Hop, voilà la 2ème partie du 12ème chapitre, et le point final de cette histoire
La Jedi et le Sith remontèrent ensemble les rues de Lola Curich. La pluie avait laissé place à un timide soleil, mais les nuages restaient menaçants. Chloan n’avait aucune idée de l’endroit où elle l’emmenait. Etrangement, elle lui avait laissé son sabrelaser : il ne risquait pas de lui être d’une quelque utilité en sa présence… C’était humiliant de savoir qu’elle ne le considérait pas comme une menace – et qu’elle avait raison.
Les travailleurs qui se rendaient à leur bureau croisaient les touristes qui revenaient à leur hôtel. Avec sa bure sombre largement ouverte qui dévoilait une tunique d’un beige tout sauf opaque, la Jedi ne passait pas inaperçue, et de nombreuses têtes se retournaient sur son passage. Elle avait légèrement décalé son arme, la portant presque dans son dos, pour que le doute soit permis : était-elle une Jedi, ou une proie potentielle ?
Chloan s’aperçut rapidement qu’il n’aimait pas beaucoup le comportement des passants. Quand l’un d’eux la détailla ostensiblement, le jeune Sith vit rouge. Soudainement, le Côté Obscur fut là, l’emplissant de sa puissance. Le piéton si souriant, si sûr de lui quelques secondes plus tôt, était maintenant en train de suffoquer, les yeux exorbités, la langue pendante, les mains portées à sa gorge dans une futile tentative de desserrer l’étau invisible qui l’étouffait. Chloan sourit. Lui, il allait payer pour tous les autres.
La Jedi l’attrapa par l’épaule et l’entraina en avant, brisant sa connexion avec la Force. L’homme reprit sa respiration par à-coups, regardant autour de lui, paniqué, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver.
–Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ? siffla-t-elle.
–Il t’a regardée ! se défendit le jeune homme.
–Et alors ? continua-t-elle, menaçante.
–Et alors, faut que je te fasse un dessin ? s’énerva-t-il.
–Tu me crois incapable de me défendre seule ? dit-elle en plaquant ses mains sur ses hanches.
–Bien sûr que non !
–Alors quoi ?
–Eh bien, ça me déplait, voilà !
–Quand tu es jaloux, tu ne l’es pas à moitié… maugréa-t-elle.
–Dis-toi que c’est mon côté Sith qui ressort, rétorqua-t-il. Dommage qu’il ait survécu…
–Il ne t’est pas venu à l’esprit que cet homme regardait juste une jolie femme habillée pour attirer l’attention ?
–Non, pourquoi ? J’aurais dû ?
Elle resta sans voix quelques secondes.
–Mais… mais je rêve !
–Quel est le problème ? s’inquiéta-t-il. C’est ton aura éblouissante qui m’a aveuglé, pas ton physique.
Elle s’arrêta net.
–Pardon ? dit-elle d’une voix glaciale. Dois-je comprendre que tu ne m’as même pas regardée ?
–Ah ! Cela t’inquiète ? dit-il, soulagé. Bien sûr que je t’ai observée ! Voyons voir ça… Tes yeux sont marron, bon, une couleur plutôt quelconque, certes. Tes cheveux sont blonds, enfin, je crois ? Rien de bien extraordinaire non plus, c’est la teinte à la mode. Par contre, bien trop longs pour combattre. Oui, tu as repoussé ta bure Jedi pour dévoiler ta tunique un brin courte, mais honnêtement, où est l’intérêt d’un décolleté si profond ? Surtout quand on manque de matière pour le remplir correctement.
–Je vais te tuer, murmura-t-elle lentement en détachant chaque syllabe.
–Me tuer ? Sous l’influence de la colère ? (Il eut un sourire narquois). Allez, vas-y, viens faire tes premiers pas dans le Côté Obscur de la Force !
–Enflure, souffla-t-elle en se détournant, les poings serrés.
–Non, moi c’est Chloan.
Le jeune Sith ne put qu’admirer sa maitrise ; il ne lui fallut que quelques respirations pour retrouver son calme.
–Pourquoi ne pas me laisser partir ? finit par demander Chloan comme elle se murait dans le silence. Je ne peux pas te tuer, tu ne peux pas me tuer parce que tu es une Jedi… nous sommes dans une impasse.
Il sentit la Force l’envelopper, et grimaça face à ce rappel qu’il en soit lui-même incapable. A quoi jouait-elle à le dédaigner de la sorte ? Et voilà qu’elle fermait les yeux. Comme si elle était parfaitement en sécurité avec lui… un comble. Il tenta une nouvelle fois de plonger dans le Côté Obscur, utilisant chaque parcelle de colère accumulée depuis le début de la matinée, et essuya un nouvel échec. Bon, il s’y attendait. Cependant, il était armé, et elle, vulnérable en cet instant. Sa main se referma sur son sabrelaser. Il lui suffisait de tendre le bras et d’activer la lame. Simple, propre, efficace.
Pourtant, il n’y arrivait pas. Il ne pouvait tout simplement pas imaginer la blesser. Il soupira. L’amour, vraiment ? Ce sentiment pouvait-il être aussi puissant ? Dommage qu’il ne puisse s’en servir… Cette pensée l’horrifia quand il en prit conscience. Était-il en train d’être perverti par le Côté Lumineux, sans même s’en rendre compte ? Était-ce seulement possible ?
Elle rouvrit les yeux à ce moment-là. L’instant était passé.
–La Force me dit de te garder avec moi, déclara-t-elle.
–Magnifique. Elle t’a aussi annoncé qu’il était l’heure de se nourrir ? J’irai bien me remplir l’estomac.
Elle lui sourit, et toutes ses préoccupations s’envolèrent. Par la Force, elle était divine ! Il ne lui avait même pas menti : son physique avait beau être d’une banalité affligeante, son aura lui donnait juste un charisme à couper le souffle. Elle était dangereuse.
–Viens, fit-elle en glissant son bras sous le sien, je vais te faire découvrir une cuisine dont tu me diras des nouvelles !
Le jeune Sith se garda bien de répondre, encore tout électrisé par son contact. Et cette douce chaleur qui l’envahissait… Il frissonna.
Résiste, Chloan, se sermonna-t-il.
*****
Ils avaient fini par échouer au
Zodvog, un restaurant qui ressemblait tant à tous les autres que le jeune Sith se demanda ce qu’elle lui trouvait de spécial – à part son nom bizarre qui faisait penser à tout sauf à la cuisine.
Une heure plus tard, il devait admettre que la Jedi ne lui avait pas menti. Le repas était délicieux, du steak de nerf à la cuisson parfaite aux croquettes de légumes à la texture craquante à l’extérieur et fondante à l’intérieur. Il repoussa son assiette, repu, et commanda un thé à la menthe.
–Du thé ? s’étonna la Jedi. Si je m’attendais à ça…
–Préjugé ? rétorqua-t-il.
–Possible, admit-elle. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui partage mon goût pour cette boisson…
–Magnifique. Les Jedi et les Sith auraient les mêmes gouts ?
–Nous partageons déjà la Force, et l’art du sabrelaser, répondit-elle. Je n’ai jamais vu d’autre point commun avec un utilisateur du Côté Obscur.
Chloan croisa les bras.
–Alors j’ai un avantage sur toi. J’ai déjà discuté avec plusieurs Jedi.
–Oh ? Et tu es encore en vie ?
–Comme tu le vois. Je sais… dissimuler mon aura, au besoin.
–Tu les as donc tués, constata-t-elle.
–Oui. Et j’ai bien failli y laisser ma peau. Ils m’ont attaqué chaque fois, se sentit-il obligé de préciser.
Elle haussa un sourcil.
–Te sentirais-tu coupable ?
Il ne répondit pas, et elle poursuivit :
–Nous sommes là pour vous empêcher de nuire. N’oublie pas que la lumière est faite pour repousser les ténèbres.
–Mais l’obscurité, est-ce l’absence de lumière où l’état naturel des choses ? Sans l’obscurité, on ne verrait pas la lumière…
–Sauf qu’on ne saura jamais ce qu’il en était au commencement.
– Je crois que c’est la lumière qui engendre l’obscurité, comme la flamme de la bougie génère les ombres sur les murs. Si vous n’aviez pas peur de vous égarer sur un mauvais chemin, il n’y aurait pas de Côté Obscur. N’est-ce pas votre but ultime, se demander sans cesse, est-ce que j’agis pour mon seul bonheur, ou pour celui de la majorité des autres ? Sans la liberté de faire le mal, le bien existe-t-il ? C’est parce que tu penses aux conséquences et à la justesse de tes actions que tu hésites ? Moi, je n’ai qu’à faire ce qu’il me plait.
–Sauf quand il s’agit d’amour.
–Certes, concéda-t-il.
–Est-ce alors ce sentiment qui t’empêche de te réaliser pleinement ? Es-tu gêné de devoir agir par pur altruisme ? Saurais-tu respecter ma liberté, mes choix, tout en sachant qu’ils ne correspondraient pas aux tiens ?
Chloan fit claquer sa langue avant d’avaler une gorgée de son breuvage brûlant.
–Cette discussion prend une tournure intéressante. Je ne sais pas jusqu’où je serai capable d’aller. L’amour est un sentiment puissant – et destructeur. Je comprends qu’il puisse être associé au Côté Obscur et que cette forme d’amour ait été interdite par les Jedi de l’Ancienne République. Vous qui jouez avec les destins de milliards d’individus ne sauriez être influencés par un seul être. Je pense que c’est une voie triste et solitaire.
La jeune fille secoua la tête.
–L’amour sublime et transcende chaque être vivant. Tout devient tellement plus riche quand la Force t’entoure ainsi… et n’oublie pas la joie, le bonheur, les remerciements qui accompagnent nos actions.
–La Force ne m’apparait pas ainsi. Sa chaleur n’est pas douce, mais ardente, une fournaise capable de te consumer si tu n’y prends pas garde.
–Donc vous craignez votre précieux Côté Obscur. Nous ne redoutons pas le Côté Lumineux de la Force.
–J’avais lu un manuscrit intéressant il y a longtemps… un truc sur les Légendes autour de la Force, je crois. D’après l’auteur, la Force serait un tout indivisible, n’ayant non pas un Côté Obscur et un Côté Lumineux, mais possédant autant de facettes que la palette de couleurs d’un arc-en-ciel…
–Sauf que c’est la lumière qui se décompose en une multitude de couleurs, pas les ténèbres, rétorqua-t-elle avec un sourire victorieux.
–Je développerai bien davantage sur le sujet, mais nous allons avoir une autre priorité. Ne serait-il pas judicieux de quitter la planète avant que mon maitre s’aperçoive que je suis en train de diner avec la Jedi que je suis censé tuer ?
Elle haussa un sourcil.
–Inquiet ? N’aie crainte, je peux te protéger de lui.
–Permets-moi d’en douter. Il a enterré huit apprentis avant moi.
–Je suis une Jedi, pas une simple apprenti Sith.
–Et c’est un maitre Sith, pas un simple Jedi Noir, rétorqua-t-il. Tu n’as aucune idée de sa puissance.
*****
Ils étaient presque arrivés à son vaisseau, situé sur la plateforme la plus à l’ouest de l’astroport. Un cargo léger d’un modèle certes classique mais fiable, maniable, et capable de se débrouiller en combat spatial au besoin avec ses deux canons lasers.
La Jedi piocha la télécommande dans sa poche, et déverrouilla le vaisseau dont la passerelle se déploya. Un rugissement les cloua sur place. Chloan se retourna, paniqué : le maitre Sith était sur eux. Elle ravala un juron et alluma son sabrelaser pour l’intercepter.
Elle n’était pourtant pas la cible du Sith : il était concentré sur Chloan. La Jedi n’hésita pas : elle n’aurait certainement pas d’autre occasion d’éliminer la menace.
Zilar ne ralentit même pas – et ne lui accorda même pas un coup d’œil. Avant qu’elle ne puisse être outrée par tant de dédain, un choc terrible l’envoya bouler au sol – l’impression d’avoir percuté un mur. Le souffle coupé, elle chercha à reprendre sa respiration et à comprendre ce qui lui était arrivé. Elle n’en eut pas le temps. Un deuxième impact, à la tête cette fois, troubla ses pensées. Elle lutta en vain pour garder les yeux ouverts. Sa dernière pensée cohérente fut pour Chloan.
Ce type est incroyable. Il va se faire massacrer.Puis elle sombra dans l’inconscience.
Les yeux ronds, l’apprenti Sith ne put que constater de visu la puissance de son maitre. Avec quelle facilité il s’était débarrassé de la Jedi !
Le tout en quelques secondes, et avec une élégance rare, sans même utiliser son arme. Pas un geste inutile. Il déglutit nerveusement.
Aucune chance que Maitre Zilar soit là pour le « sauver » de l’influence du Côté Lumineux de la Force : les Sith ne toléraient pas la faiblesse, et l’heure était venue de payer pour son échec.
La course folle de Zilar s’arrêta quand leurs deux lames écarlates entrèrent en contact. La vibration remonta jusque dans son épaule. Le jeune Sith grimaça sous l’effort. Le doute n’était plus permis, ce n’était définitivement pas une visite de courtoisie.
–Alors, apprenti, siffla Zilar. Est-ce là tout ce dont tu es capable ? Es-tu à ce point perverti par le Côté Lumineux de la Force ?
–Le Côté Obscur est ma voie, rétorqua Chloan.
Il ne savait pas si la Jedi était encore en vie – si une part de lui en souffrait, l’autre lui était extrêmement reconnaissante de lui permettre ainsi de recouvrer sa connexion avec la Force. Sa colère était là, puissante, une fournaise incandescente parfaitement maitrisée. Il savait que ses iris étaient le parfait reflet des yeux de son maitre. Il balaya la piste du regard, notant rapidement la disposition du terrain : son maitre saurait jouer du moindre détail.
Il puisa tout ce qu’il put dans la Force Obscure pour repousser son maitre, et passa à l’offensive. Jamais Zilar ne le laisserait quitter Lola Curich vivant.
Le maitre Sith accueillit les attaques de son élève avec le sourire. Si Chloan tournoyait dans l’espoir de trouver un point faible, alternant les feintes, agrémentant ses coups d’estoc de foudre Sith, louvoyant entre les débris suspendus entre eux, le maitre Sith, qui n’aurait pu sembler plus serein, parait chaque attaque avec une économie de gestes savamment calculée.
Au bout de plusieurs minutes de ce manège, le maitre Sith recula d’un pas sous un assaut un peu plus violent.
–Tu as fini de t’échauffer ? Bien. Passons aux choses sérieuses.
Le souffle court, Chloan constata avec effroi que Zilar le surclassait totalement. Comment était-ce possible ? A peine quelques jours plus tôt, il avait pourtant réussi à prendre le dessus sur le maitre Sith.
Aujourd’hui, le Sith ne lui ferait pas de cadeaux. S’il voulait survivre, il devait vaincre.
Le maitre Sith nota avec satisfaction la sombre résolution qui s’était emparée de son apprenti.
–Ah, je vois que tu me prends enfin au sérieux. Il était temps. Montre-moi ce que tu vaux vraiment, apprenti, dit-il en passant à l’offensive.
Le maitre Sith envoya une décharge de foudre pure ; pris par surprise, Chloan n’eut que le temps de parer avec son sabrelaser, une manœuvre qu’il savait bien dérisoire face à la puissance de Zilar. Les mains crispées sur la poignée de son arme, le jeune Sith mobilisa ses dernières ressources pour envoyer plusieurs caisses de matériel entraperçues plus tôt déstabiliser son maitre.
Celui-ci esquiva au dernier moment par un bond de dégagement en arrière millimétré. Les caisses s’entrechoquèrent avec fracas sans lui causer le moindre dommage. Chloan pesta. Il concentra à son tour la Force en une décharge de foudre ; Zilar l’intercepta du bout des doigts avec un sourire narquois, et lui renvoya sans effort apparent. Le jeune homme jura avant de dissiper l’énergie. Il était à bout de souffle, la sueur ruisselait dans son dos, et Zilar, pourtant trois fois plus âgé que lui, respirait la fraicheur. Comment était-ce possible ?
–Eh bien, apprenti, on fatigue déjà ?
Le jeune homme se sentit mortifié. Il avait l’impression de revivre ses premières leçons, celles où, encore enfant, il était totalement dominé par son maitre.
Pourtant, depuis, il avait grandi. Il avait gagné en force, en endurance, en puissance. Il avait affermi son corps, discipliné son esprit, développant sa volonté, sa confiance en ses nouvelles capacités. Certes, le maitre Sith lui avait prouvé à de nombreuses reprises qu’il avait encore des progrès à faire.
Mais la quête de l’excellence ne se mesurait pas à l’aune des autres ; c’était à lui de se prouver qu’il était capable de s’améliorer, jour après jour.
Doutait-il autant de son propre pouvoir ? Doutait-il de sa capacité à vaincre un jour son maitre ? Doutait-il de sa maitrise du Côté Obscur ?
Cette rencontre avec la Jedi avait bouleversé ses sentiments, remettant en cause sa connexion avec la Force, qui lui avait été refusée plus d’une fois, sapant sa confiance. Il devait se libérer maintenant de ses doutes, de ses entraves qui l’empêchaient d’atteindre l’entièreté de son potentiel.
Il était temps de cesser d’avoir peur.
Il était temps de cesser de craindre l’avenir.
Il était temps de cesser d’être l’Apprenti.
Avec un rugissement de rage, il se jeta sur Zilar. Les deux lames écarlates se croisèrent brièvement, comme Chloan multipliait les assauts, empli d’une ardeur nouvelle.
Petit à petit, offensive après offensive, le sourire s’effaça du visage du maitre Sith, soudainement concentré à l’extrême sur les attaques de son apprenti qu’il avait jusque-là traité avec désinvolture. Ce dernier avait brusquement changé son style, devenu direct, agressif, chaque coup cherchant clairement à prendre sa vie. Il était déterminé, et la présence du Côté Obscur se lisait jusque dans son regard. Avait-il senti l’équilibre qui s’inversait dans leur rapport de force ?
Brusquement Zilar se trouva désarmé, à la merci de son adversaire. La lame bourdonnante n’était qu’à quelques centimètres de son oreille. Immobiles, les deux hommes se faisaient face.
–C’est fini, maitre, annonça Chloan sans ciller.
–Alors achève-moi, rétorqua Zilar, digne comme jamais. Prends ma vie et termine ton apprentissage.
Le jeune homme n’hésita qu’une fraction de seconde… avant d’éteindre son arme.
–Que t’arrive-t-il ? rétorqua sèchement le maitre Sith. Tu ne dois pas laisser passer ce genre d’occasion !
–Je ne suis pas prêt, grommela Chloan.
Zilar ricana.
–Crois-tu que tout se passe toujours au moment où on le choisit ?
–Je ne peux pas vous tuer. Vous… vous m’avez tout appris.
–Ce stupide attachement, hein ? Tu dois être plus fort que ça. Cesse d’écouter tes sentiments, Chloan. Ton seul maitre, c’est le Côté Obscur, déclara Zilar en refermant les doigts de son élève sur la poignée de son arme.
Surpris par l’usage de son prénom, que le maitre Sith n’utilisait que rarement depuis le début de son apprentissage, le jeune homme resta paralysé tandis que Zilar pressait le bouton d’activation de la lame.
–Il n’y aura pas toujours quelqu’un pour te prendre par la main, Chloan, fit Zilar dans un dernier souffle.
*****
Les traits blancs de l’hyperespace défilaient par la verrière en transparacier de leur cargo. La Jedi poussa un soupir de soulagement.
–Et voilà, en route pour Coruscant !
Elle pivota sur son siège pour faire face à Chloan, mutique depuis qu’elle avait repris conscience dans le cargo, et croisa les bras.
–Alors, tu me racontes ? Tu l’as tué ?
Le jeune Sith haussa les épaules, mal à l’aise.
–Pas vraiment, finit-il par dire. Je veux dire, ça a plutôt mal commencé en fait, et j’ai finalement pris le dessus.
–Mais ?
–Mais je ne voulais pas le tuer ! Je suis jeune encore, je veux sortir, rentrer à pas d’heure, ne rendre de compte à personne, profiter de la vie quoi !
Elle inclina la tête.
–La mort de ton maitre ne t’offre-t-elle pas cette liberté que tu sembles tant rechercher ?
–Je dois appeler « liberté » d’être le dernier des Sith et d’avoir la responsabilité de former un nouvel apprenti, qui n’aura de cesse de chercher à me tuer ? Merci du cadeau, marmonna-t-il.
Elle éclata de rire.
–Tu sors en vie d’une confrontation qui devait te tuer et tu trouves encore le moyen de te plaindre ?
Elle se leva et vint s’installer sur ses genoux. Le jeune homme piqua un fard, soudain envahi par des sentiments contradictoires. Il détestait qu’elle joue ainsi avec ses émotions !
–D’ailleurs, dois-je t’appeler « Dark Chloan » maintenant ? minauda-t-elle.
–Très drôle, maugréa-t-il.
–Qu’est-ce qui te tracasse autant, alors ? reprit-elle plus sérieusement.
–Mon maitre m’a laissé un holocron, répondit le jeune Sith en sortant de sa poche une petite pyramide ouvragée.
–Qu’attends-tu ? Ouvre-le ! l’incita la Jedi dévorée par la curiosité.
Le jeune homme posa la base du tétraèdre sur la paume de sa main, et une aura bleutée entoura l’holocron tandis qu’une silhouette céruléenne apparaissait. Un mince sourire vint barrer le visage du maitre Sith.
–Ah, Chloan. J’avais un doute sur ta capacité à déverrouiller cet objet.
–Votre confiance me touche, maugréa le jeune Sith.
–Ne sois pas stupide. Tu es en vie de par ma seule volonté. Le neuvième apprenti, Chloan, le neuvième ! (Il eut un soupir.) Qu’ai-je fait pour mériter autant de désillusions ? Toutes ces années perdues. Quel gâchis. (La silhouette releva le menton.) Je ne me suis pas créé pour me justifier. J’étais certain de t’avoir formé correctement ; tu avais déjà formé des Jedi, après tout. Je vais être honnête. Je suis fatigué de vos échecs. Tu te reposais trop sur moi pour t’ouvrir la voie. Alors oui, tu mérites ce qui t’arrive. N’espère pas que je t’ai fait une fleur. Il était hors de question que tu esquives tes devoirs aussi facilement. Ne va pas croire que les Sith disparaitront si tu meurs, au passage. La galaxie est vaste, et la règle des deux a ses limites. (Un sourire carnassier s’afficha sur ses traits.) Ils sont peut-être déjà sur ta piste. Je ne te souhaite pas bonne chance, le Côté Obscur te guidera sur la voie qu’il a prévue pour toi. Enfin, peut-être.
L’holocron s’éteignit brusquement.
–Il ne manquait plus que ça, grommela Chloan. D’autres Sith potentiels. Magnifique.
–Nous nous perdrons dans la masse sur Coruscant, ce sera un bon moyen de brouiller les pistes.
–Nous ? releva Chloan.
Elle haussa un sourcil.
–Je suis curieuse de la suite de tes actions, et je ne peux décemment pas te laisser seul. Je dois protéger la galaxie des agissements des Sith, tu te souviens ? ajouta-t-elle avec un sourire.
–Vraiment magnifique, grommela Chloan.
*****
Coruscant, astroport, deux jours plus tard.–Tu imagines ? Si jamais une nouvelle purge Jedi se produit, nous pourrions devenir un fameux duo. Le Dernier Sith et la Dernière Jedi. Le parfait équilibre de la Force.
Elle éclata de rire.
–Sois sérieux deux minutes, Chloan. L’Ordre Jedi vient de renaitre de ses cendres. Qui oserait s’en prendre à nous ?
Chloan attrapa distraitement un prospectus en filmplast tendu par un jeune homme dont le collègue haranguait la foule. Il lut les premiers mots « Rejoignez le Premier Ordre – Pour remettre de l’ordre dans la galaxie – Non à la République, oui à un nouvel Ordre » et le jeta dans le premier compacteur disponible.
–Intéressant ?
Il haussa les épaules.
–Encore un mouvement pseudo impérial qui cherche à recruter. Alors, nous partons où ?
Un sourire éclaira son visage tandis qu’elle repoussait une mèche blonde derrière son oreille.
–Sur Anaxes. Mon monde natal.
FIN.Voilà, une page se tourne, un miracle a eut lieu :p