Elle rigola.
- Un jour tu finiras par être content de me voir. J'y crois. Tu es quelqu'un d'important, maintenant, d'après ce qu'on dit.
- J'aurais dû me douter que tu serais sur cette mission.
- Cela fait un moment que l'on prépare l'assaut. Cette planète a ses bons côtés, mais elle commençait à me sortir par les yeux.
Vos regarda au loin et aperçut un Phindien à la peau plus jaunâtre qu'il y a plus de trois ans.
- Doonrett, salua Vos.
- Gardien Suprême, répondit le Phindien. Il possédait son habituel fusil de précision longue portée modifié.
- Où est Hiddelson ? Il nous surveille de plus loin ?
Le sourire de Yuka s'atténua.
- Il est mort, dit-elle d'une voix détachée.
- Quoi ? Je suis désolé. Comment est-ce arrivé ?
- Une mission qui a mal tournée, expédia Yuka.
- Je vois. Pas d'information à me divulguer. Secret défense, tout ça...
- Quelque chose dans le genre.
Elle lui passa devant, sans le regarder pour se diriger vers la barge la plus proche.
- Il faut qu'on s'organise.
- Vous avez trouvé les membres du Conseil ? demanda Vos.
- Nous avons localisé plusieurs cibles. Nous sommes certains que Windu et probablement Kenobi se trouvent au niveau du bâtiment du Sénat, avec plus d'une centaine de Jedi. Tous des chevaliers confirmés.
- Je m'attendais à ce qu'ils soient au Temple, fit remarquer Vos.
- Le Sénat possède une structure renforcée et de quoi supporter un siège. Donc de nombreux Sénateurs ont décidé de se barricader à l'intérieur de l'édifice. Il a été complètement bouclé par l'armée. Windu dirige la défense avec ses Jedi survivants. Ils n'ont plus beaucoup d'effectifs depuis notre campagne dans le Noyau.
Vos releva l'ironie de la situation. Alors que tout s'effondrait, Windu et les Jedi préféraient protéger l'antichambre de la corruption, le cœur de la République, là où le conflit avait commencé, plutôt que de protéger leur Ordre millénaire. Cela illustrait parfaitement à quel point les Jedi s'étaient égarés.
- Ça me convient parfaitement. Ça permettra aux troupes de Kleeves de prendre le Temple avec une résistance minimale et d'épargner les étudiants. Nous devons concentrer le gros de nos troupes de la Cité Galactique sur le Sénat.
- Le général Farstar s'est posé au niveau du marché galactique. Loathsom à du mal à progresser au niveau de l'opéra mais ses troupes ont établies leurs positions. Kleeves doit faire jonction avec les troupes du général Boissec au Monument Plaza. Mais la plus grande armée débarquée dans la Cité, c'est la tienne. Ils mettront plus de temps que nous à rejoindre le Sénat.
- Ok, Kleeves est prévenu ?
- Je lui rendais compte au moment où tu as atterris.
La Twi'lek, le Kiffar et le Phindien arrivèrent dans la salle de contrôle de la barge de débarquement, au sommet de l'engin. Un super-droïde tactique était en train de regarder une holo-table avec la matérialisation de l'environnement de la zone industrielle et des forces en présence.
- Général Kalani, salua Vos.
- Gardien Suprême Vos.
- Quelle est la situation ?
- Nous avons réussi à débarquer nos troupes sur vingt-quatre kilomètres de circonférence. Environ trois millions d'unités déployées et cent mille droïdes blindés. Nous avons deux fronts ouverts. Un sur le secteur des usines à l'arrière, avec surtout le reliquat de troupes et d'ouvriers ayant survécu à nos bombardements.
Vos soupira.
- Il y avait des ouvriers, donc ?
- Oui, mais pas pour travailler, Gardien Suprême. La plupart étaient équipés de vestes balistiques et de blasters. La République les utilise pour renforcer leurs défenses. Des rapports indiquent que de nombreux citoyens ont pris les armes pour soutenir les forces Loyalistes.
Volontairement ou de force ?
- Probablement des deux, intervint Yuka. Lors de nos opérations de préparation, on avait constaté que la République prévoyait de vastes plans de mobilisation d'urgence, en mettant dans les usines et les administrations des vestes balistiques et des armes à disposition en cas d'attaque. Beaucoup de Coruscantis se sont dit prêts à prendre part au combat pour défendre la planète.
- Ils défendent leur foyer, conclut Vos. Et l'autre front ?
- Les portes de la Cité Galactique, en haut de cette crête urbanisée. Nous sommes à dix kilomètres du District du Sénat, mais la majorité de leurs défenses se concentrent sur la zone urbanisée séparant la Cité de la zone industrielle.
- Ils veulent nous enfermer dans ce goulot, entre leurs forces postées dans les usines et la crête surplombant la zone industrielle.
- Affirmatif. Et faire un maximum de dégâts dans nos rangs.
- Quelle est notre situation ?
- Nos premières forces de sécurisation ont subies de très lourdes pertes, le temps que le débarquement soit complet. C'était prévisible. Nos forces sont maintenant établies et nous sommes en train de compléter notre ligne de feu. Nous attendons vos ordres pour enfoncer leurs lignes.
- Quelles sont leurs forces ?
- Plusieurs milliers de RT-TT postés en hauteur avec un angle de tir libre. Très favorable pour eux. Les TR-TT restent sur la zone de la crête aux côtés des troupes Loyalistes, barricadées. Plusieurs centaines de milliers de troupes confirmées.
- Ils veulent qu'on vienne au contact, siffla Yuka.
- Ils ont un zone de frappe optimale. Si on ne bouge pas, nous mourrons sous le feu de cette armée, observa Vos. Nos troupes sont en rangs, nous avons le nombre et la puissance de feu. On doit enfoncer leurs lignes, maintenant. Nous avons les forces nécessaires pour ça, ils ne tiendront pas. Mais plus on patiente ici, plus les Loyalistes pourront mobiliser des forces pour sécuriser leurs lignes, et plus nos pertes seront lourdes.
- Affirmatif, je préconise aussi une attaque frontale et directe. La République n'a aucun soutien aérien disponible, nos chasseurs s'en occupent.
- Et bien, dans ce cas général, l'heure est venue de passer à l'attaque. Je vous laisse à la manœuvre, général Kalani. Je vais diriger les troupes sur le terrain
- A vos ordres, Gardien Suprême.
Vos sortit de la barge. Des bataillons entiers de droïdes de combat B1 et B2 attendaient, ainsi que des contingents de soldats confédérés. Umbariens, Nemoidiens, Humains de tous horizons, Zabraks, Sephis, Géonosiens, Biths, Rattatakis, Jelucaniens, Jabiimiens, Herglics, Koorivars et autres Gossams composaient les rangs. Tous les peuples s'étant retournés contre la République étaient présents. Le commandant Alder vint à sa rencontre.
- Gardien Suprême, nos troupes sont prêtes. Quels sont vos ordres ?
- A l'assaut. A toutes les troupes, en avant ! Prenez-moi cette crête !
- Bien reçu, bien reçu ! firent les droïdes.
- En avant ! hurla Alder. Batte-vous pour la Confédération !! Battez-vous pour vos mondes !
Vos alluma son sabre laser et remonta à pleine vitesse les colonnes de droïdes et de soldats qui couraient vers la crête. Les lignes de CAB ouvraient la marche, suivit par les bataillons d'infanterie. Les Droidekas se déployèrent et firent un intense barrage de tirs vers le sommet de la crête. Plus à l'arrière de la formation se trouvaient les droïdes araignées OG-9 qui, de part leur hauteur, disposaient d'un angle de tir de couverture favorable. Plus au fond se trouvait l'artillerie composée des supers-tanks et des droïdes-artillerie J-1, pilonnant les positions Loyalistes.
Les frappes bleutées de la Républiques se déversèrent telle une pluie létale sur les troupes Séparatistes, fauchant indistinctement droïdes et soldats. Vos dévia tous les tirs qu'il put mais à cette distance, il ne pouvait les renvoyer sur les silhouettes blanches qui se dessinaient à l'horizon. Vos s'aperçut que nombre de soldats de la République ne portaient pas l'armure blanche, mais le simple treillis noir et la veste balistique marron, ornés du symbole de la République et d'un casque avec radio intégré et lunettes polarisées, comme avaient les éclaireurs et les unités légères. Le manque de moyen était devenu criant.
A côté de lui, une dizaine de soldats s'effondrèrent sous la vague de tirs. Devant lui, des droïdes tombèrent dans un râle aigu lorsqu'ils furent foudroyés par les tirs de mitrailles. Des bataillons entiers tombaient. Les droïdes ripostaient comme ils pouvaient, mais les soldats de la République étaient trop bien barricadés. Ils marchaient vers la mort. De quelques moulinet de poignet, Vos para une rafale destinée à trois soldats confédérés, qui ripostaient.
- Merci... articula l'un d'entre eux.
Au même instant, Vos baissa la tête. Un puissant tir venait d’anéantir un CAB devant lui. Un autre tir venant de sa gauche faucha une formation de B2, pulvérisés sur place.
- De rien, lui répondit Vos, distrait. Kalani ? appela t-il. J'ai besoin qu'on me débarrasse de ces RT-TT immédiatement !
- Bien reçu. Je vous informe que le barrage de tirs de walker RT-TT a causé de lourdes pertes sur le groupe 4, 5,6 et 7 à l'est.
- Déroutez tout le soutien aérien vers ce secteur ! Et envoyez un contingent de troupes pour combler leurs pertes !
- Cela affaiblira votre formation, Gardien Suprême.
- Pas si on fait sauter ces RT-TT au plus vite.
Cinq nouvelles détonations suite aux tirs des canons lourds des RT-TT détruisirent trois nouveaux CAB. Une frappe massacra un nouveau contingent de droïdes mais aussi une escouade complète de soldats. Leurs corps déchiquetés volèrent au-dessus de leurs tête, mais Vos ne pu s’apitoyer sur leur sort. Les soldats Loyalistes continuèrent à viser pour tuer. La menace fut rappelée à son bon souvenir lorsqu'une rafale explosa la tête de la soldate à côté de lui qui s'effondra dans un bruit sourd.
- Tous derrière moi ! commanda Vos aux soldats organiques pour en protéger un maximum des tirs de blasters.
De toutes, façon, Vos eut l'impression que les tirs convergèrent vers lui de manière acharnée. Le sabre vert de Vos devait briller de loin sur les HUD des troopers et l'ancien Jedi était devenu une cible prioritaire à abattre.
- A t-on des Hailfire, Kalani ?
- Affirmatif. Ils sont déployés et prêts à l'emploi.
Parfait. Vos connaissait ces engins. Ils étaient fragiles et avaient un nombre limité de missiles, mais ces derniers avaient un énorme pouvoir pénétrant. Un seul missile d'un Hailfire pouvait percer le blindage d'un RT-TT et le détruire. Mais vu la vitesse à laquelle ces engins se déplaçaient, il allait falloir être à courte portée pour que les tirs réussissent, raison pour laquelle leur utilisation était limitée par les Séparatistes. Il fallait une couverture.
- Général, vous allez dire à l'ensemble des super-tanks et des J-1 de concentrer toute leur puissance de feu sur la ligne de crête,au niveau des RT-TT. Et je veux que les droïdes araignées visent les soldats Loyalistes barricadés.
- Monsieur, il y a très peu de chance que cela marche. Nos pièces d'artillerie ne sont pas encore à une distance optimale pour faire des tirs aussi précis et les OG-9 sont trop loin pour viser des soldats aussi bien protégés par l'environnement.
- Ce n'est pas grave, Kalani. Le but est de les distraire et de leur en foutre plein la tronche pour les obliger à baisser la tête, et qu'ils arrêtent de nous viser. On pourrait avancer plus rapidement, sécuriser des positions, et par la même éviter que les RT-TT ne visent les Hailfire.
- Compris. On couvre les Hailfire pour que, eux, descendent les RT-TT. Ça pourrait marcher.
- Et tout le terrain qu'on gagnera sera du terrain gagné aussi pour l'artillerie. Double peines pour les Loyalistes.
- J'aime votre plan. Je donne les nouveaux ordres de tir et j'envoie les Hailfire.
L 'application fut immédiate. Des pluies de torpilles protoniques des J-1 et d'ogives des super-tanks tombèrent sur les lignes Loyalistes. Les frappes anéantissaient, parfois, quelques groupes de soldats. En de rare occasions, des projectiles touchaient un RT-TT, l'éliminant sur le champ.
Les droïdes araignées utilisaient leur tourelle parabolique pour produire un rayon laser continu, trop faible pour détruire un blindé, mais qui força les troupes Loyalistes à quitter leurs positions pour éviter de se faire brûler vifs. Bien que les Loyalistes continuaient à tirer rageusement sur les troupes Séparatistes et que les pertes s'empilaient, l'intensité du feu diminua franchement.
- En approche ! Libérez les couloirs des Hailfire ! commanda une voix de commandant B1 dans l'oreillette de Vos.
Les droïdes blindés au design insectoïde remontèrent sur leurs grandes roues le champ de bataille. Mais le plan ne se passa pas comme prévu. Ignorant les tirs d'artillerie, les RT-TT, sur plusieurs kilomètres de front, s'alignèrent et firent un premier tir de barrage. Vos aperçut cinq Hailfire être pulvérisés devant lui. Des dizaines d'autres avaient été anéantis sur la ligne de front. Celui qui commandait les troupes de la République avait compris le plan.
- C'est vraiment de la merde, ces Hailfire ! engueula Alder.
- A toutes les unités, on avance ! ordonna Vos.
- Quoi ? Mais t'as pas vu ? Nos Hailfire se font pulvériser ! objecta Yuka avec son fusil lourd à répétition en main, en train de mitrailler une ligne de soldats.
- Justement ! On doit gagner du terrain ! Avancez ! Tous !
- Bien reçu, bien reçu !
- On y va !
- A vos ordres, Gardien Suprême !
Les différents commandants de terrain firent avancer leurs bataillons. Les rafales aveugles reprirent du plus belle, et les pertes droïdes et organiques reprirent une cadence effrayante. Les RT-TT continuèrent de faire feu sur les vagues de Hailfire qui tentèrent d'approcher, mais les tirs des droïdes-artilleries, qui se rapprochaient, se firent de plus en plus précis et violents. Ils devinrent de plus en plus dur pour eux de tenir leurs positions. Vos commençait à apercevoir sur des immeubles des cadavres de troopers, les bras pendants dans le vide. Doonrett s'était mis à couvert derrière des carcasses de CAB et éliminait sans un mot, avec un sang froid effarant, les tireurs d'élites Loyalistes les uns après les autres, effaçant cette menace supplémentaire pour ne pas qu'elle ne s'empile au reste. Les droïdes et les confédérés firent de même et se planquèrent derrière les carcasses des nombreux CAB pulvérisés sur place pour tirer depuis une couverture. Un RT-TT fit feu de ses canons avant et pulvérisa le cadavre d'un char, fauchant six soldats par la même occasion. Les RT-TT refirent un tir de barrage lourd, emportant quasiment une nouvelle vague de Hailfire et plusieurs escouades de droïdes. Mais dans ce chaos, deux Hailfire réussirent à survivre, slalomant entre les CAB tombés, pour se protéger. Malin. Le canon lourd d'un RT-TT devait se recharger avant de re-tirer, mais ses canons moyens à cadence rapide, eux, pouvaient encore faire feu. Vu le blindage minimal du Hailfire et sa cargaison de missiles, ces canons étaient tout aussi mortels que le canon lourd. Sans attendre, une fois à portée, les Hailfire prirent deux angles opposés, à droite et à gauche, et lâchèrent la quasi-totalité de leurs missiles, comprenant qu'ils auraient une seule chance de faire feu.
Les nombreux missiles de Hailfire pénétrant touchèrent des barricades de soldats qui furent pulvérisés, et firent s’effondrer des dizaines de bâtiments sur des TR-TT ou RT-TT. Le RT-TT faisant face à Vos fut pris en sandwich, entre deux missiles sur son flanc droit et gauche, et explosa. Le RT-TT sur la gauche de Vos fit feu de ses canons avant et détruisit le Hailfire dans une violente explosion projetant l'ancien Jedi et ses troupes au sol. Le second Hailfire, qui avait gardé quelques missiles, fit feu. Il fut touché par un tir du RT-TT et vit tout son flanc droit exploser, le rendant inopérant. Mais un missile continua sur sa trajectoire et percuta de plein fouet la cabine de pilotage du marcheur. L'explosion toucha ses cellules énergétiques et tout l'engin fut réduit en débris fumants. Au total, près d'une quinzaine de RT-TT sur le secteur de Vos avaient été anéantis, de nombreux TR-TT détruits et les lignes de soldats avaient été enfoncées.
- Bon ok, c'est peut être pas totalement merdique, ces Hailfire, du compte fait, s'excusa Alder.
- Allez, on fonce ! Go ! Go ! Go ! ordonna Vos.
Cette fois, tous les CAB, Droidekas, B1, B2 et soldats confédérés montèrent les rampes pour prendre les lignes sur la crête urbaine. Les super-tanks furent à portée de tirs optimale et le feu qui s’abattit sur la ligne de front pulvérisa des RT-TT par centaine. Les troupes Loyalistes furent brûlées, déchiquetées, projetées …
Ce fut un carnage. A la tête de ses troupes, Vos engagea le combat avec les troopers. Ces derniers firent feu sur le Jedi sans discontinuer, mais cette fois Vos leur renvoya leurs attaques, les tuant sur le coup. Il fit un bond et de plusieurs gestes fermes et meurtriers, il éventra et sabra de nombreux troopers qui tenaient leur position. Les droïdes, comme à leur habitude, avancèrent vers l'ennemi, ignorant leurs pertes, tuant tous ceux qui se dressaient sur leur chemin. Les soldats confédérés, eux, avancèrent en formation abattant tous les ennemis désignés, se couvrant mutuellement, mettant leurs camarades blessés à couvert et, parfois, allèrent au corps à corps, finissant le travail à la crosse ou aux vibrolames. Le chaos, la mort, la désolation …
On était typiquement dans l'ambiance sanguinaire qui caractérisait la campagne du Noyau. Plusieurs blocks plus loin, des frappes orbitales de destroyers Séparatistes ravagèrent des quartiers, derrière les positions Loyalistes. Kalani devait avoir ordonné une frappe d'anéantissement sur les Loyalistes qui se repliaient pour reformer leurs lignes de défense.
Les Loyalistes au contact étaient tous condamnés, alors ceux qui avaient encore de la jugeote ou de la lucidité tentèrent de se replier, fuyant de toutes leurs forces le carnage. Les droïdes et les confédérés, les traquèrent, se mirent en position sur les ruelles et avenues dégagées au milieu des bâtiments en ruines, et firent feu sur les fuyards pour en éliminer un maximum.
- Ils se replient ! Ils se replient ! s’enthousiasma un commandant organique sur les ondes.
- Bande de lâches ! insulta un droïde.
- C'est ça, fuyez ! Votre République se termine aujourd'hui !
Des cris de joies impressionnants, organiques comme mécaniques, se firent bruyamment entendre sur des dizaines de kilomètres.
- Général Kleeve, la zone industrielle est à nous et on a sécurisé des points d'accès. Mes troupes sont dans la Cité Galactique. Envoyez les secondes vagues de débarquement.
- Excellent travail, Gardien Suprême. On arrive sur Monument Plaza. Le général Boissec a été ralenti, mais on tiendra notre position. Progressez dès que vous le pourrez vers le District du Sénat, mais soyez prudent. Les Loyalistes ont énormément de troupes dans le secteur.
- Bien, général.
- Général Kleeve, terminé.
- Général Kalani ? appela Vos.
- Sur écoute, répondit le droïde.
- Je vais mener une opération de reconnaissance avec les agents de l'OSC disponibles et les Forces Spéciales. Je vous laisse gérer le débarquement de la deuxième vague. Mettez les troupes en état de marche, et attendez les ordres. Soyez prêts.
- A vos ordres.
- A tous les agents de l'OSC sur secteur et aux Forces Spéciales. Les troupes sont maintenant en station jusqu'à qu'une reconnaissance complète de l'axe menant au District du Sénat ait été faite. Cartographiez et évaluez les dispositifs de défense. Il nous faut un maximum de renseignements. Faite votre rapport dès que possible au général Kalani. Vos terminé.
Yuka, Doonrett, vous venez avec moi. On va tâcher de savoir ce qui nous attends.
- Désolé, Vos, intervint Yuka. Mais les agents Lodhel, Siarre et Kovacs se sont fait descendre. On va manquer d'agents pour couvrir tout le secteur. Je vais plutôt m'occuper des blocks de l'autre côté de l'avenue. On se tient au courant pour définir un point de jonction. Je te laisse Doonrett.
- Mais … tu vas te retrouver toute seule en cas de pépin ! Tu ne veux pas prendre une équipe des Forces Spéciales ?
- Ces brutes ? Non, ça ira, merci, mais je préfère encore travailler seule. Et puis, je ne suis jamais vraiment seule, tu sais, fit-elle dans un sourire en caressant ses deux blasters. Bon courage, Vos !
Avant que le chef de la Garde Confédérée ait pu dire quoique ce soit, la Twi'lek s'élança à travers la grande avenue pour rejoindre les blocks sur la gauche de Vos.
- Elle s'en tira très bien, t'en fais pas, grogna Doonrett.
- Cette femme n'en fait qu'à sa tête ! Comment as-tu survécu si longtemps ?
- Je suis le sniper. Je passe mon temps derrière cette folle.
Le Phindien et Vos progressaient de blocks en blocks sur plusieurs kilomètres. Ici et là, on voyait des Loyalistes morts ou agonisants, abandonnés par leurs troupes durant ce qui semblait être un repli en catastrophe. Vos voulait épargner les blessés, mais Doonrett tua, sans demander la permission, avec sa vibro-lame les soldats agonisants afin qu'ils ne préviennent pas leurs camarades de leur présence.
- Bah quoi ? fit-il après une exécution.
- Ils sont inoffensifs, plaida Vos.
- On peut tuer autrement qu'avec un blaster, répliqua Doonrett. En l’occurrence, un appel à ses potes peut sceller notre destin. Laisse-moi faire, j'ai l'habitude d'être invisible derrière les lignes ennemies.
Dans les débris fumants d'un immeubles effondré, Doonrett scruta à travers la lunette de son arme le niveau d'un carrefour giratoire, parcouru par de profondes fosses de toutes part donnant sur un vide noir.
- Ah, Loyalistes en vu. Et pas des blessés.
- Tu vois quoi ?
- Un barrage. Quatre troopers sur ce poste, sur notre trottoir. Et quatre autres sur le barrage du trottoir de l'autre côté du vide, à gauche.
- Ils sont contournables ?
- Non. Ce sont des barricades anti-feu. Ils ne mettent pas ce matériel et un poste de huit soldats de manière isolée. Ce n'est pas leur manière de faire. Il doit y avoir des troupes postées dans les immeubles sur les flancs de l'avenue et une série de barrages derrière le carrefour.
- C'est un avant poste de reconnaissance, déduisit Vos.
- Je dirais plutôt de repli. Une base arrière. Il doit y avoir un centre de commandement pas loin.
- On est plus très loin du District, lui fit remarquer Vos.
Doonrett acquiesça.
- S'il y a des troupes dissimulées sur les latéraux, dans les immeubles, il faut qu'on prenne de la hauteur pour cartographier tout ça.
Vos regarda en hauteur, pour trouver un moyen d’accéder aux toits des immeubles. Ceux des blocks limitrophes à la zone industrielle étaient peu haut à la surface.
- Je pourrais sauter sur ces rebords de fenêtres et ces caissons de ventilation, mais toi ?
- J'ai pas la Force, mais j'ai un grappin, fit Doonrett en montrant un pistolet se terminant sur un grappin magnétique.
- On a un plan, alors.
Vos sauta de rebords en irrégularités, le long de la façade de l'immeuble, usant de la Force pour renforcer ses prises et se propulser. Doonrett monta avec son grappin automatique en haut de l'immeuble. Immédiatement, ils se cachèrent derrière une évacuation de fumées toxiques.
- Attends ! fit Doonrett. Je regarde qu'il n'y ait pas quelques … ah ! Fumiers !
- C'est quoi ?
- Des tireurs d'élite. Postés sur les bâtiments d'en face, derrière le carrefour, en train d'observer l'avenue. Si quelqu'un s'approche, ils le flingueront.
- Ils ne nous ont pas vu ?
- Compte là-dessus. On est grillé.
- Pourquoi ils ne paniquent pas, alors ? s'interrogea Vos.
- Ils savent très bien qu'on fait du repérage. Ils ne sont pas cons. Mais visiblement, ils s'en fichent. Ça veut dire qu'une chose.
- Que ce qu'on va voir ou entendre ne sera plus vrai le temps qu'on rapporte l'information, déduisit Vos.
- Ils vont bouger. Mais je pense que ces types d'en face ont perdu notre trace lorsqu'on a quitté l'artère principale. Ils nous cherchent. Si on se fait gauler, ils vont nous tirer comme des pigeons.
- Sauf si tu les abats avant.
- Pas possible. Le coup de feu alertera toutes leurs troupes et ils nous feront la peau. Mais j'ai autre chose pour lui.
Doonrett retira la cellule énergétique de son arme, et changea le bout de son canon pour mettre un adaptateur réduisant le calibre de sortie. Il mit une autre cellule énergétique avec le symbole d'un éclair bleuté dessus.
- C'est quoi ?
- Electro-fléchette. Ça ne tue pas, c'est dommage, mais ça paralyse et te rend inconscient en une seconde. Normalement c'est du courte portée, mais les gars du centre de recherche de l'armement avancé sur Kamino nous ont pondu une version longue portée.
Doonrett grailla son arme de fléchettes.
- Ça s’entend pas de loin, mais ces tireurs peuvent se voir de visu. Il ne faut pas que je loupe mes cibles. J'ai une fenêtre très courte.
Doonrett se concentra et fit feu. Vos vit dans ses jumelles le tireur d'élite couvrant l'avenue convulser et tomber dans les pommes. L'attention de son camarade sur l'immeuble de droite fut attirée. Il devait essayer de l'appeler via leur système comm' interne. Doonrett d'un tir parfait l'immobilisa lui aussi.
Celui du bâtiment de gauche ne bougea pas. Doonrett ne tira pas.
- Dans le doute, tu devrais t'en charger aussi, non ? demanda Vos.
- Ça ne sert à rien, il est déjà HS.
- Yuka...
Vos et Doonrett purent progresser de toit en toit pour arriver juste au-dessus du barrage de soldat. Visiblement des troopers rentrèrent et sortirent des blocks latéraux d'où on pouvait entendre des voix. Doonrett avait raison. S'ils avaient progressé par le bas, ils se serraient fait prendre.
Deux soldats blessés rejoignirent le barrage.
- Hey ! Qui va là ?
- Abruti, tu ne vois pas nos armures ?
- Je …
- Appel un médecin. Rynthia est blessée. Dépêche !
- Qu'est ce qui se passe ? On a vu un tas de camarades revenir de manière disparate ! demanda un autre trooper.
- C'est la merde ! répondit le survivant indemne tandis que la soldate était évacuée. Les Seps ont forcé nos lignes ! On a perdu quasiment tous nos blindés, on s'est fait massacrer.
- Et les Seps ?
- Ils sont dans la Cité Galactique. Ils arrivent ! Et ils sont commandés par un sale traître de Jedi !
- Ça suffit, soldat ! Rejoignez votre escouade sur la base arrière ! commanda un humain à la peau blanche d'un trentaine d'année en tenue d'officier gris, tout juste sorti d'un bâtiment plus retiré.
- Je n'ai plus d'escouade à part Rynthia, lieutenant ! Ils sont tous morts !
- Obéissez !
Le trooper partit en râlant.
- Lieutenant, c'est vrai ? Ils ont enfoncé nos lignes ? Les Seps sont dans la Cité ?
- Calmez-vous, soldat ! J'ai de nouveaux ordres. Rendez-vous au point Aurek 00. On lève le camp dès que le turbo-tank aura récupéré le matériel. Tenez-vous prêts à partir.
- On se replie ? Merde, lieutenant, alors c'est vrai ? Les Seps arrivent ?
- On ne se replie pas, soldat. On se prépare à les pulvériser. Obéissez et arrêtez avec les questions. Exécution !
- A vos ordres ! Vous avez entendu ? relaya le chef de dispositif. Réunissez-vous avec vos affaires et préparez-vous à lever le camp. Dès qu'on a l'ordre, on se tire et rapidement !
- C'est bien ça, chuchota Vos. Ils bougent.
- Turbo-tank... Ils bougent les Juggernaut. Ça va être du lourd, ils bougent tout leur dispo'. Aurek 00...
On a intercepté des communications lors de nos repérages avant l'assaut. C'est comme ça qu'ils appellent leur poste de commandement principal, l'informa Doonrett.
- Le District du Sénat, déduisit Vos.
- Ouais, y a pas de doute. Ils préfèrent consolider leurs défenses sur le district fédéral plutôt que faire une guerre sur la durée. Ils sont désespérés, ils veulent faire de lourdes pertes au plus vite.
- Mais c'est étrange. Pourquoi se consolider ainsi ? C'est pas comme s'il y avait quelque chose qui pourrait inverser la tendance. Ils devraient étaler leurs défenses pour garder des possibilités de fuite et continuer le combat le plus longtemps possible.
Doonrett était aussi troublé que lui, cela se voyait.
- Il est en train de se tramer quelque chose, fit le Phindien.
- Nous devons prévenir Kalani. On doit retourner sur nos positions.
- Ouais. Finit la reco'. On se tire.
Alors qu'ils descendaient du toit et progressaient de bâtiment en bâtiment, ils furent obligés de se terrer lorsqu'une patrouille de troopers revenant du front passa devant leur immeuble, sans prendre la peine de regarder dedans. Il y avait des blessés, des troopers décasqués et abattus. Ils durent se terrer sous des gravats.
- Pendant qu'on est là, tu pourrais me dire ce qui est arrivé à Hiddelson ?
Le Phindien le regarda d'un œil inquiet, avant de détourner le regard.
- Yuka t'as répondu. Une mission a mal tourné, et il est mort. Ça arrive plus souvent qu'on ne le croit, surtout vu les missions suicidaires qu'on nous donne.
- J'ai bien entendu, mais vois-tu, je suis un Jedi, ou du moins j'en ai encore les habilités. Mes pouvoirs sont inopérants sur Yuka, elle est entraînée à tromper son monde, mais elle n'a même pas essayé de cacher qu'elle ne disait pas tout.
- C’est secret.
- Ça, c'est vrai. Mais vous me cachez quelque chose qui ne tient pas qu'au secret avec Hiddelson. Doonrett, je connais assez Yuka pour savoir qu'on ne la connaît jamais vraiment. Ne me mens pas. Comment Hiddelson est-il mort ?
- Je l'ai tué, fit une voix de femme glaciale derrière eux.
Vos se retourna et vit Yuka.
- Comment tu as fait pour revenir vers nous ? On a même pas donné notre position, s'étonna Doonrett.
- Je te connais, j'ai pensé comme tu penserais, en prenant en compte que tu étais avec cet emmerdeur de Vos.
- Et tu t'es dit qu'il fallait absolument revenir ici, avant que je ne pose trop de questions ? lui répondit sur la défensif Vos.
- Je vais te répondre afin que tu arrêtes de m'emmerder. J'ai abattu Hiddelson.
- Pourquoi ?
- Parce que c'était les ordres. On était en mission sur Hosnian Prime. On devait activer nos réseaux de sympathisants, sécuriser nos filières d'extraction/infiltration et déstabiliser leurs défenses avec des opérations de sabotages et d'assassinats.
- Du terrorisme quoi, coupa Vos.
- On était en pleine mission, et tout se passait plus ou moins bien lorsque le CCC m'a contacté, ce qu'ils ne font jamais, continua Yuka. Il se trouve qu'Hiddelson avait ouvert des comptes sur des mondes neutres, connu pour leur opacité fiscale. Il avait aussi pénétré le système informatique de l'OSC pour effacer ses données biométriques par un virus à action retardée. Ils avaient aussi activé tous ses agents de renseignement pour préparer une passe pour se tirer.
- Ok, Hiddelson voulait tirer sa révérence et alors ? Il avait suffisamment combattu pour la CSI. Il avait le droit de se consacrer à sa vie, non ? Tout le monde n'est pas aussi asocial que toi, Yuka. Certains ont encore des attentes en dehors des missions.
- Quand on bosse pour l'Office, ça ne se passe comme ça, intervint Doonrett. Quand tu es agent, tu pars quand l'Office te l'autorise et pas avant. Y a pas de démission à convenance personnelle chez nous.
- Mais de là à le tuer ? s'exclama Vos, sidéré.
- Il en savait beaucoup trop et il a essayé de baiser l'Office, trancha Yuka. Il était au courant de centaines d'opérations clandestines totalement illégales. De lourds secrets politiques et militaires, dont plusieurs directement en lien avec la préparation de la subjugation du Noyau et l'assaut sur Coruscant. Le risque de voir Hiddelson se tirer dans la nature avec autant d'infos était inconcevable. Le commandement a décidé qu'on devait tuer cette menace à la source. Après la mission d'Hosnian Prime, je lui ai mis une balle dans la tête. Il n'a pas souffert.
- C'était votre ami, bon sang !
- Notre équipier. Nuance, répondit Yuka.
- Rien n'indiquait qu'il allait parler ou vous trahir. Tant d'années de loyaux service sans faille récompensés par une balle en pleine tête, à la moindre incartade ? Vous pouviez pas le raisonner ?
- Nous avions des ordres. J'avais des ordres. Je ne suis pas là pour les discuter. Hiddelson était intelligent, il savait très bien à quoi il s'était engagé, et à quoi il s'exposait en voulant s'enfuir. C'est pour ça qu'il a tenté de faire ça dans notre dos. Ce lâche allait nous trahir et nous planter. Maintenant, en route, on doit rentrer à la base. Je suppose que vous avez compris la même chose que moi. Il se passe quelque chose.
Yuka partit devant, sans se retourner.
- Et elle l'a tué, comme ça, sans que ça ne lui fasse rien ?
- e ne sais pas si cela lui fait quelque chose ou pas, mais oui. Elle l'a tué sans hésitation, répondit maussadement Doonrett.
- Comment peux-tu encore suivre cette personne, Doonrett ? Tu pourrais très bien être le prochain ! Elle te tuerait sans hésiter, t'en est conscient ?
- Évidemment. Mais je ne suis pas Hiddelson. Je sais très bien que l'OSC ne nous laissera pas partir tant que la guerre ne sera pas finie. On le savait en s'engageant. Nos missions ne sont qu'une seule longue mission en fait. Et elle se terminera avec la fin de la République. Partir avant est une trahison, pas une démission. On connaît le tarif.
- Et l'amitié ? La camaraderie ? Votre loyauté est-elle toujours plus importante que ça ?
- Nous ne sommes pas dans l'armée, Vos. L'OSC c'est un monde à part. Nos vies ne valent rien et ne nous appartiennent pas. Nous sommes prêts à tuer nos équipiers si ce sont les ordres. C'est pour ça qu'on évite de trop s'attacher entre nous. Yuka à raison, chez nous il y a une différence entre un « ami » et un « équipier ».
Vos ne pu qu'être attristé par la vie que menaient les agents de l'OSC.
- Comment fais-tu pour vivre ainsi ? N'as tu jamais connu l'amitié ?
Le Phindien eut durant un instant un regard montrant de l'incompréhension. La notion lui parut étrangère. Puis il eut l'air de se remémorer des souvenirs anciens. Pendant une seconde, un sourire parcourut son visage.
- Peut-être. Mais dans une autre vie ayant disparue depuis longtemps.
Puis il se mit à remarcher avec plus d'entrain pour dépasser Vos.
Tout d'un coup, des bruits sourds et lourds firent s'arrêter la troupe. Yuka et Doonrett regardèrent vers le ciel. Vos fit de même.
- Putain de merde, souffla Yuka.
- C'est impossible, s'étonna Vos.
La victoire était loin d'être acquise.
Bon, cette semaine j'ai tenu le jour fixé ! A la semaine prochaine pour la suite
