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"Fragiles Bourgeons"

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Messagepar Adanedhel » Sam 20 Mai 2023 - 0:58   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Un chapitre doux amer, centré autour des relations anciennes, récentes, en cours ou terminées... Je pense que je vois pourquoi il te déplaît, c'est toujours délicat à écrire, c'est peut-être là où on met le plus de nous même et de nos propres ressentis au final, difficile de savoir si on verse trop dans le sentimentalisme ou si on se retient trop pour éviter justement de se dévoiler...

Mais si ça peut te rassurer j'ai trouvé chacune des interactions touchante à sa manière, alors même que tu joues sur des cordes de l'épisode IX que je n'aime absolument pas (le passé de passeur d'épice de Poe, et les liens de Finn à la Force, notamment).

Je bloque toujours un peu sur ces dialogues un peu trop écrits, surtout pour des passages aussi intimes, je pense que ce serait plus naturel avec une touche moins soutenue (typiquement, le "Rey, ne l’as-tu pourtant pas vaincu ?", j'imagine tellement pas cette tournure dans la bouche de Finn... ni de Poe ou de Rey d'ailleurs). Là dessus c'est le passage entre Rose et Finn que j'ai trouvé le plus naturel ^^

Hâte de voir ce qui attend la fine équipe sur Ambria ! :oui:
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Messagepar sam sanglebuc » Sam 20 Mai 2023 - 6:57   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Mes goûts personnels en matière de Force et de romance commencent ici à diverger des tiens, comme on s'en doutait.
Malgré tout ce fut avec grand plaisir que j'ai suivi ton histoire !
Je continuerai peut être à suivre de manière moins soutenue.
Bonne continuation à tous et toutes !
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Messagepar Alionouchka » Dim 21 Mai 2023 - 7:59   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:Je pense que je vois pourquoi il te déplaît, c'est toujours délicat à écrire, c'est peut-être là où on met le plus de nous même et de nos propres ressentis au final, difficile de savoir si on verse trop dans le sentimentalisme ou si on se retient trop pour éviter justement de se dévoiler...

Je ne sais pas si c'est vraiment celui où je mets le plus de moi. Il me semble qu'il y en a d'autres (encore à venir) où c'est bien pire en tout cas :transpire:.

Mais sinon, il est clair que l'expression des sentiments (je veux dire dans un dialogue entre les personnages) est un domaine dans lequel l'équilibre est difficile à trouver...

Mais si ça peut te rassurer j'ai trouvé chacune des interactions touchante à sa manière, alors même que tu joues sur des cordes de l'épisode IX que je n'aime absolument pas (le passé de passeur d'épice de Poe, et les liens de Finn à la Force, notamment).

Ouf oui, ça me rassure beaucoup même ! :cute:

Je bloque toujours un peu sur ces dialogues un peu trop écrits, surtout pour des passages aussi intimes, je pense que ce serait plus naturel avec une touche moins soutenue

Comme je le disais dans un autre message, je publie mon histoire telle que je l'ai écrite, sans me laisser influencer par les commentaires (enfin à part corriger les coquilles qui me sont signalées bien sûr). Par contre, j'entends vraiment cette critique et je me dis que, quand j'aurai tout publié, il faudra que je réécrive une partie des dialogues pour (essayer de) les rendre plus naturels.

En fait, cette fic est la première que je publie sans qu'elle soit bêta-lue avant pour la simple raison que ma bêta-lectrice est ma sœur et qu'elle n'a jamais vu TROS (elle a été traumatisée par TLJ...). Et je suis sure qu'elle m'aurait fait ce type de commentaires elle aussi et m'aurait aidé à améliorer mon texte de façon plus générale. Je me rends compte que c'est vraiment plus dur d'être sûr de ses choix quand on n'a pas au moins une personne qui est passée derrière pour signaler les défauts majeurs.
Parce que souvent, un regard neuf et plus objectif change tout. J'ai parfois l'impression qu'à force de lire et relire le même texte, je n'ai plus de recul et quand je trouve un problème dans l'expression ou une coquille, je me dis : "Mais comment ai-je pu ne pas voir ça lors de mes dix relectures précédentes." :paf:

Et puis à force de lire et de relire, il y a aussi ces moments où on se dit : "Mais en fait, est-ce que tout ce passage/chapitre n'est pas à jeter tellement il est nul ?" Et là, une gentille grande sœur réconfortante est bien utile...

Hâte de voir ce qui attend la fine équipe sur Ambria ! :oui:

J'ai la trouille à mort parce que je touche à des éléments de l'univers Légende que je ne maitrise absolument pas et j'ai peur de passer à côté. On verra bien !

Merci beaucoup pour ton retour !!!
Modifié en dernier par Alionouchka le Dim 21 Mai 2023 - 8:08, modifié 2 fois.
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Messagepar Alionouchka » Dim 21 Mai 2023 - 8:03   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

sam sanglebuc a écrit:Mes goûts personnels en matière de Force et de romance commencent ici à diverger des tiens, comme on s'en doutait.
Malgré tout ce fut avec grand plaisir que j'ai suivi ton histoire !
Je continuerai peut être à suivre de manière moins soutenue.
Bonne continuation à tous et toutes !


Aucun problème ! :cute:

En effet, je pense que nos façons d'envisager la Force ne sont pas forcément très compatibles et le but, quand on lit une fanfiction, c'est de prendre du plaisir, pas de s'infliger des choses pénibles.

En tout cas, merci beaucoup pour tous les commentaires que tu as laissés et les échanges que nous avons eus. :jap:

Et au plaisir de te recroiser ailleurs sur le forum ! :hello:
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Messagepar Alionouchka » Sam 27 Mai 2023 - 7:10   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

CHAPITRE 7


Ambria était une planète rocheuse et sablonneuse, une de plus constata Rey avec amertume en y posant le pied. Ces pensées furent suivies d’un frisson qui lui parcourut le corps.

« Cette planète me fait peur », dit Tirso en se serrant contre elle.

Peut-être qu’elle aurait dû venir seule après tout. Tirso avait un rapport à la Force instinctif et empli de noirceur et Finn avançait totalement dans l’inconnu concernant ses capacités. Était-il encore trop tôt pour les emmener dans un endroit dans lequel le côté obscur était aussi oppressant ?

Mais il était déjà trop tard pour renoncer. De plus, elle se sentait irrémédiablement attirée par le lac auprès duquel ils s’étaient posés. Elle ne pouvait ignorer l’obscurité qui l’habitait pourtant, ni le poids que l’air prenait dans ses poumons, comme s’il était devenu liquide, faits d’embruns poussés par le vent et tentant de se glisser en elle. Cela aurait dû être seulement terrifiant mais c’était aussi étrangement intrigant et fascinant.

Elle se dégagea de l’étreinte de Tirso avec douceur et fit quelques pas dans la direction de l’étendue d’eau frémissante, comme aimantée par une force invisible. Elle se concentrait sur la régulation des battements de son cœur quand elle entendit comme des voix qui semblaient l’appeler. Elle ne pouvait distinguer ce qu’elles disaient. Mais il lui semblait que chaque pas entrepris vers le lac lui permettait de les entendre plus distinctement.

Elle fut interrompue par la voix claire de Poe :

« Rey, on devrait prendre nos quartiers en ville. Il sera temps de revenir plus tard. »

Elle se retourna et distingua ses amis comme au retour d’un rêve.

« Oui, tu as raison. Merci. »

Quand elle vit Tirso pelotonné dans les bras de Chewbacca, elle se dit qu’en effet, elle devait mieux revenir ici seule.

La colonie installée sur Ambria avait prospéré et ils découvrirent une ville moderne et propre. L’auberge dans laquelle ils s’étaient installés était accueillante. Rey se détendit enfin quand elle s’assit autour d’une table dans la cantina. Elle ne pouvait oublier la sensation qu’elle avait eue auprès de ce lac bien sûr, mais elle se sentait à présent en sécurité. Voyant Tirso à bout de force, elle monta rapidement se coucher et l’installa dans l’un des lits jumeaux de la petite chambre qu’ils partageaient.

Elle contempla longuement le visage endormi. Ses doux traits, ses cheveux fins. Elle y passa les doigts, poussée par un élan de tendresse. Parfois la puissance des sentiments qu’elle ressentait pour l’enfant la dépassait un peu. Tout comme la façon soudaine dont il était passé d’un inconnu à l’être qu’elle avait envie de protéger par-dessus tout. Il n’y avait rien de logique là-dedans. Cependant, elle était mieux placée que quiconque pour savoir que l’amour n’avait pas grand-chose de rationnel.

Elle espérait juste que ce soit pas un mirage que lui envoyait son cerveau pour prendre une place encore chaude dans son cœur. Était-il juste un pansement, une distraction pour lui permettre de reprendre une réelle foi en l’existence ? Tirso méritait bien mieux, que l’on l’aime de façon inconditionnelle lui-aussi. Elle chassa cette pensée en l’entendant soupirer doucement dans son sommeil et en se sentant sourire. L’amour qui étreignait sa poitrine ne pouvait être une illusion.

En se dévêtant, elle se rendit compte qu’elle avait oublié son foulard dans la cantina. Elle quitta la chambre en murmurant à Tirso, qui semblait assoupi, qu’elle revenait vite.


***


Le jeune enfant fut réveillé par le bruit de la porte qui se refermait et, entrouvrant les yeux, posa son regard sur la ceinture de Rey qu’elle avait laissée sur le lit. Rien ne dépassait et pourtant Tirso savait ce qui se cachait dessous.

Tirso avait bien intégré le fait que le sabre-laser était une arme dangereuse et qu’il ne devait pas y toucher. Ce n’était pas la première fois qu’il avait l’envie et l’occasion de s’en saisir mais ce soir là, alors qu’il voguait entre le monde de l’éveil et celui des rêves, le désir était devenu une tentation irrésistible, un besoin impérieux.

Il sortit donc de sa couchette et s’approcha de l’arme, les doigts hésitants. Une voix diffuse semblait lui en intimer l’ordre : « Prends-le, il est à toi, il te revient de droit. » Il tenta une ultime fois de résister à ce désir mais ses efforts furent vains. A l’instant où il posait sa main sur le sabre, un éclair violent l’éblouit : une succession d’images d’une étonnante netteté s’imposa à son esprit : un désert, une femme brune au regard doux, un homme majestueux aux cheveux longs, un autre à la barbe rousse qui prononçait son nom : « Anakin. » Il vit ensuite une jeune femme brune magnifique, il la serrait dans ses bras, l’aimait douloureusement. Et un homme aux cheveux gris le regardait en souriant. Puis il se transformait en un monstre terrifiant aux yeux jaunes. Tirso avait du mal à respirer désormais alors qu’il entendait encore prononcer son nom : « Seigneur Vador ». Il tenait un sabre, un sabre rouge et il le plantait avec rage dans tant de corps qu’il était impossible de les compter. Il entendait des hurlements, des pleurs, les voix résonnaient dans sa tête en s’entremêlant. Lui aussi voulait crier, pleurer mais il n’arrivait pas à trouver suffisamment d’air dans sa poitrine. Il distingua enfin un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux bleus qui le regardait avec un mélange de crainte et de pitié dans les yeux. Puis, secoué par la violence de ces visions, il finit par s’effondrer au sol ôtant dans sa chute sa main du sabre laser.


***


Rey surgit alors en courant. Elle avait entendu un bruit et s’était précipitée. Elle vit tout de suite Tirso, étendu au sol, le corps tremblant, ramassé en position fœtale. Elle s’approcha et distingua ses yeux exorbités, la bave qui coulait au coin de ses lèvres.

« Tirso, que s’est-il passé ? s’écria Rey. Tirso, réponds-moi ! »

Elle apposa ses mains sur son front et tenta de l’apaiser grâce à la Force. Cela semblait fonctionner. Le corps de Tirso se détendit finalement et elle put le prendre dans ses bras. L’expression de son visage avait changé. La terreur avait fait place au désespoir. L’enfant dit :

« Je suis un monstre. Il aurait mieux valu que je meure là-bas. »

Puis il éclata en sanglots. Il ne semblait plus pouvoir s’arrêter de pleurer. Rey le serra un long moment dans ses bras, sans rien dire. Elle tentait juste de lui transmettre tout l’amour et le réconfort qu’elle pouvait. Elle finit cependant par lui demander à nouveau :

« Que s’est-il passé Tirso ? »

L’enfant ne souhaitait manifestement pas répondre et il enfouit sa tête dans le creux de son bras.

« Il faut me dire si tu veux que je t’aide. Je ne me fâcherai pas, c’est promis.

- Je sais que je n’ai pas le droit de prendre ton sabre, finit-il par lâcher. Mais je ne voulais pas l’allumer, juste le toucher…

- Ce n’est pas grave. Mais que s’est-il passé qui a pu te mettre dans un tel état ?

- Au moment où je l’ai fait, j’ai eu plein de visions dans ma tête, des voix qui m’appelaient et je tuais, je tuais tant de personnes et elles pleuraient, et tous les gens qui s’approchaient de moi me regardaient en pleurant. Oh Rey c’était horrible ! Et ils disaient mon nom, mes noms et je savais qu’il s’agissait bien des miens, même s’ils étaient différents. C’était moi qui faisais tout ce mal et je souffrais, je souffrais tellement. Et tout paraissait tellement réel et vrai. »

Pouvait-ce être une vision de son avenir ? se demandait Rey. Ou de son passé ? Ou plutôt des souvenirs de celui qui avait servi de matériel génétique pour la création de Tirso ? La Force pouvait créer des passerelles entre les existences, elle le savait bien. Pourtant elle redoutait de lui demander tout en sachant qu’il fallait qu’elle le fasse, qu’elle apprenne de qui cet enfant était la réplique. Elle devait savoir pour l’aider à apprivoiser cette existence par défaut qui était celle des clones. Elle maudit encore une fois l’inhumanité d’un tel procédé. Et en même temps, elle appréhendait ce qu’il allait lui dire. Après de nombreuses hésitations, elle lui demanda finalement :

« Et comment t’appelais-tu ?

- Ils disaient « seigneur Vador ». »

Rey sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Elle comprenait maintenant pourquoi la puissance démesurée de sa force l’avait effrayée. Elle frémit en pensant que cette force l’avait aussi attirée vers lui. Mais elle sentit alors plus distinctement l’évidence de leur lien et sa profondeur. Elle saisissait mieux à présent pourquoi elle avait toujours eu la sensation que Tirso faisait partie de sa famille. Mais la priorité était maintenant de soigner les blessures de l’enfant.

« Écoute-moi Tirso, cet homme que tu as vu, ce n’était pas toi, tu comprends. C’était une vision d’une autre vie qui est désormais achevée. Toi, tu es Tirso, et tu as une famille qui ne te laissera jamais devenir ce que tu as vu. »

Rey était consciente qu’elle était en train de faire une promesse qu’elle était incapable de tenir. Mais c’était l’expression profonde de son souhait. L’enfant finit par s’apaiser dans ses bras. Elle le berça longtemps alors que ses larmes se tarissaient progressivement.

« Rey, je peux dormir avec toi cette nuit ?

- Bien sûr », répondit-elle séchant ses larmes avec ses doigts.

Tirso s’allongea près d’elle et finit par s’endormir en serrant sa main contre lui. Sa respiration était calme à présent mais Rey ne pouvait trouver le sommeil. Une évidence s’imposa en elle : elle garderait cette révélation pour elle. Le fardeau de cette ascendance maudite ne manquerait pas de détourner le plupart des gens de Tirso s’ils l’apprenaient et même chez les autres, elle craignait que cela crée au moins une crainte diffuse. Ce n’était pas son cas. Étonnamment, elle se sentait plus proche de Tirso que jamais. Comme si partager les mêmes poids pouvait parfois rapprocher davantage que les années vécues ensemble. Peut-être le dévoilerait-elle un jour mais seulement une fois que tous auraient appris à aimer Tirso et que personne ne risquerait plus de confondre le passé de ses gènes avec ce nouvel être qui naissait à la vie et qui avait le droit de le faire sans devoir souffrir d’une méfiance et d’un déterminisme qu’il ne méritait pas.

Mais par ailleurs, les doutes qu’elle croyait avoir apaisés l’assaillaient de plus belle. Était-elle à la hauteur de la tâche qu’elle s’était mise en tête d’accomplir ? Comment pouvait-elle lutter contre l’obscurité qui menaçait Tirso alors qu’elle même n’en était pas à l’abri et, elle sentait, ne le serait jamais vraiment. Elle repensait aux éclairs qui avaient jailli de ses doigts sur Malachor. A ce lac qui l’avait tant attirée le jour même. Elle songea à fuir, à quitter cette planète le plus vite possible et tant pis pour la construction de son sabre laser. Mais non, elle ne devait pas céder à la peur, à la faiblesse. Elle se concentra alors sur sa respiration et visualisa des images apaisantes : Ben la serrait désormais dans ses bras. Et ce fut calme et résolue qu’elle put distinguer, à travers les stores, l’aube qui se levait enfin.

***


Plus décidée que jamais, Rey prépara ses affaires au petit matin. Finn, percevant son sérieux, se doutait sûrement qu’il s’était passé quelque chose. Mais il n’osa pas lui poser de question. Après avoir fixé solidement son sac et son bâton sur son speeder, elle retourna voir Tirso qui la regardait faire avec un air inquiet. Elle s’approcha de lui et s’accroupit :

« Tirso, je reviens vite. Chewie, Poe, Finn et BB8 s’occuperont bien de toi en attendant.

- Mais Rey, je ne veux pas que tu retournes au lac d’hier. Il me fait peur. Je sens… un danger.

- Je n’irai pas au lac aujourd’hui. Je te le promets. Mais Tirso, surmonter nos peurs est indispensable pour devenir un Jedi et je ne pourrai renouveler cette promesse éternellement. »

Tirso se jeta dans ses bras et la serra convulsivement contre lui. Rey sentait sa peur et sa détresse et elle se demanda encore une fois comment elle pourrait former un être aussi fragile. Mais elle chassa cette idée de son esprit. Chaque chose viendrait en son temps. Elle se releva avec Tirso dans ses bras et le plaça dans ceux de Chewbacca.

Puis sans plus attendre, elle enfourcha son engin, couvrit son visage d’un foulard, mit ses lunettes de protection et s’élança. Très vite, elle quitta les rues de la cité et se retrouva à parcourir les terres arides d’Ambria. Elle avait comme une impression de déjà vu et sourit en songeant au trajet qu’elle avait parcouru depuis qu’elle avait quitté les dunes de Jakku. Elle percevait son sang qui pulsait de façon régulière dans ses veines et se sentait en harmonie avec son environnement. Elle croisa un troupeau de gros animaux à cornes et s’amusa du nuage de poussière qu’ils dégagèrent en courant près d’elle, comme pour la saluer.

Elle avait consulté la carte d’Ambria la veille et savait qu’elle touchait bientôt au but. Progressivement le paysage changeait et au sable succéda une terre rocailleuse. Elle distinguait les montagnes devant elle dont la chaîne se dressait de façon majestueuse. Ce lieu résonnait étrangement en elle mais c’était une présence bien plus rassurante que la veille, la sensation qu’on l’attendait là-bas.

La route devint progressivement plus sinueuse et Rey s’engageait bientôt, avec son speeder, entre deux parois rocheuses. Elle tomba alors sur un ruisseau qui coulait le long des rochers. Elle le remonta et arriva rapidement à l’affluent qui la mena lui-même au bras principal. Rey survolait maintenant une large et tumultueuse rivière tandis que tout autour d’elle s’élevaient des falaises gigantesques. En levant les yeux au ciel, elle eut une sensation d’écrasement mais elle chassa cette appréhension et atteignit finalement une vaste plage de cailloux où elle put poser son speeder.

Elle ôta son foulard et ses lunettes et descendit de l’engin pour s’approcher de la rivière. Enclavée ainsi, la plage sur laquelle elle s’était arrêtée était protégée de la chaleur par les roches monumentales qui la surplombaient. C’était un endroit étonnamment agréable. Elle s’agenouilla et plongea ses mains dans l’eau, avant d’en asperger son visage avec un soupir de plaisir. Cette fraîcheur lui fit du bien et lui permit de soulager la tension qu’elle ressentait.

Elle s’était renseignée et elle savait à quel point ce canyon était un lieu imprégné de la Force mais maintenant qu’elle en faisait l’expérience, il lui semblait que ce qu’elle attendait comme une présence réconfortante ne l’était pas. Chaque lieu relié à la Force qu’elle visitait semblait créer en elle tout à la fois une impression d’un ancrage profond au monde mais aussi une sensation confuse d’oppression.

Mais c’était bien cela qu’elle était venue chercher et elle ne souhaitait en aucun cas renoncer. Après avoir vérifié son équipement et saisi son bâton, elle s’avança vers les falaises. Elle avait repéré un couloir rocheux qui s’enfonçait dans la montagne. Il était étroit mais elle décida de le suivre pourtant, se concentrant sur ses propres sensations.

Elle avança longuement. Seul retentissait, avec de plus en plus d’échos, le bruit de l’eau qui coulait. Les murs qu’elle longeait étaient humides de condensation et spontanément, elle cherchait à éviter le contact avec la roche poisseuse. Pourtant, elle ne pourrait esquiver continuellement la difficulté, songea-t-elle. Cela l’empêchait de progresser à son aise. Elle appliqua alors les paumes de ses mains contre chacune des parois et l’eau qui y ruisselait lui parut finalement moins désagréable qu’elle ne l’était quand elle cherchait à en esquiver à tout prix le contact.

Alors qu’elle progressait, elle constata que ses bras s’écartaient progressivement de son corps : le passage s’élargissait et elle distingua bientôt au loin, l’issue lumineuse de ce corridor labyrinthique. Elle aboutit finalement dans une large grotte dont l’apparence lui coupa le souffle. Nombre de ses parois étaient recouvertes de cristaux. Chacun brillait faiblement mais leurs lumières cumulées, donnaient à la pièce une lumière à la fois douce et blafarde. Rey s’approcha de l’un d’eux et le toucha de ses doigts, avec une sorte d’appréhension.

Elle se sentit instantanément connectée, à ce minéral, à la grotte, aux profondeurs de la planète. Il lui semblait qu’ils palpitaient entre ses doigts. C’était une sensation à la fois effrayante et fascinante. Car à travers l’essence de ces cristaux, elle ressentait toute l’ambiguïté de la Force et de sa dualité entre l’obscurité et la lumière. Elle percevait à la fois tout ce qui était, tout ce qui voulait devenir, tout ce qui était fragile, sans cesse prêt à se briser.

Elle comprenait qu’elle devait accepter cette fragilité de la vie, à la fois en elle et dans ce à quoi elle tenait mais des images douloureuses s’imposaient à son esprit : le vaisseau de ses parents disparaissant dans le ciel de Jakku, ceux de la Résistance, anéantis un par un et s’effondrant dans ciel comme autant d’étoiles filantes, le corps de Ben se dissolvant entre ses doigts sans qu’elle puisse en saisir et en conserver la moindre parcelle.

Et pourtant, alors que la souffrance engourdissait progressivement son cœur, elle sentit confusément qu’elle était le vaisseau de tous ces disparus, qu’ils vivaient diffusément en elle et dans ses souvenirs. Elle les ferait vivre encore et ainsi serait le lien entre leurs existences fanées et les générations qui germaient encore dans la Force.

Elle entendit alors une voix grave et inarticulée directement à l’intérieur de sa tête :

« Tu progresses jeune Jedi.

- Qui êtes-vous ?

- Quelqu’un qui veille à s’assurer que ceux qui viennent ici avec des questions en repartent avec les bonnes réponses. »

Rey ne sentait pas d’hostilité dans cette étrange présence. Elle n’hésita pas à se confier :

« Je suis la dernière des Jedi. J’ai le sentiment que je me dois de faire perdurer l’Ordre mais je ne sais pas comment faire. Les Jedi ont failli disparaître et parfois je me demande si ce n’était pas la volonté de la Force. Voulait-elle faire disparaître l’opposition entre lumière et obscurité ?

- Tu ne peux mettre les deux sur un pied d’égalité comme tu le fais. Ces deux éléments ne sont pas à envisager comme deux options égales que l’on pourrait choisir. Le côté obscur provient toujours de la souffrance, il est la Force qui se heurte aux malheurs et aux échecs de l’existence.

- Mais la vie elle-même ignore la notion de bien et de mal. Et elle est harmonie.

- Oui mais si la Force a doté tant d’espèces d’une conscience, n’est-ce pas justement parce que la vie n’est pas tout ? Au-delà, il y a la recherche du sens de ces vies, de la direction qu’elles peuvent prendre.

- Mais ne peut-on pas apprivoiser le côté obscur ?

- Le maîtriser serait plus approprié. Par contre on peut apprivoiser sa propre souffrance, la garder en soi, sans la nier, pour se rappeler qu’on l’a vaincue car on peut vivre même si elle nous accompagne. Notre souffrance nous rappelle alors qu’elle ne nous a pas emmené du côté obscur. »

Soudain, la voix disparut comme elle était venue et Rey ouvrit les yeux. Elle était toujours dans la grotte et elle entendit à nouveau l’eau ruisselant sur ses parois. Cette étrange conversation l’avait épuisée mais également étrangement apaisée. Elle s’installa sur un rocher et ayant sorti quelques provisions qu’elle avait emmenées, se mit à manger pour reprendre des forces.

Elle avait l’impression d’avancer sur la voie des Jedi. Et pourtant, elle préférait se méfier. Elle savait que la planète abritait en son sein le côté obscur et que ceux qui s’y consacraient pouvaient utiliser de nombreuses ruses pour s’infiltrer dans les esprits. Elle s’était jurée que plus jamais quelqu’un ne pourrait manipuler ses pensées et pourtant elle ressentait encore le besoin impérieux d’apprendre, de se reposer sur quelqu’un. Il lui suffisait d’exercer son jugement pour faire ses propres choix, songeait-elle, mais il lui semblait que cette évidence n’en était pas vraiment une.

Elle reprit finalement son chemin à travers le canyon pour continuer son exploration. Elle traversa plusieurs grottes semblables à celle qu’elle avait visitée plus tôt dans la journée, tapissées de cristaux brillants. Son chemin la mena enfin sur les bords de la rivière, à l’opposé de l’endroit où elle était arrivé le matin même.

Elle découvrit alors ce qui lui semblait être un camp abandonné. Elle y distinguait d’anciennes huttes construites en terre, aux plafonds bas et oblongs. Elle s’approcha et explora les lieux plus en détail. Elle pénétra dans l’une des habitations : elles étaient peu meublées mais il y restait quand même des couchettes et de quoi s’asseoir. Un peu de ménage et de bricolage et les lieux deviendraient habitables.

Elle s’assit sur un banc fabriqué en terre et posa les mains devant elle, sur la roche polie qui tenait lieu de table. « Des générations de Jedi vivent en moi » songea-t-elle. Elle poursuivrait sa formation dans ce lieu où d’autres l’avaient précédée. Faire le lien entre le passé et l’avenir. C’était son devoir, pensait-elle en enlevant la poussière de la table d’une geste inconscient.

Il lui fallait à présent rentrer au risque d’inquiéter Tirso et ses amis. Le jour était déjà bien avancé et elle devait retrouver son speeder et rentrer en ville avant le coucher du soleil. Les nuits étaient fraîches dans ce désert et il fallait se méfier de la faune qui craignait les hommes mais pouvait se montrer plus entreprenante devant une proie seule et endormie.

Elle entreprit donc le trajet qu’elle avait fait précédemment dans le sens inverse. Elle n’eut pas de mal à retrouver son chemin. Le canyon avait la capacité de mettre tous ses sens en éveil, de décupler ses intuitions. Cette fois, elle entreprit de cartographier les lieux qu’elle traversait pour s’assurer plus tard de pouvoir en découvrir tous les recoins. Quand elle repassa dans la grotte où elle avait eu cet étrange échange, elle sourit involontairement. Les Jedi ne la laisseraient jamais réellement seule. La Force l’accompagnait où qu’elle aille et les anciens, leur esprit, la guideraient dans cette voix qu’elle avait choisie.

Elle reprit finalement le long couloir rocheux et aboutit à la plage où elle avait laissé son speeder. Elle remarqua alors la présence de petites créatures grises qui furetaient tout autour. Ils avaient des corps longs, fins et gris et se déplaçaient avec agilité sur leurs pattes arrière. Quand elle s'approcha, les animaux s'éloignèrent prestement. Pourtant, alors qu'elle rangeait ses affaires sur son speeder, plusieurs s'approchèrent à nouveau, poussés par la curiosité. Elle finit par s'accroupir et tendit la main vers l'un d'entre eux. A petit pas et en poussant de faibles cris rauques, il avança vers elle et s’approcha comme s’il voulait renifler ses doigts. Pourtant, quand il fut à quelques centimètres, comme rattrapé par son instinct, il rebroussa brusquement chemin pour se cacher derrière un rocher. Rey sourit, heureuse. Elle constatait une nouvelle fois que même les lieux arides et inhospitaliers réservaient leur lot de vie et de beauté. Il faudrait qu'elle demande aux locaux le nom de ces petites créatures. Elle était toujours fascinée par toutes les nouvelles merveilles que lui offrait la galaxie.

Puis, voyant que la lumière du jour commençait à faiblir, elle se décida à se relever ce qui provoqua à nouveau la fuite des petites créatures. Elle remit son foulard et ses lunettes sur sa tête et après avoir vérifié une dernière fois son chargement, fit démarrer son speeder. Le bruit éloigna définitivement les animaux qui s'éparpillèrent très rapidement, disparaissant derrière les rochers.

Alors qu'elle parcourait le désert à vive allure, impatiente de retrouver ses compagnons, elle sentit sa résolution s'affermir : elle devait retourner dans ces lieux et y installer ses quartiers.




Voilà, il était temps de savoir (même si je ne pense pas que ce soit une grande surprise). Mais au moment de poster ce chapitre, je suis un peu partagée. D'un côté, c'était tout simplement une des idées de départ de mon histoire donc je ne peux pas revenir en arrière. Mais d'un autre côté, je suis en train de lire "Liens du sang" de Claudia Gray et je viens donc d'apprendre que Palpatine s'était arrangé pour rendre impossible tout clonage d'Anakin. Donc je viens d'apprendre que toute mon histoire n'est pas compatible avec le canon... Youpi.
Puisqu'elle est finie, je vais quand même terminer de la poster mais clairement, ça me coupe un peu les jambes. Bien sûr, je ne peux m'en prendre qu'à ma méconnaissance profonde de l'univers SW qui aurait peut-être dû me faire reconsidérer l'idée d'écrire une fanfiction assez longue dans cet univers...
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Messagepar sam sanglebuc » Sam 27 Mai 2023 - 10:13   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Coucou je suis toujours là !
Je viens de lire "Liens du sang", où se trouve le passage ?
Sinon, ne tiens pas compte de l'avis de Palpatouche, c'est un guignol en plus d'être un menteur, et ton récit est bien mieux écrit et sincère que trop des dernières productions officielles.
Déjà que le Canon était plus que bancal avant le rachat...
Donc mon avis est que tu dois continuer; je te trouve, même si je n'adhère pas, tout à fait légitime dans ta démarche !

"mais clairement, ça me coupe un peu les jambes. Bien sûr, je ne peux m'en prendre qu'à ma méconnaissance profonde de l'univers SW qui aurait peut-être dû me faire reconsidérer l'idée d'écrire une fanfiction assez longue dans cet univers..."

Je ne peux que t'encourager à te débarrasser de cette culpabilité !
Et que la Force soit avec toi !!
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Messagepar Adanedhel » Sam 27 Mai 2023 - 16:52   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

A nouveau un bon chapitre, la révélation autour de Tirso est bien amenée & l'ambiance dans la caverne à cristaux est très chouette !

Alionouchka a écrit:

Voilà, il était temps de savoir (même si je ne pense pas que ce soit une grande surprise). Mais au moment de poster ce chapitre, je suis un peu partagée. D'un côté, c'était tout simplement une des idées de départ de mon histoire donc je ne peux pas revenir en arrière. Mais d'un autre côté, je suis en train de lire "Liens du sang" de Claudia Gray et je viens donc d'apprendre que Palpatine s'était arrangé pour rendre impossible tout clonage d'Anakin. Donc je viens d'apprendre que toute mon histoire n'est pas compatible avec le canon... Youpi.
Puisqu'elle est finie, je vais quand même terminer de la poster mais clairement, ça me coupe un peu les jambes. Bien sûr, je ne peux m'en prendre qu'à ma méconnaissance profonde de l'univers SW qui aurait peut-être dû me faire reconsidérer l'idée d'écrire une fanfiction assez longue dans cet univers...


Ah ouais ? J'ai pas du tout souvenir que la question soit abordée dans Bloodline, pourtant j'avais adoré le bouquin... tu as le numéro du chapitre ?
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Messagepar Alionouchka » Dim 28 Mai 2023 - 6:36   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

sam sanglebuc a écrit:Sinon, ne tiens pas compte de l'avis de Palpatouche, c'est un guignol en plus d'être un menteur, et ton récit est bien mieux écrit et sincère que trop des dernières productions officielles.
Déjà que le Canon était plus que bancal avant le rachat...
Donc mon avis est que tu dois continuer; je te trouve, même si je n'adhère pas, tout à fait légitime dans ta démarche !

"mais clairement, ça me coupe un peu les jambes. Bien sûr, je ne peux m'en prendre qu'à ma méconnaissance profonde de l'univers SW qui aurait peut-être dû me faire reconsidérer l'idée d'écrire une fanfiction assez longue dans cet univers..."

Je ne peux que t'encourager à te débarrasser de cette culpabilité !
Et que la Force soit avec toi !!

C'est vraiment trop gentil de m'avoir laissé ce message merci !!! :oops: :jap:

Et tu as raison, je peux tout à a fait me reposer sur l'idée que Palpatine a des plans secrets emboités dans d'autres plans secrets... :transpire:

Je viens de lire "Liens du sang", où se trouve le passage ?

Je vais essayer de retrouver ça !

Merci encore pour ton message et tes encouragements !
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Messagepar Alionouchka » Dim 28 Mai 2023 - 6:40   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:A nouveau un bon chapitre, la révélation autour de Tirso est bien amenée & l'ambiance dans la caverne à cristaux est très chouette !

Merci beaucoup !!!

Ah ouais ? J'ai pas du tout souvenir que la question soit abordée dans Bloodline, pourtant j'avais adoré le bouquin... tu as le numéro du chapitre ?

Je vais vérifier ça mais en voyant vos messages à sam sanglebuc et toi, je commence à me demander si je n'ai pas rêvé (et ce n'est pas une expression, j'en suis tout à fait capable...) !

A bientôt !
Alionouchka
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Messagepar Alionouchka » Dim 28 Mai 2023 - 10:31   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Je l'ai retrouvé ! C'est dans la première section du chapitre 23, à la p. 349 pour l'édition française :
"Aucun échantillon biologique étiqueté ANAKIN SKYWALKER ou SEIGNEUR VADOR n'avait été trouvé dans les registres de l'Empire ; Palpatine avait sans doute veillé à ce qu'aucun ne soit prélevé, de crainte qu'on puisse cloner son dangeureux Apprenti."
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Messagepar Adanedhel » Dim 28 Mai 2023 - 11:00   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Alionouchka a écrit:Je l'ai retrouvé ! C'est dans la première section du chapitre 23, à la p. 349 pour l'édition française :
"Aucun échantillon biologique étiqueté ANAKIN SKYWALKER ou SEIGNEUR VADOR n'avait été trouvé dans les registres de l'Empire ; Palpatine avait sans doute veillé à ce qu'aucun ne soit prélevé, de crainte qu'on puisse cloner son dangeureux Apprenti."

Aah ok ! Oui il n'y en a pas de trace dans les registres officiels mais ça me semble clairement pas impossible que Palpy s'en soit gardé pour des projets secrets ^^
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Messagepar Alionouchka » Sam 03 Juin 2023 - 12:41   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Ce chapitre est un peu plus long. A partir de là, j'ai eu du mal à organiser chacun de façon équilibrée (et j'avoue, j'ai renoncé...).



CHAPITRE 8

Elle arriva en ville peu avant la tombée de la nuit. Tirso l'attendait, assis devant l'auberge. Dès qu'elle fut descendue du speeder, il se jeta contre elle, enserrant sa taille de ses bras. Rey eut un petit rire et caressa ses cheveux.

« Tu étais si impatient de me retrouver ? » demanda-t-elle en souriant.

Tirso acquiesça d'un mouvement de tête. Puis il finit par répondre plus clairement :

« Je n'aime pas cette planète, je n'aime pas le sable qu'il y a partout et tout ce que je ressens ici. J'ai l'impression d'un poids, comme une sensation de tout sentir plus fort. Même les objets quand je les touche, c'est comme s'ils voulaient entrer à l'intérieur de mes mains.

- C'est la Force que tu ressens. Même si elle est partout dans l'univers, elle est plus palpable dans certains lieux, comme ici. Mais il ne faut pas que tu aies peur d'elle. Laisse-la entrer en toi. Cette sensation de fusion avec le monde qui t'entoure, tu dois en saisir toute la profondeur et toute la beauté.

- Mais c’est difficile quand tu n’es pas là. Je me sens déjà mieux maintenant que tu es rentrée. »

Rey prit sa main et le suivit dans le bâtiment. Tirso semblait déjà tellement attachée à elle. Cela lui paraissait étrangement naturel et même grisant mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir des craintes diffuses. C’était peut-être trop intense, trop évident justement. Elle avait lu dans les livres Jedi beaucoup d’éléments sur le danger de l’attachement et même si son instinct la poussait à remettre en cause le côté radical de ce rapport à la Force, elle ne pouvait s’empêcher de comprendre le sens de ce précepte en voyant le lien viscéral qui s’était créé en si peu de temps entre elle et cet enfant. Plus que jamais, elle sentait au plus profond de sa chair, de façon instinctive, ce que signifiait le mot « famille ».

En même temps, l’amour exclusif et essentiel entre enfant et parent ne durait pas éternellement, paraissait-il. Rey avait envie d’avoir confiance. Leurs sentiments s’apaiseraient sûrement avec le temps et cesseraient de faire battre ainsi leurs cœurs, devenant simplement une rassurante certitude.

Elle rejoignit ses compagnons pour leur faire le récit de sa journée. Eux non plus n’avaient pas chômé. Ils s’étaient déjà procuré tout le matériel nécessaire pour ériger un campement. Rey les regarda en souriant :

« Vous saviez déjà ce que j’allais dire, n’est-ce pas ?

- Disons que nous avons tendance à te connaître maintenant, toi et ton goût pour les endroits éloignés de la civilisation, répondit Poe, alors nous avons gagné du temps. »

Rey contempla tour à tour Chewie qui observait ailleurs d’un air faussement absent, Poe qui la regardait avec un sourire espiègle et Finn qui buvait distraitement le contenu de son verre. Elle sentit battre son cœur plus vite. Elle avait tellement de chance de les avoir chacun dans sa vie.

« Merci », dit-elle simplement.

Puis elle leur expliqua plus en détail la configuration des lieux et spécula sur les meilleurs moyens d’y accéder et de s’y installer. La soirée passa dans un sentiment de joie douce et simple et c’était exactement ce dont elle avait besoin.

Une fois dans sa chambre et alors que Tirso s’était endormi, elle ouvrit une malle qui était posée dans un coin et en sortit des livres et divers éléments, entourés soigneusement dans des morceaux de tissu. Elle trouva la page qui l’intéressait dans un des livres et vérifia son inventaire. Satisfaite, elle constata qu’il ne lui manquait bien que le cristal. Elle appréhendait le moment où il lui faudrait retourner au lac pour en puiser l’eau mais également ce qui l’attendait lors de la phase d’assemblage. Arriverait-elle à fabriquer un sabre réellement fonctionnel ? Elle sentait qu’elle en avait besoin, maintenant, de ce prolongement d’elle même et de sa force dans un objet qui serait uniquement à elle. Mais il ne fallait pas se précipiter pour autant, songeait-elle en replaçant les éléments après les avoir soigneusement enveloppé dans les différentes étoffes. L’impatience était rarement une bonne conseillère.

Et pourtant, à ce moment précis, l’enthousiasme l’emportait sur la crainte. Ces lieux seraient idéaux pour commencer à former Finn et Tirso. Cet écrin en retrait du monde offrait à la fois cet ancrage profond et concret à la Force et des lieux accidentés pour développer leurs capacités physiques. Rey se laissa entraîner par cet élan et savourant cette douce harmonie du soir avec la Force, elle finit par s’endormir.


***


Quand Rey leur montra les vestiges de l’ancien camp d’entraînement, Poe ne put s’empêcher une remarque cynique.

« Mais c’est du confort grand luxe, dit-il en pénétrant dans une de ces huttes faites de terre.

- Tu peux te moquer, dit Rey en souriant, mais ce matériau permet à la fois de se protéger de la chaleur la journée et d’éviter de ressentir trop intensément la fraîcheur de…

- Oh regardez ce que j’ai trouvé, s’écria Tirso. Qu’est-ce que c’est ? »

Il tenait en main des cristaux qui semblaient avoir été polis et sculptés en plusieurs formes diverses. Rey distingua des figurines d’apparence humaine et reconnut également la forme des ces petites créatures grises qu’elle avait vues la veille. Un autre de ces cristaux attira son attention : il avait la forme d’une grosse créature massive à quatre pattes au nez pointu, allongé et pourvu de cornes de chaque côté et avec un cou semblable à un plastron et hérissé d’épines. Rey lui prit la figurine des mains. Elle lui semblait étrangement familière.

« Ce sont des cristaux dit Rey, on dirait que quelqu’un les a sculptés pour en faire des sortes de jouets. Il y a en a plein de semblables dans la grotte. Je t’emmènerai les voir plus tard.

- Est-ce que je peux les garder, demanda Tirso les yeux brillants ?

- Bien sûr », acquiesça Rey.

Elle ne ressentait aucune négativité dans ces objets et tendit la figurine à Tirso avec un sourire. Ce n’était finalement qu’un enfant et elle se réjouissait qu’il pût en avoir les joies simples. Elle regarda autour d’elle : d’autres enfants avaient habité ces lieux, songea-t-elle, rassurée. Elle se sentit moins coupable d’entraîner Tirso dans cette aventure.

Il fallut du temps pour réaménager le campement qui était en ruines. Passée l’impression poignante de pénétrer dans un lieu qui témoignait de la permanence de l’Ordre Jedi, il fallait bien reconnaître que son état était fortement altéré. Ils réussirent cependant à déblayer ce qui devait l’être et à investir deux huttes qui semblaient suffisamment solides.

Chewbacca s’employa notamment à en vérifier l’étanchéité et à combler les failles avec cette boue qu’ils trouvaient en quantité près de la rivière, non loin de leur campement et qui paraissait étonnamment solide une fois séchée. Alors que Rey revenait avec un seau plein de cette terre, elle entendit un cri aigu retentir. Elle lâcha son seau pour se précipiter, persuadée d’avoir entendu Tirso mais quand elle le rejoignit, elle s’en voulut de s’être inquiétée. Il sautillait joyeusement, près du camp. Il aperçut Rey :

« Rey, j’ai vu de petits animaux tout gris. Ils sont trop mignons ! J’espère qu’ils reviendront !

- Si tu cries comme ça, tu risques de les effaroucher. Laisse-les s’approcher pour te renifler et t’étudier. Plus tu chercheras à les attraper et plus ils te fuiront ? »

Rey repartit récupérer son seau et constata avec dépit que son contenu en était renversé. Elle retourna donc chercher une autre cargaison de boue. Quand elle se dirigea une nouvelle fois vers le campement, elle put voir Tirso, accroupi, qui tendait la main vers une de ces petites créatures qui se tenait à quelques mètres de lui.

« Ce sont des neeks. J’ai demandé à l’auberge hier soir. On m’a dit qu’ils étaient farouches mais aussi très curieux. »

Les petits animaux s’étaient éloignés à l’arrivée de Rey au grand dam de Tirso qui la regarda avec un air contrarié.

« Ne t’inquiète pas, ils reviendront si tu restes calme. Cela va t’apprendre la patience, Tirso. Parfois pour obtenir quelque chose que l’on désire, il faut accepter que cela puisse prendre du temps. L’impatience ne mène qu’à la frustration et à la colère. Apprendre à la maîtriser est essentiel pour un Jedi. »

Tirso était redevenu plus grave et regardait Rey avec calme :

« Je comprends. J’attendrai qu’ils viennent à moi alors.

- Tu as bien compris », dit Rey et lui ébouriffant les cheveux.

A la fin de la journée, le campement était suffisamment retapé pour qu’ils puissent s’y installer dans un relatif confort. Quant à Tirso, même s’il ne regardait plus derrière lui pour le vérifier, il sentait très bien la présence de jeunes neeks qui le suivaient à distance raisonnable.

Alors qu’ils mangeaient assis autour du feu, Tirso envoya quelques miettes en leur direction. Il put distinguer dans la nuit leurs ombres furtives s’approcher pour les récupérer avant de repartir se cacher dans les rochers. Il sourit doucement.

Quand Rey sortit de la hutte une fois l’enfant couché, elle distingua Poe assis, seul, sur un rocher au bord de l’eau. Ce n’était pas courant. Il semblait à Rey qu’elle ne le voyait jamais qu’en mouvement, son humeur oscillant entre enthousiasme bruyant et frénésie enragée. Elle s’approcha de lui.

« Tu comptes repartir bientôt pour Coruscant ?

- Il le faut bien. Mais quand je pense à ce qui m’y attend, je sais que ce ne sera pas très réjouissant. Est-ce que je vais devenir un de ces vieux généraux qui scrutent tout avec une attitude hautaine et lâchent de temps en temps une phrase laconique en se donnant un air important ? »

Rey sourit. Il reprit :

« C’est vrai que j’ai besoin d’action, mais je comprends que j’ai surtout besoin de me sentir utile. Et d’un autre côté, je n’ai pas envie de vous quitter.

- Ta présence nous fait du bien, à tous, mais ni toi ni nous ne pouvons vivre dans une forme de nostalgie permanente et de regret vis-à-vis de ce qui a été. Vivre ce n’est pas passer sa vie à vouloir redonner corps à notre mémoire. Et puis le temps adoucit les souvenirs et nous donne souvent une image faussement idéalisée de ce qui a été.

- Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que la distance entre nous peut nous éloigner réellement les uns de autres. »

Il taisait manifestement une partie de ses craintes. Leurs pérégrinations échevelés prenaient fin. Leurs trajectoires semblaient bifurquer. C’était ce qui arrivait quand une lutte commune n’était plus là pour unir et que la paix laissait à chacun la nécessité de choisir sa propre voie.

« Mais si tu ne te libères pas de la peur de l’avenir, tu ne peux simplement pas vivre.

- Tu ne nous perdras jamais abruti », les interrompit une voix.

Finn les avait rejoint et il s’assit à côté de Poe.

« Depuis quand parles-tu avec un air si grave ? ajouta-t-il, tu sais très bien que nous nous retrouverons finalement. »

Un silence doux et un peu triste s’installa entre eux. La remarque de Finn ne trompait personne. Tous savaient que la vie avait le pouvoir de séparer les gens tout comme elle les avait liés. La vie en éternel mouvement changeait obligatoirement les êtres. Mais plus encore, tous savaient que se raccrocher aveuglément au passé, voire même à une projection illusoire de ce qu’il avait été ne causait rien d’autre qu’une forme de déni douloureux et inutile.

Poe rompit l’harmonie du moment et baissant les yeux, il dit dans un sourire :

« Vous allez me manquer. »

Rey sentit son cœur se serrer. Ce n’était qu’un au revoir bien sûr mais il la renvoyait à tout ce qui l’inquiétait dans cette vie qu’elle avait choisie. L’existence des Jedi menait bien souvent à vivre un peu à l’écart des autres. Cette sensibilité à la Force avait-elle un prix trop cher finalement ? Et pourtant, et plus encore dans ces lieux, elle la ressentait si puissamment, comme une évidence, et savait qu’elle ne pourrait jamais y renoncer.

Comment pourrait-elle garder son lien aux autres tout en explorant cette connexion avec la Force ? Comment pourrait-elle devenir une Jedi digne de ces prédécesseurs tout en suivant son propre chemin ? Les solutions lui paraissaient pour l’heure bien floues et sinueuses.


***


Poe partit le lendemain avec Chewbacca. Il le ramènerait à Coruscant avant de revenir dans le désert d’Ambria. Malgré ce qu’ils s’étaient dit la veille et la certitude de faire les choses au mieux, la séparation n’en fut pas plus facile. Les adieux furent brefs mais chaleureux et il sembla à chacun que les larmes de Tirso trouvaient écho dans leurs propres cœurs.

Quant le Faucon eut disparut dans le ciel, Rey saisit Tirso dans ses bras et ils reprirent ensemble le chemin du campement. Trois petits neeks les suivaient tout en restant à distance raisonnable.

« On dirait que tu t’es fait de nouveaux amis, dit finalement Rey en souriant à Tirso.

- Tu veux dire de vrais amis à moi ? demanda l’enfant les yeux écarquillés.

- N’est-ce pas comme ça que tu les considères ?

- Si », confirma Tirso en serrant Rey entre ses bras et en enfouissant son visage dans son cou. Quand il relâcha son étreinte, elle le reposa au sol et reprit sa route. Tirso restait un peu arrière et les animaux s’approchaient de lui, reniflant son odeur et emboîtant ses pas. Rey sourit et songea avec soulagement que Tirso, encore une fois, semblait avoir de grandes capacités d’adaptation. Elle eut un regain de confiance.


***


Les jours qui suivirent, Rey partit souvent seule pour découvrir les grottes alentour. Cela lui permit de cartographier complètement le Canyon. Mais quand elle croyait en avoir fait le tour, elle découvrait de nouveaux boyaux, débouchait sur de nouvelles grottes, ce qui rendait sa tâche ardue. De son côté, Finn était pris par l’entraînement physique et les exercices de méditation que Rey lui imposait tandis que Chewbacca s’occupait des repas et de l’entretien du camp. Rey était fasciné par son adaptabilité et ses compétences incroyables dans tant de domaines. Il lui semblait qu’il avait vécu une infinité de vie.

Quant à Tirso, il passait beaucoup de temps à jouer avec ses figurines et à tenter d’apprivoiser les neeks. Rey doutait encore. Une partie d’elle lui disait qu’il fallait lui apprendre au plus vite à maîtriser ses pouvoirs, mais une autre l’incitait à le laisser s’amuser innocemment, à goûter l’insouciance de la vie d’enfant qui lui avait été refusée si longtemps. Elle se souvenait aussi de ses pleurs dans la forêt, de la violence de sa crise dans l’auberge. La méditation le confronterait forcément aux images du passé qu’elle aurait souhaité qu’il oubliât à jamais.

Un soir pourtant, alors que la nuit apaisante recouvrait Rey de son voile d’intimité et qu’elle se laissait gagner par la mélancolie d’un souvenir devenu doux-amer qui résonnait toujours en elle, il s’assit à ses côtés. Tirso n’eut pas besoin de prononcer le moindre mot. Il se contenta de fermer les yeux. Rey saisit sa main doucement et se joignit à lui.

Bien sûr, la tristesse imprégnait encore les images qu’ils partagèrent ce soir-là. On ne guérissait jamais vraiment des blessures d’enfance, des chagrins profonds, mais ils s’atténuaient, leurs contours s’adoucissaient quand ils étaient touchés par la beauté du ciel infini, par le silence des roches qui portaient le poids de tant de monde, par le bruit des sources s’écoulant incessamment pour nourrir la vie, par les frémissements du vent réveillant une frêle branche encore endormie.

Longtemps, la Force les caressa ainsi, avec douceur, alors que les étoiles dans le ciel semblaient briller plus que d’habitude et que le lien qu’ils partageaient paraissait s’étendre aux confins de l’univers.

Quand elle ouvrit enfin les yeux, Rey regarda l’enfant à côté d’elle. Il semblait épuisé et ses traits conservaient une légère crispation. Mais elle avait compris : il ne servait à rien de repousser le moment. Cette vie d’enfant ordinaire et ses joies simples ne correspondaient finalement qu’à ses propres souhaits.

Tirso n’était pas un enfant ordinaire et même s’il avait parfois des réactions excessives et immatures, il était souvent grave et avait une grande capacité de concentration. Elle avait rechigné à le former tôt comme l’étaient les padawans des temps anciens. Mais c’était nier l’avidité de son rapport à la Force. Il devait réussir à trouver l’harmonie et la paix qui lui avaient été si étrangères pendant ses premières années de vie. Il ne servait à rien de refouler les malheurs et les souffrances. Ce n’était qu’une fuite et Tirso lui rappelait qu’il était lucide et courageux.

Les fois suivantes furent parfois douloureuses et laissèrent Tirso presque sans force. L’abandon avec lequel il s’adonnait à la méditation était saisissant. Comme si elle était un besoin vital, plus que pour quiconque. Mais ses progrès furent fulgurants et bientôt, il adopta la même routine que Finn.


***


« Nous partons en expédition aujourd’hui, je vais vous faire découvrir les grottes du canyon. »

Ils préparèrent ensemble le matériel nécessaire sous l’œil curieux d’un neek qui s’approchait de plus en plus près. Les autres semblaient s’être lassées, désormais habituées à leur étrange présence, mais celui-ci, plus petit que les autres continuait à suivre fréquemment Tirso. Il arrivait presque à le toucher désormais.

Quand ils pénétrèrent dans un des étroits couloirs qui fendait la falaise, la petite créature, comme impressionnée, resta près de la porte et Tirso lui fit un signe de la main. Tous trois progressèrent vite dans le dédale que Rey connaissait bien à présent. Elle marchait en tête, imposant un rythme soutenu mais régulier. Elle sentait l’excitation de ses disciples mais ne voulait pas que leur impatience les empêche de saisir la solennité de cet instant.

Il débouchèrent finalement dans la grotte que Rey avait découverte lors de sa première exploration. Elle y ressentit la même sensation de quiétude mais également de majesté.

Les exclamations de ses compagnons quoi qu’étouffées par le respect qui naissait en eux face à l’aspect imposant des lieux ne trompaient pas. Enfoncés sous la terre, chacun en goûtait l’essentialité tout en admirant les trésors qu’elle conservait, avec à la fois simplicité et une richesse infinie. Les reflets des cristaux formaient un jeu de miroir dans lequel il était tentant de regarder la réalité sous un angle plus brillant, un peu fallacieux.

Rey interrompit finalement cette contemplation en leur indiquant à chacun une roche plate sur laquelle s’asseoir. Ils commencèrent leur méditation. Rey leur rappela la nécessité de s’oublier eux-mêmes pour se connecter à la Force. Cela faisait déjà quelques temps que Finn et Tirso s’y entraînaient et le jeune enfant arrivait maintenant à trouver une paix dans l’exercice qui avait déclenché chez lui tant d’effroi dans un premier temps. Il pouvait être difficile de se perdre alors qu’on ne s’était jamais trouvé.

Quant à Finn, il semblait embêté à chaque fois que Rey lui demandait de parler de ses ressentis à ce sujet et elle soupçonnait qu’il avait encore du mal à lâcher prise. Elle n’aurait su lui en vouloir, elle-même était encore torturée par des souvenirs qui la hantaient toujours même si elle avait fait la paix avec eux.

Il était plus aisé désormais de ne plus voir l’image de Ben dès qu’elle fermait les yeux. Les ombres qu’elle entrapercevait dans les méandres de son esprit n’avaient plus non plus la forme de ses parents. Il ne restait d’eux, qu’elle avait tant aimés, que des silhouettes vagues qu’elle retrouvait dans les formes oblongues des stalactites, dans l’ondulation des herbes sèches de la prairie, dans le rayonnement incandescent du soleil.

Elle fut tirée de sa contemplation intérieure par un cri net :

« Rey ! »

Elle ouvrit les yeux. Finn était à quatre pattes sur la roche et des larmes coulaient de ses yeux grands ouverts.

« Qu’est-ce qu’il y a Finn ? Dis-moi ! » dit-elle avec empressement.

Tirso s’était approché à son tour et les regardait tous deux avec un air désolé.

La voix de Finn était essoufflée, un peu rauque quand il cracha ses mots, comme si les expulser lui faisait mal :

« Je ne peux pas Rey, c’est trop pour moi, pour mon corps, d’être traversé par tant de choses, tant de vies. Je crois que je n’ai pas autant de place en moi. »

Rey tenta de poser une main apaisante sur son dos.

« Finn…

- Non, je ne suis pas Finn, je ne suis rien, je ne suis personne, juste un numéro. As-tu oublié Rey ?

- Tu ne l’es plus, intervint une petite voix. »

Tirso s’était finalement approché et regarda Finn dans les yeux avec un air résolu et grave.

« Tu es devenu une nouvelle personne quand tu as eu ton nouveau nom. Tu as des amis. Tu as Rey maintenant. Tu as tout, Finn. »

Il s’approcha encore et serra la tête de Finn sur sa poitrine.

Les pleurs et la respiration de Finn s’apaisèrent. Rey ajouta :

« Je sais ce que c’est de n’être personne et de devenir quelqu’un brutalement. C’est terrifiant de ne plus être inconscient du monde et résigné face à ses difficultés, de devoir faire des choix. Mais pouvoir agir sur le monde qui nous entoure, pouvoir l’aimer, lui et ceux qui le peuplent, c’est à la fois terrifiant et enivrant. C’est se jeter enfin dans le vide et aimer ça justement parce qu’il n’y a plus de retour en arrière possible.

- C’est vrai reconnut Finn, c’est juste que devenir général, peut-être un Jedi un jour, ça me paraît trop, brusquement. Quand on est dans l’action, on oublie tout ça. Mais le vide ne laisse plus aucun endroit pour se cacher.

- Mais, ajouta Rey, avoir conscience de toutes ces vies que nous ne faisons que perpétuer et relier est justement ce qui rend heureux. Savoir que nous ne sommes qu’un maillon de cette chaîne infinie, c’est ça la beauté de la vie.

- Être à la fois un maillon et un individu, et réussir à tout concilier, c’est… »

Finn ne finit pas sa phrase.

« C’est trouver l’équilibre. Être un Jedi, c’est accepter que tu es là, que tu as le droit d’y être… »

Rey s’interrompit en sentant sa voix trembler. Elle avait besoin de le dire, besoin de l’entendre elle-même, pour reprendre enfin pleinement la place qui était la sienne dans ce monde.

« …tout en consacrant ta vie aux autres, à perpétuer la vie et c’est aussi suivre son instinct, ses convictions. C’est vrai que cela peut paraître des injonctions contradictoires d’une certaine façon. Être un individu unique mais connecté avec tous les autres êtres vivants, ceux qui sont, qui ont été et ceux qui seront. Mais il faut garder à l’idée l’importance de chaque vie, tout en ne négligeant pas la tienne, en restant à l’écoute de l’individu que tu es. Tu sais Finn, et je dis ça sans aigreur, il est encore temps de renoncer, de rentrer sur Coruscant…

- Tu sais très bien que je ne peux plus faire marche arrière. Je ne pourrai plus jamais faire comme si la Force n’était pas là, tout autour de moi. C’est juste que l’imaginais plus comme une compagne apaisante, que comme une conscience trop aiguë du monde.

- C’est pour ça qu’il est parfois si difficile de résister au côté obscur, il faut à la fois aiguiser ses sens et son instinct, tout en ne présumant jamais de l’importance de sa propre existence. Il est si facile de s’y perdre, de se sentir si seul à être ainsi le monde entier.

- Il faut avoir un point d’ancrage, intervint Tirso. C’est Rey pour moi. Elle me tend la main parfois quand je me souviens de choses que je ne voudrais pas. Il faut que tu trouves ton point d’ancrage toi aussi, une personne, un instant, le point de non-retour dans ce qui a fait de toi ce que tu es.

- Le point de non-retour… »

Finn semblait avoir retrouvé tous ses esprits. Cependant, la discussion aussi était intense et il était temps que tout le monde reprenne des forces.

« Rentrons au camp, intima Rey avec douceur. Nous reviendrons ici une autre fois. »

Ils remballèrent toutes les affaires et prirent le chemin du retour. Tirso, progressait avec légèreté dans les couloirs rocheux tout en marmonnant parfois, de façon enjouée, des mots pour lui-même.

« Vima et Zannah n’avaient pas menti. C’est vraiment très beau ici.

- Qui sont ces personnes ?

- Mes amies ! Je les vois dans mes rêves. »

Rey se raidit un instant. Tirso dut le percevoir car il ajouta :

« Mais ne t’inquiète pas, elles sont gentilles. Je crois qu’elles ont vécu ici elles aussi. »

Cela aurait pu être un jeu enfantin de s’inventer des amis imaginaires mais il lui sembla peu probable que ces faits soient aussi anodins. Elle ne permettrait pas qu’un nouvel enfant soit perverti par des voix envoûtantes et malveillantes.
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Messagepar Adanedhel » Mar 06 Juin 2023 - 10:25   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

C'est lu ! S'il est plus long que les autres, ça ne se ressent pas trop, il est toujours aussi agréable à lire !
La discussion entre Rey, Poe et Finn est particulièrement touchante, et j'aime beaucoup ta manière de parler de la Force lors de la session de méditation :oui:
Zannah et Vima (Sunrider ou sa descendante ?), donc... des noms très intéressants :sournois:
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Messagepar Alionouchka » Ven 09 Juin 2023 - 20:03   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:C'est lu ! S'il est plus long que les autres, ça ne se ressent pas trop, il est toujours aussi agréable à lire !

Merci beaucoup ! (et heureusement que c'est relativement fluide à lire dans la mesure où il ne se passe toujours rien :transpire: )

Zannah et Vima (Sunrider ou sa descendante ?), donc... des noms très intéressants :sournois:

Alors là, on touche aux éléments que je manipule sans les connaître vraiment. C'est sûrement un peu casse-gueule mais c'était trop tentant...
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Messagepar Alionouchka » Ven 09 Juin 2023 - 20:06   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

CHAPITRE 9


Ce fut seule que Rey retourna dans la grotte la fois suivante. Il était temps, elle le sentait, mais sauter le pas sans aucun signe d’encouragement lui paraissait trop ardu. Elle savait très bien pourquoi elle était venue sur Ambria. Et elle avait de plus en plus de certitudes sur sa mission en tant que maître Jedi. Étrangement, enseigner à d’autres ce qu’elle savait lui donnait plus de force que cela ne la fragilisait. Elle pouvait échanger au sujet de la Force et puis rassurer les autres lui permettait de renforcer sa propre sérénité. Mais elle restait une jeune femme sans plus aucun maître à qui poser des questions. Alors peut-être que cette fois aussi...

Elle s’installa sur la dalle au centre de la cavité. Ses mains s’attardèrent sur la roche et ses aspérités. Elle aimait cette sensation de complexité. Les rocs n’avaient pas besoin d’être lisses pour supporter le poids des autres.

Elle y songeait souvent quand elle comparait ses apprentis aux padawans anciens. Bien sûr, les former dès leur jeune âge permettait de les immerger dans les préceptes des Jedi, de leur apporter la paix mais cela les préservait aussi de la vie et des ses souffrances. Elle n’était pas sure que ce soit une si bonne chose. Qu’en était-il quand ils en faisaient enfin l’expérience ? Peut-être étaient-ils plus enclins à basculer finalement ? Quand on avait expérimenté soi-même le doute et le chagrin, la désillusion et la frustration, n’était-on pas un être vivant plus complet, plus conscient de la menace du côté obscur, plus apte à la combattre ?

Et pourtant elle doutait. Remettre en cause les préceptes d’un ordre millénaire qui avait apporté tant de lumière dans l’univers, n’était-ce pas faire preuve d’un horrible orgueil ? Qui était-elle pour décider quelle direction prendre ?

« C’est une bonne chose de se questionner pour faire les meilleurs choix. Mais il est dommage de douter sans cesse de soi. »

Rey sentit le soulagement l’envahir en entendant cette voix qu’elle avait attendue et qui reprit :

« Tu es à un croisement. Ce sabre achèvera cette phase d’apprentissage de laquelle tu es encore prisonnière.

- Sous-entendez-vous que je la prolonge inutilement ?

- C’est toi qui le dis. »

Il sembla à Rey entendre une forme d’amusement dans sa voix.

« Mais c’est qu’il reste encore tant de questions sans réponses.

- Et tu fais bien de te les poser. Mais les questions ne cesseront jamais de te hanter, les regrets aussi si tu leur prêtes trop l’oreille. Concentre-toi sur tes certitudes.

- Mais ces interrogations sont trop essentielles pour être ignorées. Je ne sais pas si j’ai envie d’être le héraut d’une forme de justice que je ne me sens pas légitime à incarner, qui est sûrement trop subjective. Au nom de quoi puis-je prétendre faire le bien autour de moi ? Quelle justice puis-je incarner quand même la Force peut-être obscure et trompeuse ?

- Parce que tu penses que protéger ceux qui souffrent, la liberté de chacun n’est pas une cause suffisamment juste ?

- Je dis seulement que tant de conflits sont plus complexes qu’il n’y paraît si souvent. Je dis juste que je suis pétrie par mon vécu, orientée par mon individualité.

- C’est si ce n’était pas le cas que ce serait inquiétant. C’est parce que tu es le vaisseau de la Force que ta quête est juste.

- Mais je n’ai pas l’Ordre pour m’interpeler. Seule comme je le suis, est-ce que je ne risque pas de me sentir supérieure à cause de ce cadeau ? Est-ce que je ne risque pas de me perdre en elle ?

- Tu ne m’as pas bien compris. Tout le monde est animé par la Force. Toi au même titre que les autres et c’est en cela que tu es digne de les protéger.

- Mais comment ? Avec un sabre qui ne pourra jamais abattre qu’une souffrance à la fois ?

- Non bien sûr, avec une arme bien plus puissante : le savoir. C’est elle la seule digne d’être transmise. Éveiller les consciences, perpétuer les connaissances, faire découvrir la complexité du monde afin de permettre à chaque apprenti de faire ses propres choix. Cela n’a jamais été que cela l’Ordre Jedi. Et toutes les tentatives d’uniformisation ne sont peut-être que des erreurs. C’est certainement plus évident de dire cela pour moi. »

Rey repensa un instant à la figurine qu’elle avait tenue dans ses mains et comprit pourquoi elle avait ressenti alors cette sensation familière.

« Mais n’est-ce pas aussi ce que pensent ceux qui ont perdu leur combat contre le côté obscur, qu’ils sont dans leur droit ?

- Si tu crois qu’essayer de faire le bien n’a pas de sens juste parce que ça ne marche pas à chaque fois, il faut le dire.

- Mais alors il n’y a pas de solution ?

- Ah, ah, ah, tu croyais vraiment que l’on pouvait trouver une solution infaillible et universelle ? Contraindre la Force, la vie comme on le ferait avec un barrage sur un cours d’eau ? Le complexité est douloureuse c’est elle qui mène au sacrifice d’un être pour en protéger un autre. Et c’est aussi elle qui mène à la mesquinerie, aux regrets, au côté obscur… »

Rey avait cherché des réponses. Mais celles qu’elle venait d’obtenir prenaient l’apparence de chemins bifurquant à l’infini.

« Garde juste à l’esprit le pire danger qui nous guette : être indifférent à la souffrance de l’autre. »

Ces derniers mots n’étaient plus qu’un écho lointain. Elle observa l’eau dans la coupelle devant elle. Elle était claire. Elle porta le récipient à ses lèvres : elle n’avait plus ce goût saumâtre. Ce n’était rien par rapport à ce qui l’attendait mais c’était le signe qu’elle était prête.


***


Tirso ouvrit les yeux, il avait fini sa séance de méditation. C’était devenu plus facile récemment. Les images effrayantes avaient été progressivement chassées par la douceur de Rey, la chaleur de Chewie, le franchise du sourire de Finn, par la toute nouvelle et délicieuse bienveillance du monde à son égard. Il entendit soudain un petit bruit qui lui était familier désormais. Il était subtil pourtant mais les sens de l’enfant étaient de plus en plus aiguisés.

Le petit animal lui semblait plus proche qu’il ne l’avait jamais été. Tirso tourna précautionneusement les yeux en essayant de mouvoir sa tête le moins possible. Le neek était seulement à quelques centimètres de sa main. Il n’était jamais bien loin de lui ces derniers temps. Parfois même, quand Tirso partait en excursion pour escalader les roches, il l’accompagnait. Mais l’animal repartait souvent aussi vite qu’il était arrivé et Tirso ne l’avait jamais même effleuré.

Tirso avait envie de tendre la main, pas pour l’attraper, non, juste pour le toucher. Mais il craignait plus encore d’effrayer franchement l’animal et de perdre ce lien qu’il avait pris tant de peine à créer. Il savait qu’il devait être plus patient mais parfois, l’envie de toucher ce qu’on aimait était forte, comme si cela lui donnait une réalité que seule sa matérialité pouvait apporter, une vraie certitude. Il avait besoin d’appréhender plus concrètement ce monde qu’il n’effleurait souvent que grâce à son esprit, de sentir réellement la sensation sur sa peau.

La ruse n’était pas appropriée dans une telle situation, seule la franchise lui permettrait d’obtenir ce qu’il souhaitait. Il tourna donc les yeux du côté de l’animal et tendit la main vers lui, comme il l’avait fait à d’innombrables reprises sans succès. La créature eut un mouvement de recul cette fois encore, se contentant d’humer ces doigts tendus. Et pourtant, après de longues secondes, Tirso eut la joie de sentir le petit museau frôler le bout de son majeur avant de s’éloigner à nouveau. Mais il revint quelque secondes plus tard, y frottant cette fois sa tête plus franchement. Tirso, enivré par cette victoire, ému par cette reconnaissance, se risqua à bouger un peu les doigts pour offrir une caresse à la tête écailleuse. L’animal ne bougea pas et sembla même fermer les yeux à demi.

Tirso aima le contact rugueux sur sa main. Il avait bien compris, qu’on n’avait pas forcément besoin d’aimer ce qui était lisse et doux, les êtres écorchés et douloureux avaient aussi leur forme de beauté.

Puis soudain, l’animal dressa la tête comme s’il avait entendu un bruit inquiétant et fila entre les rochers. Tirso le regarda partir avec un sourire. Il savait qu’il ne tarderait pas à le voir revenir et cette nouvelle certitude réchauffa son cœur.

« Bravo, tu as réussi. »

Tirso connaissait cette voix mais il eut quand même un sursaut en l’entendant. Il avait déjà rêvé d’elle mais jamais il ne l’avait encore entendue comme désincarnée, en pleine journée.

« Oui Rey avait raison, il fallait juste être patient.

- Peut-être que ton maître va tuer ton neek maintenant. L’attachement ce n’est pas bon pour les gens comme nous. Ce serait une bonne leçon. »

Tirso ne put réprimer un frisson. Zannah avait souvent un peu de souffrance dans la voix quand elle lui parlait dans ses songes mais jamais elle n’avait tenu des propos si sombres.

« L’attachement n’est pas toujours mauvais tu sais, cela rend heureux.

- Beaucoup moins quand ceux que tu aimes meurent, sans compter ceux qui font semblant de t’aimer juste pour se servir de toi.

- Rey n’est pas comme ça ! protesta Tirso.

- Si tu le dis… Ce que je veux te faire comprendre c’est que tout le monde fait des promesses qu’il ne peut pas tenir par fausseté ou excès ridicule d’optimisme. Il n’y que sur toi que tu peux réellement compter. »

Tirso voulut répondre quelque chose mais les mots lui manquaient. Il voulait croire à la sincérité de Rey mais est-ce qu’elle se trompait en pensant qu’il pourrait éviter de reproduire les erreurs de celui qui lui avait donné ses gènes ? Il fut interrompu par la voix de Rey qui l’appelait. Il se rua à sa rencontre, il avait besoin d’être apaisé.

Pourtant, il préférait ne pas lui raconter la conversation qu’il venait d’avoir. Rey n’avait pas eu l’air très rassurée quand il lui avait parlé de Vima et Zannah. Il avait bien compris qu’elle ne lui en voulait pas à lui. Mais il avait quand même eu l’impression qu’elle était inquiète et il comprenait bien que Rey devait être libre de se consacrer à ses propres soucis. Il ne voulait pas revivre la scène du sabre à l’auberge. Il ne voulait plus paraître fragile ou inquiétant ou les deux. Il voulait que Rey lui enseigne comment devenir puissant sans craindre quoi que ce soit le concernant.

S’il voulait qu’elle le garde avec lui pour le former, il valait mieux lui cacher ses sentiments. Il l’avait compris depuis longtemps, depuis que petit, il avait vu tant d’horreurs se produire. Masquer sa peine et sa souffrance était le meilleur moyen de survivre. Au début, afficher une attitude indifférente était un moyen de passer inaperçu. Désormais, c’était un moyen de ne pas être rejeté. Il n’oubliait rien pourtant mais il devait devenir fort et être un Jedi était le meilleur moyen de pouvoir se protéger lui-même, de protéger Rey de tous les dangers. Il se l’était promis. Il deviendrait le plus grand Jedi de la galaxie. Et alors, plus jamais il ne se sentirait impuissant.

Pourtant, peut-être était-ce en raison des propos inquiétants de Zannah, il se sentait coupable de le cacher à Rey, et même d’avoir eu cette conversation. Il avait toujours pensé que Zannah était une enfant dont l’esprit habitait encore ces lieux. Mais pour la première fois, il se demanda si ce n’était pas un reflet de lui-même, plus sombre et plus désespéré, qu’il voulait fuir une bonne fois pour toutes.

Rey l’accueillit avec un sourire et une caresse sur le haut de sa tête et ses soucis se dissipèrent immédiatement. Il n’avait besoin de rien d’autre, n’est-ce-pas ?


***


«  Je partirai pour le lac demain. »

Finn vit Tirso se raidir et lui-même jeta également un regard furtif à Rey avant de dire :

« Je viendrai avec toi.

- Non Finn, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

- Mais…

- Je sais ce que tu vas dire mais je n’ai pas besoin d’être protégée et tu sais que j’ai pleinement confiance en vous mais je dois y aller seule. »

Finn sentait bien qu’il ne servait à rien d’ajouter quelque chose face à l’air résolu de Rey même s’il trouvait insupportable qu’elle agisse encore comme une tête brûlée. Sa demande était pourtant légitime, il ne serait pas un poids. Il avait fait d’immenses progrès depuis la séance de méditation dans la grotte. C’était comme si une brèche s’était ouverte, comme si le couvercle d’une boîte avait été enlevé lui permettant enfin de laisser le monde entrer en lui alors qu’il n’avait jamais fait que le frôler en surface. C’était s’autoriser enfin à être soi-même. Mais c'était aussi se confronter aux doutes qui accompagnaient cette réalisation que l'on ne pouvait plus se cacher derrière une posture, que l'on était totalement vrai et exposé. Et c'était être complètement vulnérable à l'idée que les autres pussent rejeter celui que l'on était réellement.

Il préféra quitter la hutte avant de commettre un impair. Il avait besoin de s’éloigner d’elle. Il avait cru que débuter sa formation allait l’apaiser, lui ainsi que les sentiments qu’il ressentait à son égard. Mais passer tout ce temps avec elle, voir sa patience infinie, se connecter avec elle par l’intermédiaire de la Force ne cessait de les renforcer comme si la conscience aiguë du monde qu’ils partageaient les faisait s’ancrer plus profondément encore.

Il avait fait une croix depuis longtemps sur la perspective de vivre une histoire avec elle. Il n’était pas question de ça. Il était question de trouver une paix inespérée auprès de la personne qui éveillait le plus de trouble en lui.

« Je ne remets pas en cause tes qualités Finn, c’est juste que c’est quelque chose qui n’appartient qu’à moi. Il en sera de même quand ton heure viendra. »

Elle l’avait rejoint près de la rivière. La nuit était douce et les vaguelettes ondulées clapotaient doucement contre la rive.

« Que sommes-nous pour toi Rey ? Tirso, Chewie… moi ?

- Vous êtes ce que j’ai de plus cher.

- Mais c’est comme si cette hiérarchie qui s’est créée entre nous bousculait le lien qui existait auparavant. »

Rey souffla doucement et lança un caillou dans l’eau qui fendit sa surface avec un bruit sourd.

« Tu sais ce que les Jedi disent sur l’attachement ?

- Oui mais tu y crois Rey à tout cela ? A ce détachement nécessaire ?

- Je ne sais pas Finn. Je ne suis pas sure d’être d’accord mais affirmer que des milliers des nôtres se sont trompés avant nous me paraît présomptueux.

- Je ne sais plus moi-même qui tu es pour moi. Un maître ? Une amie ?

- Ne pourrais-je pas être les deux à la fois ?

- Peut-être que c’est trop compliqué d’être ton élève après tout ce que nous avons vécu comme de simples compagnons, peut-être qu’il vaudrait mieux que je parte, que j’oublie la Force. »

Il s’arrêta un temps avant de lâcher dans un sourire qui se voulait cynique mais qui n’était que douloureux :

« Peut-être que je n’en suis pas digne. »

Il lui sembla que les doutes dans la voix de Rey s’étaient évanouis quand elle répondit immédiatement :

« Mais qui en est digne sinon toi alors ? Et qui en a plus besoin que toi ? De trouver la paix…

- La paix... c’est ironique.

- Pourquoi ne me dis-tu pas ce que tu ressens vraiment ? J’ai l’impression que depuis trop longtemps, tu me caches quelque chose que tu as sur le cœur. Nous sommes amis Finn, tu peux tout me dire.

- Je ne savais pas que l’amitié c’était s’engager à livrer la moindre de nos idées et de nos failles. N’es-tu pas sure que c’est le maître qui me parle ici, qui sonde mon âme pour en débusquer les lambeaux d’obscurité ?

- Tu te trompes Finn. Je sais bien qu’aimer quelqu’un c’est lui offrir ce que l’on est, son soutien, mais ne jamais chercher à se l’approprier, surtout par la contrainte. Je croyais juste que tu avais confiance en moi. »

Finn savait que Rey ne voulait que l’aider à aller mieux et peut-être savait-elle parfaitement de quoi il retournait vraiment. Peut-être qu’elle l’encourageait juste à se défaire de ce poids. Et peut-être même que cela lui permettrait de s’en libérer. Mais sans qu’il puisse s’en empêcher, c’est avec aigreur qu’il répondit :

« Je t’en parlerai quand tu me diras qui est ce Ben dont tu prononces le nom toutes les nuits. »

Il aurait voulu être plus sage mais il ne pouvait empêcher la jalousie de lui fourailler les entrailles. Rey écarquilla les yeux en se tournant vers lui. Il faisait nuit pourtant mais il distinguait très bien tous ces signes qui trahissaient sa gêne et sa culpabilité. Il se sentit désolée d’avoir suscité ainsi un tel sentiment. Mais il était pétrifié et ne put rien faire pour retenir Rey de partir prestement dans sa hutte.

Deux des lunes d’Ambria se reflétaient dans la rivière tranquille mais ces images lui semblèrent tristes soudain à n’être jamais que les reflets déformés et imparfaits de la beauté des astres.
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Messagepar Adanedhel » Ven 09 Juin 2023 - 22:29   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Alionouchka a écrit:Merci beaucoup ! (et heureusement que c'est relativement fluide à lire dans la mesure où il ne se passe toujours rien :transpire: )

Oh je ne dirais pas qu'il ne se passe rien ! Le rythme est posé (on pourrait presque dire contemplatif), mais en 8 chapitre on a quand même exploré plusieurs lieux aux ambiances bien différentes (5 de mémoire, chez Maz, une base de la Résistance, le labo, la République, et maintenant les grottes) , on a une vraie progression dans la relation entre Rey et Tirso, et plus lentement, en fond, on sent l'évolution de Rey dans la gestion de son deuil.

Mais l'action n'est pas nécessaire pour qu'il se passe des choses (je dirais même que ça peut provoquer l'effet inverse, beaucoup de bruit et d'agitation pour peu d'avancée concrète... pour mon texte, j'ai décidé de rythmer le récit avec des scènes d'action régulières, mais c'est un point sur lequel j'ai essayé de veiller ^^)

Alors là, on touche aux éléments que je manipule sans les connaître vraiment. C'est sûrement un peu casse-gueule mais c'était trop tentant...

Là-dessus, tu as la chance de convoquer des éléments du Legends qui ne sont pas (encore ?) apparus dans le canon (peut-être une mention pour Zannah, mais j'en suis même pas sûr à 100%), donc tu peux sans soucis les remanier à ta sauce (comme le Thrawn de Rebels qui n'est pas tout à fait le Thrawn du Legends).

Je repasse un de ces jours pour lire le chapitre 9 ! :oui:
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Messagepar Adanedhel » Mar 13 Juin 2023 - 10:01   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

C'est lu ! Un chapitre un peu plus calme, qui permet de faire le point sur les trois personnages, avant d'entamer la phase finale je suppose ?
Faire se questionner Rey sur sa légitimité à remettre en cause et modifier l'héritage des Jedi est un point qui me parait assez nécessaire dans son développement et tu poses la question de manière très pertinente :oui:

Pour Tirso, on reste encore en plein mystères sur les intentions réelles de ces voix spectrales, et c'est du côté de Finn que le focus fonctionne très bien. Il n'agit pas de la manière la plus sympathique, mais sa souffrance est tout à fait compréhensible, et c'est vrai qu'il serait plutôt du genre à la laisser s'exprimer pleinement comme ici, plutôt que de la reffouler.

Hâte de voir où tout ça va mener !
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Messagepar Alionouchka » Sam 17 Juin 2023 - 6:59   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:C'est lu ! Un chapitre un peu plus calme, qui permet de faire le point sur les trois personnages, avant d'entamer la phase finale je suppose ?

Oui c'est bien ça. On approche de la fin !

Faire se questionner Rey sur sa légitimité à remettre en cause et modifier l'héritage des Jedi est un point qui me parait assez nécessaire dans son développement et tu poses la question de manière très pertinente :oui:

Merci ! C'est sûr que le problème de la refondation de l'ordre Jedi est obligatoirement un questionnement qu'il faut envisager si l'on écrit une histoire post TROS contenant le personnage de Rey. On verra ce qu'en fera Disney dans le film de Sharmeen Obaid-Chinoy.

Après, moi, contrairement à toi, je m'offre le luxe de rester dans l'idée sans avoir à me confronter aux paramètres plus pratiques et concrets. :sournois:

Pour Tirso, on reste encore en plein mystères sur les intentions réelles de ces voix spectrales, et c'est du côté de Finn que le focus fonctionne très bien. Il n'agit pas de la manière la plus sympathique, mais sa souffrance est tout à fait compréhensible, et c'est vrai qu'il serait plutôt du genre à la laisser s'exprimer pleinement comme ici, plutôt que de la reffouler.

Hâte de voir où tout ça va mener !

J'espère que la façon donc chacun sera confronté à ses craintes et ses douleurs fonctionnera et sera crédible. On y arrive...

Merci beaucoup pour le commentaire et à bientôt !
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Messagepar Alionouchka » Sam 17 Juin 2023 - 7:06   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Alors à partir de là et pour les trois prochains chapitres (celui-là inclus), je ne suis pas du tout satisfaite de la structure et du rythme. Par exemple, ce chapitre est extrêmement court par rapport aux autres mais je n'ai pas réussi à faire autrement. C'est notamment là qu'on se rend compte qu'un bêta-lecteur, c'est super précieux. :cry:


CHAPITRE 10


Rey resserra machinalement la lanière maintenant son paquetage à son speeder. C’était déjà la troisième fois qu’elle le faisait. Ces adieux lui en coûtaient. Le lac était une menace que tous avaient feint d’ignorer mais il était la raison de leur présence sur Ambria. Elle regarda les outres une dernière fois. Pourraient-elles contenir une quantité d’eau suffisante à la création de son cristal ? C’était juste un moyen de détourner son esprit d’autres questions harcelantes et autrement plus inquiétantes.

« Je reviendrai avant la fin du jour. »

Rey voulait afficher une conviction inébranlable face à Tirso. Elle aurait voulu être sincère. Bien sûr que ce lac était inquiétant mais peut-être qu’elle serait même revenue avant que le soleil soit haut dans le ciel. Elle chassa cette idée réconfortante de son esprit. Son intuition lui dictait une toute autre musique et il était inutile de faire semblant. Elle devait au contraire se connecter à son instinct le plus possible. Pour être à l’affût du moindre signe de danger. Ce fut donc tous les sens en éveil qu’elle goutta l’étreinte de l’enfant qu’elle serra dans ses bras en retour, le poids de l’épaisse main de Chewie sur sa tête, celui de l’absence de Finn dans sa poitrine.

Quand elle s’éloigna, elle regarda son immense compagnon dans les yeux et lui dit avec une voix qu’elle aurait voulu plus détachée :

« Je compte sur toi Chewie pour bien prendre soin d’eux. »

Chewbacca acquiesça d’un grognement un peu étouffé mais rassérénant. Rey put même sourire le cœur un peu plus léger quand elle s’éloigna de Tirso après lui avoir caressé la joue une dernière fois. Il semblait garder son calme mais ses mains tremblaient un peu. Le petit neek se frotta à ses jambes et détourna son attention, lui apportant la distraction dont il avait besoin.

Elle leur lança un dernier signe de la main avant de mettre ses lunettes et d’enrouler son foulard autour de son visage. Quand le speeder démarra, elle réalisa qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible. Elle était prête, plus sereine chaque jour, plus connectée à la Force. Mais au-delà de l’impression terrifiante qu’elle avait eue près du lac à son arrivée sur la planète, elle repensait à la cave d’Ahch-to et à la détresse qu’elle y avait ressentie. Elle avait beaucoup évolué depuis cette époque, elle le savait. Et la vie des Jedi était émaillée de ces épreuves, ces rites de passages. Elle était même une quête perpétuelle mais certains obstacles prenaient parfois une forme et une consistance oppressante. Et ce lac était probablement un des lieux les plus obscurs de la galaxie. Elle devait le faire pourtant. Pour elle, pour Finn et Tirso. Pour son père et sa mère qui avaient donné leurs vies pour qu’elle puisse vivre libre et devenir ce qu’elle devait devenir. Elle devait le faire pour Ben.

L’air qui lui fouettait le visage lui parut de plus en plus dense à mesure qu’elle s’approchait du lac. Sa respiration était plus lourde, sourde comme l’étaient aussi les battements de son cœur.

Quand elle put enfin apercevoir le lac, un frisson glacial lui parcourut le corps. Elle distinguait l’étendue d’eau et les arches de pierre qui en surgissaient comme des créatures horrifiques pétrifiées qui semblaient hurler leur douleur. L’atmosphère était devenue désormais étouffante. Rey préféra laisser son speeder à distance. Il lui semblait que les embruns distillés par le lac aurait le pouvoir de le faire rouiller en quelques instants.

Elle garda son équipement et y ajouta une large capote qu’elle fixa sous son menton d’un geste résolu. Ses pas ne l’étaient peut-être pas autant mais elle se força à garder un rythme régulier tout en maintenant tous ses sens à l’affût. Elle avait entendu parler des terrifiants animaux qui y vivaient mais sans qu’elle puisse le formuler clairement, ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus. Il lui semblait entendre à nouveau des murmures sur son passage, des voix qu’il était impérieux de déchiffrer. Elle atteignit enfin la rive et chercha un endroit d’où l’eau était accessible pour y plonger les grandes outres qui ceignaient ses épaules, leurs bandoulières croisées sur sa poitrine. Le sabre des Skywalker semblait palpiter à sa ceinture. Mais elle souhaitait éviter de le sortir à tout prix.

Elle aperçut enfin une pente douce qui menait au lac. Elle la dévala précautionneusement et s’accroupit après avoir jeté un vaste regard circulaire. A peine avait-elle esquissé le geste d’approcher l’outre de la surface qu’un sifflement l’interrompit. Elle n’eut que le temps de se jeter en arrière pour éviter le coup de griffe qui tenta de la fendre en deux. Elle n’avait pas vu venir la créature, pas même senti sa présence. Mais en quelques sauts, elle put se tenir à une distance raisonnable de l’animal hérissé d’épines, en équilibre sur une roche qui émergeait du lac.

Elle pouvait ainsi mieux observer l’imposante créature qu’elle avait mise à distance. Sa bouche s’ouvrait sur plusieurs rangées de crocs acérés lesquelles répondaient aux pics osseux qui s’alignaient sur sa carapace. Il s’agissait bien évidemment d’un Hssiss. Rey savait à quel point elle devait s’en méfier. Elle ne le quittait pas des yeux.

Après quelques minutes à se toiser mutuellement, l’animal se résolut finalement à replonger dans les profondeurs bouillonnantes, comme à regret, ou pour mieux préparer une nouvelle attaque. Rey choisit de s’éloigner au plus vite, sautant de roche en arche pour atteindre la rive opposée. Mais étrangement, chaque saut lui coûtait plus que le précédent, comme si une main invisible agrippait ses chevilles pour l’entraîner sous les flots. Elle fit une pause et risqua un coup d’œil vers la surface étrangement calme du lac. Elle eut soudain un vertige avant de basculer, comme privée de toute énergie.


***


«  Quelque chose ne va pas », dit Tirso.

Il était recroquevillé, les mains posées sur ses tempes, comme s’il voulait se protéger des visions qui l’assaillaient. Chewbacca s’approcha de lui et posa une main consolatrice sur le haut de son crâne.

« Il faut rejoindre Rey. Elle est en danger, je le sens. »

Chewbacca lui répondit d’une voix basse.

« Non ce n’est pas de la peur ! Je le sais Chewie. Nous devons la rejoindre. »

Il rejeta avec véhémence la nouvelle remarque de son compagnon :

« Mais je me moque de moi ! Si ne n’ai plus Rey, plus rien n’a de sens. »

Il ravala ses sanglots et leva des yeux humides vers l’imposant wookie.

« Je suis désolée, tu comptes beaucoup pour moi aussi mais Rey... »

Chewie ne le laissa pas finir. Il sortit d’un coffre son arbalète et la fourra dans sa besace ainsi que quelques objets que Tirso ne distingua pas.

Tirso n’attendit pas plus longtemps avant de se précipiter à l’extérieur de la hutte en hurlant :

« Finn ! »

Il rebroussa chemin immédiatement en s’exclamant :

« Le landspeeder a disparu. Je suis sûr que Finn l’a pris. Comment allons-nous pouvoir retrouver Rey maintenant ? »

L’abattement le terrassa brusquement et lui donna l’impression que son cœur ne pouvait plus fonctionner. Il n’eut pas le temps de pleurer. Déjà Chewie l’avait attrapé et posé sur son épaule. Tirso se retourna en attendant un cliquetis métallique.

« Désolée BB8, nous ne pouvons pas t’emmener avec nous. Tu nous ralentirais »

Sans même écouter les protestations du petit droïde, ils s’élancèrent vers les roches. Ce n’était pas le chemin le plus facile mais certainement le plus direct. Tirso se retourna en entendant un léger cri. Le neek le regardait partir avec un air interrogatif. Sans réfléchir, il tendit les mains vers lui et le petit animal sauta pour atterrir dans ses bras.


***


Il ne pouvait pas prendre ce risque. Hors de question de perdre la personne qui lui était la plus chère au monde, qui représentait aussi un salut qu’il n’osait plus vraiment espérer. La simple idée de survivre dans un monde sans Rey était inadmissible. Ses reproches, sa déception, sa colère voire son mépris mortel seraient toujours plus doux.

Finn ne savait pas si les autres essaieraient de le retenir ou de le ralentir en cherchant à l’accompagner. Il ne savait pas s’il pourrait lui être d’une aide quelconque. Il savait peu de choses en réalité. Toutes les maigres certitudes qu’il avait jamais eues s’étaient évaporées par deux fois. Et si la première avait été une révélation, cette deuxième n’en finissait plus de le tourmenter. Mais les certitudes seraient pour plus tard ou peut-être pour jamais. Et peu importait que ce lac l’eût étourdi au point d’en avoir envie de vomir la première fois qu’il l’avait approché. Peu importait que cette trahison interrompît sa formation de Jedi. L’envie de protéger était toujours plus forte que tous les atermoiements du monde.

Il fit avancer furtivement le landspeeder à l’écart du camp avant d’y sauter d’un bond vif et d’actionner les gaz. Il avait étudié les cartes d’Ambria avec Rey et put facilement prendre la bonne direction en se dirigeant par rapport au canyon. Et puis bientôt, il n’eut plus besoin de la moindre rationalité. La présence du lac se faisait concrète, matérielle par ce poids dans ses poumons par ces bourdonnements dans sa tête. Étrangement, cette peur était aussi une sorte d’ivresse, comme quand l’on savait qu’il n’y avait plus rien à faire et qu’il ne restait que le courage aveugle comme option. Il eut la sensation que le lac lui-même l’appelait bien avant qu’il l’aperçût.

Quand il en distingua enfin les formes brutes, l’opalescence de sa surface, toute sa crainte s’était transformée en une sorte de rage désespérée qui le secoua au plus profond de son être. Il lui semblait que Rey était la prisonnière de ces eaux ténébreuses et que seul lui pouvait enfin la sauver, du lac, et d’elle-même.

Il descendit prestement de l’appareil quand il aperçut celui de Rey, le positionnant juste à côté. Il finit le chemin à pied, effrayé par la pression qui faisait ployer ses épaules. Il avait l’impression d’être sur une de ces planètes ou chaque geste nous en coûtait tant la pesanteur était accablante. Il s’approcha précautionneusement de la rive. L’eau clapotait si discrètement qu’on ne pouvait que saisir toute la tromperie qui se cachait derrière ce silence.

Finn distingua tout d’abord son reflet altéré par la surface ondulante. Qui était-il ? Ce stormtrooper ancien ? Ce général déchu ? Un ami précieux ? Un égoïste qui n’avait jamais pensé qu’à protéger uniquement ceux qui lui étaient chers ? Un Jedi ?

Sans qu’elle fût pourtant effleuré par le moindre souffle de vent, la silhouette qu’il fixait se déforma plus nettement. Finn poussa un cri de surprise.

« Rey »

C’était elle qui le regardait, les yeux pleins de détresse, comme si elle était prisonnière d’une couche de glace invisible.

Est-ce qu’il sauta dans l’eau ? Est-ce qu’il y tomba comme anéanti soudain ? Personne n’aurait pu le dire mais il sombra dans l’eau fétide et sournoise.
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Messagepar Adanedhel » Mer 21 Juin 2023 - 13:12   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Chapitre 10 lu !
Est-ce que c'est vraiment un mal d'avoir des chapitres plus courts ? Quand on approche de la fin comme ça, ça peut créer un sentiment d'emballement qui fonctionne bien !
Ce qui ressort le plus de ce chapitre là, c'est l'ambiance pesante que tu installes autour du lac, très réussie ! :oui:
Hâte de lire la suite !
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Messagepar Alionouchka » Dim 25 Juin 2023 - 6:52   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:Chapitre 10 lu !
Est-ce que c'est vraiment un mal d'avoir des chapitres plus courts ? Quand on approche de la fin comme ça, ça peut créer un sentiment d'emballement qui fonctionne bien !
Ce qui ressort le plus de ce chapitre là, c'est l'ambiance pesante que tu installes autour du lac, très réussie ! :oui:
Hâte de lire la suite !


Merci beaucoup pour ton retour et tes encouragements !

C'est vraiment super précieux !
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Messagepar Alionouchka » Dim 25 Juin 2023 - 6:54   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

CHAPITRE 11


Quand elle ouvrit les yeux, Rey ne put se fier à aucun de ses sens. Elle ne reconnaissait rien de familier autour d’elle, pas une matière, pas une vision qui ne semblât trompeuse. Elle tenta de se rassurer. Elle avait déjà vécu une sensation similaire dans la grotte sur Ahch-to. Mais la situation était bien plus périlleuse. Il ne s’agissait plus d’une épreuve supervisée par un maître. Il n’était plus question à présent d’échec ou de réussite. Toutes celles qu’elle affronterait désormais auraient un enjeu de vie ou de mort.

« Rassure-toi jeune fille, tu ne risques rien. Je suis mort depuis bien longtemps. Je n’ai plus le pouvoir de tuer aucun Jedi. »

Rey se demanda pourquoi l’homme qui lui avait parlé souriait en disant ça, sans aucune once de chaleur. Ce rictus contrastait radicalement avec la teneur de ses propos. Ses traits étaient semblables à ceux d’un humain mais il ne l’était plus vraiment. La pâleur de sa peau, la noirceur de son regard jauni. Rey savait très bien désormais quand un être avait perdu toute son humanité. Et que ses mots n’avaient pas plus de crédibilité que son apparence éthérée. Elle tenta de se redresser mais tout son corps était engourdi. Au prix d’efforts et de concentration, elle put se relever et se dresser face à l’ombre qui se tenait près d’elle.

« Sentir ta force est vraiment délicieux. Cela fait bien longtemps que personne d’aussi puissant ne s’est approché de mon lac. Tu me rappelles une petite fille qui est partie il y a bien longtemps déjà. »

Il y avait dans sa lippe dédaigneuse, le grondement de sa gorge, une avidité qui dégoûta Rey. Un nouveau frisson parcourut son corps entier. Elle aurait voulu être plus sure d’elle, détachée de toute cette fragilité mais les mots « petite fille » trouvaient encore écho dans son cœur.

« Si tu le souhaites, je peux dissiper tous tes doutes », reprit l’homme à l’imposante carrure.

Il avait dû être un combattant d’une incroyable puissance, songea Rey.

« Je ne me laisserai pas tromper. Je ne suis pas aussi naïve que je dois en avoir l’air. Je sais que les visions du passé comme de l’avenir ne sont jamais que des mirages. »

L’homme ricana dans un son rauque :

« Alors pourquoi trembles-tu ? Tu sais ça n’arrive plus quand on est de l’autre côté. Il n’y a plus que des certitudes. Plus de : « Serai-je à la hauteur ? Suis-je légitime ? Ne risqué-je pas de blesser ceux qui sont proches de moi ? » Il n’y a plus de réelle douleur ici. Nous sommes bien au-delà, bien au-delà de la peur.

- Ce n’est pas ce que j’ai vu de mes yeux. J’ai vu celui qui, écartelé, a retrouvé le chemin de la lumière, celui qui, aveuglé par son orgueil, s’est laissé consumer par sa propre haine.

- Je te crois fillette mais nous ne sommes qu’un maillon d’une chaîne infinie. Je pourrai te donner autant d’exemples qui vont dans le sens inverse et qui réduiraient ta minuscule expérience de la vie à néant. Mais je ne le ferai pas. Il existe bien plus important que ce qui a été, il y a ce que tu vas faire toi.

- Je n’ai pas de doute sur la mission qui est la mienne. »

L’affirmer ainsi haut et fort, lui redonna des forces comme si l’entendre de sa propre bouche rendait enfin cette réalité concrète.

« Transmettre ton savoir… Mais que font les Sith crois-tu ? Les partager, les approfondir encore, bien plus loin que n’importe quel Jedi ne pourra jamais le faire. Toi aussi, vas-tu te contenter d’enterrer dans un trou tout ce qui te déplaît dans la Force en détournant le regard pour faire semblant que cela n’existe plus ? Et être à chaque fois ébahie quand la noirceur rejaillit, plus puissante encore qu’elle ne l’était auparavant, après avoir fait germer ses plantes au plus profond de la terre ? »

L’aveuglement pouvait en effet mener aux pires écueils, songeait Rey. Mais le côté obscur n’était pas une option, c’était la corruption de la vie elle-même par ceux qui en avaient la conscience. L’ombre ne lui laissa pas le temps de répliquer.

« C’est ça que tu veux devenir ? Un pantin entre les mains de ceux qui dirigent cet univers ? Comme tes prédécesseurs. Et convaincue de ton importance, fourrer ton nez dans toutes les affaires de la galaxie en ignorant complètement que chaque situation est un enchevêtrement complexe de fils mêlés qui mérite mieux qu’un coup de sabre pour le fendre et le résoudre. C’est ce que tu souhaites ? Et perdre cette soit-disant pureté pour des intérêts particuliers minables ? Le cadeau qu’est la maîtrise de la Force mérite-t-il cette médiocrité qu’offre l’Ordre Jedi ? C’est en t’inspirant de ça que tu veux créer le tien ? Sur les ruines fumantes de l’échec de l’ancien et de ses règles étriquées ?

- Vous savez très bien que les Jedi ont mis en place ce code pour réguler les utilisateurs de la Force, pour ne pas les laisser être débordés par elle et le côté obscur. »

Elle lui semblait avoir mis de l’intensité dans sa voix mais une fois que les mots eurent franchi ses lèvres, ils lui semblèrent trop légers et vaporeux pour être audibles.

« Mais vouloir tout lisser, tout harmoniser, tout dépassionner, c’est nier la complexité de la vie ! »

Rey ne pouvait occulter l’égarement qui avait été celui des Jedi à plusieurs reprises face au côté obscur, cette forme de déni à refouler dans leurs mœurs, une partie de leur humanité. Soudain, son projet de fabriquer son sabre lui parut dérisoire et mesquin par rapport aux questions qu’elle devait se poser et pire encore, aux réponses qu’elle devait y trouver. Elle se sentait plus que jamais démunie face à cet être qui, bien que mort, la faisait vaciller, elle et toutes ses fragiles certitudes. Comme s’il était capable de lire en elle, il reprit avec assurance :

« Toi aussi, tu crois qu’on peut standardiser tous les possesseurs de la Force, les brimer pour leur éviter de développer leur plein potentiel ? L’univers entier crie le contraire pourtant. Il y a tant de créatures qui utilisent la Force instinctivement, sans se servir de leur conscience. Sont-ils impurs pour toi ? Ce hssiss que tu as vu te paraît-il appartenir au côté obscur ? Il est, c’est tout, il a su évoluer et le chaos qu’il crée n’est que celui de la nature, de ceux qui cherchent à survivre, à s’adapter. Tu ne pourras jamais aller contre cette solution que la vie trouve parfois. »

Rey sentait qu’une partie de ce que disait le Sith était vrai. Survivre, s’adapter au monde, c’était ce qu’elle avait fait pendant une si grande partie de sa vie...

« Vouloir éteindre les individus, les couper des passions qui les animent, quelle hérésie ! Les Jedi ne seront jamais que des pleutres qui ont peur d’être dépassés par le pouvoir de leurs élèves alors que c’est ce que chaque maître devrait souhaiter pour son disciple, n’est-ce pas ? »

Rey eut un haut de cœur en constatant qu’elle était un peu d’accord avec cela. Il lui sembla que l’ombre s’était approchée, qu’elle lui glissait désormais les mots dans son oreille.

« N’as-tu pas déjà senti une connexion absolue avec un être qui représentait tout pour toi ? Une transmission qui fait le lien entre le passé et le présent. Et la mort de l’un ne fait que renforcer la vie de l’autre. »

Elle sursauta et releva les yeux brusquement vers l’homme. Avait-il deviné ? Pouvait-il sentir cela dans la Force ou était-ce juste un hasard malheureux, une ruse ?

« Alors ? Tu restes bien muette mon enfant. Avoir confiance et se méfier, admirer et haïr, vouloir voir progresser et vouloir détruire. Il y a tout ça dans cette relation parfaite, dans cette synthèse de l’âme qui ne nie pas aveuglément sa noirceur ! »

Elle sentit son cœur accélérer et sa vision se brouiller. Tirso lui apparut, jeune homme auprès d’elle et un sabre rouge dans les mains. Puis elle se vit, la même Rey qu’elle avait vue sur Kef Bir. Elle revit les yeux injectés de sang, le sabre incandescent à double lame. Seul son visage semblait plus marqué, moins humain encore.

Il y avait une telle logique implacable dans tout ça. Elle portait les gènes de l’Empereur et Tirso ceux de Darth Vador.

***


Une étrange gravité semblait l’attirer au fond, comme une pierre attachée à sa cheville. Finn tentait de remonter à la surface mais en vain. A chaque fois que par un effort désespéré, il parvenait à effleurer la surface du lac, la chaîne qui semblait reliée directement à son cœur le tirait vers les profondeurs. Il ne pouvait plus qu’apercevoir la lumière du ciel qu’il devinait au dessus du lac. Elle lui semblait inaccessible, comme appartenant déjà à une autre réalité que la sienne. Et l’idée le harcelait que ce n’était que justice finalement. Il avait été naïf de penser que la lumière était pour lui. L’air commençait à lui manquer. Il fut tenté de se résigner, de se laisser anéantir pour de bon.

« Rey, songea-t-il, il faut que je sauve Rey. »

Cette pensée lui donna un dernier regain d’énergie et agitant frénétiquement ses mains et ses bras, il réussit à sortir suffisamment le visage pour inhaler une goulée d’air. Mais, ouvrant les yeux, il se rendit compte que le ciel au-dessus de sa tête avait disparu. Ce n’était pas une nuit noire et froide sans étoiles. C’était un immense vide qui s’étendait au-dessus de sa tête, semblant à la fois infini et assez près de lui pour l’engloutir.

La rive était proche pourtant et il l’atteignit en quelques brasses. Où pouvait-il bien être ? Cela ne ressemblait pas à ce qu’il avait vu des alentours du lac. Le sol n’était pas une simple terre désertique, c’était une roche acérée et aiguë. Chaque appui sur le sol créait une douleur, dans les pieds, qui remontait à l’intérieur du ventre et de la poitrine, devenant insupportable à mesure qu’elle s’étendait. Cet sol aiguisé ne pouvait qu’être une illusion mais la souffrance, elle, était bien réelle.

Reprenant son souffle, Finn s’attacha à retrouver son calme pour éclaircir son esprit. Il s’assit pour méditer essayant ainsi de dissiper l’aveuglement de ses sens. Mais comment trouver une quelconque paix dans un tel lieu, dans une telle sensation d’abandon ? La peur lui paraissait être un poison qui engourdissait progressivement ses veines. Le lieu était tellement oppressant qu’il lui semblait que toute connexion profonde avec la Force ne serait qu’un effondrement, comme s’il était aspiré par le trou noir du côté obscur. Il se souvint des conseils de Tirso. Le point de non-retour. Ces villageois poursuivis, hurlant leur peur et leur souffrance en voyant les êtres qu’ils aimaient être massacrés. C’était là qu’il avait su. Qu’il ne pouvait plus continuer.

Mais qu’avait-il fait alors ? Rien. Il avait été pétrifié, impuissant, complètement paralysé par sa peur. Était-ce le souvenir qu’il devait conserver ou celui qu’il devait fuir tant il n’en finissait plus de lui rappeler sa lâcheté ? Celle qu’il avait vu se refléter un instant dans les yeux de Rose. Celle qui l’empêchait de parler à cœur ouvert à Rey. Celle qui lui rappelait que malgré toutes ses tentatives de rachat, il ne serait jamais qu’un être médiocre, guidé par ses impulsions, évoluant comme on serait projeté d’un jour à un autre par le souffle d’explosions successives, sans jamais choisir de soi-même un chemin.

Il sourit en pensant au ridicule d’aimer Rey, comme un chien-grenouille admire les étoiles, à la recherche d’une pureté et d’une foi dont il n’était pas digne. Et cette tension permanente en lui pour lui prouver qu’il méritait sa confiance, cette impossibilité de lâcher prise sans risquer de dévoiler sa convoitise. Il n’agissait jamais que dans son propre intérêt n’est-ce pas ? Même alors qu’il voulait sauver Rey, il n’était pas question de ce qu’elle était elle, de ce qu’elle voulait.

Et s’il ne faisait plus semblant d’être quelqu’un de bien ? Il y perdrait tout mais il y gagnerait peut-être la paix, quand l’espérance arrête de fourailler les entrailles alors que l’on sait pourtant qu’elle est vaine. Les rêves n’étaient qu’une souffrance parfois quand il étaient destinés à rester évanescents.

Ses bras lui semblaient de plus en plus lourds, sa poitrine avait besoin de se libérer de tous les poids qui la plombaient. Il expira longuement jusqu’à avoir l’impression d’être vide enfin, de tous ces désirs qui ne feraient jamais que mourir dans l’œuf. Il ouvrit les yeux alors. Il ne se sentait en rien soulagé. La douleur était juste devenue plus dense mais elle glissait désormais avec la même intensité dans que chaque cellule de son corps. Comme une amie, une compagne fidèle qui vous voudrait du mal.

Il ouvrit les yeux et eut un sursaut en distinguant la forme étendue devant lui.

« Rey ! »


***


Tirso pouvait saisir toute la puissance protectrice du canyon maintenant qu’ils avaient quitté les monts escarpés pour l’immensité de la plaine désertique qu’il traversait à présent. Le lac n’était pas si lointain. Ils avaient suivi la source qui naissait dans la montagne. Étonnamment, le ruisseau qu’ils longeaient désormais semblait se raréfier comme si l’eau pure qui jaillissait dans les hauteurs rechignait à stagner dans ce lieu obscur.

Tirso avait eu peur en s’approchant du lac la première fois. Maintenant, il était terrifié. Par l’idée de perdre Rey. Plus encore par celle de se perdre lui-même. Il avait touché le sabre depuis. Il savait comme il était facile de succomber à la noirceur. Il se souvenait de la douleur que cela causait mais également de l’étrange paix qui l’accompagnait. Il essaya de repousser ces pensées. Il allait retrouver Rey et rentrer à la maison, c’est-à-dire, là où elle se trouvait. Et il deviendrait le plus grand Jedi qui ait jamais existé, le meilleur de tous pour la rendre fière.

Chewbacca se déplaçait extrêmement vite mais cela semblait encore trop lent pour Tirso. Il poussa soudain un grand cri en distinguant les speeders abandonnés et en les désignant du doigt. Le wookie les atteignit en quelques bonds supplémentaires et il posa l’enfant sur l’un des engins, l’enjoignant à rester là le temps qu’il revînt avec Rey. Le petit neek sauta au sol et commença à fureter tout autour de lui.

Tirso était lucide. Il savait qu’il n’était qu’un enfant et il ne voudrait jamais être un poids mais il avait quand même envie de dire à Chewie qu’il avait déjà sauvé Rey, qu’il était capable de l’aider. Mais cela risquait juste de leur faire perdre du temps en discussions inutiles. Il regarda donc en silence Chewbacca ceindre sa poitrine avec diverses armes avant de saisir avec assurance son arbalète.

Tirso se força même à sourire faiblement quand Chewie posa sa main sur sa tête en lui indiquant qu’il reviendrait bientôt. Le pire ce n’était même pas la sensation d’être inutile en vérité. C’était la peur de se retrouver seul. Mais il pouvait encore moins dire cela que le reste. Il se contenta d’un petit signe de la main.

Quand Chewie ne fut plus qu’une silhouette lointaine, Tirso sut qu’il devait s’occuper les mains et l’esprit. Il commença à vérifier l’arrimage des différents paquetages sur les speeders. Chewbacca lui avait laissé un blaster pour se protéger au cas où. Il le gardait près de sa main, en état d’alerte. Mais il se rendit bientôt compte que son neek avait disparu. Il essaya de l’appeler plusieurs fois mais il n’entendait aucune réponse. Les speeders avaient été laissés à l’abri d’une roche proéminente, entourée d’autres pierres plus petites. Mais quelques mètres plus loin, un autre massif un peu plus important et proche du lac se dressait. Tirso supposait qu’il était peut-être parti là-bas et se décida à l’y chercher. Ce n’était qu’une cinquantaine de mètres à parcourir. Même de là-bas, il pourrait toujours distinguer les speeders. Il se saisit du blaster et le serra fermement dans son poing.

Il marchait d’un pas décidé mais en scrutant soigneusement les alentours. Tout, dans ce qu’il voyait et ressentait, lui faisait comprendre qu’il était dans un lieu maudit.

Ce fut quand il n’était plus qu’à quelques mètres des rochers qu’il entendit une plainte déchirer le silence. Il reconnut le cri caractéristique des neeks et oubliant toutes ses résolutions, il s’élança vers l’origine du bruit. Contournant une roche, il aperçut soudain une énorme créature au dos plein d’épines. Elle se tourna vers lui en l’entendant approcher et Tirso distingua du sang qui coulait de sa bouche. La créature, alarmée, se retourna pour lui faire face. Tirso vit alors ce qu’elle avait entre ses griffes, le corps inerte de son neek.

Sans réfléchir une seule seconde, il leva son blaster devant lui et tira.
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Messagepar Adanedhel » Lun 26 Juin 2023 - 10:27   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Alionouchka a écrit:Merci beaucoup pour ton retour et tes encouragements !

C'est vraiment super précieux !

Mais de rien, ça me fait plaisir de lire un texte avec une sensibilité similaire à la mienne sur la postlogie (et qui plus est très bien écrit :oui: )

Dans ce chapitre 11, j'ai beaucoup aimé encore une fois la partie sur Rey ! Tous les questionnements que tu y développes sont vraiment pertinents, et je me demande si l'identité de l'esprit qui hante le lac fera l'objet d'une révélation (peut-être liée aux voix qu'entend Tirso ? :sournois: )

Du côté de Tirso justement j'ai été un peu "déçu" qu'on n'en apprenne pas plus... mais les évènements sont pertinents avec la mise en place que tu as faite autour des petites créatures ( :cry: )

Et du côté de Finn je suis un peu plus partagé, j'ai l'impression qu'il tourne en rond, mais en même temps j'aime beaucoup cet archétype du personnage lâche et égoïste qui doit révéler son courage. C'est l'arc que Finn a déjà traversé dans le VIII, mais vu que le IX l'a fait stagner (voire régresser), c'est quelque part bien vu de repasser dessus plus en profondeur pour le faire réellement aller de l'avant. Et là aussi tu as une approche qui sonne très juste dans sa caractérisation.

A la prochaine ! :D
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Messagepar Alionouchka » Dim 02 Juil 2023 - 8:02   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:
Dans ce chapitre 11, j'ai beaucoup aimé encore une fois la partie sur Rey ! Tous les questionnements que tu y développes sont vraiment pertinents, et je me demande si l'identité de l'esprit qui hante le lac fera l'objet d'une révélation (peut-être liée aux voix qu'entend Tirso ? :sournois: )


Tu vois juste, bien évidemment, mais je pensais tout laisser sous forme de sous-entendus. Tu me diras à la fin si tu penses que ça manque vraiment à l'histoire pour que je rectifie le cas échéant.

Du côté de Tirso justement j'ai été un peu "déçu" qu'on n'en apprenne pas plus... mais les évènements sont pertinents avec la mise en place que tu as faite autour des petites créatures ( :cry: )


J'espère que le prochain chapitre pourra arranger ça. Honnêtement, pour moi qui aime tant l'introspection, la difficulté avec les personnages d'enfants c'est d'essayer de ne pas aller trop loin dans l'auto-analyse. Je pense que c'est un peu loupé parce que je vais déjà trop loin mais j'ai quand même essayé de me restreindre d'où ce décalage avec les autres personnages je pense.

Et du côté de Finn je suis un peu plus partagé, j'ai l'impression qu'il tourne en rond, mais en même temps j'aime beaucoup cet archétype du personnage lâche et égoïste qui doit révéler son courage. C'est l'arc que Finn a déjà traversé dans le VIII, mais vu que le IX l'a fait stagner (voire régresser), c'est quelque part bien vu de repasser dessus plus en profondeur pour le faire réellement aller de l'avant. Et là aussi tu as une approche qui sonne très juste dans sa caractérisation.


Alors là, je crois que c'est mon syndrome de l'imposteur qui doit un peu déteindre sur lui :transpire: et qui a une forte tendance à se réactiver à chaque fois que mes qualités sont reconnues et que j'ai l'impression que je ne le mérite pas. Donc, dans la mesure où il est dans une nouvelle étape de sa vie, confronté en quelque sorte à une forme d'élection, je voyais bien ces craintes revenir. D'autant plus que l'indifférence de Rey (d'un point de vue amoureux j'entends) ravive cette impression de ne pas être à la hauteur.

D'ailleurs j'ai un peu l'impression d'être allée trop loin avec Finn dans le chapitre suivant. Il faudra me dire si ça ne colle pas à son caractère selon toi. J'ai vraiment beaucoup hésité avec certains éléments...

Merci beaucoup pour ton retour ! Et à bientôt (je vais bientôt avoir plus de temps et je pourrai continuer ton histoire !) !!!
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Messagepar Alionouchka » Dim 02 Juil 2023 - 8:16   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

!!!ATTENTION !!!

Dans ce chapitre, il y a un ENORME trigger warning pour des pensées TRES sombres d'un personnage au sujet de relations sexuelles non consenties. J'ai mis les passages concernés sous balises spoilers pour permettre à ceux qui craignent d'être choqués de pouvoir lire sans crainte le reste du chapitre.


CHAPITRE 12


Finn s’approcha du corps et tenta de le secouer mais Rey ne réagissait pas. Il posa sa tête sur sa poitrine. Son cœur battait mais elle semblait figée comme dans un bloc de pierre. Ses joues n’avaient par leur roseur habituelle. Ses lèvres n’étaient pas étirées par ce sourire doux et mélancolique qui était désormais le sien. Elle semblait glacée dans un présent éternel, plus lointaine que jamais. Comme les princesses des contes anciens.

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Pourtant, son corps était étonnamment chaud. Finn avait dégagé sa tunique pour mieux entendre le bruit de son cœur et il distinguait ainsi la naissance de sa poitrine. Il déglutit douloureusement. Il était hors de question de la salir avec cette concupiscence abjecte. Il voulut remettre en place le tissu mais ses mains semblaient s’être transformées en pierre elles aussi. Il n’y avait rien d’immoral à regarder n’est-ce pas ? Dans son empressement à s’assurer qu’elle était en vie, il n’avait pas fait attention mais il imaginait maintenant la délicatesse de sa peau. Sa tunique s’était également relevée et il voyait une partie de son ventre. C’était le sien qui s’agitait maintenant, lui envoyant des frissons dans toutes ses extrémités. C’était comme s’il y avait une voix, une voix qui lui susurrait :

« Elle est tout à toi ! Elle ne s’en rendra même pas compte. Ce n’est pas mal si c’est ainsi. »

Il ne fallait pas écouter cette voix. Il le savait. Mais il approcha tout de même sa main de son cou. Il avait déjà touchée, serrée dans ses bras Rey tant de fois. Il n’y avait rien si différent cette fois-là. Si ? Il sursauta en sentant la douceur de la peau sous ses doigts. Il avait envie de bien plus, de saisir, d’embrasser, de dévorer, et cela lui fouraillait dans les entrailles. Il voulait davantage que les plaisirs francs et furtifs qu’il avait partagés avec Jannah. Il voulait que Rey soit sienne, totalement sienne. C’était ce qu’il n’avait cessé de désirer, depuis la première fois qu’il l’avait rencontrée. Il avait essayé de refouler tout cela, si fort, pendant si longtemps. Mais les voix internes que l’on tente d’étouffer ne font que se renforcer en attendant leur moment. Il glissa sa main sous l’étoffe qui recouvrait l’épaule de Rey et l’abaissa le long de l’articulation, dévoilant encore davantage la chair blanchâtre qui l’enivrait.

Il n’en aurait probablement plus jamais l’opportunité. C’était sa chance, son unique chance. Et pourtant ce mot sonnait étrangement faux dans son esprit à cet instant-là.

« Elle le mérite. A toujours te faire sentir qu’elle est trop bien pour toi, que tu es indigne d’elle. »

Finn savait très bien que cette voix n’était là que pour le corrompre. Mais elle lui semblait avoir un étrange pouvoir sur lui, lui donnant ainsi une autorisation qu’il avait cherchée ailleurs en vain.

C’est alors qu’un reflet lumineux à la surface de l’eau attira son regard. Finn jeta un œil dans sa direction et il entraperçut son image qui se reflétait dans le lac. Il eut un mouvement de recul. Un rictus carnassier, des yeux jaunes brillant d’une lumière mauvaise. Ce n’était plus lui qu’il y distinguait. C’était bien l’un de ces monstres fait uniquement de violence et d’appétits sauvages. Il se recula encore davantage. Comment avait-il pu même y songer ? Blesser celle qui lui était si chère ? Salir ce qu’il avait de plus précieux dans l’existence ?

Il se releva pour s’éloigner plus nettement et pour donner une densité physique au chemin qu’il parcourait dans son cœur. Le désir dans son ventre fut soudainement remplacé par une intense nausée, un dégoût profond. S’agenouillant de nouveau, il cacha sa tête entre ses bras pour ne plus voir le vide obscur qui l’entourait, pour ne plus voir la Rey fantoche qui ne serait jamais qu’une réplique imparfaite, un simple ersatz.


Exécuter des ordres. Obéir. Ne surtout pas se poser de questions. C’était comme ça qu’il avait été formé. Tout avait été brusquement bouleversé. Les nouvelles certitudes qui avaient tenté de prendre la place des anciennes avaient eu du mal à se fixer durablement. Faire ce que l’on trouve juste, protéger ce qui devait l’être. Mais qu’est-ce ce qui devait l’être ? Comment pouvait-on lui demander de passer d’un être docile à quelqu’un capable de faire les bons choix ? Comme ça, brusquement. Et avec toutes les émotions nouvellement libérées qui ne faisaient que rendre tout horriblement confus.

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Il n’avait jamais rien possédé à lui. C’était normal qu’il eût envie d’arracher un petit morceau de bonheur, avec la force de ses ongles noircis et de saisir ce qu’il avait le plus voulu de sa vie. Mais le soulagement prenant sa source dans la souffrance de l’autre n’était jamais que de l’égoïsme et de la mesquinerie. Aimer ce n’était pas posséder, c’était offrir à l’autre ce que l’on était, c’était partager un lien. C’était ce que Rey lui avait dit la veille. Elle avait raison. Il le savait depuis le début. Mais le ressentir en lui était une autre chose.


Finalement, elle était là la solution. Rey était là pour lui enseigner tout cela. Rey avait toujours été toutes les solutions. Mais elle le serait d’une toute nouvelle façon désormais.

C’était une perte, un abandon, une résignation. C’était un soulagement. Sans qu’il puisse rien retenir, il se mit à sangloter bruyamment comme un enfant. Les larmes ne cessaient de couler, brouillant sa vue. C’était comme si elles dissolvaient la noirceur du néant dans lequel il se trouvait. Comme si elles dissolvaient la Rey inerte et impuissante qui était à ses pieds, même si elle n’avait jamais vraiment existé, et dont chaque lambeau s’évaporait, disparaissant irrémédiablement.

Il pleura longtemps sans pouvoir se contenir. Quand ses larmes séchèrent enfin, il put constater ce qu’il savait déjà. Il était assis au bord du lac silencieux. Il leva les yeux. Le ciel était redevenu le ciel, immense et dérisoire. Il se releva finalement. Il aurait voulu inspirer fortement, remplir ses poumons pour prendre un nouveau départ. Mais l’air était toujours aussi irrespirable. Le soulagement ne pouvait lui apporter une réelle réparation. Pourtant, il savait très clairement ce qu’il allait faire maintenant. Une profonde certitude l’habitait. Pour la première fois. Enfin.


***


« Rends-toi compte. Tous les deux, vous deviendriez invincibles. Tu pourrais le protéger contre tout, contre la peur, contre la mort. Juste vous deux avec la certitude d’être tout l’un pour l’autre.

- Arrêtez de m’envoyez ces visions. »

Il partit d’un grand rire caverneux.

« Mais je ne t’envoie rien. Il s’agit juste de ton désir profond. Il s’agit de l’avenir que tu souhaites vraiment. La noirceur ne vient jamais que de l’intérieur des cœurs. Accepte-le. »

Comment un doute pouvait-il s’instiller en elle. Elle était sure d’elle, de son devoir. Elle n’avait jamais envisagé Tirso que comme un élément de cette quête tant il semblait y avoir trouvé une place idéale. Elle s’était rassurée sur sa capacité à enseigner pour lui, pour le sauver lui. Il était vrai que cet héritage Jedi, ce poids sur ses épaules lui paraissait bien souvent trop lourd. Et pourtant… et pourtant… c’était trop réducteur. Tirso n’était pas un prolongement d’elle-même. Il était un individu à part entière. Jamais il ne serait un simple remplaçant, un écho falot d’une autre harmonie, trop éphémère, entre deux êtres destinés l’un à l’autre.

Elle entendit soudain, un cri lointain, comme une plainte, qui la fit sortir de sa torpeur. Il lui sembla que c’était la voix de Chewbacca, perdue dans les méandres de sa mémoire. D’autres cris de détresse déchirants s’y mêlèrent bientôt. Il y avait tant de douleur chez Han, chez Poe, tant de malheurs et de déception, tant d’espoirs justes germés, de projets morts au moment même où ils avaient été rêvés. Tant d’oppression. Tant d’impuissance. C’était si tentant de se tenir à l’écart de tous ces cris et de ces effondrements désespérés. Il suffisait de partir, loin de tout, de devenir imbattables. Ne plus jamais avoir à sentir la souffrance des autres comme si c’était la nôtre. Juste fermer les yeux sur le noir de ses paupières et ne plus se laisser aveugler par des éclats de douleur.

Mais pouvait-elle renoncer à la lumière ? Celle des parvinoths qui étaient fragiles bien sûr mais qui s’approchaient à condition que l’on eût la patience de les attendre ? Celle des sabres lasers qui s’allumaient dans l’obscurité de la cruauté et de l’injustice apportant ainsi un dernier espoir là où il n’y en avait plus ? Celle de Ben quand il avait brusquement surgi au moment où elle s’était sentie encore plus seule que jamais ? Comme une évidence, comme si toutes les réponses avaient été données même aux questions qui n’avaient pas encore été posées. Elle était là cette lumière, même à l’intérieur de ses yeux. Elle ne pouvait pas disparaître tant elle était une voir lactée que chacun des êtres qu’elle avait aimés avait essaimé en elle. Et chaque sacrifice, chaque acte altruiste même. Chaque être qui offre quelque chose sans attendre quoi que ce soit en retour, chaque individu qui présente son dos à une atteinte pour en protéger un autre, parfois sans même le connaître. C’était aussi ça qu’elle avait en elle et c’était plus fort que toutes les craintes et les douleurs.

Elle ouvrit les yeux brusquement. Il lui semblait que le décor avait changé, il jaunissait à mesure que la plainte devenait plus intelligible. C’était son nom qu’on criait, c’était elle qu’on appelait et personne d’autre. Elle se redressa et chercha du regard la silhouette obscure. Il lui semblait qu’elle était plus pâle elle aussi.

« En fait, il n’a jamais été question de moi dans cette histoire. Il est question de tous ceux qui souffrent de leur rapport à la Force. De ceux qui s’en servent déjà pour soigner ou embellir le monde. Il s’agit d’eux autant que moi. »

D’étranges visions nébuleuses s’imposèrent alors à son esprit, en une bouleversante mosaïque. Une petite Snivvienne qui chantait en harmonie avec le blizzard. Une vieille Caamasi apposant ses mains sur un corps en murmurant des incantations à voix basse. Un Talortai qui faisait jaillir une source au milieu d’une foule hurlant de joie. Un jeune Terrelien sautant d’arbre en arbre dans une forêt immense. Un Kitonak, assis les yeux fermés au milieu d’un désert reculé. Un Kel dor, refermant respectueusement un livre ancien.

« Je sens leurs cœurs lointains, et ils chantent leur lien à la Force, avec une voix qui vient de bien plus loin que cette galaxie. Une voix que vous n’entendez plus. Chacun d’entre eux compte autant que le mien. Nous sommes nombreux, bien plus que vous. Et partager notre pouvoir ne nous affaiblit pas. Au contraire, cela le démultiplie. Cela le rend infini. »

Le poids qu’elle avait dans la poitrine sembla s’évaporer progressivement. Il n’y avait pas de doute à avoir. Il fallait juste faire du mieux qu’elle pouvait, devenir la meilleure version d’elle-même, aider le plus de monde possible. Ainsi, elle ne pourrait pas avoir de regrets.

Elle se sentait soudain comme lavée de ces culpabilités qui l’avaient entravées, elle n’avait pas à avoir honte de son élection, ni honte d’être en vie, ni honte d’avoir aimé Ben, ni honte de douter parfois, ni honte du bonheur qu’elle arrivait encore à goûter. Elle ne devait plus avoir honte d’avoir besoin de se reposer sur les autres. Personne n’avait à être seul face aux épreuves. Les lourdes charges étaient plus faciles à porter à plusieurs.

Elle tendit la main vers la silhouette floue qui s’approchait d’elle semblant fendre l’obscurité. Elle était douloureusement familière. La nostalgie était si douce parfois que ce ne pouvait être une faiblesse.

« Tu étais là… »

Ça ne pouvait pas être Ben bien sûr. Mais ce fut sa voix grave et tremblante qu’elle entendit pourtant.

« Souviens toi que tu ne seras jamais seule. »

Un bras puissant la saisit et une douce énergie l’envahit. Les cris étaient devenus des gémissements exprimant une tendresse indicible. Pourtant, elle comprit très bien les mots que Chewbacca prononça quand elle reprit conscience, le corps sur la rive boueuse du lac. Elle sourit en les entendant mais ce fut le souffle court, comme si elle venait de faire un intense effort physique, qu’elle murmura :

« Tu as raison, moi aussi j’ai besoin qu’on prenne soin de moi parfois. Merci… merci d’être venu. »

Bien sûr, elle n’avait plus les voix de tous ces Jedi glorieux du passé pour la guider mais elle avait ses amis. Et ce n’était plus une voie abstraite mais une chaleur concrète, un soutien indéfectible.


***


Il n’avait pas vraiment visé mais il avait touché la créature à l’œil et elle hurla de douleur, bondissant en arrière pour se mettre à l’abri.

Le choc du retour du blaster avait projeté Tirso au sol. Sa respiration s’était accélérée plus que de raison et il lui semblait que l’air vicié qu’il arrivait à inhaler ne suffisait plus à alimenter correctement son corps. Sa vue se troublait comme ses pensées. Devait-il fuir pour échapper aux représailles de la créature ? Devait-il profiter de l’effet de surprise pour la poursuivre et l’achever ? Il ne put plus réfléchir quand il distingua à quelques pas le corps ensanglanté de son petit neek. Les larmes remplacèrent alors la stupeur et la rage.

Il s’approcha de l’animal mort et saisit son cadavre dans ses mains. Il lui parut infiniment plus lourd que la petite créature qu’il tenait affectueusement dans ses bras seulement quelques minutes auparavant. Il comprit qu’il avait totalement baissé sa garde et fait preuve d’une inconscience totale quand il entendit une voix l’interpeler :

« Il est mort maintenant. Je te l’avais dit. »

Cette voix était familière. Elle avait un ton triomphal qui mit Tirso en colère.

« Pourquoi sembles-tu t’en réjouir ? demanda-t-il en se tournant avec hostilité vers la fillette qui était apparue.

- C’est juste que je t’avais dit que cela arriverait et j’avais raison. Je t’avais prévenu. Il ne sert à rien de s’attacher. Cela finit toujours de la même façon, la mort ou l’abandon. La première option n’est pas la plus mauvaise si tu veux mon avis. Elle évite de se sentir trahi. »

La colère avait passé aussi vite qu’un coup de vent avait fait voleter les grains de sable alentour, évitant soigneusement Zannah. Elle fut remplacée par une crainte sourde. D’elle. De ses mots. De la façon dont ils pénétraient dans son cœur, dont ils entraient en résonance avec ses pires craintes.

« Qui es-tu réellement, dit Tirso en se relevant et en la toisant, tenant toujours le corps de l’animal entre ses bras. Je pensais que tu étais juste un ami issu de mon imagination.

- Je suis juste une petite fille qui a grandi ici il y a longtemps. Qui a déjà vécu tout ce que tu vas vivre. Je suis juste là pour t’aider à être moins malheureux. Plus vite, tu auras fait le deuil de ton humanité et plus vite tu arrêteras de souffrir. Tu sais Tirso, la vie n’est qu’une suite ininterrompue de malheurs, de morts et de pertes. Plus vite tu l’acceptes, plus vite tu te prémunis de la souffrance que cela peut créer et plus cela te permet d’espérer être fort et avoir le pouvoir d’agir sur le monde autour de toi. »

La voix de Zannah s’était faite plus lasse à mesure qu’elle avait parlé. Tirso n’y lisait plus la joie cruelle de sa première intervention. Il y distinguait juste un profond désespoir qui lui était familier. Cela lui rappelait l’endroit où il avait grandi, tous ces enfants qui préféraient mourir plutôt que continuer. Est-ce que Zannah était morte aussi, d’une certaine façon, avant même de l’être réellement ?

Être mort tout en continuant de vivre. Pour échapper à la douleur. Comme le droïde qu’il était presque devenu avant que Rey, avec son espoir, ne fasse fondre son cœur. Il tenta de se souvenir de ce qui l’avait poussé à continuer malgré tout : la paix qu’il arrivait à ressentir au plus profond de lui, parfois quand il fermait les yeux. Cette impression qu’il était connecté à toutes les créatures qui l’entouraient, tous les matériaux, comme s’il n’était que la continuité de toutes ces choses qui l’entouraient. C’était cette harmonie.

Il essaya de se concentrer sur cette sensation mais la masse qu’il avait dans les bras l’empêchait de trouver un semblant de paix. L’injustice le faisait frémir et plus encore un autre poids terrifiant : la culpabilité.

« Bien sûr que c’est de ta faute. Ce petit animal était heureux parmi les siens. Une créature inconsciente qui ne demandait rien à personne. C’est toi qui l’a entraîné ici, qui l’a mêlé aux considérations de ceux qui ont conscience du monde. Ça ne pouvait être que son acte de mise à mort. Parce qu’au-delà du mal que te font les autres, il y a tout le mal que tu feras aux autres. »

Tirso leva son regard vers elle. Elle n’était plus une enfant. C’était désormais une jeune femme à la beauté farouche et éclatante. Elle éveilla une appréhension plus grande en lui mais en même temps, il ne pouvait qu’être subjugué par l’assurance qui se dégageait d’elle. Ses certitudes la nimbaient d’une aura sombre mais fascinante. Il n’arrivait plus à détacher son regard d’elle.

« Mais quand on a dépassé le premier, on dépasse aussi facilement le deuxième et on se sent enfin détaché. Fini le petit cœur qui saigne. Il n’y a plus que le pouvoir de faire ses propres choix. Ne plus avoir jamais à subir l’influence des autres. »

Elle avait peut-être raison. Et si pas sa faute, d’autres gens mouraient ? Et si Rey s’était trompée ? Et s’il était vraiment destiné à ne semer sur son passage que la destruction, à ne saisir jamais que de la cendre dans ses doigts ? Pourquoi lutter contre l’évidence, il n’était pas le fruit du hasard, de la rencontre entre deux êtres qui s’étaient aimés. Il était né pour dominer par sa puissance, il était né pour détruire.

Rey ne voudrait plus de lui comme ça. C’était certain. Elle l’abandonnerait. C’était inévitable.

« Et il y a une solution infaillible pour que les autres ne t’abandonnent jamais : il suffit de les tuer avant qu’ils ne le fassent. »

Non. Il ne pourrait jamais tuer Rey. Pas elle. Même si ce serait une solution pour qu’elle ne s’éloigne jamais de lui sciemment… La confusion envahissait chaque seconde un peu plus les pensées de Tirso. Il comprenait très bien que Zannah tentait de le pervertir, qu’elle avait toujours eu cette volonté depuis leur première conversation. Mais des images de Rey l’abandonnant se mêlaient à d’autres, au souvenir vague de la sensation d’une âme brisée s’affaissant entre ses doigts. Pouvait-on on vraiment tuer l’être que l’on aimait le plus au monde ? Que l’on voulait protéger par-dessus tout ? Pour ne pas qu’il nous échappe ? Oui. Et celui qui l’avait fait avant lui n’était nul autre que son reflet, son avenir peut-être.

« Ne crois pas que les êtres qui t’entourent sont irremplaçables. Regarde ton petit neek, il y en plein d’autres exactement comme lui si tu veux vraiment le remplacer. »

Tirso sursauta en entendant ces mots. Il revit les incubateurs, tous ces miroirs qui lui renvoyaient son image mais qui n’étaient jamais qu’imparfaits. Il avait survécu. Il n’était pas le même que les autres. Il avait pu sortir du laboratoire. Il avait pu rencontrer Rey. Il pouvait choisir, influencer le monde qui l’entourait. Il lui semblait qu’il quittait l’effet de torpeur qui avait commencé à paralyser son esprit et son cœur.

« Non, il n’est pas remplaçable par un autre. Personne ne l’est. Moi non plus je ne le suis pas même s’il y en avait plein d’autres comme moi. Tous ces autres moi qui sont morts étaient différents de moi. Tu es différente de moi. »

Zannah le regardait avec un mélange d’étonnement et de contrariété. C’était une première victoire pur Tirso, exactement celle qu’il avait besoin de voler pour pouvoir reprendre confiance en lui. Il trouvait Zannah toujours aussi belle mais c’était comme si son aura ne pouvait plus influer sur lui . C’était juste un bel atour un peu vain.

Tirso fut définitivement sorti de l’état d’hébétude qui s’était emparé de lui par un gémissement sourd. Il se souvint brusquement de la créature menaçante qui s’était terrée un peu plus loin et serra la main sur son blaster.

« Tu devrais l’achever avant qu’il ne vienne le faire avec toi. »

Il ne voulait plus écouter Zannah mais elle restait près de lui et ne semblait pas se résigner. Il voulait éviter de suivre ses conseils mais la menace était en effet terrifiante. Un animal blessé et acculé était terriblement dangereux. Le hssiss pourrait le tuer facilement, d’un simple coup de griffe. Ce serait pire encore s’il attaquait Rey et Chewie à leur retour.

Tirso tenta de masquer sa présence et grimpa sur une roche pour surplomber la créature. Il la distingua bientôt en contrebas des roches qu’il escaladait. Elle était étendue, recroquevillée, soufflant bruyamment. Peut-être était-ce à cause de la hauteur mais elle parut à Tirso moins grosse que quand il l’avait vue auparavant. A intervalle régulier, elle poussait de faibles gémissements, qui se transformaient parfois en un cri de souffrance. Quand, dans le brouillard de sa douleur, elle distingua enfin Tirso, elle se redressa péniblement et le regarda en rugissant. Toutes les épines sur son dos se hérissèrent soudain. Tirso ne voyait plus que le sang qui coulait encore de son œil détruit et bouillonnant. Il fut soudain terrifié de ce qu’il avait fait et il se mit à trembler. Ce n’était pourtant pas le moment de flancher. La créature semblait se rassembler pour bondir et le rejoindre en haut des roches.

« Qu’est-ce que tu attends ? Tire, dépêche-toi. C’est toi ou lui ! » cria Zannah.

Elle devait avoir raison cette fois. Mais Tirso ne voyait plus que ce globe oculaire creux, ce néant brûlé et incandescent. Il se mit soudain à pleurer de façon incontrôlable. Il regrettait, il regrettait tellement d’avoir tiré. Il s’élança alors hors de portée de la créature menaçante et courut vers le massif voisin ou l’attendaient les speeders. Il ne pouvait pas prendre cette vie. Même si sa passivité le mettait en danger, il préférait compter sur l’espoir que la créature était aussi méfiante que lui et resterait à distance tout en se réservant la possibilité de s’enfuir grâce à l’un des engins.

Zannah l’avait suivi, hurlant désormais, d’une voix un peu égarée :

« Arrête de pleurer petit ! Tu ne pleureras pas quand tu l’auras tué. Tu pourras tuer tout le monde après. Tu pourras tuer même ton maître et tu te sentiras soulagé, enfin vengé, plus puissant que tu ne l’as jamais été. »

Arrivé hors de portée de l’animal, après avoir posé le cadavre du neek précautionneusement sur une étoffe, il jeta un œil dans la direction de Zannah. Elle avait un regard un peu fou et se tenait les cheveux avec ses mains. Elle le fixa soudainement et Tirso eut un sursaut en étant frappé par cette noirceur.

« Tu es faible, juste un lâche, incapable de finir ce qu’il a commencé. Abrège ses souffrances. Tu ne vois pas qu’il veut mourir, tu ne vois pas que c’est ce que nous voulons tous ! »

Ses yeux étaient exorbités désormais. C’était comme si la souffrance qu’elle voulait exprimer cherchait à sortir d’elle mais qu’elle n’avait plus de larmes pour ça. La belle jeune femme était redevenue juste une petite fille trop brisée pour pouvoir pleurer.

« Personne ne souhaite vivre en ressentant des émotions. Personne ne peut vouloir ça, murmurait-elle pour elle-même. Personne, personne... »

A chaque mot qu’elle prononçait, elle semblait devenir plus pâle, moins palpable jusqu’à disparaître complètement au moment ou Tirso dit, après avoir caressé la peau écaillée de de son neek :

« Si. Moi, je veux vivre. »
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Messagepar sam sanglebuc » Dim 02 Juil 2023 - 13:23   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Bon, je ne peux pas m'empêcher de continuer à te lire...
C'est comme les yaourts aux fruits: il y a des morceaux de Ben dedans...
Ben: "Tu n'es pas seule"
Rey: "Toi non plus"
# JE SUIS KYLO - REYLO VIVRA !
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Messagepar Dollowin Branthor » Lun 03 Juil 2023 - 22:22   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Back in the game !

Je viens de lire les six chapitres qui me manquaient.

Wahou !

Je suis vraiment impressionné. Toujours cette qualité d'écriture, cette finesse dans la description des pensées...
Tu redonne leurs lettres de noblesse à des personnages plutôt malmenés par les films, et qui en avaient grandement besoin, et j'apprécie beaucoup chacune de tes idées, une fois passé la surprise de la découverte.

Et tu as un certains talent pour nous en ménager de belles, des surprises ! que le gamin sois une sorte de réincarnation d'Anakin, pardon ! formidable ! casse gueule, mais formidable.

L'histoire que tu nous offre est vraiment intéressante et donne envie de la suivre de plus en plus loin.

Alors évidemment, comme mon ami Sam, j'attends du Reylo comme une collégienne attend un texto de son crush de 4ème C mais j'apprécie énormément tout le reste.

Je suis ravi que le petit ai réussit à résister au côté obscure. C'est exactement ce que je voulais. L'ambiance assez sombre qui environne notre galaxie aurait pu te conduire sur le chemin facile du côté obscure, et ça fait d'autant plus de bien de voir qu'il est encore possible de résister, même pour un môme.

J'ai hâte de lire la suite !
"La Force est avec toi jeune Skywalker. Mais tu n'es pas encore un Jedi" Dark Vador - L'Empire contre-attaque
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Messagepar Adanedhel » Mar 04 Juil 2023 - 10:59   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Ah oui, effectivement c'est un début de chapitre... mouvementé !

Le Côté Obscur est souvent présenté par le biais de la séduction (un peu ce que tu fais avec Tirso plus bas) voire de la tentation, disons charnelle (on pense à la fort peu vêtue Dark Talon dans le Legends), donc c'est une approche intéressante de le dépeindre ici comme une tentation encore plus perverse. En plus c'est un sujet délicat qui est, j'imagine, pas simple à écrire à tous les points de vu, et là dessus je trouve le passage très maîtrisé, il met mal à l'aise mais parce que c'est son intention, pas parce qu'il est mal géré.

Est-ce que c'est aller trop loin sur le personnage de Finn ? Vu le contexte (une épreuve du CO + la frustration que tu as développée tout du long), je ne pense pas. Mais sans doute que ça ne passera pas pour d'autres, je pense que c'est le genre de choix à 50/50.
Parce que c'est un choix tranché qui permet de parler de thèmes importants et de faire ressortir le personnage grandit par contraste, un peu la même démarche qu'avec la dépression de Luke et la pensée instinctive qui l'a causée. Et c'est toujours une démarche que je trouve intéressante !
(et le passage m'a fait penser à une scène de The End of Evangelion, je ne sais pas si tu t'en es inspirée, qui va je trouve encore un cran plus loin dans le malaise... On n'est pas à ce niveau de traumatisme ici, si ça peut te rassurer :transpire: )


Du côté de Rey, la résolution est logique avec tout ce qui a été mis en place, mais je dois bien dire... Sa nostalgie de Ben était tellement centrale que j'espérais un chouïa plus, quand même ^^

Et pour Tirso on est pile dans ce que j'espérais lire la semaine dernière !


Spoiler: Afficher
(J'ai repéré quelques coquilles:
"Elle ne pouvait pas disparaître tant elle était une voir lactée ",
"Chacun d’entre eux compte autant que le mien" pas sûr d'avoir compris à quoi le mien fait référence :think:
"et si pas sa faute",
"une première victoire pur Tirso" )



Alionouchka a écrit:Tu vois juste, bien évidemment, mais je pensais tout laisser sous forme de sous-entendus. Tu me diras à la fin si tu penses que ça manque vraiment à l'histoire pour que je rectifie le cas échéant.

J'attends de voir si tu rajoutes des éléments dans ta conclusion, pour l'instant je trouve ça un peu léger, mais je soupçonne qu'on ait une façon de faire assez différente là-dessus - j'aime bien écrire des twists un peu clinquants :D
Mais c'est une façon de faire qui se défend, du coup j'ai ma propre version du lien entre Zannah, le lac... laisser place à l'interprétation, ça a une autre saveur (c'est quelque chose que j'essaye de travailler sur mon tome 2 en ce moment ^^)

Merci beaucoup pour ton retour ! Et à bientôt (je vais bientôt avoir plus de temps et je pourrai continuer ton histoire !) !!!

De rien, c'est toujours plaisant de lire un texte bien écrit sur la période postlogie (et qui essaye d'apporter de la substance concrète aux persos !)
Content que t'aies envie d'y revenir ! :D
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Messagepar Alionouchka » Lun 10 Juil 2023 - 7:28   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

sam sanglebuc a écrit:Bon, je ne peux pas m'empêcher de continuer à te lire...
C'est comme les yaourts aux fruits: il y a des morceaux de Ben dedans...


Ce sont quand même des doses homéopathiques pour être honnête mais merci d'être encore là !
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Messagepar Alionouchka » Lun 10 Juil 2023 - 7:36   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Dollowin Branthor a écrit:Back in the game !

Je viens de lire les six chapitres qui me manquaient.

Wahou !

Je suis vraiment impressionné. Toujours cette qualité d'écriture, cette finesse dans la description des pensées...
Tu redonne leurs lettres de noblesse à des personnages plutôt malmenés par les films, et qui en avaient grandement besoin, et j'apprécie beaucoup chacune de tes idées, une fois passé la surprise de la découverte.


Meri beaucoup ! :jap: Je ne sais pas comment dire à quel point ces compliments me touchent.

Et tu as un certains talent pour nous en ménager de belles, des surprises ! que le gamin sois une sorte de réincarnation d'Anakin, pardon ! formidable ! casse gueule, mais formidable.


J'avoue, je me suis un peu lâchée. En fait, c'était tout simplement le point de départ de mon histoire.

L'histoire que tu nous offre est vraiment intéressante et donne envie de la suivre de plus en plus loin.


Eh bien voilà la fin justement !

Alors évidemment, comme mon ami Sam, j'attends du Reylo comme une collégienne attend un texto de son crush de 4ème C mais j'apprécie énormément tout le reste.


Désolée de ne donner que quelques miettes. Moi aussi, je suis fan du ship mais je ne pouvais pas vraiment le développer dans mon histoire vu mes partis pris.

Je suis ravi que le petit ai réussit à résister au côté obscure. C'est exactement ce que je voulais. L'ambiance assez sombre qui environne notre galaxie aurait pu te conduire sur le chemin facile du côté obscure, et ça fait d'autant plus de bien de voir qu'il est encore possible de résister, même pour un môme.


Non mais moi, je suis une grosse niaise hein ! J'aime quand ça finit bien !

Merci beaucoup, vraiment, de prendre de ton temps pour manifester ton enthousiasme.

A bientôt !
Alionouchka
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Messagepar Alionouchka » Lun 10 Juil 2023 - 7:59   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:Ah oui, effectivement c'est un début de chapitre... mouvementé !

Le Côté Obscur est souvent présenté par le biais de la séduction (un peu ce que tu fais avec Tirso plus bas) voire de la tentation, disons charnelle (on pense à la fort peu vêtue Dark Talon dans le Legends), donc c'est une approche intéressante de le dépeindre ici comme une tentation encore plus perverse. En plus c'est un sujet délicat qui est, j'imagine, pas simple à écrire à tous les points de vu, et là dessus je trouve le passage très maîtrisé, il met mal à l'aise mais parce que c'est son intention, pas parce qu'il est mal géré.

Est-ce que c'est aller trop loin sur le personnage de Finn ? Vu le contexte (une épreuve du CO + la frustration que tu as développée tout du long), je ne pense pas. Mais sans doute que ça ne passera pas pour d'autres, je pense que c'est le genre de choix à 50/50.
Parce que c'est un choix tranché qui permet de parler de thèmes importants et de faire ressortir le personnage grandit par contraste, un peu la même démarche qu'avec la dépression de Luke et la pensée instinctive qui l'a causée. Et c'est toujours une démarche que je trouve intéressante !
(et le passage m'a fait penser à une scène de The End of Evangelion, je ne sais pas si tu t'en es inspirée, qui va je trouve encore un cran plus loin dans le malaise... On n'est pas à ce niveau de traumatisme ici, si ça peut te rassurer :transpire: )


Ouf, tant mieux que ça ait marché au moins sur toi. Tu as très bien explicité les enjeux de cette scène et en effet, je pense qu'elle peut coller avec la tentation du côté obscur. Mais c'est vrai que l'univers SW, pour ce que j'en connais, élude beaucoup la dimension sexuelle des rapports entre les personnages. Du coup, je comprendrais totalement que d'autres personnes considèrent un peu hors-sujet de telles considérations.

Quant à la scène d'Evangelion, elle m'avait en effet mise horriblement mal à l'aise en allant encore plus loin que moi. S'il y a eu inspiration, ce n'est que de façon inconsciente. De façon consciente, pour moi, seuls les 26 épisodes de l'animé sont canon (et sans vouloir faire renaître un interminable débat, moi j'ai a-do-ré cette fin-là et je n'avais besoin de rien d'autre !)

Du côté de Rey, la résolution est logique avec tout ce qui a été mis en place, mais je dois bien dire... Sa nostalgie de Ben était tellement centrale que j'espérais un chouïa plus, quand même ^^


Je comprends. En fait, c'était assez difficile pour moi de doser entre l'idée que Ben fera toujours partie d'elle et la nécessité qu'elle dépasse cette perte pour se reconstruire. C'est vrai que je suis allée plutôt dans cette dernière direction même si cela m'en coûte parce que je suis fan de leur relation.

Et pour Tirso on est pile dans ce que j'espérais lire la semaine dernière !


Cool ! tant mieux !

Alionouchka a écrit:Tu vois juste, bien évidemment, mais je pensais tout laisser sous forme de sous-entendus. Tu me diras à la fin si tu penses que ça manque vraiment à l'histoire pour que je rectifie le cas échéant.

J'attends de voir si tu rajoutes des éléments dans ta conclusion, pour l'instant je trouve ça un peu léger, mais je soupçonne qu'on ait une façon de faire assez différente là-dessus - j'aime bien écrire des twists un peu clinquants :D
Mais c'est une façon de faire qui se défend, du coup j'ai ma propre version du lien entre Zannah, le lac... laisser place à l'interprétation, ça a une autre saveur (c'est quelque chose que j'essaye de travailler sur mon tome 2 en ce moment ^^)


Bon il est clair que du coup, tu vas être frustré. Mais c'est vrai que j'aime bien laisser ça en suspens. Je pense que c'est aussi lié au fait que je ne me sens pas du tout l'âme d'une romancière. Je ne me vois pas capable de tout construire, de donner un cohérence à un univers. Et c'est d'ailleurs pour ça que je n'écris que des fanfictions. C'est bien pratique pour moi de me baser sur un univers préétabli.
Pour moi, la fanfiction c'est vraiment juste saisir un instantané, un petit morceau de l'histoire que l'on ajoute et pas du tout construire soi-même une histoire totalement cohérente et indépendante. Mais ça ne m'empêche pas d'être très admirative de ceux (comme toi) qui le réalisent. C'est juste que je m'en sens totalement incapable sans que cela me frustre tant que ça finalement.

Merci beaucoup (BEAUCOUP !) pour le retour et les corrections !!!
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Messagepar Alionouchka » Lun 10 Juil 2023 - 8:02   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Voilà donc le dernier chapitre !


CHAPITRE 13


Ce fut un étrange instant que celui où ils se retrouvèrent enfin. Tirso avait aperçu de loin la massive silhouette de Chewbacca soutenant celle plus frêle de Rey. Il y avait sûrement en lui une once de soulagement, mais pas tellement. Au fond de lui, il le savait. Qu’elle revenait. Que tant qu’elle le pourrait, elle reviendrait. Qu’il n’avait plus besoin d’avoir peur à ce sujet.

Il s'apaisa davantage quand Finn les rejoignit aussi, suivant son propre chemin. Les traces de leurs pas avaient laissé dans le sable la marque de leurs trajectoires convergentes, comme les planètes étaient destinées à suivre toujours la même orbite. Ils se retrouvèrent tous les quatre à quelques pas les uns des autres, dans cette étendue de sable enclavée entre les roches abruptes. Mais même elles n’étaient plus effrayantes, elle souffraient juste, elles aussi, en écho à toutes les morts dont elles avaient été les témoins silencieux, mais il n’y avait rien de mal à cela.

Ils restèrent un instant immobiles, comme si chacun avait peur des reproches qu’il pouvait encourir, ou comme s’ils étaient tout d’un coup rattrapés par la fatigue au point de ne plus pouvoir faire le moindre pas.

La tension était palpable, ou bien était-ce cette atmosphère que n’importe quelle joie ou soulagement ne pourrait jamais dissiper. Parce qu’ils n’étaient rien à l’échelle de la galaxie et pourtant ils étaient bien plus que ça. Ce point où l’infiniment grand et l’infiniment petit ne se distinguent plus, où un insecte dans une colonie de plusieurs milliers se confond avec une planète dans une galaxie immenses aux limites indistinctes.

Il suffit pourtant d’un seul mot pour rompre la barrière silencieuse qui les maintenait à distance. Il fut accompagné d’un sourire un peu pâle mais sincère et chaleureux tout de même, un de ceux qui étaient si caractéristiques de Rey.

« Merci. »

C’était le signal qu’attendait Tirso. Oubliant soudainement toute lassitude, il se jeta dans les bras de Rey. Elle le serra contre elle et le monde, soudain, oublia d’être cruel.

« Merci d’être venus », ajouta-t-elle.

Finn s’était approché et il se joignit timidement à l’étreinte.

« Je croyais que je devais vous protéger mais c’était de l’arrogance. Je n’avais pas compris que vous pouviez aussi me protéger. J’avais oublié qu’on était plus forts ensemble. Pardonnez-moi. »

Plus un mot ne fut prononcé. Les gestes de tous étaient douloureux et ils étaient impatients de rentrer enfin dans leur camp, de mettre ce lac le plus loin possible d’eux.

Il leur restait pourtant une chose à faire. Tirso en avait besoin. Rey l’avait bien compris en voyant le cadavre du petit neek auprès des speeders. La présence de la mort s’était déjà faite bien trop pesante ce jour-là. Ils avaient besoin de l’oublier en rappelant le pouvoir infini de la vie. Elle se décida donc à tenter même si elle était épuisée.

« Je t’aiderai », lui assura-t-il, la regardant d’un air suppliant.

Il fallait assumer les conséquences de ses actes mais si l’on pouvait, il fallait aussi réparer ses propres erreurs.

L’animal blessé était toujours recroquevillé au pied d’une roche. Il semblait résigné à attendre sa mort. Il ne tenta même pas de se relever quand il aperçut Rey et Tirso qui s’approchaient, se contentant de siffler faiblement.

« Je crois que c’est trop tard Tirso.

- Essayons quand même s’il te plaît. »

Elle sentait bien que ce sauvetage était bien plus qu’un simple caprice de la part de Tirso. Mais la nuance était fragile entre sauver ce qui pouvait l’être et bousculer l’ordre de les choses, la logique de l’existence dont la mort faisait partie. Elle repensa pourtant à la conversation qu’elle avait eue un peu plut tôt. Cet animal étant sensible à la Force, cela pourrait faciliter les choses. Et c’était peut-être pour cela que c’était si important pour Tirso au-delà de sa culpabilité. Pour conserver l’équilibre de cette planète, pour préserver l’harmonie.

Elle s’accroupit auprès de l’animal ; se réservant la possibilité de bondir en arrière pendant que Chewie braquait son arme dessus pour éviter une mauvaise surprise. Elle posa doucement sa main sur la tête rugueuse de la créature qui se laissa faire, étrangement calme.

Tirso tenait son autre main et la serrait sûrement un peu trop fort comme s’il avait voulu lui transmettre ainsi plus efficacement son énergie. Les visions qui la traversèrent était plus essentielles que celles qui lui avaient transmises par les êtres conscients. Il n’y était pas question de lever les yeux vers l’immensité du ciel pour y contempler les étoiles. Il n’y était question que de la douceur de la terre nourricière, de sa générosité, de la façon dont elle se gorgeait des vies qui s’éteignaient pour les rendre au centuple.

Rey ne sut pas combien de temps elle était restée ainsi quand elle ouvrit les yeux. Elle avait fait ce qui était en son pouvoir. Ce ne serait jamais que limité mais c’était suffisant. Le monde ne lui appartiendrait jamais. Cela n’avait aucun intérêt, elle en était juste une infime parcelle mais elle goûterait juste à son dernier souffle le bonheur infini d’avoir été un grain de poussière perdu dans l’infini du temps et de l’espace.

« Je pense qu’il va vivre mais je ne pouvais rien faire pour son œil. »

Cela suffisait aussi pour Tirso. Il articula un fragile merci avant de s’endormir contre l’épaule de Rey, vidé de toute énergie.

Chewbacca le prit dans ses bras puis chargea les outres dans le landspeeder où il monta avec Rey tandis que Finn enfourchait le speeder. Sans un regard vers derrière, ils démarrèrent à vive allure. Le soleil finissait de mourir derrière la ligne d’horizon. C’était beau et mélancolique, comme cela l’était toujours, mais pour cette fois, c’était aussi le signe de la fin de tourments. Apaisés par leurs victoires, ils ne craignaient plus le rouge et le noir ce soir-là.


***


La journée suivante fut silencieuse. Il était évident qu’ils auraient tous à parler de ce qui s’était passé au lac. Mais il était d’abord temps de se ressourcer, de puiser dans le canyon la force vitale qu’ils avaient dépensée sans compter. Ils passèrent la journée dans la grotte aux cristaux, principalement à méditer. Étonnamment, Rey n’avait plus besoin d’entendre la voix qui l’avait guidée. Il lui semblait enfin que les réponses qu’elle avait trouvées pesaient plus que les doutes qui la hantaient. Bien sûr, elle savait mieux que jamais que la voie des Jedi devait composer avec les questionnements. Mais chaque problème trouverait sa solution en temps voulu.

Le soir autour du feu, Chewbacca manifesta son désir de quitter enfin Ambria. Il avait toujours été le roc auquel tous s’agrippaient mais Rey sentait à quel point la vulnérabilité de chacun la veille l’avait inquiété. Plus vite ils seraient éloignés à jamais de ce lac et plus vite il retrouverait lui-même sa sérénité.

« Il faut encore que je fabrique mon cristal mais je pense que c’est une question de jours. Nous pourrons bientôt partir.

- Et pour aller où ? As-tu songé à un endroit pour héberger le nouvel Ordre que nous allons bâtir ? »

Rey sourit en entendant le « nous » prononcé par Finn. C’était paradoxal que des expériences vécues à distance les uns des autres eussent pu les rapprocher ainsi.

« J’ai une idée mais il faut que je voie si c’est possible.

- Et elle garde encore ses mystères pour elle, qu’allons-nous faire d’elle Tirso ?

- C’est évident : la ramener à Coruscant et l’échanger contre Poe, on s’amusera plus à coup sûr. »

Rey se mit à rire en entendant leur complicité et fut rassurée concernant Tirso. Il était évident qu’il était encore très affecté par la mort de son neek. Mais il donnait le change, comme il savait si bien le faire depuis le début. Et puis ils avaient raison, elle aussi se réjouissait de pouvoir bientôt retrouver leur ami. Elle se sentait prête également à se lier à de nouveaux êtres, à se lier à la complexité de l’univers qu’elle avait entraperçue dans ses diverses visions près du lac. Elle en avait bien fini avec la sensation de se tenir à l'écart de la vie.

Rey et Finn veillèrent après leurs compagnons. Rey savait bien qu’ils devaient avoir une discussion et peut-être que tout le monde l’avait senti à vrai dire.

« Que s’est-il passé là-bas ? finit par lâcher Rey.

- Ai-je le droit de cacher encore à mon maître quelques recoins honteux de mon âme ? répondit Finn d’un ton qui se voulait badin mais qui ne masquait pas l’ombre que vit passer Rey dans ses yeux.

- J’ai confiance en ton jugement et même si nous sommes liés de bien des façons, tu auras toujours ton libre arbitre et la possibilité de me dire uniquement ce que tu souhaites.

- Rey… Rey… pourquoi es-tu aussi… »

Il s’interrompit en levant les yeux vers elle. Il souriait mais de façon un peu désespérée. Rey sentit que la vérité ne tenait qu’à un fil. Elle garda le silence pour en conserver délicatement l’extrémité dans ses doigts. Il n’était plus temps de dévier la conversation avec des boutades. Il était temps d'écouter des mots sincères et authentiques.

« Je t’ai aimée Rey, sûrement plus qu’il n’est raisonnable, totalement, comme cela n’arrive qu’une fois dans une vie. J’ai voulu que tu portes sur moi le regard que je portais sur toi. Contre toute logique, contre l’évidence que ton cœur était ailleurs sans que je sache vraiment où, sans vraiment vouloir le savoir tant les hypothèses qui me viennent en tête sont insensées. J’ai voulu, en redécouvrant mon humanité, trouver aussi le bonheur que tant recherchent comme le seul but de la vie, qui lui donne son vrai sens. Et plus l’échec prenait corps, plus la certitude que je n’aurai jamais ce bonheur s’imposait en moi, plus un sentiment d’injustice s’y diffusait dans le même temps. Mais j’ai compris désormais qu’il n’y a pas que cette voie : arracher sa graine et la planter en espérant que l’arbre ainsi né fleurira avant que la violence du monde ne nous rattrape. Il y a la voie de ceux qui protègent ces fragiles bourgeons. Ceux qui contempleront de loin les arbres immenses fleurir, et même si ce ne sont pas les leurs, qui sauront qu’il n’y sont pas pour rien dans la beauté de ces fleurs. C’est à ça que je consacrerai ma vie désormais : faire ce qui est juste pour protéger ce qui est précieux pour les autres. Peu importe d’avoir mon arbre à moi si je peux contempler la floraisons de toutes les forêts de la galaxie. »

Les larmes qui montaient aux yeux de Rey coulèrent en un unique sillon de chaque côté de son visage. Jamais des pleurs ne lui avaient paru si doux.

« Tu es un vrai Jedi, Finn.

- Et tu es notre maître », répondit-il joignant un sourire complice à l’inclination respectueuse de sa tête.

Finn avait raison. Apprendre à renoncer, c’était ça être un Jedi. Renoncer à un amour, à ses peurs, à ses regrets. Et juste s’extasier de cette force qui a créé la vie, cette puissance sans limite, celle qui qui fait naître les liens, et la protéger de toutes ses forces, en veillant à ne pas se fourvoyer sans jamais pourtant pouvoir en être persuadé.
Accepter de perdre, c’était commencer à faire la paix.


***


Elle n’entendit plus la voix de l’étrange Jedi qui avait guidé ses pas sur cette planète aride et trop aiguë à sa façon. Une voix en elle s’en réjouissait. C’était parce qu’elle n’en avait plus besoin. Mais elle aurait aimé tout de même dire merci. Ce fut ce qu’elle fit dans la grotte aux cristaux bien qu’elle n’attendît pas de réponse. Elle le comprenait maintenant. Les remerciements étaient superflus. Rien ne remplaçait le bonheur que l’on ressentait à l’idée d’avoir guidé quelqu’un vers la lumière.

Elle avait surtout besoin d’arpenter une dernière fois ces cavités, ce ventre à la fois poisseux et lumineux qui avait été un refuge salvateur à bien des titres. Aurait-elle réussi à purifier cette eau traître en un autre lieu ? Parfois, la puissance tenait à peu de choses. Elle n’était pas absolue. Elle était une somme de circonstances qui lui permettaient de mûrir pour enfin être cueillie.

Elle voyait toutes ces nuances lumineuses dans le cristal qu’elle observait une dernière fois avant de l’insérer dans le sabre qu’elle était en train d’assembler. Elle ferma les yeux une nouvelle fois. Il y avait tant d’elle dans ce simple objet. Son passé avec le manche qui avait cette tension familière dans sa main, ses longues heures d’ennui passées sur Jakku qui lui avaient appris avec patience à connaître la forme et la fonction de tant de composants électriques. Il y avait cette révélation de sa connexion profonde avec chaque être qui souffre dans le monde, il y avait la conviction que tous avaient droit à la rédemption et la lumière. Il y avait tous ces nouveaux savoirs, qu’elle tentait de transmettre, il y avait son instinct plus profond qui lui soufflait des règles différentes. Il y avait tant d’amitié, de soutien et d’amour, et de nouvelles certitudes. Il y avait ce futur qui s’offrait à elle, qui était incertain, qui serait sûrement menaçant parfois, mais qu’elle avait hâte de découvrir.

La première fois qu’elle appuya sur le bouton d’allumage, elle eut un frisson avant d’ouvrir les yeux. La lumière qu’elle vit l’éblouit : elle était réverbérée par toutes celles que projetaient les reflets des cristaux qui s’étendaient à perte de vue sur les parois de la caverne. C’était un hymne d’espoir. C’était un moyen autre que contempler les étoiles de ressentir une sensation d’infini. Les reflets ne l’effrayaient plus maintenant qu’elle avait enfin compris qui elle était. Ils n’étaient que les différents soleils qu’elle allait découvrir, disséminés dans toute la galaxie. Ils étaient juste de nouveaux mondes, de nouveaux trésors à admirer dans l’immensité de la Force.


***


« Il est magnifique ! S’exclama Tirso quand Rey l’alluma pour la première fois devant lui.

- Est-ce que ça signifie que nous allons enfin quitter cette maudite planète, ajouta Finn d’un ton badin qui ne masquait pas réellement le regard d’approbation qu’il lança en Rey en direction de son sabre.

- Quelques mauvais souvenirs ici ?

- Tu parles de ces séances de méditation qui n’en finissent pas et de ces ascensions du canyon avec des pierres dans un sac à dos. De merveilleux souvenirs pourtant. »

Ce fut avec un ton plus sérieux qu’il ajouta :

« Je suis seulement impatient de savoir ce que l’avenir me réserve.

- Il veut juste faire l’intéressant devant Poe en lui montrant comment il fait voler des objets maintenant. Il me l’a dit !

- Et la solidarité entre padawan, Tirso. Espèce de traître. »

Rey les regarda en souriant. Finn en rajoutait sûrement un peu dans cette insouciance feinte. Mais Tirso en avait besoin. Il avait eu assez de gravité dans sa vie. Rectification. Ils en avaient tous besoin.

« Allons-nous retourner à Coruscant ? Demanda Finn

- Il le faut. Je dois informer la Grande Alliance de nos avancées. Mais il me reste une dernière chose à faire avant de nous y rendre. »

Une dernière escale s’imposait.

Leurs bagages furent rapidement faits. Tirso décida de laisser les figurines « pour les autres enfants qui viendront ici un jour ». Rey acquiesça d’un mouvement de tête.

« Peut-être pourrais-tu garder celle-là ? suggéra-t-elle en lui montrant la plus petite dont les formes fines mimaient la grâce d’un neek.

- Je ne crois pas que nous ayons besoin d’objets pour nous souvenir. Je n’ai qu’à fermer les yeux et je me rappelle de tout. »

Il y avait de la tristesse dans sa voix, encore des traces de regrets mais il y avait aussi la force de sa résolution.

« Tu as raison Tirso. Plus besoin de reliques anciennes pour nous sentir complets. »

Il lui sourit chaleureusement mais avec des larmes dans les yeux. Rey en fut retournée. La force de Tirso n’en finissait plus de l’éblouir. L’admiration se mêlait en elle a une tendresse infinie, à faire pâlir même les plus incandescentes des étoiles.

Retrouver le Faucon c’était toujours rentrer à la maison. Rey l’avait compris désormais. Elle n’avait besoin de rien d’autre que des gens qu’elle aimait près d’elle et d’un vaisseau pour arpenter la galaxie en leur compagnie.

Elle jeta un dernier coup d’œil aux plaines asséchées qui s’étendaient à perte de vue, aux roches majestueuses qui les découpaient.

« Au revoir Ambria et merci »

La porte du Faucon se referma derrière elle avec un bruit mat.


***


Rey crut d’abord que c’était un rêve. Ou une vision inconsciente. Un de ces fantômes du passé. Mais elle comprit que c’était autre chose. La silhouette de Leia était nimbée d’un doux halo de force dont elle sentait la présence presque physique. Son sourire finit de rassurer Rey. Elle se redressa d’un bond sur sa couchette et parla sans même avoir à réfléchir pour savoir quoi dire.

« Ben est revenu.

- Je le sais.

- Je voulais juste me l’entendre dire », dit-Rey avec un sourire qui n’en finissait plus de glisser sur ses lèvres.

Rey avait entendu parler des fantômes de force. Une question lui brûlait les lèvres mais elle n’osait pas la poser. Leia sembla la lire en elle :

« Il ne souhaite pas être guidé ici sans toi.

- J’espère qu’il est patient. J’ai beaucoup de choses à accomplir ici.

- Tu lui as déjà appris beaucoup. Il saura attendre. »

Leia ajouta après un court silence

« Tu me sembles tellement changée. Je suis heureuse de voir que tes craintes ont été battues en brèche par ton enthousiasme.

- Il était temps d’accepter ce que j’étais, d’accepter ce que je vais réaliser.

- Et que comptes-tu faire désormais ? »

Rey écarquilla les yeux davantage en observant la nouvelle silhouette qui venait de parler, se joignant à celle de Leia. C’était comme si Luke avait rajeuni. Ses cheveux restaient grisonnants mais ses yeux luisaient d’un étrange éclat et le sourire qui franchissait ses lèvres ne pouvait illuminer que le visage d’un être dont la foi était renouvelée et qui s’était pardonné à lui-même.

« Je vais bâtir un nouvel Ordre Jedi. J’ai beaucoup réfléchi aux anciennes règles. Peut-être qu’elles offraient un cadre nécessaire pour canaliser les débordements. Si chacun essaye de cultiver ce qu’il a en lui, on prend le risque de cultiver aussi des mauvaises graines. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que devenir jedi doit être un réel choix et que chacun doit pouvoir s'engager sur son propre chemin en toute connaissance de cause. Nous ne pouvons pas imposer notre propre vision de la vie à ceux qui nous entourent, même si elle est juste et généreuse. Nous devons leur apprendre à appréhender ce monde par eux-même en leur donnant les armes pour accomplir les bons choix. C’est ce que je m’efforcerai de faire désormais.

- Et comment comptes-tu t’y prendre ? demanda le fantôme de Luke.

- Plus besoin de monolithe pour fixer les connaissances. Je vais essayer de retrouver un vaisseau praxeum Jedi. Pour me tenir à la fois à l’écart du monde tout en en habitant ses moindres recoins. Je veux parcourir la galaxie pour proposer mon aide à tous les êtres sensibles à la Force qui en auront besoin. J’essaierai d’apporter des réponses à ceux qui auront des questions. Ceux qui voudront se joindre à nous seront les bienvenus. Jamais plus je ne ne resterai passive devant la souffrance d’un être aux prises avec la tentation du côté obscur. Jamais plus je ne lui fermerai la porte. Et puis j’ai tant à apprendre moi-même encore de la force, tant à apprendre des vivants. Je me nourrirai aussi de la vision, de la conception, du lien de chacun avec la Force. Il me semble que maintenant que je sais où je veux aller, il me sera plus aisé de découvrir la vision d’autres individus pour enrichir ma connaissance et sans que cela remette en cause mes certitudes.  »

Leia la regarda avec bienveillance. Elle pouvait aussi lire dans les yeux de Luke une fierté qui la bouleversa. Comme si toutes les offenses et les incompréhensions passées étaient oubliées.

« Cette nouvelle ère t’appartient, Rey. Fais ce que te dicte ton instinct, fais ce que te dicte la Force », reprit Leia

Rey s’inclina respectueusement.

« Maîtres… Je transmettrai ce que vous m’avez appris, la bienveillance infinie de la Force et la certitude que vivre en ne se préoccupant que de soi ne donne pas grand sens à l’existence. »

- J’ai pleinement confiance en toi, dit Leia avec un sourire

- Nous avons pleinement confiance en toi », ajouta Luke.

Leurs silhouettes luminescentes s’éteignirent doucement laissant Rey entre l’optimisme et la mélancolie. Elle aurait donné beaucoup pour avoir le loisir de contempler une nouvelle fois le sourire lumineux de Ben, pour croiser une dernière fois son regard à la fois intense et fragile. Elle se consola pourtant avec la certitude profonde qu’il l’attendait et que ceux qui s’aimaient trouvaient toujours un chemin, même si ce n’était qu’un lien ténu, un fil fragile, une route perdue aux contours diffus, pavée de rêves doux et évanescents, qui les mènerait un jour l’un à l’autre.
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Messagepar Alionouchka » Lun 10 Juil 2023 - 8:06   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Après réflexion, et dans la mesure où il est très court, j'ai décidé de poster aussi l'épilogue qui achève donc définitivement mon histoire.

Merci INFINIMENT à tous ceux qui ont laissé un commentaire mais aussi à ceux qui ont juste lu mon histoire !



ÉPILOGUE


Quitter une terre aride pour une autre. Cela aurait pu paraître dérisoire, toujours du pareil au même. Mais chaque sable a ses secrets, chaque roche émergente a sa souffrance, chaque source souterraine a son chant. La musique de Tatooine lui était propre. Elle parlait à Rey d’horreur et d’honneur. Elle lui parlait de victoire et de chagrin.

Tirso eut l’air un peu craintif quand le vaisseau s’y posa. Elle ne souhaitait pas qu’il vienne avec elle. Ce passé n’était pas vraiment le sien. Pas plus que cette nostalgie. Il avait une toute nouvelle vie à bâtir qui n’appartenait qu’à lui.

« Je n’en ai pas pour longtemps. Juste une dernière chose à faire, dit Rey en s’accroupissant pour se mettre à sa hauteur. Et après je promets que nous faisons un sevrage de déserts.

- Reviens-nous vite Rey, ajouta Finn.

- Je ne pars pas vraiment, je vais juste dire au revoir. »

Elle descendit la rampe et goûta la sensation de son pied s’enfonçant dans le sable. Glissant sur les cristaux complices, elle atteignit les huttes circulaires. Elles semblaient avoir retrouvé la paix, quand la mémoire des malheurs faiblit devant la mémoire de la vie. Elles étaient maintenant les seuls vestiges de rêves anciens et de toute leur mélancolie. Et aussi de tous les enfants de la galaxie qui passaient trop de temps à regarder les étoiles en rêvant à une autre vie.

Il lui sembla que c’était le bon endroit, le bon moment. Elle creusa le sol. Suffisamment pour que les souvenirs le restent, mais pas trop pour qu’ils affleurent encore à la mémoire des vivants avec leur lot d’encouragements, de leçons et d’avertissements. Leur lot d’amour. Le passé ne devait pas mourir. Il devait juste rester là où il était. Il n’appartenait qu’à elle de se servir de lui pour améliorer l’avenir. Il ne lui restait qu’à se laisser porter par l’espoir.

Elle ne serait plus la prisonnière de ses regrets, ni de ce qui aurait pu être. Les fantômes n’étaient que des fantômes même ceux des êtres que l’on avait aimés. La perte de son amour n’avait rien tué en elle contrairement à ce qu’elle avait d’abord craint. Il lui semblait que renaissait en elle une possibilité d’amour infinie.

Elle eut une étrange sensation quand la vieille femme l’interpella. Elle savait maintenant reconnaître cette sensation de n’être jamais seule dans la Force. Elle savait désormais que ces voix pouvait être inamicales mais la présence qu’elle ressentit alors était délicieusement familière. Elle était celle des vieilles légendes qui ne mouraient jamais mais que les générations portaient dans leur cœur malgré le temps infini et les années lumières. Elle était ces étoiles mourantes qu’on voyait luire encore des millénaires après leur chute dans le ciel.

Ils l’avaient fait se révéler, ils l’avaient guidée, ils l’avaient aimée et d’une certaine façon, elle était encore intimement lié à leur sang. Mais ce n’était pas tant ça.

C’était surtout qu’elle allait consacrer sa vie à arpenter les cieux et les univers et faire autant de bien que possible. Elle allait marcher dans les étoiles.

« Rey Skywalker. »

Rey aimait plus que tout les vérités qui jaillissaient parfois des mots mêmes sans que l’on ne les ait pourtant prévus. Qui devenaient brutalement des certitudes.

Mais elle ne se leurrait pas. Il était plus facile de dire au revoir à ceux qui étaient partis que de se confronter à la réalité, aux attentes, aux doutes et à la déception de ceux qui restaient.

Ce fut pourtant le cœur serein qu’elle rejoignit ses compagnons dans le Faucon. Elle devait la vérité sur Ben à Chewie et, à Finn, celle de son propre cœur. Elle avait confiance en eux, confiance en l’avenir. Elle s’assit à côté de Tirso qui jouait avec Finn au Dejarik et une fois que Chewbacca les eut rejoint, elle soupira.

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Messagepar Adanedhel » Lun 10 Juil 2023 - 16:17   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Le dernier chapitre et l'épilogue sont lus !

Tout ce qui avait été mis en place est bouclé de fort belle manière, encore plus que dans les autres chapitres j'ai l'impression que tu t'es lâchée dans les errements poétiques, ça marche très bien pour mener à l'aboutissement de cette quête, et ça donnerait bien envie d'en lire davantage !
Et gros coup de coeur pour la scène avec les fantômes de Force, j'avais complètement la voix de Leia en tête sur chacune de ses répliques :love:

Merci pour avoir partagé ce texte, ça a été une lecture très plaisante semaine après semaine ! Si tu planches un jour sur une suite (ou sur un texte se déroulant à une autre époque), j'en serai à coup sûr :oui:
(et pour le côté qui ne collerait pas avec le canon, qui te faisait hésiter à poster si ma mémoire est bonne, on verra ce que le prochain film nous réserve mais ça ne me paraitrait pas impossible de raccrocher les wagons d'une manière ou d'une autre, même si ça signifierait sans doute une fin douce-amère voire tragique pour Tirso :think: :transpire:
Disons que ça me semble plus probable que ton récit puisse coller avec le film que le mien, par exemple :paf: )


Quant à la scène d'Evangelion, elle m'avait en effet mise horriblement mal à l'aise en allant encore plus loin que moi. S'il y a eu inspiration, ce n'est que de façon inconsciente. De façon consciente, pour moi, seuls les 26 épisodes de l'animé sont canon (et sans vouloir faire renaître un interminable débat, moi j'ai a-do-ré cette fin-là et je n'avais besoin de rien d'autre !)

Je suis bien d'accord ! j'aime bien la fin telle qu'elle est montrée dans les épisodes 25 et 26, et j'ai beaucoup aimé aussi la nouvelle interprétation donnée dans les 4 films Rebuild, mais The End, sa noirceur fait que j'ai profondément détesté mon visionnage (et en même temps, c'est un objet assez fascinant quand on connait la détresse psychologique de Hideaki Anno à cette époque, et ça rend les Rebuild encore plus beau dans le tournant lumineux qu'ils apportent, en un sens)...

Bon il est clair que du coup, tu vas être frustré. Mais c'est vrai que j'aime bien laisser ça en suspens. Je pense que c'est aussi lié au fait que je ne me sens pas du tout l'âme d'une romancière. Je ne me vois pas capable de tout construire, de donner un cohérence à un univers. Et c'est d'ailleurs pour ça que je n'écris que des fanfictions. C'est bien pratique pour moi de me baser sur un univers préétabli.
Pour moi, la fanfiction c'est vraiment juste saisir un instantané, un petit morceau de l'histoire que l'on ajoute et pas du tout construire soi-même une histoire totalement cohérente et indépendante. Mais ça ne m'empêche pas d'être très admirative de ceux (comme toi) qui le réalisent. C'est juste que je m'en sens totalement incapable sans que cela me frustre tant que ça finalement.


Un peu frustré par ce point là effectivement, mais c'était loin d'être central au récit et le reste compense largement :)
Je pense que ça se ressent à la lecture effectivement ^^ Mais comme chaque auteur aura une approche différente d'un texte quel qu'il soit, ça s'applique aussi à la fan-fiction... d'autant plus avec Star Wars où le nombre d'auteurs ayant bossé sur l'univers, avec des styles et visions totalement différentes, est impressionnant (au contraire par exemple du Seigneur des Anneaux, où l'univers est basé uniquement sur ce qu'en a écrit Tolkien)
Et je dirais qu'on ne part pas d'une base si éloignée... j'aimerais beaucoup mener à terme un projet prenant place dans un univers que j'aurais créé, avec une géographie vaste, un système de magie et de technologie cohérent... mais pour le moment ça me parait plus accessible de travailler sur un univers déjà en place, que je connais bien et où je vois des fils que je peux m'amuser à connecter ensemble de nouvelles façons :oui:

En tous cas bravo encore pour ce très joli texte !
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Messagepar sam sanglebuc » Mar 11 Juil 2023 - 4:31   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Je n'ai pris que ce que j'ai aimé dans ta fanfic, mais les morceaux de Reylo étaient assez gros à mon goût !
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Messagepar Hillys » Mar 11 Juil 2023 - 9:36   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

J'attendais d'avoir lu ta fan-fic en entier avant de commenter pour ne pas t'influencer dans ton écriture.

Déjà, je trouve que tu écris vraiment très bien. :) Tes phrases sont bien construites, avec très peu de fautes. J'ai beaucoup aimé ton style ni trop simple ni trop soutenu. Je n'aime pas quand un auteur utilise des mots trop ampoulés comme "son regard azuréen" ou "sa peau d'un blanc marmoréen", pour moi cela révèle plus une faiblesse d'écriture qu'on tente de cacher par des mots rares et compliqués "pour faire style", mais ce n'est absolument pas ton cas. Bon, j'avoue que certains passages très poétiques sont un peu trop long à mon goût, mais ce n'est que mon goût personnel, donc je t'encourage à continuer dans cette voie. :lol:



Après, mon principal problème c'est que je n'ai pas aimé la Postlogie, notamment le personnage de Rey que j'avais envie d'aimer, vraiment, mais qui est écrite à mes yeux comme une Mary-Sue. Je lis quand même des fan-fics sur cette période en espérant trouver un auteur qui me fera changer d'avis, mais ce n'est malheureusement pas le cas de ta fan-fic car j'ai retrouvé dans ta Rey de nombreuses choses qui m’horripilent dans la Rey d'origine. Mon but n'est pas de critiquer tes choix, mais plutôt de présenter mon ressenti à la lecture et d'éventuellement te donner quelques pistes d'amélioration.

Je reprendrais juste quelques citations pour illustrer ce ressenti :

Alionouchka a écrit:- Rey… Rey… pourquoi es-tu aussi… »

Si parfaite ? :think: Car oui, Rey est trop parfaite. Elle sait faire trop de choses (soigner par la Force, de la psychométrie... = des dons censés être très rares parmi les Jedi) de façon innée, sans que ce soit expliqué. A l'inverse, les personnages de Finn et de Poe sont sacrifiés pour lui servir de faire-valoir : ils sont toujours moins bons qu'elle, physiquement comme moralement, ils l'admirent toujours sans qu'elle ne les admire. J'ai la sensation qu'ils n'ont pas d'autre intérêt que de montrer à que point Rey est surpuissante/intelligente/sympathique (dans le sens où elle ressent les émotions des autres)/perturbée/etc...

Tu écris d'ailleurs à un moment :
Alionouchka a écrit:Rey avait toujours été toutes les solutions.

Et c'est justement ça qui me gène avec ce personnage. Les solutions viennent toujours d'elle, jamais des autres. Tout est centré sur elle, tout est fait pour la sublimer elle.

Un autre point qui m'a gêné dans ta fic comme dans la Postologie, ce sont les relations entre les personnages, relations d'amitié notamment à laquelle je ne crois jamais. Je ne comprends pas pourquoi Rey, Finn et Poe restent ensemble. :think: Les liens qui les unissent ne me paraissent pas suffisamment forts et crédibles. Je n'ai pas la sensations qu'ils s'aiment, qu'ils se connaissent, qu'ils se font confiance, qu'ils se reposent les uns sur les autres comme dans une véritable amitié. La seule personne que Rey semble aimer (à part Ben), c'est Tirso, et même cet amour inconditionnel, je ne le comprend pas, pour moi il est totalement illogique, sa seule justification étant pour moi un "c'est la Force, ça ne se justifie pas". :neutre:

Alionouchka a écrit:Rey en fut retournée. La force de Tirso n’en finissait plus de l’éblouir. L’admiration se mêlait en elle a une tendresse infinie, à faire pâlir même les plus incandescentes des étoiles.

Par exemple pour moi ce passage c'est "trop". :transpire: On est dans de l'amour aveugle et irraisonné et pour moi ce n'est pas un amour sain. Ça me donne l'impression que si Tirso venait à massacrer, je ne sais pas, disons une centaine d'enfants, ben Rey lui pardonnerait en mode "ce n'est pas sa faute s'il est comme ça". :neutre:


Alors bien sûr ce n'est que mon avis et en rien une critique de ta fanfiction. :) Elle reste une des meilleures fanfics que j'ai pu lire sur la Postologie et tu peux être fière de toi ! :lol:

Et pour finir, merci pour ton travail (je sais combien c'est chronophage avec peu de reconnaissance) et merci d'avoir partagé avec nous ton récit ! :cute:
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Messagepar Dollowin Branthor » Lun 17 Juil 2023 - 12:07   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Cher Alio

J'ai bien fin ta fan fic et je voulais juste te dire merci.
Elle m'a mis de bonne humeur.
Moi aussi j'aime quand ça se fini bien.
Est-ce que tu compte remettre le couvert pour nous raconter ce que devient le petit garçon ?
Quoi qu'il en soit, merci pour ton talent d'écriture, merci pour cette belle histoire, pour ces temps d'introspection, pour cette mélancolie douce, pour l'amitié qui conduit à la guérison.
Tirso me fait penser à mon petit filleul de deux ans qui fait des câlins à tout bout de champs... :love:
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Messagepar Alionouchka » Lun 31 Juil 2023 - 7:38   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Adanedhel a écrit:Le dernier chapitre et l'épilogue sont lus !

Tout ce qui avait été mis en place est bouclé de fort belle manière, encore plus que dans les autres chapitres j'ai l'impression que tu t'es lâchée dans les errements poétiques, ça marche très bien pour mener à l'aboutissement de cette quête, et ça donnerait bien envie d'en lire davantage !


Merci ! Oui j'avoue, je me suis un peu lâchée à la fin :transpire:. C'est clairement toujours là que je m'éclate le plus !

Et gros coup de coeur pour la scène avec les fantômes de Force, j'avais complètement la voix de Leia en tête sur chacune de ses répliques :love:


Ah tant mieux, j'avais peur que la scène soit un peu trop utilitaire (pour exposer le projet de Rey). Contente de voir que j'ai réussi à lui donner vie !

Merci pour avoir partagé ce texte, ça a été une lecture très plaisante semaine après semaine ! Si tu planches un jour sur une suite (ou sur un texte se déroulant à une autre époque), j'en serai à coup sûr :oui:


Je ne pense pas écrire la suite. Bien sûr, quand j'ai imaginé mon histoire, j'ai eu des idées pour la suite, une sorte de "série" qui suivrait les voyages de Rey à travers la galaxie mais ce serait m'engager dans quelque chose de trop ambitieux pour moi et je n'ai pas le temps de m'y plonger. Comme j'ai grandi dans les années 90, je suis plutôt influencée par le format de l'époque en matière de série : 1 épisode, 1 aventure. Et personnellement j'aime ça, je n'ai pas besoin d'un énorme scénario mystérieux pour m'attirer (même si les séries qui associent les deux à la fois sont pour moi ce qui se fait de mieux). Et donc, j'imaginais bien explorer la façon dont les être sensibles à la force pouvaient la percevoir, l'utiliser et aussi comment ils pouvaient être perçus dans les cultures des différentes planètes. Mais encore une fois, c'est juste de vagues idées, je n'ai aucune trame précise.

(et pour le côté qui ne collerait pas avec le canon, qui te faisait hésiter à poster si ma mémoire est bonne, on verra ce que le prochain film nous réserve mais ça ne me paraitrait pas impossible de raccrocher les wagons d'une manière ou d'une autre, même si ça signifierait sans doute une fin douce-amère voire tragique pour Tirso :think: :transpire:
Disons que ça me semble plus probable que ton récit puisse coller avec le film que le mien, par exemple :paf: )


Oh pour ça, je suis tranquille dans mon esprit puisque justement je me suis empressée de finir mon histoire avant de de découvrir la suite du canon !

Je suis bien d'accord ! j'aime bien la fin telle qu'elle est montrée dans les épisodes 25 et 26, et j'ai beaucoup aimé aussi la nouvelle interprétation donnée dans les 4 films Rebuild, mais The End, sa noirceur fait que j'ai profondément détesté mon visionnage (et en même temps, c'est un objet assez fascinant quand on connait la détresse psychologique de Hideaki Anno à cette époque, et ça rend les Rebuild encore plus beau dans le tournant lumineux qu'ils apportent, en un sens)...


Il faudrait peut-être que je teste alors. Même si je ne suis pas fan des reboots en règle générale. Et puis même si je suis une grande amatrice de mangas et animés, il y a quand même dans cette industrie quelque chose qui me dérange profondément, c'est cette logique de vouloir plaire au lecteur, et de parfois pousser les auteurs à prolonger leurs œuvres au-delà de ce qu'ils avaient prévu. Je crois qu'au Japon comme ailleurs, le système du "plaire au public pour faire davantage d'argent" est extrêmement destructeur en terme de créativité. Et c'est valable pour toute création artistique : créer quelque chose en ciblant le goût des gens plutôt qu'en imaginant ce qu'on a envie de faire soi me parait un peu vain (et terriblement d'actualité à l'ère des likes - ça y est je suis passée en mode boomer) (oh et ça me fait penser à un manga que je lis en ce moment - et que j'adore - qui réfléchit sur la place du public dans la création artistique).

Et je dirais qu'on ne part pas d'une base si éloignée... j'aimerais beaucoup mener à terme un projet prenant place dans un univers que j'aurais créé, avec une géographie vaste, un système de magie et de technologie cohérent... mais pour le moment ça me parait plus accessible de travailler sur un univers déjà en place, que je connais bien et où je vois des fils que je peux m'amuser à connecter ensemble de nouvelles façons :oui:


Oui, la fanfiction peut-être une parfaite répétition générale en attendant de se lancer dans une création originale !

Pour ma part, je n'ai aucune ambition de ce type. Je ne pense pas avoir assez d'imagination pour ça. Je reste juste inspirée par certains personnages et certaines dynamiques dans les histoires que j'aime et ça me suffit !

Merci infiniment d'avoir suivi et commenté mon histoire ! Et merci pour les échanges super enrichissants !

A bientôt !
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Messagepar Alionouchka » Lun 31 Juil 2023 - 7:46   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

sam sanglebuc a écrit:Je n'ai pris que ce que j'ai aimé dans ta fanfic, mais les morceaux de Reylo étaient assez gros à mon goût !


Tant mieux alors !!!

Et merci d'être allé au bout malgré tes réticences !
Alionouchka
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Messagepar Alionouchka » Lun 31 Juil 2023 - 8:16   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Hillys a écrit:J'attendais d'avoir lu ta fan-fic en entier avant de commenter pour ne pas t'influencer dans ton écriture.

Déjà, je trouve que tu écris vraiment très bien. :) Tes phrases sont bien construites, avec très peu de fautes. J'ai beaucoup aimé ton style ni trop simple ni trop soutenu. Je n'aime pas quand un auteur utilise des mots trop ampoulés comme "son regard azuréen" ou "sa peau d'un blanc marmoréen", pour moi cela révèle plus une faiblesse d'écriture qu'on tente de cacher par des mots rares et compliqués "pour faire style", mais ce n'est absolument pas ton cas. Bon, j'avoue que certains passages très poétiques sont un peu trop long à mon goût, mais ce n'est que mon goût personnel, donc je t'encourage à continuer dans cette voie. :lol:


Merci beaucoup ! ça me fait plaisir parce que tout comme toi, j'aime la simplicité (même si je m'en éloigne moi-même parfois trop à mon goût). D'ailleurs, l'autrice de fanfiction la plus incroyable que j'ai lue (et qui selon moi, a largement le niveau d'auteurs professionnels) écrit de façon extrêmement simple et en même temps incroyablement frappante et poétique.

Après, mon principal problème c'est que je n'ai pas aimé la Postlogie, notamment le personnage de Rey que j'avais envie d'aimer, vraiment, mais qui est écrite à mes yeux comme une Mary-Sue. Je lis quand même des fan-fics sur cette période en espérant trouver un auteur qui me fera changer d'avis, mais ce n'est malheureusement pas le cas de ta fan-fic car j'ai retrouvé dans ta Rey de nombreuses choses qui m’horripilent dans la Rey d'origine. Mon but n'est pas de critiquer tes choix, mais plutôt de présenter mon ressenti à la lecture et d'éventuellement te donner quelques pistes d'amélioration.

Je reprendrais juste quelques citations pour illustrer ce ressenti :

Alionouchka a écrit:- Rey… Rey… pourquoi es-tu aussi… »

Si parfaite ? :think: Car oui, Rey est trop parfaite. Elle sait faire trop de choses (soigner par la Force, de la psychométrie... = des dons censés être très rares parmi les Jedi) de façon innée, sans que ce soit expliqué. A l'inverse, les personnages de Finn et de Poe sont sacrifiés pour lui servir de faire-valoir : ils sont toujours moins bons qu'elle, physiquement comme moralement, ils l'admirent toujours sans qu'elle ne les admire. J'ai la sensation qu'ils n'ont pas d'autre intérêt que de montrer à que point Rey est surpuissante/intelligente/sympathique (dans le sens où elle ressent les émotions des autres)/perturbée/etc...

Tu écris d'ailleurs à un moment :
Alionouchka a écrit:Rey avait toujours été toutes les solutions.

Et c'est justement ça qui me gène avec ce personnage. Les solutions viennent toujours d'elle, jamais des autres. Tout est centré sur elle, tout est fait pour la sublimer elle.


Alors là, je pense que nos points de vue seront irréconciliables. Je respecte totalement ton ressenti. Et je suis d'accord sur le fait que la façon dont Rey est puissante et appréciée n'a pas grand chose de réaliste.

Mais pour moi, ce n'est absolument pas un problème !

Et il est clair que si ton désir était de voir le canon "réparé", cela ne risquait pas d'être chez moi puisque comme je l'ai dit en avertissement, quand j'écris une fanfiction, j'essaye de coller au canon.

En fait, comme je le disais dans un message précédent, je suis assez fan de mangas et donc, fatalement, les archétypes ne me dérangent pas. Je n'attends pas d'une œuvre qu'elle soit forcément originale, réaliste, profonde et intelligente. J'attends juste qu'elle fonctionne sur moi ! Je suis, par exemple, totalement fan de shônen manga. Et quel mécanisme y retrouve-t-on souvent ? Un jeune débutant mais doté de grandes qualités / pouvoirs et qui s'attire la sympathie de tous les gens qu'il rencontre devient un super héros hyper puissant. On a le droit de détester ces schémas, de les trouver simplistes et archaïques (d'ailleurs c'est ce même schéma que l'on retrouve - avec moins de psychologie - dans les contes merveilleux). Moi, ils ne me posent aucun problème et je juge chaque œuvre indépendamment de ça, au cas par cas.

Un autre point qui m'a gêné dans ta fic comme dans la Postologie, ce sont les relations entre les personnages, relations d'amitié notamment à laquelle je ne crois jamais. Je ne comprends pas pourquoi Rey, Finn et Poe restent ensemble. :think: Les liens qui les unissent ne me paraissent pas suffisamment forts et crédibles. Je n'ai pas la sensations qu'ils s'aiment, qu'ils se connaissent, qu'ils se font confiance, qu'ils se reposent les uns sur les autres comme dans une véritable amitié.


Je pense que leur amitié ne repose pas, en effet, sur des affinités, des goûts en commun. Elle repose sur des expériences communes - très intenses - vécues ensemble. Parfois cela suffit à souder les gens. Et en tout cas, pour ma part, ça me suffit pour y croire. Et d'ailleurs, je suggère l'idée que, peut-être, justement, le retour à une vie plus pacifiste pourra mettre à mal ce lien.

La seule personne que Rey semble aimer (à part Ben), c'est Tirso, et même cet amour inconditionnel, je ne le comprend pas, pour moi il est totalement illogique, sa seule justification étant pour moi un "c'est la Force, ça ne se justifie pas". :neutre:

Alionouchka a écrit:Rey en fut retournée. La force de Tirso n’en finissait plus de l’éblouir. L’admiration se mêlait en elle a une tendresse infinie, à faire pâlir même les plus incandescentes des étoiles.

Par exemple pour moi ce passage c'est "trop". :transpire: On est dans de l'amour aveugle et irraisonné et pour moi ce n'est pas un amour sain. Ça me donne l'impression que si Tirso venait à massacrer, je ne sais pas, disons une centaine d'enfants, ben Rey lui pardonnerait en mode "ce n'est pas sa faute s'il est comme ça". :neutre:


Alors là, je crois que je me suis loupée parce que ce que je voulais faire passer comme idée, c'est qu'elle considérait Tirso comme son fils. Et donc, dans ce cas, il s'agit bien, en effet, d'un amour "comme ça" et pas "parce que" (pour paraphraser Paul Claudel - avec l'imprécision de de vieux souvenirs). Et même si l'amour est inconditionnel, il n'empêche pas de reconnaître les torts de celui qu'on aime.

Et pour finir, merci pour ton travail (je sais combien c'est chronophage avec peu de reconnaissance) et merci d'avoir partagé avec nous ton récit ! :cute:


Merci à toi pour le commentaire (si précis et développé en plus) ! Et même si, on ne va pas se mentir, ça me fait super plaisir d'échanger sur mon histoire, j'ai encore plus adoré l'écrire, pour moi avant tout !
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Messagepar Alionouchka » Lun 31 Juil 2023 - 8:34   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Dollowin Branthor a écrit:Cher Alio

J'ai bien fin ta fan fic et je voulais juste te dire merci.
Elle m'a mis de bonne humeur.
Moi aussi j'aime quand ça se fini bien.
Est-ce que tu compte remettre le couvert pour nous raconter ce que devient le petit garçon ?
Quoi qu'il en soit, merci pour ton talent d'écriture, merci pour cette belle histoire, pour ces temps d'introspection, pour cette mélancolie douce, pour l'amitié qui conduit à la guérison.
Tirso me fait penser à mon petit filleul de deux ans qui fait des câlins à tout bout de champs... :love:


Merci à toi !!! Je ne suis pas sure de mériter tant d'éloges mais je prends !

Je ne pense pas écrire la suite, malgré quelques idées éparses car je n'en ai pas le temps ni l'énergie. En fait, j'ai commencé cette histoire il y a pas mal de temps maintenant (pendant le confinement) et j'avais vraiment envie de la terminer pour avoir la sensation d'être allée jusqu'au bout.

C'est assez paradoxal parce que quand je suis en train d'écrire une fanfiction, je ressens à la fois une sorte d'exaltation, celle qui me fait parfois me réveiller en pleine nuit pour écrire des idées, mais aussi une tension épuisante. Du coup, quand je suis en phase de création, je me dis que c'est trop fatigant et quand je n'écris rien, je me languis de cette excitation de la création (mais sinon, je ne suis pas relou, non :paf: )

Quant à Tirso, je me suis basée sur mes trois enfants qui passent leur vie à me demander des câlins :oops: J'en profite avant qu'il ne grandissent !

A bientôt ! (je n'oublie pas que je me suis engagée à aller lire tes histoires !)
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Messagepar Hillys » Mar 05 Sep 2023 - 14:41   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Alionouchka a écrit:D'ailleurs, l'autrice de fanfiction la plus incroyable que j'ai lue (et qui selon moi, a largement le niveau d'auteurs professionnels) écrit de façon extrêmement simple et en même temps incroyablement frappante et poétique.


Je serais curieuse de savoir qui est cette autrice pour pouvoir aller lire ce qu'elle écrit ! On manque de bonnes fanfics bien écrites en français et je prends toutes les recommandations ! :)
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Messagepar Dollowin Branthor » Mar 05 Sep 2023 - 17:22   Sujet: Re: "Fragiles Bourgeons"

Hillys a écrit: ! On manque de bonnes fanfics bien écrites en français et je prends toutes les recommandations ! :)

Les miennes elles sont très bien :D :x :ange: (non, plus sérieusement, tu peux quand même aller voir "L'étoile perdue" (dans l'onglet Bibliothèque) et "Retrouve moi sous les fleurs de l'arbre Uneti".
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