Pour commencer, j'ai lu le bouquin en 4 jours. J'en veillais tard, j'ai zappé télé et internet, je cours de retour du taff pour mon plonger dedans. Gray a fait du Gray. Lost Stars était l'un des meilleurs (le meilleur ? ) roman que j'avais lu car Gray avait réussi à exterioriser des pensées que j'avais sur
SW depuis un moment, allant au delà de la pudibonderie et du politiquement correct, en occultant le manichéisme propre de l'OT. Elle réussi une nouvelle fois ici.
Non, les Rebelles n'ont pas restaurer, l'ordre, la justice, la liberté, les oiseaux et l'amour dans la galaxie. Les Rebelles n'étaient pas des révolutionnaires, c'était des réactionnaires. Et Gray le montre bien. Un retour à la République qui n'a de nouvelle que le nom. Sénat corrompu, divisé, déconnecté totalement de la galaxie et du peuple, vivant dans son petit monde à part, de richesse, de ragots, d'apparences ... tel des nobles idiots et capricieux. Le sénat à toujours été ainsi. Sous l'Ancienne République, mais aussi sous l'Empire.
Les Rebelles ont beau avoir été pris de grand idéaux, de grandes causes chevaleresque sur lesquelles on pouvait palabrer durant des heures, au final, on ne retient que la restauration d'une démocratie galactiques avec les mêmes faiblesses et tare endémiques propre à ce système. Et le rêve s'effondre comme une poire. Laissant un truc ignoble, le même truc qui à envoyé la galaxie dans la guerre des Clones, au bord du suicide.
Comme dit ci-dessus, on se voit dire rapidement, en voyant la Nouvelle République, "bordel, tout ça pour ça ???". Ouais. Tous ces mort, une guerre civile ... pour ça.
Et c'est là que Gray est maligne.
Elle soulève le problème de toute révolution, de toute rébellion, de toute rébellion.
Se battre pour de grandes causes vagues et non politique, tel la liberté, et tuer en son nom, est facile. Très facile. Le rôle d'oppressé est le plus facile à tenir. Mais une fois le système à terre, une fois que tous brûlé, on fait quoi ? ON FAIT QUOI ?
Le rôle de gouvernant est on ne peut plus difficile à tenir, surtout quand on vient d'un mouvement qui n'a cesser de dénoncer l'autoritarisme.
Comment dénoncer l'autoritarisme et ensuite faire preuve d'autorité ? Car c'est souvent après la chute d'un système qu'il faut faire preuve du plus de discipline, d'autorité, d'absolutisme. Le piège de toute révolte réactionnaire est de plonger dans le prisme de l'idéologie, au delà de la raison, poussant inévitablement le nouveau système à l'inaction, au chaos, et pire, à l'incompétence. Ce revers de la Rébellion, c'est la faction Populiste qui la représente le mieux. Voulant a tout prix refuser un pouvoir central, un executif, tendant même à vouloir donner une voix à chaque citoyens d'une organisation s'étendant sur des billions d'êtres différents. Louable mais fou et impossible à mettre en oeuvre. Le moment le plus criant de cette idiotie, est quand le remplacant de Leia tends à prendre le poste suprême de Premier Sénateur ... pour le tuer dans l'oeuf et ne rien en faire. Le non-sens et l"idiotie absolue de la manoeuvre, au delà de l'ideologie, montre ce souci des Rebelles à assumer le gouvernement, cette place de leader et peut être interpréter comme des parasites, voulant bien prendre les avantages mais en refusant la responsabilité de leur fonction.
L'autre piège mis en avant par Gray, est, qu'une fois la désillusion du nouveau système concrète, réelle, et les faiblesses révélées, le démon de la nostalgie et de la minimisation de l'ancien système plane irrémédiablement sur le nouveau système.
Ici, le démon, ce sont les Centristes. De prime abords, ce sont de loin les plus aptes à gouverner. Il assume vouloir un pouvoir fort, à faire évoluer la Nouvelle République vers une forme assumé de gouvernance, en établissant un nouveau système rationnel qui prends aussi dans les aspects positifs de l'ancien. Une synthèse en quelque sorte. Mais comment ? Comment mettre en avant l'efficacité et les principes idéologiques louables de l'Empire, quand ce dernier est devenu un régime monstrueux et meutrier ? Comment se prévaloir de l'ennemi absolu pour faire avancer la cause du vainqueur de cet ennemi ? Comment avancer des arguments d'autorité quand tout le système repose sur une méfiance et un rejet extrême de l'autorité ? De part les problèmes avancé ci dessus par la faction Populiste, entraînant un blocage du système et une diabolisation totale d'une partie majeure des idées Centristes (pourtant pertinentes et certainement mieux amènent à être réalisées et de réussir que sous la tyrannie impériale), on crée le terrain du démon : la nostalgie et le révisionnisme.
A défaut de pouvoir avoir une Nouvelle République forte, à défaut de sentir glorieux et fier, on en vient à modérer les actes d'un régime qui inspirait fierté, uniformité, force et d'une certaine façon, la curiosité. De là a occulter que ce régime à fait sauter une planète et asservit tant d'autres. Une nostalgie est toujours un souvenir sélectif. On retient ce qui nous arrange.
C'est un danger de tout changement. De toute révolution. De tout nouveau système = la déception qui débouche sur le regard envieux et glorifié de l'ancien système.
Au même titre que l'Empire avait fait idéaliser l'ancienne République auprès des Rebelles, les exactions et défaillances de la NR, fait idéaliser l'Empire auprès des Centristes. Et fermente le terreau du Premier Ordre. Et cela nous donne une info capitale pour le 8 !! Le Premier Ordre ne se limitera pas à une bande de monde des Régions Inconnues. Dans la Grande Guerre, ils auront près de la moitié de la galaxie qui les soutiendront, ces mondes centristes suivant déjà les programmes impériaux des anciennes académies, depuis des années.
A bien des égards, toute cette gymnastiques de "vouloir un nouveau système" basé sur le rejet total de l'autorité, tout en devant fait preuve d'autorité pour cela, entraînant un complexe du pouvoir laisse bcp penser à la situation de l'Allemagne après 39-45, et son rapport très compliqué avec le pouvoir exécutif, et l'idée d'une autorité centrale, pourtant considérée comme naturelle et démocratique dans nombre de pays n'ayant pas eu cette même expérience de l'autorité.
Bref, Gray dresse un tableau politique extrêmement réaliste, et jouissif.
Les persos enfin. Car disons le, Bloodline, c'est surtout un contexte et des perso.
Leia : Contrairement à pas mal, son côté désabusée et aigri, renonciatrice va de paire avec l'évolution de la galaxie. Quand elle fut jeune, elle fut inspirée, pleine de fougue, guerrière, dévouée à l'image de l'Alliance Rebelle, conquérante, fière, et galvanisée par son combat.
Plus âgée, Leia est à l'image de la Nouvelle République : faible, désabusée, déçu. C'est un grand truc de Star Wars ça : l'évolution d'un personnage principal à l'image du reste de la galaxie, tel un jeu de reflet et de miroirs. Leia retrouve sa force et sa détermination lorsque nait la Résistance car Leia, à l'image de ses camarades, ne sont plus dans ce rôle compliqué de gouvernant, de détenteur de l'autorité, mais sont de retour à leur rôle de guerrier, de combattant de la liberté... un rôle, comme je l'ai dit, beaucoup plus facile à tenir.
Point négatif : sa schizophrénie politique. Populiste elle combat l'idée d'une autorité centrale, d'une armée galactique forte et combat les positions Centralistes .... tout en dénonçant la manque de leadership du Sénat, l'absence d'unité, le fait que les planètes soient livrées à elles même et l'absence de réaction face à la menace ... pour finalement faire un mouvement militaire galactique hiérarchisé à la manière militaire. Si elle refusait l'autorité qu'elle, au fond, désirais, elle espérais quoi ? Que les milliers de Sénateur politiquement opposés s'embrassent et marche main dans la main ? Dans ce cas sa désillusion politique contraste avec une grave et condamnable naiveté digne d'une adolescente n'ayant pas compris comment fonctionnait la démocratie. Cette schizophrénie politique, tout en ce permettant de juger parfois aussez durement les opinions de Casterfo, m'ont parfois péniblement agaçé. Le genre de "bien pensance" sans queue ni tête, qui dénonce, mais n'apporte aucune solution. Soulignons que le dernier espoir de réunir le Sénat de Leia, passait par le poste de Premier Sénateur, idée qu'elle a décrié par automatisme au début, et qui est issu du camp Centriste. Bref, avec autant de "bagages" politique, j'avais espéré une plus grand réalisme et une pensée politique plus structurée pour Leia.
Seastriker : Un Luke-like à tous les niveaux. Chiant comme la mort, tant j'y voyais Luke. Rien à dire de ce côté.
Korr Sella : C'est qui ? Tellement lisse. La seule révolte face à la vérité de Leia permet au personnage d'exister pendant une demi-seconde dans ce bouquin.
Greer Sonnel : le personnage féminin secondaire attirant un tantinet notre attention. Un caractère précis, réaliste, visible, et appréciable à lire. On s'y attache et la révélation sur la raison de la fin des courses m'a ému. La maladie est toujours un sujet difficile (en tout cas pour moi) et très peu développé dans
SW. Du coup je m'y attendais pas une seconde. Ce fut surprenant, original, et merveilleusement bien traité. Bref, je veux revoir Sonnel.
Sindian : un personnage qui n'a aucun intérêt au début à part montrer la vanité, la "noblesse" (au sens péjoratif du terme) du Sénat nous aidant qu'a nous en dégoûté un peu plus, jusqu’à la révélation. Son rôle capital pour permettre le retour du Premier Ordre, la guerre qui en découlera et la restauration d'un Empire. Quintessence de mon propos sur la nostalgie mal placée, cette obsédée du pouvoir, des richesses et des titres, regrette un temps et un Empire qui portait à la gloire ce genre de chose mais uniquement dans son esprit, oubliant totalement que l'Empire ne reconnaissait que les titres militaires, et la force dans la loyauté, ayant dissout le Sénat, privé de tout pouvoir et d'importance les Sénateurs, allant jusqu’à en avoir arrêté plus d'un. Un cécité des plus intéressante, le tout huilé par des machinations sous jacentes comme la sécession future des Centristes pour le Premier Ordre, pourtant totalement antiparlementariste (en tout cas de prime abords), posant les bases du 8.
On regrette seulement de pas avoir plus détails, sur les raisons de son engagement et de son dévouement (somme toute réel) pour le Premier Ordre, et sa vision pour la galaxie, restant très nébuleux entre son soin des apparences contrastant totalement avec sa cause secrète.
Casterfo : Ah Casterfo !! Voilà qui fait toute la saveur de ce bouquin. Casterfo, qu'on hait au début, enfin qu'on apprécie peu plutôt, se fait ensuite passé pour un idéaliste un peu déconnecté et extravagant sur la réalité de l'Empire avant d'être, en fait, un homme au passé lourd, tragique, et une logique et une pensée politique puissante et des plus construite. Enormément de fan disait, "ah si seulement l'Empire n'était pas dirigé par Palpatine". Dont moi. Cancer. C'est le mot que Casterfo utilise pour décrire la place des Sith dans l'Empire. Je suis persuadé d'avoir déjà fait moi même cette allégorie auparavant. C'est là encore la force de Gray. D'avoir écouté la base des fans et donné corps réaliste à cette pensée. Si nombre de fans de
SW pense cela, il y a de forte chance pour qu'une grosse partie de la population galactique in universe post-guerre civile ait les mêmes idées, ou du moins les même réflexions. Après tout ce n'est qu'une question d'échelle. Ainsi Casterfo donne écho à ces réflexion moins manichéennes, plus nuancées sur l'Empire ouvrant d'autre débat. Le caractère terroriste de l'Alliance Rebelle, débattu avec Leia est aussi savoureux. On met un nom sur des actions qui même ici, sur ce forum, on donnez lieu à des débats, et il n'y a pas si longtemps que ça si je me souviens bien et dont j'ai participé
C'est assez marrant et plaisant de voir une retranscription de ces échanges de fans posés sur bouquin, et racontés dans une histoire, avec des dimensions star warsiennes réelles.
Le destin de Casterfo et la phrase de Leia à la fin disant qu'il aurait combattu à leurs côtés, montre que l'on peut avoir des convictions impériales, et respecter la vie, autrui et être portés par de bons sentiments. Cela rends aussi hommage à une grande partie des Rebelles qui n'étaient pas des Républicains convaincus ou des amis de la démocratie, mais des Impériaux, qui croyaient en une cause, en des lois en un état de droit et qui ont fait le choix de la Rébellion, AU NOM des ces idées, pourtant en désaccord avec la République. Casterfo représente ce genre de Rebelle. Cette phrase est puissante et trouve tout son sens. "Vous auriez été de notre coté". Comme d'innombrables Impériaux, réformistes, qui ont soit été sacrifiés au nom de l'Empire (faisant le choix d'une loyauté que l'Empire ne méritait pas) soit absorbés par la Rébellion, mais qui n'ont jamais vraiment trouvé leur place, ni vu leur idéal être porté. A l'image du sort des ces "impériaux" lors de la Guerre Civile, ce sont les membre de son propre camp Centriste, extrémistes, dévoyés, qui le condamne à mort. Le parallèle était beau. L'extrême l'emporte encore sur la modération et sur la synthèse.
J'espère de tout coeur que Casterfo survivra, m'étant incroyablement attaché à ce personnage. Ce serait tellement injuste.
Enfin quelques points négatifs en dehors de ceux déjà soulevés :
Les flashbacks. Les liens avec l'OT sont appréciables, mais la manière dont il sont desservies, au milieu des pensées et d'histoire de manière si brutale, donne un peu l'impression de nous forcer la main, tel un gorille peu délicat qui nous fou dans la tronche des images de l'OT en disant : Hey t'as vu ?! T'as vu, hein ?!! J'ai fait des liens avec l'OT ? T'as vu ?! Tu la sens la nostalgie ? C'est du vrai
SW la postologie. Ils auraient pu faire ça plus dignement.
L'absence de l'armée de la Nouvelle République, trop survolée. La démilitarisation est une question centrale, épineuse de la posto, puisque c'est ce qui permettra au PO de l'emporter sur la NR et pourtant, il n'en est même pas fait mention outre mesure.
Pas d'indication sur Ben et Luke. C'est voulu, mais forcément, un brin déçu de garder ça à part et de laisser autant de mystère la dessus.