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[Nouvelle] - La toile

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Messagepar Pic » Mer 25 Mai 2016 - 21:22   Sujet: [Nouvelle] - La toile

Message du staff :

Cette fan-fiction a fait l’objet d’une publication sur SWU. Vous pouvez la retrouver en texte intégral, au format pdf et epub (sauf pour les nouvelles les plus anciennes) en cliquant sur ce lien.
N’hésitez pas à revenir sur ce topic après votre lecture pour donner votre avis et en parler avec l’auteur(e).

Bonne lecture !
Le staff fan-fictions.

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Bonjour,

Je vous propose une troisième nouvelle, La toile, qui explore la lutte clandestine et politique qui oppose l'Alliance Rebelle à l'Empire. Comme les autres, elle a déjà été publiée sur le site du Hobbit Fataliste.



La toile


Alors que la navette plongeait dans l’atmosphère de Thoghil, l’agent Braam Tondheim observait le paysage depuis le hublot. On lui avait décrit une planète verdoyante, car couverte de forêts à 80 %, et irriguée par de puissants cours d’eau. C’était exactement ce qu’il avait sous les yeux : quand la navette perfora les nuages, il eut l’impression de survoler des myriades d’îlots verts, séparés les uns des autres par des rivières turquoise. Le soleil, d’une couleur olivâtre à travers le plafond nuageux, renforçait la teinte émeraude de l’ensemble. Aucune construction artificielle ne venait gâcher le panorama. La capitale planétaire, Charima, n’était pas encore en vue.

Tondheim avait appris que la planète tirait l’essentiel de ses revenus de ses forêts. Le bois précieux et imputrescible du couloub était prisé dans toute la galaxie, tout comme les fruits du narjal ou les mélanges d’épices concoctés par les autochtones. Mais le produit qui faisait la réputation de cette planète était sans conteste la sève du vignacol, qu’on appelait dans le reste de la galaxie « alcool thogien ». Ce nectar naturel était devenu un produit de luxe, que tout restaurant réputé de Coruscant se devait de posséder dans sa cave.

Malgré ses richesses naturelles, et son paysage à couper le souffle, Thoghil n’était pourtant pas un endroit paradisiaque. Une dictature s’y était installée depuis deux siècles, et les querelles fratricides entre héritiers potentiels de la famille régnante avaient toujours permis de désigner un vainqueur, perpétuant ainsi le joug totalitaire de génération en génération. Le clan au pouvoir profitait de sa position dominante pour exploiter impunément la population, principalement humaine, et contrôler tout le commerce des denrées précieuses avec le reste de la galaxie. La République s’était accommodée de cet état de fait, acceptant sans broncher au Sénat le représentant "élu" par le peuple, à l’issue d’un scrutin complètement pipé. Plus récemment, le Prince Chak-Mée avait conclu un accord avec l’Empire : en échange de son allégeance à l’Ordre Nouveau, il restait le gouverneur de sa planète. Cela revenait à partager un peu le gâteau avec l’Empire, mais lui et sa famille étaient suffisamment riches pour faire quelques concessions. Seul comptait le fait qu’il reste au pouvoir, et continue à vivre dans le luxe et l’opulence. Les Chak-Mée continuaient donc à tenir la planète d’une main de fer.

Bien sûr, cette domination sans partage ne s’était pas déroulée sans opposition. Depuis deux cents ans, la famille régnante avait dû faire face à de nombreuses révoltes. De temps à autre, un dissident charismatique parvenait à drainer assez de partisans pour représenter une menace pour le régime. Mais les Chak-Mée avaient toujours réussi à écarter les contestataires. Chaque problème avait sa solution : assassinat, emprisonnement, répression massive, subornation, exécution publique... La panoplie des dictateurs ne parvenait jamais toutefois à faire taire définitivement l’opposition. Tout comme les mauvaises herbes, la vermine réapparaissait toujours. Au moment de l’arrivée de Tondheim, plusieurs groupuscules étaient encore actifs.

L’agent était d’ailleurs venu sur Thoghil pour rencontrer leurs leaders.

*


Le passage de la douane se déroula sans anicroche. Les soldats impériaux ne découvrirent pas le double-fond dans la mallette de Tondheim, et ses faux-papier de représentant de commerce venu de Coruscant firent parfaitement illusion. Après tant de mois passés à nouer des contacts avec l’opposition locale, et à organiser cette visite, il aurait été regrettable de faire échouer la mission dès le débarquement sur la planète. L’esprit plus tranquille, il put alors essayer de repérer dans le hall de l’astroport son premier contact. Un chauffeur de taxi-speeder devait venir l’accueillir avec une pancarte portant son nom, et l’emmener à son hôtel. En route, il devait lui donner le lieu et l’heure de son rendez-vous avec le premier dissident, le leader des « Reeks de Charima ». Ce groupuscule, fortement implanté dans la capitale, était le plus gênant pour le pouvoir en place. Ce n’était pas seulement une faction politique secrète, c’était aussi une organisation capable de mener des opérations de guérilla. Le groupe avait déjà revendiqué le meurtre de plusieurs hauts-fonctionnaires, dont un cousin de l’actuel gouverneur Tin Chak-Mée. Il avait aussi profité de ses sympathisants parmi le personnel de l’astroport pour poser des bombes et faire exploser en vol des cargos d’épices et de sève de vignacol, ce qui avait sévèrement touché l’économie thogienne. Depuis, l’intégralité du personnel de l’astroport de la capitale avait été "remplacé"…

Tondheim repéra rapidement le chauffeur qui l’attendait avec la pancarte. C’était un droïd. Les dissidents ne prenaient aucun risque. Il se présenta au robot, qui prit ses bagages et lui demanda obséquieusement de le suivre jusqu’à son landspeeder. En emboîtant le pas au droïd, Tondheim ne put s’empêcher de regarder autour de lui pour voir s’il était surveillé. C’était très certainement le cas, mais il ne remarqua rien de suspect.

Le trajet jusqu’à son hôtel se déroula silencieusement. Le droïd prit la parole une seule fois :
— Ce soir, 23h, allez à la cantina du « Nexu apprivoisé ». Ce sera bondé. Traversez la salle et allez directement aux toilettes. Prenez garde à ne pas être suivi.

L’agent ne posa pas de questions. C’était inutile.

Une fois à son hôtel, il se renseigna sur les meilleures cantinas de la ville, pour rendre son escapade nocturne plus crédible. L’employé à la réception – un local – lui en conseilla plusieurs. Quand Tondheim précisa qu’il ne cherchait pas un endroit chic, mais plutôt de l’ambiance, le réceptionniste lui recommanda deux bars, dont le « Nexu apprivoisé ». Content de lui, l’agent remercia l’homme en le gratifiant d’un généreux pourboire.

Trois heures plus tard, il descendait d’un taxi-speeder en face de la cantina. Il avait commencé par déambuler dans les rues animées de Charima, entrant dans plusieurs bars, afin de vérifier s’il n’était pas suivi. Satisfait, il avait enfin pris un speeder pour arriver à sa vraie destination.

On ne pouvait pas rater cette cantina. Ses enseignes lumineuses clignotaient de toutes les couleurs, et la musique était parfaitement audible de l’extérieur. Comme convenu, Tondheim pénétra dans l’établissement, traversa la salle en jouant des coudes, et prit la direction des toilettes. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre en arrivant là-bas, mais il eut vite la réponse. Par une fenêtre ouverte, une voix lui enjoignit depuis l’extérieur :
— Sautez dans la cour !

Tondheim enjamba la fenêtre, et atterrit deux mètres plus bas dans une flaque de boue. Un homme masqué lui ordonna de s’accrocher à lui. L’agent remarqua alors son propulseur dorsal, et affermit sa prise afin de ne pas lâcher lors du décollage. Dix secondes plus tard, les deux hommes se posaient sur un toit, où les attendait un air-speeder. Le pilote, masqué lui aussi, démarra immédiatement. Son acolyte passa l’agent au scanner, avant de conclure :
— Il n’a pas de balise sur lui.

Tondheim ne put s’empêcher d’admirer leur efficacité. Ces deux hommes étaient rompus aux exercices d’exfiltration. De vrais professionnels. Silencieux comme des ombres, ils l’emmenèrent jusqu’à un hangar désaffecté, à la périphérie de la ville. A l’intérieur, une table et dix chaises avaient été disposés en rond. Neuf étaient occupées par des individus masqués. Tondheim s’avança, mais resta debout pour se présenter :
— Braam Tondheim, émissaire de l’Alliance Rebelle.

Selon toute vraisemblance, l’homme – ou la femme – qui allait parler en premier serait le chef de ce petit groupe. En face du fauteuil vide, une voix rauque répondit :
— Bienvenue monsieur Tondheim. Si vous le permettez, nous ne nous présenterons pas individuellement. Sachez simplement que nous sommes les principaux leaders des « Reeks de Charima ». Notre groupe combat, au sens propre comme au figuré, la dictature des Chak-Mée depuis près de cinquante de vos années. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?
— Et bien, comme son nom l’indique, l’Alliance Rebelle essaie de fédérer tous ceux qui, du noyau à la bordure extérieure, s’opposent à l’Ordre Nouveau et à ses alliés. Nous pensons que, mieux coordonnés, les différentes factions qui combattent l’Empire seront plus efficaces. C’est pourquoi l’Alliance cherche à tisser des liens avec les principaux groupes de résistance sur Thoghil. Nous pouvons nous aider mutuellement, échanger des armes ou des informations, et ainsi frapper plus durement encore les Impériaux et les dictateurs qu’ils soutiennent.
— Nous devrions donc prêter allégeance à l’Alliance Rebelle ?
— Il ne s’agit pas vraiment d’une allégeance, mais plutôt d’une coopération. D’une alliance. Vous resterez maîtres de vos actions. Nous vous demanderons parfois d’aider une de nos équipes de passage sur Thoghil, de nous remonter des informations sur les autorités impériales du secteur, ou encore nous vous suggérerons tel ou tel sabotage qui porterait un coup dur à l’Empire. En échange, nous pouvons vous procurer des armes ou du matériel prohibé, vous aider à financer votre groupe en organisant des filières de contrebande pour les produits locaux, ou vous fournir des renseignements sur les procédures impériales.
— Vous souhaitez mettre à bas l’Empire pour rétablir l’ancienne République, n’est-ce-pas ?

La question était piégeuse. Tondheim réfléchit rapidement avant de répondre :
— Non, pas l’ancienne République. Nous voulons créer une Nouvelle République. Certaines de ses institutions et prérogatives seront calquées sur l’ancienne, bien sûr, mais nous ne voulons pas restaurer une république corrompue, qui ne traite pas les vrais problèmes. Les mondes qui y adhéreront devront respecter des critères bien précis : proscription de l’esclavage, participation à une armée sectorielle, élection des représentants au Sénat selon un scrutin démocratique, interdiction de fabrication de certaines drogues, etc. Il n’est pas question de continuer à fermer les yeux sur le trafic d’esclaves organisé par des planètes comme Orvax IV, ou d’accepter des dictatures comme celle de Thoghil. Le projet politique est déjà bien avancé, et une nouvelle constitution galactique est en cours d’élaboration.

Une autre personne prit la parole. Une femme :
— Tout cela est bien beau, mais l’esclavage était déjà interdit par les lois de l’ancienne République, et les sénateurs étaient aussi élus, en théorie. Comment comptez-vous faire appliquer ces règles ?
— Madame, je crains de ne pas être la meilleure personne pour détailler tous ces points, mais je vais essayer de vous en donner les grandes lignes. Tout d’abord, la Nouvelle République comptera probablement moins de planètes en son giron que l’ancienne. Seuls les mondes qui adhérerons à ces valeurs, et qui répondront aux critères, en feront partie. La Nouvelle République compte aussi se doter d’une armée, afin de pouvoir assurer la protection des planètes membres, mais aussi pour faire régner l’ordre et la loi sur ces mondes. L’Empire a mis sur pied une armée très efficace. Quand l’ordre nouveau tombera, nous de la démantèlerons pas, mais nous la mettrons au service de la justice et de la liberté.

La discussion était lancée. Le début qui s’ensuivit dura des heures, et tous y participèrent activement. Quand Tondheim fut redéposé devant son hôtel au milieu de la nuit, il était exténué, mais il avait l’impression d’avoir bien avancé pour sa cause. Il passa tout de même quelques minutes à examiner sa chambre. Il remarqua alors que sa mallette avait été ouverte : le cheveu qu’il avait collé avec un peu de salive sur l’ouverture avait disparu. Il retira le double-fond, et constata que rien ne manquait : la capsule de poison, l’enregistreur miniature, son deuxième jeu de faux-papiers et le stylet était toujours à leur place. Ses visiteurs nocturnes les avaient probablement aussi découverts. Les « Reeks » ne laissaient décidément rien au hasard, pensa Tondheim.

* *


Le lendemain, l’agent quitta la capitale pour prendre une navette à destination de l’archipel de Jonku, réputée pour la qualité de son vignacol. Il devait y prendre contact avec le contrebandier Torban Creek, le hors-la-loi le plus recherché de Thoghil. Si cet opposant-là ne faisait pas de secret de son identité, son repaire était par contre un des secrets les mieux gardés de la planète. Creek était très populaire parmi la population. Ses trafics faisaient vivre énormément de petits producteurs. Une décennie plus tôt, le gouvernement avait fait brûler des dizaines de plantations suspectées d’approvisionner le trafiquant. Cette attaque provoqua des émeutes si violentes que le dictateur ne persévéra pas, par crainte de déclencher une guerre civile.

Tondheim devait être contacté lors de sa tournée des plantations, via une phrase-code. Cette rencontre survint l’après-midi du deuxième jour. L’homme qui prononça la phrase convenue était le pilote du taxi-speeder qu’il avait loué, et qu’il côtoyait depuis deux jours ! Tondheim remonta dans le speeder, et se laissa conduire.

Le pilote referma et opacifia les vitres du véhicule. Outre le fait de ne pas savoir où l’emmenais son guide, l’agent regretta de ne plus pouvoir contempler le paysage. Mais sa frustration fut de courte durée. A peine 15 minutes plus tard, le speeder s’immobilisait. Les vitres se baissèrent, et Tondheim vit qu’ils étaient garés dans un hangar. Il put à peine apercevoir un rivage au-dehors avant que son guide ne le pousse vers un couloir. Après avoir parcouru le corridor, l’agent déboucha dans un hall de villa richement décoré, puis dans un salon illuminé par une baie vitrée immense, donnant sur la mer. Un homme grand et mince, vêtu du costume traditionnel thogien, une sorte de tunique verte au-dessus d’un pantalon marron, qui n’était pas sans rappeler les couleurs d’un arbre, se leva pour l’accueillir.
— Bienvenue dans mon humble demeure. C’est un honneur pour moi de recevoir un émissaire de l’Alliance Rebelle.

Tondheim se présenta à son tour. Les deux hommes s’assirent sur d’épais coussins, et un domestique leur apporta une coupe de vignacol. C’était la meilleure qu’ait bu le visiteur, et il s’empressa de le dire à son hôte. Celui-ci sourit du compliment, et après ces banalités, les discussions purent commencer.

Contrairement au premier groupe, Torban Creek ne s’intéressait absolument pas aux perspectives politiques offertes par la Rébellion. Ou plutôt, il s’en inquiétait. Qu’allait devenir son lucratif trafic de contrebande si un commerce libre était rétabli entre Thoghil et le reste de la galaxie ?

L’émissaire dut le rassurer : il serait un des leaders du nouveau marché. Mais le trafiquant voulait davantage. En plus d’une amnistie totale pour lui et ses hommes, actuellement considérés comme des séditieux et des criminels, il souhaitait que les proches de Chak-Mée qui bénéficiaient actuellement du monopole du commerce avec l’extérieur soient arrêtés ou éliminés, en cas de victoire de l’Alliance. Son aide était à ce prix.

L’agent promit simplement de remonter cette requête à ses supérieurs. Les tractations prirent fin, et Creek invita Tondheim à dîner avec lui. Ce dernier accepta et ne le regretta pas. Les mets étaient succulents. Le trafiquant voulait de toute évidence lui en mettre plein la vue, et le mettre dans sa poche.

A l’issue de cette soirée agréable, le pilote le ramena à son hôtel. Tondheim passa encore une journée dans l’archipel, puis retourna dans la capitale pour préparer sa dernière entrevue.

* * *


Son dernier rendez-vous devait le mener à Malahia, la seconde ville de la planète. Il s’y rendit en navette, deux jours plus tard. Cette fois-ci, il ne devait pas attendre d’être accosté par un inconnu, mais avait une adresse où aller. Un réparateur de droïds du centre-ville devait le mener jusqu’aux chefs d’un groupuscule relativement récent, au nom éloquent : l’Armée de Libération de Thoghil. Ce groupe s’était illustré en commettant plusieurs attentats contre des bases impériales.

Après avoir posé ses maigres bagages à l’hôtel, l’agent se rendit immédiatement chez « Docteur Droïd », le magasin du sympathisant qu’il devait contacter. L’établissement était petit mais propre ; divers modèles de droïds posaient dans la vitrine, à la manière de mannequins. Un fois entré, on pouvait apercevoir un atelier dans l’arrière-boutique, où deux Jawas s’affairaient sur un bras articulé avec une lampe à souder. C’était les deux premiers non humains que Tondheim voyait depuis son arrivée sur la planète. Il se demanda s’ils avaient été employés, ou si c’étaient des esclaves.

Son examen des lieux fut interrompu par l’arrivée d’un vieillard chauve au regard scrutateur, qui lui souhaita la bienvenue, et lui demanda la raison de sa visite. Visiblement, il avait déjà compris qu’il avait affaire à un étranger. Tondheim ne perdit pas de temps en civilités, et lui répondit par la phrase-code. L’homme le dévisagea de plus belle, puis lui répondit simplement :
— Vous devriez aller manger au restaurant « La Cantine de Byblos », dans l’enceinte de l’astroport, demain midi. Réservez une table pour deux, en terrasse. Quel est votre nom déjà ?
— Braam Tondheim.
— Tondheim. D’accord. Et n’oubliez pas vos lunettes de soleil et votre chapeau, le soleil tape fort en cette saison.

Et sur cette dernière phrase énigmatique, l’homme le raccompagna jusqu’à la porte de sa boutique.

L’agent réserva bien évidement une table où on lui avait demandé. Son interlocuteur préférait se montrer dans un lieu public. Soit. Ce ne serait sûrement qu’un premier contact avant un autre rendez-vous, aussi Tondheim prépara-t-il un petit sac d’affaires personnelles, au cas où on l’emmènerait ailleurs pour rencontrer les véritables responsables de l’organisation. Il emporterait aussi sa mallette.

A midi le lendemain, Tondheim lisait sur son écran-feuille les gros titres des nouvelles galactiques, lorsqu’un homme se présenta à sa table :
— Monsieur Tondheim ? Josh Palaskil, puis-je m’asseoir avec vous ?

L’individu qui s’attabla avec lui portait un costume à la mode des mondes du noyau, et parlait un basique sans accent. Un voyageur, comme Tondheim. Tous deux passeraient totalement inaperçus en ce lieu. Et, contrairement à ce que qu’anticipait l’agent, son contact ne comptait pas l’emmener ailleurs pour mener leurs tractations. Il lui fit l’historique complet de son organisation, en lui énumérant toutes les attaques menées contre des sites impériaux. Ce groupuscule semblait d’ailleurs lutter exclusivement contre l’Ordre Nouveau, et pas contre la dictature des Chak-Mée. L’agent se dit qu’il ne serait pas inintéressant d’enquêter sur les vraies motivations de l’Armée de Libération de Thoghil. Il ne serait pas étonnant que ce soit en fait le dictateur qui en tire les ficelles…

Au beau milieu d’une phrase, le dénommé Palaskil s’arrêta pour consulter sa montre, puis annonça fièrement :
— Mais une démonstration vaut mieux qu’un long discours. Nous vous avons préparé une petite surprise, pour fêter la coopération naissante entre nos deux organisations. Vous voyez ce grand bâtiment blanc en face de la piste ? C’est le département des douanes impériales. 106 fonctionnaires et soldats y travaillent, et des salles blindées contiennent toutes les cargaisons saisies par ces voleurs d’impériaux. Contrairement aux règlements, ces marchandises ne sont ni détruites, ni réacheminées vers les mondes du noyau. Elles sont utilisées pour alimenter un lucratif marché noir. Auquel nous allons mettre un terme…

L’homme avait à peine fini de prononcer ces mots qu’une série d’éclairs violents couvrirent le toit du bâtiment. Placé où il était, l’agent vit les explosions bien avant que les déflagrations ne parviennent jusqu’à ses oreilles. Quand les nuages de poussière se dissipèrent, il vit que le toit s’était effondré à l’intérieur de l’édifice. Des sirènes commençaient à retentir de partout, et les gens autour d’eux s’étaient mis à crier et à quitter la terrasse dans le désordre le plus total.

Tondheim ressentit un haut-le-cœur. Il se sentait coupable : il avait l’impression que ces employés impériaux avaient été tués juste pour lui faire une démonstration de force. Mais il ne montra pas son trouble à son interlocuteur, qui, comme lui, se levait pour quitter les lieux. Ils savaient qu’ils n’avaient rien à craindre ici, mais ne souhaitaient pas attirer l’attention sur eux en continuant à deviser calmement au milieu de la panique générale. Tandis qu’ils couraient vers la sortie de l’astroport, pris dans une véritable marée humaine, Tondheim comprit enfin pourquoi son contact de la veille lui avait demandé de porter des lunettes de soleil…

Une fois dehors, Palaskil lui remit une holocarte de visite, et lui serra la main en lui répétant à quel point il était content de pouvoir collaborer avec l’Alliance Rebelle. Il lui demanda de revenir bientôt pour commencer à approvisionner son groupe en armes et en explosifs.

Tous les contacts noués par ses collègues au cours des derniers mois avaient porté leurs fruits. La mission de Tondheim était terminée, et d’autres prendraient le relais. Il repartit le soir même pour Charima.

* * * *


Encore marqué par les événements de la veille, Tondheim quitta la planète avec soulagement. Il embarqua à bord d’une navette régulière depuis l’astroport de Charima, et descendit lors de la première escale. C’est là qu’il avait rendez-vous avec ses supérieurs pour rendre son rapport. Leur corvette, totalement banalisée, était parquée à l’abri d’un hangar.

Quand il pénétra dans le bureau de son chef, quatre officiers l’y attendaient déjà. Il se mit au garde-à-vous :
— Capitaine Tondheim au rapport !
— Repos, capitaine. Asseyez-vous. Votre mission sur Thoghil a-t-elle été fructueuse ?
— Affirmatif, mon colonel !

Tondheim appuya avec son index sur son œil droit et pencha la tête. Le globe oculaire tomba au creux de sa main. C’était une prothèse cybernétique. Il releva la tête vers ses supérieurs, et le rictus sur son faciès, conjugué à son orbite vide, lui donnait un air effrayant.
— Tout est enregistré là-dedans mon colonel. Mes contacts avec les trois groupes de rebelles. Je pense que leurs visages et leurs voix seront facilement identifiables par nos agents locaux. Je vous suggère de commencer par les terroristes de l’Armée de Libération de Thoghil.
— Félicitations, Capitaine Tondheim. L’Empire est fier de vous ! Nous allons enfin pouvoir nous débarrasser de cette vermine sur Thoghil…
Modifié en dernier par Pic le Sam 01 Avr 2017 - 11:08, modifié 1 fois.
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Messagepar Ve'ssshhh » Sam 28 Mai 2016 - 17:27   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Lu et apprécié!

Tu as réussi à me faire croire à cet agent rebelle jusqu'à la chute finale.
Il y a deux réponses à cette question, comme à toute les questions : celle du poète et celle du savant. Laquelle veux-tu en premier ?
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Messagepar Pic » Sam 28 Mai 2016 - 21:47   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Alors le but est atteint :)
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Messagepar Tenebrae » Dim 29 Mai 2016 - 11:38   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Lu et apprécié!

Trois textes sur SWU et trois petites merveilles. Dans des genres différents à chaque fois. Chapeau!
J'aime beaucoup le côté espionnage/réseau clandestin de ton texte. La chute est bien vue. L’écriture est maîtrisée, le style fluide et riche. Que du bon! (comme tes deux précédentes nouvelles :wink: :) )

À dans un mois pour une nouvelle nouvelle! :D
Tous mes textes passés, à présent et à venir sont dédiés à ma fille Sharleen.
Puisses-tu être heureuse où que tu sois désormais...
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Messagepar Pic » Dim 29 Mai 2016 - 20:00   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Merci beaucoup ! La quatrième est dans les cartons. Et encore différente (sauf l'époque).
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Messagepar mat-vador » Dim 29 Mai 2016 - 22:00   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

je suis venu, j'ai lu et j'ai addoorrrééé! :love: . le style est vraiment agréable et cela donne un rythme entraînant à la lecture.

et que dire de l'histoire (trop courte hélas :cry: ) dont la fin est vraiment inattendue :shock: ! quoi ce gentif agent rebelle n'est qu'un méchant impérial ( j'aime pas les méchants impériaux qui jouent double jeu :grrr: ) ??
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Messagepar Zèd-3 Èt » Mar 31 Mai 2016 - 7:38   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Ayé, lu. J'ai bien aimé cette nouvelle, l'intrigue est bien ficelée, le héros est crédible (dans le sens où on croit vraiment que c'est un Rebelle), et le retournement de situation final est très bien trouvé. Juste un petit truc : il y a un moment où les Reeks passent Tondheim au scanner, mais ils ne remarquent pas l'œil cybernétique ? Bizarre...

mat-vador a écrit:j'aime pas les méchants impériaux qui jouent double jeu :grrr:

Dixit celui qui infiltre un Sith dans le gouvernement de Corellia...
Quand un ouvrier a travaillé dix-huit heures, quand un peuple a travaillé dix-huit siècles et qu'ils ont, l'un et l'autre, reçu leur paiement, allez donc essayer d'arracher à cet ouvrier son salaire et à ce peuple sa République !
Victor Hugo
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Messagepar mat-vador » Mar 31 Mai 2016 - 11:57   Sujet: Re: [Nouvelle] - La toile

Zèd-3 Èt a écrit:Dixit celui qui infiltre un Sith dans le gouvernement de Corellia...


ah ce Sith-là :whistle: ! c'est bien pour ça je lui ai réservé une fin digne de ce nom :diable: !
Mat: Bonjour, je suis vapodoucheur et masseur de talons! / Dark Krayt: Vous êtes embauché!

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