Voilà la suite. C'est sûrement un des chapitres que j'aime le moins, un peu trop fourre-tout, un rythme un peu trop haché, des éléments que j'ai hésité à mettre ou à supprimer (mais que j'ai finalement conservés)... bref il est comme il est !
CHAPITRE 6
Après avoir regagné leurs appartements situés dans une des bases militaires de Coruscant, Chewbacca se mit en devoir de retaper un peu le Faucon qui, selon lui, avait été laissé à l’abandon par cette bande de gamins. Rey avait eu beau objecter qu’elle en prenait grand soin, Chewbacca se mit au travail, suivi de Tirso qui ne le quittait plus.
Rey les observa s’éloigner avec leurs lunettes de protection et se sentit envahie par une vague de tendresse. Mais ses préoccupations actuelles reprirent bientôt le dessus : elle avait des choses à dire et ne savait pas vraiment comment s’y prendre ni quelles réactions cela entraînerait. Finn justement s’approchait : elle devait se résoudre à lui parler.
« Finn, dit-elle d’une voix hésitante, je dois te dire quelque chose d’important. »
Finn la regarda à la fois interrogatif et comme légèrement inquiet. Il lui emboîta le pas à l’intérieur du vaisseau et alors qu’il s’adossait à une table, Rey s’assit près de lui.
« Finn, je vais partir. »
Finn ne répondit rien, il semblait attendre la suite, qu’enfin elle s’exprime comme s’il ne souhaitait pas l’interrompre, ni lui faciliter les choses d’ailleurs. Elle reprit.
« J’ai repoussé ce moment, sûrement parce que je ne me sentais pas prête et que cela me terrifiait mais ma rencontre avec Tirso a précipité les choses. Cet enfant est très puissant dans la Force mais il est aussi terriblement fragile, plein de doutes et de craintes. Je dois le former et pour cela je dois devenir un véritable Jedi.
- Je sais tout ça Rey. »
Elle leva les yeux et lui lança un regard interloqué.
« Je le sais parce que je sens sa force. Rey, cela fait longtemps que je veux te parler moi aussi. Je crois que je suis sensible à la Force. Cela se manifeste ponctuellement et de façon diffuse, par des sensations, des sortes de pressentiments et je ne sais pas jusqu’où cela peut me mener, mais justement j’aimerais le savoir. Et j’aimerais que tu m’aides à le comprendre.
- Finn, pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ?
- Pourquoi ne dévoilons-nous pas toujours nos secrets intimes même aux personnes que nous aimons le plus ? Par peur de briser quelque chose, de changer la nature d’une relation, de dire adieu à certains espoirs. Peut-être que tu le sais mieux que moi Rey. Et puis je crois qu’une partie de moi espérait seulement que tu le comprennes sans que j’aie à le dire.
- Mais Finn…
- Non Rey, laisse-moi finir. J’ai eu du mal à poser des mots sur ce que je ressentais, j’ai eu peur de ce que cela pouvait impliquer. Je ne voulais pas que cela te mette une pression inutile. J’attendais juste le bon moment, c’est tout. Et maintenant qu’il est arrivé, je te le demande : Rey, forme-moi. »
Finn avait parlé avec sincérité et douceur et quand Rey croisa son regard, elle sentit, plus intensément que jamais, la connexion qu’il y avait entre eux. Finn avait raison. Comment avait-elle pu l’ignorer ? Évidemment la Force en lui n’était pas cette énergie farouche qui entourait Tirso à chacun de ses pas. Elle était une ébauche, un simple frémissement. Mais cela expliquait enfin l’étrange évidence, la complicité forte et naturelle qui étaient nées dès l’instant où elle l’avait rencontré. Parfois, à cause de leur familiarité, on pouvait passer devant les choses que l’on côtoyait tous les jours sans les voir vraiment, constatait-elle. Elle avait tant à apprendre encore sur la Force. Son intuition devait se développer bien davantage. Mais la perspective d’avoir Finn auprès d’elle dans cette quête lui procura un immense soulagement. Malgré la solennité de l’instant, elle ne put retenir un sourire et dit :
« J’accepte Finn, je sais toutes les questions et les tourments qu’entraîne la possession brute de ce pouvoir. Je te guiderai, comme l’ont fait mes maîtres pour moi, comme l’ont fait des générations de Jedi depuis des milliers d’années. Mais avant, je dois achever mon propre apprentissage en fabriquant mon sabre laser. C’est justement cela que je voulais te dire : je pars pour Ambria.
- Alors je viens avec toi. Cela fait longtemps que j’y pense mais j’en suis sûr à présent : je vais démissionner de mon poste de général. Ce n’était de toute façon pas envisageable tant que la situation n’était pas plus stable et j’ai peur de ce que cela va impliquer pour mes liens avec nos amis de l’ancienne résistance mais je ne peux me résoudre à laisser de côté cette part de moi qui se fait plus bruyante chaque jour. »
Finn avait parlé avec une ferme résolution mais aussi avec une certaine passion. Ces doutes qu’il exprimait avaient dû le plonger dans de douloureux questionnements. Rey acquiesça d’un mouvement de tête entendu. Tout s’était passé infiniment mieux qu’elle ne l’avait espéré. Dire la vérité, simplement, était peut-être plus facile que ce qu’elle craignait finalement.
Quand Rey descendit la rampe, elle distingua Poe et Zorii en grande discussion, sur la zone d’embarquement. Même si elle ne les entendait pas, elle se doutait, à voir le sourire charmeur de Poe, de quoi il était question. Mais Zorii s’esquiva finalement, se dirigeant vers son propre vaisseau alors que Poe revenait vers le Faucon. Il semblait un peu abattu mais reprit son attitude fière et avenante en apercevant Rey qui l’observait.
« Prêt à repartir ? lui demanda-t-elle avec un sourire.
- Toujours ! répondit-il avec enthousiasme. Où allons-nous ?
- Va voir Finn, il t’expliquera. Moi je dois faire quelque chose tout de suite. »
Poe monta dans le Faucon et quand Rey fut sure qu’il y était entré suffisamment profondément, elle retrouva Zorii sur la zone d’embarquement.
Elle finissait le chargement de son vaisseau, emportant avec elle des vivres pour ravitailler les planètes les plus durement touchées par le Premier Ordre. Elle s’occupait toujours de convois de marchandises mais de façon plus éthique à présent.
« Zorii, je sais que je vais être un peu brutale et qu’il ne faut pas se mêler des affaires des autres mais je me demandais : est-ce que tu aimes Poe ? »
Zorii interrompit brusquement son geste et se redressa en toisant Rey. Elle avait posé sa main sur sa hanche et la regardait à travers l’impénétrable visière de son casque brillant.
« En effet, ce ne sont pas tes affaires. »
Après une seconde où le temps s’était comme figé, pendant laquelle Rey ne savait si Zorii allait s’ouvrir à elle ou pas, elle reprit son activité signalant qu’elle souhaitait finalement couper court à la conversation. Mais Rey ne comptait pas renoncer aussi rapidement.
« C’est juste que si tu l’aimes, je trouve tellement dommage de gâcher chaque seconde où tu pourrais être dans ses bras. Alors que tu le peux encore... »
Elle avait essayé d’avoir un ton assuré mais elle ne put empêcher les tremblements dans sa voix quand elle prononça les derniers mots, dans un souffle. Elle retourna rapidement au vaisseau et ne put donc voir Zorii qui la suivait longuement du regard, le gardant fixé sur le Faucon bien après qu’elle eut disparu à l’intérieur.
***
Le plus difficile fut de convaincre le conseil de l’urgence de la mission. Il ne semblait pas disposé à laisser partir ses plus précieux éléments pour une période indéterminée. La démission de Finn rendit la situation plus tendue encore. On en était presque à les considérer comme des traîtres. Cependant, des voix se firent entendre aussi en faveur de leur éloignement : ils emportaient loin de Coruscant cet enfant, qui était peut-être un assassin envoyé par le Dernier Ordre. On entendit même émise, dans quelques conversations privées, l’idée qu’il valait peut-être mieux que ces Jedi disparaissent et ne reviennent jamais, sans que l’on puisse dire si cette réflexion était le fruit d’une conviction ou simplement le fait d’une colère emplie de dépit.
Plus épineux encore fut le problème du général Dameron. Il insista pourtant sur le fait qu’il se contenterait de les escorter avant de revenir. Mais ce fut l’occasion pour ses détracteurs de signaler à quel point il semblait plus décidé à partir en vadrouille aux quatre coins de la galaxie plutôt que de contribuer à élaborer une stratégie militaire pertinente à même de protéger de façon efficace la Grande Alliance qui était en train de naître. On remettait en cause ses compétences, en déterrant son passé tumultueux de passeur d’épice. Selon ses accusateurs, il ne semblait pas à la hauteur de la monumentale mission qui les attendait : il fallait en effet protéger cette nouvelle ère autant des derniers partisans du Premier et du Dernier Ordre que de tous les tyrans particuliers qui se servaient du trouble présent pour étendre leur influence et reprendre la place menaçante qui avait été laissée libre.
Larma constata à la fois avec crainte et nostalgie que le commandement militaire autant que politique ne laissait finalement plus qu’une maigre place à ceux qui avaient sacrifié la vie de tant d’entre eux pour lutter contre la violence et la tyrannie. En même temps cette situation lui semblait également naturelle, ce nouveau monde de paix qu’elle voulait aider à bâtir nécessitait l’harmonie et la confiance entre les différents peuples, il fallait avoir foi en chacun de ceux qui s’impliquaient dans cette tâche.
***
Après avoir finalement reçu l’accord du conseil, ils se dépêchèrent de charger le Faucon avant que l’on leur signalât un changement de situation. Alors qu’ils s’affairaient sur la zone d’embarquement, Zorii s’approcha de Poe. Il se redressa, intrigué de voir ce qu’elle voulait lui dire.
« On se revoit à ton retour », dit-elle simplement.
Ce n’était pas vraiment une question, pas vraiment une assertion, c’était un peu comme l’expression d’un souhait ou une promesse.
« Bien sûr, quand tu voudras Zorii », répondit Poe avec certainement un peu trop d’empressement devait-il juger à posteriori.
Zorii plaça alors les mains de chaque côté de son casque et avec précaution, l’ôta doucement dévoilant une cascade de cheveux blonds foncés. Poe put contempler à nouveau ce visage qu’il aimait tant, ces yeux trop souvent cachés, ce sourire qui soulevait un seul côté de sa bouche. Il restait saisi par cette beauté et cette douceur, qu’on pouvait difficilement soupçonner et qu’il n’avait pu contempler depuis bien longtemps, ce qui lui avait paru être une éternité.
Zorii s’approcha doucement de lui, comme si elle hésitait encore et finit par poser un furtif baiser sur sa joue. Poe la regarda un instant en souriant un peu bêtement puis il l’embrassa à son tour, fougueusement, l’attirant à lui en saisissant sa nuque.
Il fut interrompu par une exclamation bruyante de Finn et distingua Rey lui asséner un coup de coude pour l’enjoindre à se montrer plus discret.
Il reporta alors son regard vers Zorii et se plongea dans ses yeux bleus. Elle lui souriait et il ne put s’empêcher de rire en regardant ses yeux espiègles alors qu’il tenait toujours son visage entre ses mains.
« Je reviens vite, Zorii », dit-il en cherchant ses mots avec excitation.
Elle répondit par un hochement de tête puis, se dégageant avec délicatesse de son étreinte, remit son casque et s’éloigna de sa démarche gracieuse et féline.
Rey aussi l’observa partir avec un mélange de joie, d’envie et de nostalgie. Alors que Zorii s’approchait de son vaisseau, elle leva la tête vers elle et lui fit un petit signe de la main. Rey leva la sienne en retour et sourit. Réparer ce qui est brisé était un sentiment terriblement grisant.
***
Rose les accompagna jusqu’au Faucon le soir de leur départ. Elle semblait contrariée mais elle avait été une de ceux qui avaient défendu le plus ardemment leur voyage. Elle savait ce que cela représentait pour Finn, et sentait à quel point ces « histoires de Jedi », comme elle l’entendait souvent dire de façon de plus en plus méprisante, répondaient à un besoin plus qu’à un simple désir.
« J’aurais aimé que tu restes un peu plus longtemps, dit-elle doucement à Finn sur la piste atterrissage.
- Nous reviendrons Rose, répondit-il tendrement.
- Certainement, ajouta-t-elle avec un sourire de circonstance. Mais vous allez me manquer. Tu vas me manquer Finn. Je croyais que je m’habituerais à t’avoir loin de moi, mais c’est presque plus difficile à chaque fois. »
Finn la prit dans ses bras et la serra fort contre lui en lui chuchotant à l’oreille :
« Je sais. Tu es certainement la plus forte et la plus courageuse d’entre nous. Tout le monde le voit très bien, n’en doute pas. »
Rose sentit les larmes monter à ses yeux. Mais elle se ressaisit, elle ne voulait pas faire de cette simple séparation une situation artificiellement tragique. Et pourtant, au plus profond de son cœur, elle sentait que c’était une forme d’adieu. Une fracture désormais irréparable s’était creusée entre elle et ses amis, entre elle et Finn. Elle comprenait, douloureusement, à quel point malgré la force de leurs liens, leurs rapports ne seraient plus jamais les mêmes. Mais Rose, en jeune politicienne d’avenir, savait désormais maîtriser ses sentiments. Elle sourit donc en levant la main pour les saluer alors que les portes du Faucon se refermaient et que le vaisseau décollait vers le ciel empourpré de fin de journée.
Elle resta longtemps sur la piste d’atterrissage sans bouger, même après leur départ, les bras ballants et le cœur vide.
***
« Que savons-nous sur Ambria ? demanda Finn
- Bordure intérieure, répondit Poe, planète plutôt aride, beaucoup de minerai, une importante colonie depuis déjà de nombreuses années. Un espace tranquille en somme.
- J’aurais plutôt dit : un ancien berceau du côté obscur, des créatures potentiellement hostiles et dangereuses. Prépare-toi à te sentir mal à l’aise Finn.
- Comme à Malachor ? »
Rey acquiesça d’un signe de tête.
« Le côté obscur est puissant mais aussi tortueux. Il suscite ton rejet, de façon instinctive, quand tu y es confronté pour mieux te faire oublier qu’il n’est pas seulement autour de toi, mais bien niché au plus profond de ton cœur, à attendre le bon moment pour s’emparer de toi. »
Poe s’éloigna sans un bruit pour rejoindre le cockpit.
« Rey, ne l’as-tu pourtant pas vaincu ?
- Il ne peut être vaincu Finn, car il fait partie intégrante de la nature de la Force. Lutter contre lui est un combat incessant, de toute une vie. Te sens-tu prêt à devoir toujours t’interroger sur tes pensées, tes ressentis, afin de les rationaliser, parfois de les mettre à distance, pour garder à tout prix ton âme en paix ? »
Plongé dans ses pensées, Finn ne répondit pas immédiatement. Il finit par dire :
« La première fois que j’ai vu des gens mourir, ce jour où je devais moi-même tuer un homme, j’ai été comme frappé par l’injustice de la situation. Prendre la vie d’une personne m’est alors apparu comme un sacrilège, quelque chose auquel je n’avais pas le droit de prétendre, ni moi ni personne. J’ai senti que la vie elle-même était quelque chose qui me dépassait, à laquelle je n’avais pas le droit d’attenter. Et pourtant, j’ai maintenant tué tant de gens, entraîné par la ferveur du combat… Et je n’ai pas pleuré ces vies que j’ai prises. Peut-être que je ne suis pas digne de cela, que la Force m’a abandonné…
- C’est impossible Finn, la Force ne reprend pas ce qu’elle donne. Il faut juste accepter que la situation nous pousse parfois à bousculer l’ordre naturel des choses. Il faut apprivoiser aussi cette culpabilité pour pouvoir continuer à avancer sur le long chemin de la justice. Tu dois faire le tri entre tes émotions, celles qui te poussent à avancer, celles qui te retiennent dans tes doutes et tes interrogations. C’est une voie qui peut facilement te couper de ceux qui t’entourent. Te sens-tu prêt pour cela aussi ?
- Je le crois, répondit-il finalement après un silence.
- Cela implique aussi que ton rapport avec les autres peut être modifié. Et d’autant plus que ta situation est un peu compliquée n’est-ce pas ?
- Qu’est-ce que tu entends par là ?
- J’ai bien vu que Rose tenait toujours beaucoup à toi. Mais il y aussi Jannah dans l’équation, non ? As-tu de ses nouvelles ? Tu sais, ajouta-t-elle avec un sourire taquin, j’ai même un cru un temps qu’il y avait un truc entre toi et Poe.
- Je vous signale que je vous entends ! les interrompit la voix de Poe, venant du cockpit. En plus, ne me mêlez pas à vos histoires. Je suis casé maintenant... enfin je crois.
- Compliqué et simple à la fois, reprit Finn, c’est ce qui arrive quand ce que l’on désire vraiment est irrémédiablement inaccessible.
- Il y a de l’aigreur dans ta voix Finn.
- Non, juste des regrets.
- C’est un peu la même chose, non ? Mais à quoi bon souffrir pour quelque chose que tu n’auras jamais alors que toutes sortes de bonheurs s’offrent à toi.
- C’est à toi de me le dire Rey. »
La conversation ne menait à rien, constatait Finn. Rey dut se faire la même réflexion car elle finit par l’interrompre, prétextant la nécessité de savoir ce que faisait Tirso.
Finn s’en voulait. Il avait certainement été mesquin. Il y avait une certaine légitimité à souhaiter que Rey soit plus claire et transparente sur ses sentiments et son vécu. Elle était censée leur faire confiance. Mais s’il était totalement honnête, ses remarques acerbes lui avaient été soufflées aussi par la jalousie qui lui tordait le ventre quand il apercevait le regard mélancolique de Rey qui se perdait parfois dans le vide et le sourire un peu triste qui naissait alors ponctuellement sur ses lèvres, signalant à quel point elle chérissait ces souvenirs même manifestement malheureux. Et même si son intuition lui indiquait que la personne qui suscitait cette nostalgie n’était plus, il aurait pourtant tant donné pour être celui à qui s’adressait ce sourire-là.
« Tu y as été un peu fort là non ? dit Poe qui rejoignait Finn. Peut-être que tu devrais définitivement passer à autre chose.
- Dit le gars qui vient de remettre le couvert avec son ex. »
Poe ricana en tapant sur l’épaule de son ami. Finn sentit la tension qu’il ressentait l’abandonner. Poe avait ce pouvoir sur lui.
***
Rey était en colère. Contre Finn qui l’avait ramené à sa souffrance et qui l’avait blessée par son attitude. Mais surtout contre elle-même qui n’arrivait toujours pas à se défaire de ses démons. Elle ne pouvait décemment pas reprocher à Finn de rester prisonnier de la toile des ses sentiments tant elle se sentait encore parfois entravée elle-même. Elle retrouva rapidement Tirso en compagnie de Chewbacca, qui semblait décidé à lui apprendre à jouer au Dejarik. Elle s’installa près d’eux et observa l’enfant, qui, plissait les yeux, pour se concentrer sur sa partie. Elle se sentit rapidement soulagée. Il faudrait qu’elle aille faire ses excuses à Finn. Elle se rendait compte à quel point sa tâche d’enseignement risquait d’être difficile. Comment apprendre quelque chose à quelqu’un dont on était si proche, et avec lequel on entretenait un reste de non-dit et de frustration ? Était-ce vraiment possible ?
Rey contemplait Tirso. Elle avait eu des inquiétudes, au début, sur sa capacité à s’acclimater à ce nouvel univers. Mais il était évident que le garçon avait rapidement trouvé sa place au milieu d’eux. Il faisait de moins en moins de cauchemars et elle ne percevait plus dans ses yeux l’ombre de la peur et de la tristesse qui l’avait tant marquée quand elle l’avait rencontré. Peut-être avait-elle tort de s’inquiéter à son sujet. Peut-être que tout se passerait mieux qu’elle ne l’avait craint dans un premier temps.
« J’ai gagné ! » s’exclama soudain Tirso.
Un grognement révolté lui répondit.
« Je vais aller le dire à Poe et Finn », s’écria l’enfant en partant en courant.
Il avait réussi à battre Chewbacca. Rey croisa son regard et y perçut une pointe d’inquiétude. Qui était vraiment cet enfant ? Et surtout de quoi était-il capable ? Finn interrompit sa réflexion.
« On est arrivés Rey.
- Je viens. »
Elle sentait qu’elle finirait bien par obtenir les réponses qu’elle cherchait. Mais une partie d’elle ne pouvait s’empêcher d’être inquiète à ce sujet.