lui dans la salle à manger, vêtu de ses vêtements, qui avaient été apparemment sauvés des griffes de mon associé. L'évaluation de Holmes concernant la réaction de Mrs Huson se révéla exacte. Elle lui avait donné une quantité astronomique de nourriture et, bien qu'il lorgnait les harengs avec suspicion, il faisait amende honorable. « Bonjour, docteur » me salua-t-il poliment. Il était encore un peu raide, et je jugeai, qu'en dépit de son rétablissement inhabituelle, son épaule devait encore le faire souffrir.

« Bonjour, Mr Kenobi » répondis-je.

Il poussa le plateau de harengs vers moi avec l'air de quelqu'un offrant un cadeau inapproprié. « S'il vous plaît, docteur, appelez-moi Obi-Wan. Ou bien... » corrigea-t-il. « Vous pouvez suivre l'exemple de Mrs Hudson et m'appeler Ben. »

Je jetai un regard appuyé à notre logeuse. D'habitude, elle était l'âme même de la bienséance et, même si elle nous connaissait depuis des années Holmes et moi, elle avait toujours pris soin de nous appeler « Mr Holmes » et « Mr Watson ». Ce n'était pas courant de sa part d'agir ainsi.

Holmes entra en coup de vent dans la pièce, l'air frais et bien disposé. Contrairement aux autres dormeurs, il ne lui fallait généralement que quatre heures de sommeil pour se remettre d'aplomb. « Bonjour, Mrs Hudson » salua-t-il avec désinvolture. « Le petit déjeuner semble particulièrement appétissant ce matin. »

Elle leva un sourcil en entendant cela. Holmes n'avait jamais pris la peine de remarquer ce qu'il y avait en face de lui, si c'était comestible, je le soupçonnais de l'ignorer ostensiblement.

Ignorant son incrédulité, il poursuivit « J'espère que vous vous sentez mieux ce matin, Obi-Wan ? »

« Appelez-moi, Ben, Mr Holmes. Et je vais mieux, je vous remercie »

Mon ami engloutit une bouchée d'œuf et, le visage volontairement innocent, déclara : « Le Docteur Watson était certain qu'il vous faudrait plus d'une semaine avant de pouvoir récupérer »

Je dissimulai ma surprise en buvant mon thé. Je n'avais rien dit à Holmes alors comment savait-il ?... Mais en fait, c'était évident. Holmes pouvait lire dans les pensées des gens simplement en observant les gestes et les expressions du visage et de plus, il me connaissait parfaitement.

« J'ai toujours guéri rapidement » répliqua Ben, laconique.

« Vraiment ? »

Il me fut impossible de décrypter la réaction du jeune homme à ce sous-entendu. Comme Holmes, il conservait un masque impénétrable. « Peut-être pourriez-vous m'en dire plus sur votre travail, Mr Holmes » suggéra-t-il doucement. « Par exemple, qui est cet homme que vous cherchez ? »

Touché, pensais-je en voyant la lueur de surprise traverser le regard de mon ami. Cependant, je me demandais comment Ben avait pu comprendre. Est-ce Mrs Hudson qui en avait parlé ? Cela me paraissait peu probable, elle n'avait pas pour habitude de parler du travail de ses employeurs à des inconnus. Aussi sympathique était ce jeune homme, il demeurait toujours un étranger.

Holmes se reprit rapidement, se penchant en arrière et traçant un dessin sur la surface de la table avec ses longs doigts. « Vous m'avez l'air bien informé »

« J'ai mes sources » répondit Ben avec un léger sourire.

Mon ami lança un regard accusateur à Mrs Hudson « Alors, vous êtes un homme beaucoup plus convaincant que les autres»

Mrs Hudson parut offensée. « Cela suffit maintenant, Mr Holmes ! »

« Bref, peu importe. Je suis disposé à vous répondre, Ben, mais... » Il leva un doigt. « Seulement si vous répondez à l'une des miennes »

« Ça Mr Holmes, cela dépendra de la question »

Holmes grommela doucement. « Très bien. Son nom est James Moriarty. Extérieurement, il est professeur de mathématiques à Oxford, mais ce n'est qu'une façade. C'est un génie du crime. Depuis les dix dernières années, il a consolidé à peu près quarante pour cent des organisations criminelles de Londres, Oxford, Brighton, et Paris. Il est responsable d'un grand nombre de vols et d'escroqueries et je suis intervenu dans une tentative d'assassinat l'année dernière sur une personnalité importante »

Je regardai Holmes avec surprise. « J'ignorais ce fait. Qui a-t-il essayé de tuer ? »

« Je ne suis pas en mesure de vous le dire, Watson » répondit-il avec un sourire d'excuse. « Mais peut-être pourriez-vous jeter un coup d'oeil sur les initiales qui sont sur le mur »

Holmes avait eu une fois un accès de patriotisme pour je ne sais quelle raison et avait accroché un drapeau de l'Union Jack avec les initiales « VR» dessus. Je me sentis blêmir alors que je comprenais où Holmes voulait en venir. « VR»pour la Reine Victoire. « Seigneur Dieu... » murmurais-je.

« Exactement » Il se tourna vers Ben. « Je ne pense pas me tromper en affirmant que Moriarty est un homme lâche et sans aucun scrupule. C'est un génie et, malheureusement, jusqu'à présent il a réussi à m'échapper » Il sourit avec auto-dérision. « Au début, il m'a tout simplement ignoré, se contentant de m'envoyer quelques lettres en me disant que j'étais trop jeune et inexpérimenté pour représenter une menace. Je pense que notre dernière rencontre lui a fait changer d'avis. »

Ben hocha la tête « Je ne vous connais pas très bien, Mr Holmes, mais je pense que ce serait insensé pour ce Moriarty de vous sous-estimer. Cependant... » Ses yeux brillèrent d'une lueur étrange. « Soyez prudent, cette traque pourrait causer votre perte »

Alarmé, je jetai un coup d'œil au jeune homme. Je n'étais pas le genre d'homme à croire aux superstitions ou à d'autres formes de surnaturel (contrairement à mon agent littéraire Mr Arthur Conan Doyle) mais il y avait une telle conviction dans la voix de Ben qu'un frisson glacial me parcourut l'échine.

Holmes, lui, n'avait pas vraiment réagi, à part un léger haussement de sourcil sceptique. « A présent, Obi-Wan Kenobi, c'est à votre tour de répondre à ma question."

Ben croisa les bras, attentif.

Mon ami, après avoir bu la dernière goutte de son café se pencha en arrière « Quelle est cet objet bizarre accroché à votre ceinture ? Je n'ai pas eu le temps de poursuivre mon examen, hier »

Je clignai des yeux. Je l'avais presque oublié et je ne m'attendais pas à ce que Holmes pose la question.

Ben jeta un œil sur l'objet cylindrique, en le regardant comme si la question l'avait pris au dépourvu lui aussi. Il réfléchit quelques minutes avant de déclarer « C'est difficile pour moi de vous répondre, monsieur. Tout ce que je peux vous dire est que c'est une arme et que j'espère ne pas avoir à m'en servir »

Holmes émit un petit bruit de satisfaction. « Je m'en doutais. Et j'ai bien l'intention d'en savoir plus avant que tout ça ne soit fini. » Il se leva brusquement. « Concernant Moriarty, j'ai de sérieuses raisons de croire que le voleur que vous recherchez s'est allié à lui »

Le masque impassible du jeune homme tomba, révélant une expression de choc mêlée à un sentiment d''horreur. « Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? »

« L'informateur avec qui j'ai parlé la nuit dernière m'a raconté que Moriarty avait fait ami-ami avec des personnes détenant des armes peu communes. Et je n'hésiterais pas à dire que l'arme avec laquelle on vous a tiré dessus en fait parti » Il me regarda. « Et Watson pourra vous confirmer que je connais toutes les armes qui existent »

« J'aimerais beaucoup m'entretenir avec cet informateur » fit Ben, l'air songeur.

« Impossible. Il est mort avant de m'avoir tout dit »

« De quelle façon ? »

« Je l'ignore. Je pencherai pour du poison, mais je n'en connais aucun qui ne laisse aucune trace ou un indice quelconque »

Ben s'était raidit, le visage à nouveau impénétrable. « Je dois trouver mon maître » dit-il très doucement.

« Hmmm, je pense connaître quelqu'un qui pourrait vous aider. J'ai besoin de lui parler de toute façon, j'ai un rapport à faire »

Comme il n'y avait qu'un seul homme impliqué dans ce genre de rapport, je compris de suite à qui il faisait allusion. « Mycroft ? » demandai-je.

« Oui. Et vous feriez mieux de mettre votre chapeau, Watson. Vous êtes aussi impliqué que lui
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Messagepar Lynne » Jeu 05 Juil 2018 - 10:03   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Lu ! Je trouve ça vraiment excellent, l'histoire est intrigante et la traduction a l'air bien faite, en tout cas je n'aurais pas deviné qu'il s'agissait d'une fanfic en anglais originellement. J'ai hâte de voir ce qui se passe dans la suite !
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Messagepar Lunia » Jeu 05 Juil 2018 - 15:10   Sujet: Re: Elémentaire, mon cher Obi-wan

Merci :D J'espère que la suite te plaira !
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