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Mon nom est Jinn

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Messagepar Kléber Valéra » Mer 20 Mar 2013 - 21:09   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Encore beaucoup ce soir (c'est du dialogue)...

LXV



Zéro patrouille. Le duo ne rencontra aucun soldat en chemin. La chance de Jinn avait-elle tourné ?
Le jedi avait horriblement chaud sous sa fausse moustache. Elle ne ressemblait pas à celle du touriste dont il jouait le rôle, mais de toute façon, s’il se faisait prendre, la dissemblance de leur moustache serait le dernier de ses soucis.
Ils arrivèrent à l’astroport sans problème, extrêmement prudents malgré tout. Il ne semblait pas y avoir de contingent militaire sur les lieux. Ou disons qu'il ne fut guère plus nombreux que celui que Jinn avait rencontré à l’arrivée. Il passa les services de sécurité sans être inquiété, même si lui était très inquiet. Call quant à elle, semblait trouver cela très amusant –ça ne l’effrayait pas du tout de servir de complice à un hors-la-loi. Elle était plutôt excitée. Juste avant d’embarquer, ils se fondirent tous deux dans le petit groupe de touristes qui en avait visiblement marre de Cato-Neimoidia et de ce tour mal organisé, et qui était visiblement très heureux de rentrer chez lui.
« Rob Pollsen ? appela la voix du guide qui avait été chargé de l’organisation des visites la semaine précédente.
-Présent, annonça Jinn le plus naturellement du monde. »
Aucun des touristes ne remarqua quoi que ce soit. Call avait vu juste : le véritable Rob Pollsen ne manquait pas à grand monde. En tout cas pas à ses co-vacanciers. Seul le guide sembla tiquer légèrement : son regard se fixa dans celui de Jinn un peu plus longtemps que pour les autres. Il pencha la tête, histoire de réfléchir à celui qu’il allait embarquer avec lui.
« Quoi ? l’agressa Jinn, jouant à merveille le rôle du type outré qu’on le regarde ainsi sans raison. »
Le guide ne répondit pas. Il se contenta de hausser les épaules, puis reprit son appel sans sourciller.
Quelques minutes plus tard, le vaisseau de ligne décollait.


« Major Kints, vous m’entendez ?
-Oui, général Stinell.
-Votre homme a été repéré à l’astroport d’Elmo. Il vient tout juste de décoller à destination de la planète Syenyolia.
-Très bien, général. Je le suis.
-N’oubliez pas votre promesse, Kints.
-Je n’oublie jamais rien, mon général. »


Quelques jours plus tard, sur Koboc.
« Vous savez, général, que si un seul de vos hommes apprend ce que vous venez faire tous les soirs chez moi, ç’en est fini de vous.
-Qui l’apprendra ? Il n’y a ici aucun micro ni aucun système d’espionnage.
-Mais s’ils vous voient ne serait-ce que venir ici, ils trouveront ça louche. Supposez qu’ils vous imaginent être secrètement un vieux satyre adepte des relations inter-espèces ?
-Vous n’avez rien d’une prostituée, ma chère Lyona. »
C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom. Et ça ne sembla pas la gêner outre mesure.
« Ma foi, je ne sais pas si je dois prendre ça pour un compliment, mon cher Halaser. Mais même sans parler de prostitution, un espion amateur pourrait en venir vite à cette conclusion de relation inter-espèces. Et vous imaginez ce qu’une telle rumeur ferait à votre image ?
-Je n’ai plus que faire de mon image.
-Faux. Vous devez bien savoir que l’image est importante dans votre profession. Ce sera d’autant plus vrai si vous voulez organiser votre révolution de velours que vous évoquiez la dernière fois.
-Parfait. Pour tout vous dire, j’ai toujours fait en sorte de rester discret. Mais je m’assurerai plus sérieusement que nos petites séances de spiritisme demeurent parfaitement secrètes.
-Après, c’était pour vous que je disais ça… »
Coff but une gorgée d’alcool.
« Parlons de choses importantes à présent. Je ne vous ai pas caché mes projets, ou du moins ceux que j’estime devoir réaliser suite à ce que vous m’avez dit. Mais comment préparer correctement le terrain à un futur gouvernement républicain ?
-Vous me prenez pour une politicienne ? Qu’est-ce que j’en sais ? Je vous dirais intuitivement qu’il faut savoir avec qui on traite… Et comment on traite.
-Précisément ! Et c’est là où je voulais en venir. Si l’on veut préparer proprement un changement de régime politique sur Koboc, en causant un minimum de problèmes au peuple, il faut connaître notre futur interlocuteur.
-Donc ?
-Nous devons prendre contact avec la rébellion. »





LXVI



« Je crois mon général que vous êtes un peu trop optimiste. Contacter la rébellion ? Bien sûr ! Il suffit de claquer dans les doigts !
-Je suis sérieux.
-Je sais. Et c’est bien votre naïveté qui me fait peur. Vous croyez vraiment que vouloir rencontrer les rebelles permet de les rencontrer ? Si c’était le cas, tous ceux qui…
-Il existe forcément des moyens, en passant par les bons réseaux. Tenez, sur Koboc par exemple. »
Avant qu’il n’ait pu continuer, Lyona éclata d’un rire tonitruant.
« Quoi donc ? Vous pensez qu’il n’y a vraiment AUCUN rebelle sur Koboc ? l’interrogea-t-il rageusement, vexé d’avoir été rembarré de la sorte.
-Ma foi… Je n’en sais rien, répondit-elle en riant encore un peu. Mais a priori, je dirais que non.
-J’aurais pourtant dit l’inverse. Pourquoi affirmez-vous cela ?
-Et bien, je n’ai pas la prétention de connaître les plans des rebelles, mais je les crois suffisamment intelligents pour se rendre compte d’une chose : Koboc n’a aucune importance stratégique. Ni politique, ni économique, ni même géographique !
-Ça, je m’en étais facilement aperçu, merci. Mais justement, j’aurais dit que son manque d’intérêt évident en aurait facilement fait une base de repli pour se cacher. En bref, une planète parfaite pour la rébellion.
-Sauf que vous êtes un militaire, et que vous semblez avoir oublié de prendre en considération un élément qui, pour vous, est tellement naturel que vous n’y faites plus attention.
-Et qui est ?
-La planète est ultra-militarisée, justement. A quoi bon avoir des bases sur une planète certes éloignée de tout, donc de manière très théorique assez sécurisée, si c’est pour se jeter en réalité dans la gueule du loup en arrivant dans un endroit rempli d’impériaux ?
-Ce n’est pas faux, dut-il reconnaître. »
Il analysa la situation.
« Et les sympathisants ?
-Quoi, les sympathisants ?
-Et bien, se lancer dans un lieu bourré d’impériaux est dangereux à condition que l’on s’y lance seul, sans aide. Mais la rébellion n’est pas une organisation qui se voit au grand jour. C’est un groupe vaste mais caché. En beaucoup d’endroits, elle prend le risque de côtoyer les soldats de l’empire, dans la mesure où elle sait qu’elle sera aidée par les locaux ; qu’ils cacheront les rebelles.
-C’est vrai. Mais encore une fois, votre éloignement du peuple kobocois vous ferait presque oublier qui il est. C’est vrai que les Kobocois détestent votre mainmise sur leur planète, et encore plus le fait que beaucoup de leurs libertés ont été supprimées par l’armée. Mais tous ne vous haïssent pas. Pourquoi croyez-vous que, moi-même, je n’ai jamais pu prendre une position bien définie pour un parti ou un autre pendant cette guerre idiote ? Certains n’ont pas eu à trop subir les répressions impériales que subit le reste de la galaxie –et je crois aujourd’hui, maintenant que je sais quel genre d’homme vous êtes, que c’est en partie grâce à vous. D’autres encore voudraient vous voir partir. Mais ils vous sont encore assez reconnaissants : ils n’ont pas oublié ce que vous avez fait pour nous il y a quatre ans… En tout cas je doute qu’il y ait vraiment beaucoup de sympathisants de la rébellion prêts à se mettre en danger en cachant des rebelles chez eux.
-Attention, vous en viendriez presque à me faire regretter la décision que j’ai prise de préparer le terrain pour la rébellion…
-Je répète que je ne suis que votre garde-fou, votre avocat du diable. Je ne prends fait et cause pour personne et ne suis là que pour faire des suggestions sur la situation, que vous êtes libre ou non de prendre en compte. Ceci dit, je pense qu’une majorité de Kobocois ne partage ni amour ni haine pour l’empire, mais mon indifférence. Si vous travaillez pour la majorité, vous devrez en tenir compte. »
Coff songea qu’il devrait presque en faire son credo, sa ligne de conduite ultime.
« Je le ferai. Tout cela ne répond toujours pas à la question : comment contacter les rebelles ?
-En tant que général, ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu parler de ne serait-ce qu’une piste de preuve qu’il pourrait y avoir des rebelles, ici.
-Vous voulez dire, autre que ce qui n’était que pure paranoïa de la part de mes hommes ? Non. Jamais. Et aujourd’hui, j’ai presque envie de dire : malheureusement !
-Etonnant en un sens. Mais ça confirme plus ou moins ce que je disais. Du coup, je ne vois pas trente-six mille solutions si vous voulez vraiment les voir. Si la rébellion ne vient pas à vous, c’est vous qui irez à la rébellion.
-Oui, il me faut quitter Koboc quelques temps.





LXVII



« Quitter Koboc, excellente idée, en effet, insista-t-il comme pour se convaincre une fois encore que c’était la chose à faire. Sauf que plus je m’éloigne de la planète, moins j’ai de l’influence. Il faudrait tâcher de ne pas l’oublier.
-Quoi ? Vous êtes général, tout de même ! Ne me dites pas que votre grade ne vous ouvre pas grand les portes de la galaxie entière !
-Je suis général, justement. Général de surface même. Un grade important pour les armées planétaires, mais pas forcément le plus élevé dans la hiérarchie militaire galactique. Une hiérarchie que je suis tenu de respecter, cela va sans dire. Plus nous nous éloignerons, plus le voyage deviendra dangereux.
-Etes-vous prêt à prendre ce risque pour « inviter » les rebelles sur Koboc ?
-Je crois avoir déjà été clair à ce sujet. Je le suis. Mais je parlais plutôt de vous, ma… « conseillère » officieuse.
-Moi ? Parce que vous voulez m’emmener avec vous ?!?
-Je pensais que c’était implicite depuis le départ…
-Et bien… »
En réalité, Lyona n’avait pas envisagé une seule seconde cette solution. Elle avait aiguillé le général sur la voie qu’elle aurait secrètement voulu qu’il prenne, et avait réussi. Mais son rôle aurait dû s’arrêter là.
« C’est que… Je ne suis pas une grande voyageuse, vous savez. Encore moins quelque aventurière. Je risquerais d’être un poids pour vous.
-Vous ne voulez pas ?
-Ecoutez, je ne crois pas manquer de courage. Après tout, je savais très bien il y a quelques jours, que mon… audace quand j’étais dans vos locaux pouvait me valoir la torture ou la mort. Mais je… Malgré tout, je ne suis pas comme vous. Je n’ai rien d’une guerrière !
-C’est exact. Mais votre audace, justement, je crois que c’est un peu le côté « guerrier » qui sommeille en vous.
-Si vous me flattez dans le seul but de me convaincre, sachez que c’est un peu ridicule, et inefficace.
-Pas du tout, je le pense. Vous dites ne pas prendre parti dans ce qui va se jouer sur Koboc dans un avenir proche. Et c’est sans doute vrai, dans une certaine mesure. Mais si ça l’était totalement, vous n’auriez pas cherché à me convaincre de partir en chasse de l’Alliance rebelle.
-Je n’ai pas cherché à vous convaincre, mais à mesurer vos propos en vous montrant un autre point de vue –que vous avez adopté. Rien de plus.
-Vous ne l’avez pas cherché. Mais il n’empêche que cela s’est produit, que j’ai adopté cet autre point de vue. Pour quelle raison me l’auriez-vous montré, si ce n’était pas pour que je le choisisse ?
-Parce que je déteste la mono-pensée, que j’estime trop souvent cause de tous les conflits réellement destructeurs.
-Et c’est tout ? C’est juste pour ça ? »
Pas de réponse.
« Vous avez refusé de défendre officiellement la moindre cause pendant des années, peut-être par peur de finir comme votre mari –que sais-je. Mais il y a en vous une femme forte et courageuse, prête à braver les tempêtes pour faire ce en quoi elle croit. J’en suis certain. »
Lyona essaya de lire dans le fond de ses iris. Mais pour une fois, les pensées du général étaient impénétrables. Ou peut-être que c’était parce qu’il y avait trop de conflit en elle pour que la Kobocoise puisse s’extraire de ses pensées à elle…
« Je crois que vous vous trompez sur moi, mon général. Vous n’êtes pas aussi fin psychologue que moi, je suis navré de vous le dire.
-Et si je vous dis que j’aurais probablement encore besoin de vos conseils pendant mes recherches…
-Peut-être. Mais je ne vous suivrai pas. Je ne quitterai Koboc pour rien au monde.
-Comme vous voudrez. Je me plie à votre décision, même si je la déplore. Souhaitez-moi au moins bonne chance.
-Bonne chance ! Mais je doute que vous en ayez besoin… »
Coff partit sans un au-revoir, laissant Lyona seule avec ses pensées.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Ven 22 Mar 2013 - 21:22, modifié 3 fois.
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Messagepar Hiivsha » Mer 20 Mar 2013 - 22:09   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Bizarre ce général. Je ne sais pas si on peut lui faire confiance...
J'espère que son histoire a quelque chose à voir avec celle de Jinn ;)


Ou disons il ne fut guère plus nombreux que celui que Jinn avait rencontré à l’arrivée => disons qu'il

Vous dites ne pas prendre partie => prendre parti

Quelques tournures de phrases m'ont fait tiquer (sans qu'elles soient forcément incorrectes... j'ai trouvé que ça "accrochait" à la lecture)

histoire de réfléchir à celui qu’il allait embarquer avec lui. => c'est le verbe "réfléchir" ici qui me laisse pensif...

comme pour se rassurer lui-même que c’était la chose à faire => pour se convaincre non ? (je ne sais pas si on dit : se rassurer que :neutre: ... on dit "se rassurer quant à quelque chose", "se rassurer de"... mais "que", ça fait barbarisme, même si on le trouve sur le net :neutre: On s'assure que... mais se rassurer ??? )

Lyona essaya de lire dans le fond de ses iris. Mais pour une fois, les pensées du général étaient impénétrables. Ou peut-être que c’était parce qu’il y avait trop de conflit en elle pour qu’elle puisse s’extraire de sa propre tête… => pourrais-tu me dire à quoi se rapportent les deux "elle" de la fin de la phrase ?
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Messagepar Kléber Valéra » Jeu 21 Mar 2013 - 22:15   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:Bizarre ce général.

Bizarre ? Tu le trouves… bizarre ?
Indécis, pourquoi pas ? Courageux, compte tenu de ses prises de position, éventuellement… Idéaliste, assurément. Mais bizarre… ?
Désolé mais je ne vois pas trop en quoi (mais bon, le lecteur peut se faire sa propre opinion du personnage…).

(Non. L’adjectif qui me correspond vraiment le mieux c’est le plancton.)


Sinon pour le reste :
disons qu'il + prendre parti : corrigé

réfléchir + rassurer que : je ne vois pas trop le problème... Tu mettrais quoi à la place, toi ?

les deux "elle" : se rapportaient au dernier sujet féminin singulier cité, donc Lyona. Ceci dit j'ai modifié (en espérant que ça soit plus clair).
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Messagepar Kléber Valéra » Jeu 21 Mar 2013 - 22:24   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

LXVIII



Le voyage s’était passé sans anicroche. Jinn s’était débrouillé pour échanger sa place en première classe avec un homme de la seconde. Le guide et les touristes n’avaient pas poussé la réflexion et n’avaient pas cherché vraiment à le reconnaître, mais Jinn préférait s’éloigner d’eux par mesure de précaution. Et pour éviter tout soupçon, Call avait décidé de ne pas lui rendre visite de tout le vol qui avait déjà duré près de deux jours.
Et là, dans son fauteuil de seconde classe, il dormait du sommeil du juste.

Il était au milieu d’un astroport neimoidien. Le bâtiment était très grand, ce qui ne laissait planer aucun doute : il s’agissait de l’astroport général de Zarra. Des cris se rapprochaient de lui, des gens s’étaient mis à courir dans tous les sens. Paniqué, il se mit à suivre le mouvement.
Passant difficilement les portes du hall d’entrée, il se retrouva éjecté à l’extérieur, poussé par un twi’lek obèse. Un klatooinien le renversa et la foule furieuse commença à le piétiner sans que personne ne le remarque. La douleur se propagea hors de son rêve et il se mit sans le savoir à bouger violemment sur son fauteuil de seconde classe.
Quand la masse grouillante fut plus diffuse, il put se relever. Mais à peine était-il debout qu’une femme se jeta dans ses bras, le faisant choir à nouveau. Elle le regarda d’un air effrayé, ne sachant pas quoi dire, se releva, puis repartit en courant. Jinn se releva à son tour, et quelques chose vint lui frapper l’arrière du crâne. Il sombra dans les ténèbres oniriques tandis qu’il se réveillait en sursaut dans la réalité.

Et à ce moment-là, il se rappela enfin où il avait déjà vu le visage de Call Birmoboe.
Il se jeta hors de son siège pour filer en première classe.

« Je suis désolé, Monsieur, mais les passagers de seconde classe n’ont pas accès à cette partie du vaisseau, lui dit un steward quelques secondes plus tard. »
Jinn s’apprêta à lui répondre que son billet était initialement en première classe, mais si l’homme refusait de le laisser passer, c’est qu’il avait de toute façon déjà oublié le coup de l’échange des places.
« Ce n’est pas grave. Par contre, soyez gentil d’aller me chercher une des passagères. Melle Call Birmoboe : c’est très urgent, je dois lui parler immédiatement !
-Ne bougez pas monsieur, je vais vous la chercher tout de suite. »
Peu après, le steward revint accompagné de Call. Il les laissa tous les deux seuls, dans cette section du vaisseau entre les deux compartiments, normalement interdite aux passagers.
« Jinn ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
-J’ai fait un rêve.
-Un rêve ? Et bien… Tant mieux pour vous !
-Je viens de faire un rêve que j’avais déjà fait avant. Le même que celui dont je vous avais parlé quand nous nous sommes rencontrés. J’ai rêvé de ce qui s’est passé au spatioport de Zarra.
-Et alors ?
-Alors je vous ai vue dans mon rêve. Et c’était déjà vous que j’avais vue dans celui d’avant, même si je ne vous avais pas reconnue. C’était vous, c’est certain.
-Bon, et alors ? Vous avez fait deux fois le même rêve, et vous avez eu l’impression de me voir dedans… Et c’est pour ça que vous me faites lever ?
-Vous ne comprenez pas. Je n’ai pas dit que j’avais eu l’impression de vous voir. J’ai dit que c’était vous. Je suis formel. Vous m’avez menti : vous étiez présente quand cet incident s’est passé. Vous étiez même aux premières loges ! »
Call sembla réfléchir consciencieusement à sa réponse.
« Il me semble mon cher Jinn que vous déduisez des choses un peu rapidement. D’abord, je n’ai aucune raison de vous mentir. Que ce soit au sujet de l’incident de l’astroport ou de quoi que ce soit d’autre. Ensuite, même si c’était le cas, il me semble douteux de m’accuser sur un simple rêve. Parce qu’en admettant qu’il ait quoi que ce soit de magique, ce rêve ; en admettant qu’il vous ait réellement projeté dans les évènements d’il y a quelques jours comme vous le pensez, ça reste un rêve. Quelque chose soumis aux lois de l’imprécision et aux déviances de l’esprit. Vous pouvez avoir visualisé une autre femme, mais votre subconscient vous l’a montré comme étant moi.
-C’est possible pour celui que je viens juste de faire. Mais pour la première fois, je ne vous connaissais pas encore ! Comment expliquez-vous que…
-Les impressions de déjà-vu sont dues à des connexions synaptiques instantanées qui se sont mal réalisées. Et la mémoire immédiate est projetée dans la mémoire à long terme, ce qui donne le sentiment d’avoir déjà vu la personne par le passé. Pourquoi pas dans un rêve ? Ce n’est qu’une des hypothèses évidemment, mais c’est pour dire que ça n’a rien d’incroyable.
-Et moi, je vous dis que mes connexions synaptiques fonctionnent à merveille ! Ce n’est pas qu’un sentiment de déjà-vu. C’était vous.
-Bon… puisqu’il n’y a pas moyen de vous raisonner, admettons que ce soit moi. Ça change quoi ?
-Rien. Ou pas grand chose en tout cas. Mais j’aimerais juste savoir pourquoi m’avoir caché votre participation au mouvement de foule, et aussi vous questionner sur l’origine de l’incident si toutefois vous en avez été témoin. »
Call fronça les sourcils, pinçant les lèvres. Elle était clairement mal à l’aise. Et un peu effrayée aussi. Comme si elle refusait de se rappeler quelque chose de mauvais.
« Je vous dis que ça ne pouvait pas être moi ! Vous m’agacez ! Cette conversation est terminée. Je vous conseille de retourner dormir, nous arrivons bientôt.
-Nous arrivons bientôt et vous voulez que je dorme ?
-Oui. Parce que vu les idioties que vous débitez, vous me semblez bien fatigué, Jinn Skywalker. »
Elle le planta aussitôt, retournant s’asseoir dans son siège.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Ven 22 Mar 2013 - 21:23, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Jeu 21 Mar 2013 - 22:32   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:Bizarre ce général.

Bizarre ? Tu le trouves… bizarre ?
Indécis, pourquoi pas ? Courageux, compte tenu de ses prises de position, éventuellement… Idéaliste, assurément. Mais bizarre… ?
Désolé mais je ne vois pas trop en quoi (mais bon, le lecteur peut se faire sa propre opinion du personnage…).

(Non. L’adjectif qui me correspond vraiment le mieux c’est le plancton.)


Sinon pour le reste :
disons qu'il + prendre parti : corrigé

réfléchir + rassurer que : je ne vois pas trop le problème... Tu mettrais quoi à la place, toi ?

les deux "elle" : se rapportaient au dernier sujet féminin singulier cité, donc Lyona. Ceci dit j'ai modifié (en espérant que ça soit plus clair).


Reprenons :

"réfléchir à celui qui allait embarquer avec eux" => on réfléchit à quelque chose, mais "réfléchir à quelqu'un de présent devant soi", je bloque. Bien sûr on dit "je réfléchis à quelqu'un qui pourrait m'aider"... mais c'est différent. Je mettrais plus un truc du genre : "il observait curieusement celui qui allait embarquer avec eux en réfléchissant"... tu vois, tourner différemment la phrase.

"rassurer que" à mon sens est une tournure abusive. Là aussi je tournerais différemment : (déjà le "lui-même" avec un verbe pronominal, c'est redondant avec le "s'" qui veut déjà dire lui-même.)
"pour s'assurer que c’était la chose à faire [et ainsi se rassurer]." ... entre crochet si tu veux absolument mettre le verbe "se rassurer".

"Lyona essaya de lire dans le fond de ses iris. Mais pour une fois, les pensées du général étaient impénétrables. Ou peut-être que c’était parce qu’il y avait trop de conflit en elle pour que la Kobocoise puisse s’extraire de sa propre tête…"

J'ai toujours du mal... déjà, "pour qu'elle puisse s'extraire de sa propre tête", si "elle" est Lyonna, je vois pas ce que tu veux dire. Lyonna veut s'extraire de "sa" tête ??? (la tête de Lyonna ?)... à moins que ce ne soit celle du général ? :idea: Oui, ça doit être ça que tu veux dire ! Mais alors, oulà... voilà typiquement une phrase que le lecteur risque de lire plusieurs fois en se demandant ce que tu as voulu dire.
"Lyonna essaya de lire au fond de ses yeux, mais pour une fois les pensées du général étaient impénétrables. Peut-être parce que la Kobocoise était intérieurement trop conflictuelle pour qu'il puisse l'extraire de sa propre tête ?"
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Messagepar Hiivsha » Jeu 21 Mar 2013 - 22:46   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Désolé pour le doublon, mais vu la foule qui lit les fics en ce moment, je me permets pour pas mélanger les chapitres et donc privilégier le plus de clarté possible dans mes commentaires... si ça ne dérange pas les commentaires des autres :siffle:

Lu. Ah là là, bien compliquée cette histoire... tarde de lire la suite.
Rien de spécial à ajouter, ça se lit toujours agréablement, un peu, je me répète, comme une pièce de théâtre.

il dormait du sommeil du bienheureux. => les formules consacrées sont : "dormir du sommeil du juste" ou "dormir comme un bienheureux" :wink: (toi t'as tout mis dans un shaker, t'as secoué et servi... il ne manque plus qu'une ou deux olives ! :diable: )

le faisant choire => choir (bon choir madame, bon choir mademoiselle, bon choir monsieur ! :paf: )

Il sombra dans les ténèbres oniriques => joli :jap:

Alors je vous ai vu dans mon rêve => vue
Et c’était déjà vous que j’avais vu => idem
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 22 Mar 2013 - 21:36   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:Je mettrais plus un truc du genre : "il observait curieusement celui qui allait embarquer avec eux en réfléchissant"...

Mais ça n'a plus du tout le même sens...! Ecoute, pour celle-là je laisse tomber. Je ne vois vraiment pas comment la corriger.
Hiivsha a écrit:"rassurer que" à mon sens est une tournure abusive.

Corrigé.
Hiivsha a écrit:Oui, ça doit être ça que tu veux dire !

Non, c'était bien la tête de Lyona.
Hiivsha a écrit:Peut-être parce que la Kobocoise était intérieurement trop conflictuelle pour qu'il puisse l'extraire de sa propre tête ?

Sauf qu'on ne dit pas de quelqu'un qu'il est conflictuel! Une relation est conflictuelle. Une situation est conflictuelle. Mais pas Lyona... Bon, je t'ai proposé une correction. Je pense que ma nouvelle phrase a le mérite d'être claire cette fois. Le problème c'est que maintenant, il y a une répétition toute moche... Alors je ne sais pas si c'est vraiment mieux.
Hiivsha a écrit:Désolé pour le doublon

Non non, aucun problème. Tu peux même quadruple-poster : ça ne me dérange pas du tout!
Hiivsha a écrit:si ça ne dérange pas les commentaires des autres

Bien d'accord avec toi... On se sent seuls sur ce topic...!
Hiivsha a écrit:tarde de lire la suite

Ca vient, ça vient! Mais comme le peu de réponses à ma question de tantôt m'indiquait de ne pas trop accélérer le rythme, je ne vais pas plus vite que la musique.
Hiivsha a écrit:comme une pièce de théâtre

J'avoue que je préfère écrire les dialogues que les récits. Nonobstant le fait que je m'y sente plus à l'aise, je trouve ça plus intéressant...
Hiivsha a écrit:toi t'as tout mis dans un shaker, t'as secoué et servi...

Le fait est que je le dis dans la vie. C'est le genre d'expression absurde que je répète tellement que je finis par oublier qu'elles sont fausses. C'est corrigé.
Hiivsha a écrit:ténèbres oniriques => joli

Merci.

Le reste est corrigé dans le texte.
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Messagepar Hiivsha » Ven 22 Mar 2013 - 21:44   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

"Non, c'était bien la tête de Lyona." => ok, du coup effectivement je butte sur cette expression :
"il y avait trop de conflit en elle pour que la Kobocoise puisse s’extraire de ses pensées à elle…"

Je crois que c'est là que j'ai du mal : "s'extraire de ses pensées"... mais je commence à voir ce que tu veux dire... enfin j'espère : "tu veux dire qu'elle est tellement obnubilée par ses propres pensées conflictuelles, qu'elle ne parvient pas à lire celles du général" ?
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 22 Mar 2013 - 21:49   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

LXIX



Le bureau de Coff paraissait vide. Pourtant, la décoration n’avait pas changé. Mais les dossiers en cours qui attendaient habituellement sur le bureau avaient été soit clos rapidement, soit transmis à d’autres services. Aussi, la table de travail était presque vide –ce qui n’était jamais arrivé auparavant.
« Colonel Gright. Asseyez-vous je vous en prie. »
L’homme obéit sur-le-champ.
« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Comme vous le savez, je vais devoir m’absenter pendant quelques jours. Aussi, il n’y aura plus ici personne pour diriger le ministère. Pas officiellement en tout cas. En d’autres circonstances, ce n’aurait pas été un problème –après tout, ce ne serait pas la première fois que je partirais plusieurs jours… Mais le fait est que je ne sais pas exactement combien de temps durera ce voyage.
-Où allez-vous exactement mon général ? J’ai bien peur de l’avoir oublié.
-Vous ne le savez pas parce que je ne vous l’ai pas dit, Gright. Et que vous n’avez pas à le savoir. Sachez rester à la place qui est la vôtre, colonel. »
Coff marqua un temps pour s’assurer que l’information rentrait.
« Si c’était une absence courte, personne pour diriger ne serait pas problématique. Mais au cas où mon absence se prolongerait, il me semble indispensable de nommer un remplaçant provisoire. Initialement, j’avais l’intention de déléguer ma présidence aux brigadiers Lethbridge et Effan. Hiérarchiquement, c’était le choix le plus logique, même si ça aurait été un peu en dehors de leurs attributions. Mais malheureusement, aucun des deux n’a la possibilité de se défaire de ses autres obligations pour les jours qui vont venir. Donc, il me faut choisir parmi les plus haut-gradés que j’ai de disponible en interne. Et comme vous l’avez déjà compris, il se trouve que le plus haut gradé ici, après moi, c’est vous, colonel Gright.
-Je suis très flatté que vous me choisissiez, mon général.
-Non. C’est normal. Donc, nous nous comprenons bien. Pour les jours prochains, vous êtes en charge de la bonne marche de cette base d’opérations ainsi que de son personnel. Vous pouvez bien entendu recourir à l’aide des brigadiers s’ils sont disponibles, où de n’importe qui d’autre que vous estimerez nécessaire. Mais en quelque sorte, c’est vous le chef à présent.
-Merci de cet honneur, général.
-Par contre, vous comprendrez que certaines décisions importantes ne puissent être prises par un simple colonel. Ne serait-ce que du point de vue de l’image de notre armée vis-à-vis du peuple kobocois. Que dirait-on de nous ? Nous ne sommes pas qu’une armée… Je fais donc confiance à votre jugement, pour pouvoir faire la part des choses entre les affaires qui peuvent être réglées par vous, et celles qui doivent être impérativement réglées par moi et qui doivent attendre mon retour.
-Je saurais faire la différence, mon général.
-Très bien, je n’en attends pas moins de vous. »
Coff se tortilla imperceptiblement dans son fauteuil. Il avait visiblement encore quelque chose à dire, mais ça ne voulait pas sortir. Aussi, Gright ajouta :
« Puis-je disposer, mon général ? »
Coff hocha la tête sans grande conviction. Gright se leva, et fit demi-tour pour sortir quand :
« Non, attendez colonel. (il se retourna) Une dernière chose à propos de vos nouvelles responsabilités. Il est hors de question que vous vous en serviez pour mettre en place une traque aux rebelles déraisonnée. Me suis-je bien fait comprendre ?
-Mais, mon général…
-Pas de « mais » ! Vous êtes un excellent officier, je ne le conteste pas. Mais la tendance absurde de nos services à voir des rebelles partout me semble bien trop prononcée dans votre cas. Il est hors de question que je revienne et qu’on m’apprenne que vous avez arrêté plusieurs centaines de Kobocois sous prétexte qu’ils étaient soupçonnés de rébellion, suis-je bien clair ?
-Et si l’on obtient des preuves formelles ?
-Alors là, évidemment, vous pourrez faire votre devoir. Mais pas d’esclandres tant que vous n’êtes pas certain de vos accusations.
-Bien mon général.
-Vous pouvez vous retirer à présent. »





LXX



Même lieu, une heure plus tard…
« Colonel Seron. Asseyez-vous je vous en prie. »
L’imposant colonel prit la même place qu’occupait Gright peu avant.
« Je suppose que vous êtes au courant…
-Que vous partez, général ?
-Non. Je parle de la personne que j’ai nommée pour me remplacer pendant mon absence.
-Oui mon général. Si je puis me permettre, et je vous assure qu’il n’y a aucune jalousie de ma part –ce qui serait déplacé, il me semble que ce choix n’est guère…
-Judicieux. Je sais. Mais il était le plus haut-gradé disponible.
-Il y avait le colonel Lieno… objecta Seron.
-Oui. Ou même vous, Seron. Je vous avoue franchement que j’aurais préféré vous choisir vous. Vous auriez été le choix le plus intelligent. Mais le fait est que Gright est plus ancien que vous. A grade équivalent, il bénéficie d’années d’expérience qui font de lui quelqu’un d’officieusement plus gradé.
-C’est absurde ! Nous avons littéralement le même statut hiérarchique.
-Je sais. Mais vous n’êtes pas sans savoir que pour être respecté de ses hommes, il faut savoir leur obéir dans une certaine mesure. Obéir à leurs attentes. Qu’auraient-ils pensé si je vous avais nommé en lieu et place du colonel Gright ?
-Oui, je comprends mon général.
-Bien. Je n’en attendais pas moins de vous. Cependant, j’ai quand même un rôle à vous confier pendant que je ne serai pas là.
-Un… rôle, mon général ? »
Coff leva les yeux au ciel, pensif. Puis son attention se fixa à nouveau sur le gros colonel.
« Seron, ce que je vais vous dire ne doit jamais sortir de ce bureau. Evidemment, je doute que cela vous étonne vraiment, ni vous ni personne. Mais c’est une chose que je ne souhaite pas ébruiter.
-Je vous écoute général.
-Je n’ai absolument aucune confiance en le colonel Gright. Et quand je dis « aucune », je vous assure que je pèse mes mots.
-Si je puis m’exprimer devant vous de manière aussi familière, je dirais que ça se voit comme le nez au milieu de la figure !
-Je vous avais bien dit que ça ne vous étonnerait pas… J’ai l’intuition que Gright risque de profiter de ses nouvelles responsabilités pour mettre la pagaille sur Koboc.
-Je ne crois pas que ce soit à ce point… Gright est têtu, parfois trop borné, mais pas au point de…
-Moi je crois que si. Sa tendance à voir des rebelles partout pour commencer.
-Mais il se peut qu’il y ait des rebelles, sur Koboc. Ce n’est pas parce qu’aucune piste n’existe que la rébellion n’existe pas.
-Je ne dis pas le contraire. Mais il n’est pas question que sa psychose personnelle détruise tout ce que j’ai mis en place sur cette planète, c’est clair ? Sans compter sa haine des Kobocois. Je vous donne pour mission officieuse, pendant toute la durée de son « règne », de surveiller ses moindres faits et gestes, et de bien vouloir le contrôler, afin qu’il ne détruise pas tout.
-Devrais-je vous rendre compte d’une éventuelle action excessive de sa part ?
-Non. Je ne sais pas si je serai aisément joignable. Je veux surtout que vous profitiez de votre grade équivalent pour le raisonner si jamais il lui prenait l’envie de faire du zèle.
-Mon général, je suis extrêmement flatté de la confiance que vous placez en moi. Mais vous l’avez dit vous-même : il y a une différence entre le statut officiel et le statut officieux. Puisqu’il sera très bientôt officieusement votre suppléant, mon grade identique représentera bien peu de choses dans nos rapports. J’ai bien peur de ne plus avoir le pouvoir nécessaire pour le… raisonner, comme vous dites.
-Débrouillez-vous, Seron. Ce sera à vous de savoir la jouer fine. Vous croyez que c’est dans vos cordes ?
-Ma foi, mon général, je pense pouvoir y arriver.
-Très bien. Vous pouvez disposer. »
Dans un dernier salut militaire, Seron s’éclipsa. Coff songea que toute cette affaire devenait déjà risquée, bien plus tôt qu’il ne l’avait imaginé.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Dim 24 Mar 2013 - 22:06, modifié 1 fois.
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 22 Mar 2013 - 21:50   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:tu veux dire qu'elle est tellement obnubilée par ses propres pensées conflictuelles, qu'elle ne parvient pas à lire celles du général

Oui.
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Messagepar Hiivsha » Ven 22 Mar 2013 - 21:51   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Ben pourquoi tu le dis pas comme ça ? :diable:
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 22 Mar 2013 - 21:52   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Ben... C'était pour faire une phrase un peu stylée... (je suppose?)
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Messagepar Hiivsha » Ven 22 Mar 2013 - 22:03   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Lu. intéressant changement d'autorité sur Koboc. Je me demande ce que ça va donner !


la personne que j’ai nommé => nommée

A grade équivalent, il bénéficie d’années d’expérience qui font de lui quelqu’un d’officieusement plus gradé. => et même officiellement, c'est comme ça que ça marche dans l'armée, et crois-moi, j'ai maintes fois eu l'occasion* de voir des commandants et des lieutenant-colonels vérifier avec une loupe si le poste de chef de service X ou de division Y n'était pas par hasard occupé par un clampin du même grade qui aurait eu ne serait-ce qu'un jour de nomination à ce grade de moins qu'eux !

______

* en état-major surtout
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 24 Mar 2013 - 23:04   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Bonsoir à tous. Désolé pour hier, mais ma connexion Internet était indisponible pendant tout le samedi... Bref, je me rattrape aujourd'hui...



LXXI



Jinn avait passé la sécurité de l’astroport syenyolien les doigts dans le nez. Pourtant, les humains chargés des contrôles avaient vérifié sa carte d’identité sans rien détecter d’anormal. C’était bien la preuve que Call avait raison : loin de Cato-Neimoidia, il ne serait plus inquiété. A l’avenir, il faudrait juste qu’il évite de retourner sur la planète neimoidienne, et tout se passerait pour le mieux. Du moins il fallait espérer que ce serait aussi simple.
C’est donc plutôt heureux –heureux de ne plus être un fugitif- qu’il franchit les portes de sortie du spatioport.
Enfin… heureux… Sa relative liberté lui permettait de se détendre un peu, et d’être plus heureux que s’il avait été recherché par tout l’empire. Mais en l’occurrence, il aurait pu aisément être encore plus heureux si la seule personne qu’il connaissait ne lui avait pas fait faux bond. Car Call, le seul être vivant qu’il lui aurait permis de ne pas se retrouver perdu à nouveau, semblait avoir mystérieusement disparu. Il ne l’avait pas retrouvée au sortir du vaisseau de ligne, et n’avait pas été en mesure de la retrouver ensuite dans l’astroport.
A cela, il n’avait qu’une explication : Call n’avait probablement pas d’ennemi ni de contrainte particulière sur sa propre planète. Elle était trop honnête pour se mettre dans le pétrin seule… C’était donc de son plein gré qu’elle avait disparu. Et en repensant à leur dernière conversation pendant le voyage, cela signifiait peut-être qu’il avait eu raison. Call avait bel et bien assisté à l’incident du spatioport de Zarra comme dans son rêve. Mais, effrayée d’en parler, peut-être de ce qu’elle avait vu, elle s’était enfuie dès qu’ils avaient atterri pour ne pas avoir à poursuivre cette conversation…
C’était pour Jinn l’explication la plus logique : son insistance avait fait fuir la femme qui avait pris tant de risques pour lui sauver la vie. Il l’avait terrorisée sans le vouloir. Et ça lui faisait bien plus mal que de se savoir seul pour la seconde fois.
Mais la résolution de Jinn était qu’il fallait la retrouver coûte que coûte. Pas pour avoir un point d’attache en cet univers, mais un peu pour s’excuser, et beaucoup pour continuer à l’interroger de manière plus subtile, moins brutale, afin de savoir quand même ce qui s’était passé.
Des jedi avaient vécu dans cet univers… Donc la Force y avait obligatoirement existé un jour. Et comme il était proprement inconcevable que le fluide universel disparaisse avec la mort de ses adeptes, la Force était donc toujours présente, même si Jinn lui-même était devenu incapable de l’utiliser. Il était probable que la Force elle-même l’ait guidé vers Call Birmoboe pour pouvoir comprendre le sens de ses rêves étranges.
Oui, il fallait la retrouver.

Cependant un problème se posait d’emblée : par où commencer les recherches ?
N’avait-elle rien dit concernant l’endroit exact où elle vivait ? Non. Elle n’avait pas eu besoin, puisqu’initialement Jinn devait la suivre jusque chez elle comme un petit toutou. Le cas où il se serait perdu n’avait pas été envisagé.
Jinn fit confiance à la Force. Peut-être qu’elle lui apporterait un peu de chance, comme quand il avait passé la sécurité syenyolienne sans se faire repérer.
Oui, avec un peu de chance, Call vivait ici, dans la capitale : Yetiyes.
Il entra dans le premier bar venu (décidément, il commençait à fréquenter un peu trop souvent ce genre d’endroit… se dit-il).
A la différence de celui de Cato-Neimoidia, celui-ci faisait bien plus huppé. L’enseigne à l’extérieur indiquait « Au riche marchand », et franchement, ce nom n’était pas galvaudé. La clientèle d’ici était propre, parfois richement vêtue. Cela n’empêchait pas la présence de quelques piliers de bar un peu moins recommandables évidemment. Mais dans l’ensemble, le standing n’était pas le même.
Et surtout, la grande différence résultait dans le fait qu’ici, la clientèle était exclusivement humaine.
Jinn s’approcha du bar :
« Bonjour. Avez-vous un annuaire de la ville ?
-Mouep, hoqueta le tenancier. Mais il faut consommer pour consulter. »
Jinn fouilla dans ses poches. Elles étaient à présent désespérément vides. Il en tira un malheureux crédit qui lui restait.
« Pour ça, j’ai droit à quoi ?
-Pour ça ? A un verre d’eau. Pas plus.
-Oh… L’eau n’est donc pas gratuite ?
-Si. Mais pour un crédit, je vous file un verre d’eau et le droit de consulter mon annuaire. »
Jinn retint le commentaire malpoli qui lui venait. Sans mot dire, il posa la pièce de métal devant l’homme. Ce dernier l’empocha et lui servit un verre d’eau du robinet. Puis, il sortit un datapad de dessous son comptoir et le posa à côté du verre.
« Un… datapad ?
-Ouep. Avant, j’avais une borne fixe, comme tout le monde. Mais des p’tits cons me l’ont défoncée. Du coup, je préfère le garder près de moi pour surveiller. Ça change quoi ? Une base de données c’est une base de données, non ? lança-t-il méchamment.
-Je n’ai rien dit. »





LXXII



Coff avait tout préparé. Du moins, il était presque certain de n’avoir rien oublié. Mais dans ce genre de situation nouvelle et dangereuse, donc imprévisible, comment savoir ?
Pour ses hommes, il était en route pour établir un traité d’échange économique. Ils n’en savaient pas plus, et n’avaient pas besoin d’en savoir plus. Une mission de cet ordre ne correspondait pas forcément avec ses attributions de général de surface, mais elles seyaient totalement avec son rôle officieux de chef de l’Etat kobocois. De toute façon, le gouvernement local officiel ne prendrait jamais de telles initiatives, et ça, tout le monde le savait.
En un sens, cette mission n’était pas totalement un mensonge : rencontrer un porte-parole étranger pour établir de nouvelles relations commerciales à l’échelle planétaire, c’est réellement ce qu’il comptait entreprendre. Mais sa mission véritable était toute autre.
Son vaisseau décolla du spatioport militaire. Le transporteur léger qu’il avait pris était justifié, considérant qu’il aurait pu ramener des cargaisons sur Koboc dès son retour, en guise d’échantillons à faire analyser à de véritables experts commerciaux. Mais l’engin avait l’inconvénient d’être lourd et peu maniable. Et surtout il était très faiblement armé –ce qui serait un problème s’il rencontrait des rebelles qui avaient décidé de tirer avant de savoir qui se trouvait à l’intérieur du véhicule… Après tout, il volait quand même sous la bannière de l’empire.
En quelques minutes, il monta en chandelle vers l’espace. Lorsqu’il fut en orbite, il alluma les moteurs hyperdrive pour les faire chauffer. Les techniciens ayant réalisé un pré-chauffage lorsque le vaisseau était au sol, les voyants passèrent au vert très rapidement. Il posa sa main sur le levier d’hyperpropulsion, prêt à quitter ce continuum espace-temps pour un autre, quand un bip se fit entendre.
Quelqu’un cherchait à entrer en contact avec lui. Et quelqu’un qui n’avait pas les codes d’accès impériaux, donc pas un de ses hommes. Puis sur son radar, Coff vit apparaître un petit chasseur inconnu, de conception vaguement impériale.
Il activa le communicateur. La voix de Lyona se fit entendre.
« Général Coff, finalement j’ai changé d’avis. Je veux bien…
-Cela m’est égal, s’empressa-t-il de la couper pour éviter un impair. Vous avez refusé de coopérer pour m’aider à démasquer la rébellion, vous serez seule à en payer le prix fort. Et c’est vous seule qui vous êtes mise dans le pétrin, Madame Eiznekcam.
-Mais, je…
-Vous n’avez pas su prendre le train en marche, et c’est votre problème. Vous êtes vraiment à cent parsecs de rentrer à nouveau dans les bonnes grâces de l’empire. Tout ce que je peux vous conseiller est de filer droit, à partir de maintenant ; de vous tenir à carreau à l’avenir. »
L’astuce était un peu grosse. Mais c’était la chose la moins louche que Coff ait pu trouver dans l’instant.
« Maintenant, rentrez chez vous, ça vaudra mieux. »
Lyona vit le vaisseau de Coff disparaître dans l’hyperespace, laissant le sien dériver seul en orbite.
Coff avait voulu jouer aux devinettes. Cela voulait dire qu’elle n’était pas censé le suivre. Elle devait donc le rejoindre par un autre vecteur hyperspatial que celui qu’il avait emprunté.
En quelques minutes, l’ordinateur de bord de Lyona calcula la position d’arrivée de Coff, en se servant de son vecteur d’entrée en hyperespace et en « filant tout droit » de « cent parsecs ». Lyona fit ensuite mine de vouloir rentrer sur la planète. Puis, comme prise de peur de se savoir traquée sur sa propre planète (du moins, elle espérait que c’est ce que penseraient les militaires dans leurs tours de contrôle du trafic spatial), elle poursuivit son chemin pour prendre l’espace dans une autre direction que celle de Coff.
Elle fit un bref saut hyperspatial en avant, suffisant toutefois pour être hors de portée des satellites de surveillance impériaux. Elle calcula ensuite un nouveau saut pour atteindre le point théorique où se trouvait Coff. Elle repassa en hyperespace, pour ensuite sortir au milieu de nulle part.
Il n’y avait absolument rien autour d’elle, hormis les étoiles très lointaines, et un transporteur impérial léger qui attendait sagement son arrivée.





LXXIII



N’ayant plus assez d’argent pour payer une nouvelle consommation, pas même un verre d’eau, Jinn dut ressortir du bar, le barman ayant refusé qu’il utilise gratuitement l’holo-transmetteur qui se trouvait dans le fond de la pièce.
Mais ce n’était pas important, car les deux seules « Call Birmoboe » de la ville ne semblaient pas habiter trop loin l’une de l’autre, d’après ce qu’il avait pu relever dans l’annuaire sur un morceau de flimsi (car dans sa grande générosité, le barman lui avait quand même donné une feuille de flimsi !). Il irait donc à pied, comme toujours.
Il frappa à la première porte. Une femme d’une trentaine d’année lui ouvrit, mais elle ne ressemblait en rien à celle qu’il était venu chercher.
« Vous êtes Call Birmoboe ?
-Oui ? Pourquoi ?
-Non, ce n’est rien. Ce n’est pas vous que je cherche. Excusez-moi de vous avoir dérangée. »
Elle lui referma presque la porte au nez. La seconde porte était forcément la bonne…
Il frappa. Une femme d’un âge avancé vint lui ouvrir. Il n’avait pas ouvert la bouche qu’elle pesta déjà :
« Oh non, ça recommence…
-Euh… Vous êtes Call Birmoboe ?
-Non. Je m’appelle Ronnoc Haras. Call Birmoboe, c’est l’ancienne locataire.
-Ah… Et vous savez où je peux la trouver ?
-Oui. Elle faisait suivre son courrier au début. Elle habite au 10cf, avenue Paereano.
-A côté de l’astroport ?
-C’est ça.
-Bon… Merci beaucoup. Prenez soin de vous. »
Une heure plus tard, il était revenu à son point de départ. Il sonna au 10cf de l’avenue Paereano. La porte s’ouvrit lentement.


« Alors comme ça, vous avez changé d’avis, Lyona ? »
Lyona Eiznekcam était à présent assise dans le fauteuil à côté du sien, dans le cockpit du vaisseau de transport de marchandises. Son petit chasseur avait été monté à bord quelques minutes auparavant.
« Et bien, j’ai beaucoup réfléchi. Nonobstant le fait que, comme vous me l’aviez fait remarquer, vous alliez probablement encore avoir besoin de moi, je me suis dit que vous suivre était ce que je me devais de faire, quoi qu’il arrive.
-Un devoir ? Vous pensez avoir ce devoir ?
-J’en suis sûre à présent. Etre fidèle à mes idéaux, être prête à faire de grosses concessions, comme par exemple quitter Koboc alors que je m’étais juré de ne plus jamais m’envoler pour une autre planète ; c’est ce que mon mari aurait voulu.
-Vos idéaux… Je croyais que vous ne souhaitiez prendre parti ni pour l’empire, ni pour la rébellion…
-Non. Je ne suis toujours pas pro-rebelle. Mais aider ma petite planète à obtenir pacifiquement un meilleur gouvernement dirigé par vous, cela me semble correspondre à ce en quoi je crois. En tout cas c’est ce dont je me suis aperçu après avoir découvert quel genre d’homme vous étiez : un homme en qui je veux placer ma confiance. »
Coff se croyait suffisamment insensible pour ne pas réagir suite à une telle déclaration. Mais bien qu’il ne le montra pas, il ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté, et aussi de la gratitude pour la Kobocoise.
Au fond quand il y pensait, leurs conversations, dont la plus ancienne remontait à une semaine à peine, l’avaient rendu presque plus proche de Lyona que de n’importe qui d’autre dans toute la galaxie. Y compris son ex-femme dont il avait partagé la vie pendant dix-huit ans mais qu’au fond il connaissait si peu –il s’en apercevait seulement maintenant.
Cette Kobocoise encore inconnue il y a quelques jours l’avait en quelques échanges plus connu que n’importe qui d’autre. Elle seule était entrée dans son cœur et son esprit, et de l’entendre à présent lui dire qu’il était un homme de confiance, c’était une chose quasi merveilleuse, même pour le général si stoïque qu’il avait appris à être.





LXXIV



« En somme, la rébellion, vous n’êtes ni pour ni contre.
-Tout ce que je veux est que vous fassiez en sorte que les Kobocois soient heureux. Que ce soit sous une république ou sous l’empire. Et au diable ma peur de voyager. Je refuse de me laisser gouverner par ma peur.
-Je me trompe peut-être, Madame Eiznekcam. Mais je crois que vous êtes vraiment une femme exceptionnelle. »
La quadrumane ne répondit rien. Ressentait-elle, elle aussi, la même gratitude que Coff devant un tel compliment ? Si c’était le cas, elle ne le montrait pas plus que lui.
« Une petite question cependant. Pourquoi m’avoir donné rendez-vous de manière codée.
-Ah, ça… Oui, je suis désolé d’avoir dû utiliser ce subterfuge grotesque. Mais je n’ai aucun moyen d’interdire à mes hommes d’écouter mes retransmissions orbitales, surtout dans un vaisseau de transport militaire. Vous auriez été un amiral, je ne dis pas. Passer sur un canal privé pour deviser de choses importantes sans être espionné aurait été possible, et logique. Mais j’ai supposé que votre chasseur était identifié clairement comme étant le vôtre…
-Il était à mon époux. Il est toujours à son nom.
-Vous voyez… Votre identité ne faisait donc aucun doute. Clairement, passer sur un canal privé ne se justifiait pas. Vous n’êtes même pas militaire. Ça aurait paru louche. C’est bien vous qui me disiez de faire attention à mon image…
-C’est ma faute, je suis désolée. J’aurais dû vous prévenir que j’avais décidé de vous accompagner. Vous auriez eu le temps de trouver une autre excuse.
-Ce qui est fait est fait. Mais je doute que mon propre stratagème ait été vraiment efficace de toute façon. Mes hommes ne sont pas idiots : le code était tellement simple qu’ils ont dû deviner.
-Je ne vous ai pas suivi directement. J’ai emprunté un autre vecteur hyperspatial, pour ne pas donner l’impression de vous suivre…
-Ça ne changera rien, ils ne seront pas dupes. Espérons juste qu’ils ne décident pas de faire de zèle, et qu’ils oublient tout cela comme si c’était un détail sans importance.
-Je suis sincèrement navrée, Halaser. J’ai mis votre mission en péril. J’aurais dû vous rejoindre plus tard, attendre un jour ou deux.
-Non. Je n’aurais pas pu vous attendre ici.
-Pourquoi ?
-Oui, il est temps de répondre aussi à cette question. »
Coff tourna son siège pour faire face au panneau de contrôle. Tandis qu’il activait différents commutateurs pour préparer un nouveau saut, il reprit.
« Nous nous rendons sur Homenssa, pour y rencontrer la dirigeante d’un conglomérat commercial qui dirige presque toute l’économie planétaire.
-Quel rapport avec la rébellion ?
-Le mois dernier, j’ai rencontré cette dirigeante, une humaine du nom de Gerah Pollmau, dans le cadre d’un congrès sur l’impact des tirennes sur l’économie à l’échelle planétaire.
-Pourquoi étiez-vous à…
-J’avais été invité par Sovo Aixmokmac. Je suppose que vous le connaissez ?
-Evidemment ! C’est le plus riche industriel de tout Koboc.
-Lors de ce congrès, nous avons un peu parlé en privé, cette Gerah, Aixmokmac et moi. Et elle nous a tenu un discours plutôt étrange.
-Etrange ?
-Oui. Un discours qui laissait sous-entendre que dans cette guerre qui nous occupe, elle ne choisissait pas forcément le camp qu’elle aurait dû choisir en s’adressant au général impérial que j’étais…
-L’a-t-elle dit explicitement ? Qu’elle soutenait la rébellion ?
-Non. Rien de plus que des allusions.
-Ça me semble être une piste assez douteuse, si je puis me permettre. Et puis, elle peut soutenir l’effort rebelle intérieurement, louer leur action, sans pour autant passer à l’acte elle-même… Elle ne nous conduira pas nécessairement aux rebelles eux-mêmes.
-Il est une règle quand on mène une enquête, ma chère Lyona. Quand les pistes sont nombreuses, vous explorez d’abord les moins douteuses. Quand il y en a peu et qu’elles sont toutes douteuses, vous ne réfléchissez plus et vous les explorez toutes. »
Coff marqua un temps pour la laisser méditer sur le sujet. Mais visiblement elle n’était pas convaincue.
« Ecoutez, je sais que ça ne veut rien dire. Mais il faut bien tenter quelque chose. Et puis, je me dis que quelque part, si la rébellion voulait rallier à elle une planète d’importance aussi stratégique que Homenssa, elle commencerait par convertir tous ceux qui ont du poids, de l’influence, notamment sur l’économie, et qui lui sont déjà favorables…
-Possible.
-De toute façon, je ne compte pas lui demander tout de suite de me faire rencontrer des rebelles. Je devrai la jouer fine, et tenter de savoir ce qui se trame réellement derrière sa tête. Et si son discours masqué de tantôt était une méprise de ma part, au pire, je pourrais toujours tenter de remplir ma mission officielle : établir un partenariat commercial juteux qui devrait booster l’économie kobocoise.
-Effectivement, vu comme ça, on ne prend pas de gros risques… admit-elle. »
Elle tira le levier, les étoiles se changèrent en traits, puis disparurent au profit de la vision tournoyante du ciel hyperspatial.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Lun 25 Mar 2013 - 21:07, modifié 1 fois.
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 24 Mar 2013 - 23:07   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Pour cette histoire de grade, le fait est que dans le cas présent, le chef de la base devient chef du ministère (je rappelle que Coff est le ministre de la police impériale). Il cumule deux statuts. Par conséquent les militaires kobocois ne sont pas tenus à la même hiérarchie (on ne devient pas ministre suppléant du jour au lendemain...!!). Mais Coff veut éviter de s'attirer le courroux de ceux de ses hommes qui se voient encore comme de simples soldats (et il y en a beaucoup, Gright le premier).
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Messagepar Hiivsha » Lun 25 Mar 2013 - 13:28   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Ok, lu... ça avance, ça avance... mais côté Jinn on sait toujours pas où tu veux en venir ! :x

les doigts dans le nez => beurk Image

Pourtant, les humains chargés des contrôles avaient vérifié sa carte d’identité. Sans rien détecter d’anormal. => pourquoi un point entre "identité" et "sans" ?

C’est donc plutôt heureux –heureux de ne plus être un fugitif- +< pourquoi cet aparté ? Pourquoi ne pas avoir mis une phrase normale : "c'est donc plutôt heureux de ne plus être un fugitif"

semblait avoir mystérieusement disparue => disparu

Call n’avait probablement pas d’ennemis ni de contraintes particulières sur sa propre planète. => puisqu'elle n'en n'avait PAS, je mettrais le singulier

Il était probable que la Force elle-même l’ait guidé vers Call Birmoboe => bon finalement y'a pas que moi qui utiliserai la Force pour expliquer les coïncidences scénaristiques ! :siffle:

Les techniciens ayant réalisés => réalisé

de se savoir traquer => traquée

Jinn dût ressortir => dut

il y a quelques minutes => avait (mais la tournure est moyenne : "quelques minutes auparavant" sonnerait mieux)

vous me l’aviez fait remarqué => remarquer

Je croyais que vous me souhaitiez => ne

prendre partie => parti

je me suis aperçue => aperçu (verbe occasionnellement pronominal comme "je m'étais juré" que tu as bien écrit : accord avec COD "ce" indéfini)
NB : par contre on écrirait : je me suis aperçue dans la glace ;)

leurs conversations, dont la plus ancienne remontait à une semaine à peine, l’avait rendu presque plus proche de Lyona => l'avaient rendu (leurs conversations)

sans être espionner => espionné ou espionnés si on considère Coff seul ou avec l'hypothétique amiral

Je devrais la jouer fine => là pour le coup je mettrais le futur "devrai" parce qu'il en est certain. "Tu devras la jouer fine pour..."

son discours masqué de tantôt => "tantôt" se réfère à "la même journée"... or le congrès c'était il y a plusieurs jours !

Elle tira le levier => c'est elle qui pilote ?
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 25 Mar 2013 - 21:17   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Ouille, y'avait d'l'erreur là d'dans!

Hiivsha a écrit:Pourtant, les humains chargés des contrôles avaient vérifié sa carte d’identité. Sans rien détecter d’anormal. => pourquoi un point entre "identité" et "sans" ?

Oui, non, effectivement, je ne sais pas pourquoi.
Hiivsha a écrit:C’est donc plutôt heureux –heureux de ne plus être un fugitif- +< pourquoi cet aparté ? Pourquoi ne pas avoir mis une phrase normale : "c'est donc plutôt heureux de ne plus être un fugitif"

Parce qu'il est seul à nouveau, donc en réalité n'a aucune raison de se réjouir. Il faut comprendre la phrase de la manière suivante : c'est plutôt heureux -le bonheur tout relatif de ne plus être en fuite- blabla. C'est comme ça que je vois cet aparté.
Hiivsha a écrit:Il était probable que la Force elle-même l’ait guidé vers Call Birmoboe => bon finalement y'a pas que moi qui utiliserai la Force pour expliquer les coïncidences scénaristiques !

Ca n'a rien à voir avec toi. Ceci était la pensée d'un jedi (qui, lui, est convaincu parce qu'on lui a appris à penser de la sorte, que rien n'est dû au hasard).
Hiivsha a écrit:son discours masqué de tantôt => "tantôt" se réfère à "la même journée"... or le congrès c'était il y a plusieurs jours !

Pourquoi "tantôt" ferait référence à la même journée? Tantôt, c'est tantôt quoi...! C'est dans un passé indéterminé.
Hiivsha a écrit:Elle tira le levier => c'est elle qui pilote ?

Je n'ai jamais dit que le transporteur était un monoplace. C'est un bi-place et elle peut très bien tirer le levier en lieu et place de Coff (je rappelle qu'elle est venue en chasseur stellaire : elle sait piloter -même si je reconnais qu'elle pratique peu). Si c'est elle qui tire et pas Coff, c'était surtout pour le côté visuel de la scène (elle s'inquiète ; Coff la convainc ; "effectivement on ne prend pas de gros risques" ; puis pour montrer sa conviction c'est elle qui déclenche le saut hyperspatial).

Tout le reste est corrigé dans le texte.
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 25 Mar 2013 - 21:33   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

LXXV



Call avait aimablement proposé une tasse de thé à Jinn. Et puis, elle s’était assise en face de lui, pour faire celle qui souhaite avoir une conversation polie. Mais elle ne disait pas un mot. Son regard fuyant était plus souvent plongé dans sa tasse d’eau chaude que sur son invité.
Ce n’est pas que Jinn n’était pas le bienvenu : un être pour lequel elle avait déjà pris tant de risques, était forcément le bienvenu chez elle. Mais il la gênait, il la mettait mal à l’aise.
Jinn en était conscient : c’était tellement évident. Mais son instinct lui soufflait qu’il devait être là et pas à un autre endroit. Alors rendre mal à l’aise son hôtesse devait être négligeable.
« Ecoutez, lui dit-il avec le plus grand calme, je vois que ma présence vous gêne. Dites-moi ce qui ne va pas, et je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que les choses s’arrangent entre nous.
-Vous ne pouvez rien faire concernant ce qui me préoccupe.
-Ah… Et qu’est-ce qui vous préoccupe ?
-Vous. »
Jinn ne dit rien, attendant sagement.
« M. Skywalker, depuis que vous êtes entré chez moi, vous n’avez pas dit un mot. Pourtant, je sais déjà ce que vous voulez, et cela m’effraie.
-Et… qu’est-ce que je veux selon vous ?
-Vous croyez que je ne l’ai pas compris ? Dans le vaisseau qui nous a amenés ici, déjà, je l’avais compris. Vous voulez que je vous parle de ce qui s’est passé à l’astroport de Zarra. Mais cela m’effraie d’en parler.
-Et c’est pour ça que vous vous êtes éclipsée dès que nous avons atterri sur Syenyolia ?
-Je… Oui. Je suis désolée.
-Non, c’est moi qui suis désolé d’insister. Mais je dois savoir. Oui, vous aviez raison, c’est bien de Cato-Neimoidia que je voudrais que vous me parliez. C’est vital pour moi.
-Pourquoi ? Parce que vous en avez rêvé ?
-Parce que ma mémoire défaille depuis quelques temps. Et que m’accrocher à mes rêves, à ce que j’y vois, est la dernière solution que j’ai trouvée pour pouvoir la reconstituer. Je dois savoir. »
Call poussa un soupir. Elle ne voulait vraiment pas en parler, mais elle comprenait aussi que le jedi ne partirait pas sans une réponse, alors…
« J’étais aux toilettes de l’astroport. J’attendais mon vol pour rentrer sur Syenyolia. Et puis, une créature étrange s’est jetée sur moi. (sa voix fit des trémolos, sa frayeur était palpable, même des jours après) Je ne sais pas ce que c’était : cette chose étrange m’a agrippée de toutes ses forces. Elle était collée à moi, mais c’était si terrifiant que je n’ai pas vraiment fait attention, pas dans le détail. Une sorte de bête tentaculaire, qui essayait de m’étouffer. »
Call baissa les yeux, elle respirait de plus en plus difficilement.
« Et ensuite ?
-Ensuite, j’ai réussi à lui faire lâcher prise, je ne sais pas trop comment. J’ai cru m’en être sortie, mais la chose infâme était toujours là, au sol. Elle n’avait pas d’yeux, j’en suis presque sûre. Mais je savais qu’elle me regardait. Je me suis alors mise à hurler, puis à courir. La chose s’est mise en mouvement en même temps que moi. Quand je me suis retournée, elle avait grossi, beaucoup, et avait commencé à s’agripper à tous les gens qui la croisaient. Tout le monde se mettait à la fuir : c’était la panique générale. Et puis j’ai réussi à sortir sans qu’elle ne me touche à nouveau.
-Et ensuite…
-Ensuite… c’est tout. Il ne s’est rien passé de plus que ça. Je vous le jure. »
Jinn demeura silencieux, légèrement renfrogné.
« Je sais ce que vous vous dites. Oui, je sais. Vous trouvez peut-être que c’est stupide d’avoir peur de ça. Mais je vous assure que ce machin était la chose la plus horrible qui soit.
-Et cette… chose, donc, vous savez ce que c’était ?
-Je ne sais pas, je vous dis. Mais je ne veux plus jamais penser à ce truc de toute ma vie. S’il vous plaît, ne me demandez plus rien à son sujet, parce que je ne veux plus l’évoquer. »
Une expression de profond dégoût vint s’ajouter à la peur de la femme, et un frisson lui parcourut l’échine.
« Je ne dirais plus rien. »





LXXVI



Et comme promis, Jinn ne dit plus rien du tout. Il s’en voulut d’avoir ainsi perturbé la jeune femme. Parce que maintenant qu’il connaissait l’histoire, il commençait aussi à se dire que cela n’avait servi à rien. Le mystère qui entourait l’événement de l’astroport général l’avait poussé à croire que sa résolution était aussi la clef de son énigme personnelle. Mais en fin de compte, la créature tentaculaire ne semblait avoir aucun rapport ni avec lui, ni avec Koboc, ni même avec le caisson de stase.
En bref, hormis le fait qu’il était libéré des impériaux, ce séjour syenyolien ne l’avait pas plus avancé.
Il but une dernière gorgée de thé. Puis, quand sa tasse fut vidée, il la reposa sur la table et tenta de se lever.
Call le stoppa dans son élan.
« Vous partez déjà ? questionna-t-elle d’un ton qui se voulait dénué de son effroi de tantôt (cela ne fonctionnait pas totalement d’ailleurs).
-Je ne vous ai que trop gênée. Je ne veux plus être un fardeau. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, mais je vais me débrouiller à présent.
-Vous débrouiller ? Je croyais que vous n’aviez plus beaucoup d’argent… »
En vérité, il n’en avait plus du tout. Mais Jinn préféra le garder pour lui.
« Vraiment, je vous en prie, rasseyez-vous, le supplia-t-elle presque. Je vois bien que je vous ai fait fuir. Et je ne veux pas que ce soit le cas. Disparaître à l’astroport, ce n’était pas bien de ma part. Restez, s’il vous plaît.
-Je vous ai causé du soucis. Je ne veux pas…
-Ne dites pas de bêtises ! fit-elle avec un peu plus de véhémence dans la voix. Vous ne me dérangez pas du tout. Enfin… à moins que vous ne me forciez à parler de nouveau de cette… Enfin, vous avez promis que vous ne direz plus rien, non ?
-J’ai promis. Je tiens mes promesses.
-Alors restez, j’insiste. »
Comme pour renforcer sa proposition, Call empoigna la théière et remplit à nouveau la tasse de Jinn.
« Bien… Merci beaucoup, c’est très généreux de votre part. De quoi voulez-vous que nous parlions, alors ?
-Je ne sais pas trop. Nous pourrions badiner un peu moins que deux simples étrangers qui se rencontrent dans un bar sur Cato-Neimoidia, qu’en dites-vous… Dites-moi, que faites-vous dans la vie, Jinn ? »
Cette fois, Call semblait avoir totalement retrouvé sa bonne humeur, ayant presque oublié la créature qui l’effrayait cinq minutes plus tôt. Ce qui convenait tout à fait au jedi.
« Je suis… à vrai dire, je ne fais rien en ce moment. Je ne travaille plus.
-Ah… Je me doute qu’un homme recherché par l’empire ne doit pas avoir trop le temps de se poser et de trouver un job fixe. »
Jinn eut un petit rire.
« Mais… même avant Cato, je n’avais plus de travail…
-Sacrée coïncidence n’est-ce pas ?
-Quoi donc ?
-Moi non plus je ne travaille plus. Depuis peu.
-Ah… Désolé pour vous que ayez perdu votre emploi.
-Ne le soyez pas. Il n’y a rien à regretter. Au fait, nous pourrions peut-être nous tutoyer à présent ? Vu ce qu’on a vécu vous et moi… Qu’en dites-vous ?
-Eum… Comme vous voulez. Enfin, je veux dire, comme tu veux.
-Oui. Donc, j’ai perdu mon travail. Mais ce n’est pas grave. J’en cherche un nouveau.
-Tu faisais quoi, avant ?
-Oh… Rien de précis. Je vivais de nombreuses activités très différentes, en fait.
-Ah… Et tu cherches dans quel domaine ?
-Et bien… C’est un peu spécial. Je ne suis pas sûre que vous… que TU connaisses.
-Dis toujours.
-As-tu déjà entendu parler du Thunderball ?
-Le quoi ?
-Tu vois, je savais bien que tu n’en avais jamais entendu parler ! »
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Mer 27 Mar 2013 - 20:32, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Lun 25 Mar 2013 - 21:53   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:Ca n'a rien à voir avec toi. Ceci était la pensée d'un jedi (qui, lui, est convaincu parce qu'on lui a appris à penser de la sorte, que rien n'est dû au hasard).


Oui mais quel heureux enchainement de hasards... ou est-ce la Force ? Ça ne change rien ;)
D'ailleurs si les Jedi enseignent que rien n'est dû au hasard mais à la Force seulement qui est à l'oeuvre dans l'univers, et qu'on considère les Jedi comme des "sages" dans SW, alors, on peut considérer que c'est vrai. Du coup, dans les livres SW y'a plus de hasard, mais la Force à l'oeuvre... :)

Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:son discours masqué de tantôt => "tantôt" se réfère à "la même journée"... or le congrès c'était il y a plusieurs jours !


Pourquoi "tantôt" ferait référence à la même journée? Tantôt, c'est tantôt quoi...! C'est dans un passé indéterminé.

tantôt adv. (et n. m.) 1. Cet après-midi, dans l’après-midi. Si je ne pars pas ce matin, je partirai tantôt. ¶ n. m. Rég., fam. Après-midi. Il a passé tout le tantôt à la maison. ­ (En appos.) Jeudi tantôt.
2. Vx ou rég. Dans peu de temps ou il y a peu de temps (dans une même journée). On se verra tantôt. ­ À tantôt: à tout à l’heure.
3. Tantôt..., tantôt... ( marquant une alternance, une opposition): à tel moment..., à un autre moment. Il se porte tantôt bien, tantôt mal.

Bref, "tantôt" pour "l'autre jour" comme tu l'as écrit, c'est pas dans la définition du mot ! (Même si les gens le disent à tort !)

_______________

Lu. Beaucoup moins de choses à dire. On se demande toujours où tu veux en venir... car en fait, c'est une histoire un peu atypique. Le scénario pour l'instant se résume en deux ou trois phrases et du coup, on a envie de savoir ce qui va finir par arriver, autre que des péripétie "annexes". Parce que pour l'instant, sur l'histoire de Jinn, on a guère progressé... enfin, si j'ai rien raté... parce que je me connais... ma femme et ma fille te diraient que je comprends généralement pas grand chose aux histoires. :x

et la dernière solution que j’ai trouvée => est

Je ne vous ai que trop gêné. => gênée
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Messagepar Kléber Valéra » Mer 27 Mar 2013 - 20:39   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:Du coup, dans les livres SW y'a plus de hasard, mais la Force à l'oeuvre...

On peut voir les choses comme ça, effectivement. A condition que ça ne devienne pas une excuse de facilité pour écrire des histoires n'importe comment et prendre ses lecteurs pour des pigeons. Attention! Ne me fais pas pire ce que je n'ai pas dit : ce n'est absolument pas le cas de "le Cercle Sombre" (sinon ça fait un bail que j'aurai arrêté!!). Je ne fais que répondre à ta remarque.
Hiivsha a écrit:Bref, "tantôt" pour "l'autre jour" comme tu l'as écrit, c'est pas dans la définition du mot ! (Même si les gens le disent à tort !)

Ok. Je ne savais pas. A l'avenir, je corrigerai (si j'y pense évidemment ; mais j'essaierai d'y penser!).
Hiivsha a écrit:c'est une histoire un peu atypique

Dans le sens : une histoire atypique pour du SW parce que pas une histoire d'aventures ? (auquel cas je le prends comme un compliment : ça veut dire que j'ai réussi à m'extraire des clichés de l'UE tout en racontant quelque chose qui se passe dans cet univers que j'apprécie) Ou dans le sens : pas très intéressante, mais comme je suis qqn de sympathique je préfères évoquer le mot "atypique"...
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Messagepar Hiivsha » Mer 27 Mar 2013 - 20:44   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:Dans le sens : une histoire atypique pour du SW parce que pas une histoire d'aventures ? (auquel cas je le prends comme un compliment : ça veut dire que j'ai réussi à m'extraire des clichés de l'UE tout en racontant quelque chose qui se passe dans cet univers que j'apprécie)


C'est ça ! :wink:
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Messagepar Kléber Valéra » Mer 27 Mar 2013 - 21:23   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:C'est ça !

Bon alors, ça va...



**************************


LXXVII



« C’est… difficile à expliquer pour un non-syenyolien. Mais ici, c’est aussi connu que le pod ou les courses de blobs dans le reste de la galaxie…
-Je n’ai jamais entendu parler de courses de blobs…
-Ah ?
-Donc, je suppose que c’est un sport ?
-Oui. Enfin, ici, on préfère appeler ça un « jeu ».
-Quelle différence ?
-Et bien… Les gens d’ici n’ont jamais compris ni vraiment apprécié la quantité colossale d’argent qui tourne souvent futilement autour du sport. Pour nous syenyoliens, ça fait perdre un peu de la noblesse de la chose. En fait, le Thunderball a beau être une compétition planétaire, c’est resté très… ouvert. Les professionnels y sont interdits. Voilà pourquoi c’est plus un jeu. Et moi, j’ai décidé de me lancer là-dedans.
-Vous… tu veux en vivre ? Il y a donc de l’argent en jeu quand même ?
-Comme toujours. Oui je sais, ce que je viens de te dire peut laisser supposer l’inverse. Disons simplement qu’en dépit de la popularité du jeu, nous n’atteignons pas les sommets de folie que peuvent atteindre beaucoup d’autres sports du point de vue financier. Nous savons nous montrer raisonnables.
-Je veux bien te croire. Et tu comptes donc devenir une grande joueuse de Thunderball ? Parce que, sans vouloir te vexer, tu ne sembles pas tout à fait taillée pour la compétition de haut niveau… »
Jinn la regarda longuement droit dans les yeux. Il ne pouvait s’empêcher de penser à son bras droit très pâle, probablement une prothèse mécanique, séquelle d’un accident passé, qui devait sans doute lui interdire de s’inscrire à une quelconque compétition sportive.
« A vrai dire, je pensais me lancer comme coach. Entraîner, trouver quelques sponsors –oui, il en faut quand même un peu ! ajouta-t-elle en voyant son regard. Mais pour ne rien te cacher, je n’ai personne à entraîner, alors ça n’aide pas vraiment… »
Jinn sentait le coup venir. Et franchement, il n’en avait pas vraiment envie : il avait autre chose à faire.
Mais avant qu’il ait pu noyer le poisson, Call sembla s’illuminer d’un coup :
« Hey ! Mais, tu pourrais être mon joueur ! Non ? Je veux dire, toi, tu es plutôt bien bâti ?
-Hum… Je ne sais pas si…
-Tu as de bons réflexes ? »
Excellente question en effet. Avec la Force, Jinn avait d’excellents réflexes. Mais sans ? Il eut bien vite la réponse. Car alors qu’il commençait à répondre « je ne crois pas », Call s’était emparé d’un stylet et l’avait lancé rapidement sur lui. Evidemment, ça n’aurait pas pu lui faire mal. Mais le test fut quand même positif. En raison de ses années d’entraînement intense, le corps de Jinn réagit de manière automatique, même sans la Force. Il empoigna vivement le stylet de métal et le brisa en deux en le serrant.
« Whou !! On peut dire que ça répond à ma question !
-Ecoute Call, je te suis très reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour moi jusque là. Vraiment. Mais je suis navré de te dire que ce n’est pas du tout dans mes intentions de devenir un champion de Thunderball. »
La femme se renfrogna. Visiblement, elle était fâchée de cette réponse. Elle comprenait aussi qu’elle ne pourrait pas faire marcher son invité à la baguette. Fort heureusement, elle ne manquait pas d’arguments.
« Ecoute à ton tour. Je comprends que ce ne soit pas dans tes priorités. Mais tu n’es plus poursuivi par l’empire, non ? Tu n’es pas un fugitif visiblement. Il serait donc temps de vivre un peu ! Profite ! Syenyolia est peut-être une des rares planètes où grâce à notre bon gouverneur Swan, l’Empire nous laisse encore nous amuser. Qu’est-ce que ça te coûte, franchement ? Une semaine de ton temps… Ce n’est rien du tout une semaine.
-Une compétition qui ne dure qu’une semaine ? Ça n’existe pas.
-Ici, si. Quand je te disais que les professionnels n’existaient pas, ça n’était pas qu’une façon de parler : n’importe qui peut participer, c’est ça qui est beau. Même le dernier arrivé. Allez ! Une semaine à t’amuser. Et on s’en fiche si on ne gagne pas. Je t’entraîne, tu joues. Et en échange, tu es nourri, logé, blanchi, ce n’est pas rien, si ? »
Sans s’en rendre compte, Jinn tapota sur ses poches, désespérément vides.
« Une semaine ?
-Pas plus.
-Bon… Alors va pour un peu de sport. »
Il soupira faiblement.
« Super ! Du coup il faut que tu maîtrises le plus vite possible. Dès demain, sur le terrain. »
Jinn songea que c’était une très mauvaise idée. Si suivre la piste de l’astroport ne l’avait pas éclairé sur son passé, il y avait quand même eu une faible chance pour qu’elle le puisse. Mais à l’inverse, il voyait difficilement comment se présenter à un concours sportif le ferait.
Mais dans cet univers, certaines considérations vitales primaient sur le reste. Et son désœuvrement pécuniaire était à présent son premier souci.





LXXVIII



Quelque part dans la Cité Impériale, le joyau de l’Empire Galactique…
Un holotransmetteur se mit à sonner. L’homme à qui il appartenait dormait fermement, et rien n’aurait pu troubler son sommeil. Hormis un holotransmetteur se mettant à sonner, évidemment.
Il se leva et se rendit lentement vers l’appareil, lui-même dans la pièce voisine. Même si cela le contrariait, et surtout si cela contrariait sa nuit qui avait si bien commencé, il ne pouvait pas ne pas répondre. A une heure aussi tardive, ce ne pouvait être qu’une urgence. Et si toutefois ça ne l’était pas, celui qui l’avait dérangé sans raison paierait le prix fort pour son outrecuidance.
Arrivé devant la petite chose métallique d’apparence insignifiante, il pressa le bouton d’activation. Un visage joufflu en trois dimensions apparut devant lui.
« Moui… marmonna-t-il entre ses dents.
-Navré de vous déranger à cette heure, Monsieur. Croyez-bien que je…
-Au fait, s’il vous plaît.
-Bien. Nous avons un appel en attente pour vous.
-Un appel ?
-Un appel sur fréquence cryptée, Monsieur. C’est un code impérial de niveau 3, tout semble en ordre.
-Une transmission cryptée diffusée directement ici, sur mon poste privé, et à cette heure ? Qu’est-ce que c’est, une attaque ?
-Non monsieur. A vrai dire, votre correspondant a refusé de nous informer de la raison de son appel. Mais il semble très impatient. Et il a bien dit qu’il ne parlerait qu’à vous. Dois-je vous le passer ?
-Faites donc. »
Un petit bip se fit entendre sur la ligne et le visage de l’homme disparut, signe que la communication s’engageait. Un nouveau visage apparut, très flou, celui d’un homme blond.
« Je suis désolé de…
-Qui que vous soyez, écoutez-moi attentivement, le coupa le coruscantien. Vous n’êtes pas un de mes supérieurs, sinon vous m’auriez appelé sur mon autre ligne, même pour une urgence. Si vous êtes un civil, sachez que la détention d’un code militaire impérial de niveau 3 est strictement prohibée. Si on ajoute à cela le fait que vous m’avez réveillé en pleine nuit, je vous affirme que vous êtes dans de sales draps. Si toutefois vous êtes militaire, on pourra éventuellement s’arranger. Mais je vous conseille quand même d’avoir eu une excellente raison pour avoir outrepassé le protocole en me contactant sur mon holo personnel, et surtout à cette heure.
-Je suis confus, Monsieur. Je ne pensais pas qu’il était si tard sur Coruscant.
-Abrégez !
-Pardon. Ainsi, vous ne me reconnaissez pas ?
-L’holotransmetteur sur lequel vous appelez n’est pas prévu pour recevoir les fréquences cryptées. L’image de votre tête saute sans arrêt. Soit dit en passant, votre tête véritable risque de sauter aussi si vous ne vous dépêchez pas de me dire qui vous êtes. Et si je peux me…
-Colonel Gright, Monsieur. »
L’attitude de l’autre changea du tout au tout.
« Gright… susurra-t-il comme si de lointains souvenirs resurgissaient soudain. Polnius Gright ?
-Oui, Monsieur.
-Ainsi, je comprends mieux pourquoi vous émettez sur mon poste privé… Quel bon vent vous amène à moi, colonel ? Dites-moi donc quelle peut bien être la raison d’un appel aussi tardif ?
-Encore navré pour l’heure mais…
-Oh… Je disais tardif pas tant pour l’heure de votre appel, mais surtout pour le temps que vous avez mis à me contacter… Après tout, ça doit bien faire cinq ans que je vous ai laissé l’adresse de mon holotransmetteur ?
-A peu près, oui. Malheureusement, ce qui m’amène serait plutôt une bien mauvaise bourrasque qu’un bon vent, Monsieur. C’est une affaire assez complexe. Et je dois vous avouer que si cela faisait longtemps que je voulais vous contacter, je ne me suis décidé que très récemment à le faire.
-Ah… Très bien. Et pour quelle raison ? »
Malgré l’image floue et qui sautait, on voyait clairement que Gright baissait la tête. Il peinait à vouloir parler, comme s’il n’était toujours pas totalement convaincu de devoir dire ce qu’il était venu dire.
« Nous avons à nouveau besoin de vous ici.
-Ah oui ?
-Oui. Il se passe des choses anormales. Le genre de mauvaises choses contre lesquelles je n’ai personnellement pas l’autorité nécessaire pour pouvoir agir. Mais vous si. C’est pour cela que je vous contacte vous plutôt qu’un autre.
-Vous n’avez pas l’autorité pour agir ? Pourquoi ne pas en parler directement à votre supérieur alors ?
-Justement, c’est cela le problème. Pour ne rien vous cacher, Coff agit de façon étrange.
-GENERAL Coff, je vous prie. Etrange vous dites ? Qu’entendez-vous par-là ?
-Depuis le début de sa prise de fonction déjà, il m’avait semblé qu’il n’était pas apte à occuper ce poste. Loin de moi l’idée de remettre en question les décisions d’un si haut gradé, mais il demeure que certaines de ses actions m’ont toujours paru en décalage avec la doctrine impériale dont nous sommes censés être les garants. Et quand Son Altesse Impériale a ordonné de durcir le ton vis-à-vis des populations locales pour démasquer les rebelles, il n’a en rien changé sa politique de fonctionnement ; et j’ai presque envie de dire : bien au contraire.
-Ma foi, je ne vois là rien qui pourrait être de nature à m’inquiéter. Tant qu’il démasque quand même les rebelles avérés, je ne vois pas en quoi le fait de rester « souple » soit problématique.
-Je vais donc préciser ma pensée, vu qu’apparemment je n’ai pas été assez clair : de nombreux éléments me portent à croire qu’il pourrait avoir des accointances avec la rébellion. Le dernier cas en date : une compagnie a arrêté un individu qui a ensuite été interrogé. Bien qu’il n’y ait eu aucune preuve formelle, tout ce que nous avons appris de lui indiquait qu’il était un rebelle potentiel. Ça crevait les yeux remarquez ! Mais quand j’ai évoqué cette possibilité, il a fait mine de ne rien avoir entendu. Et ensuite, prétextant que les preuves étaient insuffisantes, il l’a relâché.
-Ne vous est-il pas venu à l’esprit qu’il pouvait l’avoir fait suivre pour démanteler un réseau, et que cela pouvait expliquer la liberté offerte à cet homme ?
-Bien entendu, j’y ai pensé. Mais en ce cas, il y a à la base largement assez d’hommes pour mener une telle mission d’espionnage, vous ne croyez pas ? Pourtant, j’ai eu depuis peu accès à ses dossiers –légalement, s’empressa d’ajouter Gright. Et j’ai vérifié : personne ici n’a été assigné à une telle mission. Pas même les gars des missions spéciales. »
L’autre resta muet quelques instants, pensif.
« Mmm… C’est très curieux en effet.
-Comme vous dites, Monsieur. Et si je rapproche certains évènements qui datent un peu plus, le doute m’est de moins en moins permis. Je pense que mes soupçons à son sujet sont un peu plus que de simples hypothèses.
-Bien sûr. Je suppose que vous ne m’auriez pas appelé sinon… Vous avez toujours eu un excellent jugement, Gright. Parlez moi encore de Coff, cela m’intéresse beaucoup… »





LXXIX



Call et Jinn se trouvaient à présent dans une salle de Thunderball. Une seule chose était certaine : ce gymnase totalement rond ne devait servir qu’à ce sport et à aucun autre…
Les murs circulaires montaient à deux mètres de hauteur, mais il n’y avait aucun plafond. A la place, ils devenaient de très hautes marches de permabéton formant les gradins qui entouraient la salle de jeu. Presque comme si les spectateurs regardaient les matchs du dessus, les joueurs étant dans ce qui ressemblait à une fosse circulaire.
Fosse dans laquelle se trouvaient à présent Call et Jinn. Ainsi que deux autres personnes ; un autre joueur et un autre entraîneur, en train de discuter dans leur coin.
« Bon ! lança Call comme un trait de laser. Le principe est simple. Tu vois le poteau au milieu du cercle de jeu ?
-Oui.
-C’est le pic noir. Pendant le match, des éclairs sortent du cube qui se trouve au bout du pic noir de manière aléatoire, tentant de toucher la zone rectangulaire qui se trouve derrière chacun des deux concurrents –c’est le mur vital. »
Elle pointa du doigt une portion du mur circulaire sur lequel était dessiné un rectangle. Il n’y avait évidemment aucun gradin juste derrière cette portion, pour éviter que les spectateurs ne voient qu’un des deux joueurs pendant tout un match.
« Des éclairs ? C’est pour ça, le nom, Thunderball…
-Ouep. Les éclairs arrivent selon différents angles, différentes directions, différentes fréquences. Et ce pour chaque joueur. Evidemment, en moyenne, tout est calculé informatiquement pour que la difficulté soit identique pour chaque joueur sur une partie donnée. Sinon, ce serait idiot, il n’y aurait aucun intérêt…
-A quoi ? C’est quoi, le but ?
-Chaque joueur tient un bâton qui s’appelle tout bêtement le paratonnerre. Pas besoin de te dire à quoi il sert… Si les éclairs frappent la zone de vie d’un joueur pendant une minute complète, le joueur adverse gagne une manche. Le premier des deux qui en gagne trois gagne la partie.
-Et la balle ?
-Quelle balle ?
-C’est bien ThunderBALL, que ce jeu s’appelle…
-Ah oui. Ben… Peut-être qu’il y en avait à l’origine. Ou peut-être que c’est pour que le mot se termine comme beaucoup d’autres noms de sports. Je ne sais pas vraiment. Mais il n’y a aucune balle en l’occurrence. »
Le Thunderball… Un sport intéressant. Jinn n’avait jamais entendu parler de ce jeu avant, mais c’était presque la copie conforme d’un autre « jeu » qu’il connaissait bien. Au temple, lorsqu’il n’était qu’un novice, il existait un jeu prétendument inventé par un jedi du nom d’At’hari Rekrap et appelé « l’Arène jedi ». C’était pratiquement la même chose que ce « Thunderball », à ceci près que les paratonnerres étaient remplacés par des sabres-laser d’entraînement, et le « pic noir » par une réplique –ces petites sphères volantes utilisées pour l’entraînement au sabre- modifiée pour lancer des éclairs.
D’ailleurs, le version jedi du jeu était plutôt controversée. Car si elle permettait d’exercer les réflexes et la précision des jeunes jedi, elle entretenait aussi l’esprit de compétition, étant donné qu’elle était toujours pratiquée entre deux adversaires devant résister plus longtemps que l’autre. Et si la détermination et la volonté étaient des qualités utiles pour remplir les missions ardues généralement confiées aux jedi, certains anciens estimaient que le jeu était plus source de conflit qu’autre chose.
En tout cas, une chose était certaine. L’Arène jedi et le Thunderball étaient trop proches pour ne pas avoir une origine commune. Quant à savoir lequel était né en premier… Peu importait à Jinn. Tout ce qui comptait était de savoir s’il serait capable d’y jouer sans la Force.





LXXX



« Bon. Ça me semble clair.
-On commence donc ?
-Pourquoi pas. »
Call sortit quelques instants vers les vestiaires, puis revint chargée d’un grand sac noir. Elle l’ouvrit et en sortit un chasuble, des coudières et des genouillères, un casque, ainsi qu’un long bâton qui ne pouvait être que le paratonnerre. Sur chaque objet, il était écrit RE&CC en rouge sur fond noir.
« Je croyais que c’était un sport noble ? Où il n’y avait que peu d’argent en jeu ?
-Oui, ben… Je ne suis pas milliardaire non plus ! Si tu savais le prix de ces trucs ! Il faut bien pouvoir trouver un sponsor quand même. Et puis, à quoi servirais-je le cas échéant ? »
Jinn ne fit aucun commentaire. Plus il apprenait à le connaître, plus ce sport glorifié par les syenyoliens lui semblait similaire à tous les autres, en dépit de ce que Call lui avait affirmé. Enfin…
« Prends ça, lui ordonna Call. »
Jinn empoigna le paratonnerre. Puis il enfila les protections à mesure que Call les lui passait. Quand il fut prêt, il se dirigea naturellement vers le « mur vital », tandis que Call allait vers le centre de l’arène pour activer le pic noir d’entraînement. A l’inverse d’un pic noir prévu pour la compétition, la fréquence de tir de ce dernier pouvait être réglée à loisir, et il attaquait indépendamment les deux demi-cercles qui constituaient le terrain de jeu.
Heureusement d’ailleurs, car l’autre couple présent était encore en train de discuter stratégie de jeu.
« Bon. On va commencer soft. »
Call tourna quelques potentiomètres sur le côté du cube qui surmontait le pic noir. Jinn était prêt. Il attendit. Mais rien ne vint.
« Tu es sûre de l’avoir bien allu… »
Un éclair ultra-rapide sortit du cube et vint le frapper de plein fouet. Puis il disparut aussi soudainement qu’il était apparu. Mais sous la violence du coup, Jinn s’était retrouvé les fesses par terre.
« Wooohh… Tu ne m’avais pas dit que c’était un sport mortel !
-Désolée. Normalement, c’est le mur derrière que ça frappe, pas le concurrent. Mais comme ça peut arriver quand même, on m’a toujours dit qu’il fallait savoir ce que ça faisait.
-Mouais. Tu aurais pu prévenir.
-Encore désolée. Ça va ?
-Oui, ça va. Mais bon, la prochaine fois dis-le. »
Jinn se remit sur pied, empoignant plus fermement encore son bâton. Call tripota à nouveau les boutons du pic noir. Un nouvel éclair apparut, sur sa gauche. En dépit de ce qu’il avait imaginé, même sans la Force, ses réflexes étaient fulgurants. Pendant les trois secondes où il était apparu, l’éclair n’avait eu le temps de frapper le mur que quelques centièmes de seconde. Ensuite, Jinn avait brandit son bâton sur le côté et l’éclair y avait été attiré, la foudre se déchargeant dans la batterie interne.
Call modifia encore les paramètres.
« Dis-moi, je crois que j’ai fait le bon choix ! Tu as des réflexes incroyables… »
Jinn se garda de dire qu’il avait déjà joué à un jeu similaire, et que ce « paratonnerre » ne se maniait par très différemment d’un sabre-laser.
« Je me débrouille, dit-il avec modestie.
-Au fait, avant qu’on reprenne, regarde derrière toi. »
Jinn fit volte-face. A l’endroit où le mur avait été touché, sa couleur bleue était devenue légèrement violette.
« En fait je t’ai dit qu’une manche était gagnée quand le pic noir touchait un des murs vitaux pendant une minute complète, n’est-ce pas ?
-Oui, et alors ?
-En fait, c’est pas TOUT le mur. Il faut que les éclairs touchent une même zone du mur pendant une minute.
-Et comment je peux savoir quelle zone du mur vital est sur le point d’atteindre la minute ?
-Facile. La mémoire : il suffit de te rappeler où les coups ont frappé depuis le début de la manche.
-Une autre proposition, peut-être ?
-Sinon, il y a la couleur. Un endroit a atteint la minute quand il devient presque rouge sang. En général, il vaut mieux se concentrer sur cette zone, car tu peux être sûr qu’elle est plus à risque que les autres.
-Et comment je sais la couleur des différentes zones de mon mur.
-Tu te retournes…
-En plein match ? Bon sang, ça doit être simple… ! »

Call remit en marche le pic noir, et Jinn passa l’heure suivante à s’entraîner. Et pour quelqu’un qui n’avait soit disant jamais joué à ce jeu, il se débrouillait merveilleusement bien. A tel point que les deux autres personnes présentes, qui avaient entre temps commencé leur entraînement, s’étaient arrêtés pour regarder les talents de l’ancien jedi.
Et aussi pour se morfondre en se disant qu’ils n’avaient probablement aucune chance contre lui…
Au bout d’une heure, Jinn sortit de sa douche et se rhabilla. Call l’attendait hors des vestiaires. Ils rentrèrent chez la syenyolienne.






Je sais, ça faisait beaucoup à lire (mais comme c'était un passage un peu lourd, je préférai tout mettre d'un coup : c'est comme quand on arrache un pansement, faut le faire d'un coup).
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Sam 30 Mar 2013 - 23:44, modifié 2 fois.
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Messagepar Hiivsha » Mer 27 Mar 2013 - 21:50   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Lu. Donc c'est pas une minute d'affilée qu'il faut que l'éclair touche le mur... c'est un cumul de temps mais dans une même zone ? :x

Rien à dire. Ça commence à sentir mauvais pour Coffs... :siffle:


Jinn songea que c’était une très mauvaise. => c'est une devinette ? J'essaye... "idée" ?

Et son désœuvrement pécuniaire était à présent son premier soucis. => souci

-GENERAL Coff, je vous prie, le réprimanda-t-il. => Non le "il" ici ne va pas. D'autant moins que la dernière personne à qui tu fais explicitement allusion est Gright

C’était littéralement la même chose que => pourquoi "littéralement" ici ? Dans quel sens ? Ne serait-ce pas mieux "pratiquement" vu qu'au final y'a des différences entre les deux jeux ?

où il était apparut => apparu
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Messagepar Kléber Valéra » Jeu 28 Mar 2013 - 23:36   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:pourquoi "littéralement" ici ? Dans quel sens ? Ne serait-ce pas mieux "pratiquement" vu qu'au final y'a des différences entre les deux jeux ?

C'est une hyperbole : les différences sont tellement infimes qu'il lui est même difficile de les constater...


******************************




LXXXI



« Bien… Nous y sommes.
-En effet, général.
-Lyona, cessez de m’appeler ainsi. Il me semble que la nature de notre relation nous dispense de ce genre de politesses.
-Si vous le dites.
-Voici ce que je vous propose : vous restez dans le vaisseau et vous m’attendez. Il y a ici tout ce qu’il faut pour survivre quelques jours. Vous ne sortez à aucun prix, et vous attendez que je revienne. »
La Kobocoise le regarda avec des yeux ronds, effarée de ce qu’elle venait d’entendre.
« Pardon ? Vous plaisantez j’espère !
-Pas du tout. Je comprends tout à fait que cela puisse vous choquer. Mais vous n’avons pas le choix si nous voulons conserver la plus grande discrétion sur cette affaire.
-Est-ce un moyen de me protéger ?
-Non, je vous assure que non. Mais si vous aviez accepté de venir avec moi dès le départ, j’aurais trouvé une excuse auprès de mes hommes pour justifier le fait que je vous emmène. Mais puisque vous êtes venue à l’improviste, personne n’est au courant de votre présence.
-Et alors ?
-Alors même sans évoquer cette Gerah Pollmau, qui pourrait ne pas être la rebelle que nous soupçonnons, je risque de croiser de nombreux soldats et officiers en chemin. Et si jamais ils venaient à informer Koboc qu’on m’a vu en votre compagnie, je serai bien en peine d’expliquer que vous m’ayez rejoint sur la route quand nous serons de retour.
-Vous êtes général tout de même. Et ministre. Et chef d’Etat officieux. Vous n’avez pas vraiment de comptes à rendre… Seriez-vous devenu paranoïaque ?
-Depuis que j’ai pris la décision de renier mon camp et de contacter la rébellion pour le bien de Koboc, c’est fort possible. »
Coff la regarda très sérieusement, Lyona comprenait.
« Je maintiens donc que vous devrez rester dans ce vaisseau jusqu’à ce que mon entretien avec cette femme soit fini.
-Et le protocole ? Les militaires ne sont-ils pas censés inspecter votre transporteur à votre arrivée, pour vérifier que tout est en ordre ? Comment ferais-je pour les éviter ?
-Comme vous l’avez dit, je suis général. Si j’en donne l’ordre, personne n’entrera.
-Je comprends que vous n’ayez pas voulu faire une nouvelle halte pour me déposer sur une autre planète… Mais il n’empêche, vous me l’auriez dit avant, j’aurais au moins pu reprendre mon vaisseau et vous attendre discrètement en orbite… ! Et suffisamment loin pour ne pas alerter les autorités impériales locales.
-Effectivement. Mais si la rencontre s’éternise, je doute que vous ayez dans votre petit chasseur de quoi tenir plusieurs jours…
-Ce n’est pas faux.
-Donc, je suis navré de vous le dire, mais vous êtes à nouveau assignée à résidence, jusqu’à mon retour.
-A vos ordres, Halaser. »





LXXXII



« Vraiment, le hasard a bien fait les choses en me conduisant à toi, lui lança-t-elle en posant le plateau sur lequel reposait un appétissant gâteau au chocolat.
-Je pensais que tu ne croyais pas au hasard ? lui rétorqua Jinn.
-Ça dépend des jours. »
Le jedi se perdit quelques instants dans ses pensées.
« C’est vrai que c’était un drôle de hasard. Tu recherches un joueur, et comme par enchantement, tu en rencontres un… Note bien que je ne me connaissais pas de telles facultés innées pour ce jeu… »
Ce n’était pas entièrement un mensonge, puisque Jinn l’entendait dans le sens qu’il ne connaissait pas le Thunderball il y a peu.
« Euh… En fait, pour être tout à fait honnête, il n’y a rien d’exceptionnel dans cette coïncidence, parce que ça n’en est pas une. »
Jinn pencha la tête en signe d’interrogation.
« Pour ne rien te cacher, je ne cherchais pas vraiment un joueur. »
Jinn pencha la tête de l’autre côté pour l’inciter à poursuivre.
« Les compétitions sont si populaires ici qu’il y en a trois par an. Mais du coup, chaque championnat est réparti sur un très court laps de temps. On n’aurait pas une économie viable si on s’amusait tout le temps ! Et ce côté ponctuel est en fait la vraie raison qui supprime le côté « pro » et qui fait que n’importe qui peut s’inscrire presque du jour au lendemain.
-Bon, admettons. Mais je ne vois toujours pas le rapport : il me semble que je tombais à pic quand même, non ?
-Quand nous nous sommes rencontrés sur Cato-Neimoidia, je n’étais pas vraiment en vacances. Ou plutôt j’étais en vacances forcées. J’ai perdu mon boulot il y a peu, comme tu sais.
-Encore navré pour toi.
-Ce n’était pas une grosse perte, je t’assure. J’étais donc partie voyager quelques temps. Mais j’en avais assez de cette inactivité. Je cherchais à re-bosser, dans quelque chose qui me plaisait, sans avoir d’idée précise. Et puis quand tu es revenu me voir à l’hôtel, je me suis dit que c’était une aubaine, et que je pourrais faire comme tout le monde ici : me lancer dans le Thunderball, à la dernière minute. Tu avais le physique de l’emploi. »
Jinn ne dit rien, mais il ne se trouvait pas particulièrement taillé comme un sportif. Il était musclé de par son entraînement jedi, mais pas démesurément non plus.
« En fait, le hasard n’y est pour rien. Parce que je ne cherchais pas du tout un joueur à entraîner AVANT de te rencontrer. C’est notre rencontre qui m’a donné des idées. Finalement, j’ai un peu profité de toi. Et aussi du fait que tu avais besoin de quitter Cato-Neimoidia prestement. Tu m’en veux ? questionna-t-elle timidement, effrayée que le jedi ne se mette en rogne. »
Mais Jinn n’était pas du tout énervé. Cette femme était la gentillesse incarnée. Comment pouvait-il lui en vouloir de lui avoir un peu menti. Après tout, même si ses raisons n’avaient pas été totalement louables, elle lui avait quand même sauvé la mise.
Aussi, Jinn lui fit un grand sourire et lui répondit, enjoué :
« Pas le moins du monde. Simplement, à partir de maintenant, plus d’entourloupes. On est d’accord ?
-On est d’accord ! reprit-elle avec entrain, rassurée qu’il ne se soit pas fâché. »
Call découpa le gâteau et déposa la plus grosse part dans son assiette. Lorsqu’elle se fut elle-même servie, ils entamèrent le dessert de bon cœur.
« Par contre, puisque nous devons être francs, ma chère Call, je ne voudrais pas te décevoir, mais je doute d’être prêt pour la fin de la semaine prochaine, lui dit-il entre deux bouchées. J’ai dit que je participerai au championnat et je ne te ferai pas défaut. Mais même si comme tu dis les compétiteurs sont tous des inscrits de dernière minute, je doute que mes qualités innées soient suffisantes pour obtenir une victoire. Aussi, j’espère que tu ne comptes pas trop sur moi pour te rendre riche, parce que sans vouloir me sous-estimer non plus, je risque de te décevoir.
-Oh… Ne t’inquiète pas pour ça Jinn ! hulula-t-elle. Avec ce que m’a laissé mon mari, j’ai de quoi vivre correctement jusqu’à ma mort. »





LXXXIII



Call se tut immédiatement et ouvrit de grands yeux, choquée de ses propres paroles. Elle laissa retomber sa fourchette dans son assiette, comme si elle venait de dire la pire insanité sans s’en rendre compte.
« Tu as été mariée ? demanda Jinn posément. »
Call baissa les yeux. Toute sa bonne humeur avait disparu. Jinn comprit alors que comme pour la créature neimoidienne, le sujet était tabou. Cette femme était décidément très fermée. Mais alors qu’il s’apprêtait à relancer lui-même la conversation pour changer de sujet, Call s’ouvrit à lui.
« Oui, j’étais mariée, prononça-t-elle avec une infinie tristesse. Et j’avais un fils. Ils sont morts à présent. »
Elle soupira. Jinn ne dit plus rien du tout. C’était à elle de choisir si elle voulait ou non parler de ce sujet visiblement difficile, et il n’allait pas la forcer. Elle soupira quasi-imperceptiblement.
« Ecoute Jinn, j’ai beaucoup changé tu sais. Mais il fut un temps où je n’étais pas quelqu’un de bien.
-Call, tu n’es absolument pas obligée de…
-Non. Je crois que j’ai gardé mes secrets trop longtemps. Et il est plus que temps que j’en parle à quelqu’un. Et puis surtout, puisque nous faisons équipe, au moins le temps du tournoi de Thunderball, je crois qu’il est bon que tu saches chez qui tu mets les pieds. »
Call se leva et ouvrit le tiroir d’une commode qui était fermée à clef –celle-là même qu’elle portait en permanence autour de son cou. Elle en tira un bloc-mémoire gris, rayé de tous les côtés. Elle revint à la table mais ne s’assit pas, puis tendit le bloc à Jinn.
« C’est le journal que mon mari a tenu peu de temps avant sa mort. Il a vécu des choses incroyables tu sais ! Par la force des choses… Il serait bien que tu le lises, ça t’éclairera un peu je pense.
-C’est extrêmement intime, Call. Je te remercie de ta confiance, mais déontologiquement, je ne sais si je peux me permettre de lire ce dernier témoignage de…
-Lis-le, s’il te plaît. C’est important qu’on se souvienne. De lui, de ce qu’il a fait. Et surtout de ce que j’ai fait, moi. »
Son regard triste n’appelait aucune discussion. Jinn prit le journal sans ajouter mot, puis Call monta se coucher sans finir son dessert.
Après avoir observé le petit bloc quelques instants, Jinn se dirigea vers la cuisine pour remettre la pâtisserie non mangée dans le réfrigérateur. Puis il s’installa dans le fauteuil du living et, obéissant aux volontés de son hôtesse, alluma le bloc-mémoire.
Une première page d’écriture manuscrite, rédigée avec le stylet coincée dans l’encoche latérale, apparut sur l’écran. Il lut.



Notre arrivée :


Cela fait maintenant dix jours que nous sommes là. Et je ne sais pas où est ce « là ». Mais puisque nous sommes coincés ici, sur cette planète inconnue où il n’y a rien ni personne, je décide aujourd’hui de commencer l’écriture de ce journal.
Peut-être qu’un jour quelqu’un le retrouvera et connaîtra notre histoire. Je l’espère.

Mon nom est Kaalin Birmoboe. J’ai 34 ans, et je suis le père de Prully Birmoboe, mon fils que je chéris tant. Je ne détaillerai pas les évènements qui se sont passés bien avant notre arrivée ici –n’importe qui pourra connaître notre passé en retournant là d’où nous venons, à savoir Yetiyes, capitale syenyolienne.
Ce qui compte, c’est pourquoi nous sommes ici.
Nous sommes ici parce que j’ai été un mauvais père.

Je suis scientifique de formation. J’ai toujours adoré la science, la découverte de l’inconnu, la recherche éternelle pour comprendre notre univers. La science est une si noble chose à mes yeux… Pendant mes années de jeunesse, j’ai étudié la science par passion. Et puis, elle est devenue mon métier : j’ai été rapidement embauché par Calabi-Yau, une entreprise syenyolienne de recherche sur l’astronavigation. Ma spécialité était l’hypernavigation.

Je sais que beaucoup de gens détestent leur métier, et ne le font que pour manger. Je crois que la science que je pratiquais pour subvenir aux besoins de mon foyer me passionnait trop. Beaucoup trop.
A tel point que je suis resté aveugle très longtemps à ce qui se jouait sous mes yeux.
Ma femme, Call Birmoboe, ma tendre femme qui n’était rien de moins qu’une sainte à mes yeux, battait notre fils depuis son plus jeune âge. Et il a fallu que Prully ait atteint son dixième anniversaire pour que je m’en aperçoive enfin.
Alors, je dirais que ce n’est pas elle le monstre. C’est moi. Monstre de n’avoir rien vu.
Je croyais aimer mon fils. Je sais que lui m’aime, mais je ne suis pas digne de son amour.

Plongé depuis plus de six ans dans un métier que j’adorais mais qui me prenait tout mon temps, je n’ai pas vu la violence que celle que j’appelais encore ma femme il y a quelques jours seulement, déchaînait sur Prully. Et je n’ai pas entendu les appels de détresse de Prully, qui subissait sans avoir le soutien de son père.
Décidément, je suis vraiment un monstre.

Il y a dix jours, j’ai tout appris. De la bouche de Call elle-même.
Bien sûr, je n’y ai pas cru. J’ai pensé à une mauvaise blague : quelle stupidité de ma part ?
Mais tout était vrai. Elle le battait depuis ses quatre ans.
Bien sûr, personne ne pouvait savoir. Elle ne laissait pas de trace. Et Prully ne disait jamais rien : c’était sa mère après tout. Il ne disait JAMAIS rien. On disait, moi le premier, que c’était un garçon timide, rien de plus.
Bien sûr, personne ne pouvait savoir… A part moi. Moi qui rentrait chaque soir à la maison, qui mangeait avec lui, qui lui racontait parfois des contes pour l’endormir.
Je suis un monstre.

Quand j’ai appris, il y a dix jours, j’ai enfin agi comme j’aurais dû le faire depuis des lustres si j’avais été moins con ! Il y a dix jours, j’ai pris nos bagages, et je suis parti avec Prully en vaisseau, sur-le-champ. Tout ce que je voulais, c’était mettre le plus de distance entre mon fils et sa mère. Call a eu beau crier, je n’étais plus aveugle à ce moment-là.
Nous avons quitté Syenyolia.

Mais il a dû se passer quelque chose pendant le voyage. Quelque chose d’anormal. Car nous nous sommes crashés sur cette foutue planète où il n’y a absolument rien. Si ce n’est un air respirable –c’est déjà ça !
Nous avons survécu, et tout ce que j’avais emporté est à peu près en bon état. Mais notre vaisseau, lui, est une ruine irréparable. On peut dire qu’en quelque sorte, il s’est sacrifié pour nous…
En tout cas, nous sommes coincés là, Prully et moi, depuis dix jours. Mais je ne sais pas où est ce « là ».
Tout ce que je sais, c’est qu’à partir de maintenant et jusqu’à ma mort, mon fils passera avant tout le reste. Je le jure sur ma vie
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Messagepar Hiivsha » Ven 29 Mar 2013 - 11:32   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:pourquoi "littéralement" ici ? Dans quel sens ? Ne serait-ce pas mieux "pratiquement" vu qu'au final y'a des différences entre les deux jeux ?

C'est une hyperbole : les différences sont tellement infimes qu'il lui est même difficile de les constater...


C'est ce que je dis, donc "c'était pratiquement/presque/pour ainsi dire la même chose que..." pas "littéralement".

hyperbole n. f. 1. RHET Figure de style consistant à employer des expressions exagérées pour frapper l’esprit (ex. verser des torrents de larmes).

"Au temple, lorsqu’il n’était qu’un novice, il existait un jeu prétendument inventé par un jedi du nom d’At’hari Rekrap et appelé « l’Arène jedi ». C’était littéralement la même chose que ce « Thunderball », à ceci près que les paratonnerres étaient remplacés par des sabres-laser d’entraînement, et le « pic noir » par une réplique –ces petites sphères volantes utilisées pour l’entraînement au sabre- modifiée pour lancer des éclairs."

Où vois-tu une hyperbole ici ? :perplexe:

______________________________________________


Lu.
La fin apporte quelque chose de neuf dans une histoire qui ronronnait. Comment Call a-t-elle eu le carnet de son mari perdu sur un monde désert ? Pourquoi avouer cela à Jinn ? Finalement, on a l'impression qu'il y a 2 histoires parallèles. Vont-elles se rejoindre à la fin ?

-Oh… Ne t’inquiète pas pour ça Jinn ! hulula-t-elle. => :shock: "hululer" ça veut dire "crier" pour un rapace nocturne. Quel rapport ? Elle crie ? J'aurais pu comprendre : "roucoula-t-elle" à la rigueur.
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 29 Mar 2013 - 23:30   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:Où vois-tu une hyperbole ici ?

C'est une hyperbole puisque la formule est exagérée: je dis "littéralement" là ou il faudrait dire "quasi-littéralement".
Hiivsha a écrit:qu'il y a 2 histoires parallèles

J'aime bien ce côté "multi-récits". Je ne sais pas si tu connais le comics Watchmen d'où est tiré le film de Snyder? Il y a tout un passage comme ça, une toute autre histoire, introduite en plein milieu et sans aucun lien avec l'histoire des Watchmen. C'est en outre une superbe mise en abîme : c'est un personnage tertiaire du comics, qui lit un comics racontant une histoire de pirates. Et même si on sait dès le début qu'il n'y a aucun rapport entre les deux (intrigues distinctes, personnages différents, tons différents, et même dessins différents -ce qui est une gageure pour un même comic-book), on se retrouve passionné par les deux... A lire absolument, même si tu as vu le film.
Hiivsha a écrit:"hululer" ça veut dire "crier" pour un rapace nocturne.

Oui je sais. Et je sais aussi que ça ne se dit pas pour un humain, et je savais aussi que tu me ferais la remarque. Mais je trouve ça marrant...
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 29 Mar 2013 - 23:59   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

LXXXIV



La porte avait été fermée à clef. Et peu avant d’y entrer, Coff en avait vu sortir des hommes avec des détecteurs de micros. De là, le général en avait déduit que s’il n’était pas totalement parano pour cette rencontre, Pollmau, elle, l’était. Il espérait juste que ce n’était pas à cause de lui. Parce que si elle manquait de confiance dès le départ, il ne parviendrait jamais à lui faire dire si oui ou non elle était une rebelle.
Ceci dit, si c’était le cas, cela pouvait aussi justifier autant de méfiance.
« Je vous en prie, asseyez-vous, lui proposa-t-elle alors qu’il n’était plus que tous les deux dans la vaste salle de réunion. »
Coff s’assit sur la chaise la plus proche de lui. Elle l’imita deux chaises plus loin. La femme était rousse. Elle avait un visage fin et très agréable à regarder, ainsi qu’un port aristocratique.
« Votre visage ne m’est pas inconnu, lui fit-elle. Nous nous sommes déjà rencontrés auparavant, dans d’autres circonstances, n’est-ce pas ?
-Effectivement. Vous avez une excellente mémoire, Mme Pollmau.
-On me le dit souvent. Excusez-moi pour la fouille minutieuse que cette pièce a dû subir. Croyez bien que ce n’était pas dirigé contre vous. Mais comme vous le savez sans doute si vous avez fait quelques recherches sur moi, je n’ai été nommée que très récemment à la tête de Qinsha Holdings. Je voudrais que tout se passe pour le mieux pour mon intronisation à ce poste. Et vu l’éthique de nos concurrents actuels, on n’est jamais trop prudent…
-Vous avez donc tant d’ennemis ?
-Si on veut. La réussite, ça crée toujours de la jalousie. Or Qinsha Holdings a toujours réussi ce qu’elle a entrepris.
-Je comprends.
-Quant à vous, je crois comprendre que vous représentez la planète Koboc ?
-C’est un peu compliqué. C’est une chose que je dois répéter souvent, tant la chose est particulière. Je suis…
-Ne dites rien. Oui, je sais, j’ai fait des recherches sur vous. Vous cumulez le double-poste de général de surface et de ministre de la police. Mais j’ai cru comprendre que vous aviez, de manière tout à fait officieuse, le poste de gouverneur de la planète. C’est exact ?
-Tout à fait.
-Ainsi, vous êtes habilité à établir un traité commercial comme celui que vous êtes venu me proposer aujourd’hui ?
-Non. Le moment venu, je passerai la main à des groupements commerciaux kobocois qui seront bien plus qualifiés que moi pour prévoir tous les détails. Je ne suis là que pour discuter des grandes lignes, et faire en sorte que ce traité bénéficie à toute la planète…
-Ce traité… Hypothétique pour le moment. Ne mettons pas le droïde-laboureur avant les shaaks, si vous me permettez cette expression.
-Bien entendu. »
Coff marqua une pause. A partir de maintenant, il fallait qu’il amène le sujet de la rébellion sur le tapis. Heureusement, il y avait déjà réfléchi : il avait une petite idée pour l’introduire dans la conversation.
« Bien. Parlons business, donc. D’abord, vous devez savoir que l’industrie kobocoise ne demande qu’à se développer, comme toute industrie. Mais malheureusement, on ne lui en donne pas toujours les moyens. Comme vous le savez peut-être, puisqu’apparemment vous avez fait vos recherches, une grosse partie de notre industrie, notamment d’exportation, est basée sur la fabrication des atoniards, ainsi que tous les produits à plus forte valeur ajoutée que l’on peut fabriquer avec des atoniards : lérans, mourdines, pernorades, groubidous, etc.
-Oui, je le savais.
-Sans vous faire un cours de technique –je serais d’ailleurs dans ce domaine un piètre professeur- la fabrication initiale des atoniards nécessite l’utilisation de répulseurs, et en très grandes quantités, puisque le processus de fabrication détruit définitivement les répulseurs en quelques mois seulement.
-J’ai cru comprendre effectivement. Mais j’ai cru comprendre aussi que des recherches étaient faites pour augmenter leur durée de vie…
-Des recherches qui n’aboutiront pas tout de suite.
-Pas tout de suite ?
-D’accord. Des recherches qui n’aboutiront pas avant au moins quinze ans, d’après les spécialistes.
-Je le savais déjà en fait. Mais merci de votre honnêteté, général.
-Bref. Actuellement, notre principal fournisseur de répulseurs est aussi le principal producteur de la galaxie.
-Bakura ?
-Oui. Le problème, c’est que malgré le fait que nous soyons d’excellents clients, aucune entreprise bakurienne n’est prête à changer son process pour nous.
-C’est-à-dire ?
-Les entreprises bakuriennes sont des grosses structures qui font dans le standardisé. Et puisqu’aujourd’hui, répulseur standard signifie « répulseur de haute qualité », avec beaucoup de finition, nous devons payer hors de prix des répulseurs tout intégré alors que nous aurions simplement besoin de répulseurs bon marché, qui pourraient même tenir moins longtemps que les bakuriens, pourvus qu’ils soient adaptés énergétiquement parlant à la production des atoniards et qu’ils soient toujours fournis en grande quantité.
-Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir.
-Bien sûr que si vous voyez : faut-il vraiment que je le dise ?
-Pourquoi pas ?
-L’industrie homenssaïenne…
-Je vous coupe. On dit « homiote ».
-Pardon. L’industrie homiote, donc, possède je crois un pôle de fabrication de répulseurs.
-Si petit…
-Non, pas si petit justement. En revanche, la taille plus restreinte des structures qui le composent lui confère une certaine souplesse. Vous pouvez vous permettre de faire des répulseurs plus… light, moins finis, mais largement suffisants pour nos besoins industriels. Et aussi moins chers, je me trompe ?
-Ce n’est pas impossible. Et vous seriez prêt à délaisser vos fournisseurs de toujours pour travailler avec nous ?
-Bien sûr que non. Même en augmentant votre production drastiquement du jour au lendemain, ce qui me semble utopique, vous ne pourrez jamais nous fournir suffisamment et aussi rapidement. Mais disons que ce serait un complément qui nous intéresserait beaucoup. »
La femme sembla réfléchir longuement.
« En fait, je ne pensais pas du tout que vous étiez venu ici pour nous acheter des répulseurs. Mais pourquoi pas ? Après tout… (elle leva les yeux au ciel) Je vais donc vous avouer la chose suivante : vous avez raison, nous ne pourrons pas augmenter notre production si facilement. Je préfère que ce soit clair, ne pas vous raconter de bobards, puis que ce soit nous qui nous retrouvions coincés par la suite. Mais –et c’est là qu’on voit que vous êtes un militaire avec des notions de commerce et non un vrai commercial- je ne vois toujours pas en quoi ce projet pourrait nous intéresser, nous. Parce que notre industrie des répulseurs est à l’image de celle de Bakura : nous ne vendons que des produits finis. Et même si nos petites entreprises nous rendent plus souples que les bakuriens, et sans même parler d’augmentation de la production, il reste que changer de gammes de fabrication nécessite une restructuration complète de la filière. Donc un coût non négligeable pour un bénéfice des plus douteux…
-Un bénéfice douteux ? Si vous avez eu accès aux mêmes chiffres que moi, je ne crois pas que vous diriez cela. Ou est-ce une nouvelle ruse de commerciale pour arnaquer le militaire naïf que je suis ? »
La femme eut un sourire en coin, mais il pouvait signifier aussi bien « tu m’as démasquée » que « ta proposition ne m’intéresse pas ».
« Général Coff, je serai très curieuse de voir vos estimations. Pour ma part, je maintiens que la ré-organisation qu’impliquerait une alliance de ce type serait extrêmement difficile à mettre en place. Surtout avec des petites entreprises. Certes, notre pôle « technologie répulsive » est plus souple que la macro-industrie bakurienne, mais du coup nous n’avons pas leurs moyens…
-Vraiment ? Même avec un groupement comme le vôtre pour chapeauter l’opération ? »
La femme se mura dans un silence mystérieux.
« Je vous rappelle que si j’avais voulu m’entretenir avec le chef du PDTNAR (NDA : « Pôle de Développement des Technologies Nouvelles Attractives et Répulsives »), c’est lui que j’aurais contacté. Mais en l’occurrence, c’est à la dirigeante de Qinsha Holdings que je me suis adressé. Je suis convaincu qu’avec votre aide, et la nôtre, ce pan anecdotique de votre économie peut être appelé à se développer de manière conséquente. Et que tout Homenssa en profiterait. »
Gerah Pollmau resta pensive quelques instants, puis demanda :
« Vous n’êtes pas très bon en négociation. Mais vous restez relativement persuasif. Je sais que vous ne me donnerez pas de chiffres exacts, soit parce qu’ils sont confidentiels, soit parce que vous ne les avez pas encore précisément ; mais c’est juste pour me faire une idée : de combien de répulseurs à l’année parlons-nous ?
-Et bien… En admettant une croissance raisonnée de votre production, et un prix qui soit lui aussi raisonnable par rapport au marché galactique, l’on m’a dit qu’on pourrait aller de un à deux millions de pièces commandées par jour…
-Des pièces ? Ce n’est pas une unité que je connais.
-Navré, mais je ne suis pas un spécialiste, une fois encore. Je pense que ces chiffres doivent considérer comme unité les modèles les plus standard actuels ; mais je ne pourrais pas être plus précis.
-Ha… Alors peu importe le détail. Je crois, général Coff, que vous pouvez m’envoyer vos commerciaux, avec qui nous nous chargerons des détails. Pour tout ce qui nécessite un peu plus de précision justement. Oui, je crois que nous allons pouvoir faire affaire. »
Puisqu’elle estimait la séance terminée, la femme s’apprêta à sortir sans crier gare. Mais avec son histoire de commerce interplanétaire, Coff l’avait amenée exactement là où il voulait. Il était donc temps de passer aux choses sérieuses.
« Pas si vite, Mme Pollmau ! Nous n’en avons pas fini.
-Vraiment ? Je croyais que vous vous jugiez par trop incompétent pour établir des contrats commerciaux en bonne et due forme…
-Je ne le nie pas. Il reste cependant un détail à régler qui n’a rien de commercial et que je préfère prévoir moi-même, avant que notre petite affaire ne passe entre les mains d’experts techniques et financiers qui sauront mieux que moi faire profiter Koboc de notre partenariat.
-Et Homenssa !
-Bien entendu. Ce petit détail est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai préféré me déplacer en personne.
-Ah… Bien. Alors, étudions ce détail. »
Pollmau était visiblement trop intéressée par l’affaire pour ne pas se soumettre aux volontés de son hôte.
« Je vous écoute. »





LXXXV



Son discours avait donc parfaitement fonctionné pour le moment. Coff ne s’était donc pas trompé en choisissant ce dossier de développement industriel parmi tous ceux qu’il avait vus passer sous son nez pour qu’ils aient l’aval du ministre de l’empire, avant de passer aux mains inexpertes du gouvernement kobocois légitime. Même si concrètement, l’alliance commerciale actuelle entre Koboc et Bakura fonctionnait de manière idéale, ce projet avec Homenssa était tout à fait crédible, et constituait une excuse valable justifiant sa présence. Et dans le pire des cas, c’est-à-dire si la femme n’avait rien d’une rebelle, il aurait éventuellement gagné un nouveau fournisseur pour les industries de l’atoniard : c’était donc tout bénéfice pour Koboc.
Ceci dit, Pollmau lui avait dit qu’elle n’avait pas initialement pensé à cette histoire de répulseurs. Si toutefois ce n’était pas une ruse de sa part, il étudierait peut-être ultérieurement cette évocation d’un autre échange si cela pouvait profiter à sa planète d’adoption. Mais cette considération économique viendrait après : d’abord la politique.
D’autant que maintenant, elle était à point pour entendre ce qu’il voulait vraiment lui dire.
« Comme vous l’avez compris, notre besoin est grand. Aussi, nous ne saurions attendre les livraisons trop longtemps après commande. Or en admettant que vos vaisseaux parcourent logiquement une ligne droite entre Homenssa et Koboc, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’ils passeraient forcément par Druckenwell. J’ai raison ?
-Oui, c’est probable. Et alors ?
-Alors d’après ce que je sais, un groupuscule terroriste potentiellement rattaché à la rébellion semble avoir depuis peu fait des environs de Druckenwell son terrain de jeu. Je ne parle pas de la planète elle-même évidemment, qui est relativement éloignée de ce type de problème. Mais on dit que les vaisseaux environnants sont régulièrement attaqués dans des escarmouches mortelles. Qui nous seraient fatales si la lie galactique continuait à proliférer dans ce secteur. »
Pollmau fronça les sourcils.
« C’est curieux, parce que je n’avais pas entendu parler d’un tel groupe de rebelles… »
Evidemment qu’elle n’avait pas pu, puisque l’information n’était que pure invention. Restait à savoir si elle croyait qu’il disait vrai et s’en retrouvait sincèrement étonnée, ou si elle savait pertinemment qu’il lui mentait.
« Honnêtement, reprit-elle, je doute que ce soit le cas. Druckenwell se trouve en plein milieu de la Passe Corellienne : je vois mal votre empire laisser agir un groupe rebelle sans aucune réaction, sur une route aussi importante économiquement parlant. »
Etait-ce enfin l’aveu qu’il attendait ?
« Que voulez-vous dire par « mon » empire, Mme Pollmau ? dit-il avec une légère pointe d’irritation feinte. »
Mais alors qu’il s’attendait à l’avoir déstabilisée, elle poursuivit sans aucune crainte.
« Voyons, général… Si vous vous souvenez comme moi de notre précédente rencontre, vous devez forcément vous souvenir de ce que je vous avais dit. A savoir que je ne portais pas forcément notre gouvernement dans mon cœur…
-Vos mots exacts étaient « si Palpatine mourait demain, ça ne changerait rien à mon existence. Et je suis même convaincue que ça en améliorerait beaucoup, des existences. »
-Votre mémoire aussi est excellente, général Coff. »
Ils se dévisagèrent quelques instants.
« Seriez-vous donc une partisane de l’Alliance Rebelle ? »
Coff s’en voulut de cette phrase. C’était probablement encore trop tôt.
« Vous êtes vraiment venu pour me proposer un échange commercial ? Ou pour me faire mettre en prison ?
-Répondre par une question à une autre question n’est pas une réponse à mes yeux.
-Et si je vous disais que oui, qu’est-ce que cela changerait ? »





LXXXVI



Coff la regarda droit dans les yeux, sans rien pouvoir y déceler. Aussi, il décida de se lancer. Et tant pis pour les précautions, il en avait déjà trop pris. Maintenant, c’était du risque qu’il lui fallait, sinon l’affaire n’avancerait jamais.
« Cela changerait beaucoup de choses. Je pourrais vous demander de me mettre en contact avec eux par exemple.
-Pour les éliminer de l’intérieur, probablement. N’est-ce pas ce que Palpatine ordonne à toute l’armée : détruire la rébellion par tous les moyens ?
-Je ne suis pas Palpatine. Et je suis plus ministre kobocois que général impérial. Non, ce ne serait pas pour les éliminer. Pas du tout même. »
Pollmau le dévisagea longuement, le visage fermé. Elle se mit debout quelques instants, comme si elle allait partir à nouveau. Puis elle se rassit dans une position différente, plus relâchée.
« Je crois, Coff, que vous n’avez pas été honnête depuis le début de cette séance, je me trompe ?
-Non, je ne l’ai pas été.
-Je crois aussi que ce n’est pas pour parler d’affaires commerciales que vous avez en réalité souhaité me rencontrer. »
Coff ne répondit pas cette fois, mais ses yeux exprimaient à nouveau son assentiment.
« Si je vous dit que je n’ai pas été tout à fait honnête avec vous, moi non plus, parce que je doutais encore de vos intentions réelles, cela vous convaincra-t-il de me révéler la raison de votre présence ?
-J’avais donc vu juste. Vous êtes une rebelle.
-Et vous, Halaser Coff ?
-Non. Mais je pourrais le devenir… »
Pollmau se permit un léger sourire en coin. Cette fois c’était assurément un aveu.
« Ecoutez Pollmau, si toutefois c’est bien votre nom –mais j’en doute. Je vais être clair. Sans vouloir jouer les défaitistes, je pense que l’empire galactique n’en a plus pour très longtemps. Certes, votre Alliance Rebelle ressemble encore à un insecte sans importance en comparaison de la machine impériale écrasante, mais votre détermination et le soutien populaire de plus en plus grand dont vous bénéficiez vous mèneront à terme à la victoire, j’en suis certain. Yavin a prouvé de quoi vous étiez capables. Cependant, je reste sceptique sur les valeurs que vous véhiculez : je ne voudrais pas qu’un mauvais gouvernement comme celui auquel j’ai fait allégeance il y a longtemps, soit remplacé par un autre encore pire.
-Vos craintes sont compréhensibles. Alors ?
-Bien que je sois coruscantien d’origine, Koboc est depuis cinq ans ma terre d’adoption. Elle m’est très importante, et le reste m’est égal. Alors voilà ce que je vous propose. Nous envisageons ensemble, secrètement évidemment, une façon d’anticiper votre victoire, et de prévoir comment Koboc sera rattachée à votre éventuelle nouvelle république. Mais j’en resterai le dirigeant, officiel cette fois, et je serai libre d’agir comme je le voudrais sur ce territoire.
-Si je résume bien, vous voulez conserver votre poste et votre statut, ainsi qu’agir suivant les méthodes impériales, mais avec la bénédiction de notre futur gouvernement républicain ? Et donc échapper à une éventuelle accusation pour tous les crimes commis pendant votre règne ? Quelle serait notre crédibilité si nous acceptions une telle chose ?
-Ne vous faites pas d’illusions, vous serez bien forcés de l’accepter parfois, notamment quand un peuple se refusera à vous. Sinon vous deviendriez vous-mêmes une dictature, et c’est là que votre discours serait incohérent. Et je vais être plus clair me concernant : je ne fais pas cette proposition dans le but d’avoir encore plus de pouvoir que je n’en ai déjà, mais par idéalisme. C’est triste à dire mais c’est un fait : actuellement, les Kobocois sont totalement incapables de se gouverner eux-mêmes. Et comme ce n’est ni par contrainte, ni par lâcheté, mais bien par conviction que j’ai initialement choisi l’empire, croyez-bien que je n’ai aujourd’hui que moyennement confiance en votre future prise de pouvoir, ou en votre rébellion. Il est hors de question qu’elle prenne en main le devenir de Koboc.
-Vous dites que les Kobocois sont incapables de s’autogouverner. C’est bien possible… Mais nous sommes bien forcés de leur laisser le choix. Et devant la liberté que nous leur proposerions comme aux autres peuples, je doute qu’ils vous choisissent comme despote éclairé. Surtout un humain, pas un natif de Koboc, et de surcroît un général impérial.
-Dès mon retour, j’entreprendrai de former secrètement une nouvelle élite méritante avec certains Kobocois que je connais, et qui pourront me remplacer quand j’estimerai le moment venu –ce qui pourrait soit dit en passant se produire bien après votre victoire. Mais en attendant, vous rebelles devrez vous contenter de mon offre de dictature transitionnelle. C’est ça où vous vous débrouillez complètement avec Koboc. Que ce soit avec le piètre gouvernement kobocois actuel, ou avec mon remplaçant que l’empire, ou ce qu’il en restera, désignera.
-Vous ne nous laissez pas vraiment le choix…
-Ça vous étonne ?
-Si c’est bien par idéalisme que vous nous forcez la main, comme vous le prétendez : non.
-Alors nous pouvons donc faire affaire ? Je ne parle pas des atoniards évidemment. Encore que l’un n’empêche pas l’autre. »
Sans rien répondre, « Pollmau » tendit la main à Coff. Une main qu’il s’empressa de serrer aussitôt avec sérieux et beaucoup d’entrain.
« A partir de maintenant, sachez que vous devrez être vigilant dans tout ce que vous direz et ferez.
-Merci, je l’avais compris.
-Ne cherchez pas à nous re-contacter, c’est nous qui vous contacterons.
-Je me doute.
-Et au fait, vous comprendrez que je ne puisse vous donner mon nom véritable. Mais si un jour vous avez besoin de me nommer, vous pouvez m’appeler la Traceuse. »
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Sam 30 Mar 2013 - 23:48, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Sam 30 Mar 2013 - 11:56   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:Où vois-tu une hyperbole ici ?

C'est une hyperbole puisque la formule est exagérée: je dis "littéralement" là ou il faudrait dire "quasi-littéralement".


Tu capillotractes... de toute façon, même "quasi-littéralement" ici ça voudrait rien dire non plus... et une hyperbole, c'est pas ça du tout. :pfff:


Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:"hululer" ça veut dire "crier" pour un rapace nocturne.

Oui je sais. Et je sais aussi que ça ne se dit pas pour un humain, et je savais aussi que tu me ferais la remarque. Mais je trouve ça marrant...


Marrant d'écrire des choses non appropriées ? C'est toi qui voit, hein ? :neutre:
________________________

Kehor Nabaag a écrit:Bon, dsl, y'a probablement pas mal de fautes, j'ai pas eu trop le temps de corriger...


Dans ce cas, t'es pas obligé de poster tous les soirs... Au début, ton argument était : "je poste tous les soirs parce que ça m'oblige à écrire chaque jour"... mais comme tu as fini ta fic, cet argument ne tient plus. Du coup, on t'en voudra pas si tu postes quelque chose de bien tous les 2 ou 3 jours, plutôt qu'un truc plein de fautes tous les soirs... :neutre: question respect du lecteur. :wink:

Ceci étant dit, il y a peu de coquilles dans ton texte... même non corrigé. ;)

des détecteurs d’appareils de surveillance => ah oui... sur le moment j'avais pas compris (j'ai dû relire 4 ou 5 fois la phrase pour piger). Tu aurais mis des "détecteurs de micros et autres gadgets d'espionnage", j'aurais mis moins de temps à saisir.

sur la chaise la plus proche de lui => on peut alléger en n'écrivant pas "de lui" qui est l'évidence même

Elle l’imita deux chaises plus loin. => ils sont donc autour d'une table de réunion ?

subire => subir

tout ce passe pour le mieux => se

nous ne serions attendre => saurions

cela vous convaincra-t-il à me révéler => convaincre "de"

en votre futur prise de pouvoir => future

Kehor Nabaag a écrit:J'ai bien conscience que ça faisait un gros pavé. Mais justement, je préférais ne pas le couper pour cette raison, pour éviter de morceler un passage où il fallait bien suivre d'un bout à l'autre... (j'espère que ça passe quand même...)


Tu as très bien fait. La discussion était très agréable. Cependant on ne peut s'empêcher de penser qu'il est relativement facile de blouser une rebelle avec de "bonnes-intentions-mais-pas-trop" en aussi peu de temps. Les spécialistes de l'intox du BSI pourraient s'en donner à cœur joie pour les infiltrer. ;)
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 31 Mar 2013 - 0:09   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:"quasi-littéralement" ici ça voudrait rien dire non plus

Je n'ai jamais dit le contraire. Le sujet est clos si tu veux bien (j'ai mis "pratiquement").
Hiivsha a écrit:des choses non appropriées

Non appropriées... Imagées, serait plus juste. Dis-moi, tu aimes Boris Vian? Quand il écrit : "parce que le goût du vent était merveilleux", tu trouves ça approprié? Evidemment que le vent n'a pas de goût. Mais le contexte permet largement de se représenter l'image, et donc explique. Je veux bien admettre que j'ai eu tort sur le "littéralement" (d'ailleurs, je ne l'aurais pas finalement corrigé si ça n'avait pas été le cas). Mais le fait de parler de manière imagée n'est pas un problème tant que le lecteur peut se le représenter. Personnellement, en tant que lecteur de ma propre histoire, je m'imagine tout à fait Call en train de hululer comme une chouette (parce que c'est bien de ça qu'il s'agit).
Je suis tout à fait conscient que certains n'aiment pas ce type de lecture, par trop absurde ou invraisemblable... Mais bon, c'est pas comme si c'était toutes les 5 minutes non plus!
Hiivsha a écrit:sur la chaise la plus proche de lui => on peut alléger en n'écrivant pas "de lui" qui est l'évidence même

C'est ce qui était écrit au début. Mais j'ai eu moi-même du mal à visualiser la scène en relisant mon texte. Donc, je me suis dit qu'il fallait peut-être en rajouter un peu...
Hiivsha a écrit:Cependant on ne peut s'empêcher de penser qu'il est relativement facile de blouser une rebelle avec de "bonnes-intentions-mais-pas-trop" en aussi peu de temps.

Il faut lire entre les lignes... Pollmau dit : "parce que je doutais encore de vos intentions réelles". Il est donc largement suggéré qu'elle savait pourquoi il venait vraiment. Mais comment pouvait-elle ne serait-ce que le supposer? considérant que Coff n'a pris cette décision que récemment... La réponse est simple : elle savait bien à qui elle avait affaire. Ce qui signifie que la rébellion surveillait Coff comme un candidat potentiel à un changement de camp, et ce depuis le début. Je ne dirais pas que la mise en place organisée de Pollmau à la tête de Qinsha Holdings avait pour seul but de lui permettre de rencontrer Coff (parce que ce n'est pas le cas). En revanche, quand des mois plus tôt elle a rencontré le général en compagnie du riche industriel kobocois, ce qu'elle lui a dit n'était pas le fruit du hasard non plus!

Le reste est corrigé dans le texte.
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 31 Mar 2013 - 0:34   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

LXXXVII



Jinn commençait à mieux comprendre Call. La lecture de cette première partie du journal de Kaalin Birmoboe faisait perdre un peu du mystère dont s’était entourée sa femme jusqu’à présent. En tout cas, Jinn comprenait pourquoi elle avait absolument tenu à ce qu’il lise le journal de son défunt époux.
Call avait eu un passé étrange. Aux dires de Kaalin, elle avait été une bien mauvaise mère, battant leur fils Prully. Peut-être parce qu’elle-même était une enfant battue ? C’était souvent ainsi que cela se passait, les parents projetant leur propre vécu sur leurs enfants.
Sans doute qu’aujourd’hui, à voir la femme inoffensive et charitable qu’elle était devenue, Call avait changé. Et probablement qu’elle s’en voulait pour ses actes.
Insister pour qu’un inconnu comme Jinn lise ce journal pour y apprendre la femme terrible qu’elle avait un jour été, c’était comme l’admettre ouvertement. Un repentir évident transparaissait dans son attitude. Un besoin de trouver la rédemption, pour une paix qu’elle n’avait jamais obtenue.
Très franchement, Jinn n’aurait pas été très étonné si Call lui avait dit que ni Kaalin ni Prully n’avaient jamais voulu lui pardonner ce qu’elle avait été. La chose était évidente à ses yeux : Call recherchait un pardon qu’elle n’obtenait pas, qu’elle se refusait peut-être à elle-même tout au fond, en dépit de la sincérité apparente de son regret.
Au final, entre Call qui avait battu son fils puis recherché vainement un pardon, et Kaalin qui dans ce journal ne cessait de s’accuser de sa passivité aussi véhémentement que s’il avait battu son fils lui-même, cette famille semblait vraiment se complaire dans le malheur…

Mais qu’importe. Il obéirait à son hôtesse, et respecterait la mémoire de Kaalin en lisant son dernier témoignage.
Jinn avait débarrassé la table depuis longtemps, était monté se coucher. Et faute de trouver le sommeil, il poursuivit sa lecture, allongé sur son lit.




La planète


Cela fait à présent un mois que nous sommes ici. Je ne sais toujours pas comment se nomme cet « ici », où nous semblons être les seuls êtres vivants, ou presque. Prully a donné à cette planète déserte le nom de « Karlo ». Dans un ancien dialecte syenyolien, cela veut dire « terre ».
A la re-lecture du premier chapitre de ce journal, je m’aperçois que mon but était de raconter notre histoire. Si tel était vraiment le cas, pourquoi avoir attendu trois longues semaines avant d’en reprendre l’écriture ?
Le fait est que… nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous ennuyer pendant tout ce temps.

Comme je l’ai dit, notre vaisseau a été totalement détruit, mais son contenu était en suffisamment bon état pour pouvoir servir. Je ne parle pas des consoles et autres systèmes électroniques, qui auraient pu nous permettre d’envoyer quelque message de détresse. Je ne dis pas qu’il n’y aurait aucun moyen de les réparer, évidemment. Mais elles sont vraiment en trop mauvais état et je n’ai pas les compétences nécessaires. Mon truc à moi, c’est les moteurs hyperdrive, et c’est tout !
En revanche, certains objets de première nécessité étaient à peu près intacts après le crash.
Les restes de la coque, par exemple, nous ont servi d’abri de fortune pour la nuit. Non pas qu’il fasse froid sur cette planète : la température semble y être toujours très agréable, de jour comme de nuit. Mais au début, je ne savais pas contre quelle éventuelle bête sauvage il faudrait nous prémunir.
D’autres objets ont pu être sauvés. Notamment une bonne quantité de rations de survie que j’avais toujours pris soin d’entasser dans notre vaisseau, et qui nous ont permis de tenir les deux premières semaines.
Bon… Il faut reconnaître que manger matin, midi et soir des barres protéinées et des pilules de magnésium n’a rien de vraiment délicieux. Mais quand on doit survivre, on fait abstraction de certaines choses.
A ce sujet, Prully semble s’être montré bien plus fort que je ne l’aurais imaginé compte tenu de son âge. Il ne s’est pas plaint de cette condition difficile, n’a jamais rien dit sur le manque de goût des rations.
Evidemment ! Il ne se plaignait déjà pas quand sa mère le frappait…
Je crois que je m’en voudrais jusqu’à la fin de mes jours. D’avoir été aussi stupide.

Mais à présent, j’avais juré de le protéger. Et je savais que nos rations ne dureraient pas éternellement. Je me suis donc mis en tête de trouver de quoi nous nourrir avec les mets de Dame Nature, et non avec de l’artificiel. Il était hors de question que nous mourrions de faim sur une planète perdue au milieu de nulle part.
Du coup, dans le cas où ce journal serait retrouvé bien après notre mort, il me semble judicieux de faire un point sur la planète en question, telle qu’elle est actuellement.





LXXXVIII



Karlo. La terre.
Voilà comment Prully l’a nommée. Je crois que cette désignation était parfaitement trouvée. Car ce qui caractérise le plus cette étrange planète, ce sont ses plaines de terre à perte de vue.
Evidemment, je ne m’attendais pas à découvrir des champs cultivés dans un lieu dont nous sommes probablement les premiers visiteurs. Mais il n’y a ici nulle montagne ; ni mer, ni lac, ni falaise, ni plateau. Tout le paysage n’est qu’une immense plaine de terre à perte de vue.
De la terre jaune, plate et relativement dure, partout où se pose le regard. Il n’y a que le ciel rose et ocre aux nuages tourbillonnaires qui permet de briser la monotonie de la vue. Car cette terre est partout identique.
Parfois, j’ai l’impression que tous les trois : Prully, moi, le vaisseau, ou ce qu’il en reste du moins, nous sommes un îlot de solitude perdu au milieu d’une mer infinie. C’est assez… angoissant.
Ça ne semble pas affecter Prully. C’est une bonne chose : il a déjà assez souffert par ma faute. Il est hors de question que le vide du paysage vienne le perturber plus encore.

Mais je reprends là mon récit :
Je devais donc chercher un moyen de nous nourrir sur cette Karlo qui semblait déserte.
Devais-je emmener Prully avec moi ?
Le choix fut difficile. D’un côté, si je rencontrais une bête sauvage dans ce désert plat, une bête si dangereuse que toute ma volonté ne serait pas suffisante pour en protéger Prully, mon fils risquait de se retrouver en grand danger. Après tout, je n’ai rien d’un Rhobbynzon Kruzoey. Mais en le laissant dans notre épave, je ne serais pas là pour le défendre en cas de besoin. Et on ne peut pas dire que notre ancien vaisseau soit d’un grand secours contre les prédateurs (déjà que je dors à peine la nuit tant je manque de confiance en son aspect protecteur…).
J’ai préféré qu’il reste avec le vaisseau malgré tout. Le danger me semblait moins grand. En tout cas si je raisonnais logiquement : sans être xénobiologiste, je savais que la faune voire la flore de certaines planètes pouvaient être extrêmement agressives. A plus forte raison d’une planète où il ne semblait pas y avoir âme qui vive. On pouvait en effet imaginer que l’absence apparente du moindre animal pouvait être due à l’existence d’un prédateur si terrible que le seul moyen de défense de ses proies était de se cacher en permanence. J’imaginais donc cette bête monstrueuse hypothétique colossale et avec des crocs et des griffes de bonne taille.
Mais peut-être était-ce simplement le fait d’être perdu au milieu de nulle part qui me rendait un peu paranoïaque…
En tout cas, il me semblait qu’il serait plus facile pour Prully de se cacher d’un prédateur, surtout si celui-ci était volumineux, dans un des recoins de l’épave. Plus facilement en tout cas que derrière rien du tout.
Je lui avais laissé une lance électrique de fortune, fabriquée avec des pièces de vaisseau devenues inutilisables. Je savais que ça ne serait d’aucune utilité contre une bête féroce. Mais j’avais besoin de notre blaster pour chasser. Et je préférais qu’il soit un minimum rassuré, même si ce n’était qu’une illusion.
Quand il s’est agi de le quitter, lui a semblé se montrer fort. Moi, j’étais détruit de l’intérieur.

Je me suis vite ressaisi. Je suis un scientifique, pas un chasseur. Même si je suis quelqu’un de débrouillard, tuer un animal n’est pas une chose innée pour moi. Et je savais qu’avec cette attitude, je ne pouvais pas me concentrer, et donc pas ramener de quoi nourrir Prully.
Cet esprit « déprimé » ne me permettrait pas d’obtenir une rédemption.
A quoi bon, remarquez : un homme comme moi n’a pas le droit à la rédemption…

Le long de ma route, je semais de petits objets que j’avais emmenés avec moi, afin de retrouver mon chemin. Je sais, cela fait très « conte de fées ». Mais le matériel qui m’aurait permis de me diriger et de revenir facilement sur mon chemin était définitivement perdu, lui aussi.
Je restais prudent cependant. Dans le cas où quoi que ce soit aurait déplacé mes miettes de pain, je marchais à peu près en ligne droite. Il me suffirait de faire demi-tour pour retrouver le vaisseau.

Une bout d’une bonne heure de marche dans cette lande monotone, je glorifiais secrètement la Force de sa mansuétude : devant moi, une sorte de petite pommeraie. En tout cas, cela ressemblait vaguement à des pommes pik-pik comme celles que l’on peut trouver sur Corneria.
Et juste à côté, un petit étang d’eau claire.





LXXXIX



Jinn imaginait assez bien la difficulté pour Kaalin de devoir laisser son fils. Seul, sur une planète inconnue, où tous les dangers étaient possibles. Il n’était pas père lui-même, mais il s’imaginait tout à fait ce que cela pouvait représenter.
Son père à lui l’aimait plus que tout au monde. Bien sûr, étant jedi, grand maître du conseil qui plus est, il avait appris à se détacher d’une part de ses sentiments. Lui comme Jinn, se seraient sacrifiés l’un l’autre si cela avait pu sauver la galaxie toute entière. Heureusement, ils n’avaient jamais été, ni l’un ni l’autre, confrontés à ce choix cornélien.
Jinn se souvint de la fois où son père lui avait sauvé la vie, alors qu’il traquait des sith sur Trandosha.
Jamais Anakin ne l’aurait abandonné. Jamais.

Il se croyait seul dans cet univers négatif, sans ami ni famille, comptant sur la charité d’une Lyona Eiznekcam ou d’une Call Birmoboe. Mais c’était faux. Il avait une famille, même ici. Mais elle se cachait probablement de l’empire, de Palpatine, du tout puissant seigneur sith.
Palpatine… Un seigneur noir des sith.
Une fois, une seule fois depuis qu’il était arrivé dans cette dimension, il avait eu une idée des plus saugrenues. Et si sa présence en ce monde parallèle était en réalité la volonté de la Force ? Et si les jedi d’ici avaient tous été tués sans exception, son père inclus, et qu’il ait été envoyé depuis un autre plan pour rétablir l’équilibre, en tuant l’empereur noir qui n’aurait jamais dû régner ?
Idée ridicule évidemment. Certes, sans son contact avec le fluide universel, il était bien difficile d’en comprendre les volontés. Déjà qu’avec une connexion parfaite, c’était en général assez flou… Mais la Force se serait-elle interdite à lui si Elle avait voulu qu’il exécute une telle mission ? Evidemment que non. La si glorieuse « destinée Skywalker » était réservée au père, pas au fils… De quelle utilité serait-il face à un seigneur noir qui est parvenu à régner en maître ?

Et puis, il y avait aussi ce Dark Vador. D’après Call, il serait présent au match final de Thunderball. Mais qui était vraiment ce mystérieux homme en noir ?
Un seigneur sith de toute évidence. Son nom ne laissait pas la place au doute. Ainsi, il n’était pas que l’exécuteur de l’empire, mais plus probablement aussi l’apprenti de Palpatine. Un homme qui lui serait entièrement dévoué. Une machine de guerre conçue pour instiller la peur à tous les ennemis de l’empire galactique.
D’après ce qu’avait lu Jinn à la bibliothèque, Vador était la main de fer de l’armée impériale depuis le début, alors même que l’empire venait juste de…
Les pensées de Jinn s’arrêtèrent net. Il resta quelques instants bloqué, ne pouvant plus penser à rien.
Depuis le début ? Non. C’est impossible !
Les premières actions militaires avérées de l’homme en armure remontaient effectivement à la proclamation de l’empire. Avant cela, nul texte ne semblait parler de lui. Se pouvait-il que Vador n’ait pas existé avant la fin de la guerre des clones ? Se pouvait-il que ce personnage effrayant soit né le jour-même de l’avènement de l’ordre nouveau.
Non ! C’est définitivement impossible !
Pourtant, toutes les pièces du puzzle semblaient vouloir s’assembler. Jinn se remémora ce qu’Anakin, son père, lui avait dit de la période ayant précédé sa naissance. Il lui avait dit qu’il avait été un ami proche du chancelier Palpatine, futur empereur. Proche… A quel point ?
Au point qu’il lui ait proposé de devenir un sith ? Lui, le plus puissant jedi de l’époque ?
Bien sûr. C’est même ce que son père lui avait dit un jour, en privé. Il ne lui avait jamais caché qu’il avait failli embrasser le côté obscur. Qu’un jour, il avait failli basculer. Un jour situé quelque part vers la fin de la guerre.
Impossible…
Impossible que ce ne soit qu’une coïncidence.
Peut-être que le choix de nom qu’il avait fait pour ce monde, en l’appelant son « univers négatif », était vraiment judicieux. Car il n’en doutait plus à présent : ce monde avait sombré dans la folie parce qu’Anakin Skywalker y avait choisi le Côté Obscur de la Force, en suivant le plus terrible seigneur sith de tous les temps.
Jinn fit tomber le journal de Kaalin qui était encore entre ses mains, et qui soudainement ne l’intéressait plus du tout. Et, amer, il prononça la phrase suivante :
« Alors, Dark Vador est mon père… »
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Dim 31 Mar 2013 - 21:43, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 31 Mar 2013 - 12:52   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Je n'ai pas de problème avec le goût du vent... je trouve bien au contraire qu'au printemps, la brise parfumée qui plane sur les étendues fleuries a un goût particulier, de même que l'air iodé de l'océan lorsqu'il porte en lui le goût salin des moutons blancs des vagues... ;)

faisait perdre un peu du mystérieux dont s’était entourée sa femme => j'aurais trouvé plus joli "du mystère"

Sinon, rien à relever ce coup-ci...
"Dark Vador est mon père"... enfin pas vraiment puisqu'il n'appartient pas à cette réalité. Dans celle-là, Dark Vador est le père de Luke, pas de Jinn. Et dans l'autre réalité, c'est Anakin le père de Jinn et Luke ne doit pas exister... enfin je présume. :x
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 31 Mar 2013 - 22:07   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Monsieur est poète...
Hiivsha a écrit:enfin pas vraiment puisqu'il n'appartient pas à cette réalité.

C'est quand même une sacrée révélation. Mets-toi à sa place : il apprend que le père qu'il a dans cet univers est une machine à tuer... Ca fait un choc quand même!


**************************************



XC



Lorsque Coff entra dans le vaisseau, il fit face au canon d’un blaster chargé.
« Qu’est-ce qui vous prend ? Vous avez décidé de m’assassiner ?
-Désolé, fit la Kobocoise en baissant l’arme. Je pensais que c’était un des hommes de l’astroport.
-Et vous auriez été prête à tuer un employé de l’astroport ?
-Non. C’était pour lui faire peur. Ou plutôt non… Euh… je crois qu’en fait je n’y avais pas réfléchi. Je crois que je commence à devenir folle, à rester enfermée seule là-dedans. J’espère au moins que votre rencontre a été fructueuse.
-Complètement. J’avais vu juste : cette femme est une rebelle. Et elle est prête à ce que nous travaillions ensemble. Pour ne rien vous cacher, je crois même qu’elle savait d’avance la véritable raison de ma présence.
-Parfait, alors. Nous pouvons rentrer, donc.
-Oui. Mais en chemin, j’aimerais que vous m’aidiez.
-A quoi faire ?
-Il nous faut établir la liste des futurs membres du gouvernement kobocois. Il nous faut des gens compétents et fiables, qui seraient prêts à agir pour Koboc, et dans le bon sens.
-Etablir la liste du nouveau gouvernement ? Rien que ça !
-Oui.
-Je veux bien vous aider. Je ne suis pas certaine d’être la mieux placée pour établir une telle liste, mais je veux bien.
-Parfait. »
Coff fit décoller l’engin et quelques secondes plus tard, les deux kobocois, celle d’origine et celui de cœur, étaient passés en hyperespace.
« Au fait, remarqua Lyona peu de temps après, vous n’oublierez pas de me larguer quelque part en route avant que nous arrivions. Enfin… Si je dis ça, c’est pour vous. Puisque vous tenez tant à garder nos rapports confidentiels…
-Ne vous inquiétez pas, je n’avais pas oublié. Et justement, puisque l’on parle de confidentialité, je pense qu’il serait judicieux que vous ne rentriez pas immédiatement sur Koboc.
-Ah non ?
-Non. Pas en même temps que moi en tout cas.
-Vous plaisantez j’espère ? Vous qui vouliez m’emmener avec vous… Là, ça devient un peu un voyage chacun de son côté.
-Nous marchons sur des œufs à présent. Je vous déposerai sur Druckenwell. Vous attendrez un jour sur place avant de rentrer.
-Si je puis me permettre, si vous voulez vraiment que vos hommes sur Koboc ne se doutent de rien concernant une éventuelle connivence entre nous, ce n’est pas un jour d’écart qui va changer grand chose !
-C’est mieux que rien. Pourquoi, vous voulez rester plus longtemps sur Druckenwell ?
-Non non, merci, ça ira, dit-elle mécontente. »
Elle se mura dans un silence contrit pendant quelques instants. Puis, songeant que ce n’était pas si horrible, et surtout que c’était pour la bonne cause, son attitude redevint un peu plus positive. Après tout, Coff avait sûrement raison : il connaissait mieux ses hommes qu’elle, il était plus apte à les comprendre et à deviner leurs pensées.
« Au fond, reprit-elle plus enjouée afin de montrer qu’elle n’était pas si courroucée, c’est définitivement une chance que ce Jinn ait frappé à ma porte, n’est-ce pas ? Sans lui, nous ne nous serions jamais rencontrés. Nous n’aurions pas discuté de nos… opinions politiques. Nous ne serions pas là en ce moment.
-Oui, ça semble plutôt positif en effet.
-Je crois que je vais le regretter. Je sais que ça ne devrait être pour moi rien de plus qu’un inconnu rencontré au hasard. Mais je le trouvais plutôt sympathique. Enfin, il était quand même très mystérieux…
-Plus pour longtemps, lâcha Coff sans s’en apercevoir. »
Les mots étaient sortis tout seuls. En temps normal, il savait se taire quand la situation le nécessitait. Mais le récent lien psychologique qu’il avait établi avec la Kobocoise lui avait fait oublier les règles de la plus élémentaire prudence. Ainsi, il n’avait pas pu se retenir.
Il espérait que Lyona n’avait pas prêté attention à ses propos. Malheureusement elle l’avait fait.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
Inutile de mentir à présent.
« J’ai, en ce moment-même, un homme qui le suit dans tous ses déplacements.
-QUOI ? Non mais vous rigolez ? Vous voulez dire qu’il est pisté en ce moment, là ?
-Oui. Qu’est-ce que ça change ?
-Ne jouez pas à ça avec moi, Halaser. Si ça ne changeait rien, vous ne vous seriez pas gardé de me le dire ! Bon sang, je n’y crois pas. Vous le faites suivre. Un innocent comme lui, et vous le faites suivre. Et tout ça au nom de l’image que vous devez renvoyer à vos hommes pour conserver votre place.
-Je ne me justifierai pas. Si ce n’était pas moi qui occupait ce poste, je peux vous affirmer que la situation serait bien plus invivable sur Koboc. Et puis de toute façon c’est faux, ce n’est pas pour mon image que je l’ai fait suivre. Il m’intriguait, rien de plus.
-Et vous le faites suivre par vos hommes parce qu’il vous intrigue ?
-Pas par MES hommes. Par un seul de mes hommes, le major Douglaz Kints. Faites-moi confiance : personne, hormis lui évidemment, n’est au courant de cette filature. Et il ne le dira à personne. Jinn Skywalker n’est pas fiché dans nos bases de données de criminels recherchés par ma faute, si toutefois c’est ce que vous craignez.
-Bon… Je suppose que je dois m’en contenter. Et de toute manière, il est sans doute trop tard…
-Ne vous inquiétez pas pour votre visiteur du soir. Je n’ai pas l’intention de le faire arrêter. Je veux juste comprendre qui il est.
-Méfiez-vous, Coff. La curiosité peut être un vilain défaut, qui peut casser votre image aussi sûrement que le fait d’être vu avec moi. Et que votre image prenne un coup dans l’aile n’est pas bon –surtout si vous avez le projet de changer le gouvernement de votre planète !
-Je prends note de vos conseils, Lyona. »





XCI



Cela faisait maintenant une bonne heure que le match durait. Assise en bas des gradins, à droite de Jinn, Call fit signe aux arbitres de faire une pause. En tant que coach officielle, elle était seule habilitée à demander une suspension de jeu.
Depuis le haut du gymnase, un son tonitruant résonna, indiquant que les arbitres avaient accepté.
Pendant que son adversaire retournait profiter de cette pause avec son propre entraîneur, Jinn se retourna et se dirigea vers Call qui descendait les dernières marches à toute vitesse.

La première manche, Jinn l’avait gagnée haut la main. Il avait tenu le coup vaillamment, pendant que son adversaire se faisait prendre par les éclairs aléatoires venant du pic noir. Et la minute avait été rapidement atteinte.
Mais à présent que cette seconde manche était bien entamée, le mur vital de Jinn était presque rouge partout, alors que celui de l’autre concurrent était encore bleu-violet. S’il ne se reprenait pas rapidement, Jinn allait perdre aussi sûrement qu’il avait gagné la première manche. Et Call le lui fit savoir :
« Jinn, je ne voudrais pas paraître méchante, mais là, c’est un peu la cata ! Sans vouloir faire de jeu de mots, tu vas droit dans le mur. N’oublie pas que c’est notre seule chance. Rappelle-toi des règles du championnat : tu gagnes ce match, c’est la finale directe. Tu le perds, c’est éliminé direct. Je suis persuadée que tu as largement de quoi aller en finale facilement. Mais reprends-toi, sinon la compét’ se finira aujourd’hui ! »
Jinn n’avait rien à répondre. Call avait entièrement raison.
En fait, après sa victoire à la première manche, il avait levé les yeux vers le public. Il y avait peu de monde sur les gradins : d’après Call, parce que la compétition était trop fréquente, les syenyoliens ne se déplaçaient qu’au match suivant, celui de la finale, celui qui se déroulait dans le Grand Stade. Mais dans cette foule très relative, il avait aperçu un gand doté d’un masque respiratoire noir. Et cela lui avait rappelé la révélation d’il y a quelques jours qu’il s’était évertué à repousser dans un coin de son esprit. Et cela avait miné complètement son jeu.

« Ecoute, lui fit-elle très sérieusement. Si on perd à la finale, c’est pas grave. Le fait d’y aller signifie que ton score était un des deux meilleurs de tout le championnat. Et personnellement, je considérerai ça comme une victoire. Mais il ne faut pas perdre ici, c’est important. Je ne sais pas à quoi tu penses –visiblement pas à cette rencontre. Ressaisis-toi, sinon ce joueur à la manque va te mettre une tête comme ça ! »
Jinn secoua la tête. Il s’était engagé à jouer à ce jeu –et à bien jouer- pour rembourser la dette qu’il avait envers celle qui lui avait sauvé la mise. Il pouvait bien faire abstraction de ses problèmes pour le temps restant de cette compétition, soit jusqu’à la semaine suivante. De toute façon, pour ce que ça changerait d’y penser maintenant…
« Tu as raison, je suis désolé. Je vais faire de mon mieux. »
Call retourna s’installer à sa place, Jinn se repositionna à la sienne, devant son mur. La syenyolienne craignait de plus en plus pour la réussite de son champion. Car même en admettant qu’il se reprenne et qu’il gagne les deux manches suivantes (et donc le match), son jeu catastrophique du début de la deuxième reprise risquait de baisser son score final. Et comme elle l’avait expliqué à son protégé des jours plus tôt : seuls les deux meilleurs scores étaient autorisés à participer au « grand match ».
Parti comme il était, Jinn risquait de gagner son petit match et malgré tout de ne pas être admis au grand…

Les arbitres firent sonner la corne indiquant la reprise des hostilités.
Le pic noir n’attendit pas un instant : deux éclairs sortirent simultanément de chaque côté et vinrent tenter de frapper les zones respectives de chaque joueur. Cette fois, Jinn fut prompt : il bloqua l’électricité dans sa course. Le problème était que l’autre joueur avait aussi été rapide comme l’éclair. Un deuxième éclair frappa à l’opposé exact. Jinn tendit le bras d’un coup sec pour répondre, ce qui força le nouvel éclair à venir se perdre dans le paratonnerre. Mais tenant ce dernier à bout de bras, il n’eut pas la force nécessaire pour compenser le choc : bien que canalisant la foudre, le bâton fut plaqué violemment contre le mur. Et une petite partie de la décharge électrique se dissipait en minuscules arcs électriques sur une zone du mur vital bien plus rouge que le reste.
Jinn se jeta sur le côté pour rattraper le coup : il ramena son bâton en avant pile poil au bon moment. Encore quelques secondes, et cette portion murale aurait atteint le rouge sang de la minute.
Le pic noir s’arrêta quelques secondes de son côté, ce qui laissa le temps à Jinn d’observer le jeu de son adversaire. Compte tenu de la couleur de son mur, un éclair identique au sien avait dû le frapper. Sauf que, visiblement, lui n’avait pas réussi à en détourner une partie comme l’avait fait Jinn : la zone en question était rouge violacée.
A présent, il se battait avec un éclair ondulant de droite à gauche et qui lui donnait visiblement du fil à retordre.
Mais Jinn ne devait pas y penser : il fixa son regard sur le cube du pic noir, attendant attentivement.
Un nouveau coup frappa sur sa gauche. En un bond, il avait placé le paratonnerre entre l’éclair et le mur. La force incroyable de la foudre le faisait presque reculer. Aussi, il prit ses appuis, et se positionna fermement derrière son bâton dressé. L’éclair était fixe. Mais, comme animé d’une volonté propre, il semblait redoubler d’effort pour faire tomber l’humain qui se trouvait entre sa source et le mur-cible ; et en dépit de son équilibre habituel, Jinn peinait à lutter contre lui. Ses bras commencèrent à se tétaniser, il songea pour la première fois que tout ceci était stupide. Que si on l’avait envoyé dans cet univers, ce n’était probablement pas pour faire un sportif d’un jedi. Il songeait aussi qu’il aurait été si simple de tout lâcher, juste, comme ça… Ses bras et ses jambes le tiraillaient atrocement.
Mais, alors qu’il allait tout laisser tomber, un nouveau son de corne résonna et l’éclair s’arrêta.
Call avait-elle encore demandé une pause ?
Quand il regarda le demi-cercle du terrain adverse, il comprit la raison de cet arrêt. La zone déjà bien rouge de son adversaire était à présent rouge vif.
Jinn avait gagné la seconde manche.
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Messagepar Hiivsha » Dim 31 Mar 2013 - 22:20   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:Monsieur est poète...
Hiivsha a écrit:enfin pas vraiment puisqu'il n'appartient pas à cette réalité.

C'est quand même une sacrée révélation. Mets-toi à sa place : il apprend que le père qu'il a dans cet univers est une machine à tuer... Ca fait un choc quand même!


Sauf que dans c'est univers, ce n'est pas son père. Il ne sait même pas s'il existe lui-même. Celui qui est la réplique de son père dans cet univers peut avoir d'autres enfants que lui.
Donc pour être précis, "il apprend que celui qui correspond à son père dans cet univers est une machine à tuer". Et oui, ça fait un choc.
____________________________

Sinon, rien à dire sur ce soir... c'est clair, j'ai pas vu quoi me mettre sous la dent :neutre: ... en tout cas, cela ne m'a pas frappé... comme l'éclair... :siffle:
A suivre donc.
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 01 Avr 2013 - 11:16   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

XCII



« Et maintenant, que se passe-t-il ? demanda Jinn le soir-même.
-Maintenant, nous attendons. Tu fais partie des gagnants. Tu es admissible à la finale. Mais tous les matches de la première phase n’ont pas été joués, alors on ne peut pas savoir.
-Et comment tu vois les choses ?
-Je préfère ne pas faire de prédictions, à ce stade de la compétition. D’après ton score, tu es deuxième. Ce qui est une place incroyable –d’autant plus honorable pour un néophyte. D’ailleurs je te félicite à nouveau : tu as battu ce Geroy à plate couture !
-Merci.
-Enfin bref. Tu es théoriquement déjà admissible. Sauf que demain, c’est le match initial de Bengo Zyadyufen.
-Connais pas.
-C’est le favori de la compétition. Il est donné vainqueur à cent contre un.
-Es-tu en train de me dire que je n’ai aucune chance contre lui ?
-Bien sûr que non. Mais s’il est aussi doué qu’on le prétend, il risque de gagner, et donc d’être admissible –comme toi. Admissible avec un très gros score, ce qui pourrait lui valoir de passer devant toi au classement. Tu serais éliminé d’office, sans même avoir eu la chance de l’affronter !
-Alors…
-Alors, on attend de voir ce qui se passe demain. »
Jinn ne dit plus rien pendant quelques instants, le temps d’avaler une bouchée de bœuf syenyolien. La créature avait un goût atroce, mais Call semblait adorer cette viande, qu’elle cuisinait souvent.
« Call, pourrais-je te demander quelque chose ?
-Vas-y.
-Cela… concerne… un tout autre sujet que le Thunderball.
-Ah…
-C’est à propos de ton mari.
-Oh… Eum… Oui, je t’écoute.
-J’ai lu le début de son journal.
-Bien. Alors tu sais maintenant quelle femme j’étais. C’est mieux ainsi. »
Elle soupira.
« Mais tu sais, je ne suis plus la même. Et je sais que si je pouvais revoir mon fils, là, maintenant, je le chérirais comme j’aurai dû le faire depuis sa plus tendre enfance. Je m’en veux de ce que j’ai été. Je ne suis plus la même. Mais rien de ce que je pourrais faire aujourd’hui ne pourra défaire ce que j’ai fait dans le passé.
-Je sais. Je vois bien que tu as changé. T’ont-ils pardonné ?
-Non. Prully est mort sur cette planète Karlo. Quant à Kaalin, je ne l’ai plus jamais revu. Et je crois savoir que lui aussi est mort, à présent. »
Ainsi, la chose était bien pire que ce qu’il avait imaginé. Car ce n’est pas que père et fils lui avaient toujours refusé le pardon. C’est qu’ils étaient déjà morts quand elle avait voulu le leur demander : cette excuse tant désirée, jamais elle ne l’obtiendrait de ceux qui pouvaient la lui donner. Elle s’en voudrait donc peut-être jusqu’à la fin de son existence.
Responsable d’avoir maltraité son fils, d’avoir fait fuir son mari, de les avoir fait se perdre, indirectement mais sûrement, dans un désert, où ils se sont retrouvés seuls et dans des conditions difficiles –de quoi s’en vouloir encore plus.
« Call, ne sois pas trop dure avec toi-même. Tu n’es pas…
-Bien sûr que si ! hurla-t-elle. Je suis responsable ! Ce n’est pas Kaalin, mais moi, l’ignoble monstre qui a battu Prully toute sa jeunesse !
-Je ne le nie pas. Mais moi, je crois au pouvoir de la rédemption. Et je crois que si tes regrets sont sincères, alors tu aurais mérité leur pardon. Tu te dis peut-être que cette vie sauvage, perdue, était atroce. Mais peut-être n’était-ce pas le cas ? Peut-être ont-ils été heureux sur Karlo ?
-Oh, ça, j’en suis certaine. Lis encore un peu son journal, tu verras. Tu comprendras. Mais le fait qu’ils aient pu vivre heureux quelques temps sur une planète inconnue ne retire en rien ce que je leur ai fait subir avant cela. Je suis un monstre. C’est tout. »
Call se tût. Le chagrin commençait à embuer son regard de larmes. Mais elle ne pleurait pas.
Alors qu’ils auraient pu fêter dignement la victoire de l’après-midi, le reste du repas fut silencieux et affligé, Jinn ne sachant quoi dire pour changer les idées de son amie.
Le soir, il ne trouva toujours pas le sommeil. Aussi, continua-t-il sa lecture.





XCIII



Découverte


J’avais abandonné quelques temps l’écriture de ce journal. Notre quotidien m’a un peu fait perdre de vue mon idée de départ de tout archiver pour la postérité…

J’avais craint au départ que nous ne soyons en danger sur Karlo. Mais j’avais tort : ces craintes étaient futiles. Sur cette planète, il n’y a pas d’animaux, et peu de végétaux. Juste ce qu’il faut pour nous nourrir et simultanément nous éviter d’être dévorés. Si j’avais plus de temps, j’étudierais volontiers cet écosystème particulier dans lequel nous avons été projetés par la force des choses. Mais en l’occurrence, le temps que je ne passais pas à m’occuper de notre survie, je le passais à m’occuper de Prully. Comme je ne l’avais jamais fait, il était grand temps de m’y mettre.
Et je dois dire que c’était une grande joie pour moi d’être avec mon fils.

Pour être tout à fait honnête, je crois que cette vie d’ermite n’est pas déplaisante. Quelques années plus tôt, je ne me serais jamais imaginé dans une telle situation. Mais la réclusion me sied parfaitement, surtout qu’elle est partagée avec un être que j’aime de tout mon cœur.
Prully quant à lui, commence à s’ouvrir à moi. A me dire ce qu’il pense de tout cela. Certes cela n’a rien d’une situation normale et il en est conscient. Mais pour autant, ça n’a pas l’air de lui déplaire non plus. Evidemment, s’il doit vieillir sur cette planète perdue, peut-être que son opinion changera.
Oui, peut-être que si nous sommes encore là dans quelques années (malgré cela, je ne perds toujours pas espoir qu’on vienne nous sauver), il y a des chances pour qu’il ne supporte plus cette vie qui n’aurait pas dû être la sienne. Peut-être que moi non plus d’ailleurs.
Mais pour l’instant, nous sommes heureux sur Karlo. Autant que peuvent l’être un enfant qui n’est plus battu et un père qui accepte ses responsabilités.

Mais j’en reviens à ce pourquoi j’ai repris l’écriture de ce journal.
Aujourd’hui, il s’est passé une chose extraordinaire.
Je me rendais comme tous les trois jours à la pommeraie qui nous nourrissait. Malgré le paysage uniforme, je pourrais facilement parcourir ce trajet les yeux fermés à présent. Prully m’avait accompagné, comme ça lui arrive parfois. Nous avions emmené avec nous le chariot téléguidé bricolé avec les roulements à billes des portes coulissantes du vaisseau et les portes en question. Comme souvent, il était couvert de jerricans pour le transport de l’eau. Les containers vides étaient secoués légèrement par la faible irrégularité du sol.
Et puis nous sommes arrivés en vue de notre lieu de providence.
« Papa, je peux aller faire un tour ? m’a alors demandé Prully tandis que je remplissais les jerricans. »
Je n’étais évidemment pas très chaud pour l’y autoriser. D’autant qu’il n’y aurait probablement rien à voir dans les environs, alors ça ne lui servirait pas à grand chose de se balader. Mais je savais aussi que cette planète était définitivement sans danger. Et puis, je ne pouvais pas lui interdire absolument tout sous prétexte de le protéger, sans quoi il deviendrait progressivement fou, à toujours obéir ainsi à son père. Déjà que je trouvais miraculeux qu’il ne soit pas perturbé outre mesure de devoir vivre seul avec moi…
« A une condition. Tu ne vas pas trop loin : je dois toujours être à portée de vue, c’est bien compris ? lui ai-je quand même imposé.
-Compris, papa, m’a-t-il répondu un peu candidement. »





XCIV



Le fait est que dès qu’il a commencé à s’éloigner, ce n’est pas lui qui regardait de temps en temps vers moi pour s’assurer que je n’étais pas trop loin, mais moi qui relevais la tête toutes les cinq secondes entre deux remplissages de bouteilles.
J’avais le regard sur une eau limpide quand je l’ai entendu crier :
« Papa ! Papa ! Viens voir, vite ! »
J’ai aussitôt lâché le jerrican presque rempli pour me précipiter vers lui. Quand je suis arrivé, j’ai vu.

A nos pieds, pas très loin de la source d’eau et du verger, il y avait une sorte de flaque étrange, entièrement remplie d’un liquide gris-beige légèrement miroitant.
« C’est quoi, papa ?
-Je ne sais pas Prully. »
C’était vrai. Malgré toutes mes années d’étude dans de la chimie de haut niveau pour connaître les réactions chimiques des hyper-carburants, je n’avais jamais rien rencontré de semblable. Aucune matière qui puisse ressembler à cette chose.
Il y avait, au centre de la flaque, une sorte de frémissement étrange. Mais ça ne venait pas d’une éventuelle créature qui aurait vécu dans cette marre. On aurait plutôt dit que ça venait du liquide lui-même…
Ce ne pouvait être qu’une illusion d’optique, me suis-je dit sur le moment.
Prully avait approché sa lance électrique de la surface.
« Ne fais pas ça.
-Pourquoi ?
-On ne sait pas ce que c’est. On ne sait pas comment ça peut réagir à l’électricité.
-Non mais je comptais l’éteindre. »
En ce cas, ce n’était pas une si mauvaise idée. Mais ce n’était pas à mon fils de faire cela.
Je lui ai pris la lance, je l’ai éteinte, et l’ai plongé le plus délicatement possible dans le liquide étrange, attendant la réaction.
Elle dépassa toutes mes attentes : une sorte de langue de liquide commença à grimper lentement le long du manche, puis vint s’enrouler autour en remontant.
Cette chose était vivante !

Je ne voulais pas la toucher, ne sachant pas quelle nouvelle réaction incongrue cela pourrait provoquer. Mais elle grimpait de plus en plus, et semblait s’agripper ferme. Faute de mieux, je lâchais complètement mon bâton. De toute façon, ce ne serait pas une bien grosse perte, pour ce qu’il servait…
Mais au lieu de couler au fond, la lance électrique resta en suspension, maintenu par la… chose. Elle la tourna dans tous les sens, comme un animal qui cherche à comprendre le sens d’un objet nouveau. Et puis, visiblement peu intéressée, elle la tendit à nouveau vers moi comme pour la rendre.
Je me saisis du javelot, et la créature marécageuse lâcha prise, retombant dans sa flaque grise et miroitante.
« C’est bizarre, ce truc… »
Je ne répondais pas. J’étais d’accord.
Il fallait que je comprenne. Il fallait que je sache ce que c’était. Ne serait-ce que pour m’assurer qu’il n’y avait aucun danger. C’était pour Prully que je le faisais.
J’ai demandé à Prully d’aller finir de remplir les bidons d’eau. Tous, sauf un. J’ai plongé à nouveau le bâton dans la flaque. A nouveau, la chose avait commencé à s’enrouler. J’ai alors relevé le bâton à quelques centimètres au-dessus du sol, pour m’assurer que cette boue étrange était transportable. Un morceau de gelée grise se détacha du reste et resta collé à mon bâton. Pourtant, ça ne sembla pas perturber le morceau extrait du sol : il continuait de s’entortiller lentement autour du manche pour le palper.
Ma conviction était faite que cette chose pouvait être déplacée.
Quand Prully revint vers moi avec le bidon restant, je me servis de la lance pour y déposer un échantillon de boue. Prully ne semblait pas vraiment d’accord avec le fait de ramener cette chose avec nous. Mais il n’a rien dit. Et puis, nous sommes rentrés à notre camp.

J’ai mis la boue dans une bassine de fortune, faite avec une tôle froissée. Pendant que Prully jouait dans son coin, j’ai passé des heures à regarder cette chose fabuleuse qui m’était totalement inconnue. La boue vivante restait le plus souvent dans le récipient, comme elle restait inerte dans sa mare originelle. Mais de temps en temps, une langue liquide se soulevait de quelques décimètres hors de son bol, et tentait de comprendre où elle était. C’était bizarre, je l’imaginais comme humant l’air alentour. Alors que cette chose n’a pas plus de nez que quoi que ce soit d’autre…
Au bout d’un moment, je n’ai pas pu m’empêcher de la toucher. J’ai approché ma main, et je l’ai posée délicatement sur la langue de boue.
Lentement, sans aucune agressivité, elle s’est enroulée autour, puis m’a relâché, et est retournée se loger dans la bassine. C’était, je crois, la plus incroyable expérience de toute ma vie.

A présent Prully dort du sommeil du bien heureux. Et moi, j’écris ces quelques lignes sur ce qui pourrait être l’une des plus grandes découvertes de ce siècle.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Mer 03 Avr 2013 - 20:38, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Lun 01 Avr 2013 - 12:25   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Lu.
J'espère que c'est pas du slime ! :diable:
Chaque fois que je lis un truc sur du liquide vivant, je pense soit à SOS Fantômes, soit à Abyss. :D

je ne perd toujours pas espoir => perds

les roulements à bille des portes => billes

Ne serait-ce que pour s’assurer qu’il n’y avait aucun danger => pour m'assurer
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Messagepar Kléber Valéra » Mer 03 Avr 2013 - 20:41   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:J'espère que c'est pas du slime !

Pas que je sache. Ceci dit, c'est vrai que de la façon dont je vois cette boue, ça y ressemble...
Hiivsha a écrit:SOS Fantômes

En parlant de ça, le 3 n'est-il pas censé être tourné bientôt?
Hiivsha a écrit:Abyss

Pas vu.

Reste corrigé.
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Messagepar Kléber Valéra » Mer 03 Avr 2013 - 20:55   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

XCV



Premiers tests


Je me suis levé de bon matin. D’habitude, je profite de l’absence de contraintes que nous avons sur cette planète pour faire la grasse matinée. Mais en l’occurrence, je n’avais qu’une seule envie : découvrir les propriétés de cette boue étrange.
Et bien m’en a pris. Car ce que j’ai découvert aujourd’hui était sans doute bien plus révolutionnaire que tout ce que j’avais jamais découvert de toute ma vie. Y compris la découverte de la nouvelle matière elle-même !

J’étais devant la bassine dans laquelle j’avais mis la boue beige mouvante. J’avais envoyé Prully jouer un peu plus loin, car je me doutais que les expériences de son père risquaient fort de ne pas l’intéresser. Et puis, j’ai pris dans mes mains une petite partie de cette boue, dans le but de comprendre en quoi elle était faite. Vue de près, elle ne ressemblait décidément à rien de ce que je connaissais. Elle semblait malléable, et se laissait faire lorsque je la compressais entre mes doigts ou que je l’étirais. Mais elle avait, sembla-t-il, sa volonté propre, qui la poussait à se déformer sans mon concours, toujours comme une bête curieuse qui en découvre une autre. Elle était élastique et semblait vouloir n’obéir globalement à aucune règle. Mais je me posais la question : étant si malléable, pouvait-elle prendre des formes plus complexes ?

J’en pris une bonne quantité dans la paume de ma main, puis l’enfermais en tentant de lui faire prendre la forme d’un cube. Mais plus je la tassais en faisant en sorte qu’elle suive des contours précis et rectilignes, et plus elle se déformait en opposition pour reprendre une apparence chaotique.

Je sais que ce n’est pas très professionnel, surtout pour quelqu’un comme moi qui a toujours une patience d’or habituellement, mais l’excitation de cette nouveauté me rendait un peu trop pressé de comprendre. Aussi, j’ai commencé à m’énerver contre cette matière qui ne m’avait strictement rien fait, parce que mon expérience échouait.
A un moment, j’en suis venu à jeter la boue grise devant moi assez violemment. Sur le moment, j’ai eu peur de la réaction, me disant que c’était stupide, et que si ce « truc » était vivant, il pourrait peut-être me rendre la pareille.
Mais il n’en fit rien. Le fragment de boue jeté contre le sol continuait à se tortiller lentement et paisiblement là où je l’avais envoyé. Ce n’était pourtant pas si compliqué ce que je lui demandais, ai-je pensé sur le moment. Et alors que l’image d’un cube se formait clairement dans ma tête, la chose informe se mut différemment. En quelques secondes à peine, le petit morceau de boue était devenu un cube gris métal parfaitement lisse.

J’approchais ma main de l’objet : à présent, le petit tas de boue ne ressemblait pas seulement à un cube de métal. Il ETAIT un cube de métal, aussi dense que du duracier, aussi solide que s’il n’avait jamais été, pas même la seconde précédente, de la boue frétillante.



Jinn releva la tête quelques instants de son livre électronique.
Voilà donc pourquoi Call pensait qu’ils avaient été heureux.
Kaalin, le scientifique passionné, avait apparemment découvert sur cette planète de quoi étancher son inextinguible soif de connaissance. De quoi l’occuper ainsi pendant des heures, sur une planète morne qui semblait faite pour créer l’ennui.
Jinn ne savait trop dire pourquoi, mais il aurait parié que l’indécrottable Kaalin avait favorisé cette matière qu’il vantait comme la plus grande découverte du siècle, au détriment de son fils soit disant chéri…

Le jedi lut la suite avec beaucoup d’attention. Apparemment, Kaalin avait passé le reste de sa journée à expérimenter, négligeant totalement son fils. Ne parvenant pas à « défaire » le cube, il en avait déduit que les pensées pouvaient mettre en forme la « boue magique » (comme il l’avait lui-même appelée), de manière permanente. Il avait donc poursuivi ses petits essais sur la boue qui restait dans la bassine, se promettant d’aller en rechercher une grande quantité le lendemain-même dans la mare près du verger.
Avec le reste, il avait pu constater que plus l’objet était complexe, et plus ses pensées devaient être claires et précises, et que la formation prenait plus de temps.
Vers la fin de la journée, il avait tenté de visualiser l’animal structurellement le moins complexe qu’il connaissait, pour savoir si oui ou non la boue pouvait former le vivant.
Et cette ultime expérience avait fonctionné.
Pendant neuf secondes en tout cas. Après cela, l’animal avait frémi, vibré, puis explosé en une gerbe de boue beige qui était retournée lentement dans la bassine, comme pour se protéger d’une autre explosion. Visiblement, la boue ne pouvait reproduire que l’inerte –ce qui restait très impressionnant, compte tenu du champ de possibilités que cela ouvrait.

Une expérience pour tenter de créer un animal vivant…
Jinn commença à plaindre sincèrement ce petit Prully qu’il n’avait pourtant jamais rencontré. Entre une mère qui le frappait et un père qui le délaissait pour jouer à se prendre pour la Force… Le pauvre garçon était vraiment né dans la mauvaise famille…





XCVI



Coff regardait les instruments de bord. Après avoir changé leur point de sortie d’hyperespace pour que leur vaisseau puisse faire une halte à mi-chemin, et que Lyona puisse descendre, il avait fait en sorte que ses deux arrêts non prévus soient effacés de la mémoire de l’ordinateur de bord.
Evidemment, son bidouillage plus qu’anecdotique ne tiendrait pas longtemps face à un expert en informatique. Mais si le vaisseau n’était pas trop fouillé par ses hommes de retour à l’astroport, il était en droit d’espérer que personne ne remarquerait ses deux étapes au milieu de nulle part.
Il éteignit la partie de la console qui n’était pas utile au pilotage, et décida d’aller rejoindre la Kobocoise à l’arrière de l’appareil.
Lorsqu’il entra, Lyona était assise sur une des deux couchettes, le regard perdu dans le vague, la mine basse. Elle sembla ne pas remarquer tout de suite la présence du général. Et puis, elle leva soudain la tête, paniquée, comme prise en flagrant délit de quelque faute.
« Ah… C’est vous.
-Pourquoi, vous attendiez quelqu’un d’autre ? fit Coff pour plaisanter.
-Non, évidemment. »
Lyona se précipita de remettre dans sa poche une photo qu’elle tenait dans sa main. De toute évidence, elle ne voulait pas que Coff voit ce qu’il y avait dessus. Mais elle ne fut pas suffisamment rapide et l’humain eut le temps de voir le visage d’un kobocois moustachu. Et pour l’avoir déjà vu sur une image tridim dans la maison de la femme, il savait qu’il s’agissait de son défunt mari.
Coff vint s’asseoir près d’elle, sans mot dire. C’est Lyona qui parla la première.
« Alors, vous êtes confiant dans notre mission ? demanda-t-elle sur un ton badin, retrouvant un sourire qui sonnait faux. »
Coff ne répondit pas. Il était clair que ce n’était pas de cela que Lyona avait besoin de parler.
« Vous l’aimiez vraiment, n’est-ce pas.
-Plus que tout au monde. Je me souviens, quand je l’ai présenté à mes parents… Il était bien plus âgé que moi. Il aurait pu être mon père. J’étais si jeune… (soupir) Mes parents ne voulaient pas entendre parler de notre amour. Mais on s’aimait. Ils pensaient que ça ne durerait pas longtemps, que c’était juste une phase. Et puis, nous sommes restés deux ans ensemble, ne nous aimant que plus à chaque instant. Alors au bout de ces deux ans, ils ont été forcés d’admettre qu’ils s’étaient trompés. Ils ont enfin reconnu en lui quelque chose d’autre qu’un vieux satyre aimant la chair fraîche –je vous assure que c’était vraiment la vision qu’ils avaient de lui. J’ai passé toute ma vie avec lui. »
Une larme perla sur la joue de la Kobocoise. Elle la laissa couler.
« Et puis, on me l’a enlevé. L’empire me l’a pris. Et depuis, je sauve les apparences. Mais il ne se passe pas un seul jour sans que je ne pense à lui, sans que je ne regarde cette photo en pleurant.
-Je suis sincèrement désolé, Lyona. Croyez bien que si je pouvais faire quelque chose…
-Qui le peut ? »
Elle soupira à nouveau. Puis, sans que Coff ne s’y attende vraiment, elle se tourna sur le côté et l’enserra entre ses quatre bras. Elle posa sa lourde tête sur son épaule et se mit à pleurer doucement. Coff lui rendit son étreinte pour la consoler, ne sachant quoi dire d’autre. Il n’avait jamais été à l’aise avec les gens quand ceux-ci s’ouvraient de la sorte.
Et puis Lyona se releva lentement, plongeant son regard à présent sec dans celui de Halaser. Son visage n’était qu’à quelques mètres du sien.
« Vraiment, je suis désolée, Halaser. Désolée de vous avoir si mal jugé pendant de si nombreuses années. Désolée de vous avoir pris pour n’importe quel autre petit soldat impérial. Vous n’êtes pas comme eux. Vous êtes un homme de bien. Vous êtes… un homme… si fort… Vous me rappelez… »
Et alors que Coff ne s’y attendait pas du tout, Lyona approcha ses grosses lèvres marrons et vint les poser sur les siennes. La réaction de Coff fut immédiate : il se releva d’un coup, comme s’il avait embrassé des charbons ardents.
« Je… Je vais voir si notre trajectoire est toujours la bonne, dit-il dans la précipitation. On ne parlera plus de ça. »
Il partit presque en courant vers le cockpit.
Lyona baissa la tête.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Jeu 04 Avr 2013 - 22:03, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Mer 03 Avr 2013 - 21:38   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Oh la pauvre... :( En même temps, les rapports inter-espèces, c'est pas évident... avec une jolie twi'lek on peut l'admettre, mais avec une Kobocoise !) :D Pourtant, il font un joli couple :wink:
Et la petite boue ? Hein ? On va la revoir ? Elle a un rôle à jouer dans l'histoire ou non... parce que je la trouve bien sympa la petite boue, elle met un peu de féérie dans cette nouvelle.
Lecture très agréable, tiens.

Deux trois petites choses comme elles me sont venues à la lecture... tu en fais ce que tu jugeras bon d'en faire. (sauf les 2 ou 3 obligatoires ! :whistle: )


J’en prie une bonne quantité => j'en pris :wink:

puis l’enfermait => l'enfermais (je)

j’ai eu peur de la réaction => de "sa" réaction (ce serait mieux)

alors que l’image d’un cube se forma clairement dans ma tête => se formait (avec "alors que" il me semble que ça s'impose, car ça sous-entend une action qui a une certaine durée, enfin je pense...)

aussi solide que s’il n’avait été, pas même la seconde précédente, de la boue frétillante. => j'ai un peu de mal avec le "aussi.. que" de cette phrase. Car même s'il n'avait jamais été de la boue, cela n'implique pas qu'il eut été forcément solide même si je vois ce que tu veux exprimer. "... aussi dense que le duracier. On n'aurait jamais pu penser/deviner qu'un instant auparavant il n'était que de la boue frétillante". A la limite : "... aussi dense que le duracier, comme s'il n'avait jamais été auparavant de la boue frétillante". (Bon c'est un détail)

dénigrant totalement son fils => non, je pense que tu veux dire "délaissant" (voir définition de dénigrer)

explosé en une gerbe de boue beige qui était retourné lentement dans la bassine, comme pour se protéger d’une autre implosion. => une implosion, c'est pas pareil qu'une explosion... c'est l'inverse. Du coup, il faut répéter "d'une autre explosion" pour rester cohérent... et puis c'est "retournéE" :wink:

Lyona se précipita de remettre dans sa poche une photo => je pense que la construction "se précipiter de [faire qq chose]" n'est pas française. "Lyonna se dépêcha/hâta... de". Par contre on peut dire "se précipiter pour [faire une action]"

[EDIT] Voilà ce que j'ai trouvé sur le sujet :

"Les grammaires et les ouvrages de difficultés ne contiennent pas grand-chose sur la construction du verbe se précipiter. Je trouve dans les dictionnaires quelques exemples avec la préposition à, mais devant un nom :
Se précipiter au cou de quelqu'un. (Petit Robert.)
Elle s'est précipitée à son rendez-vous : enfin, elle pouvait retrouver son copain. (Multidictionnaire.)
Autrefois, se précipiter pouvait être suivi de la préposition de introduisant l'infinitif :
Vous vous êtes précipitée [...] d'aller à Grignan sans votre mari. (Madame de Sévigné.)
Aujourd'hui, il s'emploie plutôt avec la préposition pour :
[...] il s'était précipité pour chercher du secours. (Cocteau.)"

Si tu écris donc à l'instar de Mme de Sévigné, alors tu peux laisser cette "vieille" tournure ! :wink:
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Messagepar Kléber Valéra » Jeu 04 Avr 2013 - 22:38   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

XCVII



Jinn continuait sa lecture attentive du manuscrit. Il constatait qu’à mesure qu’il avançait, Kaalin écrivait plus rapidement, de manière plus brouillonne. Il ne prenait même plus soin de titrer ses chapitres, ce qui pouvait suggérer qu’il prenait ses notes sous l’emprise d’une sorte de passion malsaine.
Apparemment, il n’avait pas cessé d’expérimenter sur la boue magique depuis le jour de sa découverte. Comme prévu, dès le lendemain, il avait ramené une grande quantité de ce matériau à leur camp, remplissant tous les bidons normalement prévus pour l’eau.
Chaque soir, il se servait d’un petit fragment de cette matière qui n’avait pas subi d’expérimentations dans la journée, pour construire de quoi réparer le vaisseau spatial. Ou plutôt pour en reconstruire un nouveau, si l’on en croyait son discours sur l’état de l’appareil après le crash.
Il savait qu’il ne pourrait pas tout reconstruire. Par exemple, il n’avait absolument pas les connaissances techniques nécessaires pour recréer une radio hyperspatiale. Mais de par ses précédentes occupations, il était quasi-incollable sur le fonctionnement des moteurs hyperdrive, ce qui lui permettrait d’en reproduire un, grossièrement. Il espérait ainsi pouvoir construire avec la boue magique un simulacre de vaisseau qui ne tiendrait probablement pas très longtemps dans l’espace (après tout, il n’avait pas des compétences poussées, ni sur les coques, ni sur les boucliers), mais qui pourrait être suffisant pour atteindre Syenyolia a à peine trois heures de route : mieux valait tenter quelque chose plutôt que de rester bloqués ici ad vitam eternam ! Ce qui semblait le gêner le plus était que n’ayant pas de connaissances des moteurs subluminiques, il devait envisager un moteur hyperdrive capable de réaliser un premier micro-saut pour les faire sortir de l’attraction de la planète (ce qui en soi était un challenge quasi-irréalisable), tout en faisant en sorte que l’absorption par la fenêtre hyperspatiale cause une poussée minimale. En effet, les compensateurs inertiels qu’il se savait capable de concevoir avec ce qu’il restait des anciens auraient été bien trop rudimentaires pour leur permettre de résister à une poussée normale. En clair, ils se seraient étalés sur la paroi du vaisseau dès le décollage. Visiblement, cette construction tenait plus de la fumisterie vouée à l’échec que d’une réelle envie de quitter la planète.
En réalité, Jinn soupçonnait l’inarrétable scientifique de se servir du prétexte « il faut rentrer chez nous » pour faire encore plus d’expériences sur la « chose ».

Au fur et à mesure de son récit, il évoquait les cauchemars de plus en plus terribles que faisait Prully. Mais il semblait s’en moquer de plus en plus aussi, trouvant que cela était plus une gêne pour lui puisque son fils l’empêchait ainsi de dormir, ce qui le fatiguait et lui interdisait de mener correctement ses expériences pendant la journée.
En réalité, Kaalin s’inquiétait bien plus de la déontologie de ses expériences (qui consistaient principalement à transformer du supposé-vivant en matériau inerte, donc à « supprimer la vie », selon ses propres termes), plutôt que des rêves obscurs que semblait faire son fils chaque nuit. Ceci dit, même cet aspect éthique ne semblait pas vouloir l’arrêter : il devait poursuivre son étude, au nom de la Science.

Jinn, qui avait étudié la psychologie enfantine au temple jedi, fit une hypothèse : et si Prully faisait justement ces cauchemars pour rappeler à son père qu’il existait ? Et si la raison pour laquelle il rêvait de sa mère le frappant chaque nuit était, alors qu’il n’en avait jamais rêvé du temps où elle le frappait réellement, qu’il avait besoin que son père le protège –ce qu’il ne faisait plus depuis sa si grande découverte ?
Difficile à savoir vraiment.
En tout cas, au fur et à mesure de sa lecture, Jinn n’était plus du tout d’accord avec Call quand elle affirmait qu’ils avaient été heureux, même si perdus dans l’espace. C’était peut-être le cas de Kaalin, mais définitivement pas celui de Prully.

Il cessa de lire le journal au moment où Kaalin parlait d’une bonne quantité de boue qui s’était évaporée alors qu’il tentait de la laisser toute une nuit dans un milieu extrême pour voir sa réaction. Le but était de tester ses propriétés thermodynamiques pour en établir un semblant de diagramme de phase : rien à voir avec la reconstruction du vaisseau, évidemment…
Le jedi commençait à être fatigué.
Il posa le « livre » sur la table de chevet, puis enfonça sa tête dans l’oreiller, cherchant le sommeil. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser au pauvre petit Kaalin, à son enfance atroce.
Et puis c’est l’image de Vador qui s’imposa à son esprit : l’Anakin de ce monde était pour lui le Kaalin de Prully. Un père distant et froid qui ne le comprenait pas, qui ne pouvait pas le comprendre, qui le délaissait. Un être aussi mécanique que Vador aurait-il pu ressentir quoi que ce soit pour lui ? Evidemment que non.
Il se retourna dans son lit, encore et encore, pensant toujours au mari de Call et à son propre père.
Au bout d’une heure à s’agiter ainsi sans raison, il redescendit au rez-de-chaussée pour soulager sa gorge sèche. Il ouvrit le réfrigérateur et en tira une bouteille d’eau glacée.
Il referma la porte.
Tout en buvant au goulot, il nota pour la toute première fois le logo en haut à droite de celle-ci : RE&CC écrit en lettres rouges. Il avait déjà vu ce logo. C’était le sponsor qui finançait son équipement de Thunderball.
Non… Il reconnaissait effectivement cette couleur, cette police d’écriture. Mais c’est ailleurs qu’il les avait vues. Et puis, tout s’éclaira soudain.
Il laissa tomber la bouteille encore pleine, et se mit à courir à toute vitesse à l’étage. Il tambourina comme un fou sur la porte de son hôtesse.
« Call ! Call ! Il faut que je te parle, c’est urgent ! Je peux rentrer ?
-Qu.. oi ? lui fit une voix endormie de l’autre côté.
-Je dois rentrer, c’est important !
-Euh… Vas-y, rentre. »
Jinn se précipita auprès d’elle, il s’assit sur son lit. Call se redressa, assise également. Mais vu sa tête, elle était encore à moitié en train de dormir.
« Qu’est-ce que tu v…
-C’est notre sponsor !
-Quoi ?
-Notre sponsor, celui qui finance mes équipements !
-Et ben quoi ?
-Son logo, je l’ai déjà vu quelque part !
-Bah, évidemment, fit-elle comme une évidence, c’est le plus gros fabricant de réfrigérateurs de la planète ! Le frigo dans la cuisine est de chez eux. Tu as dû voir le logo ici…
-Non, c’est bien avant. Dis-moi, RE&CC, ça veut dire quoi exactement ?
-Euh… Rictov Engineerings & Cellor Company. Pourquoi ? »
Jinn ne dit plus rien. Le doute n’était plus permis.
« Rictov Engineerings…
-Oui. Mais ils ont fusionné avec Cellor Company il y a peu. Mais quoi ? Tu me réveilles en pleine nuit pour savoir ça ?!
-Rictov Engineerings ! C’est ce qui était écrit sur le caisson dans lequel je me suis réveillé.
-Quel caisson ? De quoi tu me parles là ?!
-Rien. Laisse tomber.
-Pfff… Tu veux pas me laisser dormir s’il te plaît ? dit-elle légèrement énervée.
-Oui. Oui, pardon, fit-il après s’être calmé un peu. Je te laisse dormir.
-Merci beaucoup ! »
Jinn sortit et referma la porte derrière lui. Finalement, c’était bien la volonté de la Force qui l’avait amené à rencontrer Call Birmoboe.





XCVIII



Le lendemain matin, Jinn était dans le hall de l’immeuble gigantesque où se trouvait le siège de Rictov Engineerings.
« Bonjour, fit-il à la standardiste, une twi’lek à peau rouge. Je souhaiterais rencontrer un responsable.
-Oui, Monsieur. Un responsable commercial ? Financier ? Marketing ?
-A vrai dire, c’est compliqué. Mais je pense que le plus apte à répondre à ma demande doit être le responsable du secteur R&D.
-Le responsable du secteur R&D ? C’est Monsieur Tyogryonha. Vous avez pris rendez-vous ?
-Non. Mais il faut absolument que je le vois. C’est une question de vie ou de mort !
-Je regrette, Monsieur, mais M. Tyogryonha est assez occupé en ce moment. Si vous n’avez pas pris rendez-vous avec sa secrétaire, je ne vois pas bien comment vous pourriez le voir.
-Je comprends. Et je me doute que n’importe quel chef de département pour une grosse entreprise comme la vôtre doit toujours être surchargé de travail. Mais je vous répète que c’est une question de vie ou de mort.
-Et moi, je vous répète que sans rendez-vous, il me sera difficile de…
-Pouvez-vous au moins appeler sa secrétaire ? S’il a le temps de me recevoir entre deux trucs… »
De mauvaise grâce, l’hôtesse d’accueil pressa le bouton du comlink qu’elle avait à l’oreille. Elle prononça lentement « 12e étage », puis attendit la communication.
« Oui, ici l’accueil. Je suis navrée de vous déranger, mais j’ai ici un monsieur qui souhaiterait parler à M. Tyogryonha. Il dit que c’est très urgent. (un temps) Ah… Très bien, je vais le lui dire. »
Elle appuya à nouveau sur le bouton, et puis :
« Je regrette Monsieur, mais M. Tyogryonha n’est pas encore arrivé. Si vous voulez, je vous donne le numéro de sa secrétaire pour que vous conveniez d’un rendez-vous. Je ne peux pas faire mieux.
-Peut-être pourrais-je l’attendre ici ?
-Ecoutez, je ne voudrais pas paraître grossière. Mais il me semble que vous devriez partir. Il serait tout à fait judicieux de revenir lorsque vous aurez un rendez-vous en bonne et due forme. »
La twi’lek avait raison. A trop insister, Jinn se ferait jeter à la porte. Et puis, malgré son excitation de comprendre enfin le fin mot de l’affaire, ses enseignements de jedi lui enseignaient de privilégier la patience.
D’un autre côté, ses raisons de rencontrer ce Tyogryonha étaient si aberrantes que jamais sa secrétaire ne daignerait lui accorder une entrevue. Aussi, s’il ne parvenait pas à voir le bonhomme maintenant, il ne le verrait peut-être jamais.
Calmement et sans ajouter un mot, il alla s’asseoir sur un des bancs près de l’entrée, comme si la standardiste n’avait rien dit. Quand ce fut fait, il constata le regard inquiet de la femme : d’un petit signe de tête qui se voulait discret, elle demanda au vigile de mettre Jinn à la porte.
Machinalement, Jinn fit une passe de la main en direction du gorille qui s’approchait de lui, en disant « vous allez me laisser tranquille ». Mais évidemment, cela ne fonctionna pas.
L’homme à la taille colossale le prit par les épaules comme s’il s’était agi d’une plume.
« Lâchez-moi ! lui imposa le jedi en remuant futilement des pieds. »
Mais tout en étant reconduit de force vers la sortie, Jinn croisa un homme en costume avec un badge au niveau du cœur. Un badge où il put lire « A. Tyogryonha – Responsable Service R&D ». Comme toujours depuis qu’il était dans cet univers, pour lui, la chance semblait vouloir succéder à la malchance.
« M. Tyogryonha ! M. Tyogryonha ! le héla-t-il. Je dois vous parler ! »
L’homme se retourna, oubliant quelques instants les compressions de personnel à venir dans son service et qui le tracassaient depuis des mois, et remarquant enfin la scène d’expulsion qui se jouait juste sous ses yeux.
« C’est très important, vous devez m’écouter !
-Lâchez-le ! ordonna Tyogryonha au vigile. »
Ce dernier s’arrêta de le traîner vers la porte, mais ne le lâcha pas pour autant. Il n’avait toujours aucune confiance en cet intrus.
« Qu’est-ce que vous me voulez ? lui demanda le syenyolien, blasé.
-C’est au sujet d’un de vos prototypes. Du moins, je pense que c’est un prototype.
-Un prototype ? Un prototype de quoi ?
-Justement, c’est bien le problème : je ne suis pas très sûr. C’est une machine que j’ai vue sur la planète Koboc.
-Je regrette, Monsieur, mais nous n’avons aucun laboratoire de recherches sur une planète du nom de Koboc. Vous devez faire erreur.
-Je vous assure qu’il n’y a pas d’erreur possible. Le nom de votre entreprise était écrit en gros sur la machine. »
Tyogryonha commença à être vraiment intrigué. Un prototype à eux qui se baladerait sur une lointaine planète ? Impossible. Ou alors… Se pouvait-il que la concurrence déloyale qu’opérait en ce moment Freezing HQ Holdings profite de la désorganisation actuelle de RE&CC et des futurs licenciements pour dérober des technologies avancées ? C’était une très mauvaise chose. Surtout si quelqu’un dans le service de Tyogryonha était impliqué.
Dix minutes plus tard, Jinn était au douzième étage, dans le bureau de RE&CC.
« Dites-moi donc à quoi ressemblait cette machine, ce prototype, demanda directement le responsable R&D alors que Jinn s’était à peine assis.
-A vrai dire, je ne puis pas affirmer qu’il s’agisse d’un prototype. Mais compte tenu de la fonction supposée de l’appareil, je me suis dit que c’était le plus logique, étant donné que votre entreprise fabrique des réfrigérateurs.
-Pas que… Nous fabriquons toute sorte d’appareils de refroidissement –y compris pour l’industrie ou le transport spatial.
-Et aussi des appareils pour voyager entre les dimensions ?
-Pardon ?
-Je vous demande si la liste de vos prototypes comprend aussi des machines rendant possible le voyage inter-dimensionnel. »
L’homme resta coi quelques secondes.
« C’est une plaisanterie ? C’est pour l’holocam cachée, c’est ça ? »
A bien y réfléchir, Jinn commençait à trouver la chose ridicule, lui-aussi. Il restait convaincu qu’il avait bien effectué un voyage entre deux univers, puisque c’était la seule chose qui puisse expliquer les différences si nombreuses entre ce qu’il avait connu et cet univers-ci. Mais le caisson en question ne pouvait décemment pas être la machine responsable de ce voyage. Car quel intérêt pour une entreprise de refroidissement de créer un tel engin ? Ça n’avait pas de sens. Les ingénieurs de chez RE&CC n’avaient sans doute même pas les compétences nécessaires pour concevoir un tel objet. Ça ne rentrait pas vraiment dans le cadre de leurs activités.
En revanche, peut-être que sa première hypothèse avait été juste, celle du caisson de stase. Peut-être y avait-il été placé pour maintenir son corps en attente après son voyage d’un monde à l’autre ?
« Et des caissons cryogéniques ?
-Comme dans les romans vous voulez dire ?
-Oui.
-Ecoutez, je ne sais pas ce que vous voulez exactement, mais je vais vous demander de partir. La plaisanterie a assez duré ! »
Ainsi, l’homme refusait de répondre. Mais il semblait bien moins choqué que quand il avait parlé d’un caisson inter-dimensionnel. Un aveu de sa part ?
« Vous faites dans le froid sous toutes ses formes si je ne m’abuse. Je ne vois pas ce que ma proposition a de si extravagant. Ma question est simple : oui ou non, avez-vous des prototypes de blocs de cryogénie ?
-Ça suffit maintenant ! Je pense avoir été assez clair. Bien que certains prétendent qu’il est possible de conserver intacts des tissus vivants dans de la carbonite, tout cela n’est que foutaise ! La cryogénie, c’est un conte de fées ! Notre entreprise fabrique des frigos et des systèmes de refroidissement, occasionnellement des congélateurs. Mais pas des machins qui n’existent pas ! »
Pourquoi un tel emportement ? se demanda Jinn. Pour lui, il était évident que l’homme ne disait pas tout ce qu’il savait.
« Maintenant, sortez immédiatement de mon bureau ou je vous jure que j’appelle la sécurité pour vous faire sortir par la peau des fesses !
-Vous mentez ! Ce caisson dans lequel j’étais, il y avait votre nom dessus et… »
Mais quelques minutes plus tard, Jinn était devant le bâtiment, éjecté par le vigile qui souriait.
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Messagepar Hiivsha » Ven 05 Avr 2013 - 11:52   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

"c’était bien la volonté de la Force qui l’avait amené à rencontrer Call Birmoboe." = :D :siffle: :wink:

Ah, on sent que l'intrigue principale se remet un peu en route. Intéressant.

Sinon, si tu te mets à écrire sans fautes, je vais m'inscrire au chômage :wink:
D'ailleurs, soit dit en passant, je trouve qu'il y a une nette amélioration de la fluidité de la lecture par rapport au tout premier chapitre. Et c'est vrai qu'on te sent à l'aise dans les dialogues. :oui:
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Messagepar Kléber Valéra » Ven 05 Avr 2013 - 23:13   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

XCIX



Quelques jours plus tard, sur Koboc…
Halaser Coff entra dans la pièce en chargeant comme un taureau gamorréen. Il voulait probablement impressionner son auditoire d’entrée de jeu.
Dans cette salle, il avait réuni des industriels et des penseurs kobocois de tous bords, les idéalistes qu’il estimait pouvoir devenir la nouvelle élite dirigeante kobocoise en remplacement de l’ancienne noblesse sclérosée et apathique qui ne devait sous aucun prétexte gouverner la future Koboc libérée. Il avait aussi pris grand soin de choisir parmi ceux en qui il avait suffisamment confiance pour ne pas être trahi : certains kobocois idéalistes et compétents étaient bien trop impérialistes pour ne pas le dénoncer immédiatement s’il faisait mine de se ranger du côté des rebelles… Ceux-là, il les convierait dans un second temps.
Cela ne retirait rien au fait qu’il devait tenir cette réunion dans le plus grand des secrets. Aussi avait-il opté pour une heure tardive, dans une salle du ministère par lui sécurisée, plutôt que dans le palais présidentiel comme cela aurait été logique pour ce type de rassemblement.
« Messieurs, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Vous vous doutez que si je vous ai convoqués en entourant cette réunion d’autant de secret et en vous demandant de faire de même, c’est que ce que j’ai à vous dire est à la fois confidentiel et très important. Aussi, je vous prie d’écouter attentivement car je ne répéterai pas. D’autre part, sachez que je me fie entièrement à vous pour ne rien ébruiter de ce qui se dira cette nuit : nous nous connaissons peu mais ce que je sais de vous me pousse à avoir confiance. Vous êtes priés de ne pas abuser de cette confiance.
-Vous avez dit que vous n’iriez pas par quatre chemins, fit remarquer calmement un Kobocois. Alors, allez-y.
-Tout à fait, M. Egrettan. Comme vous l’avez peut-être constaté, vous tenez des rôles globalement très différents : leaders politiques, capitaines d’industrie, chef religieux, etc. Mais votre point commun est le rôle majeur que vous tenez vis-à-vis de Koboc.
-Notre influence est loin de valoir la vôtre, fit remarquer le même Egrettan.
-Exact. Alors je vais être plus précis : ce qui vous lie est que vous pourriez avoir une bien plus grande influence, si vous acceptiez de rentrer pleinement dans le jeu politique actuel qui se joue sur cette planète. Mais –et c’est là votre autre point commun- aucun de vous n’a jamais renoncé à ses idéaux, ni pour soutenir notre empire totalitaire, ni pour soutenir le laxisme du gouvernement local légitime. Sans nul doute parce qu’aucun de vous ne veut renoncer à ces idéaux…
-Est-ce pour nous accuser de traîtrise que vous nous avez réunis en secret ? demanda avec force un autre convive.
-Oui, si on veut. Mais je ne vous ferai pas condamner pour cela.
-Tant mieux, Coff ! Parce que moi je n’ai pas l’intention de changer ma ligne de conduite. Vous ne me faites pas peur, vous et votre empire à la noix ! cracha-t-il.
-Justement, c’est de cela qu’il s’agit. Je viens juste de contacter l’Alliance Rebelle. Elle m’a promis son soutien pour que nous effectuions une transition pacifique entre l’empire et la république qu’elle compte mettre en place après sa victoire. »
L’industriel ne dit plus rien. Pas plus qu’aucun autre : ils étaient tous bouche bée.
Egrettan se décida à rompre le silence :
« C’est une blague ? Ou bien une ruse pour nous faire avouer notre antipathie vis-à-vis de votre Palpatine ?
-Et bien… Je suis général de surface de l’armée impériale. Et pour légitimer mon mandat, j’ai dû faire des choses qui n’étaient pas toujours très catholiques… Aussi, je sais que cela peut paraître impossible. Mais croyez-le ou non, tout ce que j’ai fait a toujours été pour protéger le peuple kobocois. Et aujourd’hui, je ne suis pas en train de vous raconter des histoires : je veux faire en sorte que Koboc ne souffre plus. Et je vous propose réellement de participer à mon projet. L’empire va s’éteindre. Aidez-moi à assurer la continuité pour Koboc, et faire en sorte qu’elle ne sombre pas dans le chaos à ce moment-là.
-Pourquoi nous ? questionna le deuxième industriel qui avait parlé.
-Je vous l’ai dit. Du moins je l’ai suggéré. Parce que vous me semblez être les plus aptes à m’aider. Vous êtes déjà puissants, mais sans moi vous ne parviendrez pas à vous affirmer face au gouvernement en place. Sans fausse flatterie, vous êtes des gens intelligents. Et vous serez largement susceptibles de reprendre ma place quand le peuple kobocois exigera d’être gouverné par des Kobocois. Vous êtes aptes à former un bon gouvernement sous la république. Ce qui n’est absolument pas le cas de l’actuel, reconnaissez-le.
-Qu’attendez-vous de nous exactement ?
-Rien de plus que votre entière coopération et votre silence. J’organiserai, toujours dans le plus grand secret, des réunions de ce type, auxquelles vous serez conviés. Ensemble, nous réfléchirons à la meilleure façon d’anticiper l’arrivée au pouvoir des républicains, puis nous préparerons Koboc à cela. Je veux que vous m’aidiez à supprimer l’empire en douceur, c’est tout.
-Très intéressant, fit remarquer un troisième Kobocois, le chef du parti progressiste.
-Oui, c’est effectivement très intéressant, prononça une voix dans le dos du général. »





C



Coff se retourna d’un coup sec. A un mètre devant lui, se tenait un homme qu’il n’avait pas vu depuis très longtemps, et qui le regardait avec un grand sourire. Soudain, il comprit que tout était perdu.
« Rostala…
-C’est comme cela que l’on salue un supérieur ? demanda-t-il avec amusement. Regarde bien (il montra l’insigne qui signifiait son grade), j’ai été promu. Je suis Haut-Général à présent. »
Comme il ne l’avait pas fait depuis très longtemps, Coff se mit au garde-à-vous comme un simple troufion.
« Pardonnez-moi, général Rohmer.
-Allons, allons, Halaser. Ne sois pas si protocolaire, je disais ça pour plaisanter. En souvenir du passé, tu peux t’abstenir des convenances avec moi… »
Coff se mit au repos, mais il restait étonnament crispé. Aucun des Kobocois présents ne savait ni que dire, ni que faire. Mais ils eurent bien vite la réponse à cette question : Rohmer leur ordonna de sortir immédiatement avec grande sévérité. Puis, il alla refermer la porte, et ordonna plus gentiment à Coff de prendre une chaise, pour ensuite venir s’asseoir en face de lui.
Il perdit immédiatement son sourire.
« Soyons sérieux, Coff. Pouvez-vous m’expliquer ce que vous étiez en train de faire ? Et inutile de nier, j’ai tout entendu.
-A quoi bon expliquer, alors ?
-Je veux comprendre à quoi vous jouez. »
Coff regarda ses mains. En dépit de toutes ses précautions, il avait échoué avant même d’avoir commencé. S’y était-il mal pris ? Non. Il aurait plutôt parié sur une intervention d’un de ses hommes. Gright, peut-être… Car de toute évidence, l’arrivée de Rohmer ne pouvait pas être due au hasard.
Inutile de mentir, effectivement. Aussi, il redressa la tête en signe de bravade.
« Si je vous dis "équilibre", qu’est-ce que ça vous évoque ?
-Equilibre ?
-Oui.
-Je ne sais pas. Qu’est-ce que vous voulez que ça m’évoque ? »
Coff marqua une pause.
« Equilibre, c’est la façon dont je vois toutes choses. Tout, absolument tout, n’est qu’une question d’équilibre. Que ce soit au niveau atomique, entre les forces d’interaction physiques qui régissent notre univers, jusqu’au niveau astral, entre celles qui régissent les astres.
-Je ne vois pas trop où vous voulez en venir, mais je vous écoute toujours.
-Ce qui est vrai pour les phénomènes physico-chimiques l’est aussi pour les hommes. En politique par exemple, les choses sont comme elles doivent être à condition que l’équilibre soit respecté.
-Ah… Très bien. Et alors ?
-Quand la république galactique a choisi le silence, quand elle n’a pas su réagir alors qu’elle se faisait petit à petit gangrener par sa propre corruption, elle a détruit son propre équilibre, et avec lui celui de tous ses membres. Aussi, n’en déplaise à ceux qui n’ont jamais vu que le Mal absolu en notre grand Palpatine, l’empire était une nécessité absolue, dans la mesure où il a rétabli l’équilibre. L’état du gouvernement n’avait plus rien à voir avec celui de la république, mais il était convenable, car équilibré. C’est même pour ça que j’ai rejoint l’Empire à cette époque : par conviction sincère.
-Poursuivez.
-Aujourd’hui, l’Empire est aveuglé par sa xénophobie, son contrôle absolu qui écrase démesurément les libertés individuelles, son élitisme injustifié, sa haine absurde d’un ennemi que son arrogance a elle-même créé. Par ses actes les plus récents, l’Empire a fini par briser l’équilibre sur lequel reposait sa légitimité. Il est donc temps qu’il passe la main. C’est donc par conviction sincère également que je compte le quitter aujourd’hui.
-De la trahison, en somme. Un manquement à l’honneur…
-Je trahis l’Empire, oui, peut-être… Mais ce n’est pas à l’Empire que j’étais fidèle, pendant tout ce temps. Je ne faisais que respecter mes idéaux. Et je les respecterai toujours. Et si aujourd’hui, leur rester fidèle signifie prendre la position inverse d’il y a vingt ans, alors c’est ce que je ferai. »
Pour une curieuse raison, le visage de Lyona s’imposa à l’esprit de Coff.
« Bravo. Très noble de votre part. Si si ! Maintenant, laissez-moi vous dire une bonne chose. Les idéalistes comme vous, qu’ils soient d’un bord ou d’un autre, sont extrêmement rares. Je ne dis pas qu’il n’en faut pas : ils ont leur utilité, parfois. Mais, que ce soit dans notre camp ou dans celui des rebelles ; ou de n’importe quel autre d’ailleurs, ceux qui mènent le bal ne sont pas les idéalistes, mais les roublards, les arrivistes, les gens que vous devez détester mais qui ont l’intelligence de ne pas vous montrer qui ils sont réellement. C’est magnifique votre petit discours. Le genre de truc à faire pleurer dans les chaumières. Mais ça ne change strictement rien aux choses. Voilà donc ce que moi je vous dis maintenant : vous allez bien gentiment rentrer dans le rang, ô mon grand et noble général. Parce que sinon, le haut-général -sans aucune noblesse mais plus gradé que vous- que je suis, se fera un plaisir de vous rappeler votre place.
-Et si je refuse ?
-Vous aurez un accident.
-Et si ma propre mort ne me fait pas peur ?
-Alors c’est votre fille qui aura cet accident. »
Coff se tut. Même si elle semblait évidente, c’était une menace qu’il n’avait jamais envisagée. Son empire s’en prendrait-il vraiment à la seule chose à laquelle il tenait plus que sa vie s’il refusait d’obéir ? Peut-être pas. Mais Rohmer, assurément. Il serra les poings, mais ne réagit pas plus.
« C’est ça qui est bien avec les idéalistes. Ils sont toujours trop honnêtes, et ils ont souvent bien trop à perdre, fit remarquer le haut-général avec un grand sourire. »





CI



L’astroport syenyolien avait été vidé de tous ses touristes ce jour-là. La baie principale était remplie par la délégation officielle et un cordon de sécurité particulièrement conséquent. A dire vrai, l’organisateur de tout ceci, le gouverneur Swan, ne savait pas très bien s’il respectait le protocole ou non. D’habitude, c’était l’Empereur Palpatine qui était invité à la finale de Thunderball. Mais comment réagir face au nouvel arrivant ? Il n’avait pour ainsi dire jamais posé le pied sur Syenyolia auparavant…
La navette impériale de classe thêta apparut, haut dans le ciel. Elle descendit lentement et puis, lorsqu’elle eut passé le niveau du toit, les deux vantaux horizontaux qui constituaient celui-ci se refermèrent doucement et sans bruit. Enfin, la rampe d’atterrissage du véhicule spatial descendit. Alors qu’elle n’avait pas encore touché le sol, un homme la parcourait déjà, marchant d’un pas ferme vers le gouverneur. Il était suivi de près par deux stormtroopers, probablement des soldats d’élite.
Dark Vador s’arrêta au niveau de Swan, faisant fi des acclamations forcées de ce public trié sur le volet, et dont il n’avait que faire.
« Gouverneur Swan, salua le seigneur sith.
-Seigneur Vador, lui répondit le syenyolien quelque peu inquiet. Voulez-vous profiter de la fête d’accueil que nous vous avons prépar…
-C’est très aimable à vous, gouverneur. Mais je n’ai pas de temps à perdre en futilités, expliqua avec force conviction l’homme en noir. Conduisez-moi dans un lieu où nous pourrons être au calme. J’ai à vous parler. »
Swan ne dit pas un mot : le nouveau venu l’effrayait totalement. Quelques minutes plus tard, il avait fait libérer une petite pièce de l’astroport pour que les deux personnages puissent parler seul à seul. Il aurait volontiers attendu d’arriver au palais pour pouvoir s’entretenir avec son invité, mais celui-ci semblait pressé et il ne préférait pas l’indisposer.
« Je vous écoute, seigneur Vador.
-Je l’espère bien. Je pense que je vous dois quelques explications sur ma présence. Vous êtes en effet au courant depuis longtemps que je remplace l’Empereur qui a dû décliner votre invitation habituelle. Et si je ne m’abuse, votre peuple est au courant aussi.
-C’est exact.
-Cependant, l’Empereur ne vous a pas fourni de raison à cela.
-Non, en effet.
-Je suis ici parce que Son Altesse Impériale n’a plus le luxe de perdre son temps dans des réjouissances aussi futiles que votre championnat sportif. L’Empire est en guerre. Et il préfère se concentrer sur l’effort de guerre plutôt que de perdre son temps dans des frivolités. Voilà pourquoi il a refusé de venir cette fois-ci. »
Le gouverneur ne dit pas un mot. Que Palpatine préfère passer son temps à chasser des rebelles était tout à fait compréhensible, et à vrai dire, il s’y était un peu attendu. Mais qu’il envoie cet homme terrifiant à sa place, ça le dépassait totalement. Et ça ne lui faisait pas vraiment plaisir. C’était d’autant plus curieux que d’après ses sources, Vador était un militaire avant tout : lui, bien plus que Palpatine, aurait dû être en train de traquer la lie galactique en ce moment-même. Alors pourquoi cette chose à la respiration artificielle qui lui glaçait le sang était venue prendre la place de son souverain ?
Trop appeuré, Swan s’abstint de demander.
Vador de son côté, connaissait évidemment la réponse à cette question. Palpatine voulait quand même rappeler au peuple syenyolien et aux systèmes alentour qu’il fallait continuer de se tenir droit, et que toute coopération avec une certaine rébellion serait sévèrement punie. Et quelle meilleure façon de le montrer que d’envoyer sur place son bras armé gantelé de noir ?
« Je comprends tout à fait qu’il n’ait pas pu se déplacer lui-même, Seigneur Vador. Croyez-bien que je regrette son absence : plus que jamais son soutien compte pour nous. Mais…
-Ma présence ne vous suffit-elle pas comme symbole de son soutien ? N’est-ce pas assez démontrer qu’il ne vous oublie pas ? s’emporta le sith.
-Si, si… se recroquevilla le gouverneur impérial. J’allais justement dire que malgré cela, nous sommes très honorés de vous compter parmi nos invités.
-Bien sûr. Je vous crois, gouverneur, répondit-il trop calmement. »
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Sam 06 Avr 2013 - 21:27, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Sam 06 Avr 2013 - 12:20   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Pauvre Coff ! Le voilà sans un sale pétrin. Hâte de voir comment il va s'en seortir... c'est qu'il m'était devenu sympatique le bougre ! Quant à la rencontre Vador/Jinn, ça promet ! :oui:

si je vous ai convoqué => convoqués

Pourquoi-nous ? => trait d'union superflu

Ne soit pas => sois

d’un ennemi que son arrogance à elle-même créé. => a

ou dans celui des rebelles. Ou de n’importe quel autre d’ailleurs => ce point casse la phrase alors qu'il ne faudrait pas

Alors qu’elle n’avait pas encore touchée le sol, => touché

force-conviction => je dirais qu'il ne faut pas de tiret entre les deux mots (force = beaucoup de) :
Force : ☆2. Employé comme adjectif invariable. Un grand nombre de, quantité de. Il a reçu force compliments. On me fit force politesses. Avec force regrets.

de se tenir à carreau => hum... c'est une expression familière et je pense que les expressions familières, si elles peuvent avoir leur place dans un dialogue, ne l'ont pas dans un texte digne de ce nom ;)
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Messagepar Kléber Valéra » Sam 06 Avr 2013 - 21:53   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

CII



Coff marchait d’un bon pas. Il était en civil, et sortait rarement ainsi. Il était certain que personne ne le suivait. Ou plutôt il en était presque certain.
Il arriva dans le ghetto humain. Ce quartier de Sonimagin était ainsi nommé non pas parce qu’il était spécialement malfamé –bien au contraire, il était plutôt huppé- mais parce qu’il réunissait la plupart des humains habitant la capitale. Coff comprenait que les membres de son espèce, ici souvent stigmatisés, préfèrent rester entre eux. Mais lui-même s’était toujours refusé à vivre ici : un personnage public comme lui se devait de vivre parmi les natifs.
Il frappa à la porte d’une maisson assez cossue. La porte s’ouvrit, laissant apparaître une jeune femme blonde d’une vingtaine d’années, le regard hagard.
« Papa ? s’étonna-t-elle sincèrement. Mais qu’est-ce que tu… »
Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, Coff poussa sa fille à l’intérieur, rentra à sa suite et referma.
« Mais pourquoi tu…
-Pas le temps. Prends tes affaires. Le strict minimum. Il faut qu’on parte.
-Quoi ?!? Mais enfin, tu dérailles ? Je ne peux pas partir comme ça ?
-Ne discute pas. Fais tes bagages sur-le-champ. Un vaisseau nous attend. Il faut qu’on parte.
-Mais… Mais… Qu’est-ce qui se passe ? Une révolte ?
-Non. Fais ce que je te dis, et vite. On n’a pas le temps !
-Ecoute Papa, je ne suis pas un des tes soldats. Alors tu me dis pourquoi on doit partir comme ça, éventuellement de manière résumée si tu dis que c’est pressé, mais tu me le dis. Sinon, je ne viens pas. »
Halaser baissa la tête. Evidemment ! Il n’avait jamais eu aucune influence sur sa fille…
« J’ai contacté la rébellion pour lui proposer un accord. Je voulais…
-Tu as fait QUOI ? hurla-t-elle. Mais enfin ! Tu es un général impérial !
-Je ne me justifierai pas devant toi, Namcola. De toute façon ce qui est fait et fait. »
Sa fille le regarda d’un drôle d’air.
« Bon… fit-elle de mauvaise grâce. Et en quoi ton histoire me concerne ?
-Un haut-général est au courant.
-Bien ! Félicitations ! Chapeau pour la discrétion !
-Et il m’a posé un ultimatum : soit je me plie aux ordres de l’empereur que j’ai toujours refusé d’exécuter, soit il te tue.
-Pardon ? Mais qu’ai-je à voir là-dedans ? demanda-t-elle, vraiment paniquée cette fois.
-Tu es ma fille. Le lien qui nous unit est suffisant pour que cette affaire ait tout à voir avec toi.
-Et pourquoi tu ne veux pas obéir ? Après tout, tu es général dans l’armée impériale, non ? Ça te donne des droits ET des devoirs…
-Depuis deux ans, mes supérieurs me demandent d’opprimer le peuple kobocois en punition de leur attitude globalement négative vis-à-vis de l’empire. Etre plus sévère avec eux… J’ai pu éviter une partie de ces répressions. Mais il est hors de question que je m’y mette vraiment, tu m’entends ? Il faut partir. Je refuse d’être responsable de plus de crimes que je n’en ai déjà commis. Et je refuse identiquement d’être responsable de TA mort.
-Mais… Mais… Enfin, c’est idiot ! Si tu as si peur pour les Kobocois, tu devrais rester ! Si tu dis que l’Empire veut durcir le ton sur Koboc, pense bien que ça pourrait être pire avec un autre que toi !
-Non, pas pire : identique. Maintenant en tout cas : Rohmer me tient par les couilles ! Il me fera faire ce qu’il voudra à présent. Notre seule chance à tous les deux est de fuir tant qu’il est temps. Et même s’il m’en coûte atrocement de dire une chose pareille : c’est tant pis pour le peuple kobocois. Je ne peux plus rien faire pour lui à présent. C’est triste, c’est comme ça. En outre, je pensais qu’il me serait plus facile de re-contacter les rebelles une fois en fuite, pour faire en sorte qu’ils aident Koboc après mon départ.
-Tu as confiance en eux on dirait ?
-Non. Mais je n’ai pas le choix.
-Et… Et maman ?
-J’y ai pensé. Là où elle est actuellement, elle est en sécurité. Rohmer n’a pas le bras aussi long : il ne pourra jamais rien lui faire. Mais toi, il peut. Alors bouge-toi, ma fille !
-Et où veux-tu fuir ?
-Je ne sais pas. Mais il faut fuir, c’est certain.
-Mais… Mais… Je ne peux pas tout abandonner comme ça ! Ni toi, d’ailleurs…
-J’ai accepté que je devrais peut-être tout abandonner le jour où j’ai décidé de rencontrer les rebelles pour la première fois. Quant à toi, y’a-t-il vraiment tant de choses qui te retiennent sur Koboc ? »
La fille de Coff réfléchit quelques instants. Dans la précipitation, elle oubliait sans doute beaucoup de choses. Mais à chaud, elle fut bien obligée d’être honnête avec son père.
« Non, pas grand chose… admit-elle. Mais ça ne répond pas à la question de où nous irons. Tu connais beaucoup d’endroits pour te cacher de l’Empire, toi ? »
Halaser songea l’espace d’une seconde retourner sur Homenssa, pour y retrouver la Traceuse. Mais risquer de compromettre la couverture d’une agent rebelle haut-placée n’était probablement pas le meilleur moyen de s’acoquiner avec l’Alliance. Surtout considérant que lors de sa rencontre avec elle, il lui avait forcé la main sur beaucoup de choses…
« Pas vraiment, admit-il. Mais je sais où trouver quelqu’un qui pourrait nous aider.
-Un rebelle ?
-Non. Un impérial.
-Je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure solution !
-Si, ça l’est. Lui, connaît beaucoup de secrets de l’empire. Il saura où nous cacher pour que l’armée ne nous retrouve pas.
-Et pourquoi nous aiderait-il, s’il est impérial ?
-Parce qu’il est sans le savoir impliqué dans cette affaire. »
Devant le regard interrogateur de Namcola, Halaser poursuivit.
« Je l’ai envoyé sur une mission assez compromettante. Parce qu’elle est officieuse, elle contourne le protocole.
-Et alors ?
-Alors réfléchis : à notre fuite succédera ma défection. Et ensuite, que pensera-t-on du petit major de l’empire qui n’obéit pas autres ordres officiels mais uniquement à ceux de son cher général de surface tombé en disgrâce ?
-On l’accusera de faire partie de ton complot avec les rebelles.
-Il y a de grandes chances. Sans le savoir, Kints est aussi condamné à la fuite que nous. »
Namcola secoua la tête à l’évocation de ce nom.
« Il nous aidera, j’en suis convaincu.
-Totalement ?
-Non. Mais je l’espère vivement. »
Quelques minutes plus tard, Namcola redescendait avec une simple mallette. Elle avait l’esprit aussi droit et organisé que son père, et elle avait eu la présence d’esprit de ne prendre vraiment que le strict minimum.
« Partons au plus vite.
-Pas tout de suite.
-Pourquoi ? Je croyais que c’était pressé ?
-Il faut encore que nous récupérions quelqu’un… »





CIII



Quelques jours plus tôt, alors qu’il était encore et toujours en train de lire le journal de Kaalin Birmoboe (faute de mieux), on avait annoncé à Jinn les résultats des matchs de la première phase.
Il se trouvait que le dénommé Bengo Zyadyufen, apparemment favori, avait remporté son match comme l’avait prévu Call. Malheureusement pour lui –et en dépit des prédictions des journalistes sportifs, son niveau de technicité avait été loin d’égaler celui de l’ancien jedi. Ainsi, son score avait été bien en-deçà des estimations généralement admises, en-deçà du score de Jinn. Et puisqu’aucun autre des concurrents qui avaient suivi n’avait aussi bien joué que lui, ce-dernier avait eu le plaisir d’apprendre, il y avait trois jours de cela exactement, qu’il aurait le droit de jouer la finale contre l’autre qualifié, un certain Hego Piuziary.
Bref, pendant quelques secondes après cette annonce, si Jinn était resté indifférent à la nouvelle, Call avait semblé aux anges.
Elle avait vite déchanté.

Peu après son renvoi du bâtiment de RE&CC, Jinn s’était débrouillé pour suivre Tyogryonha jusque chez lui, où il avait à nouveau tenté de l’interpeller. Mais il avait une fois de plus trouvé porte close. Aussi, il comprit que toute cette affaire était hautement confidentielle, et qu’elle était probablement bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Il comprit aussi qu’il n’obtiendrait pas de gré les informations sur cette histoire, et qu’il lui faudrait recourir à la ruse pour s’approprier certaines données.
Depuis quatre jours, entre deux lectures du journal, le jedi collectait de multiples informations sur l’entreprise, le bâtiment, les rondes de nuit. Tout ce dont il avait besoin pour faire une chose qu’il n’avait encore jamais faite : déjouer un complot contre lui en infiltrant un bâtiment hautement sécurisé. Quoi de plus facile ?
D’après ses premiers repérages, la surveillance était constante. Mais le gardien du garage à lanspeeders lui avait lâché entre deux bouchées de beignet que le manque de personnel de la sécurité nocturne imposait que certains étages ne soient pas contrôlés systématiquement toutes les nuits. Et les étages non surveillés changeaient chaque soir.
Le douzième étage, celui de la Recherche et Développement, serait vide le soir du match de la finale. Ce qui obligeait Jinn à renoncer à son « serment » de gagner le match pour faire plaisir à Call. Il lui restait en effet un certain sens des priorités : il refusa catégoriquement de finir le tournoi, en dépit de son acceptation officielle à la compétition, laissant sa place au troisième score du tournoi (en l’occurrence Zyadyufen).
Aussi, plutôt que de s’entraîner, il vérifiait en ce moment que les derniers détails de son plan étaient réglés ; au grand dam de Call. La syenyolienne ne semblait pas choquée outre mesure de son envie de faire quelque chose d’illégal : elle comprenait qu’il veuille tout faire pour retrouver son passé (Jinn avait été obligé de lui expliquer le coup du caisson sur Koboc). Mais elle paraissait anormalement énervée qu’il refuse de saisir la chance qu’il avait de devenir un grand champion, surtout qu’elle avait prétendu bien plus tôt qu’une place en finale était déjà largement suffisante pour elle. Et n’était-ce pas ce que Jinn avait obtenu ?
« Rictov Engineerings, ça peut bien attendre, non ? lui avait-elle dit quelques jours plus tôt, essayant de paraître la moins dure possible.
-Non ! C’est maintenant ou jamais, avait affirmé le jedi, interdisant toute discussion. »





CIV



Les trois kobocois contemplaient le ciel étrange de l’hyperespace, tentant de ne penser à rien. Mais bien forcés de constater qu’il était difficile de ne penser à rien lorsqu’on se savait recherché.
Lyona brisa le silence.
« En tout cas, merci d’être passé me prendre, Halaser. »
Namcola leva un sourcil. Elle trouvait très curieuse l’intimité entre cette Kobocoise dont elle n’avait même jamais entendu parler et son père.
« A vrai dire, je pensais qu’après ce qui s’est passé la dernière fois, vous ne m’adresseriez même plus la parole. Je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris. Je vous remercie de ne pas en avoir…
-J’ai dit que nous ne devions plus en parler ! trancha Coff, ce qui fit définitivement taire la Kobocoise. »
Namcola Coff ne chercha pas à comprendre. Quoi que fut ce dont ils parlaient, si son père refusait qu’ils en parlent, ça ne valait pas la peine d’insister.
« Au fait, bravo Papa, balança Namcola quand la tension fut légèrement retombée.
-De quoi ?
-Et bien… De ta réactivité.
-Pourquoi dis-tu cela ?
-C’est simple : je n’ai pas eu tous les détails, évidemment… Mais je suppose que dès que tu as su que nous étions menacés, tu as organisé tout de suite cette petite expédition. Et il semblerait que ça ait marché, puisque personne ne nous a inquiétés en partant.
-Oui, c’est vrai. Je ne pense pas que ce haut-général ait eu le temps de prendre le contrôle de mes hommes, pour l’instant. Mais je ne me fais d’illusions : ça ne saurait tarder.
-De quel général parlez-vous ? demanda Lyona qui n’avait pour l’instant qu’un aperçu approximatif de la raison de leur fuite, Coff ayant été très vague à cause de l’urgence de la situation.
-Rostala Cire Rohmer, répondit machinalement Halaser. »
Le nom déclencha une bombe dans le cockpit. Et le son de l’explosion se fit entendre tout de suite, tonitruant :
« Quoi ?! Rohmer ? LE Rohmer ? Votre prédécesseur ? L’ordure qui est directement responsable de la mort de Filim ?
-Filim ? questionna Namcola. »
Mais Halaser n’eut pas besoin d’une réponse de la Kobocoise pour savoir qu’il s’agissait du prénom de feu son mari. Il comprit tout de suite son erreur d’avoir parlé de Rohmer, mais il était trop tard pour revenir sur ce qu’il venait de dire.
« Oui, Lyona. C’est à cause de lui que nous fuyons Koboc en ce moment-même.
-Halaser Coff ! Je vous ordonne de faire demi-tour sur-le-champ ! hurla-t-elle. Il est hors de question qu’une raclure comme Rohmer reprenne le contrôle de Koboc. Faites demi-tour, que je le tue ! »
Coff ne savait plus trop comment réagir. Il tenta de la raisonner, sachant très bien que ce ne serait pas chose aisée.
« Ecoutez, Lyona, je ne ferai pas demi-tour. Rebroussez chemin : pourquoi faire, je vous le demande ?
-Je vous l’ai dit ! Je veux le tuer !
-Mais vous le savez aussi bien que moi, il y a un écart énorme entre vouloir et pouvoir. Ne croyez pas que je ne comprenne pas ce que vous ressentez. Mais tout ce que vous réussirez à faire si vous retournez sur Koboc, ce sera de VOUS faire tuer.
-Rien à faire ! Ramenez-moi là-bas ! Rohmer mourra de ma main, je le jure !
-Non. Nous ne ferons pas demi-tour, finit-il par dire avec calme mais sévérité. »
Lyona ne dit plus rien du tout. Elle savait, au fond d’elle, que Coff avait raison. Mais sa rage, celle-là même qui était apparue depuis qu’un petit soldat de l’empire était venu un soir lui annoncer que Filim était mort au champ d’horreur, et qui ne s’était jamais éteinte depuis, bouillonnait dans le fond de ses entrailles, plus forte que jamais.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Lun 08 Avr 2013 - 20:11, modifié 2 fois.
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Messagepar Hiivsha » Sam 06 Avr 2013 - 22:09   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hé, hé, on a l'impression que ça bouge sérieux là, très bien.

Rien à dire à part :

ce-dernier avait eu le plaisir d’apprendre, il y a trois jours exactement, => ce dernier - il y avait trois jours

au grand damne de Call => dam
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Messagepar Kléber Valéra » Dim 07 Avr 2013 - 12:57   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:ce dernier - il y avait trois jours

Euh... Tu es sûr? Parce que ça fait vraiment, vraiment, super bizarre je trouve...


***********************************


CV



Par simple observation, Jinn était parvenu à confirmer les dires du gardien, à savoir que les rondes des veilleurs de nuit ne parcouraient jamais tous les étages. S’il n’avait pas menti non plus à ce propos, une fois qu’il aurait atteint le douzième étage de la tour, il serait tranquille. Restait quand même à l’atteindre !

D’après ce qu’il avait pu trouver sur l’architecture du bâtiment, un local avait été réservé, au sous-sol, pour toute la gestion électrique. De là, il pourrait sûrement contrôler tout le bâtiment. Son but n’était évidemment pas d’allumer tous les étages, mais bien d’éteindre les alarmes partout dans la tour. Car même s’il n’avait rien trouvé à ce propos, il était plus qu’évident qu’un bâtiment qui était seulement partiellement surveillé chaque nuit devait être équipé d’alarmes pour compenser. Et les quelques veilleurs devaient se contenter de les désactiver temporairement quand eux devaient vérifier l’étage en question.
En tout cas, Jinn était certain que l’étage des nouvelles technologies était protégé par des alarmes.

L’ancien jedi passa à l’arrière du bâtiment, et se positionna au-dessus d’une trappe dissimulée dans le sol, derrière le buisson d’un jardin de complaisance. Il s’était vêtu pour la circonstance : du noir pour la discrétion et des gants pour éviter les empreintes. Il approcha de la porte un électro-aimant industriel portatif qu’il avait fait acheter l’avant-veille à Call. En quelques manipulations simples, il ouvrit la trappe, et se laissa descendre dans le local informatisé.
Il sortit un datapad de sa poche et se brancha sur un des ports externes du terminal qui lui faisait face. A partir de maintenant, n’importe qui, et surtout l’entreprise qui gérait à distance la vidéosurveillance, pouvait se rendre compte de son intrusion. Le temps était donc compté.
Le jedi mit à nouveau à profit ses talents en informatique. Il parcourut rapidement les dossiers et quelques programmes, pour se faire une idée de l’architecture numérique du système de sécurité. Tout de suite, il comprit qu’effectivement, chaque étage était équipé d’un système d’alarme indépendant qui risquait de se déclencher s’il ne trouvait pas un moyen de le contourner. Il comprit aussi que son idée initiale de couper net le système pouvait être dangereuse. En effet, les programmes contenaient une sécurité du type : coupure généralisée de l’alarme = intrusion dans le système = déclenchement de l’alarme de secours.
Il se contenta de modifier l’heure référence de l’alarme, pour lui faire croire que c’était le milieu de la journée. Ce qui sembla fonctionner à merveille : les voyants rouges du tableau synaptique passèrent au vert comme s’il était midi. Le problème, c’est que Jinn constata aussi, grâce au même tableau, que le hall d’entrée venait de s’éclairer. Il se dépêcha de changer de dossier, et parvint à atteindre le programme incriminé. Il le pirata du plus rapidement qu’il put, transpirant à grosses gouttes. Il songea l’espace d’un instant que ce n’était pas la première fois qu’il piratait ainsi un système complexe. Mais c’était une nouveauté de devoir le faire aussi rapidement, et de façon aussi improvisée.
L’éclairage du hall s’éteignit. Il afficha sur son datapad les images de la caméra d’entrée : les trois vigiles étaient à nouveau dans le noir. Mais ils regardaient les lumières maintenant éteintes en se demandant ce qui avait bien pu se passer. L’un d’eux porta son comlink à ses lèvres : Jinn jouait décidément de plus en plus serré.
Il pirata encore un dernier programme, pour que les caméras affichent en boucle la même image à chaque endroit où il avait prévu de passer (la supercherie ne ferait pas effet longtemps, mais il fallait juste que ce soit suffisant pour la nuit). Il rangea son datapad, le déconnecta, referma la trappe correctement, et se dépêcha de fuir avant qu’un des gardes ne vienne voir.
Ce fut moins une : il franchissait tout juste l’angle du mur qu’un devaronien énorme apparaissait déjà. Jinn voulut souffler quelques instants, mais se retint : le garde était bien trop près de lui.

Le type ne constata rien d’anormal. Aussi, après que Jinn l’eut entendu dire à un collègue « ça doit juste être une couille de rien du coup. On signalera ce dysfonctionnement demain », il revint sur ses pas. Le jedi souffla enfin.
Il arriva quelques secondes plus tard vers l’entrée ouest, perpétuellement fermée, même la journée, et presque jamais gardée. A travers la baie vitrée, il eut confirmation que cela se passerait très simplement, jusqu’à ce qu’il arrive à la porte transparente et qu’il tourne la poignée : dans son empressement, il avait oublié de déverrouiller cette porte d’entrée !





CVI



La foule hurlait, exultait, le stade était empli d’un grondement sourd impossible à contenir. Car autant les matchs de la première phase du tournoi étaient peu appréciés (sauf les quelques-uns qui voyaient s’affronter des très bons joueurs, où le public se déplaçait massivement), autant le second et dernier match avait un succès hallucinant. Le syenyoliens vénéraient cette compétition comme si son bon déroulement leur était pour ainsi dire vital.
Cela rappela à Dark Vador une phrase que l’Empereur lui avait dite il y avait bien longtemps :
« Du pain et des jeux. Tant qu’il y a ça, le peuple se moque de devoir obéir. »
Palpatine était quelqu’un d’intelligent. Un peu trop peut-être.
En tout cas il pouvait se targuer d’avoir réussi à prendre à lui seul le contrôle de toute une galaxie jusqu’alors aux mains de ses ennemis.
Seul ? Non. Il n’aurait rien pu faire sans Dark Vador.
L’homme en noir tourna la tête à droite. Le gouverneur Swan venait d’entrer dans la tribune impériale. A ce moment-là, tout le monde se tut.
« Syenyoliens, Syenyoliennes, humains venus des quatre coins de l’univers, je vous remercie d’être venus si nombreux. »
Sa voix était retransmise dans tout le stade.
« En ce jour solennel, je suis fier de vous accueillir tous et toutes à la 134ème finale du championnat galactique de Thunderball ! »
Nouveaux hurlements déchaînés dans les gradins. Le terme de « galactique » amusa (un peu) Vador : il n’existait aucun autre championnat de ce jeu que celui de Syenyolia. Une planète pouvait-elle considérer quelque chose comme galactique quand elle était la seule dans la galaxie à l’avoir ?
« Cette année, Son Altesse Impériale était dans l’incapacité de venir assister à ce match de titans. Mais qu’à cela ne tienne, l’Empire ne nous oublie pas, puisque nous avons la chance, que dis-je, le privilège, d’accueillir ce soir le Seigneur Dark Vador ici présent. »
Swan fit un signe en direction de Vador. Ce dernier n’esquissa pas un mouvement. Il constata juste que les acclamations et les applaudissements étaient d’une autre nature que ceux qui avaient accueilli le gouverneur : certains ne changeaient rien à leur façon de faire, mais d’autres refusaient d’applaudir. Mais comme d’autres encore applaudissaient trois fois plus, probablement par peur du nouvel invité, globalement le son était le même…
Quand le silence revint, le gouverneur reprit :
« Merci pour lui. Bien, à présent, je ne vais pas parler plus longtemps, pour changer un peu de mon discours habituel, car je pense que chacun ici est déjà conscient du spectacle mémorable que vont nous offrir ces deux athlètes. Alors, je ne dirai plus qu’une seule chose : bon match à tous ! »
Il s’assit sous une pluie d’acclamations. Quelques secondes plus tard, elles redoublèrent encore : les deux athlètes faisaient leur entrée.





CVII



Jinn était arrivé miraculeusement sans encombre jusqu’à l’étage souhaité. Pour la porte du bas, il avait préféré la casser plutôt que de retourner dans le local et de causer d’autres troubles d’éclairage louches. Réduction de coûts oblige, elle avait été construite en simple verre plutôt qu’en transparacier fine épaisseur, ce qui fait qu’il n’avait eu aucun mal à la briser avec une pierre. Et, les alarmes étant éteintes, ça n’avait pas gêné plus que ça.
Le seul souci qu’il aurait était que cette fois, il était vraiment repérable si les veilleurs faisaient leur tour ici. Mais d’un autre côté, il était déjà susceptible d’être repéré de toute façon, grâce à l’image approximative en ce moment diffusée sur les écrans de vidéosurveillance de l’entreprise idoine. Il n’était donc plus à cela près. Et puis, peu lui importait que l’on s’aperçoive de son intrusion : maintenant qu’il était si prêt du but, il devait savoir.

Il se déplaça au hasard dans les couloirs du douzième, se servant de sa torche électrique pour se guider. Très vite, il arriva devant une porte indiquant « Arbel Tyogryonha ».
Evidemment, le bureau était fermé à clef, une serrure à l’ancienne. L’ancien jedi n’avait aucune compétence de crochetage. Il mit sa main en avant pour lancer une poussée de Force, manœuvre qu’il avait déjà tentée vainement en bas. Les réflexes avaient décidément la vie dure… Cesserait-il un jour d’oublier qu’il n’avait plus d’alliée ?
Il donna un coup d’épaule sec et violent contre la porte. L’objet en bois ne résista pas une seconde et bascula sur ses gonds arrachés.
Il pénétra dans le bureau trop bien rangé du responsable des recherches et se plaça derrière le datapad intégré au bureau. Il passa son doigt ganté sur l’écran tactile, qui se ralluma aussitôt –il s’était simplement mis en veille. Il cliqua sur un bouton pour afficher l’interface d’ouverture, priant intérieurement pour que l’appareil soit verrouillé par mot de passe et non avec l’empreinte de son propriétaire. Dans le premier cas, il pouvait encore faire appel à ses compétences d’informatique. Dans le second, il n’avait aucune chance de rentrer dans les bases de données et aurait fait tout cela pour rien.
L’écran qui apparut fut une demande de mot de passe.
« Finalement, Tu ne m’as pas totalement abandonné… murmura-t-il. »
Il passa la demi-heure suivante à triturer l’intérieur du système dans le but de le pirater. Et puis, il découvrit enfin le mot de passe qui lui était nécessaire, et pénétra enfin dans la mémoire de l’appareil.
La machine contenait des informations à n’en plus finir. Il y avait des infos sur tout et n’importe quoi. Sur les dernières recherches, les prototypes, les produits standards et les projets ; mais aussi des bilans financiers, les programmes d’études marketing, et même les campagnes commerciales de RE&CC.
Jinn fit la moue, il risquait d’y passer bien plus longtemps que prévu. Et il n’avait qu’une seule nuit : même sans compter qu’on pouvait le repérer aux traces laissées derrière lui, à six heures précises, les premiers employés de l’entreprise arriveraient.
Aussi, il ne devait pas traîner.
Il parcourut les dossiers à la recherche de quelque chose de notable, comme un dossier protégé par exemple. Le genre de dossier où il fallait un nouveau mot de passe spécifique rien que pour pouvoir entrer dedans. Il en découvrit rapidement un bêtement nommé « Confidentiel », et avec lequel il lui fallu user encore une fois de ses talents de hacker pour pouvoir l’ouvrir. Il contenait pas mal de fichiers de toute sorte : une liste des prototypes les plus récents de réfrigérateurs (dans laquelle son cube de métal n’était pas contenu), des futures lettres de licenciement, une campagne commerciale qui allait bientôt être mise en place. De l’avis de Jinn, rien qui justifie vraiment de protéger le répertoire par un mot de passe.
Encore que ?
Il tomba sur un texte qui parlait du vol d’armement militaire. Etant donné que c’était ce qui paraissait le plus suspect, Jinn lut jusqu’au bout pour voir si cela le concernait. Mais malheureusement, il s’agissait de la disparition d’un prototype de bombe à froid militaire, strictement rien à voir avec son fichu caisson.
Dépité, le jedi décida que puisqu’il n’y avait rien à son sujet dans les dossiers hautement secrets, c’était peut-être que les informations se trouvaient dissimulées dans les fichiers courants. Il revint donc quelques répertoires en arrière et reprit ses recherches depuis le début.





CVIII



« Mon dieu, mais c’est incroyable ! s’égosillait le présentateur dans son micro. En vingt ans de carrière de commentateur, je n’ai jamais vu un coup comme celui-là. C’est prodigieux ce que vient de faire Piuziary, n’est-ce pas Mi-shehl ?
-Tout à fait Tyeri, tout à fait ! »
Un éclair sortit du pic noir en direction de Piuzary. Celui-ci esquiva, mais releva son paratonnerre pour le bloquer avant le mur. De son côté, Zyadyufen bataillait ferme contre un éclair tantôt très haut, tantôt très bas. Il manqua un des changements et se retrouva projeté au sol violemment. L’éclair s’en donna à cœur joie contre la zone vitale.

Vador balaya la populace du regard. Vraiment, il ne comprenait pas cet engouement pour le sport. Et surtout pas pour ce sport imbécile. Mais heureusement, personne ne lui demandait d’apprécier. Aussi il ne chercha pas à adopter cette folie.
D’autant qu’il avait bien d’autres chats à fouetter que le Thunderball. Depuis quelques temps, lui, le seigneur sith imperturbable, était tracassé.
C’était à propos de la sinistre bataille de Yavin de l’an passé. Bien sûr, ce n’était pas l’échec impérial qui le gênait : cette station de combat n’avait jamais, à ses yeux, été autre chose qu’un ridicule jouet offert au Grand Moff Tarkin. Depuis, le moff s’était mordu les doigts de la confiance qu’il avait donné à son engin spatial… Mais Vador avait en revanche, il y a peu de temps, obtenu une information directement liée à la bataille en question. Sans trop savoir comment il devait réagir vis-à-vis d’elle.
Ho ! Bien sûr, il y avait toujours le déni, comme solution temporaire. C’est celle qu’il avait appliquée ces derniers mois. Mais aujourd’hui qu’il commençait à accepter ce qui pourrait être bien plus qu’un simple mensonge, il ne savait plus vraiment quoi faire.
D’après ses sources, le rebelle aux commandes du X-Wing qui avait fait exploser l’Etoile Noire serait le fils du défunt Anakin Skywalker. Etait-ce possible ?
Peu importe. La seule chose dont il était sûr pour le moment est qu’il ne devrait sous aucun prétexte en parler à l’Empereur. Pour le moment, il devait se contenter de vérifier l’information, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit sûr. Ensuite seulement, il envisagerait la meilleure démarche à suivre.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Lun 08 Avr 2013 - 20:19, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Dim 07 Avr 2013 - 13:22   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Kehor Nabaag a écrit:
Hiivsha a écrit:ce dernier - il y avait trois jours

Euh... Tu es sûr? Parce que ça fait vraiment, vraiment, super bizarre je trouve...


Ben tu peux quand même pas mélanger le présent et l'imparfait/passé simple alors qu'il n'y a pas rupture de narration :neutre:
Soit l'action est au passé soit elle est au présent, mais pas un mélange des deux.
"Il se rendait bien compte qu'il l'avait appris, il y avait trois jours de cela, de la bouche même de son épouse..." (narration au passé)
"Il se rend compte qu'il l'a appris, il y a trois jours de cela, de la bouche même de son épouse" (narration au présent)
Faut choisir ! :wink:

Et si tu ajoutes "de cela", ça te ferais "moins drôle" ?

"ce-dernier avait eu le plaisir d’apprendre, il y avait trois jours de cela, qu’il aurait le droit de jouer la finale contre l’autre qualifié"

Petite précision :
Si tu écris :
"Il avait appris, il y a de cela six jours, qu'il était cocu."
cela ne signifie pas la même chose que
"Il avait avait appris, il y avait de cela six jours", qu'il était cocu."

La première phrase signifie qu'il l'a appris, il y a six jours depuis L'INSTANT OU ON ÉCRIT/DIT LA CHOSE.
Exemple : on est samedi, le mec a appris dimanche dernier qu'il était cocu et s'est tué le lundi. J'explique à quelqu'un :
"Ah, là, là, il avait appris, il y a six jours, qu'il était cocu... le pauvre..."
(Il a appris six jours avant que je ne te parle (au présent))

La deuxième phrase signifie qu'il l'a appris six jours avant LE CONTEXTE DANS LE RECIT NARRATIF au passé.
Exemple : le mec apprend le dimanche qu'il est cocu et se suicide le samedi suivant. Je raconte plus tard à mes enfants, la pipe à la bouche, au coin du feu :
"Ah, là, là, quel drame ! Il avait appris, il y avait à peine six jours, qu'il était cocu, quand il s'est tiré une balle dans la tête."
(Il a appris six jours avant qu'il ne se suicide, il y a longtemps)

Tu saisis la nuance et l'importance du temps ?

__________________________

Lu

On se demande un peu pourquoi on assiste au match auquel Jinn ne participe pas... quel intérêt ? (Tu vas me dire, les interrogations de Vador ? Moui... :whistle: )

On va dire que pour les raisons exposées ci-dessous sur les séries/livres/films "informatiques", ce n'aura pas été mon passage préféré de ta fic... mais bon, il en faut bien aussi... :neutre: (rien à dire sur le style par contre... ça se lit toujours bien ;) )

"Aussi, après que Jinn l’ait entendu dire à un collègue" => c'est un grand classique du genre : "après que" + indicatif (et pas subjonctif) "Après que Jinn l'eut entendu dire à un collège..." (passé simple de l'indicatif). En fait la logique veut que "après que" désigne de fait une action qui s'est effectivement passée. C'est une certitude donc indicatif, contrairement à "avant que" qui pose une possibilité d'action incertaine et qui est donc suivi du subjonctif.
"Je bois un verre sitôt après que tu es parti d'ici" - "Je boirai après que tu seras parti d'ici"
"Je bois un verre avant que tu ne partes d'ici" - "Je bus un verre avant que tu ne partisses" ;)


autant les matchs de la première phase du tournoi était peu appréciés => étaient

quelques uns => quelques-uns

Le seul soucis => souci (moi aussi j'ai tendance à mettre un "s" au singulier, je sais pas pourquoi :neutre: )

"Il passa son doigt ganté sur l’écran tactile" => ça marche pas sur toutes les tablettes :wink:

Et puis, il découvrit enfin le mot de passe qui lui était nécessaire => ah le fantasme du mot de passe facile à trouver... intoxication aux séries genre "Leverage" ou au xfilms genre "M.I." ? :D (le plus crédible étant souvent un indice et évidemment un mot de passe médiocre comme toujours dans ces cas... chez moi tu peux venir les cracker... il faudra des années avec un gros ordinateur pour le faire :wink: ) En tant qu'informaticien de métier, je suis autant allergique aux séries/films qui font appel à l'informatique "facile" que mon épouse infirmière l'est aux séries qui font appel au médical "facile". :grrr:

cette station de combat n’avait jamais, à ses yeux, était autre chose qu’un ridicule jouet => oups ! "été" :paf:

Vador avait en revanche, il y a peu de temps, obtenue une information => obtenu

Ho ! => Oh !
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 08 Avr 2013 - 20:50   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Hiivsha a écrit:Et si tu ajoutes "de cela", ça te ferais "moins drôle" ?

Oui.
Hiivsha a écrit:quand il s'est tiré une balle dans la tête."

J'adore tes exemples!
Hiivsha a écrit:Le seul soucis => souci (moi aussi j'ai tendance à mettre un "s" au singulier, je sais pas pourquoi

Et ce n'est pas la première fois que je la fais celle-là. Les habitudes ont la vie dure. Probablement parce qu'en général, on a plusieurs soucis en même temps...?
C'est comme pour "après que". Je ne te garantis pas que je ne la referai pas (tellement l'habitude...).
Hiivsha a écrit:Et puis, il découvrit enfin le mot de passe qui lui était nécessaire => ah le fantasme du mot de passe facile à trouver... intoxication aux séries genre "Leverage" ou au xfilms genre "M.I." ? (le plus crédible étant souvent un indice et évidemment un mot de passe médiocre comme toujours dans ces cas... chez moi tu peux venir les cracker... il faudra des années avec un gros ordinateur pour le faire ) En tant qu'informaticien de métier, je suis autant allergique aux séries/films qui font appel à l'informatique "facile" que mon épouse infirmière l'est aux séries qui font appel au médical "facile".

Pour cette histoire d’informatique, à vrai dire, ta réaction ne m’étonne pas trop. Il est vrai que ça semble un peu gros. Mais ça n’a rien à voir avec une quelconque influence des séries ou des films (encore que des films, peut-être. Mais des séries, non : je n’en regarde pas de ce « genre »…). Certes, ça reste une astuce scénaristique qui me permet de faire avancer l’intrigue. Mais il faut aussi se replacer dans le contexte de mon histoire. Ce n’est quand même pas le pentagone qu’il essaie de craquer !!
Je reconnais qu’il n’est pas du tout évident de craquer un mot de passe juste, comme ça, d’un claquement de doigt. Mais là, il pirate l’ordinateur d’un obscur chef de service d’une entreprise banale. Pas forcément nécessaire que ces données-là soient ultra-sécurisées (c’est pas la banque de France non plus !). En plus de ça, vu ce qui est évoqué (des plans de prototypes de… frigo ! quelques organigrammes, c’est pas bien méchant tout ça).
Je veux dire, ramené dans le contexte de notre réalité, ça n’est pas si incroyable.
Pour te citer un exemple : mon ancien patron (qui était sympathique mais, il faut bien le dire, très mauvais en informatique) avait protégé son ordinateur par mot de passe et puis l’avait oublié. Il a fallu une matinée à la boîte de dépannage informatique pour court-circuiter l’écran de mot de passe et rentrer sur le bureau…
Et puis, je ne sais pas si tu as lu la trilogie Thrawn, mais vu ce que Ghent peut faire quand on lui met un ordinateur entre les mains, franchement, ce que fait Jinn ici n’est pas plus exagéré. C’est même très light. En tout cas, Jinn n’est pas plus démesurément doué en informatique que ne l’est Anakin en pilotage… !
Hiivsha a écrit:Ho ! => Oh !

Non, c'est bien "Ho!" avec le H aspiré au début, que je voulais...

Pour le reste, corrigé à même le texte.
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 08 Avr 2013 - 20:53   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

CIX



Les dossiers non protégés ne furent pas beaucoup plus loquaces quant à un éventuel complot dirigé à son endroit. Pour tout dire, Jinn commençait sérieusement à penser qu’il avait imaginé toute cette affaire…
Pourtant, il s’était bien réveillé un matin au milieu de nulle part, perdu, dans un caisson de stase estampillé "Rictov Engineerings"… ! Il continua à chercher, encore et toujours, jusqu’à ce qu’enfin il tombe sur quelque chose d’exploitable.
Quelque chose auquel il ne s’attendait pas du tout.
Là, dans une liste très longue de clients, il découvrit un compte à un nom qu’il connaissait bien : Call Birmoboe.
Il était possible que ce ne fût qu’un homonyme, évidemment. Après tout, il savait de par l’annuaire consulté bien plus tôt qu’il y avait deux Call Birmoboe dans la capitale –et le compte avait été ouvert ici, à Yetiyes. Mais considérant que les deux humaines n’avaient pas vraiment un patronyme correspondant à la typologie locale, peu de chance pour que ce fut une autre personne qu’une des deux qu’il avait rencontrées. Et Jinn ne croyait plus aux hasards. C’était forcément sa Call à lui : l’hypothèse homonymique était peu probable.
Evidemment, Call avait un frigo de chez RE&CC. La présence de son nom ne l’aurait donc pas étonné, si la date de son dernier achat n’avait pas été « 972 ». Cette date ne pouvant que correspondre à l’ancien calendrier qu’il connaissait, dont l’année-référence était les réformes de Ruusan, cela aurait voulu dire que Call avait fait son dernier achat il y a vingt-neuf ans de cela, quand elle avait approximativement… cinq ans !
Là, ça n’allait plus du tout. Il fallait qu’il ait une conversation avec Call. Et vite.





CX



Call avait une place dans les gradins des participants, mais pas dans la tribune d’honneur. Même si elle le comprenait, elle pesta contre ce satané Jinn qui, au nom de sa mission sacrée, avait préféré cambrioler un immeuble hautement surveillé, plutôt que de jouer un match de finale. S’il avait accepté, en tant qu’entraîneuse officielle, elle aurait eu droit à passer toute la soirée à côté du prestigieux gouverneur Swan, et même du si incroyable Dark Vador. Un soir dans le grand monde en somme.
Résultat : c’était l’entraîneur de Piuziary qui avait cette chance, et elle qui était reléguée dans la tribune des perdants.
Si loin de tout ce beau monde…

Elle regarda son chrono quelques secondes. Le match avait commencé depuis une heure déjà.
Mais c’était un match de finale : les manches étaient plus nombreuses et plus longues. Une heure de jeu, ce n’était que le début.
Les deux joueurs étaient incontestablement de grands compétiteurs. Et aux spectateurs, ils en offraient pour leur argent. Les deux hommes défendaient leur territoire à merveille. Mais la particularité de la seconde phase était surtout que les paratonnerres des deux joueurs disposaient de boutons pour prendre temporairement le contrôle du pic noir et le déchaîner sur l’autre joueur. Et on pouvait voir que s’ils savaient tous deux se défendre, Zyadyufen et Piuziary savaient aussi très bien attaquer.
Franchement, Call commençait à regretter de ne pas avoir choisi un de ces deux-là. Parce qu’eux n’avaient pas fait faux bond à leur entraîneur à la dernière minute !

Elle porta ses jumelles à ses yeux. Le gouverneur Swan semblait penché sur son trône, expliquant visiblement quelque chose à Vador. Peut-être la règle précise du jeu, avec toutes les subtilités ?
Mais il était difficile de savoir si le sbire de Palpatine lui répondait ou non avec son masque cachant son visage. Si elle en jugeait par ce qu’elle savait du personnage, Vador ne devait même pas écouter le gouverneur.
Cet homme était décidément très impressionnant.
Dans l’arène en contrebas, Piuziary remporta une nouvelle manche : le public se déchaîna.
Puis, avant même que les deux joueurs n’aient eu le temps de se remettre en place, les deux murs opposés redevinrent parfaitement bleus, et la nouvelle manche commença.
Sauf que, encore une fois, match de finale oblige, les règles furent à nouveau chamboulées : plusieurs pics noirs sortirent du sol, au niveau de la ligne centrale du terrain. A partir de maintenant, les joueurs ne sauraient plus de quel cube électrique proviendrait les éclairs, ce qui augmentait encore plus le niveau de difficulté.

Call regarda à nouveau son chrono. S’inquiétait-elle secrètement pour Jinn, malgré tout ce qu’elle lui reprochait ? Il est vrai que le sort du jedi était bien plus préoccupant que de savoir qui gagnerait ce match.
Elle posa le sandwich qu’elle n’avait pas fini à côté de son sac à main, et se leva pour aller aux toilettes.





CXI



Jinn se précipita vers le stade. Il avait quitté le building sans encombre, en passant par le même chemin qu’à l’aller. Il faut dire qu’il avait été prompt dans son action : il ne s’était pas passé plus d’une heure et demi entre le moment où il était entré chez Rictov par la petite porte du bas et celui où il en était ressorti.
Il arriva en courant devant la sécurité de l’entrée à l’arrière du stade, qui le stoppa net.
« Je regrette, Monsieur, mais il vous faut un billet pour rentrer.
-Mais c’est important, je dois absolument voir une amie qui est à l’intérieur. Je dois VRAIMENT la voir.
-Je comprends, Monsieur. Mais vous devez comprendre que sans billet, je ne puisse vous laisser passer.
-Vous n’avez que ça à dire ? Enfin, ne soyez pas bête ! Vous croyez peut-être que…
-Dites-donc, restez poli je vous prie ! On n’a pas gardé les ugnaughts ensemble !
-Ecoutez, je suis Jinn Skywalker. Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis le champion qui a refusé de participé au match de ce soir. Vous devez bien être au courant ! Toute votre presse en a parlé !
-Ouais. C’est vrai que vous lui ressemblez vachement. Mais ça ne change rien pour moi. Vous auriez été un des deux joueurs en lice, je ne dis pas. Mais ce n’est pas le cas. En plus, si c’est bien vous, rien que pour avoir refusé un tel honneur, je ne devrais pas vous laissez rentrer ! Alors, vous avez votre billet c’est bon ; vous ne l’avez pas et votre amie attendra.
-Bon… Très bien, fit simplement Jinn avec une moue déçue. »
Il fit mine de vouloir repartir. Il jeta un œil à droite et à gauche pour vérifier qu’il n’y avait qu’eux deux dans les environs, et se jeta d’un coup. Il envoya un fulgurant crochet du droit dans la tête du syenyolien, qui s’effondra comme une masse.
« Encore désolé. Mais je suis vraiment très pressé, fit-il au corps évanoui, avant de passer par-dessus. »
Il courut dans les couloirs complexes et vides du Grand Stade. Il entendait par résonance dans les murs de permabéton la foule en liesse à l’extérieur. Il se dirigea vers la tribune des ex-prétendants au titre : Call ne devait plus être très loin maintenant.





CXII



Le seigneur noir des sith regardait le jeu sans aucun intérêt qui se déroulait sous ses yeux. Il songeait que son temps précieux aurait été bien mieux employé à chasser des rebelles un peu partout dans la galaxie, plutôt que d’assister à ce jeu stupide qui évoquait vaguement en lui des souvenirs lointains qu’il refusait de se rappeler.
Mais l’Empereur lui avait donné l’ordre de venir. Il avait dit que la présence de l’Empire devait être rappelée partout dans la galaxie, et que jouer les porte-étendards était aussi important que combattre physiquement les ennemis de la nation. Et il avait probablement raison.
Malgré tout, Vador se demanda comment Sidious pouvait apprécier, ou même faire semblant d’apprécier ce genre de spectacle affligeant.
Peu importait. Tout ce qu’il savait en cet instant, c’est que si ce satané gouverneur Swan ne se taisait pas immédiatement, il se servirait de la Force pour l’étrangler et le faire taire définitivement.
« Et donc, était en train de dire l’importun, c’est ainsi que le traité a pu aboutir sans aucun problème. Mais croyez bien que Syenyolia ne s’en serait pas remise. Chaque jour, je me dis que c’était une bonne solution. Qu’en pensez-vous ? »
Vador se tourna vers le gouverneur.
« J’en pense, gouverneur, que si vous ne vous taisez pas sur-le-champ, vous risquez de ne pas voir la fin de ce match, répondit-il avec un calme froid. »
Puis il se retourna vers le match qu’il trouvait toujours aussi inintéressant. Swan quant à lui, ouvrit des yeux ronds : puisque Palpatine l’avait envoyé à sa place, il croyait avoir à faire avant tout à un politicien respectueux, et non à un militaire impulsif. Il n’en revenait pas de cette réponse, mais n’osa plus rien dire, la peur qu’il avait ressentie à l’astroport reprenant le dessus. Il se tourna lui aussi vers le match comme s’il en était soudain passionné, mais son regard était vide.
Vador loua le Côté Obscur : le syenyolien avait compris son message. Comme quoi, il n’était peut-être pas aussi idiot que le disait Palpatine.
Soudain, un étrange sentiment le picota. Une sensation diffuse mais réelle, l’intuition que quelque chose d’anormal était en train de se produire.
Quand on s’appelait Dark Vador et qu’on était le bras droit du plus grand sith à avoir jamais régné, il fallait toujours se fier à son intuition…

Le seigneur noir balaya la foule du regard, afin de comprendre d’où pouvait provenir cet étrange sentiment. La source de son picotement se trouvait quelque part devant lui. Mais où ?
Il fit appel à la Force, oubliant cette fois totalement le match de Thunderball.
Au bout de quelques minutes, une toile commença à se dessiner dans son esprit. Une toile d’araignée constituée de fils plus noirs que la nuit, même vue à travers le prisme du Côté Obscur de la Force. Il suivit ces fils du regard, les longeant pour en repérer la source. Son troisième œil se posa alors sur le gradin de l’autre côté du Grand Stade, à une place vide sur laquelle reposait un demi-sandwich et un sac.
Mais il n’eut pas vraiment le temps d’observer en détails les deux objets : la tribune explosa dans une gerbe de flammes et d’étincelles mortelles qui emportèrent avec elles la moitié des gradins et ses occupants.





CXIII



Alors qu’il courait presque pour atteindre Call, un son grave et puissant retentit dans ses oreilles. Puis, un souffle de vent brûlant le projeta dans le couloir près de cinq mètres vers l’arrière.
Il se releva et se mit à courir deux fois plus vite vers Call, localisation qui se trouvait malheureusement être l’origine du souffle chaud. Il devint certain de ce qui s’était passé lorsqu’il croisa un couple d’ithoriens en sang et désorientés qui s’éloignaient tant qu’ils pouvaient de la zone de la tribune. Les premiers cadavres commencèrent à apparaître devant lui, de plus en plus nombreux. Il ne fut pas gêné par des survivants fuyant : les spectacteurs des tribunes adjacentes s’enfuyaient par d’autres couloirs. Quant à ceux des trois tribunes qui avaient sauté : il ne restait tout simplement plus aucun survivant.
Jinn enjamba les décombres et se retrouva dans un immense trou creusé là où se trouvait les gradins quelques secondes plus tôt. Il n’eut pas à enjamber les corps : la plupart avaient été soufflés par l’explosion jusqu’en bas, dans l’arène. Les quelques morts encore sur place étaient empilés les uns sur les autres. C’était une boucherie, ni plus ni moins. Le sang humain et parfois gran ou twi’lek était répandu et coulait encore, les entrailles apparentes changeaient l’air en une atmosphère suffocante et détestable.
Jinn regarda ce spectacle de mort. Il était à bout de souffle.
Il reprit ses esprits assez longtemps pour repérer Call dans ce charnier. Il mira longtemps, parcourant du regard tous les gradins alentour, à présent vidés des vivants, et le terrain de jeu en contrebas. Peut-être que son corps avait été déchiqueté dans l’explosion, rendu impossible à reconnaître. Mais nulle part il ne voyait le grand châle bariolé avec lequel elle était venue ce soir. Il loua la Force : Call avait pu en réchapper, probablement. Elle avait bien été dans cette section du stade, de cela il était certain, mais sans doute dans une autre tribune, et faisait actuellement partie des spectateurs en fuite dans les autres couloirs. Forcément.
Le jedi jeta un dernier regard à tous ces hommes et ces femmes, morts sans raison. Il était jedi, même sans la Force. Le devoir lui imposait de rester, pour aider les survivants. Mais qui aiderait-il ? Il n’y avait que des cadavres autour de lui. A quoi bon rester en fin de compte ?
Il s’apprêta à retourner dans le couloir ajouré par l’explosion d’où il était venu. Mais alors qu’il allait en franchir le seuil, une silhouette noire se dessina devant lui.
Modifié en dernier par Kléber Valéra le Mer 10 Avr 2013 - 21:39, modifié 1 fois.
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Messagepar Hiivsha » Lun 08 Avr 2013 - 21:33   Sujet: Re: Mon nom est Jinn

Cool ça s'accélère !
Bon, bon... pas de commentaires à faire :wink:
A demain. :oui:

jusqu’à ce qu’enfin il tomba => tombe (subjonctif)

Il était possible que ce ne fut => "fût" (subjonctif)

Jinn ne croyait plus aux hasards. => bien que grammaticalement correct et à titre personnel, j'aurais mis au singulier ;)

Parce qu’eux n’avaient pas fait faux bond à leurs entraîneurs à la dernière minute ! => j'aurais mis au singulier parce que chaque joueur n'a - sauf erreur - qu'UN SEUL entraîneur.

Le seigneur noir des sith regardait le jeu sans aucun intérêt qui se déroulait sous ses yeux => peut-être mettre "sans aucun intérêt" à la fin de la phrase précédé par une virgule ?

était un train de dire l’importun, => en
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