Bon, à mon tour. Comme Oiki m'a proposé de jouer dans son univers, voici donc une HC parodique des Anges de la Force. Bonne lecture !
Coruscant, Temple Jedi
Ce jour-là, Evyk Skywalker fut convoqué devant le Conseil Jedi. Et n’oublions pas de préciser que « ce jour-là » se passe après
Les Anges de la Force, histoire magnifique écrite avec un brio incontestable et incomparable par Maître Oiki Ran (hop, coup de pub. Qu’est-ce qui faut pas faire, pfiou !).
L’histoire, disais-je donc, alors qu’Evyk arpentait sereinement les couloirs du Temple, fait directement suite à l’ultime épisode des Anges, 798ème du nom, écrit par un Ktâh pouèt à la signature d’aliéné, il faut bien le dire (quoi, ça fait plus moquerie qu’adulation ? oups…, ça a du m’échapper !).
Quand il entra, les douze Jedi en face de lui firent honneur à leur réputation de calme et de sérieux, sauf le dernier nommé en date, Lexan Horn, qui se curait consciencieusement les narines, l’air absent. L’attention d’Evyk se porta tout naturellement vers Shana, la Maîtresse, ou la Maître, les deux se disant dans son cas, du Conseil.
Certains l’auraient trouvé intimidante, froide, se sentant supérieure au reste de la Galaxie, avec sa tenue de cuir et latex noir, son collier à pointes autour du cou, ses bottes à talons aiguille qui montaient jusqu’aux genoux. Sans parler de ses percings dans le nez, dans l’arcade sourcilière, dans la [ censuré : de toute manière, ce n’est qu’une rumeur et nul n’y a jamais mis le…euh…nez ?]. Et pour compléter le tableau, elle arborait une coupe punk, avec une crête décolorée en violet, ainsi que son indispensable fouet-laser pour punir les méchants Jedi qui ne lui obéissaient parfois pas. Et le fait que certains n’obéissaient pas justement pour y goûter était une toute autre histoire, qui n’est pas l’objet de celle-ci.
Bref, la mission ! Sinon à ce rythme on n’est pas rendu, y’aura 47 pages et quelques et la magie de
SW sera définitivement morte, merci ! (honteuse private joke, désolé).
– Jedi Skywalker, fit-elle, hautaine.
– Maître Shana, rétorqua-t-il du tac au tac (une chance au grattage, une chance au tirage).
– Il se passe des choses étranges dans le secteur 7, et le Conseil a décidé de vous y envoyer pour rétablir la situation.
– Hum…quel genre de problème ?
– Un groupe d’extrémistes tente de prendre le pouvoir, et l’Heure est dépassée.
– Chaque seconde compte, c’est certain, approuva-t-il.
– Vous allez rencontrer l’assistant de l’Heure, la Minute Defoly. Votre vaisseau est prêt et vous attend. Des questions ?
– Non, c’est bon. Je suis un Jedi…descendant de la plus illustre lignée de la Galaxie…en outre, je suis beau comme un Dieu, fort comme Boyard, intelligent comme c’est pas permis, et j’ai plus d’un tour dans mon sec.
– Votre sac, vous voulez dire ?
– Oui, aussi !
– Très bien, Jedi Skywalker. Le Conseil place sa confiance en vous, ne le décevez pas !
– Vous ai-je jamais déçu ? répondit-il, charmeur, avant de se reprendre. Enfin, je veux dire…le Conseil, évidemment, bien sûr !
Ni une ni deux, Evyk rejoignit son vaisseau, une Aile-X JTGJCBR-82567, jantes chromées, manche à balai en moumoute de bantha du Jutland, méga-turbo-hyper-diesel, et un R2-D2563258798523658745322 en copilote. Bref, le top du top en matière de technologie, même si en situation d’urgence, c’était assez long pour s’identifier.
Avant de passer en hyperespace, il passa quelques communications via le new-new-new-holo-holo-net.
***
Bakura, à vachement loin de Coruscant
– Salut Sam, tu vas bien ?, fit Evyk sur un ton chaleureux.
– Evyk ! Dis donc, tu comptes te ramener quand ? Les triplés bouffent comme sept, et ma pension suffit à peine à les nourrir ! Il serait peut-être temps que tu prennes tes responsabilités et vienne t’en occuper ! Après tout, tu es leur père !
– Heu…oui, certes, mais tu comprends…euh non, d’ailleurs, tu peux pas comprendre…enfin bref, je pars en mission super dangereuse, et j’aurais besoin de ton aide.
– Oh, non ! Evyyyyyyyyyyyyyyyk ! cria-t-elle, désespérée à l’idée que son amant aimant quand il avait le temps puisse être en danger.
Comme de juste, et parce que Sam était Sam et serait toujours Sam, elle s’évanouit.
L’entendant tomber, les triplés surent que leur père était au bout du fil (en fait, y’a pas de fil, bien sûr, mais je précise auprès des puristes que ce n’est qu’une expression de la langue française). Trois petites voix éraillées crièrent :
– Salut, papaaaaaa !…
Et s’en retournèrent consciencieusement piller le frigo.
***
Périphérique ouest de Coruscant, 15 000 clicks avant la sortie du Secteur 7.
Bon, je rappellerais plus tard, se dit Evyk avant de composer un autre numéro.
***
Coco Sun Beach XVIII
Bip ! Vous êtes bien sur le répondeur de Maître Hash Timli, je ne suis pas là pour le moment, mais vous pouvez laisser un message après le…
Juste au cas où ce serait important, Maître Timli jeta un œil à son portable. Voyant qu’il s’agissait d’Evyk, il ne répondit pas et laissa tomber son téléphone à terre. La barbe ! Ras-le-bol de devoir toujours tenir ce petit imbécile par la main !
– Ça y est, maître, j’ai terminé, fit une jeune voix cristalline.
A ces mots, Timli ouvrit un œil à moitié, et se retourna paresseusement sur le dos.
– Bien, jeune Padawan Zeltronne. Tu peux enduire le reste de mon corps de la lotion anti-coups de soleil.
Jamais d’aussi douces mains ne s’étaient occupées de lui. Il soupira d’aise. C’était sûr, Evyk allait devoir se passer de lui.
***
Périphérique ouest de Coruscant, 3 clicks après la sortie du Secteur 7
– Merde, c’est pas possible d’être aussi con ! cria Evyk en se rendant compte qu’en passant un nouveau coup de fil, il avait raté la sortie.
– Tu me parles autrement où je viens t’exploser la tête ! fit une voix dans le système de communications.
– Ah, euh, t’es là, Artémis. Comment tu vas bien ?
– Mal, merci. Tu rentres quand à la maison ?
– Et bien…je me disais que peut-être…une petite promenade romantique, toi et moi…dans le secteur 7…
– Non, mais tu te fous de moi ? Et je fais quoi des jumeaux, hein ? T’as idée du tarif des nounous ?
– Euh…oui, mais bon, tu vas voir, ça va être sympa…ils ont prévu des spectacles pyrotechniques dans le secteur.
– Bon, OK, j’arrive, mais prépare le chèque de ma pension alimentaire.
– Oui, mamour, moi aussi je t’aime, bisou.
Evyk soupira. Ça devait arriver ! Au cours des 798 épisodes précédents des Anges, son cœur avait balancé entre Sam et Artémis. Pour le bien futur de l’histoire, il avait reçu l’ordre de l’auteur originel des Anges (saint Oiki, priez pour nous) de ne toucher à aucune des deux, pour pouvoir encore jouer de ce trio auprès d’un lectorat exclusivement masculin [ou presque, mais l’exception étant normande, c’est pas grave (adieu, monde cruel : après ça, elle va me massacrer, c’est certain)]. En fin de compte, il avait décidé de passer outre, car être un héros irréprochable tout le temps c’est quand même un peu chiant, à la longue. Mais il s’était tapé les deux, histoire de continuer à observer une stricte neutralité.
Quand il passa en hyperespace, il ne vit pas qu’il était observé par un petit droïd enregistreur. Celui-ci enregistra l’image, avant de l’envoyer dans un endroit secret, quelque part dans la galaxie.
***
Dans un endroit secret, quelque part dans la galaxie
Sur l’écran du terminal apparut le chasseur d’Evyk qui passait en hyperespace. L’être qui regardait la scène sourit, sortit son portable et fit un numéro, avant de dire :
– Ça y est, cet imbécile de Skywalker est en route, il va bientôt tomber dans mon piège.
– Kiko chèf. Koi de 9 6non ?
– Bah, euh, rien. J’appelais juste pour dire que les événements que j’attendais se mettaient en branle.
– Lol, just pour sa ? Sè du gaspiage de forfè, kan mèm, non ?
– Mais non, apprenti. Il me restait quelques unités à finir avant demain. Et puis ce genre de toute petite scène, c’est juste pour faire apparaître le méchant au début dans une histoire, pour que le lecteur sache que si le héros va vers sa mission, le méchant est déjà à l’affût et a une longueur d’avance. Tu comprends ?
– Non.
– C’est pas grave, soupira le méchant.
– Donk, jeun vou parl pa de notre armé ki…
– Non !
– Et le komplo de…
– Non plus !
– Et la korupcion…
– Rien, je te dis !
– Mdr bon, bah je vou lèss alor !
– C’est ça, bonne journée à toi aussi, apprenti, fit le méchant, un peu désespéré de n’avoir pas trouvé mieux comme séide.
***
Hyperespace, dans les méandres sinueuses de l’irréalité subjective du continuum espace-temps, là où les ombres tentaculaires de la nuit éternelle étendent leur emprise sur cette poignée de lanternes suspendues au firmament et qu’on appelle étoiles. Endroit magique, envoûtant et toujours porteur de dangers inconnus, nimbé d’un froid si intense qu’un glaçon y attraperait une rhino-pharyngite aiguë.
Pour la trente-septième fois, Evyk venait de tenter vainement de contacter Hash Timli. Il sentit son équanimité de Jedi le serrer un peu trop à la taille, aussi s’en débarrassa-t-il le temps de laisser un ultime message sur le portable du Togorien.
– Bon, maître, ça commence à bien faire ! J’ai besoin de vous ! Vous avez trente secondes pour me répondre sinon…je révèle votre plus grand secret à la galaxie entière !
– Hash Timli à l’écoute, répondit le Togorien moins d’une seconde plus tard. Evyk, mon ancien élève, mon ami, le fils que je n’ai jamais eu, comment vas-tu ? Faut qu’on se fasse une bouffe rapidement, on s’est pas vu depuis trop longtemps ! C’est pas bien de négliger son vieux maître comme ça !
– Maître…vous connaissez la définition du mot « boulet » ?
– Euh, non, pourquoi ?
– Laissez tomber. Le Conseil vient de me confier une mission, et j’aurais peut-être besoin de vous.
– C’est où, la mission ?
– Secteur 7.
– Oh, quel dommage, Evyk, mais mon GPS est en réparation. Non, vraiment, c’est trop bête, j’aurai aaaadorer venir mais…
– Maître, vous tenez tant que ça à ce que je divulgue votre secret ?
– Voyons, Evyk, un peu d’indulgence : j’étais jeune en ce temps-là, je ne savais pas ce que je faisais. La Zabrak ne s’est d’ailleurs jamais plainte officiellement.
– La Zabrak ? Quelle Zabrak ? Je vous parle du mouton rigelien, le mois dernier !
– Ah oui, bien sûr, où avais-je la tête ! répliqua Hash Timli en émettant un rire aussi artificiel que l’intelligence de Jar Jar Binks. J’arrive tout de suite, je pars dans cinq minutes ! Quelle planète ?
– Bakura, maître.
– Très bien, c’est comme si j’y étais !
***
Baraka…non, Macumba…rhoo, Macarena…non plus, Gargantua peut-être ? Ah non, voilà, j’ai trouvé, Bakura. Bakura, aux teintes d’un vert nacré, perle chatoyante issue d’un écrin de vie, véritable phare perdu dans l’espace éternel et mirifiquement magnifique, étincelant joyau de…hum…c’est vrai qu’on s’en fout un peu. Bref, Bakura, pauvre petite planète pourrie au milieu de nulle part
Dès qu’il surgit de l’hyperespace, Evyk entra en communication avec l’astroport de Salis D’aar, capitale de Bakura. Il demanda l’autorisation de se poser, il obtint l’autorisation de se poser, et il se posa (ça c’est de la phrase !).
Dès qu’il sortit de son cockpit, il fit à son R2 :
– R2, surveille le vaisseau.
L’auteur de ces lignes n’avait en effet rien prévu comme péripéties pour le droïd, aussi faire donner cet ordre par Evyk était un bon moyen de s’en débarrasser. Enfin, bon, peut-être pas tant que ça : franchement, laisser une boîte de conserve à roulettes surveiller un vaisseau, y’a mieux comme garde. Mais comme ça marche dans tous les écrits, autant profiter de cette ficelle éculée.
Un comité d’accueil attendait le Jedi. Un landspeeder à vitres opaques vint se garer devant l’aile-X, et une humanoïde en sortit.
C’était une Gran, d’une beauté à couper le souffle selon les standards de son espèce. Evyk la trouva hideuse et étrange, avec sa tripaire de lunettes palliant à une sévère myopie.
– Jedi Skywalker, bienvenue sur Bakura, je suis la Minute Defoly, l’adjointe de l’Heure Ducrym. Je dois vous parler urgemment, car l’heure est grave et chaque minute compte.
– Je ne comprends pas : l’Heure est Ducrym ou Grave ? Et qu’est-ce que vous comptez ?
La Gran soupira. Elle sentit que les explications allaient être longues.
Elle l’emmena dans le complexe gouvernemental et lui fit un résumé de la situation :
– Il y a un mois, des pêcheurs de thons à la tomate ont manifesté dans Salis D’aar : en effet, les quotas galactiques de pêche et l’amoindrissement des ressources ont rendu leur statut précaire, et ils ont réclamé des aides pour parvenir à subsister. Mais la manifestation a dégénéré et il y a eu des affrontements avec les forces de l’ordre.
– Oui, j’en ai entendu parler, répondit Evyk. Ça a fait du bruit car il y a eu un certain nombre de victimes, n’est-ce pas ?
– Quelques pêcheurs sont morts, en effet, mais rien de dramatique.
– Vous vous moquez de moi ? s’énerva Evyk face à tant de froideur. J’ai lu les rapports, et ils parlaient de dix mille morts. Personnellement, je trouve ça dramatique. La Force, c’est la vie, et en tant que Jedi, je suis là pour la préserver, pour la chérir. Je suis Jedi, dernier rempart de la civilisation face à la barbarie latente qui menace à tout instant de submerger la galaxie sous ses coups de boutoir perfides et maléfiques ! Pour l’instant, ma sympathie va donc à ces pauvres pêcheurs qui ont été froidement abattus !
– Je croyais que vous étiez là pour nous aider, Jedi Skywalker. Mais si vous voulez vous amuser avec moi à définir une échelle des événements dramatiques qui ont déjà secoué la galaxie, on peut toujours comparer les dix mille pêcheurs morts à certains actes de Jedi : Luke Skywalker a tué combien de personnes qui travaillaient dans l’Etoile de la Mort ? Dark Vador, tout au long de sa carrière ? Exar Kun et Kyp Durron, après avoir chacun détruit un soleil ?
– Hum…maintenant que vous le dites…c’est sûr que vous êtes ridicules avec vos dix mille morts. Et puis tous ces pêcheurs étant morts, ceux qui restent devraient mieux s’en sortir, désormais.
– Nous sommes d’accord, fit Defoly. Malheureusement, les manifestations ont continué, avec de nouveaux intervenants : les philosophes Gungans, les poètes Gamorréens, les Zabraks cocus (et il y en a un paquet, il n’y a qu’à voir le nombre d’entre eux qui ont des cornes), les Wookies allergiques aux poils, les groupies militant pour interdire la mort des Jedi rousses dans l’
UE, j’en passe et des meilleures. Récemment, nous avons découvert qu’il existe des agents subversifs parmi ces manifestants, et qu’ils encouragent la sédition. Nous sommes au bord de la guerre civile. Vous devez les infiltrer et les mettre hors d’état de nuire.
– Très bien, la prochaine manifestation est prévue pour quand ?
– Demain matin. Vous avez carte blanche et crédit illimité pour résoudre la crise.
– Parfait. Je vais reprendre des forces en attendant, fit Evyk en empoignant fermement la carte de crédit gouvernemental qui lui tendit la Gran. Quel est le meilleur restaurant de la capitale ?
– Le
Trochèrpourtoi.
– Et l’hôtel le plus luxueux ?
– Le
Onselapèteunmax.
– La maison close la plus renommée ?
– Le
Poussetoidelàquejemymette.
– Impeccable. Vous aurez de mes nouvelles demain !
***
Encore sur Bakura. Notre transporteur va bientôt se poser sur l’Astroport de Salis D’aar. Assurez-vous que vous n’avez rien oublié dans votre compartiment. Bakura, deux minutes d’arrêt.
– Kiko lol mètr ! Chuis arivé tro tar pour arèté Skywalker, mè je sè kan sè zami vièn.
– Parfait, apprenti. Eliminez-les tous, jusqu’au dernier (@Dark Sidious in
The Phantom Menace).
L’apprenti coupa la communication et en ouvrit plusieurs autres. Ses instructions données, il n’avait plus qu’à attendre d’apprendre la mort d’Hash Timli, Artémis et Sam.
***
Trois jours après le jour précédent de la veille, sur Bakura. Bakura, ses stations thermales, ses vieilles pierres, ses jeunes Paul, ses plages de luxe, ses boutiques ambulantes bière-saucisses-kébab.
Hash Timli
Le Maître Jedi avait pris un cargo pour arriver. Il en sortit courbaturé de partout, sa grande carcasse de Togorien dépassant tout le monde d’une tête. Il était qui plus est d’une sale humeur, car il regrettait d’ores et déjà sa retraite dorée. Grâce à sa formation de Jedi et à son œil acéré, il repéra rapidement le groupe suspect qui se dirigeait vers lui.
Il faut dire que comme tous méchants de base qui se respectent, ils étaient sales, vêtus de cuir clouté, coupes de cheveux résolument punks, des rangers, un air abruti sur le visage, et le sourire sadique qui allait avec le reste de la panoplie. Evidemment, ils avaient des blasters, des vibro-lames, et même des bonnes vieilles battes de base-ball. Si Timli avait eu le temps, il aurait pu lire des inscriptions sur les battes : sur l’une d’elle, il y avait un nombre impressionnant de petites bonhommes dessinés, représentant les victimes qu’elle avait rencontré. Sur une autre, un magnifique cœur stylisé surmonté d’un « J’aime ma maman » ajoutait une petite touche de tendresse humaine dans ce monde de brutes.
Mais Hash Timli n’était pas un Maître Jedi pour rien. Cette piétaille ne pouvait rien contre lui et ses pouvoirs. Afin de préserver la discrétion de son arrivée, et ayant à cœur, en tant que Jedi, de ne pas faire usage de violence, il se mit à quatre pattes et avança d’une démarche féline. Il se frotta contre un pilier, tendit sa queue à la verticale et urina dessus, tandis que les voyous l’entouraient, circonspects.
Il leur lança un regard empreint d’innocence, tel un avatar de Dark Nazgul, ronronna et fit :
– Miaou ?
– Merde, c’est pas lui, fit le chef de la bande, on est en train de le confondre avec un chat. Vite, reprenez votre surveillance, il ne doit pas nous échapper !
Hash Timli ne se redressa sur ses pattes postérieures qu’une fois sorti de l’astroport, et héla un taxi.
Sam, une heure plus tard
Elle sortit du cargo le bout des doigts en sang, à force de se les ronger d’inquiétude pour son Evyk adoré. Bien qu’elle ne fut plus Jedi depuis longtemps, elle repéra sur-le-champ la bande de bad boys qui marchait résolument sur elle. Ses vieux réflexes prirent vite le dessus, et elle s’assura que son sabrolaser était à portée de main. Ces imbéciles paraissaient sûrs d’eux et ne savaient pas à qui ils avaient affaire. Ils allaient vite le savoir, se dit-elle, déterminée.
Ils l’entourèrent, et elle fit semblant de trembler.
– Que…que…qu’est-ce que vous me voulez ?
– A ton avis, blondinette ? ricana celui qui semblait être le chef. On va te [censuré], puis te [censuré], avant de te [censuré] en s’y mettant à deux et de te [censuré] à nouveau. Après et après seulement, on te tue !
Sam prit un teint de plus en plus blanc au fur et à mesure que son interlocuteur annonçait ses intentions. Elle posa le dos de sa main sur son front, rejeta la tête en arrière, ferma les yeux, cria « Ô mon dieu, pas ça ! » et, avec une grâce qui dénotait une technique parfaite, fruit de milliers d’heures d’entraînement, elle se laissa tomber à terre et y resta inerte.
– C’est bien elle, pas de doute, fit le chef de la bande. Les infos concordent : la femme que nous recherchons passe la moitié du temps évanouie.
Ils étaient huit et l’entourèrent, un peu décontenancés quand même : ils s’étaient attendus à des cris, des pleurs et des supplications. Evanouie comme elle l’était, elle leur gâchait une partie du plaisir.
Mais en fait, elle ne l’était pas, tadam ! Et dès qu’elle sentit leur vigilance vaciller, elle se redressa d’un bond, sabrolaser allumé à la main, et tourna sur elle-même à une vitesse folle en les fauchant tous de son arme. Elle enjamba les cadavres rapidement et se remit à ronger ses rognons d’ongles. Si elle avait été attaquée, cela signifiait que son Evyk adoré était en danger !
Artémis, encore une heure plus tard, pour le timing.
Artémis sortit de son transporteur personnel et se fraya un passage parmi la foule dense qui allait et venait dans l’astroport. Elle refit mentalement le compte de ce que lui avait coûté les taxes d’atterrissage, décidée à présenter la note à Evyk dès qu’elle l’aurait retrouvé.
De méchante humeur, elle croisa un mioche qui lui tira la langue en grimaçant. Elle détendit brusquement le coude et lui cassa le nez : c’était pas le moment de la chercher ! Les parents pivotèrent vers elle, prêts à lui rentrer dedans, mais ils se retrouvèrent face à la gueule de deux canons-blaster de taille assez respectable pour les envoyer en orbite. Ils s’excusèrent pour l’attitude socialement inacceptable de leur enfant, qu’ils giflèrent pour faire bonne mesure, et donnèrent le contenu de leurs portefeuilles à Artémis, après lui avoir brossé les bottes à l’aide de mouchoirs en soie. Magnanime, elle pardonna, et poursuivit sa route.
Son œil de lynx surentraîné prit conscience des bad boys dès qu’ils firent un pas vers elle. Au deuxième pas, ses deux canons-blasters crachaient déjà un feu de tous les diables en leur direction. Aucun n’en mourut, mais les dizaines de badauds qui se trouvaient entre elle et eux étaient tous tombés à terre : ils ne bénéficiaient désormais plus d’aucune protection. Elle jeta négligemment ses armes à terre, empoigna des détonateurs thermiques et en lança cinq sur le groupe. Les explosions furent assourdissantes, des alarmes ululèrent de tous les côtés, des volutes d’épaisse fumée envahirent l’astroport. pendant que les voyageurs fuyaient, criant sous le coup de la panique, Artémis empoigna deux blasters et tira sur les restes de ses agresseurs qui bougeaient encore.
Cela fait, elle ramassa ses armes, sortit un couteau qui aurait fait verdir de jalousie Rambo XXXIX, coupa les oreilles de ses ennemis et s’en fit un collier. Elle se dirigea ensuite vers la sortie de l’astroport, l’humeur un peu meilleure.
***
Planète Bakura, ville de Salis D’aar, quartier nord, rue des Yuuzang Vong, devant le numéro neuf
La manifestation était un franc succès. Evyk s’était glissé dedans discrètement, les yeux explosés par le manque de sommeil. Il avait passé une nuit de folie, utilisant l’intéressante technique Jedi qui consiste à se déconnecter momentanément de la Force. Un humain restant un humain, c’était un bon moyen de se relâcher un peu. Rien de tel que se vautrer quelques heures dans l’orgie, la luxure et la satisfaction de désirs lubriques pour se requinquer. Et Evyk avait même une réponse toute prête au cas où on lui demanderait des comptes pour ce genre d’actions : en tant que Jedi, il se devait de connaître toute la bassesse dont les êtres étaient capables. Pour mieux abattre un ennemi, il fallait le connaître.
Il repéra vite l’un des agitateurs, et perçut toute la noirceur noire et sombre du manque de luminosité de son cœur froid et ténébreux. En d’autres termes, un être dévoué au Côté Obscur. Il eut une pensée émue pour toutes les victimes, toutes les morts dues à la harangue de cet être abject et maléfique. Mais un Jedi ne cherche pas la vengeance, et ne doit tuer que s’il y est obligé. Il se glissa subrepticement derrière l’agitateur et lui posa une main sur l’épaule, avant de laisser la Force agir.
Il se concentra intensément et effaça tous les souvenirs de l’agitateur, ne lui laissant que ceux du jour de sa naissance. Comme c’était un humain et que cette espèce ne conserve pas de souvenirs avant au moins ses deux ans, il se retrouva avec un cerveau vide. Pour ne pas prendre le risque que l’être, en réapprenant la vie, ne se tourne à nouveau vers le Côté Obscur, il le priva des connections synaptiques qui faisaient réfléchir et évoluer les êtres vivants.
L’homme s’arrêta et resta immobile, bouche ouverte et esprit vierge, pour le restant de ses jours. Evyk était assez content de lui : l’homme finirait par être interné et serait entouré pour le restant de ses jours d’infirmières accortes, qui ne lui prodigueraient que de l’amour et des soins. Il envia sa victime et, content de lui, se rapprocha de l’agitateur suivant.
Mais il ne l’atteignit pas, car une agitation dans la foule, non loin de lui, attira son attention. Il y eut des cris, des bruits de coups et un passage s’ouvrit comme par enchantement. Il vit Artémis, les poings en sang, se rapprocher de lui à grands pas. Derrière elle, quelques corps à terre.
– Artémissounette, mon ange ! Comment ça va ? fit Evyk.
– Groumph, rétorqua-t-elle, revêche.
Il lui résuma la situation, elle accepta de l’aider après qu’il lui y fait un chèque substantiel, et ils se séparèrent, pour prendre en tenaille l’agitateur suivant.
Mais il parvint à les repérer, et il sentit aussitôt que sa situation restait de devenir rapidement précaire. Aussi tenta-t-il de prendre la poudre d’escampette, tandis qu’Artémis dégainait deux blasters et tirait un feu continu dans sa direction. Elle se fraya un chemin parmi les restes sanguinolents des dizaines d’innocents qui avaient eu la mauvaise idée de traverser la trajectoire de ses tirs et se retrouva devant le cadavre de l’agitateur, transformé en amas de chair informe. Evyk la rejoignit bientôt et soupira.
– Euh, Artémis chérie, on avait dit qu’on le prenait vivant, histoire de l’interroger.
– Désolé, répondit-elle en lui faisant un clin d’œil. Un malheureux réflexe. Tu es conditionné pour être un Jedi et tu en es un à chaque instant de ta vie, n’est-ce pas ?
– Euh…oui.
– Et bien moi, je suis conditionnée pour être une tueuse tout le temps. Tu comprends, c’est pas facile de renoncer aux réflexes de toute une vie, comme ça, en un instant.
– Bien sûr que je comprends, répondit-il en la serrant dans ses bras, ému par les efforts qu’elle faisait. Tu feras mieux la prochaine fois, j’en suis sûr. Ce n’est pas bien grave, il sont encore des dizaines dans la foule : tu as de la marge pour réussir à en capturer un vivant.
Et ils reprirent leur chasse.
***
Un peu plus loin, rue Anakin Skywalker, anciennement rue Dark Vador, anciennement rue Anakin Skywalker
Connecté à la Force comme le Maître qu’il était, Hash Timli avait reconnu la présence d’Evyk et d’Artémis non loin de lui. Il avait observé leur manège et en avait déduit leur objectif : capturer un agitateur pour le faire parler. Il décida d’agir de son côté, afin de multiplier leurs chances. Il marchait donc en marge de la manifestation, prêt à bondir si jamais il repérait un agitateur, quand il en vit un sortir de la foule et se diriger vers lui.
Il se mit aussitôt à quatre pattes, ronronna et se frotta contre un immeuble. L’agitateur ne prit pas garde au gros chat non loin de lui et allait le dépasser, quand Hash Timli se redressa de toute sa hauteur et lui dit :
– Miaou ! Euh, non, pardon, halte-là, voulais-je dire !
L’agitateur, comprenant qu’il avait été joué et déjoué, ne fut pas enjoué. Il se mit à courir en espérant échapper au Maître félin. Malheureusement pour lui, Sam se trouvait non loin de là et avait elle aussi identifiée Timli. Elle s’interposa devant le fuyard et se laissa brusquement tomber à terre, comme si elle s’évanouissait. L’agitateur ne parvint pas à s’arrêter à temps, buta sur elle et s’écrasa lourdement au sol.
– Bien joué, Sam, fit Timli en l’aidant à se relever. Je venais juste de sentir ta présence !
– Merci, Maître Timli.
Evyk et Artémis arrivèrent sur ces entrefaites, le Jedi ayant perçu que ses camarades étaient là. Tous quatre, tels les trois mousquetaires, entourèrent l’agitateur, qui semblait effectivement à cet instant bien agité. Il se mit à trembler tandis qu’Artémis s’accrochait au bras d’Evyk et lui demandait, l’œil suppliant :
– Je peux l’interroger, dis, je peux l’interroger ?
– Nan, pitié, pas elle, je vais tout vous dire, s’écria l’agitateur. J’ai été payé par …ARGH !
Forcément, c’est à ce moment-là que l’agitateur fut tué par un trait de blaster.
Ils se tournèrent d’un coup d’un seul vers l’origine du tir et virent, à cent mètres d’eux, un être dont les traits étaient cachés sous une robe avec capuchon, de couleur noire. Celui-ci lâcha son fusil-blaster à lunettes, tourna les talons et s’enfuit.
Nos quatre héros, unis comme les cinq doigts de la main, se lancèrent aussitôt à sa poursuite. Grâce à sa taille, Hash Timli prit rapidement de l’avance, suivi de près par Evyk, qui utilisait la technique de super vitesse des Jedi pour essayer de se maintenir au niveau. Suivait Sam, un peu rouillée techniquement, et enfin Artémis, simple humaine, qui commençait à se vexer de voir qu’elle était à la traîne, et qui se demandait si elle n’allait pas les abattre dans le dos pour préserver sa dignité.
Finalement, Artémis renonça mais eut une idée. Elle se jeta sur la rue, devant un landspeeder et, dégainant ses deux blasters, tira des dizaines de fois sur le pare-brise, qui vola en éclats. Le landspeeder stoppa à dix centimètres d’elle. Elle jeta rapidement les cinq cadavres qui se trouvaient à bord (le père, la mère, le gamin, la gamine et le chien), et enclencha les gaz. Elle allait montrer aux Jedi qu’elle pouvait être au moins aussi efficace qu’eux, non mais !
Sam avait elle aussi renoncé, à bout de souffle. Elle jeta un coup d’œil sur la rue et une idée germa en elle. Elle posa un pied sur la route, juste avant qu’un land-scooter passe, et elle tomba à terre, évanouie. Le naïf adolescent qui conduisait le land-scooter s’arrêta sur-le-champ, prêt à secourir la demoiselle en détresse, voire plus si affinités, en descendit et se précipita vers elle. Ce fut évidemment à ce moment qu’elle se remit debout en une seconde, et qu’elle assomma le jeune d’un coup de garde de sabrolaser. Elle fit un weeling et fonça, en regrettant de ne pas pouvoir faire un burn.
Pendant ce temps, Hash Timli regagne du terrain sur le tueur, grâce à ses longues foulées régulières. Mais il n’est pas à l’abri d’un retour d’Evyk, qui puise dans ses réserves pour revenir en tête de la course. Pour l’instant, il est sur le podium, mais cela ne saurait lui suffire. Juste avant un virage, Timli se rend compte qu’il risque de se faire griller par son ancien élève. Il sent son souffle sur sa nuque, et se rend compte qu’Evyk est en train de prendre l’aspiration. Mais Timli est un vieux briscard. Il retarde son freinage dans le virage le plus longtemps possible et coupe brusquement la trajectoire qu’Evyk comptait emprunter pour le dépasser. Skywalker perd de précieuses millisecondes, et Timli réaccélère, pourvu d’une courte mais précieuse avance. En sortant du virage, il avise le fuyard, qui perd sérieusement du terrain, mais ce qu’il voit surtout, c’est une longue ligne droite, qui risque de lui être fatale. Car Evyk est déjà sur ses talons, prend à nouveau l’aspiration et se retrouve à son niveau. Timli n’a pas encore épuisé toutes ses ressources, et il se met à balancer ses coudes de plus en plus haut, manquant de peu la tempe d’Evyk, qui est obligé de faire un écart pour l’éviter. Mais ce n’est qu’un pis-aller : ce diable de Skywalker est bientôt à nouveau sur lui et les voilà tous deux à jouer du coude. La tension est terrible, aucun des concurrents n’entend lâcher prise. Qui va donc remporter cette course haletante qui tiendrait des millions de téléspectateurs en haleine si elle était filmée?
Pas eux, en tout cas, car ils virent soudainement Sam, les cheveux dans le vent telle Seccotine dans
Spirou et la corne de rhinocéros, les dépasser facilement, les mains crispées sur le guidon d’un land-scooter. Ils n’eurent pas le temps de se plaindre de cette concurrence déloyale qu’ils entendirent un bruit d’enfer derrière eux. Ils se retournèrent juste à temps pour voir Artémis leur foncer dessus, au volant d’un landspeeder. Comme elle paraissait déterminée à ne pas ralentir, ils se jetèrent à terre et elle les survola, tout en continuant d’accélérer.
Artémis était une prédatrice, et bien décidée à montrer aux Jedi ce qu’elle valait. Elle se porta à la hauteur de Sam et, sans le moindre état d’âme, jeta son landspeeder contre le pauvre petit land-scooter, qui partit au tas avec sa conductrice. Celle-ci effectua un superbe saut désordonné et incontrôlé, avant de s’affaler lourdement à terre, évanouie (même si cette dernière précision est sans doute inutile, vu qu’on commence à la connaître).
– Chuis la meilleure, cria-t-elle en se retournant pour voir Sam s’écraser au sol.
Mais quand elle regarda à nouveau devant elle, elle vit qu’elle arrivait sur le fuyard, et qu’elle n’avait pas le temps de freiner. Il se prit le landspeeder en plein milieu du dos et s’encastra dans les restes du pare-brise. Artémis se mit debout sur les aéro-freins et imita le bruit des crissements de freins sur une route, parce que c’est un son vachement cool à la télé et que les landspeeders sont malheureusement dépourvus de roues. Son véhicule était à peine arrêté qu’elle se ruait déjà dehors, un blaster dans chaque main. Elle en colla un sur la narine de l’être sur son pare-brise, et l’autre dans sa bouche, avant de lui dire :
– Alors, on fait moins le malin, maintenant, j’espère ?
– Huuuuu…huuuu…hu….répondit-il, les yeux emplis de peur.
Artémis comprit qu’il n’était pas possible de s’exprimer avec un blaster dans la bouche, aussi l’ôta-t-elle, à regret.
– Men fou jdirè rien, fit l’encastré, anciennement fuyard, en recrachant quelques-unes de ses dents.
Les trois autres héros arrivèrent enfin, comme dans
les Pieds Nickelés font la course, et ils reprirent laborieusement leur souffle. Timli empoigna fermement le poignet d’Artémis quand celle-ci sortit son couteau cauchemardesque pour le rapprocher du visage de l’encastré. Le maïtre Togorien lui dit :
– Nous sommes des Jedi. Jamais nous ne tolérerons qu’une personne, aussi abjecte soit-elle, soit torturée devant nos yeux. C’est contre tous nos principes, Artémis, je suis désolé. Il va falloir trouver autre chose.
– OK. Quoi, alors ?
– Euh…je vais réfléchir…
– Maître, Sam, j’ai une idée ! intervint Evyk. Un petit poker, ça vous dit ? On va jouer après le recoin de la rue, là-bas, pendant qu’Artémis interroge le prisonnier.
– Pas bête, Evyk, répondit Timli. Si on n’est pas là, on ne sait pas ce qu’elle fait. Donc nous sommes couverts, en tant que Jedi, et Artémis a les mains libres pour le tortur…l’interroger.
Tous quatre acquiescèrent en silence et les trois Jedi s’éloignèrent.
– Euh…pas lol sur se coula. Hey, les cop1, revené ! Me lèssé pa avec èl, èl est pa cool !
Après cette vaine supplique, il se tourna vers Artémis, qui léchait déjà la pointe acérée de son couteau, les yeux emplis d’excitation.
Le cri déchirant de l’encastré retentit à travers le dédale des rues, et arracha un frisson à Sam. Ses tympans bourdonnaient.
– Maître Timli, Evyk, on ne peut pas laisser faire ça !
– C’est à toi de jouer, Sam, répondit Timli, imperturbable.
– N’aies crainte, renchérit Evyk, elle est en train de l’aider : là, elle devait juste être en train d’enlever un bout de verre de sa peau, pour le soulager de la douleur.
On ne discernait plus grand-chose d’identifiable sur la face de l’encastré, car Artémis avait bien pris soin d’enfoncer profondément tous les morceaux de verre qui constellait son visage.
– Bon, tu parles ou j’arrête d’être gentille ? fit-elle.
– Dac javou tou é le rest oci. Jmapèl Dark SMS, chuis un sitt, et mon mètre sè Sèla Fett, le chef dè Mando.
– Le chef des Mandaloriens ? Tu veux dire qu’il est chef des Mandaloriens et Seigneur Sith ?
– Nan, ilè ke mando, chui pas fou, chais trè bien kachak foa k1 sitt reçurgi, il meur. Donc kom chuis 1 mal1, chui alié o mandos.
– OK, je comprends. Et il est où, ce chef de Mandos ?
– Dan son vèsso en orbit. Il devrè pa tardé a venir car la police local è trè zocupé avec lè manisfestan, é cè se kil atendè.
– Très bien, Dark SMS. Pour ces informations, ta mort sera beaucoup moins longue et douloureuse que ce que j’aurais aimé te faire subir.
Quatre heures plus tard, Dark SMS rendit son dernier soupir, et Artémis rejoignit ses camarades. Evyk fit comme s’il ne la voyait pas, et pria la Force pour que Sam et Hash ne la remarquent pas non plus. Avec le carré de rois qu’il avait à la main, hors de question que la partie s’arrête là !
Malheureusement pour lui, Sam jeta sa pauvre paire de trois et fit :
– Ah, Artémis, te voilà enfin ! Il a parlé ?
– Oui, je sais tout !
– Parfait, fit Timli en jetant sa carte haute au sol, nous t’écoutons.
Evyk ramassa les cartes sans un mot.
– Bon, j’ai une idée, fit Evyk après le compte-rendu d’Artémis. On vole un vaisseau et on attaque, comme ça on profitera de l’effet de surprise.
– Nan, mais t’es fou ? rétorqua Artémis. C’est des croiseurs qu’il y a là-haut, on ne sera pas de taille !
– Je suis un Jedi, la taille importe peu.
– Je ne suis pas Jedi, donc pour moi la taille est importante, et pas seulement celle des vaisseaux ! Et puis pense à l’auteur !
– Bin quoi, l’auteur ?
– Il ne sait pas écrire de bastons spatiales !
– Ah oui, là, c’est sûr, ça va être embêtant. Hum…il ferait mieux de potasser la question au lieu d’écrire ces lignes idiotes, mais ceci est un autre problème. Bon, dans ce cas, on l’attend à l’astroport, et dès qu’il atterrit, on lui fait la peau. Des questions ?
Il n’y en eut aucune, le plan étant trop simple (d’esprit) pour en induire.
***
Thermosphère bakurienne, entre la mésosphère et l’exosphère (et oui, monsieur, cette histoire est aussi l’occasion de se cultiver !)
Sèla Fett était inquiet. Pas de nouvelles de Dark SMS depuis des heures. Il en conclut qu’il devait être mort. Mais si c’était le cas, il était possible que les Jedi soient au courant de l’attaque des Mandaloriens. Auquel cas l’attaque ne se passerait peut-être pas aussi bien que prévu. A moins que Dark SMS ait simplement été retardé ?
La femme de Sèla Fett n’avait pas encore appelé, alors qu’elle était partie chez le docteur depuis trois heures : et si le petit avait les oreillons ? Pourrait-il prétendre à être un vrai Mandalorien en cas de séquelles? Il se demanda aussi s’il fallait payer des cours particuliers à sa fille. Ses notes avaient chuté de manière alarmantes au deuxième trimestre. Mais c’était peut-être aussi l’âge qui voulait cela ?
Il balaya toutes ces hypothèses lugubres de son esprit et se retransforma en Mandalorien, le vrai, avec l’armure super sophistiquée, la visière en T et tout le toutim. Il chassa les doutes en prononçant l’ultime parole mandalorienne, celle qui les unissait, qui les faisait vivre, et les empêchait de réfléchir à tous les tracas quotidiens, y compris la plainte qu’avait déposé sa voisine, Mme Grinchard, à propos des soi-disant aboiements permanents de son cher chien Kiki. Cette parole ultime tenait en trois mots, et il la beugla :
– A L’ATTAQUE ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
***
Astroport de Salis D’aar, entre chien et chat (cherchez pas la blague, c’est une expression consacrée)
Notre Club des Cinq favori, même s’ils n’étaient que quatre, patientait depuis des heures et des heures, et tous commençaient à trouver le temps ‘achement long. Sam s’était endormie à force de s’entraîner à sa technique de l’évanouissement spontané. Artémis avait démonté et remonté 243 fois les dix-huit armes qu’elle portait sur elle (concours optionnel pour faire vivre le topic : où les cache-t-elle ?). Hash Timli jouait avec une souris qu’il avait tué quelques heures auparavant, même si Evyk lui avait vainement soutenu que c’était un singe-lézard kowakien, et donc un être intelligent. Quand à notre héros, il jouait avec son sabrolaser, l’allumait une seconde, l’éteignait, le rallumait, et ainsi de suite, en disant « jour » quand la lame jaillissait et « nuit » quand elle disparaissait.
Des alarmes mugirent soudainement, et ils furent aussitôt aux aguets. Des explosions commencèrent à retentir près d’eux, et ils virent des dizaines de navires d’assaut fondre sur l’astroport à une vitesse impressionnante, en déversant un déluge de feu continu. Tout ne fut bientôt qu’incendies, cendres, métal en fusion, brouhaha infernal autour d’eux. On se serait presque cru en guerre. Normal, on l’était.
– Soyez sur vos gardes, cria Evyk pour se faire entendre. Il faut qu’on trouve leur chef et qu’on le tue, ils ne se battront pas sans lui !
Tels Riri, Fifi et Loulou face à leur oncle Donald en colère, ses trois compagnons acquiescèrent et tentèrent de déterminer quel vaisseau abritait le chef des Mandaloriens.
Evyk n’avait aucune idée du vaisseau employé par Sèla Fett, et il commençait à désespérer quand il avisa le dernier vaisseau à atterrir. Il était plus gros que les autres, et sa coque brillait comme s’il sortait d’un station de lavage de
l’Ephant Mon bleu. Il attendit sagement, au cas où il s’agirait d’un leurre.
Quand une rampe de soute s’abaissa lentement et que des guerriers mandaloriens déroulèrent un tapis rouge jusqu’au sol, il resta tout aussi dubitatif.
De nouveaux guerriers surgirent, portant des corbeilles en osier, et ils parèrent le tapis rouge de confettis, juste devant une haute silhouette qui venait de surgir. Sèla Fett, sans le moindre doute !
Ni une ni deux, Evyk surgit de sa cachette et lança au Mandalorien :
– Sèla Fett, la fête est finie !
– Faudrait savoir ! rétorqua l’interpellé.
– Hein ? fit Evyk.
– Non, c’est pas grave ! soupira Fett.
– Je te défie en duel, et l’enjeu sera la planète Bakura !
– Non.
– Comment ça, non ?
– Non ! N-O-N. Tu crois quand même pas que je suis assez con pour me faire couper en morceaux par toi alors que j’ai des dizaines de gardes pour me protéger ?
– Hum…j’avais pas pensé à ça, répondit Evyk avant de retourner se cacher en courant, sous le feu des gardes mandaloriens.
Dès qu’il fut à l’abri, Evyk reprit la parole :
– Maître Timli, vous avez une idée ?
– J’en ai plein, mais elles sont aussi débiles que la tienne, donc on va oublier !
– Sam ?
– Evyyyyyyyyyyk ? Tu n’es pas blessé, au moins ?
– Artémis ?
– Prenez ça, raclures de [censuré] d’[censuré] de vos [censuré] de mères ! dit-elle en faisant cracher le feu de trois de ses blasters en même temps (concours optionnel pour faire vivre le topic : comment y parvient-elle ?).
Evyk soupira, et comprit une chose à cet instant de cette histoire : s’il n’avait aucune idée de comment faire pour accomplir sa mission et finir l’histoire, l’auteur non plus. Tous deux étaient dans la merde !
Mais Evyk était un Jedi, et dans toute histoire mettant en scène des Jedi, on pouvait compter sur la Force pour faire des
deus ex machina honteux ! Le procédé était certes inélégant, mais l’auteur n’étant plus à cela près, il s’en lava les mains et fit plonger Evyk dans la Force faute de mieux.
Evyk ne fit plus qu’un avec l’univers intemporel, et la solution lui apparut, aussi simple que limpide que facile qu’efficace que brillante. Il se fondit totalement dans la Force et s’en fit un manteau pour se dérober aux regards de tout le monde, ses amis comme ses ennemis.
Il entendit à peine Artémis lui crier :
– Hey, sale tricheur ! C’est moi l’Invisible, normalement ! T’as pas le droit, t’as pas le diplôme officiel !
Il avança calmement, esquivant facilement les tirs de blasters qui ne le visaient pas, et se positionna juste derrière Sèla Fett. Redevenant visible, il lui arracha violemment son casque, le mit et proclama solennellement :
– Je suis Mandalore !
Tout sembla se figer autour de lui. Les tirs cessèrent. Incrédule, Sèla Fett le regarda, les yeux écarquillés, avant de faire mine de se jeter sur lui. Sans le moindre état d’âme, Evyk l’embrocha sur son sabrolaser, avant de crier :
– Quelqu’un a un problème ?
Nul ne répondit. Les Mandaloriens lâchèrent leurs armes et s’agenouillèrent devant lui, dans une posture de soumission.
– OK, les gars, on rembarque, et on va se faire un méga gueuleton pour fêter ma promotion. Préparez l’alcool et sortez les femmes ! cria-t-il sous les vivats de ses hommes.
Il se tourna vers ses amis et leur dit :
– Désolé, j’avais pas le choix. C’est la seule solution qui me soit venue à l’esprit pour les éloigner. A plus !
Il enfonça ses mains dans ses poches et monta à l’intérieur du vaisseau, en sifflotant.