Bon, j'avais du temps à tuer... alors j'imagine qu'on peut encore participer
Je considère ce texte complet et terminé, mais il n'est pas exclu que je le retravaille plus tard, si le sujet est toujours ouvert.
Cela commençait à devenir vraiment monotone. Ce devait la trentième fois, littéralement, que K6 embarquait dans ce vaisseau. Depuis deux jours maintenant, ils accomplissaient la même mission en boucle. Avec une douzaine de ses congénères astromech, ils montaient dans un U-Wing qui les emmenait toujours sur une planète reculée mais sûre comme il y en avait tant dans la galaxie. Arrivés là-bas, ils prenaient le contrôle des appareils monoplaces d’un vieil avant-poste de l’Alliance et revenaient les livrer en orbite de Chandrila, dans un hangar d’un des gigantesques croiseurs Mon Calamari qui formaient le fer de lance de la flotte néo-républicaine. Ceci fait, ils remontaient dans l’U-Wing pour aller en récupérer ailleurs. Leurs superviseurs organiques leur avaient bien expliqué, devant la réticence de certains, qu’il s’agissait d’une mission cruciale : pour l’attaque qui se préparait, la Nouvelle République allait avoir besoin de tous les chasseurs disponibles. Même s’il servait la rébellion de bon cœur – on avait rarement dû lui donner un ordre formel qui écrasait sa personnalité –, le droïde finissait par trouver cette tâche plus que barbante. Néanmoins il ne se plaignait pas ou très peu. Après tout, tel était le prix à payer pour quelques heures d’action intense en compagnie d’un des pilotes casse-cou posant sur les nouvelles affiches de recrutement. Si seulement les droïdes aussi pouvaient figurer dessus…
Une vibration du transport interrompit ses réflexions : ils avaient quitté l’hyperespace. Le Gigoran aux commandes les informa que leur destination était Raada. Peu après l’établissement de l’Empire, une des premières cellules rebelles avait délogé la garnison impériale, et depuis l’Alliance y avait maintenu un petit contingent de soldats et d’A-Wing. Mais aujourd’hui, ces derniers seraient plus utiles sur Chandrila. La porte coulissa et, sur ses roulettes, K6 gagna nonchalamment l’un des chasseurs. De ses bras puissants, le Gigoran l’installa dans le cockpit – ces vaisseaux n’embarquant normalement pas d’astromech, il devrait piloter en se connectant à l’ordinateur de bord – puis, quand tous les droïdes étaient prêts, donna l’autorisation de décoller. Une fois de plus, ils se regroupèrent en orbite et passèrent en hyperespace. Une fois de plus, ils patientèrent quelques heures dans le flou bleu. Une fois de plus, ils atteignirent Chandrila.
* * * *
Les pinces géantes du vieux LAAT/c de la Guerre des Clones se refermèrent sur le TX-130 et l’ensemble quitta le sol de la planète. A bord du blindé, sa capitaine Zeltronne ne cachait pas son angoisse et fixait obstinément l’indicateur du système de survie. Un tank n’était pas conçu pour aller dans l’espace, il pouvait seulement étanchéifier son habitacle une heure tout au plus.
— Et c’est rien comparé à ce qui nous attend là-bas, dit son copilote dévaronien.
Leur char avait été modifié afin de requérir seulement un pilote et un artilleur. Les deux canons d’origine avait également été remplacés par ceux d’un quadripode impérial.
— Mais là-bas on sera au moins sur le plancher des banthas, dit-elle.
— Si on y arrive…
— Pour déposer ou récupérer un char, Jol est le meilleur, tu devrais le savoir depuis le temps.
— C’est pas lui qui me fait peur.
— C’est ça ? demanda la jeune femme en s’avançant vers la petite vitre. Parce que ouais, j’avoue que moi aussi…
Ce que voyaient Zolta et le Dévaronien n’inspirait en effet pas confiance. Ils se dirigeaient vers un vieux GR-75 transformé pour déposer tout un peloton de blindés en même temps – commandés par la jeune femme. Sauf que ces modifications semblaient tenir plus du bricolage. Des capots manquaient à de multiples endroits, des droïdes effectuaient encore des soudures, des fluides fuyaient, une partie des lumières clignotaient et d’autres manquaient. Et tout l’astronef paraissait comme sorti d’un monde-décharge le jour d’avant : très usé et sale. A deux heures du départ, cela avait de quoi être inquiétant.
Le LAAT/c entra par la grande porte avant dans le cargo et y déposa le tank. Puisqu’il allait débarquer à la tête de tous les autres, il avait été le dernier embarqué. Cela n’avait pas du tout dérangé la jeune femme, qui ne masqua pas son soulagement en ouvrant l’écoutille.
— La Dernière de Yavin ! s’écria un officier humain venu l’accueillir.
— Jol Wikart ! répondit la Zeltronne en lui donnant une chaleureuse accolade.
— Alors, prête à être la Première de Jakku ?
— Si tu me déposes.
— Oh, tu douterais de moi, Zolta ?
— Non, mais de cette épave oui.
— M’en parle pas… Soi-disant qu’il n’y avait plus que ça alors qu’on a capturé des transports d’AT-AT.
— Bon, en vrai on en a vu d’autres… y a bientôt le briefing ?
— Dans 10 minutes, on se retrouve sur la passerelle ?
— D’acc.
Tandis que Jol Wikart repartait vers un turbolift, Zolta remarqua que l’un des enseignes de pont du hangar la… dévisageait quelque peu. Alors qu’elle s’approchait, il rougit.
— Je peux vous aider, soldat ?
— Excusez-moi, madame.. euh…
Le jeune homme remarqua qu’elle ne portait pas d’insigne de grade, ce qui rajouta à son embarras.
— Zolta.
— J’ai entendu le capitaine vous appeler la Dernière de Yavin, vous… vous êtes vraiment..
— Oui. Karrez, moi et notre petit chéri – elle tapota le blindage du TX-130 – on était la dernière unité rebelle à quitter Yavin 4. Vous auriez dû voir tous les AT-AT, Hoth c’était rien à côté. C’était le capitaine Wikart qui pilotait le LAAT/c qui nous a emmené en orbite. C’est vraiment un pro pour ces opérations.
— Eh ben… en tout cas, j’ai beaucoup entendu parler de vous, mais je ne m’attendais pas à…
— Pas à me rencontrer, ou pas à ce que la Dernière de Yavin soit une belle jeune femme ?
Il rougit davantage et ne parvint qu’à bredouiller des sons inintelligibles. Zolta sourit et l’aida à reprendre ses esprits. Elle n’était ni en train de le réprimander ni de le manipuler. Elle n’osait l’avouer, mais depuis trois jours où elle n’avait pensé et parlé que de la bataille à venir, vivre ce genre de situation on ne peut plus terre-à-terre lui donnait du baume au cœur. Et elle allait en avoir besoin.
Quand elle disparut dans l’ascenseur, le jeune homme fut de nouveau impressionné, cette fois par le nombre de silhouettes d’AT-AT peintes sur le TX-130.
* * * *
L’équipage avait renommé la salle de réunion principale du Home One le Bureau des Légendes, et c’était de circonstance. Depuis des heures, tous les chefs militaires de la Nouvelle République – Ackbar, Syndulla, Agate, Mothma, Organa, Antilles, entre autres – y mettaient au point le plan d’attaque.
— Je ne suis pas sûr que cette sortie d’hyperespace généralisée soit la meilleure idée. Ils peuvent avoir des Interdictor.
— S’ils en ont et qu’une petite partie d’entre nous débarque au début, ils sauront qu’on est là et les utiliseront pour tendre un piège plus grand au gros de la flotte.
— Et vous voulez vraiment débarquer ces tanks tout au début de l’attaque ?
— Wikart est le meilleur pour ce genre de trucs, il y arrivera du moment que des chasseurs le couvrent.
— C’est justement là le problème.
— Et pourquoi pas mettre les Starhawk en première ligne et le Home One comme soutien en-dessous ?
— Parce que c’est là qu’ils concentreront les tirs, et les croiseurs Mon Calamari ont des meilleurs boucliers.
— Je persiste, nous débarquons les tanks trop tôt. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
— S’ils parviennent à capturer vite ces batteries orbitales, on peut les rediriger sur les Impériaux et prendre leur flotte entre deux feux.
Le schéma se précisait petit à petit, mais les points incertains continuèrent de cristalliser doutes et tensions. Alors qu’ils peinaient à arriver à un consensus convainquant, Syndulla prit la parole :
— Nous ne devrions pas nous inquiéter plus que toutes les autres fois jusqu’ici. Nous n’avons jamais été aussi puissants et l’Empire jamais aussi affaibli. Nous avons toujours procédé ainsi : réfléchir du mieux qu’on peut avant, et après donner tout ce qu’on a et improviser. Scarif, Atollon, Endor… à chaque fois le plan a été chamboulé. Et regardez où nous en sommes. Ils sont en train de tenir la même réunion sur Jakku. Sauf qu’eux, quand ils pensent à leur tableau d’honneur et aux batailles passées, ils n’y voient que de la peur. Nous, de l’espoir. L’espoir est à la base de toute rébellion. Tant que nous ne le perdons pas, nous finirons par gagner.
— Bien parlé, générale Syndulla.
— Alors regagnez vos vaisseaux et réglez vos montres, dit la voix grave de l’amiral Ackbar. Formation établie dans 20 minutes, passage en hyperespace dans 34.
* * * *
K6 n’était pas rassuré à l’idée de se retrouver suspendu dans le flux de l’hyperespace, seulement relié au croiseur par un bras robotique. Pourquoi n’avait-il pas été assigné à un chasseur stocké dans le hangar plutôt qu'à un de ceux accrochés sur les ports d’amarrage extérieurs ? A nouveau, le droïde n’avait pas la réponse et savait qu’il ne servait à rien de se plaindre à son superviseur. La trappe s’ouvrit devant lui. Il ne retint pas un bip de frayeur quand la pince se saisit de son corps cylindrique. La grue automatisée parcourut le flanc du vaisseau sur son pied-aimant et le déposa dans le slot pour astromech d’un X-Wing. K6 fut soulagé lorsqu’il s’y verrouilla.
Le système l’informa que l’arrivée à Jakku était prévue dans trois minutes. Son pilote arriva à ce moment par le tunnel de raccord. Il s’agissait d’un Mirialan qui n’était plus si jeune. Il démarra le système et K6 débuta immédiatement la check-list d’avant le départ. Leur première mission consistait à escorter le cargo devant déployer la première vague de blindés au sol.
— K6, c’est ça ? Enchanté, moi c’est Lemno. Alors, t’es prêt ?
Le droïde répondit d’une lignée de bips.
— Ouais, moi aussi j’ai hâte d’en avoir fini. Mais avant ça, j’ai franchement envie de me farcir une série de ces raclures !
L’astromech pépia de nouveau quelques sons.
— S’ils ont un Interdictor pour foutre le bordel dans notre sortie ?... Et bien, on fera avec…
Le Mirialan activa les canons laser et les torpilles à concussion.
— Et on lui rendra la monnaie de sa pièce.
* * * *
La Zeltronne pénétra dans le hangar au même moment où le vaisseau vibra. Ils étaient sortis de l’hyperespace. Ils étaient arrivés à Jakku. Sur la passerelle, Wikart était en train d’accélérer à fond en direction de la surface. D’ici quelques minutes, ils seraient à portée de feu impériale. La jeune femme remonta tout le peloton en direction de son TX-130, adressant un mot d’encouragement à chaque équipage, d’âge et d’origine aussi bigarrés que ceux de leurs engins. S’alignaient en effet des AAT, TX-225, MTT, AT-TE et d’autres modèles encore. Il y avait même des droïdes Hailfire télécommandés depuis un AT-OT. Le déploiement d’un Juggernaut avait été un temps envisagé.
Zolta atteignit son « petit chéri » et s’apprêtait à y monter quand elle remarqua le jeune homme qu’elle avait abordé un peu avant. Il était visiblement chargé de commander l’ouverture de la rampe principale.
— Hé ! l’interpella-t-elle souriante.
— Euh… oui ?
— Dites-moi… si vous n’arrivez pas à dire à une jeune femme ce que vous avez sur le cœur, pourquoi se battre pour pouvoir le faire dans une galaxie libre ?
Il avait de nouveau l’air gêné et ne parvint pas à répondre à cette pique de la Zeltronne. Zolta grimpa sur son tank, passa ses jambes dans l’écoutille… et ajouta avant de la refermer :
— Dans une semaine, retrouvez-moi sur Batuu. Je connais un bon bar.