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Lightbreaker

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Messagepar Anah Sarïs » Mar 10 Nov 2020 - 13:21   Sujet: Lightbreaker

Salutations :cute:

Avant de vous proposer le premier chapitre de cette fanfiction nommée Lightbreaker, je me permets de préfacer son contexte.

Cette fanfiction est issue d'un roleplay forum dont le contexte se situe aux alentours de 3400 années avant la bataille de Yavin. Le contexte est inspiré de KoTOR, avec toutefois des ajouts purement originaux qui n'ont rien à voir avec KoTOR?,SWOTR, Legends et j'en passe. Pour les puristes du lore, je suis navrée, certaines choses peuvent faire grincer des dents mais il faut prendre l'écrit tel qu'il est : une fanfiction. L'univers Star Wars est un support à la créativité. Cette fanfiction inerroge plutôt la psychologie des personnages et autres enjeux dramatiques. C'est une fanfiction qui se passe uniquement du point de vue impérial Sith, avec des personnages qui sont des créations originales.

La fanfiction alterne entre les POV des deux personnages principaux marqué à chaque fois par un symbole qui les distingue. Etant donné qu'elle est adaptée d'un RP, elle est écrite à quatre mains et nécessite donc les deux points de vue ce qui peut parfois induire le sentiment au lecteur de "revenir en arrière".

Bonne lecture :jap:



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Il y a bien longtemps, des milliers d’années avant la Bataille de Yavin…

… Un jeune Empire Sith a pris possession de nombreuses planètes dans la Galaxie. Néanmoins, les mouvements locaux de rébellion existent et doivent être matés par les impériaux, en particulier sur les mondes récemment conquis, comme la belle Artorias, aux plaines luxuriantes parsemées de fleuves torrentiels et de villes autrefois prospères.

Bien sûr, les Sith, ces êtres dotés d’une sensibilité particulière à la Force, prêtent main forte aux services de renseignement, au Clergé et l’Armée Impériale pour asseoir la puissance obscure du nouvel Empire Sith.

Tout jeune Sith est passé par l’Académie de Korriban pour y être formé : c’est la règle. Ce fut le cas de Lloyd Hope comme de Dana Shar, qui s’y sont croisés au cours de leur entraînement il y a bien des années. Si le premier, hapien au parcours tortueux dans l’Empire, a choisi de rejoindre les rangs de la Marine Impériale, la seconde est une lointaine descendante du Seigneur Sith Shar Dakhan et a suivi la voix du Clergé Sith.





Chapitre 1.

Dana se réveilla en sursaut, le front perlé de sueur. Au creux de son lit, elle n’arrivait pas à calmer sa respiration saccadée. Le visage de sa sœur Damaya, figé dans la souffrance, parasitait son esprit. Sa main fébrile rampa vers le chevet et s’empara d’un paquet de cigarras…vide. Elle secoua la petite boîte, agacée.

-Merde…

Un mal de crâne succéda à son réveil et elle quitta difficilement sa couchette. Un léger courant d’air, charrié par les recycleurs d’oxygène du vaisseau, dressa une chair de poule sur son corps trop peu vêtu. L’eau froide de la douche n’arrangea pas cette sensation, mais fut nécessaire au rétablissement de ses pensées désordonnées. Elle se remémora sa mission prochaine avec une grimace capricieuse. Il lui semblait étrange, et très suspect, qu’elle fut convoquée afin de se voir attribuer un ordre de mission. Depuis son arrivée dans la Marine Impériale, les officiers supérieurs lui foutaient une paix relative. Ils appréhendaient l’idée que cette jeune Inquisitrice puisse remuer la fange du secret militaire. Le Lightbreaker était un croiseur de classe Terminus, flambant neuf. Il n’avait pris part à aucune bataille notable. Il rutilait, tout droit sorti des chantiers navals impériaux. L’Etat-Major Sith avait mis à son commandement, de jeunes officiers. Aussi jeunes et inexpérimentés que ne l’était le vaisseau. A vrai dire, les stratèges expérimentés de la Marine tenaient à conserver leur propre bâtiment de guerre, aussi antiques étaient-ils, et ne s’étaient pas résolus à une mutation sur un navire qu’ils jugeaient raide et peu rôdé à l’exercice d’un bon combat spatial. Le Collège de la Purification, tout comme Dana, souhaitait s’assurer que ces nouveaux commandants eussent l’esprit aussi loyal que neuf. Le Capitaine Iani Chaos avait la lourde charge d’une section composée du Lightbreaker et de deux autres frégates. Ses maîtres de l’académie martiale n’avaient jamais tari d’éloges sur son génie et son esprit de stratège bien que, comme son vaisseau, il ne connaissait pas l’expérience d’un combat naval. Sur le pont de navigation, ses galons semblaient peser et il luttait constamment pour conserver les épaules droites et hautes. Ses cheveux bruns étaient longs, mais impeccablement disciplinés vers l’arrière. Selon les normes humaines, il s’avérait agréable à regarder malgré cette cicatrice disgracieuse qui lui barrait la joue droite. Entouré des tonnes d’acier de son croiseur, il se croyait intouchable. Il pensait que c’était là, tout l’art de la guerre : posséder un vaisseau de guerre qui fendait majestueusement l’océan intersidéral, pour l’éternité. Aucun cri, aucun choc : juste l’ordre et le silence.

Dana boutonnait son chemisier sombre tout en progressant le long des coursives. Elle tenta bien de grapiller une cigarra ou deux à des soldats, sans succès. Le manque de toxine se ferait sentir plus tard. Elle aurait l’impression que ses nerfs se briseraient. Elle prit les escaliers menant au pont de navigation. Ses jambes avalèrent les marches deux à deux et elle se présenta au Capitaine Chaos, hâtée d’en terminer.

-Capitaine, salua-t-elle sans un regard pour lui, occupée à attacher ses cheveux.
-Capitaine Chaos, rectifia-t-il. Et comment dois-je vous appeler déjà ? Inquisitrice Shar ? Inquisitrice ?
-Aucune importance. J’aimerais connaître cet ordre de mission qui tombe à pic puisqu’il va m’éloigner un moment du Lightbreaker.

Il poussa un soupir discret, partagé entre la crainte que lui inspirait une Sith et l’agacement provoqué par son irrévérence.

-Cette mission émane du Clergé, de votre branche. Je n’ai aucune pouvoir décisionnaire là-dessus. Je ne suis que le messager.
-Je n’ai jamais vu de messager avec cette tronche-là dans le Clergé, tiqua-t-elle avant de prendre place dans l’un des sièges réservés aux officiers de communication.
-Je partage votre surprise. En tous les cas, voici.

Elle accepta de mauvaise foi le datapad qu’il lui tendit.

-C’est une mission d’infiltration sur Artorias. Visiblement les…
-Je sais, le coupa-t-elle après avoir levé les yeux au plafond. Nos renseignements soupçonnent depuis un moment la mise en place d’un réseau de résistance aux forces d’occupations impériales. Dire qu’on se casse le cul à reconstruire ce monde. Certains peuples sont vraiment ingrats.
-Rien n’est vraiment prouvé. Artorias est un des bastions de l’Empire désormais. Votre mission consiste à vérifier si ces soupçons sont fondés. Un de nos éléments dans la Marine, un…je veux dire, un homme comme vous… un Sith…h (Il se racla plusieurs fois la gorge, incertain.) a visiblement pris contact avec des personnalités rebelles sur le terrain.
-Et il est toujours en vie ? s’étonna-t-elle. Et dans vos rangs ?
-C’est l’objectif, il joue double-jeu. Mais il semblerait que ces…personnalités demandent une preuve de bonne foi. Et c’est là que vous…ahm, intervenez.

Elle ne l’écoutait plus, l’attention rivée sur les informations que dégueulaient le datapad. Une mission d’infiltration où elle accepterait le rôle de prisonnière, d’appât…à la merci de cet informateur de la Marine ? Tous les éléments se réunissaient pour provoquer un immense refus. Cependant, la mission semblait commanditée par les autorités militaires et religieuses. L’absurdité de la tâche, consistant à singer la capture d’une Inquisitrice Sith n’était pas le plus déroutant. Dana s’interrogeait sur le binôme éventuel. Elle n’excellait pas vraiment dans le travail d’équipe. De Korriban à Axxila, de l’apprentissage Sith aux Lames Rouges, elle n’avait jamais développé un grand sens de la solidarité.

-Qui est ce type exactement ?
-L’Officier Lloyd Hope.

Et son rire se propagea dans tout le pont de navigation. Les soldats et officiers présents osèrent un regard interloqué vers eux, pris de court par cette hilarité soudaine. Dana aimait rire quand elle était contrariée ; une réaction incompréhensible qui érigeait une barrière mentale entre elle et l’information impossible à digérer. Ce flot hilare ne tarissait pas car elle devait encaisser la surprise, l’incompréhension et le visage du hapien qui, soudain, éclorait dans son esprit las. Iani ne sut comment interpréter cette attitude.

-Il vous attend au pont inférieur. Il a sa propre navette.


L’attachement de Dana au culte Sith décida son sacrifice pour cette mission. Elle ne souhaitait pas rougir devant ses propres supérieurs, ni justifier d’un quelconque échec. Alors qu’elle entamait sa descente vers le pont inférieur, elle se demandait si Darth Rùna, son maître, n’était pas responsable de cet impératif urgent. Une parenthèse à peine remarquable dans ses obligations à bord du Lightbreaker où elle n’avait pour le moment déniché aucun conspirateur contre l’Empire Sith. Les lumières du vaisseau se reflétaient sur le cuir noir de son pantalon qui lui seyait comme une seconde peau. Une énième tentative de racket pour une cigarra, un nouvel échec et elle pénétra le Hangar à chasseurs avec dépit, le manque brûlant dans ses veines échauffées. Une frustration bien vite chassée par une autre : elle devait se délester de son attirail habituel ; laisser sa pique-laser au bercail et ne compter que sur la Force pour se sortir d’un éventuel mauvais pas. Elle repassa en revue différents scénarios, alors qu’elle alignait les portes d’embarquement dans sa progression. Ses talents d’actrices seraient mis à rude épreuve. Le Clergé avait élu le pire élément pour ce genre de tactique ; à croire que, quelqu’un, là-haut, lui souhaitait du mal.

L’agitation routinière des lieux n’altéra pas sa concentration. Dana Shar n’était déjà plus là, mais aux côtés de son Maître, des mois plus tôt. Elle n’avait pas empêché sa curiosité de prendre le dessus et avait consulté les maigres données que l’Inquisition possédaient sur Lloyd Hope. Son passif de déserteur ne lui avait pas échappé. Qu’il fût un traitre à la cause impériale n’avait fait que raviver les braises de la haine et de l’incompréhension. Hope n’avait toujours été qu’un fantôme drapé de déceptions, tout comme l’était Damaya. Cette mission allait droit au désastre.

Elle reconnut l’appareil parce qu’il détonait au milieu des vaisseaux flambants neufs. Un dévaronien de taille modeste semblait affairé sur la carrosserie. Arrivée à sa hauteur, elle plaqua un pied autoritaire sur l’acier qui préoccupait le mécanicien, dans un choc assez bruyant et sourd pour qu’il lève le regard sur elle.

-Cette poubelle volante est celle de Hope ?




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- … de bien piètres résultats, pourtant. Ce qui s’est passé sur Vaynai ne joue pas en ta faveur… Lloyd.

Le hapien serra nerveusement ses mains gantées et ferma un instant les yeux. Il était face à un large hublot où l’espace, vide de toute substance, le toisait de son air morne. L’holocommunicateur, auquel il tournait le dos pour le moment, affichait la silhouette d’un twi’lek à la carrure imposante, assis dans un fauteuil. Le ton blafard de l’hologramme ne rendait pas justice à la peau flamboyante de Darth Laduim, mais dans l’esprit de Lloyd, la présence du maître était aussi vive qu’une brûlure intense.

- Ce qui s’est produit était contre-nature, rétorqua-il froidement. Le Seigneur Khorog lui-même ne s’est douté de rien jusqu’à ce que nous soyons pris au piège.

Un sourire s’élargit sur la face du twi’lek, que Lloyd sentit dans sa voix, même sans voir l’hologramme.

- Il n’empêche que j’ai ressenti ton trouble. Et que le Clergé t’a à l’œil désormais, à cause de cela. Ainsi que ta chère et tendre…

Le hapien balaya les propos du maître d’un geste agacé de la main. Mat’aenna. Et dire que c’était pour elle qu’il avait fait tout cela. Cela faisait déjà deux mois qu’il venait de passer sur Artorias pour une fichue mission du Clergé, sans accès à ses communications personnelles ordinaires. En venant sur le Lightbreaker, il avait pu établir un contact sécurisé à sa messagerie pour constater… Que Mat’ n’avait pas daigné lui écrire le moindre mot. Il ne savait plus guère quoi penser. Darth Laduim mettait de l’huile sur de vieilles braises et le savait fort bien. Lloyd n’était pas très bon pour dissimuler sa contrariété. Il se retourna, desserrant la mâchoire uniquement pour orienter la conversation vers sa fin.

- Je le sais fort bien, mon maître, dit-il docilement, en dépit de l’amertume qui lui emplissait la bouche. Ne vous inquiétez pas. Ils seront bientôt rassurés, et ils ne penseront plus à vous soupçonner à travers moi. Cela n’arrivera pas de nouveau, Seigneur Laduim.

Le twi’lek eut un mouvement de tête pour acquiescer, satisfait.

- Bien. Donne-moi de tes nouvelles lorsque tu auras regagné la confiance du Clergé, alors.

Le Seigneur Sith disparut de la petite plate-forme et la pièce fut de nouveau plongée dans l’obscurité. Seules de petites lampes discrètes, indiquant les portes de sortie, jetaient des reflets orange dans les cheveux d’or du hapien. Lloyd laissa échapper un bref soupir, passant une main dans son cou trempé de sueur, desserrant le col de sa tunique de pilote qu’il portait à la place de son uniforme habituel. A bord du Lightbreaker, où il avait obtenu cette petite pièce sécurisée pour quelques instants, il avait dû utiliser son badge maintes fois pour prouver son identité, ce qui avait augmenté encore sa nervosité. Mais il aurait été imprudent qu’on l’eût reconnu avec son uniforme impérial alors même que sa couverture le désignait, pour quelques mois encore, comme un pilote assigné à la logistique impériale.

Il se laissa choir sur un siège et attendit quelques minutes pour que son corps pût refroidir, songeant à ce qui allait se produire désormais. Retourner sur Artorias, ramener un prisonnier du Clergé. Quelqu’un qui pourrait fournir de vraies informations à la résistance artorienne. Au moins pouvait-il intellectuellement se mettre quelque chose sous la dent.

Il se leva brusquement, arrachant sa carte de communication de l’appareil pour filer vers la sortie d’un pas raide.





- … pas l’droit de rentrer sans son autorisation, d’ailleurs !

La voix de Mumkin était parvenue aux oreilles de Lloyd avant même qu’il n’ait le vaisseau dans son champ de vision. Le hangar était rempli de chasseurs alignés que des individus en beaux treillis n’ayant jamais servi dans la moindre bataille bichonnaient comme s’ils s’étaient trouvés dans un salon de l’astronavigation. A leurs mines fières, on devinait que ces gamins-là n’avaient encore jamais volé que dans des exercices et des patrouilles de routine. Ils n’avaient pas encore vécu leurs premières batailles. Lloyd les plaignait.

Il hâta le pas, devinant que le dévaronien s’était encore attiré des ennuis. Or, Lloyd n’était pas d’humeur à perdre son temps et son énergie ; il embarquerait le prisonnier sans perdre de temps avec les histoires farfelues de son pilote – rétrogradé au rang de co-pilote depuis sa nouvelle couverture. Quand il eut enfin la navette sous les yeux, il aperçut tout de suite la silhouette à qui Mumkin faisait le dos rond : c’était une petite femme à la chevelure noire qui lui tournait le dos. Lloyd imagina tout de suite que le dévaronien à l’allure atypique avait dû s’attirer la malveillance du poste de contrôle des quais. Il tira immédiatement sa carte d’identité impériale, où son appartenance à la chefferie de la Marine Impériale était bien visible et écartait d’ordinaire ce genre de problèmes.

- C’est mon vaisseau, déclara-t-il sèchement en montrant directement sa carte à la femme, s’interposant entre Mumkin et Dana. Nous attendons un colis et partirons dans quelques minutes.

Considérant que l’affaire était déjà réglée, il se tourna vers Mumkin.

- On est prêts à décoller ?

Ce dernier affichait une moue farouche, comme s’il essayait de transmettre une information capitale à Lloyd par la pensée. Comme il n’était pas un utilisateur de la Force, il était juste beaucoup plus moche que d’habitude, sans impact télépathique. Le hapien comprit toutefois que quelque chose clochait. Fronçant les sourcils, il regarda de nouveau la jeune femme en remettant sa carte à l’intérieur de sa poche intérieure.

- Ah. C’est vous le col… La prisonnière ?

Merde, ce visage qui le fustigeait du regard, cette cicatrice sur la lèvre inférieure... ça lui disait un truc.
Ils s’étaient déjà vus quelque part. Mais où ?

- Je vous ai montré une preuve de mon identité, j’aimerais bien voir la vôtre, déclara-t-il sur un ton guindé.

Technique infaillible pour ne pas commettre d’impair.

- Question de sécurité. Je vous rappelle que nous sommes sous couverture et que la mission est dangereuse.

Il avait été en outre obligé de hausser la voix à cause du ronronnement sonore d’un appareil avoisinant le leur et dont on testait les réacteurs. La bête soufflait par ses orifices un air chaud qui créait dans le hangar un vent chargé d’une odeur d’hydrocarbures. Rien de plus familier pour Lloyd et son dévaronien de compagnon, mais incommodant lorsque l’on n’y était pas habitué.

- Le plein a été fait, dit Mumkin dans le dos de Lloyd, revenant dans la conversation comme sur la pointe des pieds, interrompant le silence gênant qui s’était installé. Autorisation de décollage déjà active. C’est quand vous voulez, hein.


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Lloyd avait changé. Quoique le terme changer ne soulignait pas assez l’énorme gouffre qui existait entre l’image passée et celle présente. On aurait pu dire que les épreuves de la vie l’avaient transformé. En réalité, il collait parfaitement à la représentation qu’elle se faisait d’un traître. Et cette manie de brandir l’espèce de « passe-droit » impérial, comme s’il devait se justifier en permanence. Le vrombissement assourdissant des réacteurs en essai accentuait la tension qui lui nouait salement les tripes. Le manque de cigarra fêlait déjà une partie de sa raison et la nervosité grandissait. Elle serra le poing, alternant son attention entre l’un et l’autre.

-Je vais devoir mettre certaines choses au clair. Nous partons quand je l’ai décidé. Je monte sur ce rafiot de la honte (et elle désigna la navette) sans autorisation de qui ce soit.

Elle les bouscula sans ménagement pour grimper sur la passerelle d’embarquement., tâchant de faire un peu de place pour son amour-propre. Il valait mieux être sans pitié avec le passé. Dana s’orienta dans l’espace restreint de l’appareil et fit son nid confortable dans le siège du co-pilote. A travers la baie de pilotage, elle observa les soldats s’affairer. Un chasseur en délogeait un autre dans un ballet incessant de va et vient. Elle se saoula du spectacle jusqu’à en avoir la nausée. Elle détestait l’espace, celui avec un grand E, qui emplissait les trois-quarts de cette Galaxie. Cette étendue vide, sans bruits, sans chaleur, ne lui inspirait aucune passion et laissait son cœur désespérément vide. Elle était fille de la terre, de la roche et des océans arides où rien ne poussait. Digne Sith de Ch’Hodos, elle appréciait la morsure d’un soleil irradiant, le bleu étincelant du ciel bourré d’oxygène et surtout la gravité réconfortante... Au sein d’un vaisseau spatial, l’air revenait comme on l’avait expiré, au point qu’on avait l’impression qu’il se raréfiait. Et à bord de la navette qui la mènerait à un sort encore incertain, elle étouffait : de haine et de manque.

Elle perçut faiblement l’aura de Lloyd dans la Force avant même de croiser son regard. Elle se mordit l’intérieur de la joue et lança vers le duo, sans une œillade pour eux :

-Je suis Inquisitrice pour le Clergé Sith, votre « colis ». C’est engageant de voir à quel point, vous prenez au sérieux les missions visant à rétablir l’ordre dans ce foutu Empire. Surtout lorsqu’elles sont SI dangereuses.

Elle étendit ses jambes et croisa les pieds sur le tableau de commandes, coulant un peu plus dans le confort du siège. Pour les mêmes raisons de sécurité absurdes qu’il avait invoquées, elle ne fournirait pas de nom. Son identité éclaterait bien au grand jour, à moment où l’autre.

-Ils ne me tueront certainement pas. Je pourrais servir de monnaie d’échange contre des prisonniers ou…soyons fous, de source d’informations stratégiques. Mais toi (et elle détourna à peine son faciès au maquillage impeccable pour s’adresser au blond), s’ils savent que tu es un traître, ils te tuent. Si moi je découvre que tu en es un, je te tue également. Je n’ai pas de temps à perdre à savoir qui joue double-jeu pour quel camp.

Dana ne s’encombrerait d’aucune pitié durant leur périple. Si elle avait le bonheur de tomber sur un nid rebelle, elle pratiquerait une extinction sommaire, sans ganter ses mains de dentelle. Ce qui aboutirait à une réprimande de sa hiérarchie, l’invitant à davantage de subtilité ou lui reprochant de ne pas avoir enquêté afin de connaître d’éventuels liens entre le réseau artorien et d’autres cellules de résistance. Elle jeta un nouveau coup d’œil vers Lloyd. Peut-être tempérerait-il sa course effrénée à l’exécution. L’idée qu’il put jouer un contre-poids dans l’extrême qu’elle représentait rendit son humeur maussade. Agacée de tourner en rond, elle finit par lever les mains au-dessus de sa tête, profitant d’avoir son attention. Ses poignets fins étaient bien mis en évidence. De son chignon débraillé s’échappaient quelques mèches frondeuses qui absorbaient de leur jais absolu toute la lumière alentour :

-J’ai une préférence pour les menottes étourdissantes, ironisa-t-elle. Au moins, cela m’empêchera de donner des claques au dévaronien qui te sert d’animal de compagnie. Et puisqu’on y est, j’attends également ton rapport sur les informations que tu aurais chiné auprès de ces artoriens. Le Capitaine Chaos m’a vendu du rêve à ce sujet. Une fois tout ceci réglé, nous pourrons décoller.

La voix de la Sith n’était pas toujours agréable à entendre. Dans ses mots résonnaient un sarcasme perpétuel qui venait éclater dans ses prunelles dorées. Elle se moquait du monde, incapable de se soucier réellement du sentiment de ses interlocuteurs. Derrière la baie de navigation, le décor du hangar avait laissé place aux murs sombres d’un caveau secret, des années auparavant. Au-dessus de son faciès, ses mains tremblèrent légèrement. Elle n’avait jamais effacé de sa mémoire le nom du zeltron, ni celui du hapien.


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Sentant que l’Inquisitrice se trouvait dans la baie de pilotage, Lloyd prit son temps pour aller dans sa cabine y déposer quelques affaires, notamment son datapad et quelques documents qu’il se hâta de faire disparaître dans une caisse munie d’un verrou : on ne laissait rien traîner en présence de l’Inquisition Sith. Maintenant qu’il avait vu le colis, il avait une folle envie de contrôler l’ensemble du vaisseau pour vérifier que rien ne pouvait être un signe de trahison ; il fallait dire que Mumkin et lui vivaient là la plupart du temps et qu’ils prenaient un peu leurs aises. Il se fustigea intérieurement de n’avoir pas fait un tel ménage avant de recevoir le colis.

Au bout d’un moment, cependant, il fallut bien se décider à aller rejoindre le cockpit pour le briefing de la mission. Il s’y rendit avec un pas sec et, avant de s’asseoir dans le fauteuil de pilote, en profita au passage pour déloger les deux pieds qui s’étaient étalés sur le panneau de commande.

- Excusez-moi, Madame l’Inquisitrice, mais je vais avoir besoin de ça pour travailler et vous briefer, justement.

Son ton était acide. Il n’avait pas relevé sa remarque désobligeante à propos de son sérieux. Visiblement, elle n’avait pas enquêté sur son profil, car le manque de sérieux n’était pas vraiment ce dont on pouvait l’accuser. Ou alors, elle faisait exprès de l’enquiquiner là où c’était vexant parce qu’il l’avait contrariée, ce qui était tout aussi plausible.

Il se laissa choir sur son fauteuil en jetant sur le panneau de commande une pile de dossiers. Il eut du mal à ignorer les nouveaux propos de la jeune femme. Mais il fit un effort pour garder en lui-même ce qu’il pensait. Tu attends mon rapport, hein ? Attends un peu d’être ma prisonnière, petite peste. Sans un regard pour elle, il se mit à ouvrir les dossiers et à lui mettre sous les yeux une série de visages.

- J’opère dans le secteur Myto depuis près de deux mois sous la couverture d’un pilote impérial en charge du transport de cartes matricules pour le fret, débita-t-il sans se soucier de vérifier si elle le suivait. Je suis censé faire des aller-retours réguliers entre la zone et Telos pour équiper tout nouveau vaisseau d’une identité impériale. Je dessers aussi Sernpidal, Plooma et Gravlex Med. Parfois Gree, plus rarement. Ces personnes-là constituent la bande que j’ai intégrée.

Il pointa le doigt sur l’humain pâle au large col.

- Lui c’est Luis Raidun, un genre de sous-chef de la bande. Je l'ai rencontré grâce à Jax Nortell – il pointa du doigt le gamin blond – qui est un ami de Cassandra M’bari – il pointa l’humaine brune aux cheveux bouclés – que j’ai rencontrée dans un bar dont on m’avait informé qu’il était un peu un QG de la bande. J’ai pris le temps de faire ami-ami avec les deux derniers pour gagner leur confiance. Quand ils ont su mon activité de couverture, Raidun s’est intéressé à moi car il n’a pas de papiers impériaux ; il lui est donc difficile de circuler de planète en planète. Néanmoins, il m’a payé pour que je l’emmène illégalement sur Sernpidal récemment, où nous avons récupéré Kot’gudu et sa fille, Aor’gudu – il désigna les deux femmes twi’leks. Elles étaient en danger sur Sernpidal suite à un sabotage, j’ai donc aidé Raidun à les rapatrier tout aussi illégalement il y a environ trois semaines. Depuis, elles vivent cachées dans le QG pas loin du bar en question. Je ne sais pas trop ce qu’elles y font ; mais je crois qu’elles fabriquent de faux papiers d’identité impériaux. Quant à Kallbus, le gungan, Haddal, l’humain aux rastas, et Alopseno, le twi’lek à la peau rouge, ils sont des espèces de vermines à tout faire que Raidun utilise pour faire de petites actions ; menaces, coursiers… Ce genre de conneries. Au fond le travail principal de la bande est de susciter une défiance envers les discours religieux venant de l’Empire, ce qui agace beaucoup le Clergé.

Lloyd fouilla dans le dossier, pour en extirper une énième fiche d’identité.

- Mais celui qui nous intéresse, en réalité, c’est lui : Stanilas Brilak. Il donne ses ordres à Raidun. Brilak est un aristocrate. Du genre qui était très favorable à la famille royale, de l’époque pré-impériale. C’est lui qu’on soupçonne d’organiser toutes ces petites cellules de sabotage comme celle que j’ai intégrée. Pour ça, il aurait graissé la patte de quelques impérieux locaux, mais nous ne savons pas lesquels, et c’est ça que nous devons découvrir. L’idée est de réussir à faire tomber tout le réseau d’un coup : Brilak, ses alliés dans l’aristocratie, mais aussi les impériaux qu’il a corrompu. Raidun et sa bande, en réalité, sont bien trop insignifiants. Les exécuter eux, ce serait griller toutes nos chances d’aller rencontrer des gens un peu plus hauts dans leur hiérarchie.

Le hapien s’enfonça dans son fauteuil, laissant les documents sous le nez de la jeune femme, le temps qu’elle s’habitue à ces visages. Lui détaillait le sien. Cette cicatrice sur la lèvre, cette cicatrice, il était tellement sûr de l’avoir vue quelque part…

- Voilà, votre Magnificence, reprit-il avec une ironie évidente. Maintenant, il faut que Raidun me fasse davantage confiance. Après avoir été un bon moment un collègue de galère, je lui ai dit que ma rancœur pour l’Empire - à cause d’une carrière ratée, j’ai fait croire que je me destinais à être un grand pilote dans la Marine impériale mais que j’ai été rétrogradé suite à la connerie de l’un de mes supérieurs – bref, je lui ai dit que ma rancœur pour l’Empire et leur fréquentation m’avaient amené à vouloir prendre des actions plus grandes. Il m’a d’abord fait patienter, puis il m’a fait comprendre qu’il fallait que je prouve un peu ma bonne foi en utilisant les privilèges de mon job pour leur ramener quelque chose qui aurait une grande valeur. D’où ma demande d’obtenir un prisonnier ayant de vraies infos.

Une belle connerie, visiblement. Il haussa les épaules et écarta les mains, comme pour signifier que c’était tout. Mais soudain, il eut un sursaut pour se pencher vers elle pour lui parler d’un peu plus près, comme s’il voulait être sûr qu’ils échangeraient bien yeux dans les yeux une minute. Des yeux qui lui disaient toujours quelque chose, d’ailleurs. Il avait baissé la voix de façon à ce que les oreilles de Mumkin ne récupèrent rien de là où il se trouvait.

- On m’a donc confié votre excellence pour que je la donne à ce joli réseau. Pour moi, ça signifie deux choses : d’une part, qu’on vous a mis sous ma responsabilité, pas l’inverse. D’autre part, que la hiérarchie de son Altesse l’Inquisitrice est prête à la sacrifier pour le bien de cette mission. Alors si votre Magnificence ne veut pas donner de nom et passe par le fil de son sabre tout le petit monde qu’elle rencontre, parfait. Elle ne pourra juste pas compter sur moi pour la défendre quand le Clergé demandera des nouvelles de la fameuse mission sur le mouvement rebelle. Maintenant si vous le voulez bien, on va y aller. Je vais vous faire l’honneur de vous laisser libre de vos mouvements jusqu’à ce que nous atterrissions sur Artorias, après quoi je vous promets que je vous trouverai des menottes à votre goût.

Et même un bâillon, tiens.

- En attendant, il y a des cabines libres à l'arrière.



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Le visage fermé, Dana avait bu les informations qui coulaient des lèvres de Lloyd. Cet ersatz de rapport avait ravivé le feu de son intérêt et ses iris dardaient les faciès de ceux qui défiaient l’Empire Sith ; parmi lesquels un enfant. Un enfant. Elle n’avait aucune compassion, que ce fut pour un nourrisson ou un vieillard, un mâle ou une femelle, mais la présence d’un très jeune humain dans cette cellule de résistance prouvait que les rebelles avaient le cran de mettre en danger la génération future, qu’ils en étaient sûrement au stade de l’amateurisme et des actions de sabotages désespérées. Shar s’étira, profitant de sa position, à l’instar d’une lionne qui sortait paresseusement de sa sieste pour envisager la chasse. Le support du tableau de commandes lui ayant été injustement retiré, elle avait croisé ses jambes.

Son attention avisait particulièrement Luis Radun. Elle le trouva à son goût, plutôt bel homme. De tous, il paraissait peut-être le plus redoutable ou le plus sacrifié à la cause anti-Impériale. Brilak devait être l’un de ces aristocrates-politiciens au tempérament pleutre comme ils en pullulaient tant sur les mondes dits « libres ». Les Siths avaient offert à Artorias un gouvernement fort, puissant et stable. Et des types comme Stanilas Brilak souhaitaient cracher sur cette bénédiction. Intolérable aux yeux de Dana. Elle finit par se pencher afin de récupérer avec précaution les dossiers. Ses ongles polis étaient élégamment vernis d’un pourpre mat, mais ses doigts présentaient de petites traces de vieilles brûlures.

-Un impérial dévoué m’aurait légué la sienne, fit-elle, étonnée par la déception qui teintait sa propre voix. Mais, puisque tu sembles porter peu de respect au Clergé Sith, que je représente, je me contenterai de mettre le bordel dans les cabines libres à l’arrière.

Elle bondit sur ses pieds, faisant claquer le talon de ses bottines contre le revêtement du sol. Elle toisa Hope derrière ses cils interminables étirés par un mascara sombre.

-Magnificence, Votre Excellence, Madame l’Inquisitrice, répéta-t-elle avec moins d’ironie. Ces sobriquets me donnent des rides. Tu peux te contenter de Dana, si ces deux syllabes n’écorchent pas ta précieuse bouche. Cas contraire, ne m’appelle simplement pas. Et je n’ai jamais eu besoin que tu prennes ma défense.

D’aucun dirait qu’elle avait une dette envers lui, et pas des moindres. Pour qu’elle accepte le poids de cette créance, encore aurait-il fallu qu’elle accorde du crédit à sa propre vie, ce qui n’était pas le cas. Elle refusait de porter le fardeau de toutes les demoiselles en détresse et si elle se repassait inlassablement le fil de cette journée-là, ce n’était pas pour supputer de ce qu’il serait advenu d’elle.

Dana.

Lloyd se retourna sur son fauteuil, mais déjà la jeune femme s’éloignait du cockpit. Il resta un moment là, silencieux, les sourcils froncés, à regarder la coursive vide. Voilà donc d’où lui venait cette impression familière. Dana Shar… Les souvenirs se remirent en place dans sa tête comme un puzzle assemblé révèle soudain une image.

Lloyd fut distrait de ses pensées quand Mumkin finit par se faufiler dans le cockpit en surveillant ses arrières comme s’il pouvait être suivi par Darth Ynnitach en personne. Ils décollèrent.




Le premier réflexe de Dana, une fois à l’abri dans l’intimité de la cabine, fut de détacher ses cheveux qui retombèrent autour de sa figure avec soulagement. Elle jeta un coup d’œil circulaire à la pièce, aussi spartiate que le reste de la navette. Elle se délesta des dossiers qui rebondirent sur le matelas de la couchette et avisa le terminal de communication. Deux manipulations plus tard, elle avait ouvert un faisceau de comm droit sur Dromund Kaas, à des parsecs de là. Elle devait se douter que Mumkin ou Lloyd pourraient intercepter sa conversation, mais la nervosité la poussait à moins de précaution. Sur le socle holographique du terminal se dessina progressivement une silhouette bien trop familière, aussi pâle qu’une étoile et dans la pièce résonna la voix douce de Darth Rùna :

-Chère enfant.
-Courir après des petits saboteurs sur Artorias, vraiment ?
-Je me disais que tu avais besoin de prendre l’air. Pêcher le petit poisson est une activité qui détend. Vraiment. Tâche de réussir cette mission aussi simple.
-Ma mission sur le Lightbreaker est…
-Un échec pour le moment. Dana. Tu es la seule ici à ignorer qu’une propagande anti-impériale commence à faire son nid dans l’armée ? Si c’étaient des vieux croûtons de la Marine qui en étaient les instigateurs, penses-tu que l’on t’aurait envoyée sur le jeune Lightbreaker ?

Shar étira un sourire contrit et serra le poing, cherchant désespérément une issue, une réplique ingrate, mais rien ne franchit ses lippes dont le pincement contrarié mettait sa cicatrice en valeur.

-Mets-toi au travail, poursuivit la Maître Sith, le ton tranchant.
-Vous connaissiez l’identité de mon foutu binôme. Je ne travaille pas en équipe et surtout pas avec lui.
-Des caprices ? Sa présence a été exigée par des personnages haut-placés, qu’y puis-je ? S’il te gêne, tu n’as qu’à l’éliminer.
-Vous me mettez dans la merde. Fin de la communication.

Et elle frappa d’un geste sec la commande pour couper la liaison, enragée.



Ils seraient à portée d’Artorias dans quarante-huit heures standardisées. Coincée entre les quatre murs d’une boîte de conserve qui flottait dans l’espace, le temps ne devenait plus qu’une donnée relative. Le ballet de l’astre diurne et de son pendant nocturne n’existait pas et on vivait à bord, le teint pâli par les lueurs blafardes des néons qui illuminaient l’environnement. Allongée sur le lit inconfortable, elle passait en revue les identités des membres du réseau. Luis Raidun attirait son attention davantage que le reste. Il ne prendrait sûrement pas le risque de la livrer directement à la tête pensante de leur pauvre organisation. Sans doute voudrait-il gérer « le colis » lui-même afin d’être certain d’avoir toutes les cartes en main. Elle devinait, dans les profondeurs de son regard figé, un peu d’intelligence. Agacée, elle rejeta les documents au sol et fixa le plafond jusqu’à en connaître la moindre nuance de texture et de couleurs.

L’ambiance à bord était morne. Lloyd avait passé le plus clair de son temps dans le cockpit, à relire des documents, à contrôler des radars. Il évitait soigneusement de se laisser aller dans la Force, histoire qu’un autre sensible ne vinsse pas perturber ses réflexions. A la place, il avait sombrement mastiqué des boules de Brightgum, dont les propriétés stimulantes l’aidaient à ne pas s’assoupir. D’ordinaire, le tapage que faisait naturellement Mumkin suffisait à le garder en alerte mais cette fois, après le passage en hyperespace, effectué dans un silence uniquement troublé par des commentaires techniques de Lloyd et Mumkin, le dévaronien s’était éclipsé, prétextant des contrôles de fluides à effectuer dans la salle technique à l’arrière. Il s’était fait si discret depuis – pas de chanson grivoise beuglée dans les coursives, pas de rot sonore, pas même les bruits de ses déplacements et de ses « entretiens » sur les machines – que Lloyd soupçonnait le pilote d’avoir tout simplement la trouille pour sa vie. Ce qui, pour une fois, le faisait se comporter à carreau. C'était presque suspect. Ce n’était pas désagréable, mais il avait gagné la paix d’un côté pour avoir des emmerdements de l’autre, pensa-t-il au souvenir de sa conversation avec Dana.


Une durée indéterminée plus tard, la faim avait chassé la louve des bois. Dana errait dans les coursives étroites de l’appareil, à la recherche de la coquerie où elle espérait trouver de quoi nourrir son estomac. Les grondements sourds et lointain des moteurs lui indiquaient qu’ils avaient déjà décollé et pris le large depuis un moment. Elle ressentait légèrement la poussée gravitationnelle du vaisseau. Elle émergea dans la « cuisine » avec une moue dubitative. L’endroit ressemblait davantage à un entrepôt de matériaux qu’à une véritable salle de restauration. Dana fouilla les placards à la hâte, sans s’encombrer de gêne. Puisque Lloyd appréciait se penser responsable, il n’avait qu’à nourrir ceux dont il avait la charge. Elle ne fit le compte de son maigre butin qu’après une dizaine de minutes : deux barres protéinées. Les premières bouchées déposèrent un goût de carton et de graisse contre son palais et elle manqua de recracher le tout. Si c’était un aperçu de son futur régime de prisonnière, elle n’était définitivement pas prête.






Lorsqu’elle réapparut dans le cockpit, Lloyd se redressa brusquement – il n’aimait pas qu’on le surprît affalé de fatigue dans son siège – et darda sur Dana un regard méfiant. Mais il parut se détendre au bout de quelques secondes.

-Tu vas me laisser traiter avec Raidun, annonça-t-elle en rejoignant Hope dans le cockpit. Aucune trace de Mumkin, et c’était tant mieux pour sa tronche de dévaronien. Comme tout bon sith impérial, Shar n’était pas très portée sur l’égalitarisme entre les espèces. Tout ce qui sortait un peu de l’humanoïde était considéré comme « alien », donc inférieur, par définition. On n’allait pas se priver de quelques clichés. Elle prit place sur le siège libre, imposant sa présence. Un léger parfum, plus agréable que son attitude, émanait d’elle.

-Ta couverture est visiblement bien rôdée.
- Je rêve ou c’est un compliment ? répondit-il.

Tu rêves, pensa-t-elle. En tous les cas, Dana devait reconnaître une certaine intelligence à l’hapien. Comme elle s’y attendait, il était plus subtil qu’elle ne le serait jamais. Mais aucun compliment derrière ce constat, bien au contraire. A l’instar de Luis Raidun, ce genre de vermine savait user de tous les subterfuges pour défier les lois impériales et échapper à leurs couperets. Lloyd ne faisait pas exception à la règle. Elle n’oublierait pas si facilement son petit passé de déserteur, son statut de fugitif qui lui collait encore à la peau dans les petits papiers du Clergé. Elle sentait qu’il avait roulé sa bosse depuis l’Académie Sith et elle l’enviait presque d’avoir cette expérience de terrain qu’il lui manquait cruellement. Elle le détestait parce qu’elle ne comprenait pas pourquoi sa hiérarchie avait décidé de mettre le démantèlement d’un réseau de résistance entre les mains d’un traître avéré tel que lui. Cette incompréhension brassait la frustration qui courrait dans ses veines et elle aurait donné son âme pour une cigarette.

-Avec moi en preuve de bonne foi tu atteindras Brilak plus vite, reprit-elle sans répondre, Je sais exactement quoi faire de Luis Raidun. Il nous faut impérativement les noms des impériaux qui se laissent dilater l’arrière-train aussi facilement pour quelques crédits. Et seul l’aristo pourra nous les fournir. Enfin, ce que ma hiérarchie est prête à faire de ma vie, m’importe peu. Quant à passer tout le monde au fil de mon sabre, ce serait compliqué puisque je ne l’ai pas.

Elle esquissa un rictus amusé et dévia ses yeux vers la baie vitrée irradiée par le bleu de l’hyperespace. Le phénomène dessinait des ombres dansantes sur son faciès aux traits habituellement plus candides. En tout cas, elle avait l’air d’avoir décidé de coopérer, ce qui allait très bien arranger les petites affaires du blond Lloyd haussa les épaules et écarta les mains en signe d’accord.



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- Très bien, je te le laisse. Ou plutôt, je t’apporte à lui, et tu en fais ce que tu veux. Mais si tu décroches une entrevue avec Brilak, je veux être là, ajouta-t-il en pointant un doigt contre sa propre poitrine. Je veux qu’il me perçoive comme quelqu’un qui pourra effectivement faire un intermédiaire entre lui et les traîtres impériaux. Ce qui nous amène à quelques questions cruciales : quelle version on lui donne de ta capture, et comment est-ce qu’on va communiquer quand on sera séparés.

Il y eut un moment de silence, durant lequel le ronronnement de la navette filant à travers l’espace emplit le cockpit, propice à la réflexion. Pour Lloyd en tout cas, dont l’hypervigilance était calmée dans des espaces aussi clos et familiers que celui-ci.

- Il va falloir la jouer finement, fit-il, pensivement. Pour eux, je ne suis pas un Sith, je suis un simple pilote. Au fait, ils me connaissent sous le nom de Vance Hickpens. Si tu vérifies les fichiers de l’Empire, tu verras que cette identité existe, avec un matricule et des données d’identification calquées sur les miennes. Mais elle a été créée de toutes pièces pour la mission. Je suis un fils d’immigrés hapiens ayant grandi sur Dromund Kaas, engagé dans la Marine dès ma majorité et à la carrière pas très fulgurante depuis. Je ne suis pas censé aimer les Sith, forcément. Pour capturer quelqu’un de ton rang, je t’aurais certainement droguée. Je suggère qu’en tant qu’Inquisitrice, tu as pu être envoyée pour contrôler des cartes matricules, précisément sur le Lightbreaker, et me poser des questions sur un process d’identification navale un peu douteux. J’aurais pu gagner ta confiance et avoir réussi à t’offrir un verre de vin artorien comprenant de fortes doses de racine vincha. J’en ai une bonne cargaison dans la soute.

La vincha était une plante dont les racines étaient utilisées dans la médecine grâce à ses propriétés anesthésiantes. Mais utilisée en quantité importante, elle pouvait facilement rendre quelqu’un totalement engourdi, jusqu’à être incapable de se défendre. L’avantage était que les effets se dissipaient au bout de quelques heures sans laisser de séquelles graves.

- Si on part sur ce scénario, je vais jouer les types stressés de se faire soupçonner, ce qui me permettra de leur demander de rester avec eux quelques temps, comme si je craignais d’être poursuivi. Comme ça, je reste à proximité, au cas où ça ne tournerait pas comme on veut.

Même si elle n’avait besoin d’aucune défense, bien sûr. Ce n’était pas comme s’il y avait déjà eu besoin de la défendre par le passé… Mais puisque Dana essayait pour le moment de se montrer coopérante, il évita ce genre de remarque désagréable.

- Il nous reste à savoir comment communiquer. Il ne faut laisser aucune trace ; c’est-à-dire pas de dispositif électronique qui peuvent nous trahir. Je suggère que nous établissions quelques phrases codes.

Lloyd se mit à égrener le compte avec ses doigts.

- Une pour me signaler que tu veux que l’on parle en privé, une autre pour signaler qu’il y a urgence vitale et qu’il faut nous extraire de là au plus vite. Une troisième pour signaler que la couverture est en danger. De mon côté, j’envoie des rapports réguliers, cryptés, à l’intérieur de certaines fiches matricules censées être utiles à mon travail. Je transmets les infos à l’Empire au fur et à mesure, au cas où on disparaîtrait subitement.

Non pas qu’on enverrait quelqu’un à leur secours ; Lloyd ne se faisait aucune illusion là-dessus. Il s’agissait seulement de sauvegarder les informations qu’ils obtenaient pour quelqu’un qui pût reprendre la mission au cas où.

- Bref, je te laisse choisir nos codes, si tout ça te convient.

Ils entendirent un froissement derrière eux, et Lloyd se retourna pour voir Mumkin qui s’était glissé en silence dans les coursives. Son visage affublé d’une moue indignée s’était introduit dans la petite pièce, où il toisa le hapien.

- Ahem, s’éclaircit-il la gorge avec gêne. Désolé pour l’dérangement, mais c’est l’heure d’la rotation. Mais peut-être que…
- Non, tu as raison, répondit Lloyd en se levant de son siège. Prends ton quart. Madame… Shar… et moi allons nous installer à l’arrière. Par ici.

Lloyd fit un geste d’invitation à l’égard de Dana pour qu’elle se rendît à la salle commune, où ils pourraient terminer leur briefing pendant que Mumkin prenait son tour de pilotage pour ce qui s’apparenterait à une longue nuit de voyage. Mais quand le hapien s’apprêtait à suivre Dana, il fut retenu par le dévaronien qui s’agrippa à son bras. Tous deux attendirent que l’inquisitrice fut suffisamment loin pour parler à voix basse. Lloyd interrogea Mumkin du regard.

- C’t’une spéciste, elle va m’buter, glapit le dévaronien.
- Quoi ? Mais non, c’est une Sith, c’est son fond de commerce. Pas la peine de faire dans ton froc, Mumkin, j’t’ai dit que je m’en occupais.
- C’est pas ça…
- Quoi alors ?

Le dévaronien vérifia nerveusement que Dana ne se trouvait pas à proximité dans la coursive en se penchant rapidement.

- Moi j’croyais qu’on allait mettre quelqu’un dans une cellule au fond de la soute et qu’on livrerait ça.
- Et alors, quelle différence, qu’elle dorme dans une cabine ?
- Elle va passer le vaisseau au peigne fin, Lloyd !
- Mais non, elle a autre chose à foutre, qu’est-ce qui te prend à la fin ?
- C’est que… J’ai… Enfin, c’était juste pour me faire un peu d’argent de poche, donc vraiment pas grand-chose, mais…

Lloyd eut un geste de recul. A son tour, il vérifia que la coursive était bien vide. Qu’est-ce que cet imbécile avait encore fait ?!

- Dis-moi ce que t’as embarqué, et vite.
- Des caisses de goodies à l’effigie d’Aarona Klova.
- Hein ? C’est quoi ça ?
- Une chanteuse connue du Noyau. Tu sais la zabrak, là…
- Attends, qui chante des trucs contre l’Empire, là ?
- Ouais.

Le hapien passa une main sur ses yeux et prit une grande respiration pour s’empêcher d’étrangler Mumkin. Quand il les rouvrit, le dévaronien le regardait avec une désolation évidente.

- Ca se vend super bien sur Artorias et…
- Tu veux nous faire tuer ou quoi ?? Si l’Inquisitrice trouve ça, t’as plus qu’à te jeter dans le vide tout seul, p’tit con.
- Mais je me disais, on pourrait p’tet dire que ça fait partie de ta mission…
- Mumkin ! Ca n’a aucun rapport avec ma mission et je te rappelle que pour tout ce qui concerne la mission, tu es censé RIEN savoir. Tu fermes tes oreilles, tes yeux et ton nez dès que ça parle de la mission, c’est clair ? Si l’Inquisitrice découvre que tu en sais plus que tu ne le devrais, c’est pire que tes caisses de goodies sur Klova ! Ca veut dire qu’on peut m’accuser de diffuser de l’info secrète et ça, ça peut nous mettre tout le Clergé aux trousses en moins de deux.

Mumkin regarda ses pieds. Lloyd sentait une vague de chaleur investir son corps, de cette moiteur désagréable qui accompagne le stress. Abruti de pilote.

- Combien de caisses ?

Mumkin hésita un instant, contrit, puis :

- Huit.

Lloyd fit les gros yeux. Une caisse encore, il aurait pu essayer de l’éjecter dans l’espace discrètement, mais une telle cargaison… Il souffla par le nez avec exaspération, puis tapa l’épaule du dévaronien pour lui indiquer de rejoindre le siège de pilote.

- On avisera plus tard. Tu te fais discret, c’est clair ?

Et sans s’occuper plus avant du dévaronien qui acquiesçait à grand mouvement de tête, Lloyd se hâta de rejoindre la petite pièce commune à l’arrière de la navette. Elle était composée d’une petite cuisine désordonnée, d’une table centrale dont le plateau aimanté permettait de conserver les ustensiles pas trop mal fixés et entourée de caisses de provisions qui servaient de sièges de fortune. Ça n’avait rien à voir avec le luxe des navettes de service des officiers impériaux, et la lumière des néons défaillants jetaient des lueurs blanches tremblotantes peu agréables. Mais Lloyd s’était habitué au lieu qui détonait avec son attitude raide et propre-sur-lui des moments où il portait son uniforme. Ici, il était un pilote de seconde zone, avec le train de vie basique que cela impliquait.
Lorsqu’il y retrouva Dana, il s’efforça de grimacer un sourire, mais dont il était absent à cause des scénarios catastrophes s’alignaient déjà en son for intérieur. Tous finissaient avec Mumkin exécuté par le Clergé Sith. Il tournait et retournait dans sa tête toutes les possibilités pour éviter que Dana ne tombât sur les caisses en question.

- Hum… Sinon, tu prendras bien un verre de vin artorien ?



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En naviguant dans les entrailles du vaisseau, elle eut une espèce de pressentiment et s’arrêta en plein milieu d’une coursive. L’appareil paraissait vieux et il était impeccablement entretenu si elle en croyait la brillance des tuyaux de maintenance. Elle repensa à la coquerie encombrée de caisses de matériaux. Elle-même s’était étonné qu’un endroit aussi stratégique soit en proie à un bordel monstre. Distraite par la faim, elle n’avait pas davantage relevé l’étrangeté. Maintenant qu’elle était seule, à réfléchir, l’esprit bercé par les légers soubresauts de la navette, son instinct d’enquêtrice se réveillait péniblement. Elle fronça les traits de son faciès, avisant une nouvelle fois son environnement avant de poursuivre vers l’arrière-salle dont elle inspecta l’aspect avec attention. Il semblerait que tout aille de travers sur rafiot. La coquerie servait d’entrepôt et l’entrepôt servait de coquerie. Une moue circonspecte alourdit les traits de son minois quand elle observa les couverts aimantés au plateau métallique de la table. Son attention avisa ensuite les caisses dont la présence ne se justifiait que pour les arrière-trains des occupants du vaisseau. Si elle n’était pas autant accaparée par les affres de cette foutue mission, elle aurait volontiers retourné le moindre objet présent à bord.

-Si j’avais l’occasion de le boire dans ton crâne avec plaisir. Je vais donc me contenter de décliner cette offre. La partie où tu me drogues est factice, je te rappelle. Même si je sais que tu meurs d’envie que je ferme mon clapet, il va falloir ouvrir grand tes oreilles encore un peu.

Lloyd leva les yeux au ciel. Lui qui avait cru qu’ils avaient trouvé un terrain d’entente, la jeune femme semblait décidée à lui faire passer un mauvais voyage. Entre Mumkin et elle, il aurait presque parié qu’ils étaient de mèche pour l’emmerder. L’éclat mordoré de son regard embrassaient les traits de Lloyd sans subtilité aucune. Elle voulait s’imprégner du moindre tic facial, de la moindre expression afin de percer ce qu’il pensait. La Force n’était pas toujours utile pour percer les pensées intiles d’un interlocuteur. Décrypter un sourire forcé, suffisait. Et en présence de l’Inquisition, ces sourires fleurissaient sur les lèvres de ceux qui avaient des choses à cacher. Perchée sur une des caisses de provision, elle avait élégamment croisé ses jambes et déclama avec clarté :

-« Ta tête ferait gerber un rancor » ce sera… Si notre couverture est compromise, mais je doute sur cette probabilité. Pas besoin d’être bonne actrice pour te détester et te considérer comme un traître et je suis persuadée que c’est réciproque.

Lloyd sentit un instant son estomac se tordre, avant de comprendre qu’elle parlait des codes, et pas de son visage qui trahirait une culpabilité quelconque. Quel con je fais, à croire qu’elle a déjà deviné des trucs. Avec un soupir exaspéré, il se dirigea droit vers un panneau qui s’ouvrit latéralement à son approche. Il en extirpa une bouteille et un verre – un seul, donc – pour se servir avant d’aller se laisser choir, boisson à la main, sur la caisse en face de Dana.

- A la tienne, fit-il avant de boire, tout en écoutant d’une oreille les propositions de sa comparse.

Elle marqua un court silence.

- « Face de Mynock »..Pour ces moments où il faudra qu’on se parle en privé.. Et j’espère qu’ils seront rares. Enfin, « Embrasse-moi » je trouve que ça convient parfaitement à l’urgence d’une situation où on doit se tailler très vite. J’ai peur qu’à force de s’insulter, on ne distingue plus bien le code d’un dialogue lambda, alors je préfère un truc bien gerbant pour que ça fait tilt. Je n’ai pas pour habitude de travailler en équipe, alors essaie de ne pas être sur mon chemin. De nous deux, je cours le plus de risques. Ils seraient cons de me tuer, mais rien ne les empêcherait de m’amputer d’un membre.

Elle poussa un profond soupir à cette pensée des plus engageantes. Une petite bande de rebelles à qui l’on livrait une Inquisitrice sith. Combien d’entre eux voudraient régler leurs comptes avec l’Empire via une vindicte contre Dana ? Elle n’écartait aucune possibilité : de la torture à toutes sortes de petites humiliations. Elle avait bien une idée pour éviter ces risques, mais comme tout plan de bataille, elle comprenait des failles. A l’annonce du troisième code, Lloyd avait avalé de travers et toussé, en levant des sourcils atterrés.

- Ça c’est sûr, ça va faire tilt, commenta-t-il amèrement quand il eut repris son souffle.

Plutôt que de la regarder, il s’intéressait assidûment au fond de son verre déjà presque vide.
Ah oui, un membre en moins, ce serait ballot. Ils pourraient te couper la langue, par exemple, songea Lloyd qui se promit de ne surtout pas intervenir en ce cas. L’ennui, c’était qu’elle ne pourrait plus donner les codes. Il changea d’avis, annula sa promesse et se dit qu’il interviendrait. Dana quitta son perchoir et s’approcha du hapien, assez proche pour lui imposer sa présence et son aura. Elle pointa un index déterminé contre son torse, comme si elle avait lu dans ses pensées.

-La mission passe avant tout. Pas de geste héroïque. Pas de pitié. Ni envers moi, ni envers ces enfoirés. Je me fiche de savoir qui ils sont, pourquoi ils font ça. Luis m’amènera à Brilak et tu seras là. J’accepte de suivre ton plan, parce qu’il me paraît sensé, mais je doute fort…qu’on n’aura pas à improviser, Vance.

Lloyd prit une mine outrée devant ce doigt presque accusateur pointé sur lui.

- Un geste héroïque, moi ? C’est mal me connaître. En même temps, s’ils t’abiment trop, tu ne leur serviras plus à rien. Je suppose donc qu’ils vont se contenter de te ficher la trouille et de t’humilier, remarqua platement Lloyd avant de finir son verre puis, le déposant vide sur la table où il s’aimanta bruyamment, il leva devant Dana ses paumes vides. Promis, je les laisserai faire, je serai sage comme une image.

Bon, au début, en tout cas.

Dana aurait voulu poursuivre, en rajouter une couche mais ses lèvres se pincèrent et elle prit sur elle pour arrêter les frais à ce stade. Peut-être aurait-il l’impression désagréable que l’Inquisitrice soufflait le chaud et le froid. Tantôt coopérante, tantôt cassante. C’était l’éternel problème avec Dana. Consciente d’avoir été un peu trop loin, elle cligna des yeux et recula lentement. Un mal de crâne menaçait de poindre et elle se massa la tempe. Ce manque de toxine devenait insupportable et mettait ses nerfs à rude épreuve. A défaut de fumer, il lui fallait manger quelque chose, occuper sa mâchoire, casser son stress en broyant un aliment.

-Si tu as de quoi me concocter le dernier repas du condamné, je suis partante. Sans racine de vincha, évidemment. Je suis allergique, ironisa-t-elle.


Aussi étrange que cela pût paraître, ils avaient donc réussi à s’entendre suffisamment pour avoir un plan qui tînt la route. Il ne leur restait plus qu’à tuer le temps jusqu’à l’atterrissage. Le vaisseau parut soudain très petit à Lloyd pour abriter les trois personnes et les huit caisses au contenu désastreux, mais il faudrait faire avec. Il se leva pour se resservir – le dernier verre, sinon tu vas dire des conneries – et entreprit dans la foulée d’extraire des coffres latéraux une série de petites barquettes sous vide qu’il ouvrit les unes après les autres. Il rassembla le tout dans une grande assiette et la fit réchauffer à l’aide d’un mini-grill incrusté dans la paroi. Ils restèrent silencieux jusqu’à ce que le plat soit prêt, puis Lloyd le déposa devant Dana avec une délicatesse un peu forcée.

- Je sais ce que tu vas dire, c’est pas du luxe. Mais comme tu dis, tu vas prendre beaucoup de risques. Je te suggère donc de bien manger et de bien te reposer ensuite.

Si tu peux rester sagement dans ta couchette pendant tout le trajet, par exemple…
"Il avait le visage aussi beau et noble qu'un hapien, la force d'un guerrier Sith, la sagesse d'un Jedi."

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Messagepar Dark GaGa » Mer 11 Nov 2020 - 14:54   Sujet: Re: Lightbreaker

Difficile exercice que transposer un JDR en fic. Je vais jeter un oeil, vu que les histoires de Sith, c'est mon dada. Inspiration SWTOR, je suppose?
Welcome to the dark side, we lied about the cookies. #teamReyLo #teamEmpire
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