Bonjour à tous ! Alors comment les choses vont-elles bien pouvoir se goupiller après les évènements du chapitre passé ? L'heure du réveil se présage, avec des fortunes diverses, certains réjouis et heureux, d'autres plus troublés. Mais surtout, ce qui va suivre le réveil d'Anakin ne risque pas d'améliorer sa situation...
Les conséquences du réveil matinal finissaient de laisser Dyna tranquille. Le conditionnement et la discipline militaire constituaient de bons moyens pour ne pas végéter au lit, y comprit lors d’un lendemain de soirée. D'une soirée bien plaisante d'ailleurs... D'où provenait ce sourire figé sur ses lèvres depuis son réveil ? Chose assez peu ordinaire pour le relever, jusqu'à songer à la manifestation la réjouissant à son réveil.
Cet idiot de Jedi... Bon, il n'est pas si idiot que cela en réalité, songea Dyna. Ne pas commettre d'excès avec la boisson relevait d'une bonne idée pour ne pas perdre son discernement face à lui, quand bien même l'alcool n'était pas dans ses habitudes. Son rituel d'assouplissement dynamique avait suffit à se délester de la moindre tension, avant de laisser ses pas la mener dans ces couloirs, heureuse de les arpenter de nouveau.
Séance du matin, avant le premier repas de la journée et les sessions collectives plus tard, songea-t-elle en se rapprochant de l'entrée de la salle de sport. Dyna se savait encore dans la force de l'âge. Mais consciente qu'une fois le pallier de la trentaine dépassé, il ne fallait négliger aucun aspect pour que le déclin immuable ne se précipite pas. La volonté n'avait pas lieu d'apparaître ici. Seule sa discipline ferait le travail. Mais rien n'aurait pu la préparer à cette vision singulière à peine le pied à l'intérieur de la salle de sport.
— Eh bien, moi qui me considérais comme quelqu’un de matinal, déclara-t-elle en voyant l’état de la pièce.
Anakin, torse nu assis en tailleur, se concentrait, habité d'une intensité apaisante, un bon mètre au dessus du sol, différents poids et bancs de musculation tout autour de lui. Non pas soulevés, mais flottant dans les airs, gravitant autour de lui, comme piégés par un champ, non, un nuage invisible. Le son de ses mots interrompit la symphonie, les objets reprenant leur place sans heurt.
Dommage, regretta Dyna devant la fin d'un spectacle dont elle ne présageait pas de sa beauté, alors qu'Anakin touchait de nouveau le sol.
Anakin laissa passer sa déception dans un soupir retenu. Cette longue méditation n'avait servi à rien. De quoi récupérer de sa nuit peu reposante, où il n’avait cessé de se repasser le fil des évènements de la veille, certes. Mais pour un résultat peu probant. Tant qu’il demeurait concentré, cette blessure s’était faite plus discrète, lointaine même. Mais à l’instant où ses yeux s'étaient rouvert... Anakin retient la grimace perçant de nouveau à peine la salle et la réalité de retour.
— Je n’arrivais pas à dormir, alors..., répondit-il sans poursuivre.
— Rien de tel que l’exercice dans ce cas là, ajouta Dyna avec un sourire en coin qui se voulait...
Anakin secoua la tête pour balayer la douleur infligée par la joie apparente de cette femme faisant écho à la désillusion de la veille. L'image d’Alana et Kyrsta ensemble ne demandait qu'à le faire replonger.
Où est passée sa décontraction ? s'étonna-t-elle devant son absence de réponse. Il paraissait différent de l'homme apaisant qu'il était depuis le terme de la dernière opération et leur échange lumineux. L'Anakin visiblement heureux, naturel et accessible de la veille éclairait ses pas. Mais ce pauvre Jedi tendu, préoccupé, cherchant à fuir le contact des autres voulait l'horizon... Comment faire pour que le premier Anakin apparaisse de nouveau ? Car la certitude ne se trouvait plus à établir, il fallait chasser les nuages noirs au dessus de celui-ci.
— Maintenant que tu en as fini avec tes tours de Jedi, peut-être que tu pourrais prendre part à un vrai entrainement ?
— Mauvaise idée que de provoquer un Jedi, maugréa-t-il la tête baissée.
Et à présent, son second degré s'est fait la malle lui aussi... regretta-t-elle.
— Oh allez ! insista Dyna. Je serais curieuse de voir ce que tu vaux dans l’arène…
— L’arène ? s'étonna le Jedi.
Dyna désigna d’un signe de tête évident un grand carré au sol, quelques mètres derrière. Une matérialisation simpliste, mais claire pour ceux ayant déjà mis un pied dans ce genre d'endroit. Ce qui n'était pas le cas d'Anakin ? Difficile d'imaginer qu'un homme avec ce physique n'avait jamais côtoyé de salle d'entrainement...
— Le cercle, le ring, peu importe. Dans toutes les salles d’entrainement, on peut se défouler et voir qui est le meilleur au combat. Ca te tente ?
Une proposition de déverser sa rancœur et son ressenti. Anakin possédait une bonne idée de ce que cela provoquerait. Et il ne s'agissait pas d'une proposition pertinente. D’autant plus s’il devait l’affronter elle...
— Donc le but, c’est de terrasser l’autre ? devina-t-il. Je ne suis pas sûr de bien saisir…
— Ca ne m’étonne pas, le railla Dyna. On ne porte pas vraiment les coups. Le but est de toucher, ou d’immobiliser son adversaire, non de le plonger dans une cuve à bacta pour la semaine. Alors ?
Pourquoi Dyna lui proposait-elle cela ? Cette envie de se tester, de se détendre ? Anakin ne pouvait parvenir à se détendre dans son état. Et finir par faire payer Dyna, en la contaminant avec ses propres soucis. Cette femme se portait mieux depuis la mise à plat de leur différents, et Anakin tissait de nouveau des liens avec quelqu'un. Mais trop prématuré, car voilà que ses soucis empiétaient de nouveau sur... Dyna n'avait pas besoin de ça. Ne méritait pas qu'il l'accable.
— Ce n’est pas que je ne veux pas, bredouilla Anakin. Mais je ne voudrais pas te blesser…
Les sourcils de Dyna se froncèrent pour faire barrage à ces paroles assassines. De quoi la faire monter dans les tours en un instant, faisant naître la perspective d'infliger une correction à quelqu’un ne l’estimant pas à la hauteur.
Il demeure bel et bien idiot en fin de compte, songea-t-elle. Il savait pourtant de quoi elle se montrait capable, mais continuait à se trouver des excuses. Cherchant à fuir le combat. Non pas parce qu’il craignait de lui faire du mal, mais parce qu’il se complaisait dans son malheur, rejetant la main tendue pour des raisons prétendument légitimes. Après ce qu’Anakin avait fait pour elle, dans les instants les plus délicats, il n’était pas question de le laisser agir ainsi, comme Dyna aurait pu le faire par le passé, en demeurant passive.
— Si c’est vraiment ce que tu crois, alors tu n’as plus le choix à présent, lui envoya-t-elle d'un ton ne laissant pas la place à la discussion. Échauffe-toi, dans un quart d’heure on commence. Et enfile un haut, ajouta-t-elle sur une touche plus légère. Ne va pas croire que t’es le seul mec taillé du coin.
Elle le rejoignit dans son amusement timide, avant qu'Anakin se décide enfin à enfiler un débardeur et se préparer. Lui arracher un rire constituait une première victoire. Une... Récompense ? À quoi donc ? Dyna ne le connaissait pas tant que cela après tout... Mais cette volonté de le soutenir l'animait.
J'suis vraiment trop naze moi, songea Anakin, s'échauffant à peine son haut enfilé. Dyna se montrait plus sympathique qu'il ne le méritait, alors même qu'il avait tenté de repousser sa main tendue pour... Il ne devait pas camper sur ses positions, focalisé sur sa cousine avec... Crail avait raison. Seule Dyna se révélait capable de lui apporter ce dont il avait besoin, ce qui lui faisait défaut. Et il s'agissait précisément du sens des actes de cette femme, alors même qu'Anakin ne possédait rien à lui offrir. Car elle voulait son bien. Pourquoi donc ? Était-ce même pertinent de se le demander en cet instant ? Rien que pour cela, l'accepter constituait le seul choix valable.
Est-ce que j'aurai dû aller la trouver cette nuit ? Après... Dyna l’aurait soutenu, mais il s’était replié sur lui-même, comme l'inadapté social qu'il était...
Le temps qu’ils s’échauffent, d’autres soldats les rejoignaient. L'annonce du combat les avaient poussé à rameuter leur camarades. Les gants enfilés, le ring fin prêt, les soldats constituaient une foule raisonnable. Anakin s'amusa de l'apparition de Crail accompagné de sa gueule de bois, ses lunettes de soleil témoignant de son état de forme précaire. Il se tenait un peu à l’écart du groupe principal de soldats, foule compacte occupée à prendre les paris. Un usage pour les plus grosses confrontations, les soldats ayant l’habitude de miser quelques dizaines de crédits. Mais un affrontement entre deux officiers, dont une des meilleures au corps à corps et un Jedi ? Les enjeux financiers avaient rapidement grimpé.
Alana apparu à son tour, collée à Kyrsta. Anakin s'efforçait d'éviter les regards innocents qu'elle lui envoyait, pour calmer les fourmillements dans ses doigts. Les savoir ensemble, mais surtout les voir si complices après cette nuit... Il ne s’agissait pas d’une aventure d’un soir sans lendemain. Mais plutôt de la concrétisation de quelque chose ne faisant que débuter. Elles ne comptaient pas rester chacun dans leur coin. Là où sa cousine s'était montrée excessivement charitable envers une ennemie, Anakin était passé à côté de deux femmes se tournant autour, aveugle, mais surtout bien naïf qu'il se trouvait. Vérifiant une nouvelle fois l'attache de ses gants, Anakin s’infligea plusieurs frappes au visage. Il était plus que temps de se remettre les idées en place !
— Voici les règles, prononça le soldat faisant office d’arbitre. Le combat ne comportera qu’une simple reprise de cinq minutes. Pour gagner, il faut compter plus de touches que son adversaire. Chaque coup de poing ou de pied rapporte un point. Une amenée au sol rapporte cinq points. La soumission fait automatiquement gagner le match. Doucement sur les coups de coude et de genoux, si vous pouviez éviter de passer votre journée à l’infirmerie. Pas de coups bas, ni de frappes déloyales. Et souvenez-vous, on ne porte pas les coups, et on reste fairplay ! Vous êtes prêts ? demanda-t-il en les consultant à tour de rôle. Prêt ? C’est parti !
La foule encourageait son combattant préféré, Dyna jouissant du plus grand soutien. Le mal de crâne de Crail l'empêchait d'acclamer son ami. Il éprouvait déjà son lot de difficultés à supporter les cris de la foule… Dyna se lança sans attendre, décidant de foncer directement sur lui, espérant le surprendre. Anakin esquiva son coup de pied sauté d’un rapide retrait sur le côté. Elle retourna à l’attaque une fois sur ses appuis. Le Jedi parvint à esquiver ses différents coups de poings, mais ne contre-attaquait pas. La foule commença à lui manifester son mécontentement.
— Le but c’est de toucher, lui envoya Dyna, le visage à l'intérieur de ses gants. Ce n’est pas un ballet de Jedi. Peur d’être trop court jeune homme ?
Des paroles ayant le don de le piquer. Mais pas assez pour basculer dans un niveau de détermination supérieur. Celui lui permettant de faire la différence.
Un entraînement face à une femme que... Qui me... Le parasitage ne l'aidait pas. Depuis l’âge adulte, Ahsoka ne souhaitait plus être sa partenaire d’entrainement au corps à corps. Plus puissant, plus technique, et surtout plus doué qu’elle, la poussant à rejeter son rôle de sac de frappe ambulant. Répéter ses gammes seuls lui suffisait, comme avec le sabre, pour mettre au point ses techniques et combinaisons. Ahsoka ne servait qu'à la mise en application de sa progression. Empêchant ainsi Anakin de s'habituer à un partenaire d'entraînement. Mais il fallait aller au delà.
Dyna ne put s’empêcher de contenir un léger sourire, voyant qu'il possédait désormais l’esprit tourné vers le combat. Il se baissa au dernier moment, évitant son crochet du bras arrière.
Exclusivement en droitière, comprit-il. Profitant de l’ouverture, son enchainement de quatre coups de poings rapides par le bas se trouvait déjà prêt. Les trois premiers dans l’abdomen et le dernier plus haut au menton. Oubliant d'insuffler la puissance dans ses coups, Anakin se focalisait sur des enchainements vifs, à courte distance, certains envoyés avec le bord de la main, pour un effet plus cinglant que percutant et impactant.
Toucher plutôt que frapper. Il croyait bien faire. Mais n’avait pas conscience de l'humiliation pour un combattant, de recevoir des coups de ce genre, signifiant que l’on n’estimait pas son adversaire assez digne de combattre avec un niveau de détermination égal. Il devait payer pour ça. Plutôt que de battre en retraite, Dyna amorça un pas en arrière avant de déployer un coup de pied retourné. Le bout du revers de son membre gifla Anakin en plein visage, plus fort que ce à quoi il s’attendait.
Si le talon avait touché, le jeune Jedi ne se trouverait plus conscient pour en témoigner. Mais sa joue le lançant ne relevait pas d'une simple touche.
— Je croyais qu’on ne portait pas les coups ? lui rappelait-il en se massant sa joue engourdie.
Elle parvint à le toucher à nouveau d’un direct du bras avant, profitant de sa distraction. Impact direcr, le poing heurtant sa mâchoire de plein fouet. Ces gants d'entraînement ne se trouvaient pas suffisamment rembourrés pour atténuer l’impact. Le gout ferreux de son propre sang s’infiltrait entre ses dents.
— Tu parles trop, Jedi !
La foule commençait à apprécier le spectacle. Alana perçait à peine avec ses encouragements pour son cousin. La jeune femme ignorait les raisons menant à ce combat. Peut-être un simple défi au sein d'une nouvelle amitié qui naissait ? La jeune Jedi le souhaitait à Anakin. Peu amatrice de ce genre de combat, mais son rapport à la violence évoluait quelque peu depuis qu'elle se trouvait au milieu de cette guerre. Et quand bien même, le manque de soutien dont souffrait son cousin se devait d'être compensé. Chaque touche subie la poussait à s'époumoner, peu importe qu'il ne l'entende pas. Jusqu'à subir la réprimande de Winna.
Selon elle, ne pas soutenir une femme dans ces dispositions relevait d'un mauvais goût irréfléchi. La Togruta n’avait rien contre Anakin. Mais ne maitrisant pas la Force elle-même, il fallait prouver que les non-Jedi pouvaient valoir tout autant. Et, les choses étant bien faites, Dyna était une femme. Alors pour une confrontation physique, il fallait envoyer un message !
De son côté, Crail passait son temps à masser ses tempes pesant plus lourd qu'un croiseur, rendues douloureuses par l’agitation qui l’entourait. Il avait bien du mal à se concentrer sur le combat, mais cela ne lui importait que très peu. Valae pouvait bien être particulièrement douée, peut-être autant que lui-même, qui sait. Mais ce dont Anakin était capable... Valae n’avait aucune chance face à son ami, ceux imaginant le contraire ne connaissaient rien au combat. L'écart se révélait trop important, il le savait pour avoir déjà affronté un guerrier sensible à la Force, se trouvant d'ailleurs à quelques pas d'elle.
Kyrsta se tenait à côté d’Alana, observant silencieusement le combat d’un œil expert. Elle avait perdu la forme lors de son séjour au sein du Supermax. Retrouvant des couleurs au domaine Organa, mais sans avoir la tête à s’entrainer avant d'arriver ici. Retrouver son niveau ne se produirait pas en seulement deux ou trois semaines. La souplesse réapparaissait déjà au moins. Pour une humaine sans le moindre pouvoir sensitif, la commandante se défendait avec honneur. À son aise en pieds-poings, un très bon coup d’œil, des déplacements vifs, une bonne gestion de la distance. Mais des appuis révélaient une aisance moindre au combat au sol. En ce qui concernait Anakin… Un très haut niveau, alors même qu’il retenait ses coups.
Un combattant, non, un guerrier d’une toute autre trempe, songea Kyrsta.
Anakin repartit à l’attaque, faisant grimper son compteur de coup. Ses feintes affaiblissaient la défense de son adversaire, laissant son bras avant faire le travail. Les frappes se frayaient un chemin à travers les coudes levés de Dyna à quatre reprises. Des mouvements courts, coups directs et rectilignes, plutôt que des frappes circulaires plus prévisibles. Si le but était de toucher...
Dyna savait à quoi s'en tenir une fois qu'il avait haussé le ton.
Voilà de quoi est fait un Jedi... Elle devait prendre le dessus sur le plan tactique, pour combler son déficit technique. Sans parler de son manque de vitesse... Dyna devait accepter cette désillusion. Mettant la puissance de côté en excluant de porter les coups, elle avait un temps espéré équilibrer davantage le combat. Un homme plus grand, plus lourd qu’elle, mais surtout un Jedi…
Qu'il me touche, prenne confiance et se rapproche. La distance se présageait. Parfait. Dyna l'agrippa, plaçant sa jambe en opposition à celles d'Anakin. Le poids et son basculement de hanche l'aida à l'envoyer à terre. Elle ne se préoccupa pas de la surprise sur son visage, après avoir heurté le sol de plein fouet. Mais le balayage ainsi que l'amenée au sol ne constituaient que la phase préparatoire. Dyna passa en position montée pour préparer la suite.
Kyrsta n'en perdit pas une miette, son soupir impressionné se noyant parmis les autres. Ce sens tactique... Identifier ses faiblesses, celles de l'adversaire, lister les solutions, opter pour le choix et l'exécuter en si peu de temps, durant le combat. L'intelligence du combat.
Le guerrier est un intellectuel, lui avait expliqué son père.
La différence entre le combattant et le guerrier réside dans la possibilité de réponse aux équations. Le vrai guerrier n'est pas celui qui possède le plus large éventail de connaissance, mais celui sachant utiliser l'outil adéquat, au moment pertinent, faisant le tri parmis tout ce dont il est capable d'infliger. Cette vérité se vérifiait. Contrainte temporelle, décisionnelle, déficit de stature, d’envergure, de puissance, de vitesse. Tout ceci n’importait pas pour le guerrier, qui possédait chaque réponse.
La violence importe, mais l'intellect constitue l'essence de l'art martial. Kyrsta croisa les bras, espérant que personne ne remarque les tremblements agitant ses membres. Pourquoi fallait-il que cette occurence lui rappelle son père ? Ce qu'il lui avait transmis faisait parti d'elle, elle ne pourrait s'en défaire. Elle ne le voulait pas, alors pourquoi... À cet instant... Alors qu'el- Son regard se posa sur la lumière se trouvant à ses côtés. Ne se doutant de rien, Alana continuait à encourager son cousin, alors que la Togruta à sa droite poussait pour que la Femme remporte ce combat, plus que Dyna elle-même. Tant que la Twi'lek se réchaufferait auprès de ce feu, la moindre esquisse de ténèbres la laisserait en paix.
L’imbrication au sol ne relevait pas de son point fort, mais Dyna ne disposait pas d’autres choix pour contrer le Jedi. Mais à peine en position, Anakin rapprocha ses jambes de son buste, avant de basculer ses hanches sur le côté pour se défaire de la prise de Dyna. Il finit par se redresser rapidement sur ses pieds d’une pirouette en arrière. La foule soupira d'une stupéfaction incontrôlée, suivi d’applaudissement. Car sa manœuvre lui permit d'esquiver le talon que Dyna fit s’abattre sur lui alors qu’il venait d’effectuer sa roulade.
— Ca calme, hein ? lui envoya-t-elle, même si elle venait de manquer son coup.
— Pas mal, c'est vrai, mais je crois que je mène toujours !
— C’est ce que tu crois…
Cette amenée au sol constituait un signal inquiétant pour Anakin. Tant qu’il ne se consacrerait pas pleinement sur un moyen de terminer le combat, il demeurait à la merci d’une mauvaise surprise.
Il est temps de mettre un terme à cela, fit-il en préparant son prochain mouvement. Dyna accepta l’invitation tacite dans la posture défensive du Jedi.
En déplacement, sans disposer de ses appuis pour esquiver. Comme prévu. Le jeune Jedi bondit sans élan, déployant ses membres. Elle leva sa garde comme attendu, ne pouvant qu'encaisser l'impact de sa projection. Le choc contre le tapis du ring la désorienta, laissant tout le loisir à Anakin de placer ses genoux contre ses hanches, et ses mains au creux des coudes de Dyna. Elle tenta de se débattre, en vain. La position montée était verrouillée.
Aucun moyen de s'en sortir... — Ne serait-ce pas là le début d’une soumission ? ironisa Anakin.
— Tant que je ne tape pas au sol, le combat n’est pas terminé, répondit-elle, acceptant tout juste de cesser de se débattre.
— Alors on va tranquillement patienter jusqu’à la fin du chrono, fit-il en lui arrachant le reflet de son propre sourire à travers des souffles courts.
La foule se faisait moins bruyante. Les clameurs cédaient leur place à des soupirs, et des félicitations pour célébrer le vainqueur à venir. Anakin disposait de l'embarras de techniques au sol pour la pousser à abandonner, en menaçant de faire plier ses articulations. Mais il maintint ce blocage singulier, sans bien savoir pourquoi.
Comme un besoin de réponse, le visage de sa cousine lui apparu sans peine lorsqu'il leva la tête en direction des spectateurs. Tout ce que ce combat amical avait amené fut balayé en un instant.
Alana, et elle à ses côtés... Heureuses ?! Pourquoi est-ce qu'Alana me fait ça... Pourquoi ça me fait autant mal... Son visage se baissa de nouveau sur la femme qu'il maintenait au sol. Plus proche de lui que jamais. Au contact, leurs membres s'entremêlant dans un effort physique intense. Il ne pouvait agir à propos d'Alana. Mais avec Dyna... Il pouvait, non, il devait reprendre le contrôle de la situation. Envoyer un message à Alana. L'éclair passant dans son esprit s'articula dans son rapprochement contre Dyna, toujours immobilisée. Son visage se posa au plus près d'elle, pour déposer les mots au creux de son oreille tout en conservant un œil sur Alana.
— Ou alors, on peut passer à un autre genre d’exercice, lui souffla-t-il dans un murmure brûlant.
Il venait vraiment de suggérer ce qu’elle avait entendu ? L’expression sur le visage du Jedi ne laissait guère de place au doute, la regardant à peine après ce qu'il venait de lui balancer. La chaleur se propageant sur ses joues laissa place à une rage bouillonnante.
Encore plus stupide que je ne le pensais... Mais ce n'est rien à côté de moi ! Comment avait-elle pu songer qu'Anakin était différent de tous ces types ne voyant chez elle qu'une chose à conquérir, sur laquelle leur contrôle devait se refermer ? Son poignet tapa rageusement contre le sol, laissant l'arbitre déclarer la victoire du Jedi. Et voilà qu'en plus, il lui offrait une mine de gosse ne comprenant rien à ce qui se produisait.
— C’est terminé ! Lâche-moi, gronda-t-elle en se débattant comme une furie.
Anakin relâcha sa prise dans l’instant, et se dégagea pour la laisser, exécutant une ordonnance qu'il ne saisissait pas. Il lui tendit la main, mais elle la balaya sans hésitation, préférant se relever d’elle-même.
Qu'est-ce j'ai... Il l’agrippa tout de même par le bras lorsqu’elle se trouvait dos à lui, cherchant à s’éloigner.
— Dyna, attends. Ne le prends pas comme ça, je croyais juste qu-
Elle se dégagea à nouveau en déployant plus de force et de volonté que durant le combat. La foule faisait toujours bien assez de bruit pour que personne ne tende l'oreille. Les parieurs heureux se bousculaient pour récolter leur gains, les déçus protestaient, avant de rapidement vaquer à autre chose. L’attention de la foule tournée vers autre chose que les deux combattants.
— Tu croyais quoi ! poursuivit-elle sur le même ton. Cette manœuvre digne d’un ado débile voulait dire quoi ? Parce qu’on s’entend bien, tu peux te permettre n’importe quoi ?!
— Je ne pensais pas à mal, bredouillait-il. J’ai cru que je te plaisais, et qu-
— Et alors quoi ? Tu es le type le plus stupide dont je suis ja-, s’interrompit-elle, se révulsant elle-même d'avoir cru à une chimère. Espèce d'idiot ! Ca ne t’autorise pas à faire ça !
— Je suis désolé Dyna, comprends qu-
— Ne me prend pas pour une idiote, je déteste ça, envoya-t-elle en le pointant du doigt. Tu as intérêt à régler tes soucis mon pauvre garçon.
Elle tourna les talons, quittant la pièce sans cérémonie. Anakin se sentait plus bête que jamais. Sa manœuvre constituait son plus haut fait d'armes dans une longue liste d'erreurs et de désillusions qu'il collectionnait depuis sa naissance. Mais cette fois, humilier cette femme, en public, peu importait si la foule n’avait pas tout saisi, alors même qu'elle avait tenté de le soutenir en premier lieu. Anakin n’avait pas besoin des autres pour commettre des bourdes, il s’en chargeait bien lui-même.
Alana ne savait quoi en penser. Le comportement de son cousin se révélait bien troublant. Il devenait complice avec la commandante Valae peu à peu. La jeune Jedi n'avait pas encore eu l'occasion d'en discuter avec lui, mais elle espérait en apprendre davantage à ce sujet. Cette femme avait peiné Chewie, mais la jeune Jedi ne pouvait en vouloir à son cousin de tisser d'autres liens. Voir Anakin ainsi n'était pas des plus courants, mais le visage qu'il offrait une fois ce combat terminé, si... La jeune Jedi devait avoir loupé un épisode…
Anakin balaya la salle de sport, remplie de monde. Des gens qui échangeaient avec les autres, des scènes réjouissantes pour la plupart. Et lui, au milieu de tout cela, plus seul que jamais piégé de sa manie de se saboter. Seul dans la foule...
*****
— Vieux, qu’est-ce que tu nous as encore fait ? fit Crail après avoir attendu de se retrouver seul avec son ami.
— Laisse tomber…
Anakin se trouvait près des casiers de stockage, en train de se changer. Crail avait besoin d'explications, une fois l’agitation retombée. Il avait encore mal aux cheveux, mais l’abandon de Valae et ce qui avait suivi l’avait tiré de sa léthargie. Il fallait qu’il ait les idées claires après ce que son ami venait de commettre. Ce qu'il avait merdé plutôt. Ce point relevait d'une certitude établie, le tout consistait à comprendre pourquoi.
— Laisser tomber ? Pas après ton numéro…
Mon numéro... Une manière bien trop flatteuse de décrire ce... — J’ai déconné d’accord ? lâcha-t-il sans détour. C’est bon je le sais...
— Moi, je ne le sais pas vraiment, alors un peu d'aide...
Anakin se rendait compte de l’état dans lequel son ami se trouvait. Il avait manifestement plusieurs navette de retard.
— J’ai suivi tes conseils hier ! s’exclama le jeune Jedi.
Crail fouillait dans ses souvenirs. Un marasme plus embrumé que jamais... Des rires, des verres éclusés, des tapes sur l'épaule... Du peu dont il se souvenait. La soirée devait avoir duré plus longtemps de ce que sa psyché lui permettait de se rappeler.
— Je ne me souviens plus beaucoup…
— J’ai été parlé à Alana hier, déclara Anakin en baissant d'un ton. Tu sais pour... Concernant...
— Ahhh oui, ce conseil là, s’écria-t-il trop fort, dépassé par sa lucidité retrouvée.
— Doucement ! J’y pensais déjà moi-même… Souvent.... Et je me suis lancé…
— Je devine que ça s’est mal passé… Mais au moins tu lui as dit et tu es fixé, c’est toujours ça, non ?
T’es pas prêt pour la suite mon ami, songea Anakin.
— C’est pire encore… Je ne lui ai pas dit, parce qu’elle ne se trouvait pas dans sa chambre. Elle dormait dans une autre, fit-il en marquant une pause, Crail ne semblant pas comprendre. Celle de Kyrsta…
Alors ça, s’il s’y était attendu… Alana avait couché avec Kyrsta. Alana... Et Kyrsta... Coucher avec une ancienne ennemie. La femme qu'il aimait passant dans l'intimité avec la meurtrière de son père... Cette simple perspective balaya tout le reste.
— Oh bordel… Alana et… Et tu l’as découvert, comme ça… Merde…
— Ouais comme tu dis, merde…
— Je suis désolé pour toi mon ami, vraiment.
Le dire à quelqu’un venait de lui ôter un poids. Trop léger, mais tout de même. Surtout si ce quelqu’un était Crail. Si seulement cet alcoolique notoire avait été d’attaque, Anakin n’aurait peut-être pas tout fait capoter avec Dyna. Comme si une telle chose était possible. Qui pouvait bien le protéger de faire n'importe quoi ?
J'en ai vraiment assez de tout ça... Je ne m'en sortirais jamais... Un jour, je vais faire le truc de trop et... Il sera trop tard pour... — C’est ma faute, reconnut-il. J’aurai du me décider plus tôt pour Alana, et éviter ça, je le sais. Mais je ne lui en parlerais plus jamais. C'est mieux ainsi.
— Non pas forcément, contra Crail.
— Ecoute, elle semble aimer cette..., fit-il, dans l'incapacité de terminer sa phrase. Elles étaient tout le temps ensemble, même avant ça. C’est plus qu’une histoire d’un soir. En tout cas, ça veut forcément dire quelque chose. A quoi bon parler de tout ça ? Je ne suis même pas capable de me contrôler rien qu'en leur présence, alors imagine d'en parler !
Crail ne pouvait pas laisser son ami se morfondre de cette manière. Mais le brosser dans le sens du poil, et prendre des gants, ne l'aiderait pas bon plus. La situation se révélait suffisamment tendue pour que cela dégénère pour peu de choses. Crail se devait au moins d’être honnête. Il l’avait toujours été, et ne devait pas s’arrêter aujourd’hui, par crainte de frapper un ami toujours à terre. Il fallait lui dire les choses, sans rien enjoliver, tout en soulignant que tout n'était pas perdu.
— Écoute, sachant que c’est ta cousine, tu allais ressortir déçu de cette discussion. D'apprendre qu'elle ne ressentait pas ça pour toi, tu n'aurais pas encaissé. Ne me regardes pas comme ça, je n’ai pas fini ! fit-il après qu’Anakin l’ait toisé de manière étrange, peinant à comprendre son ami. Tu peux toujours t’ouvrir à elle, pour lui dire ce que tu ressens. Parce que vu ton numéro d’aujourd’hui, t’en a besoin mon ami. Tu ne peux pas rester comme ça, prêt à exploser ou blesser les autres à la moindre contrariété. Tu cherches à reprendre le contrôle sur un truc que tu ne peux pas contrôler…
Crail disait vrai. Évidemment qu’il avait raison. Il se montrait bien plus lucide que lui. Comme s’il n’avait fait que soulever des évidences paraissant si obscures de la perspective du jeune Jedi. Mais faire le tri de cet ensemble chaotique... Prendre la bonne décision...
— Je ne sais pas, je dois y réfléchir…
— Une fois qu’on en aura terminé avec l’Aube Rouge, tu auras tout le temps qu’il faut. Et plus aucune excuse.
— T'as peut-être raison…
— Il était temps que tu t’en rendes compte. Dire que tu t’es fait jeter par Dyna en plus… Tu parles d’une manière de commencer la journée...
— Mais t’es un vrai salaud ! lui envoya Anakin.
— Mais toi là aussi ! protesta Crail. Qu’est-ce qu’il t’a pris de faire un truc pareil ? Tenter de rendre Alana jalouse, la faire payer pour un truc dont elle n’a pas conscience. Le tout en se servant d’une autre femme. Qui elle semble t’apprécier et qui est faite pour toi ! La classe…
Anakin n’était pas un idiot. On lui avait souvent dit, et il l'avait souvent pensé. Mais les choses en étaient autrement. Anakin se révélait être un incapable, impuissant, voilà tout. Un inadapté social, incapable d'opter pour des choix d'une pertinence évidente avec les autres. Parvenir à sympathiser avec une femme qui lui plaisait, à qui il plaisait, commençant tout juste à lui faire oublier sa cousine. Pour saboter son œuvre, et faire souffrir les personnes se liant à lui. Sortirait-il de cette spirale un jour ? Se montrerait-il enfin capable de faire les choix les plus justes, et ne plus commettre bourde sur bourde ? Ces questionnements n’avaent jamais débouché sur rien de bien significatif. Il devait se focaliser sur une seule chose. Réparer ses erreurs. Parler à Dyna, s'excuser. Alana devra attendre.
— Tu crois que je ne le sais pas ? Je finis toujours par me saborder comme un naze. Je devrais aller m’excuser auprès d’elle. Elle ne méritait pas ça.
— C’est peut-être un peu tôt, remarqua-t-il. Et pas sûr qu’elle veuille de toi après ça.
— Ce n’est pas ce qui compte. J'imagine comme elle doit se sentir. Plutôt que de faire le choix pour me donner une chance avec elle, je devrais plutôt faire le choix le plus sain pour elle.
— Si seulement t’avais été aussi lucide tout à l’heure, on en serait pa- Ah, mais t’es malade ?!
Anakin n’avait pu s’empêcher de lui envoyer un bon coup de poing dans l’épaule. Il ne lui en voudrait pas bien longtemps. Crail savait même qu'il avait été loin. Et continuerait à le soutenir. Car c'était son ami.
Au moins quelqu'un sur qui je peux compter, et qui reste malgré ce que je suis..., songea Anakin dans un sourire timide.
*****
La préoccupation d'Alana au sujet de son cousin ne passait pas. De nouveau perturbé après un apaisement trop court. Sans moyen de savoir ce dont il s'agissait, d'autant plus inquiétant que Crail lui avait conseillé de laisser Anakin d'abord faire le point seul, sans lui dire plus de choses. L'expression sur le visage de son ami était sincère et inquiétée. Mais comment accepter de laisser Anakin se débrouiller seul ? Et s'il avait besoin d'elle ? Alana ne pouvait le laisser affronter ses difficultés seul...
Revenant dans leur quartiers, la Twi’lek avait bien vu que sa toute nouvelle amante se montrait travaillée par le comportement du jeune Jedi. Excepté qu'elle possédait davantage de certitudes. Qu'Alana ne se soit jamais rendue compte des sentiments de son cousin était aussi mignon que triste, pour les deux personnes impliquées. Anakin savait pour leur nuit passée ensemble. De quelle manière, la Twi'lek l'ignorait. Seuls les sentiments du jeune homme pour sa cousine pouvaient le faire vriller ainsi. Mais Kyrsta ne pouvait le révéler à Alana. Cela ne la regardait ni ne la concernait. Sans compter que son amante ne ressentait pas la même chose, et se maudirait encore davantage de faire souffrir son cousin malgré elle. Allant probablement jusqu'à s'imaginer responsable de cela.
— Tu en es vraiment sûre ? demanda Alana après que Kyrsta lui ait exposé ses conclusions partielles.
— Oui. C’est la façon dont il t’a regardée, expliqua-t-elle. Il sait pour nous deux.
— Oh… S’il le raconte aux autres…
— Ça te gênerait ?
La manière dont la Twi’lek venait de lui poser la question se révélait plus déstabilisante encore. Elle ne semblait pas perturbée. La perspective que d’autres personnes se trouvent au courant, de même que la profondeur de leurs sentiments, avait le don d’effrayer Alana. Mais Kyrsta ne semblait pas y percevoir les mêmes inconvénients.
— Je ne sais pas. Je crois oui, un peu, admit-elle, embarrassée. Ce n’est pas contre toi, je t'assure, mais… Toi, ça ne te gênerait pas ?
— Non. On ne peut empêcher les gens de parler, de juger. Mais je préfère largement me trouver à tes côtés, cela m'importe bien plus que le jugement des autres.
Alana ne la quittait pas des yeux. Comment dévier de cet être qui lui offrait le peu qu'elle parvenait à rassembler, sans aucune concession autre que vouloir son bien-être. Que Kyrsta se montre à ce point ouverte et sincère lui plaisait, beaucoup d’ailleurs. Alana enviait ce sentiment de pouvoir assumer leur relation sans crainte. Une chose lui faisant défaut. Alana n’avait jamais ressenti de problèmes à discuter de n’importe quel sujet ouvertement. Y comprit lorsque cela la concernait. Mais pas lorsque cela touchait à la sphère intime. Et de ce que cela impliquait en l’occurrence. Qu'elle avait couché avec quelqu'un, une personne qu'elle... Aimait ?
— Je passe pour celle qui craint alors, commenta-t-elle en détournant le regard, oppressée par ses pensées.
La main de la Twi’lek effleura sa joue, l’empêchant de détourner le regard plus longtemps.
Je ne dois pas oublier qu'elle n'a pas l'habitude , songea Kyrsta. Il s'agissait de sa première fois tout court, sans parler du passif avant de se trouver. Même si Alana ne s'étonnait pas de leur lien, avait-elle déjà observée un couple de femme dans sa vie ? Dans tout les cas, la simple découverte de ces choses la prenait légitimement au dépourvu. Kyrsta ne pouvait le lui reprocher, de ne pas complètement assumer leur lien, aussi profond soit-il. Cela lui prendrait plus de temps. De simples mots ne pouvaient avoir un impact significatif. Alors elle choisit d’opter pour un angle d’approche différent, plus que d'une simple déculpabilisation.
— Oui, mais ça ne me gêne pas, avoua la Twi’lek d’un ton détendu. Ca me plaît même.
La main d’Alana rejoignait la sienne. Kyrsta serrait cette chose avec délicatesse, comme le présent précieux et tant attendu qu'il était.
Quand je pense à tout ce que j'ai tenté de placer sur ce chemin pour repousser ces instants... Mais à présent, rien ne nous en empêche. Le reflet de son bonheur nouveau se reflétait sur les yeux lumineux de la jeune humaine, qui réduisait de nouveau la distance pou- L'activation du panneau de commande les interrompit, leur laissant le temps de se séparer l'une de l'autre. Alana invita son père à entrer.
— Je vois que vous vous trouvez souvent toutes les deux ensembles, observa le maître Jedi. Et que tu t’intègres bien Kyrsta, fit-il avec un sourire, avant que la Twi’lek ne l’imite. Me laisserais-tu m'entretenir seul à seul avec ma fille un moment ?
— Bien sûr, répondit-elle. J’allais justement retourner à ma chambre. A plus tard Alana, fit-elle dans une contenance forcée.
La jeune femme tenta de dissimuler l’attention particulière qu’elle accordait à son amante de la même manière, patientant qu'elle ne s'éclipse de sa chambre. Repoussant la seule envie la submergeant, celle de présager leur prochain instant partagé, Alana puisa au fond d'elle pour trouver les éléments permettant de se parer d'un naturel crédible.
— Alors, de quoi voulais-tu me parler ? lui demanda-t-elle, convaincu de la pertinence de son ton joué.
— Mon enfant, ne fait pas l’innocente, déclara Luke. Tu te doutes bien…
— Non je… Je ne sais pas ce qu’Ani t’as dit…
— Ton cousin ne m’a rien dit, répondit naturellement Luke.
La jeune femme ne pu se retenir de pincer sa lèvre inférieure. Les moments passés en compagnie de Kyrsta perturbaient son discernement comme rarement. Il s’agissait de s’assurer du sujet de la conversation qui débutait, pour ne pas commettre d’erreurs qu’elle regretterait une fois trop tard.
Ne pas commettre d’erreurs avec papa, quelle drôle d’idée. — Euh, est-ce qu’on parle bien de la même chose ? tenta la jeune femme.
— Nous serrons fixé si je peux aller au bout, fit-il avec un sourire en coin.
— Oui, bien sûr.
Le maître Jedi passa sa main mécanique dans sa barbe, rassemblant ses pensées pour les formuler le mieux possible. Il ne s'agissait pas de quelque chose d’aisé. Ces nombreux détails, depuis un moment, ainsi que l’attitude de sa fille, indiquait manifestement que les choses s'étaient précipitées.
— Alana, commença-t-il tout en plaçant la main délicate de sa fille pour la déposer dans les siennes. Je ne t’ai jamais forcée à faire quoique ce soit que tu ne voulais pas. Je ne t’ai jamais traitée comme une enfant, même lorsque tu en étais une. Tu es ma fille, et il est normal qu’un père se fasse du souci pour son unique enfant. Alors je souhaiterais que tu écoutes ce que j’ai à te dire. Je crois que tu devrais réfléchir à toutes les options, à propos de ta relation avec Kyrsta. J’ai observé la façon dont vous vous êtes rapprochées, je ne suis pas aveugle, précisa-t-il devant l’expression peu convaincante de sa fille, cette perplexité qui jamais ne pourrait le convaincre. Depuis que je l’ai rencontré, j’ai senti le lien vous unissant à travers la Force. Pour ne pas l'altérer, j'ai préféré le laisser se développer sans dire mot. Je crois que cela provient de votre première interaction, durant ton enlèvement. Une sorte de transfert s’est opéré, au vu de ce que tu m’en as décris. La raison même derrière ta présence lors de nos entretiens avec elle. Je me trouvais persuadé que sa rédemption passerait par ta présence. Le fait que cela se soit par la suite développé en quelque chose… De plus, dirons-nous…
Visiblement, son père possédait lui aussi son lot de domaine où il se révélait moins à son aise. Voir sa fille unique se lier, plus même, consumer son désir, impliquait certains ressort psychologiques. Y comprit pour un homme aussi sage que lui. Une occurence plus apaisante que prévu. Le grand fondateur du Nouvel Ordre Jedi, cette légende vivante, demeurait avant tout son père qu'elle aimait et admirait tant. Était-ce pour cela qu'apprendre qu'une autre personne se trouvait déjà au courant pour Kyrsta la heurtait moins ? Où se trouvait la gêne oppressante de tout à l'heure ? Ce discours, venant de son père qui plus est, mais le malaise ne pointait pas.
C'est grâce à elle, ses mots, ses... Kyrsta... Une fois l'échange avec son père terminé, Alana se précipiterait pour lui annoncer.
— Je comprends que vous soyez attirées l’une vers l’autre, reprit Luke. Il s'agit de ta vie privée, de ton droit. Mais tu dois savoir que cette relation apportera son lot de difficultés à un moment ou un autre. J'ignore exactement où vous vous trouvez toutes les deux, ma-
— Je l’aime papa, l’interrompit-elle, armée d'une certitude inattendue. Et même si ça me chagrine que tu désapprouves, je l’aimerais tout de même.
Elle l’avait annoncé sans détour, avec une résolution telle qu’elle n’avait aucun doute d’y croire pleinement. Et c’était le cas. Combien de temps, pour passer au dessus du décès de son oncle ? De son sentiment de trahison envers Yuthura Ban ? Mais la nuit passée et les évènements de cette journée n’avaient fait que confirmer cette émotion sous-jacente, présente depuis qu'Alana l'avait tiré de cette horrible pénitencier.
Il est vrai que ce n'est pas si ancien... Serait-ce précipité, et qu-Non. La puissance de leur lien, ce qu’elles avaient en commun, leur attirance naturelle, sans oublier ce qu’elles s’étaient mutuellement apporté. Le temps ne ferait que confirmer ce qu’elle venait d’avouer à son père.
— Qui a dit que je désapprouvais ? s'amusa-t-il à lui opposer.
— Mais, tu as dit que…, balbutia-t-elle en dévisageant son père.
— Je t’ai demandé de bien y réfléchir, de ne pas te lancer sans raison, rappela le maître Jedi. Jamais je ne jugerai tes choix de vie mon enfant. Je t’aime bien trop pour cela. Tant que tu es heureuse, je le suis également. Je ne me mettrais jamais en travers de ton bonheur, et j-
Alana interrompit les mots de son père en plaquant ses bras autour de lui, quitte à le réduire au silence sous l'émotion. Cette journée se révélait pleine de surprises. Découvrir qu’elle aimait véritablement Kyrsta, n’avoir aucun mal à l’assumer, était déjà réjouissant en soit. Mais son père... Elle pourrait toujours compter sur lui. Dans son malheur, de ne jamais connaître sa mère, elle avait obtenu le meilleur des pères, qu’elle n’échangerait pour rien au monde. Cette étreinte prolongée avec lui était tout ce dont elle disposait pour l'en remercier.
Luke ne l'ignorait pas, chérissant cet instant qu'il comprenait sans peine. Qu'il n'avait pas besoin de formuler. Il craignait souvent de ne pas se montrer à la hauteur en tant que père, de pêcher d’une manière ou de l’autre, en cherchant à compenser la disparition de sa femme. De l'héritage de son propre père, de son absence, conscience qu'un oncle dévoué ne pouvait compenser. Comme un orphelin pouvait être un parent attentionné. Comment pouvait-il savoir ce qui était bon pour son enfant ? Mais lorsque sa fille agissait ainsi, il ne pouvait imaginer faire fausse route.
— Merci papa, finit-elle par reprendre la voix tremblante. Je... J'avais du mal avec ces sentiments, de ce que... Ce que les autres pouvaient en penser. Mais de voir que tu me soutiens…
— Il n'y a rien à remercier, répondit-il simplement.
— Ca m’ôte vraiment un poids, de savoir que tu es de mon côté.
— Et moi, je vais devoir me faire une raison, fit-il sur un ton taquin. Je ne serais jamais grand-père…
Le rire qu'il lui transmis n'avait pas de prix. Luke avait oublié à quel point savoir sa fille heureuse pouvait éluder tout autre problème le taraudant. Une émotion plus puissante que la Force elle-même. C’était tout ce qu’il souhaitait pour elle. Il finirait tout de même par avoir une conversation avec Kyrsta sur ce sujet, mais en attendant...
— Tant que nous y sommes, reprit-il, j’aimerais que tu me fasses part de ce que signifie ce lien que tu partages avec elle. Je pourrais peut-être te venir en aide à ce sujet, si d’aventure tu avais des questions…
— Bien sûr papa.
Alana passa les instants suivant à lui expliquer ce dont il s’agissait. Séparer le lien de Force et le lien sentimental, émotionnel, se révélait bien difficile lorsqu’elle posait des mots sur ce que l’autre expérimentait en temps réel. Proches l’une de l’autre, comme un partage simultané. Cela se manifestait également à distance, mais d’une manière différente. Luke avait alors suggéré que l’émotionnel et le lien de Force se confondait souvent, provoquant un rapprochement inéluctable sur le long terme. La discussion se poursuivit pour dévier sur d'autres sujets. Comme ils ne l'avaient fait depuis trop longtemps.