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Le Seigneur de la sabro-baguette

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Messagepar Benje Socar » Jeu 27 Avr 2006 - 10:32   Sujet: Le Seigneur de la sabro-baguette

Bonjour à tous !

Eh bien, voilà une nouvelle fan-fiction. Encore ! Oh, ça fait un moment qu'elle traine dans la mémoire de mon disque dur ; commencée en 2002, et terminée l'an passé. J'en avais jadis envoyé la première partie au staff, avant le big crush, et il me semble qu'il n'y a pas si longtemps Jey s'est chargé de la remettre sous les yeux du grand jury.

Mais une lecture test s'impose, et c'est pourquoi je me suis décidé à poster le texte ici.

Que dire du Seigneur de la sabro-baguette ? En fait, ce n'est pas un seul texte, mais un corpus, organisé en 2 courts romans, 1 plus conséquent, et 2 nouvelles.
La spécificité de cet ensemble est de mélanger plusieurs univers. Je m'explique : si Star Wars est à 60% la source de l'histoire, il s'y mêle aussi Dune, Harry Potter et Le Seigneur des anneaux, le tout de façon plutôt cohérente, à mon humble avis.
Au départ, ce n'était qu'un cadeau d'anniversaire au lycée, et le tout se voulait assez humoristique. Puis j'y ai pris goût, et de 45 pages, j'ai fini par aboutir à plus de 200 pages, qui au final se prennent de plus en plus au sérieux. J'ai donc retravaillé le texte initial pour gommer l'humour potache et les références à notre microcosme de lycéens, mais certains traits demeurent. Que serait Voldtari sans sa mégalomanie?

Mais assez de préambules, je vous laisse en juger par vous même, avec l'introduction de la première partie :

Le Seigneur de la sabro-baguette : Première Epoque : Aubes obscures
Fichiers joints

Couverture générale.jpg [ 110.76 Kio | Vu 22953 fois ]

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Messagepar Benje Socar » Jeu 27 Avr 2006 - 10:36   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES A long time ago...

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…

L’Ancienne République était une république de légende, plus grande que l’espace et le temps. Inutile de dire où elle se situait ni d’où elle venait. Il suffisait de savoir que c’était… la République.
Les vestiges de la Grande Guerre étaient depuis bien longtemps enterrés et les sages Chevaliers Jedi permettaient à la paix et à la justice de régner en maîtres dans l’immensité de la galaxie. L’avenir semblait des plus prospères ; jamais les peuples n’avaient paru tant unis. Chaque jour de nouvelles planètes juraient allégeance à la République.

Après l’apogée suivent pourtant indéniablement le déclin et la décadence.

Déjà la République commençait à pourrir de l’intérieur. Petit à petit, le désir de paix des politiciens était remplacé par une volonté de richesse. Chacun était corrompu et ne pensait qu’à ses propres profits. Les inégalités faisaient à nouveau surface et le précaire équilibre de la paix n’attendait plus qu’un ténébreux messie pour bien vouloir pencher en faveur de la violence.
Cet envoyé de la haine patientait, sachant que le moment propice pour sortir de la cache dans laquelle il s’était plongé n’allait pas tarder à poindre sur l’horizon. Son ombre était empressée de pouvoir étendre enfin sa ténébreuse emprise sur tout ce misérable univers.

Le crépuscule de la République risquait fort de faire place à la plus sombre des aubes obscures…
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Messagepar Benje Socar » Jeu 27 Avr 2006 - 10:39   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Prologue

Prologue

La petite navette de classe Alpha modifiée, décorée aux insignes du Bene Tleilax, surgit de l’hyperespace en un sinistre craquement. Elle déploya ses ailes pour faciliter son entrée dans l’atmosphère de la ténébreuse planète qui s’étendait à perte de vue sous son nez, ses moteurs subliminiques laissant échapper derrière eux leur caractéristique sillon bleuté. Un horizon dévasté emplissait le cockpit de l’appareil ; le voyageur qui occupait la place vacante du copilote ne put retenir un frisson à la contemplation de cette sombre vision : la surface de cette planète était vide de toute vie végétale à l’exception de quelques buissons envahis de plantes carnivores aux allures des plus angoissantes. Le sol ferreux prenait des teintes d’un gris morne mêlé à des zones de marron délavé. Contrastaient violemment avec cette désolation sans vie des explosions d’un vermeil rougeoyant dues à l’intense activité volcanique de la planète. Au centre de cet horrifique tableau se dressait une immense cité dominée par un colossal palais de marbre qui reflétait les pâles rayons d’une étoile sans nom, numérotée jadis T122985.
Tandis que l’appareil effectuait son approche de la citadelle, l’homme ressassait les mêmes questions qui le perturbaient depuis de nombreuses heures : « Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? » Quand il avait émis ces interrogations aux gardes qui l’accompagnaient, ceux-ci n’avaient répondu qu’un mot : ghola
Que pouvait bien signifier ce terme insensé ?
L’atterrissage brusque le tira de ses réflexions ; l’homme qui se tenait dans son dos lui fit signe de descendre de l’appareil. Ils avaient atterri à même le toit du sombre château. Déjà leur mystérieux hôte venait les accueillir ; sa physionomie inspirait une crainte étrange au voyageur : le maître du palais était majestueux, âgé d’une quarantaine d’années ; les traits fins et anguleux, un corps haut et solide, il était drapé d’un costume militaire que complétait une cape bordeaux flottant au gré de la brise matinale. Son regard vif et perçant semblait à même d’assujettir le plus courageux des guerriers et pouvoir jeter de mortels éclairs.
Je dois tuer cet homme.
Comme un déclic au fond de son esprit, une impulsion incontrôlable s’empara du voyageur ; la haine n’était plus que son unique raison de vivre ; il lui fallait tuer l’homme qui se trouvait en face de lui. Pourquoi ? Il n’en savait rien mais il était persuadé au plus profond de son âme qu’il devait le faire. Il glissa la main dans sa poche et s’empara du petit pistolaser qui s’y trouvait caché. Sa vitesse décuplée par la colère, il visa instantanément le cœur dans un mouvement si rapide que personne n’eut le temps d’entrevoir son bras se déplacer.
Tout se bouscula alors dans son esprit.
Que venait-il de faire ?
Une anormale brume lui obscurcissait le cerveau. Les questions qui le hantaient depuis toujours revenaient à son esprit.
Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ?
Sa tête le faisait souffrir. Il tomba à terre mains sur les tempes. Le brouillard dans son esprit se faisait de plus en plus épais, de plus en plus glacial. Ses perceptions ne fonctionnaient plus, il était coupé du monde extérieur. Penser, il n’arrivait plus à penser.
Qui suis-je ?
Toujours cette même question.
Il lui sembla que son crâne allait exploser sous l’assaut des questions et du froid.
Pourquoi suis-je ici ?
Et soudain ce fut la révélation : un éclair dans son âme le ramena à la vie ; il se releva et regarda autour de lui. Le tumulte était passé ; maintenant, il savait.
Un ghola…
Je suis un ghola.

Ce n’est qu’alors qu’il se souvint de son crime. Il se précipita vers l’homme sur lequel il venait de tirer :
« Maître, mon Maître ! Ne vous ai-je pas blessé ?
- Ce n’est rien, répliqua l’intéressé en se relevant prestement. Une parfaite maîtrise de la Force sait prévenir d’un tel accident.
- Vous êtes un génie, mon Maître, le plus grand de tous les génies ! »
A cette évocation, le mystérieux monarque ne put s’empêcher d’éclater d’un rire menaçant qui glaça l’échine des gardes présents sur la piste d’atterrissage.
Oui, mon Génie est grand.
La galaxie toute entière ne va pas tarder à s’en rendre compte…
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Messagepar Benje Socar » Ven 28 Avr 2006 - 17:55   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 1

Chapitre I
La Marée des ténèbres



« Jace et moi coulions en ces temps là des jours heureux, lui avec sa candide fraîcheur, moi loin de mes responsabilités de reine.
Jamais plus je ne retrouverai un tel état de bonheur parfait. Le destin, cette forme cruelle d’un temps accéléré, en avait décidé tout autrement. Mais je n’en savais rien ; j’aurai pu me douter de quelque chose lorsque je fis pour la première fois connaissance du maître de Mordor ; j’aurais dû comprendre les significations cachées de ce regard fourbe. L’insouciance m’avait fait négliger ces détails.
Le destin de la galaxie toute entière était entre mes mains de jeune femme, et je n’y pouvais rien. Je n’étais qu’un pion, rien de plus, sur le vaste échiquier de l’univers…»

Extrait de La Nouvelle Hélène par Sophia.



La nuit ne semblait pas pouvoir étendre son emprise sur la cité-planète de Coruscant, Joyau du Noyau, cœur de la République. Colonisée en des temps immémoriaux, une vieille légende affirmait que la capitale était le berceau de l’humanité, la représentation vivante de l’Age d’Or… La planète n’était plus aujourd’hui qu’une ville sans fin dont les habitants se lançaient à la conquête des étoiles du haut de leurs gratte-ciels démesurés.
Le sénateur Thoma’as, représentant de la planète Caladan, songeait aux forces multiples qui régissaient ce lieu ; la population s’étageait sur différents niveaux établis selon la richesse et les fonctions ; seuls quelques fortunés ou les membres du gouvernement pouvaient contempler directement la lumière du soleil, les plus pauvres se contentant d’un simple jeu de miroirs. La population des bas-fonds était constituée pour la plupart de petits malfrats ; il était toujours risqué de s’y aventurer seul et sans armes. Le sénateur leva les yeux au ciel et la douce clarté de cette voûte sans étoiles, striée des feux de position de la multitude de vaisseaux qui parcouraient les cieux tapissés de velours, suffit à le rassurer. Ici, il ne risquait rien.
Thoma’as se trouvait sur l’un des balcons ouvragés du millénaire Temple Jedi, dominant les immeubles alentours, où il attendait que Maître Yoda puisse enfin le recevoir. Avait-il fait le bon choix ? Il n’en savait rien ; se baser sur sa seule intuition et des faits anodins n’apportait rien de sûr. Cependant… quelque chose clochait.
« A me parler vous avez demandé, Sénateur ? »
Le représentant caladanien fit volte-face ; perdu dans ses pensées il n’avait pas entendu le petit humanoïde arriver.
« Oui, maître Yoda. »
Que le vieux Jedi semblait faible et vulnérable, courbé sur sa canne de bois ! Les apparences sont pourtant trompeuses ; Thoma’as l’avait déjà vu à l’œuvre et pour rien au monde il n’aurait souhaité se retrouver en duel face à lui.
« Je sens le doute en vous. Quelle affaire ici vous amène, mon cher Sénateur ?
- Eh bien, maître Yoda…
- En marchant nous allons parler ; le temps ce soir est clément et en profiter nous devrions. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ?
- C’est à propos de cet avenir que je me trouve devant vous, avança le sénateur.
- Tiens donc… De sombres visions vous avez eu ?
- Pas tout à fait. »
Thoma’as se racla la gorge avant de commencer son récit.
« Comme vous le savez, Caladan est l’une des planètes les plus lointaines du centre de notre galaxie, à la lisière des Terres Inconnues ; il existe bien quelques avant-postes républicains au-delà mais nous sommes la seule planète habitée du secteur, exception faite de la colonie indépendante d’Amazonia. Depuis quelques temps déjà le gouvernement caladanien a décidé de mettre en place une expédition d’exploration dans le système le plus proche, le système Tolkien. Nous avons dénombré au total sept planètes dont aucune n’est habitable ; assez éloignées du cœur, elles sont toutes glacées à l’exception d’une seule, possédant un atmosphère riche en azote, mais qui se révèle être un immense océan planétaire dont les eaux sont si acides qu’elles n’ont pu donner naissance à aucune forme de vie.
- Bien, opina maître Yoda. Mais parler de planétologie n’est pas votre but, je présume. Aux faits venez-en, je vous prie.
- J’y arrivais, Maître Jedi. L’étude des courants magnétiques montre la trace de l’existence d’une huitième située à une distance favorable du soleil T122985 ; or aucune carte établie par la première expédition ne fait mention de cet astre. Les scientifiques, intrigués par cette anomalie gravitationnelle, ont envoyé une seconde équipe pour l’étudier ; elle ne revint jamais. L’expédition de secours partie à sa recherche fit chou blanc. Un détail reste cependant troublant : les hommes envoyés à la rescousse des disparus n’ont gardé aucun souvenir de leur traversée de l’anomalie ; à proximité, ils auraient pourtant dû forcément observer un petit amas de poussières ou quelque chose dans ce genre. »
Le Jedi s’arrêta et prit appui sur son bâton. Le sénateur le dévisagea, dans l’espoir peut-être de percer les pensées qui circulaient sous cet incroyable masque de sérénité.
« Une planète le sénateur Thoma’as a-t-il perdu ? Etrange est tout cela… Cependant, l’importance de ces informations à vos yeux je ne comprends guère, murmura Yoda tout en reprenant sa promenade.
- Vous ignorez encore l’essentiel ; l’inexplicable accident incita le gouvernement à placer ce secteur sous surveillance radar. Tout ce que je viens de vous conter se déroula voici environ trois mois. La semaine dernière, nos hommes ont observé un fait nouveau. Jusqu’à présent rien n’était apparu sur nos écrans de détection ; il y a quatre jours, un petit objet de la taille d’une navette stellaire a été repéré sortant de l’hyperespace à proximité de l’anomalie. Nos scientifiques ont pensé qu’il s’agissait peut-être d’un météore quelconque mais cette hypothèse reste surprenante : jamais encore aucun astéroïde n’a réussi à pénétrer dans l’hyperespace. Et puis nous n’avons pas vu de vaisseau aux alentours, le système tout entier est mort. Cependant une signature ionique a été détectée le temps d’une demi seconde… avant la disparition subite du météore. C’est pour cela…
- Que cette planète inconnue existe vous êtes prêt à parier, n’est-ce pas ? devina le sage Yoda.
- Effectivement, Maître Jedi. »
Les deux hommes étaient arrivés aux turbo-élévateurs.
« Envoyer un Chevalier là-bas vous estimez être nécessaire ?
- Je ne sais quoi vous répondre, maître Yoda, répliqua le sénateur. C’est pour cela que je suis venu vous demander conseil. Personne n’ayant pu approcher l’anomalie et en revenir sain et sauf, j’en conclus qu’il se passe des choses étranges là-bas.
- Etrange est le mot, sénateur Thoma’as. Quelque chose de sombre plane là-dessus. Un Chevalier au plus vite je vais envoyer sur les lieux. Soyez sans crainte.
- Merci beaucoup, maître Yoda.
- Au courant de l’enquête je vous tiendrai. Que la Force soit avec vous ! »
Avec un geste respectueux de la tête, le sénateur caladanien s’engouffra dans l’ascenseur et entama sa vertigineuse descente vers la base de l’édifice.

* * *

La reine Sophia était harassée par toutes ces réunions inutiles ; elle n’écoutait que vaguement les discours vaseux des politiciennes attablées autour d’elle.
« Nous devons faire face à la concurrence des systèmes voisins, disait l’une d’elles en gesticulant. Si nous nous laissons faire, nous perdrons le monopole intergalactique de production de tulipos ; les fleuristes de tout l’univers se disputent ces perles rares. Notre magnifique planète Amazonia était jusqu’à présent l’unique productrice de cette beauté végétale qui nous fait l’honneur d’être notre emblème ; aujourd’hui les maîtres cloneurs d’Ithor ont découvert comment en récolter une espèce génétiquement modifiée sur des planètes comme Gammu ! Déjà nos ouvriers se révoltent et demandent une hausse de leur salaire, anticipant les manœuvres de la concurrence. Je demande, ma Reine, que nous apposions notre veto à l’encontre des O.G.M… »
Sophia rêvait. En bas, au pied des marches menant à la vaste salle de réunion, Jace l’attendait pour leur séjour en amoureux dans son petit château, à des centaines de kilomètres de là. Elle entendait déjà le doux son de sa voix, sentait ses tendres caresses sur sa peau. Qu’il lui tardait de s’évader de sa prison pour rejoindre la féerie de son amant. D’un an son benjamin, Jace Starkiller avait été élevé aux côtés de la princesse après la mort de la Reine Mère. Très vite, ils avaient nourri l’un pour l’autre un amour profond. Dans un mois, jour pour jour, ils allaient se marier.
« Ma Reine ? »
L’exaspération de la politicienne tira Sophia de sa rêverie.
« Oui ?
- Acceptez-vous d’apposer votre veto à l’encontre des têtes de marteau ?
- Bien sûr, leur attitude est scandaleuse… Plus de questions à l’ordre du jour ? Bien, la réunion est donc terminée ! Au revoir et merci mesdames. »

* * *

Le sénateur Thoma’as, encadré de ses deux gardes personnels, repensait à la réaction de Yoda. Lui aussi semble avoir perçu quelque chose d’étrange. Est-ce donc si grave pour qu’il accepte d’envoyer immédiatement un Chevalier sur les lieux ? Tout en devisant, le sénateur s’apprêtait à traverser l’ultime passerelle qui le mènerait à son appartement. La planète était étrangement calme ce soir, le caladanien n’avait pas rencontré âme qui vive.
Inconsciemment, l’homme accéléra le pas ; peut-être était-ce la fraîcheur de l’air ou bien quelque autre chose sans importance, mais il avait un mauvais pressentiment. Tout ce mystère lui pesait sur les nerfs.
Au moment même où il posait le pied sur la passerelle, un coup de blaster déchira l’espace auprès de lui ; le garde qui se tenait sur sa droite s’écroula en un soupir. Seul l’instinct de Thoma’as lui sauva la vie : il se laissa aussitôt tomber à terre tout en branchant le mini bouclier personnel qu’il portait toujours sur lui. Son agresseur ne s’était pas laissé abusé par sa chute et visa le dos ; le petit bouclier encaissa le choc, projetant le sénateur quelques mètres plus loin ; un coup de plus et il se retrouverait sans protection.
Un bruit familier lui parvint alors, un sourd chuintement ; l’homme avait atterri derrière son second garde du corps qui visait les ténèbres d’où s’étaient échappés les premiers coups de feu. Il lâcha une rafale qui fut détournée par… un sabre-laser !
Thoma’as était sauvé !
L’homme désenchanta bien vite ; le Chevalier (si c’en était bien un) s’avançait inexorablement vers le garde, déviant chaque rayon mortel. Le sénateur recula, la peur lui dictant sa conduite ; impuissant, il assista au meurtre de son garde du corps, décapité par le sombre adepte du Côté Obscur .
Malédiction ! Ces ordures de Sith n’étaient-ils pas sensés être tous morts ?
Thoma’as ne maîtrisait plus sa peur et il prit la fuite, courant à en perdre haleine pour franchir les quelques mètres qui le séparaient de l’immeuble où il pourrait trouver une sécurité relative ; là haut, devant son appartement, un garde républicain veillait.
Les rayons d’énergie fusaient autour de lui. Dans son dos, il entendait le grésillement du sabre-laser qui se rapprochait, indubitablement.
Il était perdu.
Un choc intense le projeta soudain dans les airs. Son ennemi derrière lui avait lancé son arme ! L’arc de lumière avala les dernières énergies de son bouclier et déchira son flanc. Maladroitement, il se releva pour continuer sa course contre la mort, ignorant la douleur qui le lancinait horriblement. En un dernier effort, à bout de souffle, il se jeta dans le turbo élévateur et activa l’ordre d’ascension. Le meurtrier arriva une seconde trop tard, la cabine ayant déjà parcouru une trentaine de mètres.
Les affaires du système Tolkien devaient masquer une bien puissante machination…

* * *

Le jeune page sentit son pouls accélérer lorsqu’il aperçut les hauts dignitaires qui quittaient enfin la salle de réunion. Elles paraissaient assez affairées, confiantes dans un avenir prospère, persuadées de leur supériorité absolue. Une attitude canonique de la planète Amazonia. Jace avait passé toute sa vie sur cette merveilleuse terre, considérant son mode de vie comme des plus exemplaires : la femme dominait, l’homme la servait ; quoi de plus normal ? Au cours de ses études, il avait découvert de nouvelles civilisations étrangement dirigées par les mâles ! Quelle vive surprise cela lui avait causé. Les hommes avaient pourtant été créés par la Divinité pour servir leurs femmes sans qui toute vie serait impossible… Les instructrices avaient eu tôt fait de démontrer la supériorité naturelle de leur mode de vie.
« Les civilisations de la République, déclamait l’instructrice Gasma, une vieille femme à la peau toute fripée et aux yeux de reptile, sont bâties sur la soi-disant supériorité de l’homme par rapport à la femme ; les peuples sont enrôlés de leur plein gré dans cette coutume de par la puissance de leur inconscient, l’ignorance et une tradition séculaire. La force et le pouvoir ne sont reconnus qu’aux hommes ; eux seuls occupent les postes importants qui gouvernent la République. De nombreux systèmes cependant, depuis quelques siècles, tendent à accorder une place plus importante à la noble gent féminine ; un certain équilibre vacillant a été maladroitement modelé par les hommes. Les préjugés restent néanmoins très forts et jamais la parité ne sera complète. »
La vieille Gasma avait pris son air le plus grave avant de poursuivre son cours magistral.
« C’est cette tare mentale qui causa la mort de millions et de milliards d’innocents lors d’innombrables conflits déclenchés par l’arrogante bellicosité des esprits masculins inculqués pour la domination. La suprématie de notre civilisation amazonienne se démarque alors très simplement : vous pourrez étudier des centaines d’ouvrages de nos historiens reconnus, visionner toutes les bobines vidéos que vous voudrez, jamais vous ne trouverez mention d’une quelconque guerre ; la paix, la douce paix, règne depuis la colonisation de la planète par nos Mères Pilgrim ; jamais le sang innocent n’a coulé dans les sillons de notre terre. »
Cette leçon n’avait pas été choisie au hasard ; elle prenait place en plein cœur de l’adolescence, au moment où les jeunes hommes prenaient conscience de leur condition et pouvaient tenter, du moins les plus tumultueux d’entre eux, de vouloir s’affirmer par la force. La logique de ce discours avait frappé Jace de façon implacable, de sorte que depuis ce jour il acceptait cet ordre avec bénédiction et n’aspirait plus qu’à servir sa Reine, sa future femme.
Un rire clair, cristallin, lui parvint du haut de l’immense escalier de verre ; Sophia courait vers lui, une douce expression de joie éclairant son visage. Qu’elle était belle ! Ses longues boucles d’or tombaient en cascade sur son visage, encadrant ses yeux, des agates d’un merveilleux vert céruléen ; sa fine bouche, d’une sensualité exquise, semblait lui promettre la vie éternelle figée dans cet aveuglant sourire qu’elle lui lançait à présent.
Après un long et chaleureux baiser, les deux amants partirent en direction de la campagne pour rejoindre l’humble palais de Sophia, à deux jours de là…

* * *

Le padawan Mace Alton, élève du Chevalier Fatarng’on, inconfortablement installé dans le cockpit de son chasseur Jedi, ne comprenait pas l’intérêt de Maître Yoda pour cette soudaine mission de reconnaissance dans ce trou perdu ; il perdait son précieux temps de Jedi pour effectuer la tâche d’un simple droïde sonde. Jamais encore son maître n’avait daigné lui accorder une mission d’une quelconque importance, le traitant comme un simple larbin bon à s’acquitter de vulgaires tâches ménagères ; ce dernier ordre de mission ne faisait pas exception à la règle : « Vous explorerez le système reculé Tolkien et en effectuerez une étude minutieuse ; si vous trouvez quelque chose d’étrange, contactez-nous de toute urgence. »
Le padawan était consterné mais se devait d’obéir : son maître était un grand Jedi et il devait avoir ses raisons, tout comme Yoda, pour le dépêcher en ce temps et en ce lieu. Il avait émergé de l’hyperespace à quelques milliers de kilomètres des coordonnées qu’on lui avait fournies pour avoir le loisir de les parcourir à vitesse réduite, ayant ainsi tout le temps nécessaire pour effectuer une reconnaissance complète. Cela faisait maintenant deux longues heures qu’il s’approchait de l’étoile T122985, dépassant une à une les trois planètes précédant l’anomalie ; au fond, l’aride Rekots, dernière planète avant le soleil, n’était encore qu’un point lumineux. Dans quelques minutes il serait à moins d’un parsec de l’anomalie gravitationnelle détectée par les scientifiques de Caladan.
Que peut-il y avoir d’intéressant là-bas ? Non, vraiment je perds mon temps, il faut que je fasse demi-tour.
Le jeune homme, sur une impulsion subite, tira sur le manche de son appareil avant de se ressaisir.
J’ai une mission et je dois l’accomplir jusqu’au bout.
Il reprit sa trajectoire initiale et s’avança à nouveau.
Non, je n’irai pas plus loin, je DOIS partir d’ici !
Un signal se déclancha aussitôt dans l’esprit de Mace.
On cherche à me manipuler, quelque pouvoir maléfique tente de me détourner de ces lieux…
Faisant appel à toute sa concentration Jedi, il poursuivit sa route ; l’effort pour ne pas se détourner de sa pensée était harassant.
Que se passe-t-il ici ?
Le vide interstellaire s’écroula soudain autour de lui, des centaines d’immenses croiseurs franchissant une barrière d’invisibilité ; il en sortait encore et encore, l’espace vomissant un flot ininterrompu de vaisseaux ; une nuée de chasseurs les accompagnait.
Une armée d’invasion ! Il me faut en informer Maître Fatarng’on au plus vite.
Avant même d’avoir pu effectuer un seul mouvement, un bataillon de chasseurs le choisit pour cible : mis à mal par son déchirement intérieur entre cette volonté étrangère et sa mission, luttant à chaque instant pour garder sa lucidité, ses réflexes étaient considérablement amoindris. Il réussit à détruire six chasseurs avant de perdre ses boucliers ; le coup suivant le déstabilisa et il fut mis hors jeu, ses moteurs principaux étant grillés.
Le jeune homme se mit en vrille dans un dernier effort, se propulsant grâce à sa prise de vitesse et aux moteurs latéraux. Son cœur, s’il n’avait été initié à l’art Jedi, aurait craqué face au spectacle qui se déroula alors sous ses yeux : il franchit à son tour le bouclier d’invisibilité et la triste surface d’une planète ravagée par de multiples éruptions volcaniques envahit son cockpit. Mû par la force du désespoir, il n’eut le temps que de presser le voyant rouge face à lui avant de sombrer dans l’inconscience.
Le petit chasseur Jedi s’écrasa non loin d’une immense cheminée de fumerolles.

* * *

Jace et Sophia voyageaient dans une commune allégresse à bord d’un petit speeder, traversant la campagne amazonienne qui s’étendait tout autour de la capitale Garna. Ils avaient passé la nuit en amoureux dans une petite auberge avant de se lancer dans la dernière étape de leur trajet : dans quelques heures, le château de Sophia se présenterait à leurs yeux et ils pourraient enfin partager un repos délicieux en toute tranquillité. Les deux tourtereaux venaient de quitter le petit village de Moustoussa et allaient pénétrer dans la forêt de Bellesta ; une légende indigène racontait qu’elle abritait de mauvais esprits et qu’il ne faisait pas bon de s’y attarder trop longtemps. Ce n’est pourtant pas la superstition qui empêcha les jeunes personnes de s’arrêter dans la première clairière qu’ils trouvèrent pour y pique-niquer.
Sophia était radieuse dans son costume de voyage, toute de bleu et de blanc vêtue ; tandis que Jace préparerait le repas, elle se proposa de chercher du bois pour le feu et s’éclipsa en riant après une plaisanterie de son bien-aimé.
Le jeune homme installait tranquillement les aliments sur le grand drap de soie bleue posé à même le sol, au centre du disque formé par les arbres, de vieux hêtres vingt fois centenaires. Jace goûtait avec plaisir ces instants de calme loin de l’agitation de la capitale ; ici, il pouvait se ressourcer et puiser toute la force nécessaire à son bonheur et…
Le page se redressa soudain et écouta attentivement les bruits de la forêt. Ce qu’il fit très difficilement étant donné que tout se tenait coi ; même les arbres ne laissaient échapper le moindre craquement.
Un mauvais pressentiment glaça l’échine du jeune garçon.
« Sophia !
- Oui ? Il y a un problème ? lui répondit au loin la douce voix de sa reine.
- Non, tout va bien. Et toi ? »
Pas de réponse.
Et puis un cri étouffé parvint aux oreilles de Jace. Quelqu’un venait d’assaillir Sophia !
Sans réfléchir, il bondit à travers les arbres en direction de la voix de sa dulcinée. En deux minutes il fut hors du couvert des arbres, l’immense vallée de Maharma s’étendant sous ses yeux : là, trois hommes en armures blanches conduisaient Sophia vers un ornithoptère ; la jeune femme opposait une résistance farouche et les brutes lui administrèrent un tranquillisant. L’appareil s’envola dans un bruissement d’ailes mécaniques avant que le page ne fût arrivé sur les lieux.
Un grondement terrifiant envahit alors l’air tout autour et, impuissants, les habitants de la vallée assistèrent au passage d’un nombre effrayant d’immenses croiseurs d’assaut. L’ornithoptère volait toujours plus haut mais il ne rejoignit pas la sécurité de l’espace avant d’avoir tiré sur Jace une décharge paralysante.
Avant de sombrer dans les profondeurs glacées de l’oubli, l’homme eut le temps d’entrevoir les insignes qui ornaient les vaisseaux : deux épées entrecroisées surplombaient le portrait d’un homme couronné de laurier.
Modifié en dernier par Benje Socar le Lun 08 Mai 2006 - 15:53, modifié 3 fois.
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Messagepar Benje Socar » Dim 30 Avr 2006 - 19:31   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 2

Chapitre II
La Marche à l’Empire


« Le Mal incarné venait de sortir de sa tanière pour jeter son emprise démoniaque sur tous les mondes de la République ; ce génie des ténèbres n’eut aucun mal à détruire nos maigres forces armées avant d’envahir nos planètes avec ses hordes de guerriers de l’ombre.
Le coup fatal qui anéantit la République fut porté en son sein même : le Sénat avait été défait à cause de la cupidité de ses membres, enrôlés par le Traître dont le nom ne devra plus jamais être prononcé.
L’Empire de terreur s’appliquait à annihiler nos forces pour nous modeler à son image, faire de nous de vulgaires marionnettes mécaniques qui lui obéiraient sans broncher.
La galaxie sombrait peu à peu dans le désespoir glacé des ténèbres… »

Extrait du Journal de guerre par le Président Thoma’as.


CINQ ANNÉES ONT PASSÉ…


Le Grand Moff Gallad patientait dans l’antichambre menant à la Salle du Trône du Palais Impérial, en plein cœur de l’ancienne Coruscant. Il était mal à l’aise dans cette pièce nue aux sombres tapisseries évoquant l’immense génie de son Empereur et ses grandes victoires sur la fébrile République. Il n’y avait rien d’humain en ces lieux.
Gallad ressassait le rapport qu’il allait présenter d’un instant à l’autre à son monarque : l’Arme totale de l’Empire était enfin prête et allait pouvoir écraser les ultimes poches de résistance, établissant pour toujours l’Ordre Nouveau dans toute la galaxie.
La petite porte dérobée finit par s’ouvrir sans un bruit : un homme à l’allure peu avenante lui fit signe d’approcher.
« Mon Maître vous prie de bien vouloir entrer. »
Gallad retint un instant sa respiration, puis lissa son uniforme kaki avant de pénétrer dans l’écrasante Salle Impériale : de grandes arches soutenant d’innombrables voûtes de roche en croisée d’ogive jonchaient le chemin menant au trône de l’Empereur. De part et d’autre de l’allée s’ouvraient d’immenses baies vitrées teintées pour ne laisser apparaître qu’un infini crépuscule. A l’exception de ces frigides ouvertures, l’ensemble évoquait toute la grandeur d’une cathédrale gothique creusée à même la roche, savamment travaillé pour que la perspective truquée du lieu semble situer le souverain à des milles de là.
Le Moff s’avança la tête haute, tentant de ne pas prêter attention aux sévères regards des statues qui semblaient monter la garde, figées pour l’éternité, tout le long de l’allée. Certains de ses compagnons racontaient que parmi ces marbres se glissaient de redoutables guerriers chargés de la protection de l’Empereur. Gallad tressauta quand il crut voir une statue cligner de l’œil et il accéléra le pas, le souffle court. Tout en marchant, l’homme se sentait écrasé par la puissance des forces qui régnaient en ce lieu. L’air se faisait à la fois glacial et suffoquant et il semblait bien à Gallad qu’il devenait de plus insignifiant à chacun de ses pas.
Ce fut un misérable insecte qui arriva aux pieds du trône de basalte sur lequel était juché le Tout Puissant.
La voix grave de ce dernier retentit soudain dans tout l’édifice, faisant sursauter le visiteur :
« Cimetière, tu peux disposer.
- Bien, mon Maître » répliqua l’homme qui avait ouvert la porte avant de se retirer.
Gallad, régénérant ses forces dans des réserves qui lui étaient jusqu’alors inconnues, dévisagea l’Empereur face à lui : son Excellence avait revêtu peu auparavant de temps une nouvelle enveloppe corporelle, l’image même d’un jeune homme d’une froide détermination, jeune de corps mais pourtant d’une expérience millénaire. A ses côtés se tenait une magnifique femme du même âge. L’Empereur était revêtu du son costume en fourrure d’hermine tacheté de mouches qu’il affectionnait tant et une couronne de laurier ceignait son front sévère.
Le Moff prit une grande inspiration avant de commencer son rapport…

* * *

Le tout puissant Lord Voldtari s’autorisa un sourire en observant la chétive silhouette du Moff qui faisait route vers la porte de sortie. L’homme était venu l’informer de ce qu’il savait déjà : la version finale de sa super-arme était fin prête. Il allait pouvoir anéantir les quelques systèmes qui résistaient encore et toujours à l’envahisseur voldtarien et qui formaient l’insignifiante Alliance Rebelle. Après plus d’un millénaire d’une attente longue et difficile, Voldtari allait enfin pouvoir déguster une froide vengeance.
Il y a de cela mille vingt-quatre années exactement, sur la très lointaine planète Mordor, dans un système que les républicains avaient nommé récemment système Tolkien, Voldtari voyait le jour, loin de tout rêve mégalomane. Il était le fils de Trohan le Superbe, chef de la tribu dominante sur la planète, guerrier adulé de ses hommes et redouté de ses ennemis, et de Morgana la chamane ; cette dernière était morte en le mettant en couche, et jamais il n’avait connu l’affection d’une mère. En ces temps lointains, la République n’en n’était qu’à ses premiers balbutiements et ne s’étendait qu’avec prudence depuis les mondes du noyau ; même si elle avait connaissance de planètes éloignées comme Mordor, elle n’entretenait que des liens très distants avec ces dernières. Ainsi la terre natale de Voldtari possédait une civilisation un brin primitive qui découvrait depuis peu les voyages intersidéraux et prônait un système de castes en perpétuelle guerre pour la domination de la planète.
Un jour pourtant débarqua dans la cité de Voldtari un vaisseau aux insignes républicains : un groupe de Chevaliers Jedi était venu pour sélectionner les autochtones réceptifs à la Force et les envoyer sur Coruscant afin de parfaire leur éducation. Le jeune enfant, tout juste âgé de six ans, avait été très intrigué par ces hommes en robe armés de bâtons lumineux ; il fut l’un des rares élus à être conduit dans la capitale galactique. Là, on découvrit que non content d’avoir l’étoffe d’un Chevalier, ce dernier était aussi capable de manipuler la magie : il fut alors admis dans un groupe extraordinaire de Jedi, les Chevaliers capables de manier l’Arme noble par excellence, la sabro-baguette. Cette arme de défense combine les principes du sabre-laser et de la baguette magique ; le manche revêt le même aspect qu’un sabre-laser classique : en pressant la commande d’activation, un mince faisceau d’énergie pure de la taille d’un petit glaive en jaillit. Il se fait alors support de combat à l’épée mais aussi, grâce à la baguette fondue dans le manche de plastacier, un catalyseur de choix pour envoyer sur son adversaire sorts et maléfices.
Voldtari travailla dur pendant dix longues années sous la férule de Maître Kärntar, le plus grand des Chevaliers de la sabro-baguette. Le jeune homme se montrait particulièrement doué et, au fil des ans, il était en passe de surpasser son maître. Ce dernier tâchait de refouler les ardeurs de l’adolescent, trop réceptif aux émotions de l’ombre : la colère et l’arrogance. Un jour, une violente querelle aux raisons encore bien floues éclata entre les deux hommes, au retour d’une mission sur la planète Kamino. Voldtari affirmait qu’il était prêt à subir l’épreuve qui mettrait fin à son statut de Padawan et l’autoriserait à devenir ainsi un Chevalier à part entière ; son Maître rétorquait qu’il lui restait de nombreuses vertus à apprendre, notamment le calme et la discipline. La dispute s’échauffa et la colère submergea le jeune homme : le Côté Obscur de la Force l’envahit tout entier et il provoqua Kärntar en duel. Puisant à grand seau dans la haine qui le liait depuis peu à son Maître, il finit par le terrasser.
Effrayé de son geste, reprenant peu à peu conscience de ses actes, le jeune homme s’enfuit à bord de son vaisseau sans laisser de traces pour se réfugier dans le palais de son père, sur la planète Mordor. Il arriva en plein milieu de la Catastrophe : le monde avait légèrement dévié de son orbite et s’était rapproché de quelques parsecs de l’étoile du système. Partout la terre se déchaînait, d’immenses cratères se soulevaient ici et là, les océans s’évaporaient en fumée. Quand il atterrit à deux pas du palais où vivait son père, le sol tremblait à n’en plus finir, les bâtiments se fissuraient et des pans entiers s’écroulaient sur de malheureuses victimes ; le hangar à vaisseaux avait été détruit, coupant définitivement la route aux fuyards. L’Apocalypse s’abattait en trombe sur la pauvre planète : les récentes colonies minières du satellite avaient implosé, provoquant la chute de l’astre sur Mordor, entraînant ainsi cet épouvantable changement d’orbite.
Impuissant face à l’ampleur de la catastrophe, Voldtari tenta désespérément de joindre Coruscant : là on lui asséna un sermon comme quoi une révolte du front anti non-humains menaçait la paix dans toute la République et qu’ils n’avaient pas de quoi leur porter secours dans moins de trois journées standards. De rage, l’adolescent détruisit son communicateur avant de se lancer dans l’Enfer extérieur à la recherche de son père : il le trouva devant l’entrée de son palais ; une colonne de marbre s’était effondrée sur ce dernier et lui avait écrasé les jambes. Le vieil homme tentait vainement de se sortir de ce mauvais pas, à deux doigts de sombrer dans l’inconscience. Quand il aperçut son fils, un sourire illumina son visage et il abandonna tous ses efforts :
« Mon fils, mon petit génie, te voilà enfin.
- Oui père, je vais vous sortir de là. »
Aussitôt dit, la peur aidant, il fit appel à ses pouvoirs pour soulever un tant soit peu la colonne et libérer son père.
Ce dernier ne bougea cependant pas d’un pouce :
« Mon heure est venue, mon fils. La Mort m’appelle et je ne peux rester sourd face à sa douce voix. Toi, tu es jeune, il te faut fuir le plus vite possible. Désormais, tu seras le seul et unique maître du Mordor.
- Père, supplia le jeune homme qui tentait en vain de refouler ses larmes.
- Pars, te dis-je. C’est un ordre de ton Seigneur ! Va, mon génie, que la Force soit avec toi.»
A ces mots, un incroyable grondement s’éleva des entrailles de la terre, couvrant les vociférations des populations qui fuyaient vers d’autres atrocités. Un volcan sortit des sous-sols tel un dragon du Tartare et se mit à cracher ses flots de lave mortelle. Depuis l’orbite sécurisant que Voldtari avait rejoint, le jeune homme vit les forces de la nature anéantir toute forme de vie sur la planète. Projetant sa conscience au travers de la Force, il sut l’horrible vérité : son père n’était plus.
Une haine incontrôlable déferla dans son âme.
Si cette stupide République avait voulu agir plutôt que de se cloîtrer dans son débile intérêt, si elle n’avait pas importé sa technologie destructrice, Père serait encore en vie. Je deviendrai le plus grand Génie de la galaxie, la République s’agenouillera devant moi pour implorer misérablement mon auguste pardon, et là je lui rendrai la monnaie de sa pièce : je la tuerai dans d’atroces souffrances. Je serai le plus grand de tous les Génies !

Voldtari avait erré pendant des semaines et des mois, évitant les mondes sous tutelle républicaine. Il finit par échouer sur une petite planète située à l’exact opposé du Mordor ; les cartes stellaires ne faisaient nullement état de ce bloc de pierre. La Force lui souffla pourtant d’y faire un arrêt. Là, le jeune homme découvrit une immense civilisation découlant d’une très ancienne caste nommée Bene Tleilax. La population était organisée selon un schéma hiérarchique complexe, incluant une double échelle de valeurs qui scindait les habitants en deux groupes distincts : au bas de l’échelle se trouvaient les Danseurs Visage, de stériles créatures possédant l’incroyable don de pouvoir adopter à la perfection l’apparence de n’importe quel être vivant. Ils obéissaient à une poignée de Maîtres qui ne rendaient de comptes qu’à un seul, le Mahaï, le Maître des Maîtres.
Les Tleilaxus étaient des êtres vils, froids et calculateurs ; ils se croyaient investis d’une mission sacrée qu’eux seuls étaient à même d’accomplir, uniques élus à comprendre le langage divin. C’est pour cela qu’ils tenaient en exécration les autres peuples de l’univers et leurs multiples religions d’imposture qui bafouaient l’Etre Suprême, leur but ultime étant d’assouvir ces vulgaires powindah. Les membres du Bene Tleilax vivaient donc en autarcie complète sur leur riche planète, inexistants aux yeux de tous, libres de toute règle païenne. La génétique était leur domaine d’action : spécialistes du clonage, ils étaient à même de faire renaître à la vie n’importe quel défunt à partir d’une seule de ses cellules. Ils créaient ainsi des gholas, répliques parfaites de l’original (voire, si le corps était en très bon état de conservation, l’original même) dont il était possible de réveiller la mémoire antérieure pour projeter leur vie sur des étendues infinies.
Ces redoutables fanatiques, repliés sur leur minuscule planète, n’attendaient plus que l’arrivée d’un messie, le Prophète divin, pour lancer le Bodal, ultime croisade contre les hérétiques, qui établirait enfin l’ordre Tleilaxu dans toute la galaxie.
Et un jour, Voldtari mit pied à terre au sein de cet incroyable amalgame religieux…
L’habileté démoniaque qu’il avait développée au cours de son errance lui permit de se retrouver en peu de temps face à face avec le Mahaï en personne. Le long de ses pérégrinations dans les rues de la capitale Bandalong, le jeune homme avait sondé les esprits des passants pour se forger une certaine culture qui lui permettrait d’être introduit auprès du Maître. Manipulant les esprits faibles des Danseurs Visage qui montaient la garde du Palais, il fut reçut par le chef suprême, Sa’alim. Il s’agissait d’un homme (du moins en avait-il un semblant d’apparence) de taille moyenne, au teint basané, empreint d’une certaine bonhomie qui amenait tout étranger à le traiter plutôt comme un grand enfant, le délaissant comme s’il n’avait qu’une importance mineure en ces lieux. Voldtari s’aperçut bien vite qu’il était l’exact contraire de ce qu’il semblait être. Le Tleilaxu était extraordinairement intelligent, observant le monde autour de lui avec une froideur inégalée, traduisant l’univers par des systèmes de cause à effet inébranlablement voulus par le Créateur. Quand il regardait le jeune Jedi, son regard exprimait une profonde sympathie ; au fond de son âme cependant, c’était toute sa haine des powindah qui le dévorait.
C’est par cette animosité que le jeune homme décida de prendre le contrôle du Mahaï : il s’adressa à lui dans la langue secrète de l’Islamiyat, connue des hauts dignitaires religieux uniquement et n’eut aucun mal à le persuader par le truchement de la Force qu’il était le Prophète tant attendu. Il se fit élire Suprême Conseiller du Bene Tleilax, second personnage après Sa’alim. Le peuple, aussitôt mis au courant de l’arrivée du messie, voua un fervent culte religieux à celui qui allait les guider vers la victoire de la raison sur la folie païenne.

Voldtari passa six courtes années sur la petite planète à tracer des plans de victoires ; il signa un pacte avec les généticiens du Bene Tleilax, s’assurant ainsi que le temps n’aurait plus jamais d’emprise sur son auguste personne : tout les vingt ans il changerait d’enveloppe corporelle. Les Tleilaxus allait créer un clone toute les deux décennies qu’ils élèveraient dans un unique but : être au meilleur de sa forme pour recevoir l’esprit du machiavélique seigneur noir. Au moyen de la toute puissance de la Force, il pourrait ainsi transvaser son génie d’un corps à l’autre. La vie éternelle s’ouvrait à lui sans les moindres défauts des trop malléables gholas.
Ses plans visant à anéantir la République prenaient formes. Chaque jour sa haine se faisait plus grande, ses nuits hantées par les cauchemars de la mort de son père. De visu avec les maîtres généticiens, il créa une nouvelle espèce de guerriers issus d’hommes vils et dégradés, des sanguinaires assoiffés de combat, les horribles orques. Pour compenser la stupidité relative de ces derniers, il projeta d’entraîner une seconde armée de mercenaires certes moins forts et moins nombreux mais beaucoup plus subtils : les sardaukars.
Le renégat ne comptait cependant pas en rester là. Il rejoignit sa terre natale de Mordor qui n’était plus qu’une stérile désolation sans fin rongée par les activités volcaniques ; la vie n’était plus de ce monde. Avec l’aide des Tleilaxus, il en effaça toute trace dans les archives républicaines grâce à ses mots de passe Jedi que l’on avait négligé de détruire. Le temps parachèverait l’oubli total du système. Là, il entraîna peu à peu les immortels orques et construisit durant plus de cinq siècles une incroyable flotte d’assaut ; il annexa de multiples planètes dans des systèmes lointains inconnus de la République pour y développer ses efforts. L’une d’elle fut riche en découvertes… Il y apprit les arts ancestraux d’un groupe de mystérieux individus réceptifs à la magie noire qui lui enseignèrent comment forger l’Arme Suprême, celle qui lui confèrerait des pouvoirs extraordinaires et une réserve de forces infinie : le Maître du clan, Sauron le Maléfique, lui confia le secret d’un anneau magique qui lui assurerait ce pouvoir et qu’il lui fallait quérir.
Ce n’est qu’après d’incroyables aventures à travers toute la galaxie, aventures à l’origine même de la Grande Guerre menée par les Sith (à la recherche eux aussi de l’anneau) et sournoisement provoquée par Voldtari, qu’il entra en possession de l’Anneau de Pouvoir et l’incorpora à sabro-baguette, faisant ainsi de lui le plus puissant des Jedi.

Près de cinq siècles plus tard, sa vengeance allait enfin pouvoir prendre forme…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Lun 01 Mai 2006 - 9:03   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 3

Chapitre III
Le Crépuscule de la Force



« L’épopée Jedi semblait devoir toucher à sa fin après le coup terrible porté par le maléfique seigneur des sith Lord Voldtari, l’empereur mégalomane.
Mon maître et moi formions en ces temps obscurs l’un des derniers duos maître - apprenti. J’étais encore très jeune et avais beaucoup à apprendre dans l’indescriptible chaos de l’Empire. Mais la Force était mon alliée et tant que je saurai écouter sa voix, le droit chemin me procurera calme et sécurité.
Cette mystérieuse puissance me soufflait désormais les mystères de l’univers et m’annonçait que le grand rassemblement des forces était fin prêt. Le combat décisif entre le Bien et le Mal se faisait maintenant imminent…»

Extrait des Mémoires d’un chevalier Jedi par Benje Socar.



L’enfant était parfaitement concentré sur le difficile enchaînement de figures acrobatiques dans lequel l’avait entraîné la phase ultime de son entraînement matinal. Le soleil commençait à poindre sur l’horizon, dominant le sommet de l’antique pyramide rhomboïdale qui leur servait, à lui et à son maître, de refuge en ces temps troublés. Dans la forêt avoisinante, les animaux nocturnes laissaient place aux chants radieux des oiseaux qui s’éveillaient avant de partir en quête de nourriture. Le jeune garçon effectua une série de roues parfaites qui l’emmenèrent à faire face à l’imposant monument de granit. A cet instant précis, le soleil du système Yavin ressemblait majestueusement à un immense iris doré, perché tout là-haut en équilibre, l’observant avec attention pour mieux le protéger.
Derrière lui, l’enfant entendit les pas feutrés de son maître qui s’approchait. Ce dernier l’observa longuement avant de prendre la parole. Le garçon était encore très jeune, il venait de fêter ses douze ans seulement. Pourtant, sa solide silhouette, la fermeté de sa voix et ses incroyables capacités en faisaient un être beaucoup plus mâture que la plupart de ses camarades. Le padawan avait été répéré dès l’âge de trois ans sur la lointaine planète d’Esp, aux confins du système corellien. Il avait manifesté des dons précoces autant dans le domaine de la Force que celui de la magie. C’est pourquoi on l’avait aussitôt placé sous la tutelle d’un des meilleurs enseignants de l’Académie Jedi.
Quatre années plus tard, le chaos déferlait dans toute la galaxie. Un à un, le terrifiant Lord Voldtari avait annexé les systèmes républicains pour étendre son emprise maléfique jusqu’à Coruscant. Des millions de soldats orques et sardaukars étaient à sa solde, ses réserves en hommes et matériel semblant infinies. Et par-dessus tout, il possédait une force colossale refermée dans sa sabro-baguette.
Qui était donc cet homme inconnu, qui seul et ignoré de tous avait pu produire un tel éclat de puissance ?
Après treize mois de combats acharnés, la frêle République s’éteignait en un soupir, écrasée sous la botte du sombre seigneur des ténèbres. Sur chaque planète conquise, l’Empereur avait installé ses machines démoniaques qui annihilaient les sentiments humains, plongeant ainsi les habitants dans une infinie morosité de désespoir, coupant net à toute révolte, tout soulèvement ; la volonté des individus était peu à peu détruite, brisée, elle ne laissait derrière elle que des pantins désarticulés.
Le coup d’Etat fut achevé par une destruction systématique des Jedi : Voldtari avait lancé sur leur trace un Jedi Noir redoutable, armé d’une armure en peau d’ysalamari qui le rendait invulnérable aux attaques de la Force ; il n’en n’était pas moins mortel et finit un jour par être tué… pour réapparaître aussitôt !
Un terrible mystère planait là-dessus et après l’avènement du Tyran suivit la Grande Dispersion des Chevaliers survivants. Malheureusement, sous les attaques répétées du sombre Décimeur Noir – c’est ainsi que se complaisait à l’appeler son Maître – leur nombre diminuait à une cadence infernale. Bientôt, ils ne seraient plus qu’un souvenir bien vite effacé et sombreraient dans l’oubli le plus total.
Le jeune enfant se tenait immobile. Pas un muscle ne tressaillait sous sa peau tendue, preuve que l’on aurait été en droit d’attendre avec la fatigue physique découlant du périlleux exercice qu’il venait d’achever.
Cette position replongea soudainement le Maître Jedi Fab Enzal dans l’impressionnante vision de la Force qu’il avait eue cette nuit-là.
Ils sont trois : Maître Yoda, Lord Voldtari et lui-même. Trois hommes dans la pénombre d’une infinie forêt de pins, trois hommes ennemis le temps d’une joute. Devant eux, un unique chemin qui mène en droite ligne à un vaste château de pierres grisâtres ; l’immense demeure se dresse à flan de colline, protégée par de puissantes fortifications. D’un même élan, répondant à une impulsion invisible, les actants se précipitent : Voldtari est le premier à franchir le pont-levis à l’aide de sa sabro-baguette grâce à un sort inconnu, « Sesame openate ». Une fois à l’intérieur, il s’empare de la pierre gardée par un dragon tout en haut de l’écrasant donjon. Un immense fléau des temps jadis se réveille alors : les pouvoirs de Voldtari sont désormais infinis, tout ce qu’il pense il le peut. Les trois adversaires se regardent une dernière fois, le Seigneur Noir lance un rire maléfique et un froid mortel déchire le cœur de Fab Enzal.
Le Chevalier sursauta en revenant à la réalité.
Cette vision était si poignante de vérité ! Ce château lui disait quelque chose, mais ses souvenirs restaient flous quant à ce sujet.
Face à lui, le padawan attendait posément.
Cela faisait cinq longues minutes que Maître Enzal était arrivé.
« Nous partons, mon jeune ami. Voici l’ordre de mission que vient de nous envoyer Maître Yoda. »
Le jeune homme prit le databloc arrivé quelques minutes auparavant par hiboux express. Le message était bref : « Au Maître Enzal et à son padawan Benje Socar. Si vous l’acceptez, votre mission : sur les agissements nouveaux de Voldtari vous vous renseignerez ; à la recherche de quelque maléfice destructeur ce dernier s’est lancé. Ce message dans cinq minutes s’autodétruira. »
« Cette missive a-t-elle un quelconque rapport avec votre vision de tout à l’heure ? questionna le jeune Benje Socar.
- Oui, en effet, répondit le Jedi avec un imperceptible battement de sourcils, unique preuve de son étonnement.
- Votre respiration mesurée puis soudainement saccadée ne trompait pas. Par où allons-nous donc commencer notre enquête ?
- Nous allons rejoindre le spatioport de Mos Eisley sur Tatooine. Un contrebandier de ma connaissance pourrait avoir eu vent de quelques mouvements suspects au sein des forces de Voldtari. Nous partons sur le champ.
- Bien, mon Maître », acquiesça le padawan.

* * *

La cantina était plongée dans une bienfaisante pénombre qui offrait au voyageur un agréable contraste avec l’air sec et brûlant de la surface aride de Tatooine ; c’était là son unique avantage. Une odeur fétide et indéfinissable vous agressait les narines lors de votre entrée et même de longues heures passées dans ce véritable coupe-gorge ne suffisaient pas à immuniser vos sens. Toutes sortes de voyageurs plus mal famés les uns que les autres s’y donnaient rendez-vous, créant pour l’œil humain un véritable carnaval extra-terrestre. Dans un coin de l’immense salle, un groupe de biths jouait une entraînante mélopée aux accents fremen.
Tatooine était l’une des rares planètes que l’Empire avait négligé de conquérir et ce qui faisait de la planète désertique un lieu de passage important pour les réfugiés. Mais ce monde vivait sous la juridiction des Hutts, ces limaces obèses, plus cruelles encore que l’Empereur, seigneurs du crime intergalactique, ce qui ne rendait pas les lieux plus fréquentables.
Le jeune homme sirotait sa bierraubeurre adossé à un pilier : il était mal rasé, les cheveux en bataille, son costume de pilote délavé tout rapiécé ; perdu dans cette étrange civilisation masculine, il cherchait le lien logique qui l’avait conduit jusqu’ici.
Jace Starkiller s’était enfui avec le premier convoi, l’unique d’ailleurs, qui avait réussi à quitter Amazonia lors de l’attaque surprise de Voldtari. Le cœur déchiré par l’enlèvement de sa tendre Sophia, il avait erré durant de longs mois avant d’échouer sur la petite planète de Tatooine. Là, il jura de retrouver le mystérieux commanditaire de cet horrible kidnapping et de délivrer sa promise. Malheureusement il se trouvait sans le sou et totalement égaré dans ce monde où seuls les hommes détenaient le pouvoir. Dans l’espoir d’obtenir une assez forte somme d’argent nécessaire pour mener son enquête à bien, Jace s’était engagé comme pilote de modules de course ; il était l’un des rares humains à participer à ces dangereux défis, ce qui lui avait bâti une certaine notoriété dans le milieu. Cela lui rappelait un peu ses jeux d’enfance dans les canyons qui bordaient le petit désert central de sa planète natale.
Aujourd’hui enfin, après cinq années de funambulisme entre la vie et la mort, il allait pouvoir faire avancer d’une façon significative l’enquête qui le torturait chaque jour et chaque nuit : il attendait d’un moment à l’autre l’arrivée d’un contrebandier qui avait accepté de le seconder moyennant une exorbitante somme de crédits.
Sur sa gauche, un groupe d’individus peu recommandables disputaient une partie de tarot-sabacc avec force cris et grognements.
Il détourna son regard pour ne pas attirer l’attention. Mieux valait ne pas avoir affaire à des enragés pareils.
Pourtant, une fois la manche terminée, un homme aux allures élégantes sortit du lot et lui intima de prendre place à une petite table en retrait.
« Vous êtes bien Jace Starkiller ? » demanda ce dernier.
Le jeune homme observa un peu le contrebandier qui lui faisait face avant de répondre. L’homme était très grand, la peau mâte et le visage taillé dans du roc ; il semblait avoir subi les pires épreuves et en être toujours sorti grandi. Il avait un je-ne-sais-quoi de princier dans sa silhouette qui imposait un respect sincère à quiconque l’approchait.
« En effet, acquieça-t-il. Et vous, Julius Spartakus, êtes-vous la personne que j’attendais ?
- Si vous êtes à la recherche d’une demoiselle en détresse, je suis votre homme. Mais attention, avec l’Empire sur mes bottes, cela risque de vous coûter un petit extra.
- Combien ?
- Vingt mille crédits feront amplement l’affaire.
- Vingt mille ! s’exclama le jeune homme. Mais cela représente la totalité des gains de mes cinq années de course !
- Je sais, je me suis renseigné à votre sujet. Vous êtes à la recherche d’une certaine Sophia Helena, n’est-ce pas ?
- Oui, en effet.
- Vous savez, vous auriez recherché une Sophia Carla ou une Sophia ce-que-vous-voudrez, cela ne vous aurait pas coûté plus de mille crédits. Mais c’est Sophia Helena que vous recherchez, s’exclama l’homme en approchant son visage à quelques centimètres de celui de Jace. Ingénu que vous me semblez être vous devez l’ignorer : sachez que la femme que vous me demandez d’enlever, pardon, de délivrer, n’est autre que la première concubine de l’Empereur en personne ! »
L’exclamation incontrôlée de Jace fut étouffée par les grondements d’un pugilat aux alentours du bar. Un troll avait jeté un enfant à terre et s’apprêtait à lui donner la pire correction de sa vie lorsque un éclair lumineux jaillit soudainement de la manche d’un homme tout proche. En une seconde, le sabre-laser avait sectionné net le membre droit de l’extraterrestre.
Jace et Julius s’étaient dressés à la vue de l’arme de lumière.
Un Chevalier Jedi, ici, sur Tatooine !
Après que l’émeute se fut calmée, le Chevalier, accompagné de son jeune protégé, s’avança vers leur table.
Julius reconnut aussitôt le Jedi.
« Fab, mon vieil ami ! Que fais-tu donc dans ce trou à rat ? Tu es parti à la chasse aux mynocks ? »
L’autre était tout sourire.
« Cela faisait bien longtemps, vieille branche, déclara Spartakus en accompagnant ses dires d’une forte accolade.
- Quel plaisir de te voir toujours en vie, sacrée canaille ! lui répondit Fab.
- Et qui est donc cet enfant qui t’accompagne ?
- Mon disciple. Je te présente Benje Socar.
- Enchanté de faire ta connaissance, p’tit gars. Je m’appelle Julius Spartakus, et voici mon nouveau client, un certain Jace Starkiller. Figurez-vous qu’il s’est mis en tête de « délivrer » Sophia Helena en personne !
- L’ancienne reine de la planète Amazonia ?
- La concubine de l’Empereur, en effet !
- J’ai bien peur, monsieur Starkiller, qu’il ne vous faille patienter, avança Fab Enzal en prenant place à la table miteuse. C’est une affaire de la plus haute importance qui nous emmène ici. »
Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
« Pouvons-nous parler sans craindre les oreilles indiscrètes ?
- Vas-y, dit Spartakus. J’ai toujours sur moi un cône de silence.
- Voilà : je pense, et Maître Yoda est du même avis que moi, que Voldtari fomente son ultime offensive contre les derniers mondes libres. La galaxie est vaste et recèle en son sein de nombreux artefacts mystiques aux facultés magiques insoupçonnées. L’Empereur est à la recherche du Pouvoir ultime qui décuplerait à l’infini ses relations avec la Force, un objet qui le rendrait plus puissant qu’une divinité païenne. Le néant absolu ne pourrait que s’en suivre. Il nous faut trouver avant lui le lieu où se cache cet artefact et le détruire. J’ai déjà contacté l’Alliance Rebelle qui est prête à nous assurer son soutien.
- En quoi ces histoires de sorcelleries mystiques me concernent-t-elles ? demanda nonchalamment le contrebandier.
- Je dois à tout prix consulter les archives impériales sur Coruscant. J’ai donc besoin d’un transport rapide et des codes d’accès à certaines données gardées secrètes. J’ai pensé que tu étais le seul homme dans toute cette galaxie capable de m’aider dans ces tâches. Et puis, je crois savoir que tu as quelques ennuis avec les autorités impériales… Ce serait peut-être l’occasion d’effacer quelques dossiers sur ton fichier, lança Fab Enzal avec un clin d’œil malicieux.
- Pour une mission si délicate, tu ne pouvais t’adresser qu’au meilleur, et tu l’as devant toi. Marché conclu ! » s’enthousiasma Spartakus en tendant la main.
Il s’avisa soudain de son client, qu’il avait complètement oublié.
« Et que faisons-nous de monsieur Starkiller ? »
Au grand étonnement de tous, ce fut Benje Socar qui répondit à cette question.
« Monsieur Starkiller nous accompagnera sur Coruscant ; en nous renseignant sur l’Empereur nous découvrirons peut-être de quoi l’aider dans sa quête. De plus, Maître, ajouta-t-il en se tournant vers Fab Enzal, avec votre autorisation, nous pourrions le former aux utilisations rudimentaires de la Force.
- Pardon ? s’étonna Jace.
- Mon padawan a parfaitement raison, vous êtes fortement réceptif à la Force. Comment expliqueriez-vous sinon vos exploits aux podracers ?
- Savez-vous manier correctement un blaster, mon cher ? demanda le contrebandier au jeune page.
- J’ai toujours fini premier aux concours de tir lors des fêtes foraines sur la lune de Briseïa.
- Alors en route pour Coruscant, monsieur Starkiller ! »

Coruscant…
Le siège de l’Empire du seigneur noir s’était établi en un pied-de-nez magistral à l’Alliance Rebelle sur l’emplacement même du cœur de l’Ancienne République ; des légions entières de sardaukars avaient pris possession de la planète, délogeant ses habitants qui, pour la plupart, étaient allés gonfler les rangs de la Rébellion. Les quelques infortunés qui subsistaient tant bien que mal devaient se plier au joug d’acier de leur empereur. Les incroyables machineries à contrôler les émotions n’étaient pas ici de mise, les populations étant trop faibles pour ne serait-ce que penser se révolter.
Le soleil commençait à peine à paraître quand le Majesté, cargo corellien YT-3500 de Spartakus, atterrit non loin de l’immense Citadelle des Archives. Les voyageurs avaient pris l’identité de simples négociants à la recherche de nouvelles planètes avec lesquelles la Guilde des Marchands pourrait étendre ses activités au service de l’Empire. Benje Socar resterait à bord du vaisseau, prêt à décoller en cas de danger imminent.
Les trois hommes réussirent à pénétrer dans l’immense bâtiment aux allures de forteresse médiévale, ses quatre tours scrutant l’horizon infini, grâce aux codes informatiques du contrebandier. Une première, puis une seconde barrière de sardaukars se présentèrent à eux dans le but de contrôler leur identité et de les fouiller de fond en comble : les gardes oublièrent bien vite qu’ils les avaient rencontrés… Ce petit jeu amusait toujours Fab Enzal mais il se devait ici, avec la présence toute proche de Voldtari, d’en user avec parcimonie. Après un inextricable dédale de couloirs et ascenseurs, ils finirent par aboutir devant un serveur informatique. Le Maître Jedi eût tôt fait d’éplucher la base de données qui ne contenait rien qui pût lui servir dans sa quête.
« Julius, c’est encore à toi de jouer ; trouve le bon code qui nous conduira aux informations gardées secrètes.
- C’est comme si c’était fait ! »
Le contrebandier se mit alors à entrer une série de signes complexes dans l’espoir que ses passes partout jusqu’à présent infaillibles auraient le même résultat qu’à l’entrée.
Accès refusé : code erroné.
Julius lança un juron bien senti. Rien à faire, aucun de ses passes ne fonctionnaient ici. Au troisième essai, un voyant rouge se mit à clignoter sur le bord droit de l’écran.
Un grondement sourd fit vibrer l’air autour d’eux, le sol se mit à trembler : un vaisseau de type destroyer venait certainement de décoller non loin de là.
« J’espère que nous n’arrivons pas trop tard, murmura le Chevalier.
- Oh, oh… Ça sent le roussi ! » s’exclama Starkiller.
En effet, un droïde à l’allure décidée, tout d’or flamboyant, accourut vers eux.
« Bonjour. Je m’appelle THS-29, relation humains – cyborgs. Que puis-je pour vous ?
- Euh… rien, merci. Nous passions par là quand ce voyant s’est éclairé, avança innocemment le Chevalier Jedi.
- Tiens donc… déclara le robot d’un ton sinistre. Contrôle d’identité.
- Nous sommes marchands, originaires tous trois du système Potter, continua Fab Enzal.
- Vos papiers, je vous prie.
- C’est-à-dire que… »
Se voyant perdu, Jace saisit son blaster dans un moment de panique. Aussitôt, le droïde fit mine d’appeler du secours… avant de tomber sans voix. L’avant de son corps se pencha légèrement, signe caractéristique qu’il venait d’être débranché. Faisant le tour du robot inanimé, Julius s’aperçut en effet que le bouton d’activation était en position éteinte.
« La Force est une alliée puissante », se contenta de dire le Chevalier en souriant avec malice.
Les trois hommes ne pouvaient espérer avoir une meilleure chance. S’assurant qu’ils étaient à l’abri des regards, ils trafiquèrent les circuits internes du droïde pour le rendre, comment dire, beaucoup plus coopératif.
« Bonjour. Je m’appelle THS-29, relation humains – cyborgs. Que puis-je pour vous ?
- Nous cherchons à pénétrer dans les données confidentielles de l’Empire. Aurais-tu la gentillesse de nous fournir les codes ?
- Naturellement, Monsieur. Il vous suffit d’entrer l’équation suivante : Voldtari = Génie. C’est aussi simple que cela. Y aurait-il autre chose que mes modestes circuits puissent faire pour votre service ?
- Reste avec nous pour quelques temps, disons quelques années, proposa le contrebandier.
- Ce serait avec joie monsieur, si des obligations ne m’attachaient ici.
- Ces obligations sont nulles à présent.
- Je suis heureux de pouvoir vous servir, messire…
- Appelle-moi juste Julius.
- Bien, messire Juste Julius. »

Les renseignements que découvrit le trio auraient pu démoraliser dix Alliances Rebelles. Le pouvoir de Voldtari était désormais à son comble, maintenant qu’il disposait d’une super-arme capable d’annihiler la vie d’une planète entière : l’Astre de la Destruction. Mais cela passait encore pour une broutille face à la terrible révélation qui se présenta aux yeux du Chevalier : Voldtari était déjà en route, à bord de son tout nouveau vaisseau intersidéral, pour la planète Poudlard.
Comment avait-il pu être aussi bête !
Ce château qui lui était apparu en rêve, il le connaissait : c’était l’ancien siège de l’école de sorcellerie de Serpentard qui, selon de vieilles légendes ancestrales, oubliées de tous et auxquelles les spécialistes n’accordaient nul crédit, conserverait en son sein la fabuleuse Pierre de Kaiburr, un objet à même de multiplier par l’infini les relations avec la Force de la personne qui la possède !
« Il nous faut contacter l’Alliance Rebelle de toute urgence. Julius, en route pour Poudlard, où la plus grande bataille de ces derniers siècles ne va pas tarder à se jouer, annonça fermement Fab Enzal.
- Ce sera sans moi, avança le jeune Jace Starkiller. J’apprends que ma bien-aimée ne s’est pas encore embarquée avec l’Empereur ; une navette l’attend d’ici une heure. Il me faut l’infiltrer à tous prix.
- C’est donc ici que nos chemins se séparent. Souvenez-vous bien de tout ce que je vous ai appris durant notre voyage, lui dit Maître Enzal. Laissez-vous guider par la Force et ne vous abandonnez jamais aux émotions de l’ombre : la peur, la colère… Autant de chemins pour vous jeter dans les griffes du Seigneur noir. Soyez prudent, et que la Force soit avec vous.
- Bonne chance, p’tit gars. Prends THS, il te montrera un chemin discret pour sortir de ce trou à rats. Tu donneras le bonjour à ta princesse ! »
Sur ce, le jeune homme s’éclipsa derrière la multitude grisâtre des consoles informatiques. Fab et Julius, quant à eux, prirent le chemin de la sortie. Devant l’entrée attendait le speeder qu’ils avaient loué ; dans cinq minutes, ils auraient regagné la sécurité relative du Majesté.
L’astre solaire dépassait avec grand peine les plus petits immeubles ; de ce fait, à cette heure matinale, les rues que traversait à toute vitesse l’engin étaient plongées dans une pénombre incertaine.
Un picotement dans la nuque avertit Fab Enzal une milliseconde trop tard du danger qui leur tomba dessus sans crier garde. Le speeder stoppa brusquement, ce qui envoya les deux hommes voltiger dans les airs : son aileron avait été sectionné net. Le Jedi n’eut que le temps d’activer sa sabro-baguette avant que le Décimeur Noir ne lui fonde dessus. Grâce à la Force, il réussit à allonger leur vol plané jusqu’à une plate-forme de plastacier toute proche.
Le choc des deux lames produisit un son semblable à une terrible explosion.
Que le duel commence !
Les deux adversaires s’étudièrent brièvement avant que le Décimeur ne tentât une offensive transversale suivie d’une feinte vers les jambes destinée à déstabiliser Fab Enzal. Le Jedi n’eut que peu de mal à dévier la lame incarnate de son ennemi.
« Julius, appelle Benje Socar. Dis lui de décoller ! » s’écria le Chevalier.
Le contrebandier, que le Décimeur semblait ignorer, avait plus de mal que son ami à se remettre du terrible choc qu’il venait d’éprouver. Encore hébété, il se saisit de son comlink qui lui fut soudainement arraché des mains par un tir de blaster. Spartakus fondit derrière le speeder renversé qui lui servirait, faute de mieux, de bouclier contre ses agresseurs : cinq sardaukars se tenaient de l’autre côté de la ruelle. Dans peu de temps, les renforts allaient arriver, et les deux hommes n’avaient pas d’échappatoire au traquenard dans lequel ils étaient tombés.
Le Jedi sombre ne semblait pas se fatiguer du combat contre le Maître Fab Enzal ; ce dernier repoussait tant bien que mal les coups acharnés de son adversaire sans pouvoir contre-attaquer tant l’ennemi mettait de véhémence dans ses parades. Julius, de son côté, ne se débrouillait pas si mal : deux combattants étaient déjà hors circuits, un troisième blessé à la jambe. Fab Enzal bondit en un saut prodigieux tout en haut d’une corniche qui dominait le vide, jouissant ainsi de quelques chiches secondes de repos ; s’il venait à tomber, c’est deux kilomètres plus bas que son corps serait réduit en bouillie, à moins qu’un transport ne l’intercepte. Le Maître fit le vide dans son esprit avant de lancer un appel de détresse à son disciple. La corniche, qui ne dépassait pas les un mètre sur trois, trembla sous le choc du Décimeur Noir qui retournait à l’assaut.
Spartakus avait enfin réussi à se débarrasser de ses adversaires, tout en écopant d’une déchirure au bras gauche. Le speeder qui lui servait d’abri n’était plus qu’une charpie sans aucun intérêt. Il partit donc se cacher derrière une colonne d’acier, prêt au combat suicide qu’il savait imminent, assistant pour l’instant au terrible duel qui occupait son ami.
Fab Enzal était épuisé : le Décimeur semblait forgé dans le métal trempé !
Son armure intégrale d’un ébène absolu, que surplombait un casque à la visière fendue en un trait fin angoissant, reflétait la lueur des deux lames qui s’entrechoquaient sans cesse en un concert de crépitements stridents. Le Jedi projeta ses perceptions à travers la Force avant d’égrener lentement trente seconde, sur quoi… il disparut ! Spartakus n’en croyait pas ses yeux : un éclair aveuglant avait jailli de la sabro-baguette de son ami avant de le faire disparaître.
Le Décimeur semblait lui aussi plutôt déstabilisé : il se pencha par-dessus la corniche, sabre-laser au poing.
Il fut soudainement projeté en arrière par deux coups de canons lasers !
Le corps inanimé glissa dans le vide.
Benje Socar était arrivé avec le Majesté !
Ils étaient sauvés !
Un coup de blaster, frôlant sa frêle cachette, lui rappela le danger qui pesait encore sur lui. Un coup d’œil l’informa que deux escouades de sardaukars étaient arrivés, prêt au combat.
Mais contre toute attente les restes du speeder se mirent alors à voler dans les airs en direction des soldats, les fauchant comme de pauvres fétus de paille !
Les canons paralysants du Majesté se chargèrent du reste.
Quelques minutes plus tard, après avoir franchi le mince blocus qui leur fut opposé à l’entrée de l’espace, ils étaient partis pour la planète Poudlard, en route pour le plus grand combat de leur vie…
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Messagepar Benje Socar » Mar 02 Mai 2006 - 9:48   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 4

Chapitre IV
Le Retour du roi


« L’être mâle moyen n’est qu’une suite ininterrompue de désirs et pulsions inassouvis. Contrôlez ses envies, offrez lui ce dont il rêve le plus et vous manipulerez l’individu. Donnez la guerre à un guerrier, sa vengeance à la folie vengeresse et son esprit vous détournerez dans le creux de vos mains.»
Extrait des Apocryphes Bene Gesserit recueillis par Maria Hort’a’la.



La jeune femme semblait hypnotisée par les circonvolutions d’un bleu laiteux de l’hyperespace. Au creux de ses bras reposait un petit être endormi qu’elle avait enveloppé dans des draps de soie pourpre : sa fille ; si fragile, si précieuse…
L’héritière de l’Empire.
L’enfant était née quelques semaines auparavant, en sécurité sur la capitale Coruscant. Sophia volait aujourd’hui pour rejoindre son conjoint, le glorieux empereur, en route pour conquérir la galaxie à bord de son Astre de la Destruction. La jeune femme était très attachée à son divin amant ; elle ne comprenait pas comment elle avait été stupide au point de l’ignorer lors de leur première rencontre à l’occasion d’une ambassade de différentes planètes proches de son monde natal. A l’époque, elle était obsédée par des amours adolescentes d’une puérilité sans queue ni tête. Mais elle avait su reconnaître ses erreurs et apprendre le véritable amour, celui de la grandeur, lorsque Voldtari l’avait invitée sur son immense destroyer, la délivrant de sa vie ridicule sur Amazonia. Depuis, elle flottait dans un doux rêve : sa vie sur Amazonia, ses parents, ses amis, tout cela n’avait plus d’importance à ses yeux, tout cela avait été oublié. Seul comptait son Voldtari.
Et le fruit de cette union : leur petite fille.
Sophia frissonna : l’espace était si froid ! Elle reposa son enfant dans le magnifique berceau en framboisier de la Comté que lui avait offert son tendre amant avant d’appeler sa servante. Celle-ci apparut aussitôt par une porte dérobée près du bureau.
« Allez me chercher un gilet, voulez-vous ! »
Décidément, le confort d’Impératrice était fabuleux ; le moindre de ses désirs pouvait être exécuté en un quart de secondes. Attendant le retour de la servante, elle jouait avec le pendentif que lui avait offert le jour de leur rencontre.
Quelques minutes plus tard, quelqu’un frappait timidement à l’entrée de sa cabine.
Qui avait donc l’impertinence de venir déranger Sophia Helena dans son intimité ?
Elle jeta un coup d’œil sur l’écran de surveillance. Un sardaukar attendait de l’autre côté.
Elle le fit entrer avec dédain. Comme elle pouvait détester ces êtres rustres et imbéciles !
« Que voulez-vous ? » demanda-t-elle sèchement.
L’autre restait muet, la dévisageant longuement derrière son masque inexpressif.
Il avait l’air… bizarre.
« Ils recrutent des nains maintenant, parmi les sardaukars ? »
Le garde sembla émerger de sa torpeur.
« Comment ? Ah oui ! Le costume… »
Sur quoi il entreprit d’ôter son masque… et de lui sauter au cou !
Stupéfaite par un tel comportement, il fallut à la jeune femme quelques secondes avant de retrouver ses esprits et contre-attaquer : il allait voir, cet impertinent, ce qu’il en coûtait d’attaquer une amazone ! Un coup aux jambes suffit à l’envoyer au tapis. Elle était prête à bondir au moindre mouvement suspect.
« Eh, Sophia, c’est moi, je ne te veux aucun mal ! Tu ne me reconnais pas ? »
La jeune femme avait beau fouiller dans sa mémoire, ce visage ne lui revenait point.
Devant son attitude, Starkiller éprouva quelques craintes. C’est d’une voix angoissée qu’il continua.
« Jace, ton fidèle page, ton futur époux ! »
Jace
Des limbes brumeuses de sa mémoire un écho sembla surgir en elle.
Jace Starkiller, son amant de toujours !
Oui, elle se souvenait…
Ce grossier personnage qui avait voulu la priver d’un amour éternel avec Voldtari ! Que faisait-il donc ici ? Ne voyait-il pas qu’elle le détestait ? Qu’il représentait tout son passé de médiocrité ?
Froide et déterminée, elle décida d’en finir avec cet importun. Une estocade du tranchant du pied gauche appliqué aux tempes suffirait à l’en débarrasser pour toujours.
La voyant s’avancer vers lui, un sourire aux lèvres, Jace crut enfin que ce moment d’incertitude était passé. Il avait retrouvé sa bien-aimée et l’emmènerait loin de Voldtari. Mais un brusque malaise, sans doute un avertissement de la Force, lui fit faire un écart de quelques centimètres, juste assez pour éviter le coup mortel que lui réservait la jeune femme.
La peur et le désespoir glacèrent son cœur :
« Sophia, ma reine, que fais-tu ?! »
Sa bien-aimée attaqua derechef, plus déterminée que jamais. Jace, quant à lui, se refusait à tout combat. D’une maladroite poussée de la Force aidée d’un petit croc-en-jambe, il réussit cependant à la déstabiliser.
Dans sa chute, la jeune femme perdit le petit pendentif en forme de globe terrestre qui pendait à son cou.
Quand elle se releva et posa les yeux sur Starkiller, elle fondit en larmes.

Décidément, sa nouvelle super-arme lui plaisait bien.
Voldtari arpentait les interminables couloirs de son vaisseau avec la plus grande fierté. Dans très peu de temps, son père serait définitivement vengé de la pourriture républicaine. A quelques pas derrière lui suivait Cimetière, son fidèle écuyer qui le suivait ainsi depuis des générations. L’Empereur s’était étonné lui-même en recueillant ce pauvre misérable dans les rues de Mordor, il y a bien des années de cela ; la Force était peut-être à l’origine de cette attention, il n’en savait trop rien. Le fait est qu’il n’eût jamais à se plaindre de son serviteur et en fit un ghola qui l’accompagnerait tout le long de son interminable existence dans le seul but d’être à ses ordres.
« Mon Maître, annonça ce dernier de sa voix fébrile, le Décimeur Noir ne répond plus.
- Oui, cet imbécile a une fois de plus échoué dans sa tâche ; je ne le sens plus dans la Force. Demande donc aux Tleilaxus de me livrer leur version améliorée dans les plus brefs délais.
- Bien, mon Maître. »
Cette intrusion Jedi sur la capitale était une surprise qui mettait un peu de piquant dans sa vie monotone. C’était surtout une excellente occasion de donner une bonne leçon aux mondes encore fidèles à l’Ancienne République. Le seigneur noir s’empara du comlink attaché à sa ceinture.
« Amiral Sarouman, dans combien de temps serons-nous en vue de Gammu ?
- Deux heures standards, Monseigneur, répondit un chiss aux intonations de baryton.
- Commencez à préparer le Rayon Z pour une utilisation immédiate dès notre sortie de l’hyperespace.
- Tout sera fait selon vos désirs, Monseigneur. »
Voldtari ne put retenir un ricanement de satisfaction.
L’Alliance Rebelle allait bientôt connaître le prix à payer pour oser défier son Empereur…

Les deux tourtereaux étaient enlacés, leurs épaules baignées de larmes. Jace avait bien vite compris la fourberie du seigneur des ténèbres : il avait introduit sournoisement l’une de ses inventions maléfiques dans le pendentif qu’il avait offert à sa promise ; sa tendre Sophia se trouvait ainsi portée artificiellement à l’amour de l’Empereur et par-là l’objet la contraignait à tirer un trait de colère sur son passé.
Il lui ferait payer cher cette abomination !
La jeune femme, encore sous le coup de l’émotion, n’en n’était pas moins reine et se devait de prendre les décisions adéquates :
« Jace, pars d’ici ! Ce vaisseau est trop dangereux pour toi : nous allons rejoindre l’Astre de la Destruction. Si jamais quelqu’un s’aperçoit que tu n’es pas un sardaukar, on te tuera ! »
Soudain, un petit cri jaillit derrière Sophia. Ce n’est qu’alors, jetant un regard éperdu tout autour de la pièce, que le jeune homme découvrit l’enfant qui s’était mise à pleurer dans son landau.
« Qu’est-ce que…
- Oui, c’est ma fille, mon trésor. Si tu le veux bien, ce sera notre enfant. »
Jace restait sans voix. La fille de Sophia et… Voldtari ?
« Nous n’avons plus de temps pour ça, reprit Sophia. File ! Désormais, je connais le danger, et je pourrai porter le pendentif sans crainte. Voldtari ne s’apercevra pas de la supercherie. Pas la peine d’essayer de me convaincre de venir avec toi : je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour libérer mon peuple, et c’est ici que j’agirai au mieux.
- Mais…
- Tu sais bien que je n’ai pas d’autre choix. »
Jace dut se plier à la volonté de sa reine bien-aimée.
« Rejoins la Rébellion et transmets un message à nos sœurs amazoniennes : qu’elles entrent dans les rangs de l’Alliance avec tous nos vaisseaux ; il est grand temps pour le Bene Gesserit de se propager dans toute la galaxie…»
Sur ces paroles pleines d’espoir, avec un dernier baiser déchiré, Jace partit retrouver THS-29 dans le hangar du vaisseau, prêt à décoller à bord de l’Aile-X qui s’y trouvait.
Le dernier espoir des forces rebelles venait d’être jeté sur le tapis…

* * *

« La Force, mon jeune padawan, est bien plus qu’un simple outil, il s’agit d’une véritable entité. La Force est la compagne du Chevalier Jedi, la gardienne de l’univers, flot infini de puissance et de sagesse qui relie chaque être vivant. Mais elle reste neutre ; ce n’est pas une ‘’bonne’’ ou une ‘’mauvaise’’ Force qui détermine Côté Obscur et Côté Lumineux, de même que ce n’est pas une lampe qui crée à elle seule la séparation entre l’ombre et la lumière. Tout dépend du côté dans lequel on se trouve. Ainsi nos propres choix se font juges et nul ne peut échapper à son destin ; si une seule fois tu pénètres dans le Côté Obscur, à jamais il te dominera et te consumera. Telle est la raison d’être de Voldtari. Commander ne lui suffit pas, il veut être plus puissant encore, d’où le songe de la pierre de Kaiburr : la Force reste impartiale, elle n’estime point. D’un côté elle renseigne Voldtari, de l’autre elle nous prévient du danger à venir si l’Empereur la découvrait de lui-même. L’équilibre n’est jamais rompu, seule… »
Le Maître Jedi Fab Enzal tomba tout à coup à genoux, imité de près par son élève Benje Socar.
La haine…
Un torrent de haine avait tout balayé sur son passage.
Des milliards d’être avaient hurlé avant de donner la mort autour d’eux.
Désormais, toutes ces voix s’étaient tues, à jamais…
La vie d’une planète entière venait d’être exterminée en une poignée de secondes, aussi sûrement que si un monde avait explosé.

Le cœur battant à en rompre la chamade, les deux hommes se relevèrent avec un haut-le-cœur.
« L’Astre de la Destruction vient de nous démontrer sa toute puissance », annonça le Chevalier d’une voix aux accents soudainement lugubres.
Au même moment, une brusque secousse accompagna le retour du Majesté dans l’espace normal.
« Poudlard, nous voilà ! » s’écria gaiement Spartakus depuis la cabine de pilotage.
La mine assombrie des deux Jedi n’échappa pas au contrebandier lorsque ceux-ci pénétrèrent dans le cockpit.
« Un peu d’optimisme, que diable ! Nous allons finir par le trouver, ce vulgaire morceau de cailloux !
- Un monde entier vient de s’éteindre, décimé par la folie de l’Empereur… se contenta de répondre Benje Socar.
- Voldtari vient de déchaîner toute la puissance de sa super-arme… » ajouta Fab Enzal, guère plus entrain.
La vue de Poudlard leur permit un peu de revenir au monde de la vie. La semblait une reproduction géante des écosystèmes que l’on trouvait dans les parcs zoologiques : toutes les conditions de vie semblaient s’y regrouper. De grandes forêts de conifères alternaient avec les feuillus, le désert côtoyait un océan hexagonal aux magnifiques teintes céruléennes, plaines et montagnes jouaient à cache-cache. Pour aussi bien que s’en rappelle Fab Enzal, l’ensemble était découpé en quatre grands districts : Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle… et Serpentard. Chaque section se trouvait être il y a des milliers d’années le siège d’une école de sorcellerie, disparues suite à une grande guerre civile encore méconnue. Le château de Serpentard se situait dans l’hémisphère nord, engoncé au creux d’une vallée emplie de pins aux dimensions vertigineuses.
Julius jeta un coup d’œil aux radars.
« Tiens… Voilà qui est étrange : nous sommes arrivés avant Voldtari ; sa monstrueuse exécution l’aura retardé. Peut-être le sacrifice de quelques milliers de vie permettra d’en sauver des milliards d’autres.
- Julius, comment pouvez-vous proférer de telles obscénités !
- Désolé, p’tit gars ; il nous faut être réalistes.
- Il est grand temps de contacter Thoma’as », déclara posément Fab Enzal.
En effet, enfin sorti de l’hyperespace après un long voyage, le vaisseau était à même de transmettre un message sur la fréquence codée de l’Alliance Rebelle.
« Les couchers de soleil sur Coruscant sont magnifiques. Je répète, les couchers de soleil sur Coruscant sont magnifiques. »
Spartakus trouvait cette phrase un peu ridicule dans sa bouche, mais tel était le mot de passe.
Un homme de grande prestance, au ton impérieux, lui répondit à des milliers de kilomètres de là.
« Ici Thoma’as, chef de la Rébellion. Veuillez vous identifier.
- Mon nom est Spartakus, Julius Spartakus, matricule 777 des forces secrètes de l’Alliance. »
Les Jedi jetèrent un regard surpris sur leur ami : ainsi le contrebandier était membre de l’Alliance rebelle !
Julius poursuivait.
« Je suis accompagné du Maître Jedi Fab Enzal et de son apprenti Benje Socar. Nous sommes porteurs de nouvelles de la plus haute importance. Je laisse la parole au Chevalier.
- Bonsoir, Maître Enzal. Les Jedi se font rares ces derniers temps et je suis heureux de pouvoir compter sur vous.
- Le temps n’est plus aux bavardages, Sénateur. Nous nous trouvons actuellement sur la planète Poudlard, dans le système Potter, où se rend actuellement Voldtari pour y dénicher la Pierre de Kaiburr. S’il venait à entrer en possession de cet artefact magique, sa victoire sur les peuples libres se ferait des plus totales. Je dois aussi vous informer qu’il vient de mettre en route sa nouvelle machine infernale, l’Astre de la Destruction.
- Nous sommes déjà au courant : le Seigneur Noir vient d’anéantir Gammu. D’après nos premières équipes sur place, il ne reste plus un seul survivant. Sa terrible technologie a atteint ici des sommets : elle est apparemment à même de susciter des sentiments extrêmes aux populations d’une planète entière ; expédiant un flot de haine irrémédiable aux Gamminoans, il les fit se détruire mutuellement. Comment imaginer une arme plus affreuse que celle qui fait se retourner le frère contre la sœur ! Et voilà que vous m’apprenez que ce n’est que le commencement…
- En effet. Dans combien de temps pensez-vous être capable de rassembler l’intégralité de la flotte pour l’envoyer ici sur Poudlard ?
- Comment ? Ce que vous me demandez est impossible ! Si jamais l’ennemi venait à attaquer ailleurs…
- Si jamais Voldtari s’approprie la Pierre de Kaiburr, le coupa sèchement Fab Enzal, il en sera fini de nous tous.
- Vous avez raison, veuillez m’excuser. Mais vous comprendrez bien que ce n’est pas une mince affaire. Nous serons sur place dans… cent onze heures, pas moins. Vous devrez tenir jusque là. Je dois maintenant vous quitter. Des communications trop longues amplifient les possibilités de nous faire repérer. Que la Force soit avec vous ! »
L’hologramme de l’ex-sénateur disparut dans un flot de parasites.
Cent onze heures…
Voldtari serait là bien avant, au plus tard dans quatre jours standards. La partie allait être serrée mais rien n’était impossible à qui savait pénétrer les voies mystiques de la Force.

* * *

Cimetière était resté seul sur le pont, alors que ses maîtres dormaient. Lui ne pouvait plus trouver le sommeil depuis la destruction de Gammu : ses rêves étaient encore hantés par les cris de rage et de douleur retransmis sur toutes les fréquences de la planète. En quelques minutes, la haine avait anéanti un monde entier, avec tous ses habitants. Et cela sans aucun but, si ce n’est satisfaire les ambitions d’un seul homme. Voldtari, Empereur de la galaxie.
A chaque fois qu’il pensait à lui, Cimetière était terrifié. Pourtant, son maître était tout pour lui : il l’avait tiré d’une mort horrible, et pour cela il lui était éternellement reconnaissant. Mais dans le même temps des atrocités sans nom avaient été commises… Et puis, il y avait ces questions qui flottaient dans sa tête : combien de gholas étaient sortis des cuves tleilaxu avant lui ? Comment étaient-ils morts ? Il n’existait aucun rapport à ce sujet, et les rumeurs n’étaient pas très encourageantes. Il semblait que Voldtari se lassât assez vite de ses Cimetière. Ses accès de colère pouvaient être sans limite.
Le Maître était invincible. Lui, pauvre serviteur, ne pouvait pas saisir les plans à long terme de Voldtari. Il n’était pas doué de vie éternelle.
Avalant une capsule énergisante, l’homme consulta son chronomètre : il était l’heure de préparer le briefing des amiraux. Dans moins d’une journée, ils auraient atteint Poudlard.

* * *

Le Majesté fut contraint d’atterrir à des kilomètres du château tant la forêt dense et drue enserrait étroitement l’antique demeure de pierre, de sorte que trois longues journées de marche les attendaient, diminuant ainsi leurs chances déjà bien maigres de détruire la Pierre avant l’arrivée de Voldtari. Leur paquetage sur le dos, les trois hommes se mirent aussitôt en route pour Serpentard alors que la nuit tombait sous de sinistres augures.
« Nous devrons être très prudents, annonça Fab Enzal dès qu’il pénétrèrent sous l’épaisse frondaison des arbres. La forêt de Serpentard n’est pas un lieu très sûr ; d’étranges créatures habitent les bois avoisinants et certaines n’hésiteraient pas à dévorer sans préambule aucun le voyageur imprudent.
- C’est une charmante promenade de santé que tu nous proposes ! » ironisa Spartakus.
Puis ce fut le silence étouffant de la forêt, ponctué seulement par les hurlements d’animaux pas si lointains et les branchages qui craquaient sous leurs pas. La semi-obscurité était lourde de menaces.
Le premier tiers du trajet s’effectua sans encombre majeure ; les trois hommes rencontrèrent bien quelques félins sauvages affamés aux dimensions terrifiantes, ils durent encore traverser à la nage un torrent qui menaçait à tout moment de les engloutir dans ses eaux sombres et glaciales, escalader quelques ravins invisibles sous le toit des arbres, mais rien ne les avait vraiment retardé. Ils firent une halte à l’abri d’un vieux mausolée en ruines, restaurant leurs forces de viandes séchées et d’un bref sommeil.
C’est à l’aube du deuxième jour que les choses commencèrent à se gâter : nos aventuriers furent attaqués par une horde de trolls enragés et menèrent un féroce combat. Par bonheur toutefois, il ne s’agissait que d’une troupe isolée dont ils finirent bien vite par avoir raison.
Néanmoins cette rencontre précipita les évènements d’une façon inimaginable.
L’attaque surprise les écarta de leur chemin et, un instant, encore haletants, ils se retrouvèrent déboussolés. Alors qu’ils tentaient de retrouver le sentier invisible qu’ils suivaient jusque là, le sol se déroba soudain sous leurs pieds et, sans que la Force ne les avertît, ils déboulèrent dans une galerie creusée jadis par des gobelins pour atterrir dans ce que je peux affirmer, sans trop me tromper, être un temple abandonné !
Le lieu était immense, le double si ce n’est plus de l’ancienne salle où siégeait le Conseil Jedi sur la Coruscant républicaine avant que ne déferle l’armée tarienne. Une colonnade de deux cents mètres de long conduisait à une nef grandiose, décorée de fresques colorées relatant les aventures extraordinaires des chevaliers des temps anciens. De part et d’autre des colonnes s’ouvraient une multitude de petites niches qui renfermaient les statues de nombreux saints oubliés depuis longtemps. La lumière intemporelle de quelques torches mystérieusement allumées baignait l’endroit d’une étrangeté mystique. Sur les murs, les ors des peintures soulignaient des figures princières sans nom qui combattaient l’ennemi, soulageaient les peuples et répandaient la juste parole.
Tout émerveillé de ces splendeurs inégalées, Spartakus errait dans la place, une surprenante béatitude s’étant emparée de son âme. Les turpitudes de ces derniers jours, la menace de Voldtari et ses amis près de lui ne faisaient pas le poids face aux émotions qui le tenaillaient ; son esprit semblait lui souffler quelques conseils sur ce lieu mais il était trop troublé pour y prêter attention. Admirant la beauté de la voûte qui imitait par je ne sais quel artifice la magie d’un ciel étoilé, tout comme à nouveau au Temple Jedi, le contrebandier trébucha sur une aspérité du sol rocailleux et s’étala de tout son long sur l’autel placé au centre même de la nef. Dans sa chute il renversa un candélabre qui alla atterrir à quelques mètres de là. Se relevant pour aller le chercher, Spartakus remarqua dans l’angle formé par les murs épais une petite encoche de forme toute particulière, un quadrilatère arrondi. Le pied du candélabre avait exactement la même forme. Sans même s’en rendre compte il l’emboîta dans le sol. Derrière le mur un sourd déclic se fit entendre. Intrigué, le contrebandier se rendit au coin suivant et remarqua la même encoche ; il s’empara d’un second candélabre et le fixa dans le sol. L’homme réitéra son opération avec les deux candélabres restants et, une fois son travail fini, l’extraordinaire se produisit.
Fab Enzal et Benje Socar, plongés dans l’étude des fresques murales, n’avaient pas observé le manège de leur ami et c’est avec un indicible étonnement qu’ils constatèrent que la nuit étoilée du plafond avait fait place à un doux soleil qui commençait à se lever sur l’horizon virtuel. Les rayons de l’astre commencèrent à inonder la pièce et vinrent frapper une statue en armes qui miroita étrangement l’espace d’une milliseconde avant de prendre la teinte dorée que lui conférait la luminosité naissante. Le fait n’avait pas échappé à Spartakus qui accourut aussitôt, prêt à résoudre cette nouvelle énigme. L’effigie était celle d’un certain Hadrien Atréides qui avait vécu bien des siècles auparavant. Le contrebandier le reconnut : il s’agissait du jeune homme doué de mystérieux pouvoirs qui avait lancé l’ultime Jihad contre les seigneurs siths lors de la Grande Guerre. A l’examen minutieux de la statue, l’homme découvrit un minuscule interstice de la taille d’une pièce de monnaie ; sans savoir pourquoi, se basant sur sa seule intuition, il y inséra l’anneau qui se trouvait à son doigt. La représentation guerrière pivota soudain sur elle-même, révélant une crypte cachée qu’éclairaient quelques minces rayons de lumière filtrés par le plafond magique. Au sol se trouvaient des éclats métalliques d’une main de longueur environ et, au centre, fiché dans une pierre recouverte de lichen, le manche d’une épée brisée.
Il y était gravé en galach ancien :

Seul l’héritier du trône de Poudlard pourra s’emparer de l’épée d’Andomir.

« Attention, déclara prudemment Fab Enzal qui avait suivi les évènements d’un air suspicieux, il se pourrait que quelque sorcellerie se cache ici. La Force n’indique aucun danger, mais je ne comprends toujours pas pourquoi elle ne nous a pas prévenu à propos de ces galeries souterraines. Nous aurions très bien pu nous rompre le cou ! »
Cependant, face à la tentation, il préféra l’oublier, c’est-à-dire qu’il y céda. Posant ses mains sur le manche avec précaution, il tenta de tirer l’épée à lui de tout son saoul. En vain. Il s’arrêta, fit le vide dans son esprit et évoqua la Force… sans y réussir !
Ce lieu semblait à même d’annihiler les pouvoirs Jedi !
« Peut-être devrions-nous partir », avança Benje Socar, qui avait fait la même constatation que son maître.
Mais Julius Spartakus ne l’entendait pas de la même oreille et décida, bravant le danger, de faire à son tour l’expérience.
Il retira le manche brisé de son soc comme s’il fut planté dans du beurre.
« Vous voyez bien que ce n’était pas si difficile ! fanfaronna-t-il gaiement.
- Etrange… »
Fab Enzal ne comprenait que trop peu les implications de cet acte et cette ignorance l’agaçait au plus haut point. Quel était donc ce lieu, à la fin ?
« Fab, tu ne voudrais pas me prêter ta sabro-baguette un instant ? »
La demande de Spartakus prit le Jedi au dépourvu ; il s’exécuta néanmoins. Aussitôt, sous le regard étonné de ses compagnons, le contrebandier entreprit de reforger Andomir !
Ce n’est qu’une fois son travail fini qu’il remarqua que le plafond magique avait fait place à la fresque réelle qui en tenait lieu : assis sur un trône majestueux au beau milieu d’une foule de soldats se tenait un roi, couronné d’or et d’argent, tenant dans sa main droite le sceptre royal et de l’autre l’épée Andomir. Le cœur de l’homme fit un bond dans sa poitrine : cette expression dans le regard, ces traits nobles et guerriers, cette allure… tout cela lui rappelait son grand-père, et son père aussi, et… lui-même. Le roi était gaucher, comme tous les hommes dans la famille de Julius. Il avait résolut le secret du temple, réussit à retirer l’épée de son fourreau de roc, et maintenant ce portrait… Tous les éléments concordaient pour que l’on puisse vraisemblablement affirmer que du sang royal coulait dans ses veines.
Comment est-ce possible ?
Une porte se déroba alors dans le fond de la pièce et coupa net à ses réflexions : la sortie venait de leur être indiquée et mieux valait ne plus trop s’attarder dans ce lieu des plus surnaturels. Se précipitant à l’extérieur, les trois hommes débouchèrent dans la plus grande stupeur à l’endroit même où ils avaient été attaqués quelques temps auparavant ; cependant, les cadavres des trolls avaient mystérieusement disparu.
Les heures avaient passé et cet intermède des plus inattendus leur avait fait perdre un temps précieux. Nos compagnons reprirent donc leur chemin sans plus attendre dans l'ineffable silence de la forêt ; ils marchèrent sans répit jusqu’à la tombée de la nuit, du moins à en juger par leur horloge interne, avant de tomber sous la fatigue.

Ce fut un brouhaha interminable de chuchotements qui les tira avec ardeur de leur sommeil ; la surprise décupla leurs réflexes et tous trois brandirent leurs armes, prêts à défendre chèrement leur vie face aux centaines d’étranges créatures qui les entouraient à perte de vue. Dès que la lame d’Andomir étincela d’un feu qui lui était propre, les indigènes se prosternèrent au sol en psalmodiant une litanie entêtante.
Redoublant d’étonnement, Fab Enzal étudia minutieusement les créatures à la recherche d’un quelconque signe d’agressivité ou de danger potentiel. Il s’agissait de petits humanoïdes au teint cireux, d’un vert délavé à en faire frémir le plus respectable des rodiens ; leur tête aux oreilles démesurées, leur corps aux membres rabougris et leurs pieds à trois doigts les faisaient paraître tous comme autant de caricatures grotesques de Maître Yoda. Comble du ridicule, ils ne possédaient pour unique vêtement que des édredons à maintes reprises déchirés puis réparés, et pourtant d’une blancheur déconcertante. Ils ne portaient rien d’autre, aucune arme ni aucun signe distinctif.
Le silence se fit soudain total et un de ces petits êtres sortit du lot pour s’approcher respectueusement des trois hommes, toujours sur la défensive. Rien ne le distinguait de ses drôles de compagnons. Après avoir observé Spartakus avec une ferveur toute religieuse, il finit par prendre la parole en un basic érodé par le temps et aux accents mélodiquement chantés.
« Les bruits qui couraient étaient donc justes. La épée d’Andomir a été reforgée ; el Maître de Poudlard est enfin revenu parmi noussa ! el humble Bobby est heureux de pouvoir servir voussa !
- Qui êtes-vous ? demanda Fab Enzal.
- Qui est voussa qui accompagnez le seigneur de noussa ? questionna à son tour la créature.
- Je me nomme Fab Enzal ; voici mon apprenti Benje Socar et…
- Julius Atréides, descendant d’Hadrien Atréides, seigneur de Poudlard et maître d’Andomir. »
A cette mention, tous les petits humanoïdes firent la révérence. Benje Socar s’était vivement retourné en entendant le contrebandier se proclamer d’une naissance si noble ; Fab Enzal, de son côté, avait fini par comprendre. Tout était si logique : il avait choisi Julius pour cette mission selon ce que lui dictait son intuition, la forêt les avait empêchés de brûler les étapes, puis ce soudain silence de la Force autour de la chapelle, et enfin l’étrange comportement de son ami qui l’avait amené à reforger cette épée magique… La corrélation de tous ces évènements s’inscrivaient dans la volonté de la Force de la plus implacable des façons ; ainsi Julius avait été amené à retrouver son rang en accomplissant une prophétie millénaire.
Quant à Julius, il se trouvait encore sous le choc des quelques mots qu’il venait de prononcer. Son subconscient avait fini par aboutir à la solution de toutes ces énigmes ; les chuchotements de son esprit lui paraissaient enfin d’une limpide clarté : il était le souverain légitime de toute cette planète.
« Vous n’avez toujours pas répondu à la question de mon ami Jedi ; qui êtes-vous ?
- Noussa sommes des Elfes de maison ; noussa avons été libérés par l’ancêtre de voussa. El était le plus grand protecteur de noussa ; el achetait tous les Elfes puis donnait à noussa un nouvel oreiller ; noussa être tous libres grâce au maître d’Andomir et noussa se faire un plaisir de servir voussa », déclara Bobby.
Une idée venait de germer dans l’esprit de Julius ; il se souvenait avoir aperçu des elfes de maison dans quelques unes des fresques du vieux temple.
Ils lui avaient semblés dotés de pouvoirs… insoupçonnés.
« Pourriez-vous me conduire à votre souverain, ou du moins la personne la plus importante à vos yeux ?
- El Grand Dobby réside à cinq heures de trot d’ici.
- Autant partir tout de suite. »
Bobby émit un drôle de hululement et deux animaux arrivèrent au pas de course : un duo de licornes fendit la foule pour s’arrêter avec noblesse aux pieds de Julius. Ce dernier se tourna vers le Jedi avant d’enfourcher l’animal.
« Il nous faut à tout prix repousser les forces de Voldtari le temps que les Rebelles arrivent ; filez détruire la pierre, je me charge du reste.
- Que la Force soit avec toi ! » lança Fab Enzal comme une ultime bénédiction avant le combat.
Julius Spartakus Atréides, souverain suprême de Poudlard, n’entendit pas la fin de sa phrase, chevauchant à toute allure vers sa destinée.
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Mer 03 Mai 2006 - 8:57   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 5

Chapitre V
La Pierre de Kaiburr


« Le Bien et le Mal n’existent pas. Il n’y a que le pouvoir et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher.»
Dicton du Mordor cité dans Mon Empire : Voldtari, quel génie ! par Lord THS Voldtari.



La Révérende Mère Gaius MacGonagall fit taire d’un mouvement impérieux de la tête le groupe de pilotes qui lui faisait face dans l’exiguë salle de briefing. Cela faisait plus de deux jours qu’elle n’avait pu prendre une minute de repos et seule la force de son entraînement la maintenait éveillée.
Gaius et quelques autres membres haut placés du Bene Gesserit avaient rejoint depuis l’avant-veille le poste Rebelle avancé d’Arrakis, la planète désertique, unique productrice d’Epice. Leur reine venait enfin de mettre en route l’engrenage qui devrait libérer la galaxie de la tyrannie du Seigneur Noir : les connaissances des Sœurs auraient bien vite raison de la violence de l’Empire.
Devant l’impatience des jeunes pilotes, affublés de leur caractéristique combinaison orange, Gaius ne put empêcher les souvenirs de refluer en elle : sa formation sur Amazonia, ses déboires d’Acolyte, puis enfin la terrible Agonie d’Epice et la révélation de la Mémoire Seconde… Elle aussi avait manifesté un pareil bouillonnement à l’approche de l’épreuve ultime ; et aujourd’hui, la voilà qui manoeuvrait pour restaurer la paix à travers tout l’univers et faciliter la mise en place des complexes schémas génétiques des Sœurs qui, un jour, engendreraient le Kwisatz Haderach, le surhomme capable de contrôler le temps et l’espace.
Après plusieurs siècles de clandestinité, le Bene Gesserit allait enfin pouvoir se propager tel une traînée de sagesse dans cet univers insensé.
Gaius scruta attentivement les jeunes gens, l’Escadron Eclair, chargés d’anéantir l’engin de destruction le plus terrible qui fut jamais construit : L’Astre du démoniaque Voldtari.
L’arrivée du Bene Gesserit au sein de l’Alliance Rebelle avait été plus qu’une bénédiction pour les troupes ; leur immense savoir stratégique allait sans aucun doute marquer un tournant dans l’histoire de la guerre. La Sœur, enveloppée de sa robe d’aba noire, pressa un voyant du projecteur holographique qui se trouvait devant elle et un solido tridimensionnel envahit l’espace.
De sa voix dénuée d’expression, elle entreprit de commencer les explications :
« La grande bataille décisive qui nous conduira enfin vers la liberté est sur le point d’être amorcée. Lord Voldtari a tout misé sur la construction de son Astre de la destruction, une arme à la force de frappe dont il ne me semble pas nécessaire de vous rappeler la toute puissance. Il s’agit d’une base spatiale expérimentale, de la taille d’une petite lune, présentée par l’Empire comme indestructible et à même de décimer la population d’une planète entière en quelques secondes, ultime étape dans le développement des terribles rayons Z que l’Empereur utilise pour réduire à néant la volonté des peuples soumis. L’Astre se dirige actuellement vers la planète inhabitée de Poudlard où Voldtari compte s’emparer de la Pierre de Kaiburr, un artefact mystique qui ferait de lui l’égal d’un dieu. Deux chevaliers Jedi ont été envoyés sur place pour détruire l’objet et retarder l’armée d’invasion. »
Un bruissement parcourut la salle.
Deux Jedi avaient-ils le pouvoir de résister à des centaines de bataillons d’orques et de sardaukars ?
Une étincelle de colère traversa les yeux gris de Gaius et aussitôt le silence se fit.
« Voldtari étant entièrement absorbé par la Pierre, nous pouvons espérer lancer une attaque surprise pour détruire L’Astre de la destruction, privant du même coup l’Empereur de sa super arme et de son unique moyen pour quitter le système. Cloué au sol, sa défaite sera inéluctable. »
La Bene Gesserit marqua une pause convaincante.
« De cette bataille dépend notre survie : l’Alliance va mettre toutes ses forces sur le coup. La victoire sera, ou à jamais l’Empereur se fera notre maître. Je laisse le soin au général Starkiller de vous expliquer les détails techniques de votre mission. »
Le jeune homme, accompagné de THS-29 et d’un second droïde protocolaire tout de bleu vêtu, prit la place de Gaius qui venait de s’effacer. Arrivé en même temps que les Révérendes Mères, il avait été bombardé général de l’escadron clef de la bataille, certes composé des meilleurs éléments qui soient, mais lancé dans une course suicidaire.
« La reine Sophia Helena nous a fait parvenir, grâce à l’intermédiaire de son robot CTC-14, les plans détaillés du terrifiant Astre de la Destruction. L’arme se veut invincible mais nos techniciens ont malgré tout réussi à déceler une faille capitale : un engin léger, de la taille d’une Aile-X, devrait pouvoir pénétrer le périmètre de défense et larguer deux bombes à protons capables de déclencher une réaction en chaîne qui conduirait à l’anéantissement total de la base. »
Tandis qu’il parlait, l’hologramme s’était mis en mouvement pour simuler l’attaque qui se faisait désormais imminente.
« Cette opération ne sera cependant pas une partie de plaisir, reprit Jace. Les Escadrons Liberté et Egalité seront chargés de nous protéger des chasseurs stellaires de l’ennemi et l’essentiel de la flotte de désactiver au plus vite les immenses boucliers de L’Astre. Mais vous ferez moins les malins quand vous aurez entendu la suite : la surface toute entière de la super arme n’est que tourelles lasers et puits gravifiques destinés à vous détruire. Mais cela n’est qu’une partie de rigolade face au danger qu’encourra celui chargé de larguer les deux bombes : en effet l’objectif est l’unique bouche de refroidissement du réacteur à particules de l’appareil situé… à un mètre de distance du rayon Z ! Si vous tentez votre coup au mauvais moment, nul ne sait le sort qui vous sera réservé par Voldtari ! Nous décollons à bord du croiseur Léviathan dans deux heures standard ; je vous conseille de faire un tour du côté des simulateurs. »
Tous étaient prêts.
« Que la Force soit avec vous ! »

* * *

Il ne faisait plus qu’un avec la Force ; il pouvait sentir les pulsations de cette puissance mystique couler dans ses veines, ses sens décuplés et l’esprit enivré de puissance. Benje Socar se déplaçait à une allure stupéfiante à travers la forêt, enjambant d’un saut gracieux les multiples racines, s’aidant au passage de quelques branchages pour accélérer à la suite de son Maître. Entre une chose et l’autre, ils avaient pris beaucoup trop de retard : Voldtari serait là dans quelques heures tout au plus avec toute son armada.
Après quelques longues heures d’une course effrénée, les deux hommes étaient enfin arrivés aux portes de l’immense demeure de pierre grise, froide et austère, qui abritait l’objet de leur crainte. Au-dessus de leur tête le ciel s’était empli de sombres nuages, sinistre augure de la bataille qui allait suivre.
Fab Enzal ne s’étonna point de trouver le pont-levis fermé. Tout naturellement, il dégaina sa sabro-baguette et lança le sort qu’il avait entendu dans sa vision :
« Sesame openate ! »
Rien ne se passa.
Inquiets, Fab Enzal et Benje Socar s’avancèrent.
Que leur arrivait-il ? La Force aurait-elle commis une erreur ?
Le padawan sortit son arme et lança le sort à son tour.
WOOF !
Ils n’eurent que le temps de bondir par côté pour éviter la porte soufflée avec fureur qui alla stopper sa course quelques mètres plus loin, déracinant de nombreux pins sur son passage.
La première d’une longue série d’épreuves destinées à ralentir mortellement l’ardeur des curieux…
Un simple bond permit aux deux hommes de pénétrer dans l’immense bâtisse. L’intérieur était empli d’une totale obscurité, et même la lumière des deux sabro-baguettes semblait impuissante à éclairer quoi que ce fût.
« Nous sommes entrés par l’aile Nord du château », déclara le Maître Jedi.
Sa voix résonnait d’une manière étrangement lugubre.
« Dirigeons-nous vers l’Est pour atteindre l’escalier qui nous mènera tout en haut du donjon. »
La demeure, que dis-je, la citadelle, était constituée de quatre longs corridors formés de salles aux dimensions extraordinaires et menaçantes.
D’après ses estimations, le Maître Enzal pensait que trois pièces les séparaient du fameux donjon. Il fallait faire vite.
Les deux hommes s’avancèrent sur leur droite, se fiant plus à la Force qu’à leurs maigres sensations visuelles. Ils franchirent le premier portail ouvragé et aboutirent aussitôt dans un autre monde ! Des milliers de torches s’étaient soudain allumées, éclairant une immense arène de sable délimitée par des gradins remplis de spectateurs vociférant ! Derrière eux la porte se referma dans un fracas épouvantable.
D’un même geste, le maître et son apprenti adoptèrent une position de combat, épaule contre épaule ; devant les gradins s’ouvrirent deux trappes qui laissèrent échapper… Oh surprise ! Mais comment donc cela était-il possible ? Même la magie ne pouvait accomplir un tel miracle ! S’avancèrent vers eux d’un air plus menaçants que jamais, brandissant bien haut leurs sabro-baguettes, Benje Socar et Fab Enzal, du moins leurs doubles respectifs !
Les deux clones maléfiques lancèrent un sort en même temps destiné à figer leurs adversaires qui ripostèrent en leur envoyant deux boules de feu.
Le combat s’engagea sans d’autre préambule.

* * *

L’Empereur, en compagnie de sa tendre Sophia, contemplait depuis le pont principal la vue délectable de ces étendues de pins qui enserraient le château de Serpentard ; il rêvait déjà de la Pierre, de son pouvoir absolu.
Le maître incontesté de l’univers, l’Empereur-Dieu de la galaxie…
Un raclement de gorge derrière son dos lui rappela la présence de Cimetière :
« Que veux-tu ?
- Je venais vous informer, mon Maître, déclara l’homme de sa voix mielleuse, que nos radars espions ont détecté la présence de deux personnes dans le château.
- J’ai déjà senti ces misérables Jedi ; les imbéciles sont en train d’ouvrir les portes de ma victoire.
- Vous serez peut-être intéressé par le fait d’apprendre aussi qu’un rassemblement insolite de petites créatures a lieu en ce moment même dans la forêt ; il ne s’agit certainement que de meutes sauvages et primitives, mais dans le doute… Peut-être devrions-nous employer le Rayon Z.
- Les orques feront l’affaire ! répliqua sèchement Lord Voldtari. Ne sous-estime jamais la force du Côté Obscur : si quelques misérables autochtones tentent de se rebeller, rien ne sera plus facile que de les écraser. Pars préparer les troupes et envoie-moi le nouveau Décimeur.
- Bien, mon Maître. »
Le seigneur noir n’avait pas attendu la réponse de son serviteur pour tourner les talons et se diriger vers sa navette, accompagné d’un baiser d’adieu de sa concubine et du sourire innocent de sa fille adorée.
La consécration absolue ne pouvait se permettre d’attendre plus longtemps.
Le jour de gloire est arrivé…

La lutte était bien trop égale : chaque combattant affrontait son propre double aux capacités semblables. Impossible d’avoir le pas sur l’autre. Benje Socar et Fab Enzal décidèrent alors de changer de tactique ; d’un accord tacite ils unirent leurs forces pour projeter le sosie du padawan au loin et tenter de terrasser ainsi le faux Maître dans un combat à deux contre un. Dévoilant leur ruse, les jumeaux diaboliques se métamorphosèrent aussitôt en hideuses créatures, bien plus puissantes : la première ressemblait à un scorpion difforme, aux pinces démultipliées et à la carapace couverte de fourrure orange ; la seconde un immense reptile à trois têtes, une hydre démoniaque.
Un combat d’un style nouveau s’engagea… qui fut finalement remporté par nos deux héros, je ne puis vous expliquer comment tant la joute fut spectaculaire et entremêlée, digne des plus belles arènes de Taris.
Le fait est qu’à l’instant même où les deux bêtes succombaient, la porte qui menait à la pièce suivante s’ouvrait dans un grincement affreux.
Les deux Jedi se hâtèrent de quitter les lieux du combat. Une nouvelle épreuve les attendait…
La deuxième salle était beaucoup plus étroite que la précédente, le plafond bas rendant l’atmosphère des plus écrasantes ; comme on pouvait s’y attendre, ils furent à nouveau enfermés, ou presque. Chose inattendue, la sortie leur tendait les bras : une centaine de mètres à franchir et ils auraient traversé la pièce.
Tout cela sentait le coup fourré à plein nez !
Et effectivement, quelques secondes à peine s’étant écoulées, la machine infernale se mettait en route : du sol surgissaient à intervalles réguliers, des centaines de piques, plus rapides que le déluge, et les torches ne cessaient de clignoter pour provoquer un aveuglement des plus gênants… Et si encore il ne s’agissait que de cela ! Le plafond s’abaissait lentement mais sûrement, coupant court à toute prudence excessive pour celui qui craignait l’écrasement ; enfin, dans le même temps, la porte tournait sur ses gonds. Bref, un des plus mortels stratagèmes de destruction, que seule une communion parfaite avec la Force pouvait surmonter.
Benje Socar en sortit néanmoins avec une belle balafre à la jambe et Fab Enzal y avait laissé sa cape de tissu elfique.
Un dernier obstacle les séparait encore du donjon où ils pourraient éviter un désastre pire encore que leur propre mort.

Julius Spartakus Atréides, majestueusement perché en haut de sa licorne, contempla avec admiration la foule qui s’était rassemblée autour de lui ; il avait eut tôt fait d’être introduit auprès du grand Bobby, le seul elfe de maison à avoir osé se rebeller alors que l’esclavage était une pratique répandue et abusive sur toute la surface du globe. L’elfe l’avait aussitôt reconnu comme son souverain légitime, digne héritier d’Andomir. Avait suivi tout un rituel de purification et d’accueil, suivi d’une prière à la mémoire des ancêtres de Julius. Le pauvre homme n’avait pu couper à tout ce cérémoniel, bien que le temps fût des plus précieux. Désormais, Poudlard serait sa nouvelle patrie, son fief, et il ne pouvait négliger les coutumes locales. Très vite, après la séance de divination où une vie et une mort de grand roi lui fut prédite, on sortit les armes des réserves, et des messages trans furent envoyés à travers toute la forêt pour prévenir les villages voisins de l’imminence d’une attaque. En quelques heures, une véritable armée s’était réunie, prête aux combats aux ordres de Spartakus.
L’homme savait que l’ennemi était arrivé et déversait ses troupes par milliers sur la surface de la planète. Le combat était inégal numériquement mais il ne remettait pas en doute les facultés exceptionnelles de ses alliés ; il espérait que les deux Jedi, de leur côté, maîtrisaient la situation, la victoire dépendant autant d’eux que de lui. La clameur des orques faisait trembler le sol sous leurs pieds.
L’heure était arrivée où leur existence à tous allait enfin prendre sens.
Julius porta le cor à ses lèvres, et se lança dans la plus effroyable bataille qui n’eut jamais lieu…

La dernière épreuve n’attendait plus qu’eux pour commencer ; la salle était une fois de plus immense, le sol recouvert d’un dallage noir et blanc étrangement sphérique. Aussitôt que les deux hommes eurent pris place dans les lieux surgirent du sol des dizaines de monstres hideux ; Fab Enzal jeta un long regard autour de lui avant de comprendre en quoi consistait l’énigme : sans le savoir, les deux hommes venaient d’engager une partie de dejarik, ce simili de jeu d’échecs très en vogue chez les contrebandiers.
Ils jouaient les bleus et c’était à l’adversaire de commencer ; une bête affreuse à l’allure d’ours s’avança et broya la gorge du singe, si l’on pouvait parler ainsi, qui lui faisait face, sans aucun échappatoire possible. En effet, Fab Enzal et Benje Socar étaient mystérieusement cloués au sol et ne pouvaient que se contenter de donner des ordres ou avancer eux-mêmes lors de déplacements stratégiques !
Heureusement que dans les histoires les bons finissent toujours vainqueurs ! Je ne sais comment nos deux amis auraient pu s’en sortir autrement.
Le fait est que s’ouvrait à eux quelques longues minutes plus tard l’escalier menant au donjon où les attendaient le combat avec le dragon.
Ils avaient fait à peine quelques pas que bien loin au-dessus de leur tête retentissaient de multiples explosions.
Au-dehors la bataille venait juste de commencer…

Cinq… quatre… trois… deux… un…
Jace Starkiller tira à lui le manche de l’appareil pour réintégrer l’espace normal.
Aussitôt, il débita les ordres dans son micro.
« Leader éclair à tous les vaisseaux. A l’attaque les gars ! Formation de combat. Eclair un et deux à ma gauche, cinq et sept à ma droite ; les autres placez-vous en étoile. Il va falloir d’abord se débarrasser des chasseurs ennemis le temps que les croiseurs détruisent les boucliers. Ne faites pas trop d’actes de bravoure désespérée, un pilote vivant vaut mieux que dix morts. De plus, je vous rappelle que nous sommes les seuls à être équipés de bombes à protons, alors ne les gaspillez pas.
- Bien reçu, Leader Eclair », répondirent les pilotes tous en cœur.
Jace manoeuvra pour approcher son vaisseau de la planète et profiter ainsi de la protection relative que lui offrait l’atmosphère. L’ennemi se trouvait droit devant, à moins d’un mille de distance.
L’Astre cracha un flot de chasseurs tie, de redoutables engins de mort toutefois dépourvus de boucliers.
Un bip dans son casque annonça un message prioritaire.
« Ici Thoma’as, depuis le Victoire. A tous les vaisseaux de la flotte : ne restez jamais immobile quelles que soient les circonstances, à moins que vous ne désiriez être pris dans le faisceau du terrible Rayon Z. Je répète : prônez la mobilité sur la précision, il en va peut-être de notre vie à tous. Terminé. »
Comme en réponse à son intervention, un faisceau verdâtre s’échappa du vaisseau de Voldtari avant de zébrer l’espace, frôlant de peu un croiseur calamarien.
Jace ravala sa salive avant de plonger dans le chaos infernal de la bataille.

L’engagement décisif venait d’être amorcé, orchestré de main de maître par le Bene Gesserit. Profitant de l’absence de l’Empereur et de l’affolement des gardes qui lui étaient assignés, Sophia se précipita vers ses quartiers pour rassembler quelques documents importants avant de fuir au loin.
Sitôt entrée dans la pièce, elle déposa sa chère fille dans son doux landau de chêne. Terrible erreur ! L’enfant une fois confortablement installée, un mécanisme du diable se mit en route et autour du berceau s’éleva une sphère en verre de Kuat, réputé indestructible : sa petite fille était prise au piège !
Une missive griffonnée de l’écriture cunéiforme de Voldtari s’en détacha :

« Ma très tendre Sophia,
Je ne sais comment vous avez pu émettre la folle pensée de vouloir tromper mon auguste génie mais sachez que jamais tentative ne fut plus stupide que la vôtre. Depuis votre arrivée sur l’Astre, je ne retrouvais plus vos tendres transports d’autrefois et vos pitoyables démonstrations avaient perdu toute leur intensité. Apparemment vous êtes retournée à la minable cause rebelle, suite certainement à la visite fort peu secrète de votre cher Jace.
Sachez cependant que tout crime mérite d’être puni et que vous avez envoyé votre tendre vers une mort des plus certaines. Même à vous je ne pouvais divulguer la vérité : pour peu qu’il arrive jusqu’à cette soi-disant ‘’bouche d’aération’ – ce dont il m’est permis de rire bien fort – une surprise de taille attend votre prince imbécile : cette ‘’bouche’’ n’est autre que la sortie du Rayon Z ! Vraiment, mon génie est sans faille, n’est-ce pas ?
Dans l’assurance que vous ne me faussiez point compagnie, j’ai pris la liberté de prendre notre propre enfant comme otage ; partez et plus jamais vous ne la reverrez. Une femme avertie en vaut deux.
Votre humble dévoué,
Le Génialissime Empereur des Millions de Mondes, le superbe Lord Voldtari. »


Les orques déferlaient en nuées informes, vomis par les gueules des vaisseaux transporteurs ; ils avaient mis le feu à la forêt, éclairant la bataille des braseros rougeoyants de la mort. Les monstres hurlaient en fonçant dans la cohue. Pour un qui tombait, dix venaient le remplacer. Julius n’avait jamais vu créature plus immonde, l’air ambiant était imprégné de leur odeur poisseuse et de la fragrance du sang.
Les elfes de maison se battaient plus ardemment que jamais, usant de ruse et de malice ; ils tendaient des pièges à leurs ennemis, les dispersant pour mieux les abattre. Ces petites créatures étaient douées de puissants pouvoirs magiques ! Elles retournaient les flammes de l’incendie contre les orques, invoquaient des bourrasques de vent propres à arracher la chair des os…
Malgré tout, un combat d’usure aurait bien vite raison de leurs maigres forces.
Si Fab Enzal et son apprenti ne détruisaient pas la pierre au plus vite, leur sacrifice aurait été peine perdu. Le temps leur était compté.

La vallée lointaine résonnait des cris de la bataille.
Les deux hommes grimpaient sans relâche, espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard. L’escalier à colimaçon ne semblait jamais vouloir prendre fin et se déroulait toujours plus loin sous leurs pieds, quelque sorcellerie semblait multiplier le nombre de marches.
Cela faisait dix longues minutes que les Jedi s’appliquaient à gravir les degrés du donjon sans jamais en voir le bout.
Ils finirent cependant par déboucher avec une soudaineté déconcertainte, haletants, dans l’immense salle des gardes. Un avertissement de la Force les fit stopper net, à juste titre.
Une femme surgit de l’ombre et leur barra le chemin.
« STOP ! »
Fab Enzal l’étudia avec surprise : elle était grande et svelte ; un air d’arrogance et de mépris transfigurait son visage royal qui ne trahissait aucun défaut ; ses yeux brillaient d’une étrange envie ; elle était vêtue d’une longue robe noire qui faisait ressortir ses formes travaillées, sorte d’aba telle qu’en portaient les prêtresses d’Amazonia sur laquelle étaient brodés deux grands dragons rouge et blanc entrelacés.
Elle prit la parole de sa voix haut-perchée, l’air hautain :
« Tiens donc, voici deux nouveaux visiteurs… Un Jedi et son apprenti, je présume…
- Je me présente, Madame ; je suis Fab Enzal et…
- Je me moque de savoir qui vous avez été jusqu’à présent ! » cria-t-elle.
Dans ses yeux dansaient d’inquiétantes taches orangées.
« Vous ne parlerez que quand je vous en donnerai l’ordre, et m’appellerez du nom de Très Honorée Matriarche ! La Pierre, la Pierre, vous la cherchez tous, pauvres mortels imbéciles. La gloire, l’honneur, le pouvoir ! Que de nobles idéaux ! Mais tout ce mérite ici-bas… Non, non… Que la vie serait bien simple s’il suffisait de tendre les bras et de recevoir. Mais il faut mériter pour vivre et vivre pour mériter. Rien n’est jamais simple, rien ne sera jamais parfait à moins d’atteindre le grade d’Honorée Matriarche ; mais là encore il faut faire des sacrifices, du stade de récepteur nous devenons pourvoyeurs. »
La sorcière débitait tout cela de sa voix de crécelle, ne se souciant nullement des deux hommes.
Fab Enzal décida de détourner son attention d’une fluctuation de la Force.
« Comment osez-vous effectuer vos tours de passe-passe sur moi, misérables ! »
Elle bondit et assena un coup du tranchant du pied dans l’estomac de Fab Enzal qui recula en titubant, le souffle coupé. La Force avait été incapable de le prévenir.
Les taches orange s’agitaient plus violemment que jamais.
« Le temps, le temps n’est rien lui non plus. Seul compte le pouvoir ! La Pierre… Je le sens, vous ne pensez qu’à cela, la Pierre ! Trois énigmes, trois petites énigmes et peut-être elle vous appartiendra… »
Une solitude prolongée semblait avoir rongé le peu de raison que possédait cette étrange femme.
« Répondez, ou vous mourrez. Cette chose toute chose dévore : oiseaux, bêtes, arbres, fleurs ; elle ronge le fer, mord l’acier ; réduit les dures pierres en poudre ; met à mort les rois, détruit les villes et rabat les montagnes. Qu’est-ce ? Vous avez trente secondes de réflexion. »

La bataille prenait des dimensions disproportionnées. Tout l’espace semblait empli d’explosions lasers et des débris des vaisseaux anéantis.
Jace fonçait en une courbe épinglée pour tenter de semer le poursuivant qui se trouvait derrière lui, enchaînant de multiples tonneaux afin d’éviter de rester dans sa ligne de mire. Impossibler de s’en défaire !
Une déflagration retentit soudain et le cockpit enflammé de son adversaire frôla sa carlingue.
« Merci, Eclair Deux !
- C’était rien, Leader. On dirait qu’on leur a mis la pâtée, aux impériaux. »
En effet, plus aucun vaisseau ne sortait des entrailles de L’Astre et seuls quelques chasseurs isolés subsistaient dans les environs. Il ne restait plus que les turbo-lasers de l’immense station et le terrible rayon Z qui ne cessaient de déchirer l’espace ; plusieurs croiseurs avaient été touchés et semblaient depuis vides de toute vie.
Cela faisait froid dans le dos.
Jace se connecta sur la fréquence du Victoire.
« Que se passe-t-il donc ? L’ennemi est à court de chasseurs ?
- Impossible de le savoir, lui répondit le tacticien privé de Thoma’as. Peut-être s’agit-il d’une ruse de Voldtari destinée à nous attirer trop près du Rayon…
- Quels sont les ordres ?
- Protégez les croiseurs le temps qu’ils terminent de détruire les boucliers ; cela devrait être chose faite d’ici une quinzaine de minutes. Mais qu’est-ce que… »
L’homme n’avait terminé sa phrase qu’une nuée informe d’appareils prit son envol depuis le vaisseau de l’Empereur. Des centaines, ou plutôt des milliers, d’étranges chasseurs envahirent l’espace en quelques instants !
« Touque, donne-moi l’analyse complète de ces vaisseaux » demanda Jace, angoissé.
Le droïde astro-mécanicien ne tarda pas à lui fournir la réponse.
« Il s’agit d’êtres biologiques, Monsieur.
- Quoi ? s’exclama le jeune homme. Tu dois faire erreur, aucun animal ne peut survivre dans le vide spatial.
- Il faut croire que si, Monsieur. Le scanner montre qu’ils ne possèdent aucun organe vital si ce n’est un cœur et un minuscule cerveau ; le corps de ces créatures est recouvert d’une carapace ignifugée qui semble émettre un faible champ magnétique capable de détourner les tirs de lasers.
- Mais c’est impossible ! »
Un appel retentit sur tous les vaisseaux.
Une voix mielleuse prit la parole :
« Son Altesse Sérénissime, Empereur des milliers de mondes, le génialissime Lord Voldtari, espère que vous prenez plaisir à assister à sa victoire. Il vous envoie en guise de remerciement pour avoir accepté son invitation quelques uns de ses animaux domestiques, les adorables Nazguls. »
Jace lâcha un juron bien senti ; il venait d’être pris en chasse par l’une de ces monstrueuses bêtes au corps de diablotin, une longue tête effilée ponctuée de deux yeux globuleux, une immense paire d’ailes parcheminées et une queue démesurée avec laquelle elles fouettaient le vide.
La créature cracha une boule de feu qui vint s’écraser contre ses boucliers.
« Touque, j’ai mal entendu ou tu m’as dit qu’ils ne craignaient pas les rayons lasers ?!
- Votre acuité auditive me semble performante mais…
- Viens en au but ; comment peut-on s’en débarrasser ?
- Je pense que vous devriez consacrer vos efforts sur l’appendice crânien de l’animal.
- Tu penses… »
Il devrait bien se contenter de cette éventualité.

Cette chose toute chose dévore… Elle réduit les pierres en poudre, met à mort les rois…
L’horrible sorcière égrenait les secondes de son talon pointu.
Fab Enzal ne cessait de ressasser ces quelques mots, de les ordonner ; la Force n’était d’aucun secours dans un tel cas.
« Plus que dix secondes ! » s’écria gaiement l’Honorée Matriarche.
Le temps, il me faudrait plus de temps. « Le temps n’est rien lui non plus » avait crié la femme. Que ne pouvait-elle se taire ? Mais... oui !
Le temps, bien sûr !

« Le Temps est la réponse à votre question ! »
Un éclair rageur accueillit dans les yeux de la sorcière la phrase de Fab Enzal.
« Vous n’êtes peut-être pas si bêtes après tout ; à moins que la chance n’ait joué en votre faveur. Une deuxième énigme pour voir si vous méritez mon trésor : Quelle est la chose que l’on reçoit sans remercier, dont on jouit sans savoir comment, qu’on donne aux autres quand on ne sait où l’on en est, et qu’on perd sans s’en apercevoir ? Trente secondes… »

Julius était perdu dans cette incroyable marée extraterrestre, perché en haut de sa licorne, donnant des ordres de-ci de-là pour tenter d’endiguer le flot de l’armée de l’ombre. Les orques attaquaient toujours plus nombreux et même les charges magiques des elfes ne suffiraient plus à les retenir très longtemps. Impuissant, il avait assisté à la sortie des nazguls ; certaines de ces horribles créatures les attaquaient de temps à autre, déstabilisant une situation déjà bien précaire.
Le Prince de Poudlard fut soudain projeté au sol par une forme sombre, un orque plus hardi que le reste de ses compagnons. Julius se releva tant bien que mal, évitant le coup de hache que lui assenait le monstre et dressa bien haut Andomir. L’orque ne semblait pas du tout intimidé et réitéra son attaque. Notre héros dut une fois de plus faire un pas en arrière pour éviter le coup fatal mais ce faisant il trébucha sur un cadavre ; enchanté, le démon se pencha pour l’écraser… et s’empala sur l’épée de Spartakus. Il s’écrasa de tout son poids sur l’homme.
Julius se releva, essuyant du sang au coin des lèvres. Sa monture avait disparu, il ne devrait plus combattre que comme simple fantassin.
Une explosion retentit au-dessus de sa tête. Un chasseur tie s’écrasa quelques mètres plus loin…

Benje Socar se creusait les méninges, apparemment aussi impuissant que son maître à démêler cette difficile énigme. Il allait abandonner tout espoir quand il se remémora une maxime amazonienne que lui avait apprise Starkiller lors de leur voyage à destination de Coruscant.
Rien n’est plus précieux que la vie mais personne ne s’en aperçoit, et lorsqu’il est trop tard on a tout oublié, jusqu’à son existence. « C’est la vie ! » s’écria-t-il.
La sorcière lui bondit au visage et le foudroya d’une claque du revers de la main.
« Comment oses-tu parler, jeune impertinent ! »
La folie agitait ses traits, l’orange couvrait toute la surface de ses pupilles dilatées et la rage faisait frémir son corps.
« Encore une énigme, encore une énigme avant la fin… Quel est l’animal qui marche à quatre pattes le matin, à deux pattes le midi et trois le soir ? Dix secondes… »
Les deux hommes répondirent instantanément.
« C’est l’homme ! »
Une voix dans leur dos semblait avoir soufflé la bonne réponse. La sorcière partit d’un rire aigu qui se métamorphosa en un cri hystérique ; elle partit d’une roue destinée en vain à décapiter les Jedi avant de sauter par la fenêtre.
La Sphinx avait été vaincue…
A peine remis de ses émotions, Fab Enzal s’avança vers la vitrine qu’il avait aperçue lors de sa confrontation avec la Très Honorée Matriarche : une dizaine de pierres, toutes différentes, étaient étiquetées du nom de Pierre de Kaiburr. Un avertissement sybillin les accompagnait :

« Cinq de ces pierres te seront fatales,
Trois te ramèneront d’où tu viens
Et une de métamorphosera en nain.
La dernière vaut mille pierres philosophales. »


Laquelle était la bonne ? Ils n’en avaient que faire, il leur suffisait de toutes les détruire.
C’était sans compter sur une petite surprise…
« Ah ! Ah ! Ah ! »
Un rire démoniaque retentit soudain derrière eux.
« Votre rôle dans toute cette affaire est maintenant terminé, jeunes imbéciles. Vous avez bien travaillé et mon génie vous en remercie. Il est désormais temps pour vous de vous reposer, à jamais, dans votre tombeau… Ah ! Quel Génie je fais ! »
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Messagepar Benje Socar » Jeu 04 Mai 2006 - 8:27   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 6

Chapitre VI
L’Eclipse de la victoire


« Le pouvoir est le nerf de la guerre, le sang l’opium du guerrier et la mort la récompense de l’innocent. Tout conflit ne fait que jongler sur les différentes échelles de l’horreur. »
Analyse Zenzunni



Sophia était agitée de transports tels qu’elle n’en avait jamais connus ; partagée entre son amant et sa fille, elle était prisonnière du terrible piège que lui avait tendu l’Empereur démoniaque. L’amour, le terrible amour… Que de souffrances engendrait un tel sentiment ; à jamais il faudrait que les Sœurs l’éliminent au sein du Bene Gesserit, un tel cataclysme pourrait leur être fatal, à elles toutes !
Dans sa prison de verre, la petite fille pleurait, elle criait de sa voix engorgée sa peur et sa colère, rien ne semblait pouvoir l’arrêter, pas même le manque d’air dans ses poumons. Sophia se leva pour essayer de la calmer mais sitôt s’était-elle approchée du berceau qu’elle se figea de stupeur.
L’enfant poussait des cris suraigus, la fureur défigurait ses traits ; le verre de Kuat commençait à se fendiller de toutes parts et il finit par exploser en mille morceaux.
Aussitôt les cris cessèrent.
La jeune reine tremblait, remplie à la fois de joie et d’effroi.
La Force semblait très puissante chez sa fille, trop puissante…
Jamais il ne faudrait que l’enfant soupçonne l’existence en elle-même d’une telle puissance. Jamais !

Majestueux dans son costume de combat qu’il aimait tant, Lord Voldtari s’avança, sabro-baguette au poing, suivit… de lui-même ! Décidemment cette sinistre journée était placée sous le signe de la gemmelité ! Voldtari, que l’on reconnaissait à sa prestance, pointa son arme sur Benje Socar et lui lança violemment un Stupéfix que l’autre eut tôt fait de contrer, puisant cependant trop d’énergie pour parer l’éclair que lui envoyait sournoisement le Décimeur amélioré.
« Va te coucher, petit morveux ! ».
Projeté contre un mur, sa sabro-baguette détruite, le padawan sombra quelques secondes dans l’inconscience.
« Une fête se prépare, on dirait. Vous ne m’avez donc pas invité ? »
Voldtari virevolta au son de cette voix inconnue qu’il n’avait su percevoir dans la Force. Un jeune homme pénétra dans la pièce, revêtu de la tenue classique des sardaukars ; dans sa main luisait un sabrolaser vermillon.
« Malheur ! cracha Voldtari.
- On ne se débarrasse pas aussi facilement de Mace Alton ; vous allez maintenant payer pour le meurtre de mon maître, l’honoré Fatarng’on, et tous vos autres crimes. »
L’Empereur ricana avant de se plonger dans le combat ; il lança un sort paralysant à l’encontre de Fab Enzal et aussitôt engagea le corps à corps d’une botte pernicieuse bien à lui. De leur côté, Mace et le Décimeur semblaient projetés dans un ballet incroyable d’attaques, feintes et parades, éclairés de temps à autre par une gerbe d’étincelles. De part et d’autre, le combat gagnait en ampleur de seconde en seconde…
Benje Socar, lui, se remettait petit à petit du choc qu’il venait d’encaisser. En apparence, il semblait ignoré de tous. Le padawan décida toutefois qu’il lui fallait aider son Maître à tout prix ; une idée de génie lui traversa soudainement l’esprit. Il profita d’une attaque de Fab Enzal qui avait déséquilibré un tant soit peu Lord Voldtari, assez du moins pour faire faiblir son attention, pour s’emparer grâce à la Force de l’arme du seigneur des ténèbres.
« Satané gamin ! » s’écria ce dernier, explosant de rage.
Mais sitôt que Benje Socar eut pris possession du sabre de lumière, l’Empereur éclata d’un rire démoniaque. Le jeune garçon ressentit soudain comme jamais auparavant une impression de pouvoir absolu, de puissance infinie ; avec une telle arme il pourrait mettre fin au chaos d’un conflit destructeur pour instaurer un ordre durable, SON ordre… Mais jamais son maître ne le lui permettrait : « Le Code Jedi interdit… » ; ce maudit code interdit tout ce qui donne du piquant à la vie ! Tant pis, il lui faudrait passer outre son maître, il lui faudrait le détruire !
Un sourire mauvais au coin des lèvres, Benje Socar s’avança sous le regard amusé de Voldtari avec pour unique objectif terrasser Fab Enzal, déjà affaibli par le duel contre l’empereur des ténèbres…

Il en sortait de partout ; Jace ne s’était pas débarrassé d’un de ces immondes nazguls qu’une poignée entière envahissait toute la vue de son cockpit. Eclair Trois et Eclair Dix s’étaient déjà fait descendre, Cinq avait dû s’éjecter dans l’espace avant d’être recueilli par le croiseur Alliance. Les boucliers de L’Astre faiblissaient de minute en minute mais dans le même temps diminuait le nombre de croiseurs alliés ; le rayon Z faisait des dégâts épouvantables.
Le jeune homme ne savait pas s’il pourrait survivre jusqu’à l’action finale…

La marée orque ne semblait jamais avoir de fin ; Julius se démenait tant bien que mal, criant des ordres du plus fort qu’il le pouvait.
Mais le sort en avait été jeté, il leur fallait désormais jouer leur dernier atout avant qu’il ne soit trop tard. L’homme leva Andomir bien haut avant d’ordonner la retraite sur la petite colline qui dominait les lieux ; les maigres forces elfiques se rassemblèrent donc pour l’assaut final. Julius rappela brièvement leur impératif : dans quelques secondes il allait brancher un champ magnétique destiné à les protéger du cataclysme qu’ils allaient déclencher ; fusionnant leurs dernières forces, les elfes devaient invoquer les puissances de la nature et faire tomber une pluie de grêlons plus massifs encore que des boulets de canon.
Si jamais les orques survivaient, il serait le seul en mesure de les combattre, les elfes étant étant trop faibles de par leur acte démesuré.
Encore faudrait-il pour cela que le bouclier tienne le coup…
D’un mouvement du bras, il mit en branle ce qui représentait leur ultime et désespéré espoir.

Fab Enzal était terrifié : son propre padawan, qu’il avait considéré comme un fils, tentait de l’anéantir sous l’emprise du démoniaque empereur ! Le garçon ne semblait plus qu’une simple marionnette dans les mains de Lord Voldtari qui riait à gorge déployée.
L’apprenti se battait avec une habileté méphistophélique, retournant contre son maître toutes les parades qu’il lui avait enseignées. Benje Socar mettait toute sa rage dans chacune de ses attaques, le Côté Obscur de la Force irradiait ses veines, et les pulsations incessantes lui déchiraient les tympans. Il lui fallait tuer son maître, son unique ennemi ; mais ce dernier s’obstinait à refuser de mourir et le jeune garçon s’épuisait rapidement.
Voldtari finit par lui arracher l’arme des mains et le jeta au loin.
« Assez joué, petit ! Voyez comme mon génie est invincible ; jamais vous ne pourrez me vaincre ! »
Le Maître Enzal était à bout de force ; les deux combats successifs avaient retiré en lui la moindre parcelle d’énergie. S’il ne trouvait pas bientôt de quoi mettre fin au combat, un désastre absolu en découlerait…

Sophia avait repris espoir ; au dehors la bataille se faisait plus sanglante que jamais, mais désormais elle savait qu’elle pouvait y remédier. Sa fille endormie contre son sein, elle avançait à pas de loup dans l’inextricable labyrinthe des couloirs sombres et sinueux de L’Astre, ignorée de tous, en direction de la salle de contrôle du rayon Z.
Un sardaukar ignare montait la garde et lui barra le chemin.
Une utilisation basique de la Voix suffit à l’en intimider.
« Savez vous à qui vous parlez, misérable ! s’écria-t-elle en adoptant le ton impérieux de Voldtari. Ouvrez-moi sous peine d’être renvoyé dans le camp de formation sur Salusa Secundus dont vous n’auriez jamais dû sortir tant est grande votre stupidité ! »
L’homme s’écarta en bredouillant des excuses incohérentes.
Dans la petite pièce emplie de voyants lumineux, deux techniciens de la Guilde Spatiale, perdus dans leur bocal enfumé d’Epice, dirigeaient par la pensée les multiples cadrans et viseurs. Armée d’une chaise qu’elle trouva dans la pièce, Sophia s’empressa de briser leur aquarium d’Epice, ignorant les cris des deux techniciens. En quelques secondes, ils asphyxiaent. Le terrible rayon Z était désormais hors service : un martèlement incessant sur la coque venait de lui apprendre que les boucliers étaient tombés.
Son travail ici était terminé.
La jeune femme se précipita alors en direction du hangar le plus proche et s’enfuit à bord d’une petite navette, en direction d’un système aussi éloigné que possible.

Le Jedi Mace Alton n’en finissait plus d’aligner botte sur botte sans aucun résultat ; le Décimeur Noir semblait doué de prescience, prévoyant chacune de ses attaques plus longtemps à l’avance que ne le permettait d’ordinaire la Force.
Là résidait son plus grand pouvoir, ce qui le rendait quasi-invincible.
Là aussi devait résider sa plus grande faiblesse.
Mace entreprit de jouer le jeu de son adversaire. Pendant de longues secondes, il mit délibérément sa vie en péril, attaquant de la manière la plus attendue et la plus conventionnelle possible pour endormir les réflexes de son adversaire : ce dernier n’y voyait que du feu. Etant presque certain lui-même d’enchaîner comme tout combattant le ferait son horion descendant par une courbe ascendante, il continua soudainement à une vitesse effrayante par une ligne droite, sectionnant net les deux jambes de son adversaire qui tomba à la renverse et qu’il n’eut aucun mal à achever ! Mais ce faisant il ne put éviter le sabre laser de l’autre qui lui transperça l’épaule.
Un premier combat venait de s’achever.
Benje Socar, encore atterré par ce qu’il venait de subir, peinait à se remettre du tour maléfique que lui avait joué le seigneur des ténèbres. Il ne pouvait plus qu’assister, hébété, au duel qui opposait son maître à Lord Voldtari.
Ce dernier exultait :
« Ta fin est proche, imbécile. Rends-toi et je promets d’épargner la vie de ton padawan !
- Si tu me terrasses, je serai bien plus puissant encore ! »
C’est alors que survint une scène qui hanta les cauchemars de Benje Socar pendant de très nombreuses années : des morceaux du plafond volaient en tous sens dans la pièce, dirigés par le Côté Obscur et frappaient sans relâche le courageux Fab Enzal qui se défendait du mieux qu’il pouvait. L’un d’eux néanmoins le déséquilibra et, œuvre diabolique, en un mouvement si rapide qu’il défiait la vision humaine, Voldtari poignarda son adversaire qui chancela, avant de s’écrouler.
« NON ! »
Benje Socar et Mace Alton avaient voulu se précipiter au secours du Jedi mais Voldtari les en empêcha d’un simple sort : entre eux et lui il projeta un mur invisible et infranchissable.
« Assistez à mon triomphe et après je règlerai votre sort ! »
L’Empereur s’avança, tout guilleret, sautillant allégrement même au leitmotiv de Je suis un génie ! vers la vitrine où reposaient les dix pierres.
« Laquelle vais-je choisir… Voyons, voyons… Cinq te seront fatales… Avertissement pour les imbéciles dépourvus de la Force ! Je le sens bien, la puissance absolue vibre dans l’une d’elle ; laquelle ? Laquelle ? Aahh… La pierre appelle son maître et elle l’a trouvé ! »
Tandis qu’il parlait ainsi, un faible murmure, si insignifiant qu’il n’y prêtait même pas attention, s’éleva derrière son dos.
« Portoloin, portoloin, d’ici au vaisseau de guerre constitue le plus court chemin
Voldtari ne s’était pas aussitôt saisi d’une pierre que le sort fusait depuis la sabro-baguette de Fab Enzal pour frapper de plein fouet la roche dont il venait de s’emparer ! Avant que le portoloin ne le téléporte, dans un ultime accès de rage, les traits rabougris, l’Empereur fou s’écria : « La mort n’est que le commencement ! » et il disparut à jamais…
Benje Socar accourut aussitôt auprès de son maître qui venait de s’effondrer après l’effort désespéré qu’il venait de fournir. Il voulut parler, crier, pleurer, quand un murmure de Fab Enzal lui coupa la parole.
« L’enfant de… Cyn… Jure-moi de protéger l’enfant. L’Elu… »
Un courant d’air glacé traversa la pièce et emporta l’esprit du brave Maître Enzal qui désormais ne faisait plus qu’un avec la Force.
Anéanti, Benje Socar tomba sur le sol auprès de son défunt maître.

Les boucliers étaient tombés, l’assaut final venait de commencer. Les nazguls faisaient encore de terribles ravages parmi les alliés rebelles et l’Escadron Eclair ne se ramenait plus qu’à Jace, Eclairs Quatre et Huit. Les trois hommes faisaient du rase-motte à la surface sinueuse de L’Astre, slalomant entre les trop nombreuses tourelles lasers.
« Par la bave noire d’un Hutt ! s’écria Huit. Je viens de perdre mes boucliers ! Il me faut rejoindre le Liberté au plus vite. Bon courage, les gars ! »
Plus que deux…
Le terrible rayon Z avait été désactivé, sans nul doute grâce à sa tendre Sophia, mais il ignorait si elle avait réussi à rejoindre saine et sauve le vaisseau amiral.
Sur son radar, les chiffres défilaient : un kilomètre, huit cents mètres… petit à petit la distance qui le séparait de la bouche d’aération diminuait.
Une boule d’acier en fusion alla soudain s’écraser contre la coque accidentée de l’engin. Deux nazguls venaient de les prendre en chasse et avaient détruit Quatre. Il restait seul dans la course.
Cinq cents mètres… Jamais il n’y arriverait, l’Alliance était perdue.
Laisse la Force couler à travers toi.
Comment ?! Une voix lui murmurait derrière l’oreille ; cette voix, il la reconnaissait, mais… comment était-ce possible ?
Fie-toi à ton instinct, fais confiance à tes capacités.
Jace tenta de se calmer, il laissa son esprit dériver comme le lui avait appris le Maître Jedi jusqu’au point de limite entre rêve et réalité. Sa vision était floue mais ses réflexes exacerbés, il prévoyait tout un peu en avance comme lors des courses de podracers. Sans même y réfléchir, il effectuait des courbes gracieuses de gauche à droite, évitant chaque crachat de feu de ses ennemis.
Arrivé à un croisement, il pressa la détente et deux éclairs bleutés fusèrent avant de s’engouffrer dans un minuscule conduit d’aération. Dix secondes plus tard, L’Astre de la destruction n’était plus que poussières éparpillées.
L’Alliance avait gagné…
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Messagepar Benje Socar » Jeu 04 Mai 2006 - 8:36   Sujet: PREMIERE EPOQUE : AUBES OBSCURES Chapitre 7

Chapitre VII
Nouvelles aurores


« Ne jamais connaître la tendresse, l’amour, la passion. L’amour est la petite mort qui vous ronge de l’intérieur ; pas de clairvoyance dans la passion, pas d’efficacité dans la tendresse. L’amour signera la perte du Bene Gesserit, nous, gardiennes de l’humanité, phares célestes qui mènerons les hommes pour accomplir leur destinée. »
Extrait du Nouveau Serment Bene Gesserit



Benje Socar avait encore les oreilles qui tintaient au rythme des chants elfiques et les yeux emplis des couleurs chatoyantes du splendide feu d’artifice qui allait durer toute la nuit pour célébrer la victoire de la lumière sur l’obscurité. Mais il n’avait pas le cœur à faire la fête. En une seconde, il avait perdu ce qui comptait le plus pour lui, plus qu’un maître, un ami et un parent.
La forêt commençait déjà à reprendre ses droits ; comme par enchantement avaient surgi des milliers de petits arbustes prêts à remplacer leurs aînés détruits durant la bataille. Julius Spartakus Atréides avait survécu et était érigé en héros de la tristement célèbre bataille de Poudlard.
L’enfant marchait à travers les bois sans savoir où le conduiraient ses pas ; il n’en n’avait que faire. La tristesse l’accaparait sans que la Force ne lui soit d’un grand secours.
Une branche craqua derrière son dos ; il se retourna vivement pour découvrir une ombre de lumière, aussi furtive qu’un éclair ; un sourire de paix se dessinait sur ses lèvres et il crut entendre une voix familière lui murmurer un au revoir.
Aussitôt la vision fut remplacée par la silhouette de Maître Yoda.
« La tristesse notre vie anéantit. Que fait seul un jeune padawan aussi loin de ses amis ? Leur nouveau héros les représentants de l’Alliance aimeraient connaître. »
Formulant mentalement son au revoir, Benje Socar se laissa entraîner par le petit bonhomme vert.
Son maître lui avait donné une dernière mission, et il l’accomplirait jusqu’au bout.

La petite planète semblait un merveilleux havre de paix, une oasis au milieu du désert. Sa fille y serait bien, pensait Sophia. Aussitôt avait-elle atterri sur ce monde inconnu qu’elle avait détruit la navette, effaçant toute signature de son arrivée. Jamais personne ne devrait connaître leur identité.
Jace, son cher Jace… Où était-il à présent ? Personne n’avait retrouvé sa trace après la terrible explosion… Sophia se refusait à admettre l’horrible vérité. Où se cachait-il ?
Dans ses bras, la petite fille remua dans son sommeil agité. Sa fille… Comment une union si affreuse avait-elle pu produire un être aussi pur ? Il fallait cependant la protéger ; quiconque apprendrait l’existence de la descendance de Voldtari mettrait leur vie en danger. Jamais la fillette ne devrait connaître ses origines, pas même qui était sa propre mère.
Une nouvelle vie était sur le point de commencer…

Villemoustaussou, Septembre 2002


Voilà la fin du premier roman de la saga du Seigneur de la sabro-baguette, qui est en fait le second que j'ai écrit dans cet univers, après Le Fantôme menace. Ce n'est pas celui dont je suis le plus fier, mais il permet une bonne introduction aux personnages et aux thèmes qui seront développés par la suite.
A suivre, la première des deux petites nouvelles annexes : Les Chevaliers de la Tour carrée.
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Ven 05 Mai 2006 - 8:46   Sujet: DOSSIER CONFIDENTIEL : Les Chevaliers de la Tour Carrée

Voici donc la première des deux nouvelles annexes, en fait la seconde suivant la chronologie d'écriture. Le sujet m'en est venu très vite après la lecture de deux des meilleurs bouquins de l'UE : "I, Jedi" et "Le Jedi perdu". L'influence de mes sources est d'ailleurs clairement visible dans le texte...
Bonne lecture !



Les Chevaliers de la Tour Carrée


Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…


L’Empire est mort à l’instant même où le Seigneur ténébreux dont on ne devra plus prononcer le nom disparaissait dans l’explosion du terrible Astre de la destruction. La République fut clamée dans la galaxie toute entière, et une paix nouvelle est désormais établie…

Mais cette paix n’est qu’une trêve bien fragile. Des groupuscules secrets partisans de l’Ancien Empire se cachent dans l’ombre en espérant le retour de leur Empereur. Une légende très ancienne pourrait causer bien plus de dégâts que la Grande Guerre qui déchira l’univers en des temps lointains.

Le Conseil Jedi est pleinement conscient de ce danger latent, de cette force qui, une fois réveillée, causerait la perte de la frêle Nouvelle République. Une mission de la plus haute importance a été confiée au jeune Benje Socar, une mission qui sera l’ultime épreuve avant son admission au rang de Chevalier de la sabro-baguette, mais peut-être aussi l’ultime espoir de la République…




« Le Côté Obscur de la Force n’est pas le négatif du Côté Lumineux, qui doit être la voie du Chevalier Jedi. Le Côté Obscur est un chemin plus facile, plus rapide, plus séduisant : un pacte avec les forces des ténèbres sans retour en arrière possible. C’est un ouragan dévastateur fourbe et trompeur : chaque Chevalier est guetté par sa sombre puissance, alors même qu’il ne souhaite que le bien, il peut tomber dans ses travers et s’y perdre à tout jamais.
Mais on ne peut pas le fuir, et on ne doit pas l’ignorer. Toute chose possède son contraire, et connaître cet opposé permet souvent de mieux comprendre ce que l’on étudie. Il n’y a pas de route plus rapide vers la tentation que le rejet non réfléchi de ce que l’on ne connaît pas… »

Commentaires du Code Jedi par Fab Enzal.


La géante gazeuse emplit l’horizon de mon cockpit en un clin d’œil, et même les réflecteurs opaques poussés à leur maximum ne suffirent pas à atténuer la vive luminosité qui semblait vouloir m’agresser pour me faire rebrousser chemin. Plissant les yeux, ne laissant plus qu’une fine bande de lumière atteindre mes pupilles, je finis par distinguer ma destination : la troisième planète qui gravitait autour de l’étoile immense, une terre non colonisée, à l’écart des routes spatiales de la Nouvelle République, baptisée du nom de Thau. Mes senseurs captaient une vie animale intense, mais rien qui ressemblât à une ville ou à un quelconque campement humain. Après avoir essuyé les vents violents qui balayaient la haute atmosphère de la planète, je fis atterrir mon aile B à quelques mètres d’un petit lac aux eaux placides.
Une fois extrait du cockpit, je remis en place les ordres du Conseil dans mon esprit. C’était la première mission en solitaire qu’on me confiait depuis la mort de mon Maître et ami, le noble Fab Enzal : étudier les activités des contrebandiers sur Thau. Cela faisait quelques mois que circulaient sur le marché noir des artefacts sith datant de l’époque de la Grande Guerre, et ce mystérieux commerce ne cessait d’inquiéter Maître Yoda de même que les autres membres du Conseil. Le Service des Renseignement Pour la République avait mené une brève enquête qui n’avait donné aucun résultat, si ce n’est l’observation d’une recrudescence de l’activité contrebandière dans le système Baa’l, où je me trouvais en ce moment. Il me fallait infiltrer le réseau des malfrats pour déterminer la source de ces artefacts volés, et la détruire s’il en émanait un danger pour la République. Une tâche difficile, mais pas insurmontable : jouer les espions huit ans après avoir bravé les multiples dangers de Serpentard et affronté Voldtari faisait apparaître la chose aussi simple que de monter à dos d’éopie de Tatooine. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’aucune gueule de Sarlacc ne m’attendît en chemin…
Le lac était bordé par une petite prairie verdoyante ; deux mammifères aux allures de bovins paissaient tranquillement, sans paraître surpris de me voir débarquer sur leur domaine. Une fois la dernière colline gravie, je me retrouvai face à l’entrée d’une vénérable forêt de chênes de Thau, une espèce rarissime qui pouvait atteindre des centaines de mètres de haut ; un timide soleil envoyait ses rayons à travers les frondaisons, et l’atmosphère était des plus… chaleureuses. Une impression de plénitude qui planait sur les lieux me conforta un peu.
La mission qui m’attendait était bien vague, et je n’avais aucune idée de l’endroit où commencer mes recherches. La seule carte fiable de la planète avait été établie à la fin de la Grande Guerre, et rien ne pouvait être plus incomplet que cette dernière. Mes senseurs n’avaient relevé aucune trace de vie humaine, ce qui prouvait soit que le S.R.P.R. s’était trompé (une possibilité que je préférais ne pas avoir à envisager), soit que les contrebandiers disposaient d’un matériel très puissant. Dans tous les cas, il valait mieux redoubler de prudence.
Après deux brèves inspirations, je débutai mes exercices Jedi pour mieux m’ouvrir à la Force. A l’instant même où cette puissance mystique me pénétrait de son aura infinie, des milliers de visions m’assaillirent ; je percevais chaque forme d’activité biologique, de la chouette endormie qui m’observait du haut de son promontoire au lombric sous la terre humide que je foulais. Mais toujours aucune trace des contrebandiers dans les environs. Un mauvais pressentiment me traversa l’esprit, et je repris ma route en silence.
Il devait être plus de midi quand enfin quelque chose survint, brisant la monotonie de ce qui en d’autres circonstances aurait pu être une agréable promenade de santé. Les bruits de la forêt s’étaient tus et un spasme glacé m’enserra la poitrine, coupant net ma respiration ; un sentiment des plus désagréables me tiraillait. Peut-être valait-il mieux faire demi-tour et explorer une autre route ? Je n’osais même pas faire appel à mes pouvoirs Jedi de peur de voir un Seigneur Noir surgir de derrière les deux troncs renversés qui bloquaient le chemin. J’allais reculer quand un souvenir se surimposa à ma conscience, pareil à l’adab des Bene Gesserit : le discours qu’avait prononcé le Chevalier Mace Alton au lendemain de la victoire de la République ; ce que je vivais en ce moment correspondait parfaitement à la description que le Jedi avait faite de sa découverte de la planète Mordor : les contrebandiers utilisaient les rayons Z de Voldtari pour repousser les intrus !
A la fois rassuré et terrifié par cette information, je poursuivis mes pérégrinations dans les sous-bois, repoussant mentalement les assauts des rayons manipulateurs. Je le savais, déjà, quelque part, on m’avait sans doute repéré. Mais désormais j’étais prêt à jouer mon rôle. Quand soudain, je perdis tout contact avec la Force ! Là, sur une branche au-dessus de ma tête, dormait un ysalamari ! Tout avait été prévu pour qu’aucun intrus, y compris les Jedi, ne puisse survivre à une entrevue avec la bande de hors-la-loi que j’étais sensé infiltrer. Cependant, ces gars-là avaient oublié un petit détail : si les ysalamari bloquent les ondes de la Force, ils ne peuvent en aucun cas prévenir l’utilisation d’un sortilège.
Plus que jamais, je devais rester sur mes gardes…
Une ombre se jeta sur moi sans que je puisse distinguer de quelle direction et je fus projeté au sol ; je dégainai ma sabro-baguette et l’individu qui m’avait attaqué jura : « Par les os noirs de l’Empereur, un Jedi ! » Il allait appeler ses compagnons à la rescousse quand mon Stupéfix l’atteignit en plein torse ; il sombra dans l’inconscience. Je devais agir vite, car sans nul doute ses collaborateurs allaient surgir d’un instant à l’autre. Je lançai à l’homme foudroyé un autre sort pour le plonger en transe, m’emparai de sa combinaison fripée et la revêtis aussitôt. Un craquement au loin m’annonça l’arrivée de deux autres personnes. Je tirai de mon sac de survie la fiole de Polynectar qui ne me quittait jamais en mission d’infiltration, et arrachai une touffe de cheveux à celui qui gisait à mes pieds. Deux secondes plus tard le sortilège avait fait son effet ; je me débarrassai de mon sac, de ma toge et du contrebandier à l’aide d’un autre sort d’illusion : à leur place semblait se dresser désormais un buisson d’aubépines impénétrable.
Je n’eus que le temps de ranger ma sabro-baguette et le Polynectar dans une poche intérieure du veston miteux avant qu’une voix rauque ne m’interpelle :
« Eh, Jex, tu l’as eu cet intrus ? »
Je répondis en adoptant le même ton. Ce Jex dont j’avais pris l’apparence avait une voix des plus rocailleuses :
« Non, mais c’est un malin ce gars-là : il a utilisé un grappin ascensionnel pour me filer entre les doigts. Je sais pas où il est parti, mais si je le retrouve, je lui ferai sa fête, par la bave d’un Hutt !
- Ouais, mais n’oublie pas que le Maître veut qu’on lui amène tout intrus vivant. Et ne t’en fais pas, il ne pourra pas nous échapper longtemps. On vient de bousiller son unique chemin de sortie… »
Une peur sourde pulsa dans ma poitrine tandis que l’autre poussa un ricanement cynique, et une vague de colère envers moi-même me submergea : dans ma précipitation j’avais oublié de camoufler le vaisseau ! J’étais perdu, et je n’avais tout au plus assez de Polynectar que pour tenir une demi-journée. Au-delà, seule ma chance pourrait me faire sortir vivant de ce piège.

* * *

« On a du pain sur la planche, on a découvert une nouvelle galerie et le Maître veut qu’on la déblaie sur le champ. Il a dit que l’intrus viendrait à lui de toute façon, alors traîne pas. »
Sur ces mots presque crachés à ma figure, l’homme enfila un étroit chemin à travers les arbres jusqu’à une immense clairière. Mes sens me faisaient-ils défaut ? Je n’avais rien noté de semblable lors de mon atterrissage. Un léger bourdonnement m’appris que j’avais été victime d’une simple illusion holographique. Au centre de ce vaste espace à découvert se dressait, magnificence grandiose d’un démon des temps passés, un édicule frappant de noirceur surplombé d’une statue d’airain dont le regard aurait fait frémir l’Empereur en personne. Un frisson de pure terreur zébra ma colonne vertébrale l’espace d’une seconde, le temps pour moi de reprendre mes esprits. Je ne reconnus pas l’homme à qui on avait rendu un si grand culte, mais tout dans son expression méprisante me rappela l’Ordre Sith. Sans doute s’agissait-il d’un des nombreux vestiges des sectes sith datant d’avant la Grande Guerre. Tout cela ne m’inspirait rien de bon.
L’autre avait pressé le pas comme pour fuir le regard éternellement courroucé de l’effigie démoniaque et s’engouffra dans un tunnel creusé à même le sol argileux : on eût dit une mine de Kessel, ou mieux encore, une véritable fourmilière qui sillonnait toute la zone, et explorait les dessous de Temple. Pénétrant dans cette atmosphère suffocante à sa suite, je ressentis l’oppressante présence du Côté Obscur qui hantait les lieux, des siècles après la mort de l’Ordre Sith, et cela en dépit des ysalamari qui quadrillaient la zone.
Le contrebandier ne se retourna pas une seule fois, et se dirigea avec la célérité que donne la fréquentation quotidienne d’un lieu familier à travers le dédale de couloirs et de puits. Nous descendions de plus en plus bas, et l’air se réchauffait horriblement, rendant la respiration difficile. Malgré mon entraînement Jedi, j’éprouvais quelques difficultés à suivre le type. Il s’arrêta enfin, la galerie dans laquelle nous étions engagés tournant au cul-de-sac. Cinq hommes s’affairaient sur la paroi rocailleuse, bien moins tendre qu’à la surface. L’un d’eux se retourna en remarquant la lumière de la lampe torche de mon guide :
« Eh, Gra’ak et Jex, vous venez nous donner un coup de main ? »
Gra’ak lança un sourire mauvais à l’homme qui venait de parler. Il s’avança vers le chariot de tête et se saisit d’une pelle anti-grav ; cet instrument, des plus banals dans la galaxie, fort utile pour ceux qui s’adonnent aux joies de l’horticulture et du jardinage, émet à son extrémité – celle qui doit s’enfoncer et creuser le sol – un minuscule mais puissant champ gravifique qui a pour effet de créer une étroite bande de vide que remplit automatiquement la pelle, évitant ainsi de forcer pour planter son instrument. Voyant mon regard étonné, l’humain m’intima fort peu poliment de suivre son exemple.
« J’ai pas été engagé pour faire le sale boulot d’un esclave ! m’écriai-je, jouant le jeu (supposé) de mon personnage. J’en ai marre de creuser ; et d’abord, pourquoi on n’utilise pas un matériel d’excavation adéquat ?
- Tiens, t’as appris de nouveaux mots ! Allez, au boulot, et estime-toi heureux que le Maître n’ait pas été là pour entendre tes conneries. »
Gra’ak me jeta la pelle à la figure ; reculant, je ne pus l’attraper à temps et l’engin me frappa au plexus. Plié en deux, je peinais à retrouver mon souffle dans cette atmosphère raréfiée. Je passais deux longues heures à creuser dans la poussière, m’étonnant de l’efficacité du désintégrateur installé dans le second wagon qui transformait les tonnes de gravats que nous enlevions en une fine poudre noire. Enfin, pour ma plus grande joie, une équipe de mineurs vint nous remplacer. Sentant son effet s’étioler, je profitai de l’obscurité des couloirs menant à la surface pour avaler une nouvelle dose de Polynectar ; encore une dernière gorgée, et il me faudrait abandonner l’identité de ce contrebandier…

* * *

Je suivis les cinq hommes jusqu’à ce qu’il me sembla être nos appartements : de misérables cahutes de bois et de plastacier imbriqués à la va-vite. Je pris une bonne douche (ce qui ne paraissait pas être dans les habitudes de ce Jex) et enfilais des vêtements propres (enfin, aussi propres qu’il pouvait le concevoir). J’étais maintenant prêt à commencer réellement mon enquête. Ayant fait quelques pas au dehors pour repérer les lieux, je m’apprêtais à gravir les immenses marches menant à l’entrée du Temple quand une voix inconnue me héla :
« Eh, Jex, tu viens faire une partie de tarot-sabacc avec nous ?
- Non merci, répondis-je, ignorant à qui j’avais à faire ; je suis crevé et après toutes ces heures à moisir sous terre, j’ai besoin d’un peu d’air. Je vais marcher.
- T’éloigne pas trop, tu connais les caprices du Maître !
- T’en fais pas. »
Qui était donc ce ’’Maître’’ à qui les contrebandiers faisaient si souvent allusion ? Je me doutais bien que la bande avait un chef, mais je ne voyais pas pourquoi on l’appellerait Maître… Les abords du Temple Sith ne m’apprirent rien de bien intéressant, si ce n’est, au vu des nombreuses excavations et galeries souterraines, qu’on y cherchait avidement quelque chose – mais quoi ? – et que c’était bien d’ici que provenait la multitude d’objets sith en vente sur le marché clandestin. Une force obscure semblait dominer les lieux.
J’entrepris d’explorer les tunnels à nouveau, maudissant les ysalamari qui bloquaient mon accès à la Force. Si seulement il existait un sortilège d’invisibilité ! J’avais avalé la dernière gorgée de Polynectar : dans une heure son effet se dissiperait, et je serais découvert… Je suivis sur quelques mètres les mêmes galeries que j’avais empruntées auparavant, puis soudain bifurquai sur la droite, me fiant à mon instinct. Ce couloir s’enfonçait bien plus vite sous la terre, mais étrangement l’air restait frais ; gardant ma sabro-baguette en position éteinte, je lançais néanmoins un sort Lumos pour faire un peu de jour : une petite boule lumineuse pointait au bout du cylindre de métal et éclairait ma route.
Je finis par me heurter à une paroi de pierre infranchissable ; les contrebandiers semblaient avoir abandonné la galerie, préférant se concentrer sur un autre chemin. Un courant d’air me frôla la nuque : il y avait un pièce derrière ce mur ! Personne ne se trouvant aux alentours, je lançais prudemment un Flipendo qui envoya la paroi voler en éclats. Je pénétrai dans la sombre salle circulaire que je venais de découvrir et j’amplifiai la luminosité du sortilège en activant la sabro-baguette. Deux imposantes statues guerrières apparurent dans un halo bleuté, qui montaient la garde sur un autel de marbre noir aspirant toute lumière ; de l’eau perlait du plafond, et parfois une goutte tombait avec un clapotis métallique, brisant le lourd silence qui planait au-dessus de ma tête.
C’est au moment même où je touchai l’autel que le Polynectar cessa de faire effet : me voilà à nouveau moi-même, sans couverture ; dès l’instant où je sortirais, je serais immanquablement repéré. Ne pouvant rien tirer du mystère de cette pièce close, je rebroussais chemin, prêt à affronter mon destin, quand soudain des murmures dans mon dos me firent faire volte-face : comment quelqu’un avait-il pu passer devant moi sans que je ne le remarque ? Le fond du couloir était animé d’une lumière blafarde dans laquelle se mouvaient des ombres silencieuses. Un homme revêtu d’une longue cape oblongue s’avançait, suivi par…
Mon cœur s’emballa et il me fallut m’appuyer contre la paroi rocheuse pour ne pas tomber. Quelle était cette folie qui s’était emparé de mon âme ? Là, quelques mètres devant moi, venait de passer le spectre bleuté d’un démon du passé ! Le fantôme de l’Empereur Lord Voldtari ! Le Seigneur Noir qui avait juré la perte de la République ! Le meurtrier, l’assassin de mon Maître ! Et qui était celui qui le suivait ? Un disciple ?
Je devais en avoir le cœur net : il me fallait les suivre. Je remerciai la Providence de l’imbécillité des contrebandiers, car si les ysalamari me coupaient de la Force, il en était de même (c’était une conviction à laquelle je m’attachais de toutes mes forces) pour l’esprit de Voldtari et de son apprenti. Les secrets de ce Temple commençaient à me donner la chair de poule. Je m’apprêtais à suivre le groupe mais, au détour d’un couloir, la galerie stoppa net, comme si elle n’avait pas été creusée ; je reconnus alors le couloir dans lequel j’avais œuvré le matin même. Quel sortilège m’avait frappé ?
Je fis demi-tour, et ne trouvai aucune trace du passage emprunté quelques minutes auparavant. J’allais remonter à la surface quand un signal retentit, et trois hommes me sautèrent dessus ; je n’eus pas le temps de lancer un sort que déjà j’étais maîtrisé. On me lia les poings et on me bâillonna, un blaster sur la tempe.
« Le Maître t’attend avec impatience, Jedi ! »
Le type qui avait parlé portait une cage contenant un ysalamari. Je ne compris son utilité que quand une série d’explosions secoua la forêt avoisinante : les reptiles avaient été piégés, et maintenant qu’on n’avait plus besoin d’eux, on s’en débarrassait, purement et simplement. Tout avait été orchestré depuis mon arrivée dans le système. C’était donc un Jedi Noir que j’avais aperçu dans les mines, et désormais il était en possession de tous ses pouvoirs, alors que moi, j’étais fait comme un mynock…
Un de mes assaillants s’avança vers l’entrée du tunnel et s’écria :
« C’est bon, on l’a eu, et les lézards sont tous crevés. »
Un rire retentit, semblant tout proche. Avec un pincement au cœur et des picotements dans la nuque, je reconnus la voix de Voldtari.
« Tout ce passe comme je l’avais prévu, vous pouvez entrer. »
Et dans un murmure :
« D’marr, ouvre le passage à ce cher Benje Socar. »
Nouveau ricanement.
Le type derrière moi me poussa sans ménagement à travers l’encadrement de bois. Je n’avais pas sitôt franchi l’entrée que je me trouvai dans la mystérieuse pièce ovale que j’avais découverte peu auparavant. Le spectre de l’Empereur défunt souriait aux côtés d’un imposant humanoïde à la peau bleue. Je n’avais jamais rencontré de Chiss, une espèce rare dans la galaxie, et les deux fentes rubicondes qui me fixèrent soudain me firent froid dans le dos. Un sabre-laser pendait à sa ceinture, et il tenait précautionneusement une pierre de taille moyenne aux éclats aveuglants. Ce D’marr semblait éprouver quelques difficultés à respirer, et il se tenait à l’écart de la sphère de non-Force engendrée par l’ysalamari.
Voldtari pérora, fidèle à son habitude :
« Ah, ce très cher Benje Socar, surpris de me revoir ? Toi et ton imbécile de maître croyiez m’avoir vaincu sur Poudlard, n’est-ce pas ? Vous êtes bien naïfs pour penser que deux Jedi suffiraient à vaincre mon génie. Tu vas aujourd’hui assister à l’ultime étape avant ma résurrection et ma victoire sur la stupide République. Avant de mourir. Apprends que nous nous trouvons au cœur du Temple de Sauron le Maléfique, celui-là même qui m’enseigna le secret de l’Anneau Unique. Avant de s’éteindre, le sorcier protégea son Temple pour que seul son héritier puisse y entrer : quiconque pénétrerait par l’entrée principale serait foudroyé, et les dessous du Temple étaient protégés par des portes mouvantes qui transporteraient les hommes imprudents d’un lieu à l’autre, les emmurant vivant ou les perdant dans un infini labyrinthe ; moi seul suis en mesure de les contrôler. »
Le démoniaque Empereur marqua une pause, avant d’ordonner sèchement au Chiss :
« Monte sur l’autel ! »
Et se tournant vers les gardes qui ne perdaient pas une miette de ses paroles :
« Faîtes monter Socar, et partez loin d’ici avec votre ysalamari.
- Mais…, bredouilla un garde niais et bouffi.
- Il n’y a pas de mais, gronda Voldtari, D’marr et moi-même serons tout à fait capables de nous occuper de lui. D’marr, prenez sa sabro-baguette ! »
Le Chiss allait relever qu’il avait les mains déjà chargées par cette lourde pierre, mais il n’osa pas affronter le courroux de son Maître. Il attrapa l’arme que mon garde-chiourme lui tendait ; l’effort lui en coûta, et son teint se fit livide. Le pauvre humanoïde semblait au bord de l’apoplexie ; un pressentiment me soufflait que son étrange faiblesse était en rapport direct avec le pavé qu’il transportait. Exécutant les ordres de l’Empereur ressuscité (ou presque), les contrebandiers me poussèrent sans ménagement sur la dalle et s’enfuirent au plus vite. Une vague de Force me traversa alors, si puissante qu’elle aurait pu me renverser ; le Côté Obscur dominait tout, et ses assauts répétés auraient tôt fait de me faire succomber. Il fallait que le dénouement soit proche, ou je ne survivrai pas à tant de haine contenue.
« D’marr, libère les poignets de notre invité ! siffla le spectre.
- Ce n’est pas la peine, je me débrouillerai très bien tout seul », répliquai-je.
Trop heureux de sentir la Force à mes côtés, je coupai mes liens ; mais usant de la puissance qui m’entourait, ces derniers s’enflammèrent. Tout ici était corrompu par la Force Obscure ! Toute utilisation de ce flux puissant qui reliait les êtres vivants en un tout symbiotique était dominée par des intentions négatives, quels que soient mes sentiments ! L’usage de mes pouvoirs Jedi était donc déconseillé au plus haut point en ces lieux.
« Bien, tu commences à redécouvrir les pouvoirs du Côté Obscur. Place-toi devant la statue du Gardien, et abaisse sa lance en murmurant mon nom. D’marr, fais de même de ton côté ! »
Je ne sais pas pourquoi mais, peut-être piqué par la curiosité, ou subjugué par les harangues de l’Empereur, j’obéis à Voldtari. Le vide s’ouvrit sous mes pieds, et je fus aspiré par le néant.

* * *

Un cri de Voldtari me réveilla en sursaut. Instantanément, la situation me revint en mémoire. J’étais à l’air libre, plongé dans les ténèbres. Enfin, c’est ce qu’il me paraissait avant que je n’ouvre les yeux.
« Te voilà enfin debout, fainéant, maugréa le Seigneur Noir. Ouvre grand les yeux. »
La pierre qu’avait portée le Chiss jusqu’à présent flamboya de l’intérieur et des rayons d’or fusèrent tout autour de moi, éclairant d’une lumière voluptueuse la pièce abyssale où je me trouvais. L’ensemble devait bien mesurer une vingtaine de mètres de hauteur et la superficie au sol, par opposition, semblait très réduite, alors que je savais pertinemment que la Grande Salle du Sénat sur Coruscant rentrerait sans aucune peine dans ce gigantesque cube. Une seule fenêtre s’ouvrait dans les murs nus de roche brute ; de lourds battants de bois la barricadaient. Au centre de la pièce, plus imposantes que tout ce que ma brève vie m’avait permis d’entrevoir, se dressaient quatre immenses statues forgées dans l’air, le feu, la terre et l’eau : cristal, rubis, émeraude et saphir. Quatre guerriers figés pour l’éternité, n’attendant que le retour de leur maître pour reprendre leur lutte sacrée.
Un ricanement de Voldtari me ramena à la réalité :
« Les Chevaliers de la Tour Carrée ! Une force égale à celle d’un dieu, indestructible, douée de pouvoirs immenses grâce à la Force. La vision qui jadis me dévoila la Pierre de Kaiburr avait été double, me révélant le Testament de Sauron le Maléfique. Mais je devais m’occuper de la Pierre en premier lieu, ton imbécile de maître ayant été averti. »
Ce n’est qu’à cet instant que je remarquai le Chiss étendu au sol, ne respirant quasiment plus, presque exsangue. Sa main demeurait posée sur la pierre lumineuse. Imperturbable, trop heureux d’exposer sa supériorité, l’Empereur poursuivait :
« Bien que cela fut fort douteux, dans mon génie, j’avais envisagé une possible victoire de ton maître. S’emparant de la Pierre avant moi, il aurait pu me terrasser pour régner sur mon Empire. C’est pourquoi j’avais laissé mon empreinte mémorielle dans un palantir que le Bene Tleilax était chargé d’envoyer à D’marr, mon instrument, mon premier modèle de Décimeur, au cas où je viendrais à disparaître. Le lendemain de la défaite de Poudlard, D’marr recevait le palantir, et je lui apparus pour le guider vers les Chevaliers de la Tour Carrée. Le pauvre idiot ne savait pas que grâce à la pierre mon souvenir renaissait en puisant dans sa propre énergie ! Dans quelques minutes, il sera mort ; et par la puissance de mon seul souvenir, Lord Tarius Hans Sextus Voldtari renaîtra à la vie, plus grand que jamais grâce à la force des Chevaliers ! »
La peur m’envahit aussitôt, aiguillonnée par les réminiscences de la mort glorieuse de Fab Enzal.
« Rejoins-moi, Benje Socar, deviens mon apprenti, et je te dévoilerai la toute-puissance du Côté Obscur de la Force. Ensemble, nous garantirons l’ordre et plus aucun innocent ne mourra. Ne te laisse pas vaincre par les mêmes faiblesses qui causèrent l’échec de ton maître ! Le Bien et le Mal n’existent pas : il n’y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher. »
Une plaie ancienne se rouvrit dans mon cœur et dans mon esprit. Je me sentais, tenant dans mes mains la sabro-baguette de Voldtari, submergé par la Force Obscure, invincible, prêt à terrasser mon Maître pour m’emparer du pouvoir de la Pierre de Kaiburr.
« Jamais ! Vous avez perdu, Voldtari. Vous n’êtes qu’un fantôme, alors que moi je suis en chair et en os. Dans quelques secondes, tout sera fini. »
D’un geste prompt comme l’éclair, je récupérai ma sabro-baguette que le Chiss serrait dans sa main gauche, l’activai et frappai le palantir démoniaque. Dans un tonnerre étourdissant, je fus projeté dans les airs ; faisant appel à la Force, oubliant la menace du Côté Obscur, je tentai de ralentir ma chute ; je ne parvins qu’à me retourner à temps pour voir le torse du chevalier de cristal fondre sur moi. Avec un craquement de côte brisée, Voldtari riant à gorge déployée, je retombai au sol. Du sang coulait sur mes lèvres.
« Ton choix est fait, jeune imbécile, et tu mourras. Sache qu’il faudrait toute la puissance du Côté Obscur de la Force pour détruire cette pierre ! Tu vas maintenant admirer les pouvoirs de mes Chevaliers… »
Le Seigneur Sith se tourna vers les effigies géantes, et cria dans une langue inconnue, le parler noir du Mordor : « Galar’kta Mesme trklor mecum Voldtari ! » Et dans une explosion formidable, un éclair frappa tour à tour les quatre statues, leur donnant vie.
Se tournant vers moi, brandissant un doigt lourd de menaces, Voldtari exulta :
« Chevaliers, tuez celui qui a osé profaner votre Temple ! »
Et aussitôt les guerriers grondèrent avant de fondre sur moi pour me terrasser de leurs épées immenses. Que faire ? Je ne pouvais détruire ni Voldtari ni la pierre, et je me refusais d’assassiner le Chiss inconscient pour priver Voldtari de ses forces. Je regrettai amèrement de ne pas avoir à mes côtés le désintégrateur des contrebandiers. Dans quelques minutes le spectre deviendrait homme et retrouverait tous ses pouvoirs. Quant à terrasser les Chevaliers, seul, j’étais perdu.
D’un bond assisté par la Force, j’évitai la massue que le guerrier de cristal abattait sur le lieu où je me trouvais la seconde auparavant. Me retrouvant près de la fenêtre, je n’eus que le temps de me baisser pour éviter la boule de feu du Chevalier rubis qui s’écrasa sur les volets de bois qui s’enflammèrent, révélant une implacable rangée de barreaux. Le combat entre les chats et la souris (moi en l’occurrence) reprit de plus belle sous les exhortations de Voldtari. Profitant d’un bref répit, je jetai un coup d’œil par la fenêtre : au loin s’étendait… la galaxie ! Je me trouvais dans l’espace ! Impossible ! Je n’eus pas le temps de creuser la question, un grêle de coups s’abattant sur moi. Je parai avec ma sabro-baguette, et mon bras me fit l’impression d’exploser sous l’assaut.
C’est alors que je m’apprêtais à accepter la mort qu’une idée me vint.
« Eh, Voldtari ! criai-je, tes joujous ne savent que brandir leurs bâtons ? »
Fou de rage, l’Empereur fulmina :
« Puisque tu le désires tant, tu vas pouvoir apprécier leur maîtrise du Côté Obscur. Xeus, assez joué, tue-le ! Déchaîne ta foudre ! »
Le guerrier de cristal brandit une main vers moi. Voldtari était tombé dans le piège que je lui avais tendu. Alors qu’un crépitement suraigu se faisait entendre, je me jetai sur le palantir et m’en servis de bouclier contre les éclairs mortels du Chevalier. La pierre vola en éclats, et le mince rideau de Force que j’avais pu élever para les débris meurtriers, m’envoyant valser dans les airs à une vitesse fulgurante sur les barreaux de l’unique fenêtre. Une explosion de douleur me déchira le dos, et je tombai dans le vide spatial. Le cri horrible de Voldtari me vrillait encore les tympans quand je succombai au froid de l’espace…

* * *

De l’eau glacée me ramena à la vie ; j’étais étendu sur l’autel noir qui m’avait conduit jusqu’à la Tour Carrée. Un grondement terrible rugit au loin ; le plafond se fissura et l’eau commença à dévaler en trombe dans la pièce. La douche gelée finit de me réveiller : tout s’écroulait autour de moi. La Force m’envahit, me permettant de repousser la douleur et de me relever ; elle m’informa que je me trouvais sous le lac près duquel j’avais posé mon vaisseau, désormais détruit. Je me mis à courir de toute la vitesse dont j’étais capable et, franchissant l’encadrement de roches brisées, je sentis la puissance mystique des portes magiques placées par Sauron le Maléfique. La chance fit que je me retrouvai en un éclair à la sortie du labyrinthe des tunnels.
Enfin à l’air libre, je constatai que le Temple Sith était secoué par de gigantesques explosions. Un bras m’agrippa et me tira loin des lieux qui tombaient en ruine sous la tourmente. Je reconnus Dame Aube. Deux autres Chevaliers Jedi montaient la garde près d’une navette. Quelques minutes plus tard, j’étais allongé sur une couchette, après avoir reçu les premiers soins. Je racontai toute l’aventure à Dame Aube, l’un des membres les plus éminents du Conseil Jedi, et lui demandai comment elle était arrivée à temps.
Le Conseil avait été alarmé par l’interruption brutale du signal de mon vaisseau lors de l’attaque des contrebandiers, et l’avait dépêchée pour s’assurer du bon déroulement de ma mission. Une chance pour moi. Les contrebandiers avaient tous fui, sans laisser de trace. Quand Dame Aube avait compris le danger que représentait le Temple, elle avait ordonné sa destruction, me croyant mort, ne sentant nulle trace de ma présence. Une minute de plus et elle aurait quitté le secteur, m’abandonnant à une destinée funeste sans le savoir.
J’étais désormais sauvé, et la menace de Voldtari écartée une fois de plus. Le contrebandier dont j’avais pris l’apparence allait être récupéré et interrogé.
Rassuré, je me laissais sombrer dans un sommeil réparateur…

Villemoustaussou, le 07 juillet 2003
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Messagepar Benje Socar » Sam 06 Mai 2006 - 16:49   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : A long time ago...

Je suis obligé d'interrompre la publication une petite semaine : je doit repartir sur Montpellier pour une petite semaine d'examen repoussée en mai à cause des grèves.
Je vous laisse donc avec l'introduction au deuxième roman (le premier en fait dans l'ordre d'écriture) de la saga.
Profitez en pour laisser vos commentaires !

Benje Socar.



Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…


L’Ancienne République était une république de légende, plus grande que l’espace et le temps. Inutile de dire où elle se situait ni d’où elle venait. Il suffisait de savoir que c’était… la République.
Jadis, sous le sage gouvernement du Sénat et la protection des chevaliers Jedi, elle avait prospéré et grandi. Pourtant, comme il arrive souvent quand la richesse et la puissance dépassent l’admirable et atteignent au terrible, un jour surgissent les méchants qui ont de la rapacité à revendre.

Ainsi en alla-t-il avec la République.

Apparut un jour le maléfique seigneur sith Lord Voldtari. Pendant des années, il avait entraîné ses troupes de la mort, les puissants sardaukars et les monstrueux orques, dans un coin reculé de la galaxie, avant de se lancer à la conquête de la République. Cette dernière, endormie sur ses lauriers, ne put endiguer la déferlante de cette armée de l’ombre.
Victorieux, Lord Vodltari s’autoproclama Empereur et instaura un régime de terreur. Les chevaliers Jedi furent massacrés un par un et les peuples soumis par les armes. Son pouvoir terrifiant lui venait de sa connaissance en la Force et de sa sabro-baguette qu’il avait forgée secrètement dans les volcans de la lointaine planète Mordor, en des temps oubliés.

Une rébellion s’éleva alors contre son autorité, menée par une jeune princesse, un contrebandier et un jeune page initié aux pouvoirs de la Force. Lord Voldtari, qui n’avait pas escompté une résistance si bien organisée et dotée d’une telle rage de vaincre, commit erreur sur erreur et disparut dans l’explosion de sa base spatiale, l’Astre de la Destruction, lors de l’effroyable bataille de Poudlard. Sa sabro-baguette fut emportée au loin dans l’espace avec les débris du vaisseau.

La paix, facilitée par le retour des chevaliers Jedi et aidée par la diffusion d’une nouvelle caste philosophique, le Bene Gesserit, revint peu à peu et permit à la République de renaître de ses cendres …
Benje Socar
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Messagepar Django » Lun 08 Mai 2006 - 9:47   Sujet: 

Salut Benje Socar,

Une question pour commencer est-ce que le texte que tu viens de mettre en ligne a été remanié par rapport à celui de 2005?

Bravo pour la couverture.

J'attends ta réponse avant de copier à nouveau ta FF.

@ plus
Django
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Messagepar Benje Socar » Lun 08 Mai 2006 - 13:29   Sujet: 

Non, le texte est identique. Peut-être quelques fautes d'orthographe en moins, je ne sais pas. Par contre, il manque dans cette version postée sur le forum la préface et les ante/post-scriptum, ainsi que le contenu des BO.
La couverture est l'oeuvre de mon cousin, Fabrice. En fait, c'est la jaquette de la B correspondante ; il y en a une par roman.

Bon, et puisque j'ai le temps, je poste les deux premiers chapitres du Fantôme menace, avant une semaine de break !
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Messagepar Benje Socar » Lun 08 Mai 2006 - 13:34   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 1

Chapitre I
Sombres présages



« Le danger et le mal surgissent le plus souvent de l’anodin. Qui eut cru qu’une simple étoile filante, ce gage de bonheur et de félicité dans notre tradition, semât sur nos terres le germe de la plus grande croisade qui fut menée contre les forces des ténèbres résurgentes ? »
Extrait de L’histoire de Louqsor par le scribe Joulia.



Il fait nuit. Rien ne bouge dans le désert éternel, aucun signe des vers des sables. Le distille parfaitement ajusté à son corps, la femme s’avance vers un but lointain et inconnu. Son regard erre sur les dunes, craintif. Elle est seule, ses amis ne sont plus avec elle. Une peur sourde rythme ses pas.
Soudain, un bruissement, suivi d’un horrible hurlement, se fait entendre au loin. L’angoisse la prend, lui déchire les entrailles ; elle se met alors à courir de tout son saoul pour fuir le monstre ; mais se prenant les pieds dans un roc, elle trébuche et s’étale sur le sable glacé.
Un ver avait entendu le bruit de ses pas et déjà fonçait sur elle…


La reine s’éveilla en sursaut, le front moite de sueur. C’était la troisième fois qu’elle faisait ce rêve étrange et terrifiant ; on aurait dit une vision du futur, un songe prescient. Jamais elle n’avait vécu expérience plus réelle. Elle se leva et entreprit de faire sa toilette. Il fallait ensuite qu’elle s’intéressât aux problèmes du royaume avant de pouvoir savourer un frugal petit-déjeuner.
La jeune Cyndiamidala, par commodité nous l’appellerons simplement Cyndie, fêtait aujourd’hui son seizième anniversaire. Voilà un an qu’elle avait été élue reine de la petite planète Louqsor pour son intelligence, sa vivacité et sa force d’esprit. Elevée dans le plus pur enseignement Bene Gesserit, donc ignorante de sa famille, elle était diplômée de l’école de Gryffondor, douée d’une force peu commune et d’une capacité de réflexion digne des meilleurs mentats. La jeune femme était aimée de son peuple, crainte de ses ennemis, respectée de tous. Grande, svelte, ses longs cheveux d’ébène noués en une tresse indigène, elle se présentait comme le parti le plus recherché de toute la République. Mais elle n’avait que faire de tous ces prétendants. Seul son peuple lui importait.
Une centaine de lettres et holo-messages étaient posés sur la table, en plus des différents rapports de ses conseillers : les représentants du peuple et des ambassadeurs de toute la galaxie lui souhaitaient tous leurs vœux. Mais elle n’y prêta qu’une attention minime, tout comme aux bilans commerciaux et autres comptes-rendus quotidiens sur les activités du royaume. Plus encore que les autres fois, l’image de la gueule béante du monstre prêt à l’avaler revenait la hanter.
Qu’était-ce donc que ce rêve qui la pourchassait depuis maintenant un mois ? Pourquoi lui inspirait-il une telle angoisse ? Elle ne connaissait pas ce monde désertique et l’horrible créature. Que faisait-elle là-bas ? Pourquoi se sentait-elle abandonnée et perdue ? Ces questions la hantaient des nuits entières avant qu’elle ne sombre dans le sommeil, pour revivre une fois de plus cet étrange cauchemar. La nuit dernière elle s’était réveillée en hurlant ; sa tendre nourrice Sophia était là, à son chevet, la réconfortant de son sourire si tendre, mélange poignant de tristesse et d’amour. Mais rien n’y faisait, elle ne pouvait détacher cette image de son esprit.
Cyndie chassa bien vite ces pensées ; elle était reine, et les affaires de son royaume passaient bien avant des soucis d’ordre psychologique. Son conseiller et ami, le hobbit Giorgio Math, mû par une impulsion subite et inhabituelle à son doux comportement, accourait à grand pas. Il parla d’une voix saccadé, et en oublia même l’anniversaire de sa Reine :
« Votre Altesse, il y a ici un homme qui désire vous parler. Il répond au nom de Benje Socar et affirme que ce qu’il a à vous déclarer est de la plus haute importance.
- Conduis-le au Petit Salon, je te prie. J’arrive dans un instant.»

Une heure plus tard, le Conseil d’Etat était convoqué pour une réunion d’urgence. Personne ne savait encore de quoi il s’agissait ; mais la crainte planait. Jamais depuis les temps anciens de la Grande Guerre le Conseil n’avait été réuni pour circonstances extraordinaires. Les discussions avaient lieu dans la pyramide-citadelle de la capitale, Khephren. La foule avait accouru en masse pour assister à cette cession singulière et inexpliquée. Les soleils venaient à peine de se lever qu’une ville entière était déjà sur le qui-vive.
La reine siégeait sur un majestueux trône en marbre de Sullust, entourée de son conseiller personnel et de son maître de guerre. Une noblesse toute particulière se dégageait de sa personne, et son aura rassura le peuple ; quoi qu’il arrive, leur Reine trouverait toujours une solution efficace à leurs problèmes, c’est pour cela qu’ils l’avaient choisie entre toutes. En retrait, vêtu de la robe de bure typique de l’ordre auquel il appartenait, se trouvait un homme taciturne au regard masqué par le capuchon qu’il avait rabattu sur sa tête. A sa ceinture pendait un cylindre d’acier.
Le Conseil se composait des membres les plus influents de la planète : la grande prêtresse d’Isis Capucine, le Premier Ministre Lopez, le général des armées et, dans un coin de l’immense salle, si isolé que sa présence même en avait été oubliée depuis longtemps, le scribe Joulia qui compilait toutes les informations qu’il pouvait trouver pour son immense entreprise, L’Histoire de Louqsor. C’est aujourd’hui grâce à ses écrits qu’une bonne partie des évènements antérieurs à la Quête ont pu être reconstitués.
« Je vous remercie d’être si vite accourus, déclara Cyndie, coupant net aux murmures intrigués des politiciens. Notre royaume court un grand danger. »
Un brouhaha d’exclamations et de hoquets de surprise envahit la salle. Que signifiait donc cette affirmation étrange ? Tout n’allait-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Un geste de la reine suffit à rétablir un silence tendu.
« Je comprends tout à fait votre réaction face à cette déclaration impromptue de ma part, mais le péril est pourtant bien présent, quoique qu’encore plongé dans de mystérieuses ténèbres. Je délègue le soin de vous narrer toute l’affaire au Chevalier Jedi Benje Socar, émissaire de la Nouvelle République. »
L’homme à la cape de bure retira alors sa capuche, découvrant son regard perçant qui depuis le début de la réunion scrutait attentivement l’auditoire, jaugeant l’âme de chacun avec une froide perspicacité.
« Effectivement, la République tout entière est menacée, commença Benje Socar d’un ton grave, presque solennel, sans aucun préambule ni fioriture. L’ombre est revenue. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un météore s’est écrasé ce matin à l’équateur, au niveau du trente-sixième parallèle. Une vision de la Force m’avait averti au sujet de cet événement. C’est pourquoi je suis à vos cotés. Comme je m’y attendais, ce météore n’était pas un banal caillou, loin de là. Il s’agit, et là-dessus le Conseil Jedi est unanimement d’accord avec moi, du Fléau du Mordor. »
On eut dit à ce moment là que la salle venait d’exploser. De toutes parts, les politiciens poussaient des cris de stupeur et d’indignement. Qui était cet homme pour oser proférer de telles insanités ?
« Oui, la sabro-baguette personnelle de Vous Savez Qui ; emportée par l’explosion de L’Astre, après avoir erré d’un système à l’autre, est venue s’écraser ici, dans le système d’Aegyptia, continua le Jedi, imperturbable. Déjà, les troupes de l’Empereur sont en route ; des bruits courent dans la Bordure Extérieure que les chantiers navals de Belengri sont à nouveau en fonction, des orques auraient été aperçus dans la forêt de la planète Poudlard.
- Allons, tout le monde sait bien que votre Maître a expédié le démon dans les Enfers ! s’écria un politicien.
- Oh, le seigneur des ténèbres n’a pas été détruit comme on l’a longtemps cru ; son pouvoir s’est seulement affaibli. Momentanément. Et sa vengeance risque d’être terrible. S’il s’empare de sa sabro-baguette, il redeviendra invincible, rien ne pourra lui résister. Nous ne pourrons pas avoir une nouvelle fois la ‘’chance’’ de Poudlard. Ce sera le chaos et la désolation, sans aucun échappatoire possible… »
Des rires éclatèrent de part et d’autre. Vraiment, la plaisanterie avait assez duré. Quelques sénateurs paraissaient néanmoins angoissés, ceux qui avaient vécu les jours sombres de la domination ne pouvaient se permettre de douter de la République, ils ne pouvaient pas commettre l’erreur de laisser réapparaître un tel fléau. Le Jedi poursuivait, usant de la Force pour amplifier le son de sa voix :
« Pour échapper à l’apocalypse, il n’existe qu’une solution : détruire l’arme en la plongeant au cœur de la planète Mordor, là-même où elle fut forgée. C’est notre seul espoir. Et c’est là qu’intervient votre peuple. La reine Cyndiamidala a été désignée pour remplir cette mission périlleuse ; je m’engage à l’accompagner et à la protéger.
- Qui d’autre se joindra à nous ? demanda la jeune reine.
- La route sera longue et semée d’embûches, mais notre liberté à tous est en jeu», reprit Benje Socar.
Giorgio Math, qui avait assisté à la scène depuis les gradins réservés au peuple, se précipita au centre de la pièce : « Je viendrai avec vous. Je ne suis peut-être pas très fort mais je suis rusé et courageux.
- Sois le bienvenu mon ami, déclara la reine.
- Je me joindrai aussi à votre compagnie », annonça une vois féminine.
C’était Mat Ildaho, une jeune bothan à la fourrure cendrée, amie d’enfance de Cyndie.
« Nous t’acceptons avec joie, ma chère Mat. »
Les sénateurs les plus réticents commençaient à douter de leur jugement. Et si la reine et le Chevalier avaient bel et bien raison ? S’Il était réapparu…
« Et moi, m’intègrerez vous aussi ? »
C’était Rogeredi, le chef des gardes et l’ami de la reine, un humain valeureux.
« Et comment ! » jubilait la reine, si heureuse de voir tous ses amis se porter volontaire pour ce dangereux périple. En même temps, une angoisse profondément enracinée dans son esprit la tiraillait. La mort les attendait peut-être tous au terme du chemin…
Cyndie allait mettre un terme à cette réunion pour se lancer à la poursuite de son destin lorsqu’une jeune femme surgit de derrière un pilier qui soutenait l’immense voûte en verre de la salle : « Je me présente ; je suis Maria Hort’a’la. La Mère Supérieure d’Amazonia m’a envoyée ici afin de participer à votre quête. Je suis rompue à tous les genres de combats et une excellente mentat. Voudrez-vous de moi ?
- Maître Fascina m’avait averti quant à votre venue, dit le chevalier Jedi, et il m’a affirmé que nous aurions tort de sous-estimer vos pouvoirs. Je conseille à la reine d’agréer la demande de cette femme, qui se révèlera un excellent atout.
- Il en sera fait selon vos désirs, Chevalier. Mon Zaccari me remplacera à la tête de l’Etat durant mon absence. Ainsi la Communauté de la sabro-baguette va pouvoir prendre son envol. Je jure d’empêcher, par tous les moyens qui sont à ma disposition, le Côté Obscur de nous envahir à nouveau. Que la Force soit avec nous ! »
Les trompettes sonnèrent la fin des débats, et la petite troupe se sépara afin de se préparer au voyage…
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Messagepar Benje Socar » Lun 08 Mai 2006 - 13:36   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 2

Chapitre II
L’émissaire du chaos



« Un jour viendra la nuit
Froide, éternelle, ténébreuse.
Le grand maître réapparaîtra
Et avec lui la douce terreur.
Un jour avec la noire nuit
Notre vengeance sera accomplie. »

Extrait des Chants du Mordor.




SUR UNE PLANÈTE TRÈS ÉLOIGNÉE, DANS LA BORDURE EXTÉRIEURE…

L’homme se tenait près du feu, le dos tourné au fauteuil que les flammes inondaient de lumière ; un son de respiration rauque et difficile s’échappait de derrière l’imposant siège. La nuit semblait ne jamais vouloir se dissiper, les ténèbres s’immisçaient partout, même la vieille demeure ne semblait pouvoir offrir une quelconque protection contre leur glaciale emprise. De la sueur perlait pourtant sur son front.
Pourquoi le Maître était-il de si mauvaise humeur ? Il avait veillé à ses besoins comme d’ordinaire, malgré la répugnance qu’il lui portait…
Une voix d’outre-tombe retentit depuis le trône :
« Cimetière !
- Oui, mon maître vénéré ?
- Porte-moi jusqu’à l’enclos des Nazguls ! Il est enfin temps de prendre notre revanche !
- Les Nazguls ? s’étrangla le pauvre homme.
- Presse-toi donc, imbécile ! » ordonna la voix, de plus en plus menaçante.
L’homme que la voix gutturale avait appelé Cimetière se dirigea vers le fauteuil d’où il souleva une masse enveloppée d’un drap de laine aux emblèmes des temps passés : deux épées entrecroisées surplombaient le portrait d’un homme couronné de laurier, aux initiales brodées en or, L. VT, Un coin du linge bascula, découvrant le corps immonde de ce qu’il restait du terrifiant, du puissant Lord Voldtari : un difforme et minuscule humanoïde aux yeux exorbités et à la peau translucide. C’était la seule forme qu’il pouvait adopter sans risquer de perdre la vie ; la Force l’avait trahi, il y a bien longtemps de cela, et jamais il ne lui pardonnerait. La République tomberait définitivement, et ainsi lui et son père seraient vengés.
Mettant son dégoût de coté, l’homme s’exécuta et conduisit son maître près de l’enclos des monstrueux Nazguls, des créatures ailées à mi-chemin entre les diablotins, les dragons et les hommes.
« Ouvre l’enclos ! »
Cimetière obéit et libéra les créatures. Il ne put s’empêcher de frémir et de reculer d’un pas. La voix d’outre-tombe de Voldtari se fit entendre à nouveau. Elle psalmodiait des paroles en une langue étrange : « O selbirret snomed, am esueicerp emra tse ed ruoter. Zella, zella em al zerpucer ! »
Les créatures s’envolèrent dans la nuit en poussant d’horribles hurlements à la limite de l’hystérie et disparurent loin dans le ciel sans étoile en un fracas assourdissant de cuir froissé…
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Messagepar Dolarn Sarkan » Lun 08 Mai 2006 - 13:43   Sujet: 

Zella, zella em al zerpucer !


Ce serait pas plutôt rerepucer ?

:D
Raphus cucullatus

- End of line -
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Messagepar Benje Socar » Lun 08 Mai 2006 - 15:48   Sujet: 

Indeed, fin connaisseur de la Zorglangue !
Normalement, le texte est écrit en Aurabesh, donc l'erreur est totalement invisible...
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Messagepar Benje Socar » Sam 13 Mai 2006 - 8:59   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 3

Chapitre III
L’attaque des Nazguls



« Le courage et la foi inflexible en la liberté de la jeune reine étaient certainement les meilleurs atouts qui puissent être apportés dans notre quête incertaine et semée des embûches les plus terribles.
La Communauté toute entière, moi y compris, puisait sa force dans la personnalité de Cyndiamidala, l’ultime roc qui s’offrait à la galaxie pour se raccrocher dans la tourmente et survivre à la tempête qui s’apprêtait à déferler sur les mondes libres.
Sans cette nature exceptionnelle, je ne pense pas que l’Ordre Jedi, encore affaibli des années après la disparition de l’Empereur, aurait pu seul s’engager dans cette ultime lutte à mort…»

Extrait des Mémoires d’un chevalier Jedi par Benje Socar.




Le vaisseau royal voyageait depuis déjà cinq heures dans les vapeurs laiteuses de l’hyperespace. Chaque passager s’était vu attribuer une cabine simple mais confortable, et tous étaient en ce moment réunis dans la pièce principale. Maintenant qu’ils étaient embarqués pour l’inéluctable, dans ce qui s’avèrerait être la plus terrible de leurs expériences, chacun commençait à réfléchir sur ses propres convictions. Qu’est-ce qui avait bien pu les pousser à s’engager sur cette route mortelle qui menait au cœur même du domaine privé de l’Ennemi ressuscité ?
Dans le cockpit veillaient les droides personnels de la reine, THS-29 et CTC-14.
La conversation portait sur la meilleure façon de prévenir le retour du Seigneur du Mal. La parole était au chevalier Jedi : « Il convient d’agir dans les plus brefs délais. Si tout se passe sans ennuis, ce dont je doute fort, nous devrions atteindre la planète Mordor dans deux journées standards. Là, il nous faudra survoler le plus grand cratère de la planète, situé sur le mont Malefoy, et y précipiter la sabro-baguette, en prenant garde de ne pas se faire emporter par une des puissantes tempêtes Coriolis qui balayent la surface. Une fois notre mission accomplie, je repartirai sur Coruscant pour réunir une petite troupe Jedi afin de capturer Voldtari. Sans sa sabro-baguette, peut-être auront nous une chance de le maîtriser.
- Qu’a donc de si extraordinaire ce bout de métal ? » demanda Rogeredi en désignant l’arme posée sur la table. En effet, il ne semblait s’agir tout au plus que d’un tube creux, dangereux, certes, si l’on déployait sa lame d’énergie, mais pas plus que celui que le Jedi portait à sa ceinture.
« Rares sont les chevaliers Jedi à savoir allier les pouvoirs de la Force à ceux de la magie. Le cercle des initiés est restreint, surtout depuis l’avènement de l’Empire. Lord Voldtari est l’unique adepte du Coté Obscur à posséder ce don, ce qui en fait un ennemi redoutable. En aucun cas nous ne devons user de cette arme. Elle porte en elle et concentre les émotions de l’ombre : la peur, la colère, la haine… Toute personne qui usera de la sabro-baguette de Voldtari deviendra son esclave ! »
Comme pour canaliser la harangue du Chevalier, les voyants signalant un danger imminent se mirent à clignoter dans tout le vaisseau, accompagnés du hurlement des sirènes. Leur transport venait de quitter brutalement l’hyperespace, au beau milieu de nulle part, projetant les passagers contre les parois de la pièce à vivre. Cyndie se précipita tant bien que mal dans le cockpit où les droides gisaient à terre, secoués par le terrible tremblement. La jeune reine jeta un regard fébrile sur les radars. Neuf formes sombres étaient lancées à la poursuite du vaisseau.
« Chevalier ! Qu’est-ce donc que cela ? »
Benje Socar, qui venait à son tour de pénétrer dans le cockpit, étendit sa perception jusqu’à l’extérieur du vaisseau. Il ne put retenir un mouvement de surprise lorsqu’il identifia leurs poursuivants.
Ce n’était pas possible !
« Alors, qu’est-ce ? questionna Cyndie.
- Des créatures vivantes, votre Majesté, équipées d’un système Interdictor miniature. Nous sommes bloqués ici, à leur merci.
- Des êtres vivants dans le vide intersidéral ? Impossible. Rien ni personne ne peut survivre sans atmosphère.
- Attendez, intervint Giorgio Math. Si ma mémoire est bonne, il me semble que Lord Voldtari avait créé une espèce hybride capable de survivre sans respirer.
- En effet, approuva le Chevalier. Les Nazguls…
- Je croyais qu’il s’agissait d’une chimère destinée à effrayer les enfants, déclara Cyndie.
- Vous aviez tort, Votre Altesse.
- Les nazguls ont tous péri lors de la bataille de Poudlard, non ? s’exclama Maria, qui venait de reprendre ses esprits.
- Je le croyais aussi, affirma Benje Socar. Jusqu’à aujourd’hui du moins. Voldtari a dû en conserver en secret et il vient de les lancer à nos trousses pour récupérer son arme. »
Une des terribles créatures venait de s’approcher à moins de deux mètres du vaisseau et cracha une boule de flamme, qui se heurta au bouclier arrière. La puissance de celui-ci chuta alors de quinze pour-cents.
« Comment ont-elles pu nous trouver ? demanda quelqu’un.
- L’esprit de Voldtari les guide ; il sait que sa sabro-baguette a été retrouvée, et il fera tout pour la récupérer, répondit le Chevalier.
- Mais d’où viennent-ils ? Le Mordor est sous bonne garde, non ?
- C’est du moins ce que l’on croyait, mais avec Voldtari, il faut s’attendre à tout… »
Une pluie de feu s’abattit sur le vaisseau ; aux commandes, Rogeredi dut faire une embardée pour les éviter ; les compensateurs d’inertie poussèrent un étrange feulement, et tout le monde fut jeté à terre.
« Malédiction ! jura Cyndie. Si nous ne nous en débarrassons pas bien vite, nous sommes fichus !
- Il nous faut pénétrer dans l’atmosphère de la planète la plus proche, s’écria Benje Socar. Là, les Nazguls seront vulnérables à nos rayons lasers. Dans quel secteur nous trouvons-nous ?
- Dans le système Peyramayou, lui répondit CTC-14.
- Quelle est la planète la plus proche ? »
Le cockpit fut ébranlé par deux autres boules de feu qui venaient de toucher le flanc gauche du vaisseau. Les boucliers menaçaient de lâcher d’un moment à l’autre.
« En tenant compte de notre trajectoire et de notre vitesse actuelle, j’estime qu’il nous faudrait dix minutes pour parvenir à pénétrer dans l’atmosphère de la planète Middle Earth, à trois parsecs d’ici, dit le plus posément du monde THS-29
- Dans ce cas, dépêchons-nous ! Le temps nous est compté. CTC, ordonna Cyndie, réduit la puissance des systèmes vitaux de 2/3 et dirige cette énergie vers le bouclier avant et les moteurs subliminiques. Rogeredi, tente de te diriger vers la planète tout en évitant les projectiles de ces monstres. Notre vie à tous est entre tes mains. Mat et moi allons nous charger d’eux depuis les tourelles.»
L’homme agit aussi bien et aussi vite qu’il le put, et quelques minutes plus tard, le globe verdoyant de Middle Earth envahissait le cockpit. Les boucliers étaient descendus à un niveau critique. Un coup de plus et ils s’abaisseraient totalement. Un brusque soulèvement avertit les passagers du vaisseau de leur entrée dans l’atmosphère. Les neuf Nazguls étaient toujours à leur trousse, plus menaçants que jamais. L’un deux cracha et fit mouche : une épaisse et âcre fumée s’échappa de l’arrière de l’appareil, qui perdait vitesse et altitude…
« Nous sommes tous perdus ! gémit THS-29.
- Selon mes calculs, nous avons une chance sur 22 millions 406 mille de nous en sortir indemnes, répliqua CTC-14.
- Vous deux, la ferme ! » ordonna Mat Ildaho d’une voix rude. Sa fourrure ondula sous l’effet de la peur et de la surprise.
Le vaisseau parti d’une nouvelle embardée qui manqua de lui retourner l’estomac. Tentant le tout pour le tout, Rogeredi tira d’un coup bref sur le manche à balai de l’appareil pour parvenir à le stabiliser avant de tenter un atterrissage de fortune. Il y réussit tant bien que mal. La voix de Cyndie retentit dans tout l’appareil.
« Ces créatures sont indestructibles ! Non seulement elles se meuvent à une vitesse folle mais elles encaissent tous nos tirs sans broncher !
- Je vais tenter de les ralentir en embrouillant leur esprit, dit Benje Socar. Au moment où ils seront hébétés, tirez sans relâche sur leur tête, c’est la seule partie vulnérable de leur corps. »
Ce fut difficile, et même désespéré, mais les Nazguls, brouillés par le Jedi et aveuglés par l’ardent soleil de Middle Earth, tombèrent un à un sous les coups de Cyndie et de Mat. Mais le vaisseau n’était plus en état de décoller, et l’antenne radio totalement détruite. Il allait falloir réussir à trouver sur cette étrange planète les pièces de rechange les plus nécessaires : un accélérateur de poussée subliminique et un générateur d’énergie F-14. La ville la plus proche qu’ils avaient pu apercevoir dans leur descente en catastrophe se trouvait à une dizaine de kilomètres de l’endroit où ils s’étaient écrasés. La reine, accompagnée du chevalier Jedi, de Mat Ildaho et de Giorgio Math, venait d’en prendre le chemin ; les autres gardaient le vaisseau…

* * *

A l’autre bout de la galaxie, Lord Voldtari fulminait de rage : « Mais comment donc ces impertinents ont-ils pu déjouer mon piège ? Rien ne devait pouvoir résister à mes puissants Nazguls améliorés ! Cimetière, viens ici !
- Je suis près de vous, mon maître.
- Il va nous falloir accélérer les choses. Cette jeune idiote est capable de tout faire échouer. Il me faut à tout prix la stopper avant qu’elle n’atteigne notre demeure. Je veux récupérer mon trésor, mon délicieux trésor… Il est grand temps que je retrouve ma forme humaine.
- Mais, mon maître, vous êtes trop faible ! Vous pourriez ne pas survivre ! implora le pauvre serviteur.
- Suffit ! Aies confiance en mon génie ! Et égorge-moi une licorne ! Un peu de son sang suffira pour que je retrouve mes forces en attendant que notre espion ait capturé Cyndiamidala !
- Vous avez dit…
- Oses-tu remettre en doute mon jugement ?
- Jamais une telle pensée ne me traverserait l’esprit, Mon Seigneur.
- Je l’espère bien ! Grâce à elle, je pourrai à nouveau redevenir ce que j’étais : l’Empereur tout-puissant que tous craindront et admireront ! Va ! »

* * *

Cyndie et sa troupe venaient de pénétrer dans une petite bourgade répondant au nom de Giedi. Selon les indications qui leur furent généreusement transmises par quelques passants, ils se dirigèrent vers la boutique d’un certain Simbadsic, un ancien navigateur de la Guilde Spatiale, disparue plus de quatre siècles auparavant ; comme tous ceux ayant exercé autrefois ce métier, à une époque lointaine où les routes hyperspatiales étaient encore inconnues, il vivait dans une espèce d’aquarium qui le plongeait dans de délicieux volutes d’épice en provenance d’Arrakis, ce qui lui donnait le don de prescience nécessaire pour pouvoir naviguer dans l’espace plissé, et lui assurai une espérance de vie millénaire. Selon le fermier dans le champ duquel ils s’étaient écrasés, cet homme était le seul à des kilomètres à la ronde à posséder les composants qui avaient été détruits lors de l’attaque des nazguls.
La boutique ne payait pas de mine ; si les autochtones ne la leur avaient pas indiquée, nos héros auraient pensé qu’il ne s’agissait là que d’un vulgaire taudis. La lumière semblait répugner à bien vouloir pénétrer les lieux et une angoissante pénombre envahissait l’espace. Derrière le comptoir d’un marbre piteux, perdu au milieu de brumes orangées, attendait le Navigateur. Pressé d’en finir, Benje Socar présenta leur requête.
« Ainsi donc vous cherchez un accélérateur de poussée subliminique et un générateur d’énergie F-14 ? Vous avez de la chance d’être tombé sur moi. Mais j’espère que vous avez de quoi payer, siffla Simbadsic de sa voix stridente. M’est avis que ça vous reviendrait moins cher d’acheter un vaisseau neuf.
- Nous sommes en mesure de vous offrir 600 crédits républicains, soit le double de ce que nous vous demandons », répliqua Cyndie.
L’homme ne remarqua la présence de Cyndie qu’à ce moment là ; une vision s’imposa soudain à lui qui le fit reculer d’effroi. Deux yeux de braise sous le puits de noirceur d’une capuche, reflétant la Mort en personne. Reprenant le contrôle de ses pensées, il finit par cracher en riant aigrement : « Des crédits républicains ? Mais ils n’ont pas cours sur cette planète ! Il me faut 2000 doublons et 150 mornilles ; sinon, vous pouvez dire adieu à vos composants, et à votre liberté… »
La petite troupe argumenta longtemps mais rien n’y fit, le marchand était plus têtu qu’un bantha. Dépités, même la ruse Jedi restant impuissante, ils allaient retourner au vaisseau lorsqu’une affiche attira l’attention de Mat Ildaho : un match de Quidditch, un sport local, devait avoir lieu le lendemain. Toute personne le désirant pouvait s’inscrire. Simbadsic récoltait les paris. C’était leur dernière chance : gagner avec les paris de ce match suffisamment d’argent local pour pouvoir acheter les pièces qui leur manquaient et partir au plus vite avant que Lord Voldtari ne les retrouve…

Cyndie inscrivit la totalité des membres la Communauté pour former une équipe de Quidditch. Elle chargea la rusée Mat Ildaho des négociations avec Simbadsic pour obtenir les pièces du vaisseau si jamais ils gagnaient la partie. Benje Socar et Maria Hort’a’la leur apprirent ensuite d’après ce qu’ils avaient pu trouver sur l’Holonet les rudiments de ce sport dangereux.
Le match avait lieu tôt dans la matinée. L’immense stade dans lequel allait se jouer le destin de la galaxie toute entière était bondé ; la foule affluait de partout, on se bousculait, on se marchait dessus, on vociférait pour être aux meilleures places. Ecrasé par tout ce poids, le pauvre Giorgio Math se répétait les conseils de Maria : son but était d’attraper le Vif d’or à tout prix, une petite balle ailée qui voletait selon son gré et qui permettrait de mettre fin au jeu, tout en offrant cent cinquante points à son équipe. Les autres se partageront en deux groupes : les poursuiveurs se passeront le souafle, un étrange ballon, pour marquer dans les anneaux de l’adversaire, gardés par un inquiétant Dug ; les autres seront chargés d’éloigner d’eux les vils cognards, d’affreuses balles ensorcelées qui ne vivaient que pour accabler les joueurs. Comment allaient-ils s’en sortir ?
Une fanfare grandiloquente retentit avec fracas bien loin au-dessus d’eux et le portail s’ouvrit, les inondant de la lumière sucrée de Giedi Prime ; la foule acclamait ses héros avec une véhémence extraordinaire, ne se lassant jamais des hourras et autres bravos. Cyndie espérait qu’ils n’avaient pas commis une erreur. Si jamais ils perdaient le match, ils seraient bloqués sur cette planète jusqu’à l’arrivée de Voldtari ; ils ne pourraient pas lui échapper, la sabro-baguette tomberait entre ses mains… et mieux vaudrait alors ne pas se trouver sur son chemin. Quand chacun eut prit place autour du terrain, l’arbitre s’avança, sortit son sifflet de sa poche, et le match commença sous un tonnerre d’applaudissements.
Nos pauvres héros avaient eu beau s’entraîner des heures entières, leur vol était maladroit et leurs gestes hésitants. Maria et Rogeredi tentaient tant bien que mal de repousser les cognards et, de leur côté, Cyndie et Mat Ildaho se démenaient du mieux qu’elles pouvaient pour attraper le souafle et le lancer au Chevalier qui, grâce à la Force, pourrait éviter cognards et poursuivants. Tout en haut, Giorgio scrutait l’horizon à la recherche du Vif d’or. Et le gardien, me direz-vous ? On avait installé des répulseurs sur THS et le pauvre robot devait se charger de surveiller les anneaux de la Communauté, malgré ses véhémentes protestations : « Mais je ne suis qu’un simple droïde de protocole ! Mon Dieu, qu’ai-je fait pour mériter une telle horreur ! »
Cinq minutes n’avaient pas passé que déjà Giedi Prime avait pris la tête avec quatre points. THS avait préféré s’enfuir plutôt que de griller un de ses modestes circuits. La foule avait alors éclaté en rires bruyants. Le match dura ainsi une bonne heure sans que nos malheureux amis ne puissent se dépêtrer du pétrin dans lequel ils s’étaient fourrés. Il aurait mieux valu pour eux jouer les gentlemen cambrioleurs plutôt que les clowns de cirque ; le score affichait un résultat horrifiant : cinq points en leur faveur, contre cent pour l’équipe adverse.
Par trois fois, le balais de Cyndiamidala fut pris d’un hoquet terrible, menaçant de la faire valser dans les airs et de la projeter contre les gradins. On crut tout d’abord qu’il s’agissait là du fait que la reine ne soit qu’une néophyte en matière de balai volant, mais le chevalier Jedi Benje Socar en pensait tout autrement. Selon lui, le balai de la jeune reine avait dû être trafiqué. Quelque chose comme… Un sentiment indéfinissable, un vague malaise proche du pressentiment s’était instillé en lui depuis la veille. Une présence étrangère, masquée, au sein même de la Communauté. Il craignait qu’un traître ne se soit glissé parmi eux afin de dérober la sabro-baguette ou pire, de les livrer à leur ennemi mortel. Ils devaient tous se tenir sur leurs gardes, chacun était un suspect potentiel.
De minute en minute le résultat de Giedi Prime gonflait comme une baudruche. Soudain, un éclair doré zébra le ciel juste sous le nez de Giorgio Math. Le Vif d’or venait de faire son apparition ! Sans réfléchir une seconde le doux hobbit se lança à sa poursuite, esquivant tant bien que mal les cognards. Il n’évita pas cependant le souafle que lui envoya par erreur Mat Ildaho ; il en fut sonné pour un temps mais reprit bien vite sa course. L’attrapeur adverse, un véritable géant, était lui aussi parti à la suite de l’objet sacré.
Le temps avait perdu toute consistance pour Giorgio : le score défilait lentement (cent deux, cent cinq…) mais il n’écoutait plus, il ne ressentait plus que le vent qui s’engouffrait sous sa chemise. Il ne pensait même plus à l’adversaire, tout son esprit était fixé sur la balle d’or. C’est ainsi qu’il finit par recevoir un cognard en plein estomac qui l’envoya voler loin devant, par dessus son balai. Dans sa chute, il n’eut qu’à tendre le bras pour mettre fin au match. Ils avaient gagné, cent vingt-cinq contre… cent vingt-quatre.
Les pièces étaient à eux, ils allaient pouvoir reprendre leur quête. Mais la possibilité qu’un traître se soit glissé parmi eux était des plus déconcertante. Les ténèbres grandissaient, et à tout moment semblaient menacer de les engloutir…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Sam 13 Mai 2006 - 9:01   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 4

Chapitre IV
Entretien avec le Seigneur du Mal



« Le génie est une qualité qui se fait rare chez les êtres humains. C’est une attitude spirituelle et métaphysique que je peux qualifier, sans fausse modestie, de synthèse de ma magnifique personne : je suis en effet le plus grand Génie de tous les temps.
Le génie appelant le pouvoir, n’est-il pas logique que je sois destiné à devenir le plus grand des empereurs ? Mon génie, combiné à ma puissance, est tel que rien ne pourra me résister… »

Extrait du Discours préliminaire au sacre de Lord Voldtari par lui-même.




La noirceur de l’espace s’étendait à perte de vue, emplissant le champ visuel des deux hommes qui se tenaient sur le pont avant du vaisseau. Ils prenaient place, à distance respectueuse néanmoins, de part et d’autre d’un trône imposant, tout d’or resplendissant, brodé avec orgueil aux armoiries des temps lointains de l’Empire.
« Les opérations se déroulent-elles comme prévues, amiral Thevhenhon ? » questionna une voix ténébreuse qui s’échappait du fauteuil. L’homme à qui elle s’adressait sentit un frisson de terreur lui grimper le long de l’échine.
« Presque, Monseigneur.
- Presque, vous dites ?
- Ou… Oui, Monseigneur. L’ensemble de notre premier bataillon de sardaukars est prêt à combattre et un bataillon d’orques en formation. Un troisième escadron de chasseurs tariens vient de sortir de nos chantiers. Le M.O.I., votre nouveau croiseur interstellaire, est en parfait état de marche. Cependant… J’ai peur que notre maigre…, euh, même si rien ne peut surpasser son entraînement intensif, mais enfin… Notre armée ne peut encore faire face à la Nouvelle République et à ses Chevaliers Jedi. Nous sommes trop faibles. Nous devrions peut-être repousser l’attaque. Il nous faudrait… a… ahaaa… »
L’officier porta la main à sa gorge ; il n’arrivait plus à respirer, un étau semblant s’être refermé sur sa trachée. Après quelques convulsions désespérées, avec un râle horrible, il s’effondra raide mort au bas du fauteuil. Un pied minuscule le repoussa violemment.
« Trop pessimiste celui-là. La seule chose qu’il me faut, c’est ma sabro-baguette. Cimetière ! »
L’autre sursauta.
« Mon maître m’a-t-il appelé ?
- Qu’en est-il de la jeune Cyndie ? demanda le maléfique Lord Voldtari.
- Notre espion vient de nous apprendre qu’ils ont quitté depuis peu la planète Middle Earth. Il n’a pas pu intervenir à sa guise, sous peine de trahir sa présence vis à vis de la reine.
- L’incapable !
- Mais il affirme qu’il a un plan, reprit Cimetière. Il va s’arranger pour isoler la reine et la capturer dès qu’ils descendront du vaisseau…
- Nous verrons. C’est sa dernière chance. Sinon, il faudra que je m’en charge… personnellement. Ah ! Quel génie je fais !
- Oui, mon maître, vous êtes un génie. Le plus grand de tous les génies.
- Débarrasse-moi de cet imbécile de Thevhenhon. Annonce aussi à Brakari qu’elle monte en grade ; le triomphe est proche. La République paiera bientôt le tribu qui m’est dû.»
Dans la baie du vaisseau, un rire démoniaque retentit, faisant trembler quiconque l’entendait…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Dim 14 Mai 2006 - 8:28   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 5

Chapitre V
Le mystère de Dune




« L’arme millénaire se tenait là, toujours à portée de ma main, si séduisante, solitaire. Comme il me semblait facile alors de m’en emparer et la laisser pendre à ma ceinture, puis m’en servir pour terrasser le vieux Lord Voldtari dès que nous le retrouverions. Mais le Chevalier Jedi nous avait tous mis en garde : quiconque userait de la sabro-baguette, quelles que soient ses intentions, deviendrait le serviteur du Maître du Mal… »
Extrait d’Histoire d’un aller-retour par la reine Cyndiamidala.




Cyndie se dressa sur son lit, sortant d’un sommeil agité ; ses membres tremblaient encore et sa respiration restait difficile. Ayant retrouvé un semblant de calme grâce à son savoir Bene Gesserit prana-bindu, elle se rallongea.
Elle venait une fois de plus de faire ce rêve étrange, en plein désert. L’air sec et piquant irritait encore sa gorge, le contact froid et rugueux du sable persistait sur sa joue. Quelle était donc sa signification ? Ne la laisserait-il plus dormir en paix ? Elle en avait déjà parlé au Chevalier qui pensait qu’il s’agissait-là d’un rêve prémonitoire, d’une vision de la Force. Mais pourquoi lui inspirait-il une telle angoisse ? Essayait-on de la prévenir du danger ?
La jeune femme s’assit sur sa couchette, se massant les tempes pour faire fuir ses soucis, puis tressa ses longs cheveux qui coulaient en cascade jusqu’au pied du lit. N’avait-elle pas assez de problèmes avec Voldtari ? Un doute l’assaillit soudain : la sabro-baguette ; était-elle en sécurité ? Le coffre-fort dans laquelle elle l’avait prudemment enfermée la contemplait haut dessus de son lit ; à travers la paroi de plastacier, la lueur irréelle de l’arme millénaire eut tôt fait de l’hypnotiser. Quand elle s’en approchait, un doux murmure semblait s’en échapper, la captivait, l’envoûtait ; sa main brûlait d’envie de la soupeser, l’activer, fendre l’air avec noblesse. Ce n’était qu’un simple bout de métal ; quel mal y aurait-il à l’essayer, juste une fois, quelques insignifiantes secondes ?
Non ! Sa formation Bene Gesserit la mit aussitôt en garde ; elle ne devait pas céder au pouvoir destructeur de la sabro-baguette. Personne ne connaissait le code du coffre, à l’exception du Jedi. Pour plus de sûreté, il en avait été décidé ainsi. Cyndie se concentra sur d’autres problèmes plus importants afin de détourner son esprit de la tentation.
Il était encore très tôt et la majorité de ses compagnons devaient se reposer dans leur cabine. Depuis leur départ de Middle Earth, suite au tournoi de Quidditch, la reine avait tenté de percer à jour le mystérieux traître qui s’était glissé dans leur compagnie. Tous ses compagnons semblaient pourtant dignes de confiance, que ce soient ses amis d’enfance Mat Ildaho et Giorgio Math, son chef des gardes Rogeredi ou encore le Chevalier Benje Socar. Une seule personne retenait son attention : l’étrange Maria Hort’a’la, souvent distante et absorbée, mais le Jedi paraissait la connaître…
Pour se changer les idées, Cyndie décida de rendre visite aux droïdes restés dans le cockpit afin de suivre le déroulement de leur voyage. Elle trouva CTC-14 et THS-29 en grande conversation à propos des probabilités de revenir entiers du périple qu’ils étaient en train d’accomplir.
« J’estime que nous avons une chance sur 236000 de rentrer à Louqsor en un seul morceau, déclarait THS-29, impassible, presque flegmatique.
- Vos conclusions sont erronées, mon cher. La menace de la nouvelle armée de Lord Voldtari ramène nos chances à une, contre 300000 », contra CTC-14.
Le droïde doré (THS-29 était couleur or tandis que CTC-14 arborait une placide teinte céruléenne) haussa les épaules, imitant à la perfection la gestuelle humaine. On eut pu presque percevoir une nuance de mépris dans ses récepteurs oculaires. C’est à ce moment-là que Cyndie, qui avait épié la scène d’un œil amusé, intervint :
« Pourquoi êtes-vous donc si pessimistes, tous les deux ? Notre tâche est rude, certes, mais je suis sûre que nous réussirons. Lord Voldtari est déjà tombé une première fois, rien n’est impossible à ceux qui se donnent les moyens de la victoire.
- Puisse le Grand Constructeur vous entendre, Madame ! s’exclama CTC-14.
- Sommes-nous encore loin de notre destination ? demanda la reine aux deux robots.
- Nous avons effectué la moitié de notre voyage et traversons actuellement le système Herbert. »
Cyndie consulta les cadrans du tableau de bord. La jauge du carburant était au plus bas, il allait falloir remplir les réservoirs. Eh oui, même en ce temps-là il était impératif ne pas oublier de faire le plein d’essence !
« Nous allons devoir faire une halte, déclara la jeune femme. Nos réservoirs sont presque à sec. Comment se nomme la planète la plus proche ?
- Arrakis. »
Un étrange malaise s’empara de Cyndie. La rumeur d’un hurlement, le parfum envahissant de la cannelle…
« N’est-ce pas le monde désertique que les autochtones surnomment Dune ?
- En effet, Votre Altesse, lui répondit THS-29. C’est une planète très inhospitalière mais riche : comme vous devez le savoir, c’est l’unique productrice d’épice de prescience qu’utilisent les anciens navigateurs de la Guilde et les Révérendes Mères du Bene Gesserit. Certains la mêlent aussi au bacta pour en faire une drogue sensée allonger la durée de vie ; mais rien de tout cela n’a été démontré scientifiquement. Ce monde est actuellement gouverné par le Baron Jaen Harkonnen, un être vil et sanguinaire. Mais si nous restons dans la zone peuplée par les fremens, nous ne devrions pas rencontrer de problèmes majeurs.
- Ne pourrions-nous pas faire escale ailleurs ? J’ai comme un mauvais pressentiment… »
La puissance de ses songes formait une boule brûlante au fond de la gorge de la reine.
« C’est impossible, répliqua CTC-14, apparemment inconscient de la peur qui émanait de sa maîtresse. Notre route a été établie ainsi, nous n’avons pas assez de carburant pour atteindre la planète suivante. Les Nazguls nous ont retardés.
- De toute façon, ajouta le droïde doré, qui savait se montrer plus clairvoyant dans la compréhension de l’humain, il n’y a pas de quoi avoir peur : nous ne risquons rien, à 299999 chances près !
- Merci de te montrer si rassurant », dit la jeune femme avec sarcasme.
Cyndie était consciente qu’il était grand temps d’assumer son rôle de reine et qu’il fallait laisser la peur et ses visions de côté. Elle devait reprendre courage et garder son calme.
« Je vais avertir les autres de notre prochaine halte. Je pense qu’ils seront heureux de pouvoir enfin se dégourdir les jambes ! »

* * *

Lord Voldtari, après avoir passé en revue sa nouvelle armée de terreur, était retourné dans son immense palais de marbre sur la planète Mordor. Cimetière, comme à son habitude fidèle dans son rôle de serviteur zélé, l’avait bien évidemment suivi. Il venait de recevoir un message important :
« Monseigneur, déclara-t-il, notre espion nous avertit que la communauté vient à l’instant d’atterrir sur la planète Arrakis.
- Tout comme je l’avais prédit. Nos agents manipulateurs ont-ils bien effectué leur travail ?
- Oui, Grand Génie. Les fremens ont été conditionnés comme vous l’aviez demandé.
- Tout marche selon mon plan. Cette fois-ci, Cyndie ne pourra pas m’échapper ! jubila le puissant seigneur des sith. Ma puissance d’antan va enfin redevenir mienne à tout jamais et les peuples se prosterneront devant mon immense génie ! »

* * *

La Communauté, selon les conseils de Mat Ildaho, avait décidé de se poser à proximité du sietch Cap Endu, dans l’hémisphère nord de la planète. Les fremens de prime abord réticents devant des étrangers, avaient cédé aux arguments de la reine et du Jedi, à condition que la petite troupe leur abandonne le swoop qui se trouvait dans leur soute. Cyndie n’osa pas leur demander de quelle manière ils avaient pu savoir ce qu’ils transportaient ; leur équipement devait être plus perfectionné que ce que leur apparence pouvait laisser soupçonner. Rogeredi s’occupait du déchargement de l’appareil tandis que trois fremens s’attelaient à remplir les réservoirs.
Pendant ce temps, la jeune reine s’était résolue à explorer le sietch et ses mystérieuses cavernes ; Benje Socar avait insisté pour l’accompagner, « pour votre protection » avait-il déclaré ; le reste de la communauté gardait le vaisseau. Le refuge millénaire fourmillait d’hommes et de femmes au regard déterminé, trempé dans l’acier et résolu à tout affronter, y compris le temps cruel et invincible. Jamais notre jeune héroïne n’avait vu fourmilière si vaste et si bien organisée, et elle savait qu’elle n’entrevoyait là que le haut d’un immense iceberg enfoui dans le désert profond. Les fremens formaient un peuple des plus étranges, bien mal connu des civilisations du noyaux, les écrits de Pardot, puis de son fils Liet Kynes n’ayant regroupé autour d’eux que peu d’érudits. Descendants des survivants de l’implosion artificielle de la planète Zenzunni qui avait marqué le début de la Grande Guerre, ils avaient migré après de longues pérégrinations à travers l’espace sur Arrakis où ils furent très bien accueillis par le gouverneur d’alors, le Duc Leto Atréides. Malheureusement ce dernier avait été renversé par les vils Harkonnens qui avaient vu les émigrés d’un mauvais œil et les avaient chassés dans les profondeurs du désert, pensant les livrer en pâture aux terribles vers des sables. Ceux qu’on appelait désormais les fremens s’adaptèrent très vite à leur nouvel environnement pour devenir ceux que vous connaissez certainement. Mais je m’éloigne, revenons en à nos héros.
Apercevant la coiffe de Cyndie et la sabro-baguette du Chevalier, les fremens ne purent s’empêcher de penser à l’ancienne prophétie – que leur avait judicieusement rappelée leurs derniers visiteurs : « Un jour viendra une jeune femme aux cheveux plus longs que les tresses d’épice. Un non-humain et des machines qui parlent l’accompagneront, ainsi qu’un homme qui possède un cylindre d’acier en guise de krys. Elle devra traverser le désert profond et affronter Shai-Hulud. Si elle survit, l’eau coulera à flot sur Arrakis. »
Les murmures des fremens intriguaient et inquiétaient la reine au plus haut point. Le Chevalier Jedi se tenait sur ses gardes, prêt à intervenir au moindre mouvement suspect. Ils se trouvaient dans la salle où se réunissaient les fremens lors des grandes orgies d’épice. Les murs étaient ornés de tapis en soie d’épice et des brilleurs taillés dans le gypse éclairaient l’immense caverne. Deux femmes se présentèrent soudain devant eux, surgies de nulle part : leurs yeux avaient le bleu de l’ibad et toutes deux étaient revêtues d’un distille ; elles devaient rentrer du désert profond.
« Je me présente, annonça la plus âgée des deux. Je me nomme Aurore, et voici la Sayyadina Jade. Nous avons appris votre venue et avons accouru aussitôt.
- Nous devons vérifier si vous êtes bien la Malla-Bonna, celle qui fera couler l’eau sur Arrakis, déclara la Sayyadina à Cyndie de sa voix de baryton. Si le mauvais sort nous a encore joué un tour et que vous n’êtes pas celle de la prophétie, votre eau reviendra alors à la tribu. »
Tandis qu’elle parlait, une escouade de fedaykins encercla la reine et Benje Socar. Celui-ci dégaina sa sabro-baguette et se prépara au combat.
« Non ! s’écria Cyndie. Ces gens ne nous veulent pas de mal, du moins pour l’instant. Que voulez-vous ?
- Vous devez accomplir l’épreuve qui nous montrera si vous êtes celle de la prophétie », répondit Jade, imperturbable.
Quelque chose dérangeait Cyndie à propos de cette histoire de prophétie. Quel était donc ce nouveau mystère ? Etait-ce là une nouvelle manigance ourdie par le Seigneur du Mal ou une simple coïncidence ?
« Ecoutez, nous sommes très pressés et je ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler», plaida la jeune femme. Ses sens étaient en alerte et chacun de ses muscles prêts à réagir selon sa volonté. La peur l’envahissait, mais ses pensées étaient trop agitées pour que la litanie lui soit d’un quelconque secours.
« Vous n’avez pas le choix, continua l’étrange Sayyadina. Même le Chevalier Jedi ne peut rien faire pour nous empêcher de vous soumettre à l’épreuve du désert. »
Deux fremens s’avancèrent ; ils portaient une branche sur laquelle se tenaient deux étranges reptiles. Benje Socar les reconnu aussitôt : c’étaient des ysalamari ! Ces animaux émettaient une onde qui repoussait la Force et annihilaient ainsi les pouvoirs Jedi. Celui-ci était comme aveugle quand il essayait de percevoir la Force. Les feydakins refermèrent le cercle autour d’eux, le regard masqué par la capuche de leur distille, ce qui les rendait d’autant plus menaçants. Une réplique de THS-29 revint alors à l’esprit de Cyndie : « Nous sommes tous perdus ! »

Les fremens avaient jeté les membres de la Communauté dans un sombre cachot. Ils étaient traités avec ménagement pour l’instant mais une mort certaine les attendait tous si Cyndie ne parvenait pas à survivre à l’épreuve qui lui était réservée. Les deux droïdes, quant à eux, avaient été désactivés ; leur vue effrayait les fremens.
La jeune reine avait été conduite au bord du bled, le désert profond, accompagnée d’Aurore, de la Sayyadina Jade et du Naib local, le puissant Gorginus. Ce dernier observait Cyndie d’un air grave et sévère : « Etrangère aux cheveux plus longs que les tresses d’épice, le moment est venu de savoir si vous êtes la Malla-Bonna, annonça-t-il d’une voix austère. Vous allez devoir franchir le désert jusqu’au point de ralliement, à 25 parsecs d’ici. Votre équipement se composera d’un distille, d’une tente distille et d’un fremkit. Vous allez devoir survivre à Shai-Hulud et aux autres dangers du désert. Si vous réussissez, vous et vos amis serez libres de partir ; la prophétie suivra son cours, j’en suis sûr, et l’eau divine coulera enfin sur notre planète. Dans le cas contraire, si vous périssez, vos amis seront tués et leur eau reviendra à la tribu. Que l’esprit de Shai-Hulud vous protège. »
Les deux fedaykins qui retenaient la reine la poussèrent alors violemment dans le désert ; la jeune femme tomba à terre : « Si vous revenez sur vos pas, l’avertit l’un d’eux d’un air compatissant, vos amis mourront. Partez en direction du point lumineux que vous voyez là-bas. C’est le lieu de ralliement. » Sur ce, ils l’abandonnèrent à son triste sort.
Cyndie réfléchit un peu à l’incongru de sa situation : elle devait rejoindre la bordure extérieure pour sauver la galaxie du péril que représentait le retour de Lord Voldtari et voilà qu’elle se retrouvait en plein désert, comme dans son rêve, où elle devait survivre pour que ces amis puissent voir encore une fois le soleil se lever ! Comment, jeune reine d’une planète somme toute assez paisible, en avait-elle pu arriver là ?
Il me faut donc traverser ce désert aride avec pour seule eau celle de mon corps qui se recyclera encore et encore à condition que je n’entaille pas ce distille. Si j’échoue, je ne reverrai jamais mes amis ; de toute façon, je ne serai plus de ce monde… Mais bon sang, qu’ai-je fait pour me retrouver dans un tel pétrin ? Qu’est-ce donc que ce Shai-Hulud qu’évoquent sans cesse les fremens avec tant de respect et de crainte ? Et quels sont les « autres dangers » dont parlait Gorginus ? Prudence. 25 parsecs, quelle distance !
La jeune femme fit appel à tout son savoir Bene Gesserit pour clarifier ses idées et entamer sa longue marche à travers le désert…

Cela faisait quatre heures que Cyndie avançait à travers le désert brûlant et la nuit rafraîchissante venait enfin de tomber. Elle s’était parfaitement adaptée au distille ; elle but quelques gorgée de l’eau tiède, légèrement salée, afin de reprendre quelques forces. Les fremens ne lui avaient laissé que deux maigres rations de survie, ce qui faisait bien peu par rapport à la distance qu’elle avait à parcourir. La jeune reine estimait que déjà 6 parsecs avaient été franchis depuis le sietch où ses amis étaient retenus prisonniers.
Rien ne bougeait dans le désert et tout paraissait étrangement calme. Cyndie jeta un regard inquiet sur les dunes environnantes ; pas un signe de vie à l’horizon. Elle se décida à reprendre sa marche mais s’arrêta tout à coup : les gestes qu’elle venait de faire, les pensées qu’elle avait émises… Tout était comme dans son rêve ! Un ver n’allait pas tarder à surgir !
Effectivement, une fragrance de cannelle envahit soudain l’espace autour d’elle ; un bruissement se fit entendre au loin : le ver approchait. La peur s’empara alors de Cyndie qui se mit à courir éperdument dans l’espoir vain d’échapper au monstre. Elle trébucha et s’étala de tout son long à proximité d’une petite dune rocheuse. Consciente du danger qu’elle encourait si elle se laissait envahir par la terreur, la jeune femme se força à réciter la litanie contre la peur : « Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, à travers moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »
Quand le calme fut revenu dans son esprit, elle décida de ce qu’il convenait de faire. Les vers des sables étaient attirés par le bruit et notamment par les rythmes. C’est du moins ce qu’avait prétendu THS-29. Si elle réussissait à créer une sorte de marteleur, elle pourrait peut-être échapper au ver à condition qu’elle trouve un éperon rocheux où se mettre à l’abri, le tout dans une obscurité quasi-totale. Il lui fallait absolument détourner l’attention du monstre ; et après ? Le temps lui faisait cruellement défaut…
Imperturbable, le ver continuait de s’approcher. Des éclairs zébrèrent soudainement le ciel ; au Sud, une tempête se préparait. Tous les éléments semblaient réunis pour annoncer la chute de Cyndie et la victoire prochaine de Lord Voldtari. Car ne nous leurrons pas, la jeune reine et ses compagnons étaient bel et bien perdus…

* * *

Sur la planète Mordor, le Seigneur des Ténèbres contemplait avec délectation le rapport que son espion venait de lui envoyer : « Tout marche selon votre plan ; les fremens ont neutralisé la Communauté et livré la reine au désert. Le temps est propice : une tempête se prépare. Nous allons enfin pouvoir prendre notre revanche… »
La stupide communauté hors jeu et la reine à portée de main, la victoire lui était certainement acquise !
Mon génie est le plus grand de la galaxie ! Je vais enfin retrouver ma sabro-baguette et j’apprends que cent bataillons de mon armée sont déjà prêts au combat ! La reconquête va pouvoir enfin commencer !
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Dim 14 Mai 2006 - 8:30   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 6

Chapitre VI
Trahison


« Quand le danger menace de toutes parts et qu’assurément vous êtes perdus, survient parfois un événement inattendu et salvateur. Mais gare ! Il se pourrait que vous tombiez facilement de Charybde en Scylla. »
Extrait des Maximes Bene Gesserit recueillies par Maria Hort’a’la.




La tempête menaçait de se déchaîner d’un instant à l’autre et le ver ne se trouvait plus qu’à cinq cent mètres du lieu où se tenait Cyndie. Celle-ci s’était résignée à son sort et plaignait ses pauvres amis qui allaient mourir par son manque de clairvoyance. Quelle vanité avait-elle eu de croire être capable, à elle seule, de sauver la galaxie ! Si seulement le Chevalier n’était pas venu la chercher, si seulement la sabro-baguette s’était écrasée sur une autre planète, si Voldtari n’avait jamais existé, si…
Un bruit inattendu parvint soudain à ses oreilles, un bruit de moteur. Qui pouvait voler en pleine nuit, la tempête étant si proche ? Elle aperçut au loin un ornithoptère qui venait dans sa direction. Les fremens avaient-ils décidé de lui laisser la vie sauve ?
Le vaisseau stationna à quelques mètres au-dessus de sa tête et la rampe d’accès se déploya juste devant elle. « Montez ! » cria une voix amie. Elle ne se le fit pas dire deux fois et grimpa dans le vaisseau. La porte se referma et Cyndie apprécia le contact froid et rugueux de l’acier, rassurant, sur sa joue. Déjà, l’orni s’était envolé tel un insecte et la conduisait loin du ver et de la tempête. Le monstrueux gardien du désert poussa un hurlement et jaillit hors du sol pour tenter de gober l’appareil. Mais son pilote expert se lança dans un tonneau qui les mit définitivement en sécurité. Elle était sauvée.
Cyndie eut tôt fait de parcourir les quelques pas qui la séparaient du cockpit ; elle découvrit avec joie le Chevalier Jedi qui menait le vaisseau de main de maître et se dirigeait vers l’espace.
« Benje Socar ! s’exclama la jeune femme. Comment avez-vous pu échapper aux fremens ?
- Un Jedi doit aussi savoir se servir de son esprit et de son corps ; la Force seule ne suffit pas. »
L’homme avait la voix plus rauque que d’ordinaire.
« Et où sont les autres ?
- Ils sont en sécurité ; ils ont pu rejoindre le vaisseau royal et se dirigent eux aussi vers la planète Mordor. Vous portez toujours la sabro-baguette sur vous, comme je vous l’avais conseillé avant notre exploration du sietch ?
- Oui. Mais pourquoi… »
Le Chevalier eut un geste quasi imperceptible. La reine sentit une légère piqûre au niveau de la cuisse. Une douce torpeur l’envahit aussitôt.
« C’est un sédatif auquel j’ai incorporé une dose de concentré d’épice. Faites de beaux rêves…
- Pourquoi… »
Trop faible pour lutter, la reine sombra aussitôt dans un sommeil où les songes se mêlaient à des visions prescientes. Parmi elles, elle distingua Lord Voldtari sur un trône du palais impérial de Coruscant, elle-même assise à ses côtés. Non, pas elle-même, mais un visage familier cependant. Entre eux deux, un berceau en bois de framboisier. Et dans ce berceau, un enfant ; Cyndie tenta en vain d’apercevoir son visage, la femme la repoussait toujours. Puis ce furent les ténèbres les plus totales…

Le petit vaisseau modifié surgit de l’hyperespace en un sinistre craquement, à proximité de la planète Mordor, avant de se diriger vers l’immense destroyer qui stationnait en orbite autour de l’équateur. Il pénétra dans un grand hangar où l’attendait une troupe de sardaukars, resplendissants dans leur nouvelle armure immaculée aux insignes de leur Empereur.
La jeune reine s’était réveillée mais sa conscience devait encore lutter contre les effets notoires de la drogue ; un voile brumeux lui obscurcissait l’esprit. Le traître Chevalier la portait dans ses bras. Ils grimpèrent dans un turbo-élévateur qui les conduisit dans une salle obscure ; seule une immense baie s’ouvrait sur l’espace ténébreux, apportant la faible luminosité des astres stellaires. Au centre de la baie, Cyndie aperçut un trône brodé d’armoiries qu’elle ne connaissait que trop bien : un homme couronné de laurier au-dessus duquel se trouvaient deux épées entrecroisées et les initiales L. VT,
Un rire malsain fusa, suivit d’un soupir de satisfaction. Au plus profond d’elle-même, Cyndie ressentit l’impact d’une présence étrangère qui la sondait ; elle la repoussa avec violence. Le fauteuil pivota alors sur lui-même et la jeune femme ne put s’empêcher de pâlir d’effroi quand elle découvrit l’être qu’il abritait. Lord Voldtari, après un ricanement de mauvais augure, déclara d’une voix caverneuse, sortie d’entre les morts :
« Bienvenue dans ma modeste base intersidérale, ma très chère fille… »
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Mar 16 Mai 2006 - 8:47   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 7

Chapitre VII
Prisonniers



« Toute situation, aussi désespérée soit elle, comporte obligatoirement une issue de secours, bien que celle-ci soit le plus souvent soigneusement masquée par la peur traîtresse qui envahit nos sens et aveugle notre esprit.
Calme et réflexion sont les maîtres mots de notre salut. Nous ne devons pas nous abandonner à la peur, à la colère, à la violence ou à jamais le Côté Obscur dominera notre destin et signera notre perte… »

Extrait des Commentaires du Code Jedi de Fab Enzal, cité par Rogeredi.




L’homme se réveilla, la bouche pâteuse, les muscles endoloris, et tenta tant bien que mal de se redresser ; sa tête bourdonnait comme si l’on y avait enfermé la totalité des ruches de la planète Joneses. D’horribles cauchemars l’avaient harcelé durant tout le temps de son inconscience. Que s’était-il passé ? Il ne se rappelait que de la troupe menaçante des fedaykins qui l’avaient arrêté et jeté avec le reste de ses compagnons dans une cellule sombre et sèche, une petite grotte aux parois de basalte. Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui : les autres étaient étalés par terre et dormaient encore sous l’effet de la drogue qu’on avait très certainement glissé à leur insu dans la nourriture. L’épice leur en avait caché le goût. Mais ils ne se trouvaient plus dans la caverne de Dune : les murs de cette nouvelle prison étaient en plastacier sombre et l’air était beaucoup plus humide, légèrement imprégné d’ozone. La cellule trembla fortement et alors l’homme comprit : ils se trouvaient à bord d’un vaisseau qui venait de quitter l’hyperespace. Déjà, le bourdonnement ambiant semblait indiquer qu’un faisceau tracteur avait attrapé l’engin pour le guider à bon port.
Réveillés par la secousse, ses compagnons commençaient à sortir de la douce torpeur que provoquait le narcotique. Dans un coin de la salle, l’homme remarqua les animaux protégés par une cage en verre qui les observaient d’un œil distrait : des ysalamari, il s’en doutait, tout comme sur Arrakis.
Rogeredi fut le premier à recouvrer ses esprits ; après avoir scruté la pièce et aboutit aux mêmes conclusions que son compagnon, il se pencha pour examiner les autres membres de la Communauté et s’exclama, abasourdi :
« Mais où sont donc Cyndie et Mat Ildaho ?
- Cyndie doit être dans le désert de Dune ; j’espère qu’elle est encore en vie. Quant à la bothan, j’ignore totalement ce qui a bien pu lui arriver, lui répondit calmement l’homme. Mais nous ne pouvons rien faire pour eux pour l’instant. Arrakis n’était qu’un immense piège dressé par le Seigneur ténébreux, un piège efficace. Aidez-moi à trouver un moyen de nous sortir de là. Nous devons arriver jusqu’au poste de commande du vaisseau ; peut-être pourrons-nous trouver alors un moyen de fausser compagnie au faisceau tracteur dans lequel nous sommes pris.
- Nous sommes dans le vaisseau royal ! Je reconnaîtrai le bruit de ses moteurs entre tous. J’ai bien peur que nous allions pénétrer dans la demeure de Voldtari par la grande porte…»
L’homme porta la main à sa ceinture tandis que le hobbit Giorgio Math et Maria Hort’a’la finissaient de se réveiller. Comme il s’y attendait, son arme ne s’y trouvait plus. Leur situation semblait vraiment désespérée mais il devait trouver une issue de secours ; les Chevaliers Jedi savaient toujours se tirer des passes les plus dangereuses et lui, Benje Socar, l’un des rares Chevaliers à savoir aussi manier les pouvoirs de la magie, ne ferait pas exception à la règle…

Mais retrouvons dans l’immédiat Cyndie là où nous l’avions laissée, dans l’obscure Salle du Trône, face à la déclaration terrifiante de Lord Voldtari : « Cyndie, je suis ton père. Regarde au fond de ton cœur et tu connaîtras la vérité. » La jeune femme n’arrivait plus à penser, tant les quelques paroles de Voldtari lui paraissaient absurdes. Son père… Comment cela se pourrait-il, comment le Bene Gesserit aurait-il pu laisser faire une horreur pareille ? Cela était tout bonnement impossible. Et pourtant… Cyndie luttait dans son for intérieur, s’arc-boutant mentalement pour repousser la vérité que lui criait son cœur. Mais alors, s’il était vraiment son géniteur, qui…
« Je vois que tu as accepté la réalité ; c’est un bon début. Tu te demandes qui est ta mère, n’est-ce pas ? siffla le seigneur des siths qui lisait clairement dans les pensées de Cyndie, malgré le masque impassible qu’elle s’efforçait de conserver. Voyons, elle ne te l’a jamais dit ? Tu l’as pourtant toujours eu à tes côtés ; j’avais oublié à que point ces sorcières peuvent être cruelles avec leurs instruments. Cela ne m’étonne guère ; mais j’aurais cru que tu t’en serais aperçu, au bout de seize longues années. Ta mère, ma très chère enfant, n’est autre que ta dévouée nourrice : ta tendre Sophia Helena ! »
Comment ! Cyndie ne pu s’empêcher de pousser un cri. Voldtari et Sophia, sa douce grande sœur, ses… Elle aurait dû avoir assez de clairvoyance pour entrevoir la réalité… : elle avait souvent surpris sa nourrice lui lançant un regard tendre et humide, un sourire doux aux lèvres, et cela lui faisait étrangement chaud au cœur. Mais comment avait-elle pu tomber amoureuse d’un être aussi vil et mégalomane que Voldtari ?
« Mmh, je sens le trouble dans ton esprit, marmonna ce dernier. Tu veux savoir comment cela s’est passé, n’est-ce pas ? Pourquoi ? La connaissance est un mal qui nous ronge sans fin, mais ce n’est autre que le Pouvoir suprême. Sache pour ta gouverne que Sophia était reine de la planète Amazonia, dans le système Genius. Je n’avais jamais encore été dévoré par les flammes de la passion avant de la rencontrer, incognito, alors que je préparais le terrain pour mon invasion finale, il y a de cela plus de vingt ans. Je m’étais juré, hypnotisé par son sourire, qu’elle serait mienne ou que je mourrai. Lors de mon ascension au trône, j’en fis mon esclave puis ma concubine. Elle ne m’a pourtant jamais aimé ; mon pouvoir effrayait cette pauvre naïve. Néanmoins, elle te donna le jour peu avant la bataille de Poudlard. »
A cette évocation, Lord Voldtari frémit et un horrible rictus de rage déforma son visage. Il continua cependant son récit, de sa voix lugubre : « Après mon retrait momentané, le temps de retrouver ma sabro-baguette que tu m’as si plaisamment restituée, Sophia s’enfuit sur la planète Louqsor où elle t’éleva, masquant son identité de peur que l’on ne découvrît qui était ton géniteur, et que l’on ne t’assassine. La prétendante au trône impérial ! Elle t’instruisit selon les préceptes des sorcières Bene Gesserit mais ne t’éveilla jamais à la Force, par crainte de te voir devenir aussi dangereuse que ton père. La pauvre idiote, son échec est maintenant total. Te voici aujourd’hui, ici, devant moi, et avec moi ; il est enfin temps de combler cette lacune de ton éducation. Ensemble, père et fille, nous règnerons sur la galaxie toute entière ! »
La vérité et la folie qu’elle découvrait dans les paroles de Lord Voldtari effrayaient Cyndie mais, drapée dans sa dignité, elle ne cillait point. Du sang Jedi coulait donc dans ses veines ; cela expliquait peut-être sa vision presciente de l’attaque du ver…
Le vil félon, ce traître Chevalier, resté en retrait durant les révélations, choisit ce moment-là pour s’avancer. Il n’avait cessé de fixer Cyndie avec une insistance exaspérante. Tandis qu’il marchait vers le trône, la jeune femme découvrit avec stupeur que sa peau ondulait et que ses traits se modifiaient. Au lieu du Chevalier Jedi qui l’avait accompagnée tout au long de son périple, ce fut un autre homme qui se présenta devant Lord Voldtari : il était plus petit, les cheveux blonds mi-longs laissés libres dans son dos, le visage fin et d’une beauté mystérieuse ; on eut dit l’elfe des légendes que lui racontaient sa nourrice. Enfin… sa mère.
« Monseigneur, je suis venu réclamer mon dû pour la capture de la reine et de ses compagnons, avança-t-il d’une voix cristalline.
- Nous avions convenu de dix mille crédits, non ?
- Vous faites erreur Milord : cent mille.
- Ah ! Il est vrai, j’ai la mémoire courte ces temps-ci, veuillez m’excuser, chasseur de prime. Cimetière ! » appela alors le seigneur du Mal.
Un homme à l’allure sinistre s’approcha, serviteur éternel du Seigneur des ténèbres.
« Donne son dû à Monsieur Jake Fo’ld », dit Voldtari de sa voix la plus mielleuse.
Ses yeux brillaient de fourberie.
« Oui, mon Maître. »
Le chasseur de prime, qui n’était pas aveugle, avait senti la duplicité qui coulait entre les deux êtres qui lui faisaient face. En moi de temps qu’il n’en faut pour dire quidditch, il se métamorphosa en rat de Ryloth et s’enfuit par un conduit d’aération, avant même que les sardaukars n’aient le temps de dégainer leur blaster.
« Rattrapez-moi cet imbécile d’Animagi-Visage au plus vite ! » s’écria Lord Voldtari, fou de rage. Une escouade d’orques était déjà partie à la recherche du fugitif. Cyndie, déboussolée par tant de rebondissements théâtraux, n’en croyait pas ses yeux : ainsi Benje Socar n’avait jamais existé et on l’avait mené en bateau depuis le début… Tout cela n’avait été qu’un brillant stratagème pour la conduire jusque dans le Mordor !
« Bien, revenons à nos moutons, susurra le maléfique seigneur sith, redevenu subitement calme. Alors, ma tendre fille, où as-tu caché ma sabro-baguette ?
- Le dernier rapport de Fo’ld faisait état qu’elle portait l’arme sur elle, devança Cimetière.
- Bien, fouille-là ! »
Le sbire de Voldtari s’avança vers elle d’un pas gauche et ses mains frétillantes comme un poisson hors de l’eau parcoururent son corps à la recherche de l’arme. Il ne fut pas long à la trouver : elle était cachée dans la doublure de sa veste. Mais une surprise l’attendait : la sabro-baguette était enfermée dans une petite boîte en verre de Kuat, que Cimetière savait indestructible, même par un sabre-laser. La boîte était scellée par un mot de passe vocal réglé sur la jeune reine ; un bon mot la ferait s’ouvrir.
« Qu’est-ce donc que cette diablerie ? s’exclama le seigneur du Mal, surpris. Tu es plus maligne que je ne le croyais ; bastes, tu vas me donner le code, tu n’as plus le choix.
- Jamais ! s’écria courageusement Cyndie. Je ne vous aiderai jamais dans votre conquête, plutôt mourir.
- Gare ! Ne réveille pas mes vieux instincts, gronda Voldtari. Mais il est des sorts bien pires que la mort… Vraiment, tu me déçois, ma fille. Crois-tu que la flotte de la Nouvelle République puisse vaincre ma nouvelle armée et mon Réducteur d’esprit ? La vie n’est pas un conte de fée, il ne suffit pas d’un peu de magie pour se débarrasser de nos ennemis. Quant à tes misérables amis, eux aussi sont entre mes mains ; le vaisseau qui les transporte vient d’atterrir, tu pourras les voir une dernière fois avant leur mise à mort… à moins que tu ne me donnes le mot de passe qui ouvrira cette fichue boîte. »
Cyndie se sentait perdue. Au plus profond d’elle-même elle sentait les tentacules de haine que Voldtari tentaient d’immiscer dans son esprit ; elle sentait qu’il essayait de la manipuler et de la pervertir. Elle inspira profondément pour se relaxer et ferma son esprit au monde extérieur comme le lui avait appris un jour sa mère. Mais que pouvait-elle faire face à une menace et une force si grandes ?
« Ne sous-estime pas la puissance du Côté Obscur de la Force, poursuivit son père. Je te donne une dernière chance de gouverner avec moi, ensemble… »
Cyndie cracha en signe de mépris ; elle ne travaillerait jamais pour l’ennemi, fût-ce sa mère ou son amant ; son parti était pris depuis longtemps : la mort vaux mieux que la déchéance.
« Comment, tu oses expectorer sur mon génie ?! » fulmina l’empereur sith ; et aussi soudainement que la colère était montée, elle s’apaisa pour laisser place à une froideur de glace plus effrayante encore.
« Comme tu voudras ; prends garde de ne pas regretter ton geste ; mais nous verrons plus tard… Cimetière !
- Mon maître ?
- Prépare la cérémonie. Il est grand temps que je retrouve mon corps impérial… »

Le vaisseau royal venait d’atterrir et ce qui restait de la Communauté réfléchissait activement au moyen de s’évader. Les pouvoirs du Jedi étant neutralisés par les ysalamari, il leur faudrait compter sur la ruse et la force seules.
« Et si nous tentions le tout pour le tout ? Quand la porte s’ouvrira, nous nous jèterons sur les gardes, puis prendrons leurs armes et nous enfuirons après s’être débarrassé d’eux, proposa Rogeredi, à court d’idées.
- Impossible, répliquèrent en cœur Benje Socar et Maria. Nos réflexes sont encore trop engourdis par les effets de la drogue.
- Il nous faut trouver autre chose ; les gardes nous lancerons des rayons paralysants avant que nous ayons seulement eu le temps de les atteindre, confirma Giorgio. Et puis, nous sommes en infériorité numérique. N’oubliez pas que nous nous trouvons certainement sur un destroyer impérial. »
Alors qu’ils devisaient ainsi, la porte s’ouvrit en chuintant et une troupe de sardaukars les entoura pour les conduire à leurs « nouveaux appartements ». Une fois de plus, ils échangeaient une prison pour une autre. Mais que pouvaient-ils donc faire ? Voldtari allait bientôt retrouver sa sabro-baguette et, plus puissant que jamais, mettrait un terme à la liberté et à la justice dans toute la galaxie. Les temps de terreur ne faisaient que commencer…
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Messagepar Benje Socar » Mer 17 Mai 2006 - 7:21   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 8

Chapitre VIII
La résurrection de Lord Voldtari



« Le maléfique Lord Voldtari était de retour : la fragile paix intergalactique se trouvait menacée et déjà un vent glacial parcourait la galaxie ; c’était la terreur qui s’emparait de nos âmes. Mais la Nouvelle République ignorait tout du danger ; il n’y avait que nous, pauvres prisonniers sans autre recours que la ruse.
Le courage et l’intelligence importaient avant tout : il nous fallait mettre un terme à cette menace avant qu’elle ne nous précipite dans les plus sombres abîmes de la mort… »

Extrait des Chroniques d’un hobbit pas comme les autres par Giorgio Math.




Voldtari jubilait : enfin, après seize années d’humiliation, il allait pouvoir quitter ce corps, cette enveloppe ridicule qui l’abritait en attendant de pouvoir retrouver forme humaine. Enfin, après cent quatre-vingt douze interminables mois de souffrance, il allait briser le sortilège qui l’avait frappé sur Poudlard. Tous les ingrédients étaient réunis : son serviteur, sa sabro-baguette (même si pour l’instant il ne pouvait la toucher, son aura seule ferait l’affaire) et surtout sa fille, dont son sang royal coulait dans ses veines. Au centre de l’immense salle du trône, Cimetière avait placé un chaudron rempli de substances inconnues mais nécessaires au bon déroulement des opérations ; un petit brasier chauffait le tout.
Les prisonniers avaient été amenés et jetés à genoux devant le seigneur noir, qui trônait sur son fauteuil brodé d’or, des chaînes d’entrave leur interdisant le moindre mouvement : « Vous voilà enfin, bande d’impertinents qui avez eu le culot de me défier. Mais vous avez joué et vous avez perdu ; dans peu de temps, je serai le maître absolu de l’univers alors que vous, stupides animaux, vous serez morts. Sauf, bien sûr, continua Voldtari, tournant la tête vers Cyndie, si mon adorable fille veut bien se résoudre à épouser ma cause et restaurer l’ordre dans toute cette galaxie puérile… »
Benje Socar et les autres ne purent retenir un hoquet de surprise : Cyndie était la fille de ce démon ! Mais leur stupéfaction n’était pas moins grande que celle de la jeune fille qui découvrit un autre (le vrai ou une nouvelle manipulation de Voldtari ?) Benje Socar parmi la Communauté, ainsi que la disparition de sa tendre amie, Mat Ildaho.
« Voilà ce qui reste de ta Communauté, ma fille : de pauvres esclaves destinés à mourir par ton entêtement. Je lis l’étonnement sur ton visage ; oui, c’est bien le véritable Chevalier Jedi qui se tient devant tes yeux, celui qui t’accompagna jusqu’au sietch Cap Endu où il fut arrêté sur mes ordres, par le biais d’une prophétie inventée de toute pièce que les stupides fremens ont pris pour argent comptant. Et ne sois pas surprise par la disparition de la bothan, car le véritable traître était là : ce renégat de Fo’ld avait pris l’apparence de ta douce amie et tous se sont faits tromper, même toi. La véritable Mat Ildaho se trouve actuellement sur la planète Sabatier où elle poursuit ses études, ignorante de toute ta déplorable aventure… »
Ainsi donc voilà comment elle s’était faite piéger. Il fallait avouer que le plan de Voldtari était vraiment astucieux, d’une habileté démoniaque et quasi-infaillible.
« Mon génie me surprend parfois ; il est vrai que j’ai peut-être tendance à le sous-estimer… »

Jake Fo’ld, loin de s’enfuir, était resté dans l’endroit où on le chercherait le moins, c’est-à-dire la Salle du Trône. Il ne perdait pas une miette de ce qui se disait ni de ce qui se faisait. Il avait pris l’apparence d’un chat, originaire du système Aegyptia, et observait la scène avec attention depuis une gaine de ventilation. Il redoutait déjà ce qui allait suivre…

La garde d’honneur de Voldtari se tenait en demi-cercle autour du chaudron ; les soldats portaient une tunique blanche et or aux insignes de leur empereur, armes éclatantes aux poings, sourire aux lèvres ; tout dans leur attitude exprimait l’enchantement et le ravissement le plus total. L’orchestre privé du démon jouait glorieusement, les cuivres rendant en puissance ce que les turboréacteurs pouvaient engendrer lors d’un décollage, l’hymne impérial dans toute sa grandeur, écrasant de puissance et de majesté. Cimetière portait lui aussi des vêtements de cérémonie et arborait un fier sourire : son génie de maître allait enfin faire sa réapparition. Avec un geste presque religieux, il souleva du fauteuil le corps de son maître vénéré. Ce dernier exultait et ne pouvait s’empêcher de ricaner d’un rire sinistre qui faisait froid dans le dos de Cyndie ; elle se trouvait, pieds et poings liés, à deux pas du chaudron et assistait au spectacle avec une angoisse indescriptible. Que Voldtari comptait-il faire d’elle et de ses amis ?
Le serviteur s’approcha du chaudron et y déposa révérencieusement le Seigneur du Mal qui, après avoir bu un peu la tasse, au vu de sa petite taille, réussit enfin à se stabiliser un peu. « Les ingrédients ! » tonna-t-il de sa voix d’outre-tombe.
Cimetière versa tour à tour dans le chaudron, prononçant des incantations dans une langue depuis longtemps oubliée, une couronne de laurier, du lait de licorne à deux têtes, une photo de Voldtari, Mon empire : Voldtari, quel génie (l’autobiographie de l’empereur, parue aux éditions BJC, pour la modique somme de quinze dataries, mais une fois de plus je m’égare) et d’autres choses encore plus étranges.
« Maintenant, coupe-toi une oreille ! »
C’était le moment que le serviteur redoutait le plus ; dans l’espoir d’atténuer un peu la douleur, il avait pris la précaution de s’injecter un anesthésiant très puissant dans son oreille gauche. Il s’exécuta à regret et lança ce bout de chair sanguinolente dans le chaudron.
Je donne ma chair au Maître et le Maître m’offrira sa gratitude éternelle.
« Du sang de ma très chère fille ! »
Cyndie sentit la peur l’envahir, la litanie même ne pouvant plus la calmer. Elle vit Cimetière s’avancer vers elle ; déjà son oreille avait repoussé ; comment cela était-il possible ? Mais la jeune reine n’avait pas le temps de résoudre ce nouveau mystère ; elle était impuissante face au diablotin qui s’approchait en ricanant ; tout cela sentait le roussi.
« Dépêche-toi, imbécile ! clama Voldtari. Il commence à faire très chaud par ici ! »
En un geste si rapide qu’il défiait la vision humaine, le serviteur sortit une seringue de sa poche et, tout en respectant le code d’hygiène, préleva une fiole de sang de la jeune fille qu’il s’empressa d’aller vider dans le chaudron.
Et le sang de son sang ressuscitera le grand Maître.
Puis il recula tout en continuant de psalmodier sur un rythme saccadé. Il prit alors la boîte contenant la sabro-baguette et la souleva bien haut.
Qu’enfin le Seigneur de la sabro-baguette revienne parmi nous !
Un éclair aveugla les spectateurs, puis retentit un redoutable coup de tonnerre ; Cyndie, tout comme les autres, le savait : Voldtari était de retour, et sa vengeance allait être terrible…

Un homme sortit du chaudron, plein de prestige : ce n’était plus l’être grossier à la voix rauque et aux yeux exorbités qui y avait été déposé ; c’était un jeune homme de seize ans environ, d’une grande taille, au teint pâle et au regard d’acier, empli de ruse ; son visage anguleux laissait paraître un sourire narquois et tout en lui respirait la puissance. Il était vêtu d’un costume de combat sobre et portait une cape noire qui luisait sous la lumière du petit feu ; sur son épaule étaient brodées ses insignes. Une écharpe pourpre complétait le tout.
« Me revoilà enfin ! » cria-t-il, ne contenant plus sa joie. Sa voix grave et puissante laissait transparaître toute sa noirceur. Cimetière et les sardaukars se prosternèrent alors d’un même geste devant leur maître. Cyndie, la Communauté et Fo’ld étaient médusés ; était-il en leur pouvoir de vaincre un pareil démon ?
« Ah, ma fille ! s’exclama Lord Voldtari. Je te vois surprise ! Tu me découvres enfin sous un jour nouveau, dans l’immensité éthérée de mon génie. Peut-être me trouves-tu un peu jeune pour diriger la galaxie ? Ne te fies pas aux apparences, elles sont trompeuses. Il ne faut jamais sous-estimer les pouvoirs du Côté Obscur… »
Le Seigneur du Mal, sans effort apparent, fit un geste imperceptible de la main gauche ; la boîte qui contenait sa sabro-baguette lévita jusqu’à lui. Son front se rida et le verre, garanti incassable, dans un crissement suraigu, se fendilla, avant d’éclater, sous la seule pensée de l’homme. Ce dernier ramassa son arme et l’activa : un mince faisceau de lumière verte, de la taille d’un petit glaive, en sortit avec une chuintement sinistre. Quelle exaltation sublime que de pouvoir tenir entre ses mains son précieux trésor ! Il se tourna vers les sardaukars et fit signe à l’un deux de s’avancer : « Stupéfix !» s’écria-t-il en pointant son arme sur le malheureux qui tomba à terre raide comme mort, ne pouvant plus faire un seul geste. Puis le guerrier sith s’approcha du chaudron et le frappa d’un horion ample avec l’arc de lumière : en un seul mouvement, il l’avait fendu en deux dans toute sa largeur, répandant son contenu sur le sol immaculé de la Salle du Trône. Sa seule volonté suffit à faire évaporer le liquide dans un crépitement infernal.
«Ah ! Je vois que mon génie n’a pas perdu la main ! gronda-t-il. Ma fille, tu ne peux rien contre moi, ni même une armée dix fois supérieure en nombre à celle de la stupide Nouvelle République : je suis invincible, je suis tout simplement génial ! Vraiment, Voldtari, je t’adore ! »
Cyndie frémit devant le monstre qui se tenait face à elle. Après seize années de souffrances, une folie plus dévastatrice que par le passé semblait s’être emparé de l’Empereur.
« Je vais maintenant te démontrer la puissance de ma nouvelle arme : le réducteur d’esprit ! » dit-il en virevoltant, sa cape flottant dans les airs. Cimetière approcha, une espèce de pistolaser étrangement gonflé dans les mains. Il le tendit à son maître. « En voici le prototype ; c’est une version miniaturisée de l’arme que j’ai faite installer sur le vaisseau où nous nous trouvons actuellement. Son faisceau peut atteindre tous les appareils situés dans un rayon de 50 parsecs et englober une planète entière ! Il s’agit de l’aboutissement extrême de mon Rayon Z, une version contre laquelle personne, pas même un Jedi, ne peut résister. Il suffit que quelqu’un traverse le rayon pour se retrouver instantanément vidé de ses souvenirs et facultés intellectuelles. Voici un petit exemple, bien qu’il y ait peu à faire oublier… »
Voldtari se tourna et dirigea l’étrange appareil vers Cimetière : « Non !!! implora ce dernier. Mon maître, je vous ai donné ma propre chair et vous ai toujours loyalement servi. S’il vous plaît, tout mais pas ça !
- Ne crains rien, ce n’est pas douloureux. »
Un rayon jaunâtre s’échappa du Réducteur et frappa Cimetière à la tête ; celui-ci s’écroula, bien qu’il soit encore conscient. Au bout de quelques secondes, sous le regard ébahi de tous, il se releva et scruta la salle autour de lui, hébété ; ses jambes tremblaient sous son corps fébrile et il avait du mal à se tenir droit ; la peur l’envahit aussitôt ; il bégaya quelques onomatopées incompréhensibles avant de se mettre à sangloter ; il semblait être retombé dans l’enfance la plus primaire.
« Imagine un croiseur dont l’équipage tout entier serait réduit à cet état de débilité profonde ; rien ne pourra me vaincre ! » exulta le Seigneur Ténébreux.
Voldtari fit signe aux sardaukars : « Conduisez cet imbécile dans la salle d’hypnopédie et faites lui retrouver la mémoire ; ramenez aussi les prisonniers dans leur cellule, leur mise à mort aura lieu dans trois-quarts d’heures, dès que nous aurons atteint le cratère Malefoy. Un grand bain de lave vous débarrassera de tous vos soucis, ironisa-t-il en se tournant vers Giorgio, Rogeredi, Maria et Benje Socar. Je vais raccompagner mon adorable fille dans sa cabine… »

Fo’ld était tout simplement abattu par la nouvelle menace que représentait Voldtari. Jadis, dans sa tendre jeunesse, ses parents lui avaient conté les méfaits de cet homme démoniaque qui s’était emparé de la galaxie l’année même de sa naissance, et il était courant, chez les enfants, de s’effrayer avec des Attention ! Voldtari pourrait bien se cacher sous ton lit ce soir. Il avait alors du mal à y croire, un peu comme pour les légendes de fantômes qui couraient sur Lambda III. Mais le seigneur sith était bien réel, et il se l’était mis à dos. Il ressentait désormais comme un devoir pressant de sauver ceux qu’il avait conduits vers une mort certaine. C’était la toute première fois de sa jeune carrière de chasseur de prime qu’il s’impliquait moralement dans les affaires pour lesquelles on l’avait engagé ; le regard de Cyndiamidala l’avait décidé. Résolu et inflexible, rongé par le remors, il suivit depuis les conduits d’aération les sardaukars qui emmenaient les membres de la Communauté vers leur cellule ; il réussit à s’y infiltrer une fois les gardes partis.
Qu’elle ne fut la surprise des prisonniers de découvrir un chat dans cette station spatiale, et qui plus est un chat qui parle !
« Je me présente, dit Fo’ld. Je me prénomme Jake ; je suis Animagi-Visage. Que penseriez-vous d’un petit coup de main ? »
Quoi de plus absurde, pour des prisonniers condamnés à mort, que d’entendre un chat parlant vous offrir son aide pour vous libérer. Néanmoins, n’ayant plus rien à perdre, d’un tacite accord tous décidèrent d’entrer dans le jeu de l’animal.
« Pourquoi feriez-vous ça ? demanda Maria, douteuse. Je n’ai jamais entendu parler d’Animagi-Visage.
- Ne serais-ce pas un nouvel artifice de Voldtari ? renchérit Giorgio.
- Disons que je voudrais… me racheter… lança Fo’ld comme unique réponse. Je vais ouvrir la porte ; restez vigilants, il va y avoir de l’action dans peu de temps. »
Et il disparut aussi vite qu’il s’était montré par la gaine d’aération. Deux minutes plus tard, les prisonniers entendirent un bruit sourd et la porte s’ouvrit avec un grincement métallique, laissant tomber à terre le sardaukar assommé qui gardait l’entrée de leur cellule.
« Fo’ld, où êtes-vous ? murmura Benje Socar.
- Au-dessus de votre tête. »
Un aigle d’Endor voletait au-dessus d’eux, tenant dans ses serres un petit cylindre.
« Voici votre sabro-baguette, dit-il en lâchant l’objet.
- Mais comment…
- Nous nous expliquerons plus tard ; il faut nous hâter avant que l’on ne s’aperçoive de votre disparition. »
Le Chevalier se tourna vers le garde assommé, brandit son arme et s’exclama « Non memento !» ; ainsi, le sardaukar ne se souviendrait plus de rien et penserait garder les prisonniers enfermés. Pour s’assurer que l’illusion soit totale, Benje Socar lança un deuxième sortilège : des fantômes à leur effigie prendraient leur place dans la cellule. Ils s’engouffrèrent alors dans le dédale inextricable que formaient les immenses couloirs du MOI…

Voldtari ouvrit la porte en un geste gracieux destiné à canaliser les ondes de la Force sur le verrou magnétique, et Cyndie pénétra dans la chambre-prison qui lui avait été allouée. Elle fut époustouflée : elle se trouvait devant la réplique exacte de sa chambre sur la planète Louqsor ; le lit à baldaquins dont les draps fleuraient bons le parfum des roses au centre, son petit bureau en bois d’acajou côté jardin… Tout était reproduit dans les moindres détails ; des fenêtres holographiques projetant l’horizon d’azur qui conférait sa quiétude coutumière à la petite pièce avaient même été installées.
« Tu vois, déclara le Lord Noir, durant toutes ces années j’ai pu t’observer t’épanouir telle la plus magnifique des fleurs. Mais, par ta faute, l’heure de l’automne approche déjà… »
Tout cela irritait la jeune fille et se mêlait à son profond désespoir. La peur avait cédé le pas à la colère. Bien que cela soit contraire à ses habitudes, elle laissa éclater toute sa haine à l’égard de l’homme qui se trouvait près d’elle.
« Que voulez-vous ? Est-ce donc une joie pour vous de faire souffrir les autres ? »
Voldtari la regarda d’un œil attentif ; le souffle de la jeune fille s’était accéléré et ses yeux semblaient lancer des éclairs. A dire vrai, une sorte de magnétisme électrisait la pièce et les longs cheveux de Cyndie ondulaient sous les effets d’une tempête intérieure.
« La Force est puissante en toi ; abandonne-toi à ta colère et sers t’en pour me terrasser ! »
La reine voulut se jeter sur Voldtari mais une poussée de la Force la cloua sur place ; d’un mouvement du poignet elle rejeta l’onde et tenta de s’emparer de la sabro-baguette qui pendait à la ceinture de l’Empereur. Celui-ci s’esquiva et elle tomba à terre.
« La colère te rend plus forte ; épouse le Côté Obscur de la Force et prends place à mes côtés ! »
Cyndie prit soudainement conscience qu’elle se laissait manipuler par le seigneur ténébreux.
« Si tel était votre but, vous avez échoué, Voldtari », lança-t-elle froidement.
L’autre se mit à rire comme si la jeune fille venait de dire qu’un Jawa avait gagné le concours de culture générale de Tatooine.
« Tu es aussi belle que ta mère, et ton esprit encore plus fort que le sien. Dommage que le Rayon Z ne puisse pas faire de miracles sur toi comme il l’a jadis fait pour Sophia. Ainsi donc tu condamnes tes amis à une mort certaine. Soit ; si tel est ton bon plaisir, Princesse ! »
Voldtari s’avança vers elle avec un sourire railleur. Son aura de terreur avait soudainement disparu, et Cyndie se surprit en train de penser qu’il était plutôt séduisant. Comment croire que l’adolescent qui lui faisait face avait plus de mille ans, qu’il était son père, et qu’il avait tué durant son règne des millions d’êtres vivants ? L’Empereur allait se pencher pour l’embrasser mais il se ravisa. La jeune fille lui rappelait tant Sophia… Dommage qu’elle ait choisi le mauvais camp.
« Puisque tu ne changes pas d’avis, déclara-t-il, sache que nous allons bientôt stationner au-dessus de Mont Malefoy, là-même où ma sabro-baguette fut forgée. Tes amis apprécieront sans nul doute la chaleur du lieu. Et après un petit tour du côté de mon Réducteur, nous verrons si tu continues toujours à t’opposer à moi ! »
L’Empereur démoniaque avait disparu sans laisser le temps à Cyndie de lancer une remarque sarcastique.

Le petit groupe s’était arrêté au niveau des hangars. Ils n’avaient rencontré que très peu de gardes, la plupart étant occupés aux orgies qui avaient été annoncées pour célébrer le retour de Voldtari. Un simple sortilège leur permettait d’échapper au regard des caméras de surveillance. Fo’ld avait repris apparence humaine et tous les cinq devisaient :
« Il va falloir que nous nous séparions pour mener à bien notre mission, disait Benje Socar.
- Et que proposez-vous, Chevalier ? demanda Maria.
- Nous devons nous battre sur plusieurs fronts à la fois et agir vite : il faut tout d’abord avertir la Nouvelle République du danger qui la menace. Giorgio, tu es le plus silencieux et le plus rapide de nous tous. Je te charge de cette mission : va jusqu’au vaisseau qui doit se situer dans ce hangar-ci ou dans le suivant, trompe la vigilance des gardes ; lance un S.O.S, puis attends-nous là-bas.
- J’y cours de ce pas, dit le courageux hobbit, armé de sa ruse et de son intelligence uniquement.
- Maria et Rogeredi, vous allez devoir désactiver le Réducteur d’esprit ; la Force vous conduira : suivez ces grosses gaines sombres, au plafond ; à l’une des deux extrémités se trouvera la machine infernale.
- D’accord, dirent en cœur les aventuriers.
- Fo’ld, vous délivrerez Cyndie.
- Comment ! s’exclama Rogeredi. Vous allez laisser la reine aux mains de cet inconnu qui nous a déjà par une fois vendus à l’Ennemi ?
- Vous pensez peut-être que les mains de Voldtari sont meilleures ? Trêve de bavardages ; Fo’ld, nous parcourrons un bout de chemin ensemble. Je me charge d’occuper Voldtari le temps qu’il faudra. Mais faites vite, les heures de la République sont peut-être comptées. Bon courage à tous. Que la Force soit avec vous ! »
Chacun prit le chemin qui le conduirait vers son ultime combat pour préserver la paix et la liberté dans la galaxie toute entière. Le sort de milliers de planètes reposaient sur leurs épaules…

Lord Voldtari traversait avec majesté le corridor qui reliait ses appartements privés à la Salle du Trône. Le rapport que venait de lui faire Cimetière, qui confirmait tout ce qu’il savait déjà, bien entendu, l’avait mis dans une humeur délicieuse ; enfin un peu d’action allait réveiller toutes ses capacités supérieures. Les prisonniers s’étaient échappés, et Fo’ld étaient avec eux. L’Empereur croisa quelques sardaukars qui s’inclinèrent avec respect et admiration. La fin de la Nouvelle République était proche, et sa fille serait le moteur de la chute. A cette pensée, le seigneur sith ricana de satisfaction.
L’idiote a beau s’obstiner, elle finira bientôt par me céder. Déjà, elle laisse libre cours à sa colère ; elle ne tardera pas à succomber au Côté obscur et alors elle sera prête, alors nous pourrons nous unir et ensemble écraserons l’univers sous notre botte ! Ensemble, nous anéantirons la misérable République et vengerons Trohan le Superbe. Je suis le plus grand de tous les Génies !

Giorgio se glissait à pas feutrés entre les nouveaux chasseurs tariens. Sa démarche ne laissait échapper aucun bruit : l’homme était un hobbit et son peuple excellait dans l’art de se déplacer en silence. Le navire royal ne se trouvait pas dans ce hangar-ci, horrible malchance, et il lui fallait donc inspecter le suivant. Mais comment allait-il pouvoir franchir le sas qui reliait les deux lieux ? Ce dernier était gardé par un orque armé jusqu’aux dents ; les orques étant les pires ennemis des hobbits, l’affaire augurait bien mal. Il n’avait cependant pas le choix, le sort de la République toute entière dépendait en partie de son appel.
Une idée surgit alors dans la tête de l’homme ; il avait remarqué une console informatique près de l’endroit où il était entré ; un micro pendait à cette console. Il prit ses macro-jumelles et les braqua sur le garde ; un matricule était brodé sur son épaulette : 14F1986. Le hobbit se précipita vers le point de contrôle et entra dans les fichiers informatiques du système ; Giorgio Math était l’un des meilleurs informaticiens de son temps. Il mit en marche une série de codes de son invention et réussit à activer les haut-parleurs du hangar. Il se saisit du micro et adopta la voix la plus grave qu’il put tirer de sa gorge : « 14F1986 est appelé de toute urgence au poste de commandement ! Je répète : 14F1986 est appelé de toute urgence au poste de commandement ! »
Comme il s’y attendait, le stupide garde quitta son poste et prit un turbo-élévateur. Le chemin était libre mais il devait se dépêcher. Le vaisseau se trouvait effectivement dans ce second hangar. Par chance, ou par inadvertance, on l’avait laissé sans surveillance, rampe d’accès déployée. Giorgio s’y engouffra sans réfléchir et se dirigea vers le cockpit ; dès qu’il l’eut ouvert, il entendit la plainte familière des droïdes CTC-14 et THS-29 qui imploraient de leur voix pleurnicharde :
« Ne nous désactivez pas ; nous n’avons rien fait de mal…
- Que faites-vous donc ici ? demanda le hobbit, très surpris. Je vous croyais encore sur Dune.
- Oh, pardonnez-nous maître Giorgio, s’exclama le robot doré. Nous ne voulions pas.
- Expliquez-vous !
- C’est Benje Socar qui est venu nous trouver, expliqua CTC-14. Il nous a dit que vous courriez un grand danger. En effet, vous étiez tous assommés quand il vous a montés à bord du vaisseau et, ‘’pour plus de sécurité’’ a-t-il dit, vous a enfermés dans la soute. Il nous a demandé de rejoindre les coordonnées 12-29-85 où vous seriez en sécurité le temps qu’il sauve notre reine. Mais dès que nous avons atterri, une centaine de soldats ont entouré le vaisseau et ont forcé l’entrée. Ils nous ont ordonné de rester dans le cockpit sinon ils nous désintègreraient. Puis nous les avons vu vous conduire en prisonniers et… »
Le droïde se tut d’un seul coup et Giorgio sentit le contact froid du métal contre sa nuque.
« Pas un geste, ou vous êtes mort. »

Fo’ld, qui avait adopté son apparence favorite d’aigle d’Endor traversait à la suite de Benje Socar les immenses couloirs déserts en direction du pont principal. Le Chevalier n’osait pas employer la Force à grande envergure : la sombre puissance de Lord Voldtari formait un œil noir et oppressant qui tentait sans cesse de les débusquer ; un emploi massif de la Force les révèleraient au monstre aussi sûrement qu’un homme qui s’avançait sur un terrain découvert.
Il lui fallait donc rester très prudent, malgré le temps qui leur manquait cruellement. Les deux hommes arrivèrent à une bifurcation après quelques minutes d’une marche et d’un vol rapides : « C’est ici que nos chemins se séparent, déclara le Chevalier. Je vous souhaite bonne chance. »
Chacun se dirigea de son côté, à la poursuite de son destin propre.

Cela faisait maintenant un quart d’heure que Maria et Rogeredi se déplaçaient furtivement à travers le labyrinthe méandreux des étroits corridors qui parcouraient le vaisseau, suivant selon les conseils du Chevalier les tuyaux noirs qui couraient le long des plafonds. Plusieurs fois, ils avaient dû se cacher pour échapper à une patrouille armée ; ils s’enfonçaient de plus en plus profondément dans les entrailles du vaisseau à la recherche de l’arme fatale mais celle-ci semblait hors d’atteinte.
La gaine tourna brusquement dans un embranchement sur leur gauche. Ils la suivirent cinq minutes durant et tombèrent nez à nez à une cloison. Les malheureux avaient suivi les tuyaux dans le mauvais sens ! Ils devaient maintenant retraverser le vaisseau dans toute sa longueur pour atteindre le Réducteur. Ils avaient perdu de précieuses minutes ; peut-être l’appel au secours était-il déjà parti et des vaisseaux en route pour le Mordor. Auraient-ils le temps de désactiver l’arme avant que le combat ne s’engage ?

Fo’ld venait enfin de trouver la chambre où Cyndie était retenue prisonnière ; il est vrai qu’il ne pouvait la manquer : elle était surveillée par deux imposants stupides sardaukars. Comment allait-il faire pour passer ? Je ne sais, mais le fait est que moins d’une minute plus tard, une trace rougeâtre sous le cou, les deux sardaukars étaient renversés sur le sol, laissant échapper un vulgaire ronflement. Fo’ld reprit sa magnifique apparence humaine et pénétra avec son panache naturel dans la petite pièce. Cyndie, contemplant mélancoliquement le paysage holographique que lui présentait la fenêtre, ne prit même pas la peine de se retourner : « N’insistez pas, déclara-t-elle d’une voix lasse, ma résolution est prise : je préfère voir mes amis mourir que de m’acoquiner avec vous ; ils comprendront la raison de leur sacrifice.
- Ils ne mourront pas, je vous l’assure. »
Cyndie ne put retenir un mouvement de surprise : elle reconnaissait cette voix cristalline.
« Vous ! Mais vous êtes…
- Jake Fo’ld, Animagi-Visage, pour vous servir, répondit joyeusement l’homme.
- Comment osez-vous paraître devant moi, vous qui avez trahi ma confiance et celle de mes amis ? »
La jeune fille s’imposa le calme et laissa passer sa colère ; elle préféra opter pour ses facultés Bene Gesserit et observa méticuleusement son étrange visiteur : la douce clarté des brilleurs et le soleil couchant projeté par les fenêtres faisaient ressortir le teint ambré et délicat du jeune homme. Son visage angélique ne laissait paraître que douceur et compassion ; un elfe, à n’en point douter. La reine avait pourtant appris à se méfier de ce chasseur de prime : tout cela n’était peut-être qu’un plan destiné à la faire succomber au pouvoir du Côté Obscur de la Force. Des pensées contradictoires traversaient son esprit en ébullition : Que voulait-il ? Que faisait-il ? Pourquoi avait-elle si chaud ? Le regard de Fo’ld s’anima d’un éclat malicieux irrésistible ; Cyndie sourit avant de se reprendre, rétablissant de l’ordre dans ses pensées grâce à son savoir prina bindu.
« Comment êtes-vous arrivé ici et que voulez… »
La reine n’eut pas le temps de terminer sa phrase ; la porte d’entrée chuinta et une ombre sinistre se projeta violemment dans la pièce.

L’horrible orque maintenait la menace de son blaster sur le cou de Giorgio ; ce dernier pouvait sentir l’haleine putride du monstre qui se tenait dans son dos et réfléchissait activement au moyen de se tirer de ce mauvais pas. La peur embrumait son esprit. Mais il n’était pas seul dans ce cockpit et les droïdes que la menace lui avait fait oublier faisaient eux aussi tourner leurs servomoteurs à cent à l’heure. Et l’illumination vint soudain : THS-29 enfonça d’un geste rapide la commande de fermeture des portes ; celle du cockpit s’abaissa brusquement sur la tête de l’orque. Celui-ci n’eut que le temps de presser la détente de son blaster avant de s’effondrer avec fracas. Véloce, notre courageux Giorgio s’était heureusement laissé choir et le coup atteignit le tableau de bord. La radio était miraculeusement intacte ; se frayant un chemin parmi les flammèches et autres étincelles, le hobbit ordonna à CTC-14 (qui avait reçu une formation d’astro-mécanicien) de réparer les dégâts tandis qu’il lançait son appel au secours.
Il réussit sans trop de mal à joindre le bureau du Président Thoma’as grâce au code confidentiel de Cyndiamidala. Ce fut son secrétaire qui répondit à l’appel. Giorgio lui montra ce qu’il avait filmé grâce à son holocaméra miniature, ainsi que le journal de bord du vaisseau afin de révéler leur position exacte : le Mordor.
Cédant à sa panique naturelle, THS-29 s’empara du micro.
« Messire Thoma’as, venez vite nous sortir de ce pétrin ou nous sommes tous perdus !»
Giorgio le fit taire d’un regard lourd de sens. Une flotte détachée de la planète Amazonia était déjà en route et les rejoindrait d’ici trente minutes. Mais deux croiseurs cuirassés seraient-ils suffisants contre les forces impériales ?
Son travail était maintenant terminé ; suivant les conseils du Jedi, il devait attendre les autres en cas de fuite précipitée. Giorgio espérait que Maria et Rogeredi avaient réussi à désactiver le Réducteur ou l’issue de la bataille qui se profilait risquait de se solder par une tragique victoire du démoniaque Voldtari…
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Messagepar Benje Socar » Jeu 18 Mai 2006 - 10:26   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 9

Chapitre IX
La Bataille de Mordor



« Cyndiamidala me surprendra décidemment toujours pour son sens inné à gérer les situations de crise et à réagir dans le plus grand sang-froid aux dangers qui nous menacent sans cesse de toute part. Peut-être est-ce cette force et cette droiture de caractère qui m’attirèrent délicieusement vers elle, cette lueur farouche dans le regard lors de notre première rencontre.
Mais l’heure n’était pas encore celle des amours. La victoire dans la bataille qui se préparait au-dessus de nos têtes serait décisive pour la destinée de l’univers : la paix universelle ou la terreur et le chaos. Et ce, même âgée de seize ans, Cyndie l’avait compris, et ma reine était prête à donner sa vie pour sauver la galaxie… »

Extrait de La Reine Cyndiamidala et moi par Jake Fo’ld.




Le Chevalier avançait à pas de loup le long du couloir menant à la vaste salle du trône où devait se trouver l’Empereur Voldtari ; plus il approchait, plus il ressentait la présence maléfique du seigneur sith et les émanations sulfureuses du Côté Obscur de la Force. Selon la vieille ruse Jedi, il se dissimulait aux yeux des soldats en les persuadant qu’il n’existait pas, tour de passe-passe qui déjà l’amusait beaucoup lors de son apprentissage. Il aurait tant aimé que son Maître soit là, à ses côtés. Mais il était Chevalier et devait assumer ses responsabilités. Il approcha sans encombres du lieu où se préparait le plus grand combat de toute son existence. L’œil ténébreux de la conscience du Lord Noir l’avait bien évidemment repéré et le démon se réjouissait du duel qui était maintenant imminent. Les portes de la salle s’ouvrirent avec fracas et Benje Socar abandonna son voile de dissimulation.
Voldtari se dressait au centre de la pièce, dans la même tenue de combat qu’il portait quelques heures auparavant. La lame verte et luisante de sa sabro-baguette transfigurait son expression en un sinistre masque de noirceur ancrée dans le visage d’un adolescent. A travers l’immense baie que constituait le mur du fond, le Chevalier découvrit le paysage de désolation des volcans éructant leur lave bouillonnante ; le MOI stationnait au-dessus du cratère Malefoy.
« Te voici enfin, jeune Chevalier, tout comme je l’avais prévu… J’ai donné l’ordre à mes gardes de cesser les recherches pour que ce stupide Fo’ld vous délivrent. Mon génie savait que vous préviendriez aussitôt la flotte de la Nouvelle République et que vous essayeriez de réduire à néant mon Réducteur. J’ai malheureusement bien peur, ricana sournoisement Voldtari, que ce dernier ne soit parfaitement opérationnel quand les vaisseaux arriveront ici : deux troupes de mes meilleurs guerriers en assurent la garde. Quant à ce misérable chasseur de primes et ma traîtresse de fille, j’ai envoyé Cimetière armé d’un réducteur leur faire un petit lavage de cerveau. Tu vois, ton échec est total ! Rien ne peut vaincre mon génie ! Il est maintenant grand temps pour vous tous de disparaître… »
Sans autre préambule, il pointa son arme sur le valeureux Benje Socar et cracha « Stupéfix ! ». Le sort fusa depuis la sabro-baguette en direction du Chevalier qui déjà avait dégainé son sabre ; il para le coup et le sort vint s’écraser contre la baie. Il s’approcha furtivement de Voldtari, feinta et tenta de l’atteindre d’un revers dans le dos. Les deux lames, émeraude contre opale irisée, désespoir et horizon, se rencontrèrent dans une gerbe d’étincelles et les deux ennemis se lancèrent dans une longue parade de feintes, attaques et défenses. Les hommes étaient de force égale et l’issue du combat dépendrait très certainement de leur endurance ; malheureusement, l’arme du seigneur sith conférait à son propriétaire des réserves de force infinies !
Benje Socar eut une pensée pour ses amis, puis il fit le calme dans son esprit, laissa la Force couler en lui avant de se lancer corps et âme dans ce qui serait peut-être sa dernière aventure…

Cimetière s’avançait d’un pas mal assuré mais rapide, les yeux emplis d’une lueur démoniaque plus torturée encore que celle d’un nazgul, une arme terrible pointée vers eux. « Ce n’est pas douloureux, vous ne sentirez rien. Je vais seulement vous couper la tête. », répétait-il sans que Fo’ld ni Cyndie ne puissent saisir quelque sens dans ces paroles mystérieuses. Une seule chose était sûre, il allait tester sur eux le réducteur miniature qu’il tenait entre ses mains. Fo’ld agit plus vite que son ombre : il fit basculer la reine sous le lit, lui faisant ainsi éviter un dangereux rayon avant de se métamorphoser en aigle ; il se hissa jusque dans la partie supérieure de la pièce et se mit à tournoyer dans les airs, captant l’attention du démon. Cyndie en profita alors pour s’emparer de l’arme et elle la braqua sur son propriétaire. Une fois de plus, Cimetière perdit tous ses souvenirs et reprit son errance dans les couloirs interminables du MOI.
Ils avaient échappé de très près au danger.
Fo’ld aida Cyndie à se relever ; leur regard se croisa pendant quelques secondes qui leur parurent durer une éternité avant que la jeune reine ne puisse bredouiller quelques mots de remerciement : « M… Merci beaucoup, Fo’ld.
- C’était naturel, Votre Majesté. »
Il entreprit alors de la mettre au courant des évènements qui l’avaient conduit jusqu’ici. Peut-être à cause de la lueur d’espoir qu’il laissait entrevoir, peut-être à cause du danger imminent, peut-être à cause de quelques sentiments, l’homme semblait avoir gagné une partie de la confiance de Cyndie. Il en fut très flatté, et des plus comblés.
« Il nous faut partir à la rescousse de Benje Socar, déclara-t-il.
- Et le déconcentrer, ou pire, nous faire atteindre par un sort de Voldtari ? Non, nous serons bien plus utiles à Maria et Rogeredi. »
Fo’ld s’inclina devant la sagesse de ces paroles et tous deux partirent, guidés par la Force, rejoindre leurs amis en grande détresse…

Deux cuirassés calamariens de classe Equestre accompagnés d’une dizaine d’escadrons d’ailes X et ailes B surgirent de l’hyperespace en un flamboyant jeu de lumières. Face à eux s’étendait le globe de feu nommé Mordor et l’ombre du MOI qui stationnait près d’un cratère surdimensionné. Les pilotes chevronnés de la Nouvelle République ne purent s’empêcher de tressaillir à la vue d’un tel spectacle de mort. Une nuée de chasseurs étranges jaillit soudain des entrailles de l’appareil : on aurait dit un croisement entre un ornithoptère et un speeder amputé de l’avant. Ils étaient équipés de boucliers déflecteurs très puissants, d’une vitesse égale à celle d’un A-wing et d’une force de frappe impressionnante : doubles turbolasers, canons à ion, rayon ralentisseur et lance-missiles. L’ensemble avait une allure très bestiale. Une bataille à un contre deux s’annonçait. Les chasseurs de la Nouvelle République engagèrent le combat tandis que les croiseurs tentaient de désactiver les boucliers du démesuré vaisseau de Lord Voldtari.
C’est alors qu’un rayon d’une blancheur éblouissante vint frapper le croiseur de tête qui, en apparence, n’en parut pas affecté ; aucune explosion, aucune déchirure ionique, tous ses appareils fonctionnaient correctement. Mais les autres eurent une frayeur en découvrant que le vaisseau partait cependant à la dérive ! Ils essayèrent de contacter l’équipage par radio mais ne purent percevoir que d’étranges pleurs. Le mystérieux rayon les avait-il rendu tous fous ?
Et le vaisseau alla s’écraser sur la planète…

Dans le navire royal, Giorgio Math était affolé : l’avant-garde des troupes républicaine était déjà là et le Réducteur toujours en état de marche ! Il renoua contact avec les vaisseaux extérieurs : « Vaisseaux de la Nouvelle République, repliez-vous ! Le faisceau que vous avez eu l’occasion de découvrir annihile les facultés intellectuelles de tout être vivant pris dans son rayon. C’est une nouvelle version du Rayon Z ! Ne restez pas là ou vous serez tous détruits… Il faut laisser à mes amis quelques minutes le temps qu’ils désactivent le Réducteur d’esprit.
- Très bien. Nous vous laissons un quart d’heure, répondit le commandant en chef de la flotte ; le temps pour nous de contourner la planète. Eliminer cet engin du diable. Sinon, nous serons dans l’obligation de rejoindre Amazonia en attendant les renforts. »
Giorgio coupa la communication.
Mais que faisaient donc Maria et Rogeredi ?

Ils venaient enfin d’atteindre la salle de commande de l’arme destructrice inventée par Voldtari ; ils allaient maintenant devoir faire preuve d’ingéniosité pour la désactiver avant que les vaisseaux alertés par Giorgio n’arrivent, s’ils n’étaient déjà pas là. Il semblait en effet à Maria percevoir les échos de quelques tirs lasers sur les boucliers du MOI ; Rogeredi s’en remettait aux facultés exceptionnelles de la femme.
La voie semblait libre ; Maria et Rogeredi s’avancèrent prudemment vers la porte entrouverte. La Bene Gesserit jeta un bref coup d’œil : la pièce n’abritait que d’immenses consoles informatiques et deux techniciens dont il serait aisé de se débarrasser. Tous ses sens lui criaient que c’était trop facile, qu’un piège devait les attendre mais le temps leur faisait cruellement défaut ; la précipitation obscurcit parfois le voile de la raison. L’homme et la femme réglèrent les armes qu’ils avaient ‘’empruntées’’ aux gardes croisés en chemin sur le mode ‘’paralysant’’ et se jetèrent dans la pièce. Les techniciens n’esquissèrent aucun mouvement et, plus surprenant encore, s’évanouirent en crépitant, tout comme le reste du décor holographique : deux escouades d’orques sanguinaires de la garde personnelle de Voldtari se présentèrent à leurs yeux ébahis et les encerclèrent. On leur retira leur blaster.
Elle aurait dû s’en douter ! Voldtari ne laissait jamais rien au hasard.
Maudit fils de la Sith !
Une tâche fauve traversa subitement l’étroite ouverture de la pièce et un rugissement intimidant se fit entendre. Une seconde plus tard, un majestueux tigre de la jungle ithorienne se jetait sur les gardes abasourdis, accompagné d’une rafale de blaster. Leurs cerveaux lents tentaient d’analyser une situation qui dépassait de loin leurs faibles capacités mentales. Maria et Rogeredi, prompts comme l’éclair, se saisirent des armes des gardes environnants et éliminèrent les orques restants.
« Merci beaucoup, Fo’ld », dirent-ils en un souffle.
L’Animagi-Visage reprit forme humaine, suivi de Cyndie. Une fois l’effusion des retrouvailles passée, il était temps de se remettre au travail. Le piège leur avait été tendu dans l’antichambre de la salle de contrôle. Celle-ci, entièrement automatisée, était vide de toute vie biologique. Ici, tout n’était que voyants et boutons qui clignotaient inlassablement selon des fréquences indéfinissables pour l’être humain. Ils se sentaient tous perdus au milieu de cet incroyable capharnaüm de lumières et de couleurs. Il n’y avait aucune trace d’un quelconque dispositif d’arrêt ; ce fut Fo’ld qui, le premier, eut l’idée qui peut-être allait les sauver. Il prit l’apparence et la voix de Voldtari avant de s’emparer de l’unité com placée sur le mur du fond ; l’un des numéros préenregistrés était celui d’un certain Jar’r, technicien et superviseur en chef du Réducteur. Au bout de quelques instants se matérialisa l’image d’un quarren à la mine pâle. Fo’ld adopta le ton autoritaire de l’Empereur :
« Jar’r, imbécile !
- Mon… mon Seigneur ?
- Qu’as-tu donc fais avec mon Réducteur ? Alors que la fin de la misérable République est proche, mon arme tombe en panne !
- En p… panne… ? balbutia l’extraterrestre.
- Oui ! Qu’ai-je donc fait pour m’entretenir avec un idiot pareil ?
- Vous devriez peut-être essayer de désactiver puis réactiver le rayon, Monseigneur.
- Peut-être ? » fulmina Fo’ld.
Devant la mine anéantie du quarren, il lui fallait fournir un effort surhumain pour ne laisser transparaître son amusement.
« Si jamais ton conseil ne marche pas, reprit l’homme, je te ferais regretter d’être venu au monde. Je me demande même si tu ne te moques pas de moi. Voyons voir si tu ne serais un ennemi déguisé : quelle est la commande de désactivation du Rayon ?
- Le bouton marqué urgence, Monseigneur, murmura le technicien, comme s’il avait peur que quelqu’un d’autre surprît leur conversation.
- Bon, peut-être mérites-tu de rester encore un peu en vie. »
Fo’ld coupa la communication, reprit son apparence, et éclata de rire.
Rogeredi cherchait depuis quelques secondes lorsqu’un boîtier attira son attention ; il était écrit : « A n’ouvrir qu’en cas d’urgence. » Aussitôt lu aussitôt fait et le chef des gardes eut la joie de découvrir un bouton rouge qu’il s’empressa d’enfoncer. Tous les voyants s’éteignirent avec un soupir informatique ; la machine était désormais hors d’usage. Ils avaient gagné ; il ne leur restait plus qu’à éliminer Voldtari, détruire la sabro-baguette et s’enfuir loin de là.
Un jeu d’enfant !

Les lames s’entrecroisaient sans aucun répit selon une valse méthodique et parfaitement réglée ; les deux hommes n’axaient plus leurs pensées que vers un seul but : attaquer, parer, feinter ; le monde extérieur n’était plus qu’abstraction, seules comptaient les indications de la Force pour venir enfin à bout de l’adversaire. De temps à autre, un sort fusait et, aussitôt intercepté par la lame de l’autre, allait s’écraser contre un mur.
Petit à petit, Benje Socar sentait ses forces décroître. Il lui fallait mettre un terme à ce combat au plus vite. Au gré de leurs parades, le Chevalier et l’infernal Seigneur Noir avaient atteint la passerelle extérieure du vaisseau ; sous leurs pieds s’ouvrait la gueule béante du volcan emplit d’une lave visqueuse et bouillante. A chaque instant un faux pas menaçait de les précipiter dans l’abîme.
Leur duel était maintenant arrivé à un point crucial. Voldtari faisait un emploi massif du Côté Obscur de la Force, la haine et la colère transfigurant son visage ; dès qu’il sentait que l’attention de son adversaire faiblissait un tant soit peu, il tentait de le pousser par-dessus la mince rambarde qui les séparait du gouffre béant. Benje Socar revivait en superposition son premier combat avec l’Empereur des ténèbres, il y a de cela seize années. Il sentait à nouveau des vagues de fureur fuser en lui ; jamais il ne guérirait totalement du sort que lui avait jeté Voldtari, et jamais il ne lui pardonnerait. Sa victoire, si enfin elle daignait s’établir, ne représenterait pas seulement la sauvegarde de la République, mais l’aboutissement de sa vengeance pour le meurtre de son maître, Fab Enzal.

Dans l’espace, la bataille faisait rage. Le Réducteur était désactivé mais la menace n’en restait pas moins grande pour les vaisseaux de la Nouvelle République. Par chance, les pilotes impériaux ne s’étaient entraînés que dans des simulateurs de vol ou contre des drones, ce qui rendait leurs attaques plus prévisibles pour les vétérans de la flotte républicaine.
Lentement mais sûrement, ils marchaient vers la victoire.

Benje Socar trébucha : il n’avait pas remarqué que son ennemi avait perfidement placé une pierre sous son pied. Voldtari en profita pour frapper de toutes ses forces ; mais il n’avait pas prévu la manœuvre du Chevalier qui lui aussi attaqua de tout son poids. Les deux lames se rencontrèrent et s’envoyèrent mutuellement dans le cœur du volcan. La sabro-baguette de Voldtari était détruite… mais aussi celle de Benje Socar !
Le combat allait se poursuivre à mains nues lorsque le seigneur sith propulsa le Chevalier contre l’immense baie vitrée en projetant un violent éclair de Force bleuté ; le choc hébéta l’homme qui était à bout de forces. C’est alors, dans la plus indescriptible des horreurs, qu’il vit le démoniaque Empereur sortir de sa poche une baguette magique !
Lord Voldtari riait à gorge déployée.
« Tu as perdu jeune Benje Socar. Je t’avais prévenu, rien ne peut vaincre mon génie ! Je vais maintenant terminer ce que j’aurai dû faire il y a de nombreuses années déjà. Prépare-toi à rejoindre ton Maître dans sa tombe… »

Cyndie avait envoyé ses trois compagnons rejoindre le vaisseau royal, malgré leur insistance pour se joindre au combat. « Je suis assez grande pour prendre soin de moi ; avec le Réducteur et ma vigilance, je ne risque rien » leur avait-elle répondu. Elle se dirigeait silencieusement vers la Salle du Trône qui, à sa grande surprise, était vide. Néanmoins des traces du violent combat qui s’y était déroulé restaient visibles çà et là. La jeune femme espérait que le Chevalier Jedi était toujours en vie, et que le combat occuperait suffisamment l’esprit de Voldtari pour qu’il ne la sente pas s’approcher. Au moment où elle allait pénétrer dans l’immense salle, l’éclat émeraude de l’arme de l’Empereur capta son attention : ce n’est qu’alors qu’elle aperçut les deux combattants de l’autre côté de la baie. Elle se faufila derrière les colonnes de plastacier pour rejoindre le sas donnant sur l’enfer extérieur. Un claquement violent retentit soudain, celui de deux corps chauds qui se rencontrent à grande vitesse, puis plus rien. Il fallait que le Jedi tienne encore quelques secondes. La jeune reine approcha de l’ouverture, prête à tirer sur Voldtari dès qu’elle en aurait l’occasion. Un choc sourd sur la paroi précéda un sinistre ricanement du Seigneur du mal.
« Tu as perdu et tu vas maintenant mourir… »
N’écoutant que son courage, Cyndie bondit hors de sa cachette, pour aussitôt regretter son geste ; Voldtari pointait une baguette magique dans sa direction : « Adieu, ma fille : Avada kevadra ! ». Au moment même où Cyndie pressait la gâchette de son arme, un éclair jaillit de la baguette dans sa direction. La jeune femme ne put que pousser un cri de rage. Mais une forme floue avait bondi et intercepté le rayon. L’aigle tomba à terre sous les traits de Fo’ld, mort en sauvant la reine.
Voldtari, surpris par l’apparition de l’Animagi qu’il n’avait su repérer tant sa rage envers sa fille était forte, n’esquissa pas même un mouvement pour éviter le blanchâtre rayon du Réducteur. Il perdit instantanément tout souvenir et ces compétences intellectuelles devinrent inférieures à celles d’un enfant de deux ans. L’Empereur tout-puissant avait été défait. Benje Socar s’était relevé ; son cœur tremblait encore sous le coup de l’émotion. La mort de son Maître avait ressurgi douloureusement du passé, et il ne s’en était fallut que de peu pour que Voldtari le terrasse lui aussi. Le maléfique seigneur noir n’était désormais plus qu’un être apeuré et sans ressource, sa haine envers le genre humain s’étant tarie à jamais. Il ne subsistait plus du terrible Empereur que cette phrase piaillée sans cesse par le jeune homme sur un rythme monotone : « Moi, génie ! Moi, génie ! ».
Cyndie était penché sur le corps angélique mais sans vie de Fo’ld ; la mort semblait avoir posé un masque encore plus émouvant de beauté sur les traits de l’Animagi. Des larmes coulaient le long des joues de la reine qui avait compris, trop tard, qu’elle était tombée amoureuse du chasseur de prime. Un sanglot violent s’empara d’elle. Elle avait l’impression de n’être qu’une marionnette entre les mains d’un auteur torturé qui se complaisait à la faire passer de situations difficiles en véritables horreurs, sa dernière invention étant de briser son amour naissant.
Mais elle ignorait ce que ce cerveau sinueux lui avait réservé pour l’avenir…

La bataille spatiale s’était soldée par une victoire éclatante de la Nouvelle République. Tous les sardaukars, orques et techniciens à la solde de Voldtari avaient déserté ou avaient été faits prisonniers. Le MOI (saura-t-on un jour ce que peuvent bien signifier ces initiales ?) était désormais entièrement vide, prêt à être transformé pour les besoins de l’armée républicaine.
Le corps de Fo’ld avait été rapporté au vaisseau royal ; Cyndie devait faire appel à toute sa concentration pour ne plus pleurer. Tous étaient attristés par la mort héroïque du chasseur de primes qui, en définitive, avait non seulement sauvé la reine mais concouru de manière totale à la chute de Voldtari ; sans lui, l’Empire aurait à nouveau imposé sa loi tyrannique aux mondes libres de la galaxie. Tous étaient consternés par la détresse qui émanait leur reine. Maria Hort’a’la était peut-être de toutes les personnes présentes la plus agitée d’émotions diverses et contradictoires : elle tenait en effet un véritable débat intérieur entre son cœur et sa froide conscience Bene Gesserit.
Les sentiments l’emportèrent néanmoins et elle déclara d’une voix grave :
« Il existe un moyen de renverser le sort mortel qui a frappé notre ami. »
Personne ne lui répondit.
« Les premières Sœurs infiltrées parmi l’ordre guerrier de Poudlard ont prêté serment, il y a des centaines d’années, alors que les Seigneurs Sith s’étaient emparés de Coruscant et que la Grande Guerre battait de son plein, faisant des millions de victimes, les Sœurs, disais-je, ont juré de conserver le secret d’une possible résurrection des malheureux atteints du terrible sort qui a frappé notre ami. Nous ne voulions pas voir des milliers de familles réclamer la vie de tel ou tel mort. Ce savoir ancestral se transmet de génération en génération par la Mémoire Seconde, et jamais une sœur n’a trahi son serment. Mais je pense que dans le cas présent, nous pourrons faire une entorse à la règle, pour la bonne cause… Chevalier, avez-vous la baguette de Voldtari ?
- Oui mais…
- Donnez-la moi je vous prie. »
Benje Socar s’exécuta et donna la fine baguette de bois à Maria. Celle-ci la mania avec précaution, la pointa en un mouvement étrangement familier vers le corps de Fo’ld et s’exclama :
« Rembobinate : Avada Kevadra, Ardavek Adava ! »
Et une chose des plus extraordinaires se produisit : un faible éclair jaillit de l’Animagi-Visage vers la baguette tandis que celle-ci laissait échapper un spectre chétif, au visage du mort, qui se dirigea vers le corps et l’envahit de son fluide vital.
Fo’ld revint à la vie. Sa poitrine se soulevait avec lenteur et il remua légèrement la tête. Trop heureuse de le retrouver, Cyndie l’embrassa chaudement, laissant éclater tout son amour.
Emus et amusés tout à la fois, Rogeredi et Giorgio se tournèrent vers le cockpit et clamèrent d’une même voix :
« THS, cap sur Louqsor ! »
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Messagepar Benje Socar » Jeu 18 Mai 2006 - 10:28   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Chapitre 10

Chapitre X
Le Retour de la reine



« La mort ne sera que le commencement… »
Les Mémoires perdues


Tout le peuple de la capitale s’était réuni aux pieds de la citadelle-pyramide de Khephren pour assister au retour de leur reine et à son mariage avec l’heureux Jake Fo’ld, qu’ils avaient déjà accepté comme l’un des leurs. Giorgio, Maria, Benje Socar, Rogeredi et même les droïdes THS-29 et CTC-14 étaient désormais considérés comme des héros nationaux. Partout éclataient des chants de joie et d’amour pour clamer la disparition du démoniaque Empereur.
Cyndie était allée trouver sa nourrice dès son arrivée et lui révéla qu’elle connaissait toute la vérité. Pour la première fois depuis fort longtemps, Sophia laissa déborder toute sa joie, ne pouvant retenir ses larmes, abondant d’un amour maternel qu’elle n’avait encore jamais pu mettre véritablement à jour.
Les hauts dignitaires de la Nouvelle République et le Président Thoma’as en personne avaient tenu à venir sur Louqsor pour féliciter Cyndie et ses compagnons de leurs brillants exploits et leur remettre la plus haute distinction de la République : l’ordre de Poudlard. Les membres du Conseil Jedi, maîtres Yoda, Fascina, Fillon et Aube étaient tous là. Benje Socar et Cyndiamidala eurent droit à tous les mérites.
Etaient présents aussi tous les personnages secondaires de cette histoire : l’étrange Simbadsic de Middle Earth, la Sayyadina Jade et sa fidèle amie Aurore Bertr’and, ainsi que les amnésico-débilos Cimetière et Voldtari, que l’on ne nomma plus par la suite que Genius pour effacer à jamais son nom synonyme de terreur.
Tous se pressaient maintenant aux pieds des marches du palais royal où les deux époux apparaissaient pour la dernière fois avant leur long voyage de noces, lui aussi riche en multiples péripéties ; mais c’est là une autre aventure.
Jake et Cyndie échangèrent un long baiser et disparurent, acclamés par la foule, à l’intérieur de l’édifice.
Une fois de plus, la paix triomphante régnait sur la galaxie…
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Messagepar Benje Socar » Jeu 18 Mai 2006 - 10:29   Sujet: DEUXIEME EPOQUE : Epilogue

Epilogue



La nuit était tombée telle un rideau de suif sur les cieux éternellement gris de la planète Mordor. La République avait fui les lieux maudits aussi vite que possible, et Mafdet ne s’était pas attardé à admirer les immenses vaisseaux qui repartaient pour Coruscant. Son troupeau réclamait toute son attention dans un environnement si tumultueux. Les Monts Calcinés, au sommet desquels se dressait l’antique capitale de l’Empereur, bien avant les conquêtes, s’élevaient tel un avertissement au voyageur imprudent : ici, la nature était seule maîtresse, et sa violence pouvait se déchaîner à n’importe quel instant pour rappeler le pécheur à l’ordre.
Le vieil homme crapahutait à travers les coulées de lave durcie, à la poursuite d’une chèvre qui s’était enfuie. Le capricieux animal courait devant lui, sourde à ses imprécations. La lampe torche de Mafdet projetait des ombres cauchemardesques sur l’étendue désolée et infinie des grandes plaines ; voilà une heure qu’il poursuivait la bête entêtée, quand cette dernière trébucha, et disparut dans une crevasse. Le berger força l’allure et arriva sur les lieux de l’accident ; une faille béait dans le sol, de la largeur d’un tronc pourri. Comme il s’avançait pour mieux juger de la profondeur, un amas de roches friables roula sous ses pieds et il fut à son tour entraîné dans l’abîme.
Il atterrit près du cadavre de la chèvre qui s’était frappé la tête contre une paroi. La lampe se brisa et l’obscurité envahit ses sens ; le sang coulait d’une profonde entaille à la jambe et à la poitrine. Il était salement amoché, et se dit qu’il n’en avait plus que pour quelques minutes à vivre. La douleur anesthésiait son esprit ; il aperçut néanmoins une raie de lumière sur sa gauche, et se mit à ramper péniblement dans cette direction. Après une ascension qui lui parut interminable, il déboucha sur une petite alcôve naturelle qui formait un cul de sac. Mais une lumière intense jaillissait d’une zébrure dans la paroi rocheuse. A l’agonie, Mafdet y pressa son œil. Ce qu’il vit lui arracha un hoquet de frayeur, le dernier de son existence.
Le petit laboratoire était inondé d’une lumière blafarde, et tout était d’un blanc immaculé. Au centre de la pièce circulaire se dressait un cercueil de cryogénisation, impeccable, surmonté d’un compte à rebours : vingt années avant que ne se réveille son locataire. De grande taille, ses longs cheveux ténébreux encadraient son visage aux contours acérés. Sur une table, un ordinateur qui enregistrait toutes les informations de l’Holonet ; et tout prêt, n’attendant plus que son maître, un cylindre métallique, argenté, une sabro-baguette…

Villemoustaussou, Mars 2002
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Messagepar Benje Socar » Ven 19 Mai 2006 - 10:02   Sujet: DOSSIER CONFIDENTIEL : THS Voldtari et l'Evadé d'Askaban

Voici la deuxième nouvelle qui compose le corpus du Seigneur de la Sabro-baguette. C'est le texte qui se rapproche le plus de l'esprit originel du "Fantôme menace", dont le but premier était aussi de faire rire mes amis ; ainsi, derrière chaque personnage se cachait une figure de notre microcosme lycéen. Cet aspect a progressivement disparu dans les autres textes, et un travail de correction/expansion sur "Le Fantôme menace" en a gommé de nombreux traits. Mais il reste totalement intact ici...




Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…


Ce que l’on raconte dans les livres d’histoire n’est que délire d’une imagination malade ; la vérité est toute autre.

L’Empire a réussi son coup d’éclat lors de la Bataille de Poudlard, anéantissant la misérable Alliance Rebelle. Sophia Helena, l’ancienne reine d’Amazonia, est plus amoureuse que jamais de Lord Voldtari et leur fille, Cyndiamidala, va bientôt fêter sa dix-septième année ; il est temps de lui trouver un parti acceptable.

Un nouveau danger guette cependant ; la Pierre de Kaiburr reste silencieuse : les voies de la Force sont impénétrables. L’Empire est à nouveau menacé, et cela à l’insu de tous.

Quelque chose a survécu…





« La vie est une mécanique : il suffit d’en connaître les rouages pour la dominer. Néanmoins, un seul petit grain de sable peut détruire la machine. De même, il suffit parfois d’un seul homme pour faire tomber des empires. »
Maxime Bene Gesserit


I

L’air sec et glacial lui brûlait la gorge, le vent qui hurlait déchirait ses tympans, le froid l’enveloppait de son mortel linceul. Le jeune homme courait à travers les plaines glacées de Hoth, vêtu d’un simple tricot moulant, comme il le faisait tous les matins depuis… bien trop longtemps. Qui était-il ? Il aurait donné cher pour connaître la réponse à cette question. Ses plus lointains souvenirs étaient ceux d’un liquide chaud et collant qui l’enveloppait, de la fumée : il avait été vomi au monde dans une immonde cuve. Et après cela, il se souvenait d’une interminable série de tests, de contrôles biologiques, d’exercices physiques… Il vivait dans une véritable prison.
Un jour, un homme était venu le voir : une silhouette sombre drapée dans une cape encore plus noire que son âme, son visage plongé dans l’ombre, de sorte que jamais il ne put voir que ses yeux. Deux puits de terreur qui le hantaient encore durant les nuits les plus sombres. Il avait sentit que l’homme le jaugeait, fouillait son cerveau et son corps à l’aide d’invisibles tentacules spirituelles ; sans un regard, avec un rire mauvais, le démon était parti et l’avait laissé au fond de son cachot. Il le haïssait de toutes ses forces.
Les années avaient passé s’accompagnant de diverses visites de celui qu’il devait nommer Monseigneur sans jamais connaître son visage, ni même entendre sa voix. Et puis, il y a cinq ans de cela, tout s’était bousculé. Alors qu’il faisait ses exercices matinaux dans la cour de sa prison, un mur d’enceinte avait explosé, projetant ses débris un peu partout ; soufflé par le choc, il avait sombré dans l’inconscience la plus totale. A son réveil, il se trouvait dans la cabine d’un vaisseau ; une femme se tenait à son chevet. Dès qu’il se fut remis, elle lui raconta toute la vérité : les cuves axtols, les Tleilaxus, l’Empereur… Elle avait été très explicite : elle l’avait délivré dans un seul but, l’entraîner et l’éduquer jusqu’à ce qu’il soit prêt à terrasser son pire ennemi, l’inconnu qui l’avait jeté en prison, l’horrible homme masqué, le Seigneur des Ténèbres en personne !
Le jour de l’affrontement était proche…

II

Lord Voldtari faisait les cent pas devant les appartements de sa fille, bouillonnant de colère. Pour la vingtième fois au moins, il supplia d’une voix sourde et grondante : « Cyndie, je te somme de sortir de ton appartement ! Les prétendants s’impatientent dans l’antichambre, je leur ai promis que tu accepterais de les rencontrer.
- Non, Père. Cette bande de fieffés imbéciles, ces crapauds stupides, ces immondes limaces n’ont qu’à aller se faire pendre ailleurs. Je refuse de les rencontrer ! »
Lord Voldtari poussa un cri de rage. La jeune femme était bien comme sa mère, têtue comme un bantha enragé ! Il déchaîna la toute-puissance du Côté Obscur pour tenter de faire infléchir sa fille mais il l’avait trop bien formée, elle savait faire face à de tels assauts. Tant pis pour elle, elle allait goûter au pouvoir suprême de la Pierre de Kaiburr ; l’Empereur, espérant que Cimetière se débrouillait pour contenir les invités, traversa en fulminant le couloir reliant les appartements de sa fille aux siens. Claquant la porte, il découvrit sa tendre Sophia qui repassait sa tunique d’apparat pour le grand discours d’inauguration du Musée Voldtari, consacré à sa propre gloire bien entendu, qui ouvrirait ses portes le lendemain sur Coruscant. Le doux sourire de sa femme, accompagné de quelques démonstrations efficaces, eut le don de le calmer un peu. Le calme qui précède la tempête…
Le château résonna des hurlements de l’Empereur. Dans l’antichambre qui grouillait de prétendants (si vous l’ignoriez, chaque lundi depuis maintenant un mois, les membres les plus hauts placés dans la hiérarchie impériale pouvaient venir prétendre à la main de Cyndie), quelqu’un risqua une timide question : « L’Empereur se sent-il bien ?
- Oui, oui, répondit Cimetière d’un ton assuré. Son Altesse doit certainement passer en revue les dernières troupes.
- Je n’aimerais pas être à la place du pauvre bougre qui se fait sermonner ! » conclut l’intervenant.
Dans sa chambre, Lord Voldtari venait de friser l’infarctus : la Pierre de Kaiburr avait disparu sans laisser de traces…

III

Comment était-ce possible ? Qui avait osé ? Son bien le plus cher, son précieux trésor… on le lui avait volé ! « Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé ma Pierre. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ! »
Une volée de pas derrière la porte et le garde de la sécurité fit son entrée.
« Qui est-ce ? Arrête… rends moi ma Pierre, coquin ! Ah non, ce n’est que toi.
- Mon Maître, que se passe-t-il ? demanda le garde, terrifié de voir son maître dans un tel état.
- La Pierre ! Benje, on me l’a… »
La fin de la phrase s’étrangla dans la gorge du pauvre empereur. Atterré, Benje Socar, maître d’armes de Son Altesse Princière Cyndiamidala Helena, et responsable en chef de la sécurité de Vodtari Castle, ne savait que dire. La Pierre représentait beaucoup pour lui aussi, c’est grâce à elle que Voldtari avait pris en charge la fin de sa formation et lui avait dévoilé les attraits du Côté Obscur.
Si la Pierre avait été volé, l’Empire courait à sa perte…

IV

Du haut de sa tour de guet, Maria Hort’a’la suivait les efforts du jeune homme comme elle le faisait depuis cinq longues années, aux côtés de Maître Yoda. Les deux représentants des dernières poches de résistance, bien maigres malheureusement, Bene Gesserit et Chevalier Jedi, frissonnèrent quand une bourrasque de glace s’engouffra sur la passerelle.
« Il est prêt, déclara Maria Hort’a’la de sa voix de baryton. Il est parfaitement formé aux arts Bene Gesserit et je crois que ses talents Jedi ont fait leurs preuves.
- En effet, prêt à combattre Voldtari il semble être, opina le grand maître Jedi ; mais prompt à l’émotion encore trop il est, dans la même situation que Voldtari il se trouve. La grotte, souvenez-vous de son échec dans la grotte ! »
Maria se remémorait parfaitement la défaite du jeune homme, il y avait de cela une année. Ils se trouvaient alors sur la planète Dagobah, une boule de terre marécageuse perdue au fin fond d’un système portant le même nom ; après un long parcours à travers les sous-bois nauséabonds, Yoda avait poussé l’homme à pénétrer dans une sombre caverne, silencieuse et glaciale, cachée derrière un arbre. Un envoûtement millénaire faisait apparaître à quiconque se risquait à l’intérieur son pire ennemi. Quand la silhouette encapuchonnée de Voldtari parut, le jeune homme ne put retenir sa colère et décapita la réplique de l’empereur. Roulant à terre, la tête du mort se révéla être la sienne propre, en plus âgée.
« Le temps presse, reprit Maria. L’Empereur va bientôt se rendre à Azkaban pour procéder à son habituel échange corporel. Une fois sur place, les tleilaxus ne pourront plus cacher longtemps le vol d’un de leurs clones. Voldtari comprendra leur échec et se mettra en chasse.
- Jacta alea est. Qu’ainsi il en soit et que la Force soit avec nous. »
Tout en bas le jeune homme regagnait le camp installé dans une ancienne base rebelle abandonnée.

V

Aux confins de la galaxie, la navette spatiale Empire poursuivait son exploration des terres inconnues, en delà de la frange de la Bordure Extérieure. Il était précisément une heure et onze minutes de la matinée ; le Neimoidien Rune Tekto venait de prendre son quart, laissant l’humain Ca’arton se reposer dans sa cabine. L’espace était un lieu bien calme, sans aucune agitation, sans aucune passion ; l’espace était reposant, une bénédiction pour lui.
La mission Découverte avait vu le jour peu après la Bataille de Poudlard, et des dizaines de navettes se relayaient pour participer à la plus grande expérience scientifique de tous les temps. Rune avait déjà visité plusieurs planètes des plus étranges, établit contact avec quelques autochtones, et réchappé à bien des dangers. Mais tout cela n’était rien en comparaison de la curiosité scientifique et du bonheur de pouvoir contempler des horizons stellaires que jamais homme n’avait souillés de son regard.
Une boule de feu frôla soudain le vaisseau en un horrible hurlement. Le cœur battant, Rune jeta un coup d’œil aux écrans arrières. Un champ d’astéroïdes avait surgi de nulle part et se déplaçait en formation d’attaque ! Le temps pour lui d’atteindre le communicateur et la navette Empire n’était plus que poussières.

VI

Voldtari Castle retentissait encore des hurlements de désespoir de l’Empereur Voldtari. Agité d’horribles convulsions rageuses, l’homme se reprochait amèrement de ne pas avoir suivi son idée première, remplacer le cristal de sa sabro-baguette par un éclat de la Pierre, étant sûr par ce procédé de toujours la conserver avec lui. Pourquoi n’en avait-il pas été ainsi ? Les prétendants à la main de Cyndie avaient été congédiés sous prétexte d’un malaise de la jeune femme ; personne ne devait découvrir la vérité, sous peine que ne se fomente une nouvelle rébellion contre l’autorité de Voldtari.
Accompagné de Benje Socar, Cimetière menait son enquête auprès des domestiques du château ; si l’un d’eux était coupable, ils auraient tôt fait de le savoir. Quand à l’hypothèse d’un éventuel pillard extérieur, la plus probable, l’homme aurait dû savoir avant de pénétrer le château que nul n’en ressortait vivant sans la volonté expresse de l’Empereur.
Sophia – elle était bien évidemment hors de tout soupçon – n’avait rien vu ni entendu de suspect dans la chambre forte qui jouxtait l’appartement des deux époux. A part lui-même et Cyndie, personne n’était entré dans la pièce.
La tempête grondait…

VII

Une semaine avait passé ; il était deux heures de l’après-midi et le flot habituel de prétendants fourmillait dans l’antichambre prévue à cet effet. Yoda, Maria et notre évadé d’Azkaban étaient tous trois mêlés à la foule de militaires et aristocrates. La Force et leur déguisement (pas nécessairement dans cet ordre) leur permettaient de passer inaperçus. Le grand jour était arrivé.
Le jeune homme trépignait d’angoisse et de désir ; après toutes ces années il allait enfin pouvoir se venger de tout ce qu’on lui avait fait subir par la faute de cet empereur ; il allait enfin connaître la vérité sur ses origines. Un grand trouble de la Force agitait le château.
Voldtari n’avait qu’à bien se tenir…

VIII

L’enquête n’avait pas abouti et le mystérieux bandit restait dans l’ombre de l’inconnu ; Benje Socar ne perdait cependant pas espoir. Son Maître était invincible et la Pierre finirait tôt ou tard par revenir en sa possession. L’Empereur (de même que Cyndie, inutile de le préciser) avait refusé de rencontrer les prétendants du jour et il ne restait plus que Cimetière pour les distraire. Le Chevalier Noir décida d’aller jeter un coup d’œil dans l’antichambre, par simple précaution ; un bandit revient toujours sur les lieux de son crime. S’il s’agissait d’un…
Des Jedi ! Il n’était pas sitôt entré dans la pièce que leur présence lui était montée à l’esprit comme la puanteur d’un Hutt aux narines d’un être civilisé. Il n’avait jamais eu l’occasion de tuer un Jedi en dehors des entraînements ; son Maître serait fier de lui. Une subtile sonde mentale lui permit de détecter les deux coupables et… une femme, une Bene Gesserit. La signature de l’esprit de ces sorcières était toute particulière. Voilà qui était intéressant.
« Sa Majesté a annulé les visites de cet après-midi et vous prie de bien vouloir quitter les lieux. » La foule s’exécuta en murmurant comme des abeilles excitées. « Vous trois, cria-t-il à l’intention de Yoda, Maria et l’évadé, plus un geste. » Ayant compris qu’ils avaient été découverts, les trois hommes (et femmes) laissèrent choir leurs déguisements, armes au poing.

IX

Le jeune homme sentait l’excitation monter en lui : il aimait l’imprévu, et l’action après tant d’années d’attente. Dans le langage secret Bene Gesserit, Maria lui fit comprendre qu’il devait les laisser seuls affronter le Chevalier Sith ; il lui fallait à tout prix trouver Voldtari pour le mettre hors d’état de nuire. Maria s’occupait de Cimetière tandis que Yoda se chargeait du Chevalier Noir. Profitant des derniers instants de confusion qui régnaient dans la pièce, l’homme s’enfuit par le premier couloir qui s’offrait à lui.
Il ouvrit son esprit pour localiser l’Empereur ; il n’eut aucun mal à le repérer tant Voldtari était sujet à des excès de rage depuis l’enlèvement de la Pierre. Le jeune homme distingua aussi les divers membres du personnel répartis de-ci de-là dans le château. Il s’engouffra dans les appartements privés de Voldtari Castle, longeant les différentes chambres d’ami, pour arriver enfin aux chambres impériales. L’une d’elle attira son attention mais il ne put s’y attarder : des courants multiples fluctuaient dans la pièce, un pouvoir absolu côtoyait un néant total ; un frisson glacé le fit trembler des pieds à la tête.
Soudain, sans crier gare, surgit Lord Voldtari, prêt au combat final.

X

La Pierre ! Au plus profond de son âme il avait ressenti l’appel du mystérieux artefact ; quelque part dans le château un homme tentait d’apprivoiser son pouvoir millénaire, et ce depuis la chambre de sa propre fille ! Lord Voldtari, écumant de noire colère, s’engouffra dans le corridor, prêt au combat. Il était perdu dans ses fulminations lorsqu’il tomba nez à nez avec lui-même !
Le choc le fit sursauter. L’autre dégaina sa sabro-baguette ; reprenant ses esprits à la vitesse de l’éclair, l’Empereur fit de même tout en lançant une sonde mentale à l’adresse de son adversaire. Quelques secondes lui suffirent pour deviner toute l’histoire. Il allait donc s’amuser un petit peu avant d’éliminer cet obstacle sur sa route. Il désactiva son arme.
« Tu me détestes, n’est-ce pas ? Tu me hais au point de désirer ardemment ma mort ! lança-t-il en ricanant. Et pourtant, tu sais que je suis le seul à connaître les réponses aux questions qui t’obsèdent. Quel horrible dilemme, mon pauvre ami…»
Dérouté, l’évadé d’Azkaban ne savait plus que faire. En face de lui se dressait son double, plus âgé, l’Empereur Lord Voldtari. Il devait le détruire, mais soudain sa main hésitait ; il aurait tant aimé connaître enfin sa véritable identité, la raison d’une ressemblance si parfaite entre le Seigneur Ténébreux et lui-même, éclaircir le mystère de ses origines. Voldtari, quant à lui, savourait avec délice la truculence du moment.
« Le dernier acte vient de sonner et il est temps que le rideau se lève. C’est par simple pitié que je vais te révéler qui tu es, mon cher 51a02. Il y a très longtemps de cela, alors que je n’étais qu’un jeune homme à peine plus mûr que toi, je fis la connaissance d’un peuple extraordinaire expert en génétique, les tleilaxus. »
L’évocation de ses êtres vils et pernicieux fit trembler le jeune homme. Satisfait de son entrée en matière, Voldtari reprit son récit : « Ils avaient acquis durant de longs millénaires d’isolement un savoir exemplaire à même de rendre la vie aux défunts, les gholas, et de créer des clones parfaits de tout être vivant. »
La lumière se fit dans l’esprit de l’évadé.
« Je réquisitionnai le laboratoire d’Azkaban à mes propres fins, car une idée au génie sans faille avait germé dans mon esprit : j’allai devenir immortel. Toutes les deux décennies serait élevé un clone de ma personne, un corps prêt à abriter mon esprit lors de la grande cérémonie de l’Echange. Tu es l’un de ces clones, et tu es arrivé à maturation. Je ne sais comment tu t’es échappé de ma forteresse d’Azkaban, mais une chose est désormais certaine, tu seras le premier clone à mourir de ma propre main. »
Avec un rictus diabolique, Lord Voldtari activa sa sabro-baguette, quand soudain…

XI

La déflagration les projeta tous deux au sol ; la porte de la chambre de la jeune Cyndie venait d’imploser. Lâchant un juron, Voldtari profita du fait que l’évadé soit assommé pour lui jeter un sort paralysant ; il s’occuperait de lui plus tard. Seule sa chère fille lui importait pour le moment : il ne sentait plus sa présence à travers la Force. Néanmoins, sa douce silhouette se profila dans l’embrasure de ce qui restait de la porte ; la jeune fille avait un regard distant ; dans sa main droite, elle tenait… les restes carbonisés de la Pierre de Kaiburr !
« Votre échec est total, Voldtari ; c’est la fin des Jeedai ! » s’écria-t-elle d’une voix horriblement torturée. L’Empereur ne comprenait pas, pour la première fois de sa vie, ce qui lui arrivait. Soudain, au dehors, des centaines d’explosions retentirent. Cyndie porta la main à son visage et pressa un point invisible sous son nez ; sa figure ondula un instant et se détacha, visqueuse limace difforme, tombant sur le sol en produisant un bruit de succion des plus désagréables. Lord Voldtari fut glacé d’effroi en découvrant le visage émacié, scarifié, brisé de mille parts, tatoué de représentations horribles, barré d’un rictus sans lèvres… Un froid mortel l’envahit.
La chose reprit la parole, satisfaite de l’effet produit chez son auditeur : « Le règne de la vermine est clos ; les dieux ont parlé, Epouvantard Yuhzzan, Seigneur-dieu de la Guerre nous offre cette nouvelle galaxie pour la purifier. Les Détraqueur Vong sont désormais vos maîtres. Et vous, Voldtari, vous n’êtes plus rien. »
Lord Voldtari fondit sans prévenir, mais l’extraterrestre para son attaque de son bâton Amphi. D’un coup sec et rapide, il assena un coup sur la main de l’Empereur qui lui fit lâcher son arme. Profitant de cette situation, il le saisit par le cou et le souleva bien haut au-dessus de sa tête, obturant les vaisseaux sanguins et la trachée.
La vision de Voldtari s’emplissait de milliers de petits points noirs et blancs qui dansaient la chamade. Avec un sourire tranchant, le Détraqueur Vong cracha : « Votre sacrifice nous assurera les bénédictions d’Epouvantard. »
Lord Voldtari sombra dans les ténèbres…

XII

L’Empereur-Dieu des millions de mondes tremblait d’effroi dans son lit. Tout cela n’était qu’un horrible cauchemar ! Lord Voldtari avait pris peur pour un simple rêve ! Lui-même trouvait l’image assez drôle. Un homme se tenait à son chevet ; il le distinguait très bien malgré l’obscurité qui régnait dans la cabine.
« Comment oses-tu interrompre mon sommeil ?
- Maître, nous venons de quitter l’hyperespace et aborderons la planète Poudlard dans une heure. »
L’Empereur sourit : la consécration absolue de sa vengeance était imminente.


Villemoustaussou, le 29 décembre 2002.
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Messagepar Benje Socar » Lun 29 Mai 2006 - 7:10   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Prière à Shai-Hulud

Après une petite semaine d'absence, les protagonistes de la saga du Seigneur de la sabro-baguette sont de retour, pour leurs aventures finales. Bonne lecture !


PRIÈRE À SHAI-HULUD


L’obscurité sur l’Astre a jeté son voile,
Un rideau sourd s’est abattu sur l’horizon.
Ô Grand Faiseur, que ton épice nous dévoile
Celui qui nous ouvrira la route de ses visions.

Des ténèbres surgira l’inconnu,
De la tempête en vainqueur sortira notre père,
Du chaos absolu l’envoyé sera reconnu,
Et de son doigt nous éclairera l’Anneau délétère.

Nos fedaykins au combat sont prêts.
De sa haute tour l’Ennemi va lancer l’assaut.
Les grandes forces se rassemblent, aux aguets.
Shai-Hulud, il est temps, qu’enfin l’eau coule à flot !
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Messagepar Benje Socar » Lun 29 Mai 2006 - 7:11   Sujet: TROISIEME EPOQUE : A long time ago...

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…





L’Ancienne République était une république de légende, plus grande que l’espace et le temps. Inutile de dire où elle se situait ni d’où elle venait. Il suffisait de savoir que c’était… la République. Une paix millénaire veillait sur les hommes, et les protégeait du terrible Mal.

Mais cette trêve n’était qu’illusion…

Les ténèbres déferlèrent sur la galaxie sans rencontrer nulle barrière, plus impétueuses qu’un fleuve en cru. Les forces de la République durent abdiquer, et l’Empire de terreur régna sur toutes les âmes : Lord Voldtari avait mis en route l’engrenage mortel de sa vengeance, et la liberté n’était plus qu’un souvenir vacillant presque éteint.
Des hommes et des femmes combattirent au nom de leurs idéaux de justice et d’équité, et formèrent l’Alliance Rebelle ; grâce à la volonté d’une poignée d’individus, la lumière rejaillit et l’Empereur fut défait lors de la terrible bataille de Poudlard, au prix de milliers de vies.

La Nouvelle République fut proclamée. Mais l’ombre attendait patiemment de recouvrer ses forces. A l’instant même où la sabro-baguette de Lord Voldtari réapparaissait sur une planète perdue aux confinements de la galaxie, les armées du seigneur ténébreux se remettaient en marche, sous la houlette de l’Empereur ressuscité, pour abattre à nouveau son voile maléfique.
Une fois de plus, le courage et la justice s’unirent pour repousser la menace impériale. Les armes de Voldtari se retournèrent contre lui, et sa flotte fut anéantie au-dessus de la planète Mordor.

On croyait le danger définitivement écarté, mais on se trompait…

Une prophétie originelle est sur le point de s’accomplir ; à l’orée de la galaxie retentissent de sombres murmures, la colère et la haine. Une nouvelle menace pèse sur la République, et rien ni personne ne pourra la contrer. Rien ni personne, si ce n’est… l’Elu.
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Messagepar Benje Socar » Lun 29 Mai 2006 - 7:16   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Prologue

Prologue

Le crépuscule flamboyant éclaboussait de ces rayons d’or les flèches étincelantes dressées sur l’horizon de Coruscant, Joyau du Noyau, poumon de la galaxie. L’atmosphère miroitait à travers la ville de cristal, les feux de position des colonnes de vaisseaux striant sans cesse les cieux de pourpre. Le fourmillement éternel de la cité céleste se poursuivait, inébranlable, infatigable, sans se préoccuper des merveilles révélées par l’astre déclinant.
Quand soudain un œil de feu s’ouvrit sur l’infini. Un cri atroce pulsa dans son esprit, convulsion horrible qui lui arracha une longue plainte terrifiée. L’œil le fixait avec avidité, paraissant fendre l’air ; la chaleur l’étouffait et les flammes menaçaient de l’engloutir à tout jamais. Dans les profondeurs enfouies de son esprit se réveilla un chœur déchaîné qui clamait le retour de la souffrance. Il se réfugia précipitamment à l’intérieur de ses appartements, pressant avec violence la commande de fermeture de la baie en cristo-plast. Lentement mais sûrement, le globe infernal s’avançait.
« G é n i us ! »
Le murmure d’outre-tombe lui causa plus de frayeur encore que l’apparition cauchemardesque. Les chœurs redoublèrent de vivacité, leur tumulte se changeant progressivement en une litanie entêtante et satanique.
« U n p a n t i n r i d i c u l e , v o i l à c e q u ’ i l s o n t f a i t d e t o i ! »
L’homme butta contre une table et s’écroula sur le sol d’un blanc immaculé. Des images affluaient à son esprit, apparaissant et disparaissant au gré des mouvements de la liturgie enragée qui occupait son for intérieur : une planète soumise à un cataclysme destructeur, des millions de morts, le Temple Jedi, une jeune femme d’une beauté exquise, une petite fille, un cylindre d’acier… Un nom surgi d’entre les morts s’imposa à sa conscience en équilibre au bord du précipice abject de la folie.
« V o i s c e q u e t u é t a i s ! R e g a r d e c e q u ’ i l s t ’ o n t f a i t ! E t c o m p r e n d s - m o i . »
L’œil enflammé ne se trouvait plus qu’à quelques centimètres de lui ; il était acculé contre un mur, haletant, les yeux injectés de sang, les mains sur ses tempes comme pour essayer d’endiguer le flot de paroles et d’images qui l’envahissaient. Et brutalement, il comprit ; une horreur plus grande que la précédente s’empara de son corps et de son esprit. Il se souvenait de tout.
« B i e n . »
Il se leva avec maladresse, faisant face au globe de feu. Il avança sa main gauche, presque posée sur la pupille obscure du trou noir, et des éclairs stridents jaillirent de ses doigts tendus, traversèrent la vision d’horreur, faisant éclater la baie qui s’ouvrait sur l’horizon désormais étoilé de la cité-planète.
« V a s – y . »
Et avec un rire dément, il se jeta dans le vide.
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Messagepar Benje Socar » Mar 30 Mai 2006 - 10:35   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 1

Chapitre I
Piège sur la Cité Verticale


« L’histoire cyclique est un danger mortel pour l’humanité. L’homme ne peut pas vivre par période, mais dans la libre continuité. S’il se contente d’exister piégé entre deux bornes, si, quand arrivé au bout du chemin qu’il s’est tracé, il décide de le prendre à nouveau pour récolter les mêmes fruits, il est perdu.
La clef réside dans le processus d’invention ; faire du nouveau grâce aux leçons tirées de l’ancien. Ce n’est pas là un simple phénomène d’adaptation : Lord Voldtari s’est adapté, mais il a pourtant échoué là où l’Imperium doit nous conduire. Il ne s’agit pas non plus de créer un monde nouveau : la création dans l’absolu n’existe pas.
L’Histoire ne doit pas être écrite par l’humanité. Elle doit être inventée chaque jour par la vie elle-même… »

Les Mémoires perdues



La pénombre étouffante qui pesait aux abords de l’estrade ne parvenait guère plus que les lourds parfums capiteux à masquer la laideur et la puanteur caractéristiques de l’extraterrestre qui se dressait dans son bassin à répulsion. Glomaun le Hutt était plutôt petit pour ceux de sa race, mais son incroyable obésité comblait ce déficit de centimètres avec efficacité. Un conseiller humanoïde était assis à ses côtés, un blaster bien en vue sous sa tunique écarlate. Dans plusieurs coins de la salle, masqués par des cônes d’obscurité, de nombreux gardes et chasseurs de prime veillaient.
Cyndiamidala Helena Fo’ld doutait soudain de sa capacité à mener sa mission à terme. Pourquoi avait-elle été téméraire au point de vouloir traiter avec les Hutts, des forbans de la pire espèce ? La Nouvelle République désirait ouvrir une nouvelle route commerciale afin de desservir des planètes en pleine croissance économique comme Selonia ou encore Louqsor ; et la lune de Nar Shaddaa, qui gravitait autour de la planète natale des Hutts, Nal Hutta, était un excellent point de transit pour marchandises. Restait à traiter avec ces grosses limaces baveuses qui détestaient que la République se mêlât de leurs affaires comme les vers des sables d’Arrakis fuyaient l’eau.
« Gliimo bah gramhana flugi, braatau vartoo bwouto. »
Les mots glissèrent entre le filet de bave qui s’échappait des lèvres noires du Hutt. THS-29, resplendissant après le bain d’huile que lui avait offert sa maîtresse pour cette entrevue diplomatique, entreprit de traduire la réponse laconique de Glomaun :
« Sa Seigneurie fait dire à la Révérende Mère qu’aucun traité ne sera signé avec la République. »
Cyndie sourit intérieurement en pensant aux efforts considérables que THS devait fournir pour métamorphoser les propos grossiers du Hutt en des sentences correctes. En langage Hutt, l’interpellation que lui avait lancé Glomaun était plus proche de ‘’sacrée catin’’ que de Révérende Mère. L’expression replongea la femme dans un passé assez lointain, une année avant la naissance de son fils, Thomas-Leto Fo’ld. Neuf ans avaient passé depuis la funeste bataille du Mordor, et elle s’était retrouvée drapée d’un éclatant manteau de gloire. Le Président d’alors, le célèbre Thoma’as (c’est de lui que son cher fils tenait un si beau nom) lui avait offert un poste de Sénatrice, avant de la nommer Ambassadrice de la République ; l’ancienne reine de Louqsor était une personnalité en vue, appréciée par une foule de citoyens pour sa droiture et son sens de la justice. Le Bene Gesserit avait donné une cérémonie officielle pour la reconnaissance de sa mère, Sophia Helena, héroïne de la Rébellion, qui jadis, avant de connaître Voldtari, avait occupé le poste de Mère Supérieure de l’Ordre. La nouvelle Mère Supérieure, Gaius MacGonagall, avait montré un intérêt tout particulier pour Cyndie, et s’était engagée à terminer sa formation. Elle avait été initiée aux rites les plus secrets de l’Ordre, et des projets que nul mortel n’aurait soupçonnés lui avaient été dévoilés. Jusqu’au jour où elle fut mise devant l’épreuve ultime : l’agonie d’épice, qui lui révèlerait la Mémoire Seconde et ferait d’elle une Révérende Mère, ou la tuerait. Cyndie frissonna à l’évocation de ce terrible moment, de cette fulgurante douleur d’un corps qui s’embrase sous une aveuglante vague de braises avant de sombrer dans des océans glacés de cris, à naviguer entre l’oubli et le néant, et puis, le vide, la chute libre le long de la falaise abrupte, cette branche qu’il faut saisir sous peine de disparaître, la souffrance atroce du déchirement ; mais alors, une fois la chute stoppée, le bonheur, la joie, l’extase de la transe, un bien-être total, le doux réconfort des mémoires du passé ; un hurlement lointain, sourde colère qui se rapproche, le danger est toujours là : Voldtari ; si elle ne fait rien, il s’empare de son âme et la domine toute entière ; la voix de sa mère qui la rassure, et lui ouvre la voie du salut : faire confiance aux autres mémoires pour endiguer celle de l’Empereur Noir ; et enfin, plus rien, rien qu’elle ; elle peut rouvrir les yeux, elle a survécu !
« Blaartoo punchoo milgare huttana vlasto berre. »
L’éructation du Hutt la tira hors de sa rêverie.
« Son Obésité Glomaun refuse, au nom de l’entière communauté des Honnêtes Marchands Hutts, que des émissaires de la République s’installent sur le satellite. »
La réaction de Glomaun ne surprit pas Cyndie outre mesure ; le Sénat s’était attendu à un refus catégorique. Il lui fallait maintenant faire preuve de ses talents de négociatrice.
« Votre Seigneurie, je pensais ceux de votre espèce habiles dans l’art de rechercher le profit, sous toutes ses formes. Ce que vous offre la République n’est pas un simple traité de commerce, mais une ouverture capitale sur la galaxie, une occasion de révéler votre grandeur, de faire taire les stéréotypes qui courent à votre sujet. Nar Shaddaa peut devenir, avec votre accord, un des pôles majeurs des routes interstellaires, un atout considérable pour la République, mais encore – et surtout – les bases de la culture hutt, et le pilier de votre fortune ! Ne nous fâchons pas pour un malentendu. »
Sa harangue laissa son interlocuteur de marbre. A dire vrai, l’inspiration lui manquait en ces lieux glauques. De plus, elle ressentait une perturbation dans la Force. Un avertissement peut-être… Si seulement elle avait passé plus de temps à perfectionner son entraînement Jedi qu’à tenter vainement de rehausser les débats du Sénat sur des sujets de la première importance, comme le danger que représentaient les groupuscules fanatiques de l’Empire, et les intrigues incessantes du Bene Tleilax…
« Sliimo bleschtame virtoo, sakama glanms kartoumi. Ehrzat vlanch bloosc… »
Les yeux métalliques de THS parurent clignoter de stupeur, avant que ne se fasse entendre sa voix circonspecte :
« Sire Glomaun se permet de vous corriger en affirmant que c’est vous qui ne le comprenez pas. Les Hutt n’accepteront pas qu’un officier républicain vienne souiller leur terrain. Et encore moins qu’il reparte avec des informations, vivant… »
Au moment même où le droïde se taisait, une dizaine de blasters se pointèrent sur Cyndie ; la femme était désarmée. Mais elle savait que Jake veillait, mêlé aux contrebandiers. Un des canons qui s’étaient pointés sur elle devait être le sien. Ses perceptions de la Force étaient encore trop maladroites pour pouvoir discerner avec précision duquel il s’agissait. L’un de ceux sur la gauche, derrière elle.
« Que votre époux sorte de sa cachette, et vous aurez la vie sauve. »
Glomaun avait parlé en basic. Ainsi, pendant tout le temps de l’entretien, il avait joué avec eux.
« Fo’ld, ne faites pas le malin. Vous n’arrêterez jamais dix rayons à la fois. La partie est terminée. Rendez-vous ! »
L’Animagi-Visage ne se dévoila pas. Le Hutt montra quelques signes d’impatience.
Dix secondes plus tard, il explosait.
« Glaasco ! »
En même temps que l’ordre, neuf coups de blasters retentirent. Mais le son était voilé derrière un écran translucide qui les recouvrait soudain, elle et THS ; les rayons mortels furent absorbés par cette membrane vivante. Puis tout se précipita, la membrane devint pieuvre immense, et dans un seul mouvement ses neuf tentacules s’emparèrent des blasters ; les lampes furent détruites, et une obscurité totale inonda la pièce. Cyndie se sentit soulevée par un bras puissant et velu ; le souffle court, l’animal enfonça une porte de plastacier, avant d’enfiler un corridor savamment éclairé. En quelques secondes, ils avaient rejoint la plateforme d’atterrissage, juste au moment où leur navette républicaine explosait. L’ours noir de Kashyyyk reposa Cyndie et THS, puis reprit forme humaine.
« Jake ! s’écria l’ambassadrice. Après tant d’années, toujours de nouvelles espèces pour me sauver ?
- Oh, juste un petit blonch de Kamino, un paisible mollusque aquatique qui se défend de ses adversaires en aspirant tout les rayonnements électriques qu’ils émettent. Mais assez parlé de biologie. On rentre comment ? »
Une détonation toute proche ponctua sa question.
Cyndie ne répondit pas, mais désigna le speeder garé sur l’immeuble d’en face. Fo’ld lui lança un regard malicieux : « Un jeu d’enfant. » Il n’avait pas fini sa phrase qu’un guépard bondissant de la brousse amazonienne franchissait avec grâce les quelques dix mètres de vide. Une sirène retentit : la chasse était ouverte. Sous les commandes expertes de Fo’ld, le speeder vert filiforme vint récupérer la femme et le robot, avant de s’enfoncer dans la jungle de tours et de ponts de la miniature Coruscant que représentait Nar Shaddaa ; derrière eux vrombissait le moteur racé d’un autre speeder modifié. Un tir de laser les frôla de peu.
« Prends ce pistolaser, cria Fo’ld pour dominer les folies urbaines, et essaie de les ralentir ! »
Cyndie s’empara de l’objet métallique, visa soigneusement, et pressa la gâchette. Un coup dans le vide. Les virevoltes des speeders ne lui permettaient aucune précision. De son côté, son époux tentait le tout pour le tout afin de semer ses poursuivants. Il fallait arpenter les rues de la Cité Verticale jusqu’aux hangars principaux ; là, ils pourraient peut-être forcer l’entrée d’un vaisseau et fuir le piège qui leur avait été tendu. La circulation était heureusement (ou bien devrais-je dire malheureusement) fluide, et les autres vaisseaux qui sillonnaient l’atmosphère ne représentaient pas de réels dangers.
Derrière lui, Cyndie s’ouvrait à la Force pour mieux ajuster ses tirs. Une aura l’enveloppa et guida ses gestes. Un premier tir désarma le rodien qui se tenait sur la proue, un autre le fit basculer dans le vide. Plus que quatre. Jake fit plonger le speeder dans les entrailles de la cité, faisant du rase motte entre les amoncellements de déchets urbains. L’autre le suivit, mais ne put éviter l’éclat métallique qu’un coup de Cyndie dans les immondices détacha avec brio ; leur réservoir était touché, et le fuel s’échappait à gros bouillon. Un tir de plus, et tout serait fini.
Jake remonta en chandelle le long d’un immeuble de verre scintillant sous les feux des vaisseaux, avant de glisser sous une arche de plexiglas. De nombreuses autres manœuvres suicidaires de ce genre là plus tard, il aperçut enfin ce qu’il recherchait. Les portes d’un hangar grandes ouvertes sur une corvette dont le propriétaire repeignait la carlingue. Providence veillait toujours sur lui ! Il ne restait plus qu’à se débarrasser des contrebandiers lancés à leur poursuite.
Un cri s’échappa des lèvres de Cyndie. Derrière elle, un des hommes à la solde de Glomaun venait de sortir l’artillerie lourde : un antique laser à courte portée ; un rayon continu de pure énergie aussi puissant que la lame d’un sabre-laser de cinq mètres de long. Il suffisait d’être à portée pour faire exploser leur speeder. La brèche du réservoir à carburant avait été colmatée. Jake contourna le hangar dans une large boucle pour tenter de se retrouver derrière ses adversaires ; en vain. Le brusque écart qu’une navette ionienne l’obligea à faire le mit en plein champ d’action du laser. Fo’ld, Cyndie et THS furent expulsés dans les airs par le souffle de l’explosion retardée. Mais les contrebandiers n’eurent pas le temps de fêter leur victoire : éblouis par la déflagration, le pilote ne réussit pas à éviter une poutre qui soutenait la voûte des halles marchandes.
Nos aventuriers chutaient à une vitesse folle, et la gueule béante d’une canalisation percée semblait se précipiter pour les avaler tous les trois. Jake réagit au quart de tour et opta pour l’apparence d’un dragon de Kuat, un immense reptile planant dans les airs. Il recueillit Cyndie et THS, avant de se poser en douceur sur une passerelle. Ils se trouvaient trois cent quarante étages sous le hangar, à une centaine de mètres vers l’Est.
Un tir crépita au-dessus de leur tête : une nouvelle escouade prenait le relais, équipée de jets à répulsion. La course contre la mort se poursuivait…

Les éclairs orangés des tirs de blasters illuminaient l’écran de leur mortelle radiation. Ces imbéciles de Fo’ld et sa compagne fuyaient toujours, maintenant la distance qui les séparait des chasseurs de prime à la solde de Glomaun. Le Hutt suivait la scène avec délectation, se rassasiant des regards craintifs de ses proies, goûtant chacun de leur mouvement de terreur. Le piège était parfait, jamais ils ne s’échapperaient de Nar Shaddaa.
« N’oubliez pas que nous voulons Fo’ld vivant, et intact ! »
Le susurrement sec du nabot lui tira une éructation de rage latente. Cet étranger aux milliards de crédits lui avait promis la fortune en échange de ce kidnapping ; un hôte du genre qui plaisait à Glomaun, pour peu qu’il veuille bien se taire. Ce n’était malheureusement pas le cas de cet employeur-ci.
« Nos services ont mis ce plan au point pendant des mois, nos espions et nos agents infiltrés dans le gouvernement ont travaillé sans relâche des semaines entières, nuit et jour ; la réussite de nos projets est capitale pour notre victoire, et vous assurera des richesses au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Alors, assez joué ; je veux cet Animagi-Visage, tout de suite ! »
A contrecœur, dépité de devoir mettre fin si tôt au jeu passionnant du chat et de la souris, Glomaun s’empara de son comlink pour joindre le meneur de la bande qui poursuivait Fo’ld et Helena.
« Le temps presse. Si Fo’ld n’est pas pieds et poings liés devant moi dans vingt minutes, c’est la mort qui vous attend, Vilark. »
Un délicieux crapaud de Naboo en bouche, le Hutt se cala dans son sofa anti-grav pour profiter de la suite du spectacle…

Les agents de Glomaun ne démordaient pas d’un centimètre. Cyndie et Jake s’étaient engouffrés dans un ascenseur externe qui filait à tout allure vers les toits, mais déjà un mercenaire avait sauté sur le dessus de la cabine et sortait sa vibro-lame pour percer la paroi. Sur ordre de l’Animagi-Visage, THS, le fidèle droïde protocolaire, ignoré de leurs ennemis, était parti en direction du hangar que Fo’ld avait aperçu plus tôt, leur unique chance de salut.
L’ascenseur grimpait toujours, mais bien trop lentement au goût de Cyndie. Au-dessus de leur tête, l’homme avait commencé son travail de démolition ; dans quelques secondes, il serait trop tard. Il fallait tenter le tout pour le tout : Jake mis a nu le boîtier de commandes.
Il faut créer un court-circuit, c’est le seul moyen de se débarrasser de nos poursuivants.
Restait à savoir quels fils déconnecter, puis quels branchements effectuer. Le temps manquait cruellement, laissons faire le hasard. Jake arracha un câble bleu, puis un autre rouge, et les relia. Une gerbe d’étincelles jaillit, et la cabine s’envola à une vitesse folle. Les deux amants furent collés au sol, tout comme leur adversaire dont la vibro-lame s’était échappée. A cette allure, l’impact imminent serait mortel ; Jake se métamorphosa en wookie et arracha tant bien que mal les portes de verre. Le mur de perma-beton défilait tel un fleuve enragé ; les poulies grinçaient, et déjà une odeur âcre de métal chaud envahissait l’air ambiant. Le mercenaire tenta de se relever, mais la friction de l’air le jeta par-dessus bord ; ses compagnons suivaient avec leurs rétrofusées, mais se laissaient distancer de seconde en seconde… Pour le moment.
Plus que cinquante étages avant l’impact. Soit moins de quinze secondes. Jake grimpa sur le toit et dégaina son pistolaser, qu’il régla sur la puissance maximum. Il ne restait plus que deux tirs. Un regard avait suffit à Cyndie pour comprendre ce qu’il lui restait à faire ; elle s’approcha des portes béantes jusqu’à sentir la chaleur et le déplacement d’air près du mur. Jake visa soigneusement, et tira, par deux fois. Ne se fiant qu’à la Force, Cyndie ferma les yeux, et quand son instinct le lui cria, elle sauta par l’ouverture. Un éclat de métal lui taillada le bras, mais elle atterrit saine et sauve dans le couloir du 751ème étage ; Jake l’avait précédée.
Au-dessus de leur tête, l’ascenseur s’arracha des gongs de sécurité, et après avoir fait quelques mètres par-dessus l’immeuble, retomba, fauchant au passage deux des six attaquants à leur trousse. Notre héroïne prit une seconde pour se situer dans la ville, avant de reprendre la course. Ils devaient être à dix ou vingt étages des combles, et leur immeuble faisait face au hangar privé. Les escaliers de service étaient plongés dans l’obscurité, mais ni Jake ni Cyndie ne perdirent de temps à les éclairer. Il s’agissait de monter, et le plus vite possible. Une fois sur les toits, un gouffre de cent mètres coupa court à leurs espérances. Comment franchir une telle distance ? Derrière eux gronda le bruit d’un moteur de jet à répulsion. Leurs poursuivants arrivaient.
Cyndie dégaina son sabre-laser, et para les tirs mortels qui fondaient sur eux ; Jake restait en arrière, sans arme. La femme regretta une fois de plus amèrement son manque d’entraînement. Avec un peu d’expérience, elle aurait pu arracher l’arme des mains de son opposant d’un simple maniement de la Force ! Le comlink de l’humain qui lui faisait face bipa : « Les renforts sont en route, ne les laissez pas fuir ! ».
Avec un rictus de satisfaction, l’homme – qui semblait être le chef du groupe – intima l’ordre à ses camarades de cesser le feu.
« Rendez-vous, et il ne vous sera fait aucun mal. Si vous tentez de fuir, alors vous ne quitterez pas Nar Shaddaa vivants, je peux vous le promettre. »
Cyndie et Jake bondirent sur l’occasion de cette trêve inespérée. Se jetant sur l’homme qui venait de parler et son camarade, ils actionnèrent leurs rétrofusées. Les mercenaires furent trop abasourdis par leur action pour tirer ; quand ils reprirent leurs esprits, les uns étaient déjà dans les airs en train de se débattre pour jeter nos héros dans le vide, les autres n’osaient tirer de peur d’atteindre leurs camarades. Quelques secondes plus tard, Cyndie et Jake atterrissaient à peu de mètres du hangar, et se débarrassaient de leurs moyens de locomotion en sectionnant leurs réservoirs d’un coup de sabro-laser.
Ils retrouvèrent THS-29 en pleine conversation avec le propriétaire de la navette nubienne. Cyndie le saisit par le bras tandis que Jake se jetait dans le cockpit du vaisseau. Les deux hommes volants arrivèrent quand le vaisseau décolla, accompagné de toutes les injures possibles et inimaginables proférées par son propriétaire. Quatre chasseurs de type Oiseau de Proie surgirent soudain, mais ils ne furent pas suffisants pour empêcher la navette de sauter en hyperespace dès sa sortie en catastrophe de l’atmosphère.

Glomaun avala de travers et faillit s’étouffer dans sa propre glaire quand il vit Fo’ld et sa compagne plonger dans les couloirs d’hyperespace, échappant définitivement à ses troupes. A ses côtés, le nabot soupira, mais n’exprima aucun mouvement de colère. Au contraire, sa froide inexpressivité semblait plongée dans les plus profondes calottes glacières. Rien ne permettait au Hutt de pénétrer ses sentiments, et encore moins ses obscures pensées. S’excuser ne faisait pas partie de ses habitudes, et l’idée d’avoir perdu une somme de crédits gigantesque lui rongeait l’infime parcelle qu’il avait d’esprit dans ce corps d’une obésité immonde.
Enfin, après quelques secondes d’un lourd silence, le petit homme fit un geste sec du poignet. Aussitôt les gardes de Glomaun mirent le Hutt en joue.
« L’échec ne vous était pas autorisé. Votre rôle s’arrête ici. »
Et dans un hoquet de terreur, Glomaun disparut sous la rafale ardente des tirs de blaster.
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Mer 31 Mai 2006 - 8:29   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 2

Chapitre II
L’ombre du futur



« Sauveur et tyran ne sont que les deux faces d’une même réalité. Tout jugement dépend de l’angle d’observation… »
Analyse Zenzunni



La Mère Supérieure Gaius MacGonagall était dans une colère noire, aucune des techniques prana bindu si chères aux Sœurs ne parvenant à l’apaiser. La nouvelle acolyte-espionne envoyée au Temple Jedi venait d’être découverte avant même d’avoir pu entamer sa mission ; grâce au ciel son entraînement perfectionné lui avait permis de taire le nom du Bene Gesserit avant que les Jedi ne l’expulsent hors de Coruscant. Mais la vieille femme savait que déjà le Conseil de cet ordre mystique éprouvait de sérieux doutes quant à l’implication des Sœurs.
C’était cependant un risque à courir. Le Kwisatz Haderach, ou du moins l’homme qui avait le plus de chance d’être Lui, était enfin né. Mais une cruelle ironie du sort l’avait jeté hors de portée de leur communauté… Le Kwisatz Haderach, celui qui pourra être ici et ailleurs, maintenant et lire les passés comme les avenirs, celui qui sauvera l’humanité en la guidant sur les sentiers sinueux de l’Histoire. Des siècles de sélection génétique patiemment mis au point par les Sœurs, un travail de longue haleine, pour atterrir dans une impossible impasse.
Un seul facteur était cause de ce désastre : celui-là même qui avait accéléré le mouvement, précipité les arbres généalogiques, pressé le bouton rouge de la machine infernale… Lord Tarius Hans Sextus Voldtari ! A cause de lui, toutes les équations furent chamboulées dans un maelström indescriptible. Leur reine Sophia Helena, déchue, avait quitté l’Ordre, bouleversée par ses relations avec Voldtari et anéantie par la mort du héros Jace Starkiller. L’amour est une chose terrible, toute Bene Gesserit se doit de le proscrire. Et c’est là précisément que tout s’effondre : Sophia éleva sa fille dans l’anonymat, lui inculquant tout son savoir Bene Gesserit ; mais rien ne put empêcher le mariage de Cyndiamidala Helena avec le chasseur de prime Jake Fo’ld. L’Ordre avait été confronté à un terrible dilemme : accepter ce mariage au risque de voir l’enfant leur échapper derrière le voile de l’amour, ou le condamner, repoussant la venue du Kwisatz Haderach d’un nouveau millénaire.
Les noces furent célébrées, et le garçon naquit dix ans après la bataille du Mordor. L’enfant avait hérité des dons Jedi de son grand-père, l’Empereur ténébreux, et avait été placé par ses parents sous l’enseignement des Chevaliers sur Coruscant, le mettant ainsi inconsciemment hors d’atteinte du Bene Gesserit. Tous les moyens mis en œuvre pour le récupérer avaient échoué ; connaissant Cyndiamidala, ce serait une grave erreur que de l’informer du plan des Sœurs : l’amour s’était emparé d’elle et lui avait obscurci la raison.
Plus le temps passait, plus l’enfant avait de chances d’échapper définitivement à leur contrôle. Et alors, nul ne sait ce qui pourrait advenir.
Gaius MacGonagall fit le calme dans son esprit ; il fallait agir, et le plus vite possible !

* * *

Les doux rayons qui se reflétaient au travers des multiples prismes lévitant sous le plafond créaient un arc-en-ciel géant, éclair multicolore qui enjambait l’immense salle de cours baignée dans la luminosité laiteuse du petit matin. L’ensemble des élèves de cinquième année étaient rassemblés autour du Professeur de Défense contre les Forces du Mal, l’honorable Maître Jedi Gloïn, fils de Thïri, seigneur de la Moria sur Dathomir. Il se dégageait du Maître Nain une aura de puissance et de sagesse exceptionnelle, et les adolescents, âgés de treize à quinze ans, attendaient silencieusement que débute le cours de la matinée.
Après une demi-minute de silence total, le Jedi prit la parole de sa voix de stentor : « La leçon d’aujourd’hui portera sur un contre-sort bien particulier. Vous n’êtes pas sans l’ignorer – mais un peu de révision ne fait aucun mal à l’esprit éclairé – l’Expelliarmus ne permet de repousser que des attaques modestes, comme un Flipendo ou un Rictusempra. A chaque maléfice correspond un contre-sort bien particulier, et plus celui que vous lancera votre adversaire se fera puissant, plus le contre-sort nécessaire sera difficile à réaliser. »
Rien ne bougeait dans la salle, à l’exception du Maître qui arpentait les lieux en fixant tour à tour chacun de ses élèves : « Le premier contre-sort que nous allons aujourd’hui étudier est une parade qui vous permettra de renvoyer les sortilèges de votre adversaire liés à l’élément glacier. Prenons comme exemple le Charadras, un sort très dangereux s’il est employé à mauvais escient. Il provoque une véritable tempête de neige concentrée sur un point précis : si un ennemi vous atteint aux jambes, il vous paralyse ; au torse, il vous tue dans les cinq secondes par le froid. Il vous faudra donc être vifs comme l’éclair pour vous y dérober. Bien ; je vais procéder à une démonstration. Thomas Fo’ld, avance-toi je te prie. »
Un élève sortit du rang, bien plus jeune que ses camarades ; il devait avoir tout au plus une dizaine d’années. Plutôt grand pour son âge, de longs cheveux de jais lui tombaient sur les épaules ; son nez et son menton étaient anguleux, ce qui conférait à sa physionomie l’allure de l’épervier royal. Sa démarche était assurée, et tout décriait dans son attitude une maturité bien plus importante que celle des autres élèves présents dans la salle.
« Thomas-Leto Fo’ld » maugréa le jeune enfant tandis qu’il rejoignait son Maître.
« Bon. Observez-moi attentivement. Le geste pourra vous sembler fort simple, mais la concentration demandée est plutôt intense. »
Le nain se saisit de sa sabro-baguette d’un mouvement racé, la pointa vers le haut puis dessina rapidement une étoile à trois branches tout en murmurant dans sa barbe : « Polyclor ». Un scintillement argenté se mit à luire au bout de l’arme, avant de se dissiper dans un éclair aveuglant. Une ride avait plissé le front haut du professeur l’espace de quelques instants.
« Voyons voir si Monsieur Fo’ld fera preuve de son aptitude à assimiler promptement de nouveaux sorts. En garde, mon garçon ! »
Les deux hommes se mirent en position de duel, laissant un mètre entre eux. Chacun s’inclina avec déférence, avant de se mettre en joue. Sans prévenir, au bout de quelques secondes, Maître Gloïn fit un drôle de moulinet avec son bras tout en proférant : « Charadras ! ». Une boule de neige fusa, suivit d’une autre, et d’une troisième, puis d’une véritable tempête de glace ; Thomas l’évita en se propulsant élégamment dans les airs.
« Bien, Monsieur Fo’ld, mais ce sort peut vous réserver de multiples surprises ! »
Et en effet, la tempête avait suivi le mouvement de l’enfant, pour le rattraper à deux mètres du sol de marbre. Thomas invoqua alors les ondes protectrices de la Force afin de repousser l’assaut redoublé de la neige et des congères de glaces, le temps de se recueillir pour envoyer le contre-sort. L’éclair argenté dévia le courant de la tourmente, mettant fin au duel.
« Tu apprends vite, mon garçon ! le félicita le Professeur.
- Plus vite que vous ne le pensez… »
En un seul mouvement, Thomas-Leto lança un puissant Charadras sur le Maître Gloïn. Abasourdi, ce dernier eut un quart de seconde de battement avant de contrer au moyen d’un Polyclor.
« Que pensez vous de cela ? déclara le jeune garçon, ravi.
- J’en pense que tu fais preuve de beaucoup trop de fierté et d’audace, mon garçon. Ne t’avise plus jamais de recommencer une telle sottise, jamais !
- Bien, mon maître » acquiesça l’enfant, la mine renfrognée.
Des bruits de pas retentirent soudain dans l’entrée de la pièce. Les jeunes adolescents purent discerner alors la voix calme de Maître Yoda : « Une classe de cinquième année ici étudie, Mère Révérende. Par le Maître Gloïn sont assurés les cours de Défense contre les Forces du Mal. » Le vieux Jedi pénétra dans la salle, aidé de son habituel bâton, suivi d’une vieille femme aux allures de vipère : ses yeux étaient deux fentes venimeuses, et ses cheveux de gorgone étaient enserrés dans un étrange voile gris. Elle portait une longue robe noire ; son corps constituait une incroyable machine de précision, malgré un âge que l’on supposait avancé, obéissant muscle par muscle à l’intense intelligence qui se devinait dans l’étincelle au plus profond son regard perçant. Thomas n’avait pas eu besoin du substantif que lui avait donné Yoda pour l’identifier comme une Sœur du Bene Gesserit. La sorcière lui était maintes fois apparue dans ses derniers rêves, et il savait exactement ce qui allait survenir dans les quelques minutes à suivre.
De sa voix marquée par les âges, la Révérende Mère Gaius MacGonagall répondit au vieux Jedi :
« Les temps troubles ne sont pas encore révolus, et bien des menaces pèsent sur la frêle Nouvelle République. Même vous, Jedi, vous ne pouvez l’ignorer. L’engrenage mis en route par Voldtari pèse encore dans la mécanique galactique, et nous devons réparer les conséquences de ses actes.
- Cette mission est de toujours celle des Chevaliers Jedi, Mère Révérende, répliqua Yoda.
- C’est aussi la tâche que s’assigne le Bene Gesserit. C’est pourquoi, autant pour éviter de futiles rivalités à venir que pour prévenir le retour du Mal, mes Sœurs et moi-même avons jugé préférable que nos forces s’unissent pour former un rempart sûr afin de protéger la République. Une coopération mutuelle nous sera profitable, aussi bien à vous qu’à nous. »
A ces mots, la vieille femme fixa intensément Thomas-Leto. Le garçon se sentit transpercé avec autant de force qu’un pistolaser. Une brève douleur lui déchira la poitrine, le temps d’un battement de cils. Puis la Révérende Mère reprit :
« Dans cet esprit d’échange, nous avons jugé bon de vous prévenir que d’inquiétants complots se trament autour de Phoenix IV. Nous sommes sans nouvelle de nos Sœurs missionnaires depuis une bien trop longue semaine, et la République ne va pas tarder à réagir face au silence radio qui s’est imposé, avant de faire appel à vos services.
- Comment peut-on de ce que vous affirmez être certain ? » demanda Yoda.
Maître Gloïn était sur le point d’intervenir dans le débat, mais le vieux Jedi lui intima par la pensée de garder le silence et d’observer la vieille sorcière.
« Pourquoi pensez-vous que nous cherchons à vous abuser ? lança MacGonagall.
- La présence d’espions nous n’apprécions guère. Vous aussi, je pense. »
La Révérende Mère acquiesça sans mot dire.
« Néanmoins, aucun mensonge je ne perçois dans vos propos, continua le Maître Jedi de sa voix posée. Mais nous donner gratuitement cette information n’est pas un fait que je puis concevoir venant de votre part. En échange, qu’attendez-vous ?
- Qu’un de vos Chevaliers accompagne l’agent que nous désirons envoyer sur Phoenix IV. Un Jedi nous sera très utile. »
A nouveau le regard reptilien de la vieille femme se posa sur Thomas. La Force lui lança soudain un avertissement. Un danger se profilait à l’horizon. Mais il ne cilla pas ; tout ce qui allait arriver était déjà gravé dans sa mémoire. Au moment voulu, il saurait comment réagir.
« Des implications profondes découlent de votre requête, murmura Yoda. Cependant, à accepter je suis décidé. Le Côté Obscur trouble tout, et de sombres visions de l’avenir j’ai eues. Maître Gloïn, quérir Maître Benje Socar partez donc, je vous prie.
- Bien, Maître Yoda. »
Le Professeur de Défense contre les Forces du Mal s’en fut par une porte dérobée.
« Je vous remercie, et vous félicite de votre clairvoyance, Maître Jedi, déclara MacGonagall d’un ton condescendant.
- Une arme à double-tranchant que la flagornerie, Mère Révérende ; l’oublier, vous ne devriez jamais. »
Sous le coup de la colère, la vieille femme claqua la langue sur son palais. Ce geste réveilla l’attention de Thomas ; il savait que tout ce qu’il venait d’entendre avait été minutieusement préparé par la sorcière, rien n’avait été laissé au hasard, pas même ce claquement.
Une ombre obscurcit soudain la salle. Tous les élèves levèrent les yeux vers les grandes baies du plafond. Une petite navette avait dévié de sa trajectoire, se dirigeant vers le Temple Jedi, et déjà les chasseurs de la Nouvelle République l’encerclaient, prêts à la désactiver, pour la reconduire hors du territoire non autorisé. L’appareil stellaire poursuivait sa course, sans se préoccuper des autres. Arrivé à quelques mètres du Temple, il s’arrêta.
« Fuyez tous ! » cria Maître Yoda, empli d’un très mauvais pressentiment.
Et c’est à ce moment précis que dans un fracas épouvantable la navette explosa, projetant des centaines de plaques de métal sur les baies vitrées. Le choc de l’explosion fut accompagné par une décharge sonique telle que les boucliers, très affaiblis, ne purent survivre à l’onde ionique qui s’ensuivit. Les vitres ne résistèrent pas aux débris, et des centaines de bouts de métal chauffés à blanc fondirent sur les élèves. L’enchantement qui maintenait les prismes en l’air cessa, et les milliers de polyèdres décoratifs foncèrent en sifflant sur la foule tels une nuée de poignards acérés.
Tous couraient en direction de la grande porte de sortie, projetant les ondes de la Force pour tenter de ralentir les débris meurtriers et les éviter. En quelques secondes, tout était fini. Le silence était revenu, et chacun tâchait de se calmer au moyen des quelques mouvements apaisants qui lui étaient propres. Maître Yoda vérifiait qu’aucun élève ne fût blessé. Un seul enfant manquait à l’appel. Il se retourna d’un geste fluide : « Où donc est passé Thomas-Leto Fo’ld ? » Personne ne répondit, et un voile étouffant pesa sur l’assemblée. Masqué à la vue de tous, caché dans la grande salle dévastée derrière le panneau secret par lequel était parti le Maître Gloïn, l’enfant surprit le mince sourire de satisfaction qui avait parcouru les lèvres de la vieille sorcière. Ses acolytes avaient elles aussi disparu. Au fond de lui, il le savait ; cet attentat avait été orchestré par le Bene Gesserit dans un seul but : s’emparer de sa personne. Mais pourquoi ? Cela, il ne le comprenait pas ; mais il aurait parié que ces étranges rêves prescients y étaient pour beaucoup.
A côté, Maître Yoda réitéra son appel, sans pour autant manifester un quelconque signe d’inquiétude. Il savait grâce à la Force que son élève était sain et sauf, et qu’il attendait son autorisation pour sortir de sa cachette ; le Vieux Jedi étudiait lui aussi la Révérende Mère, et quand il eut perçu ce qu’il désirait, il lança une onde dans la Force pour que Thomas-Leto le rejoigne.
« Je suis ici, Maître Yoda !
- Ah, enfin nous te retrouvons » murmura le Jedi.
Après un clin d’œil malicieux au jeune garçon, Yoda se tourna vers Gaius MacGonagall.
« Eh bien, clos est cet incident. Allons donc dans la Salle du Conseil ; là, nous retrouverons Maîtres Gloïn et Benje Socar. Les enfants, vos salles communes rejoignez donc. »
Thomas se laissa emporter par la masse, enchanté de la colère qu’il avait pu lire dans les yeux de la vieille sorcière. Mais trop de secrets pesaient encore sur ce qu’il venait de vivre, et ses visions du futur l’obsédaient sans cesse, telles des nuées d’insectes fugitifs. Il lui fallait lever le voile de la vérité ; quelque chose au fond de sa conscience lui soufflait que sa survie en dépendait…

La grande salle du Conseil dominait le Sénat Galactique de Coruscant, et offrait un des plus superbes panoramas de la cité-planète ; c’était un lieu calme, pétri de méditation et de silence, propice à la réflexion. L’architecture de cette pièce circulaire se faisait magnifique par sa simplicité, et sa décoration réduite au minimum. Gaius MacGonagall eut un rictus de mépris en songeant aux magnifiques jardins et palais de la Planète du Chapitre, le nouveau domaine privé du Bene Gesserit, depuis que la planète d’Amazonia s’était jointe à la Nouvelle République. Ici, perché dans les hauteurs infinies de la capitale, nu, l’endroit traduisait bien ce que représentaient les Jedi pour la vielle femme : des esprits vides, gouvernés par ce qu’ils appelaient la Force, un pouvoir précieux qu’ils ne savaient pas utiliser pour ce qu’il était véritablement : un outil, ô combien spectaculaire, certes, dont l’usage était réservé à une poignée d’élus, mais un instrument tout de même.
Les six membres du Conseil étaient disposés à égale distance l’un de l’autre, entourant la Mère Supérieure, la sondant pour tenter de connaître ses véritables intentions. Mais aucun d’eux n’aurait oser ne serait-ce qu’envisager de violer son esprit. Les cinq Maîtres et Yoda restaient parfaitement silencieux : se trouvaient là Graar le Wookie, héros de la révolte de Kashyyyk sous l’Empire, l’un des rares Jedi à avoir survécu à une confrontation avec le Décimeur ; à ses côtés siégeait Brulus, un jeune homme (selon les critères de sa planète) originaire d’Epsilonn II qui avait dévolu son existence à la contemplation et à l’étude théorique de la Force, ce qui ne l’empêchait guère d’être un excellent combattant au sabre-laser ; Cartos Fascina était après Yoda le plus vieux et le plus sage des membres du Conseil, celui qui avait tout appris à notre ami Fab Enzal ; les Chevaliers de la sabro-baguette étaient aussi représentés par la belle Twi’lek Oona, et enfin Dame Aube, une humaine aussi érudite que mystérieuse. Au milieu de ces cinq hommes et femmes dominait tout naturellement le vénérable Yoda, le maître spirituel de toute la bande, songea MacGonagall, le seul qui ait compris ce qu’est le pouvoir véritable, le seul qui sache se faire obéir.
La Mère Supérieure allait exposer sa requête quand les portes s’ouvrirent sans un bruit pour laisser place à un Jedi que nous connaissons bien, le célèbre Benje Socar, disciple du regretté Fab Enzal et membre majeur de la Communauté de la Sabro-baguette qui avait défait Voldtari lors de sa réapparition vingt ans plus tôt :
« Maîtres, vous avez demandé à me voir ?
- En effet, une mission nous avons à te confier, répondit Yoda.
- La Révérende Mère MacGonagall ici présente vient de nous informer d’un danger bien obscur, ajouta Cartos Fascina en soulignant son propos d’un geste fluide ; une menace pourrait bien se profiler sur la planète Phoenix IV, dans la frange extérieure, à une journée-lumière du système Hutt.
- Nos Sœurs…
- Le Bene Gesserit, poursuivit le sage Jedi sans laisser la vieille femme terminer sa phrase, est sans nouvelles de ses espions, et par l’intermédiaire de son représentant, il est venu quérir notre assistance dans cette sinistre affaire. »
La Mère Supérieure allait exploser de rage quand le regard de Maître Yoda croisa le sien et lui demanda si son hoquet était dû à une indisposition quelconque. Elle ravala sa colère, furieuse dans le même temps d’avoir trahi son masque d’impassibilité, avant de se composer un visage plus serein. La voix puissante du Wookie se fit entendre, relayée par celle du droïde miniature S-22 qui servait d’interprète :
« Messire Graar et l’ensemble du Conseil souhaiterait que vous accompagniez l’agent que le Bene Gesserit va dépêcher d’ici peu sur Phoenix IV afin de le seconder dans sa mission et rapporter le maximum d’informations possible sur ce qui se trame dans le secteur.
- Bien, Maîtres. Mon padawan me suivra-t-il dans cette mission ? »
A cette question innocente de Benje Socar, Gaius MacGonagall fut saisie d’un espoir subit, vite gommé par le regard toujours implacable de Yoda :
« Non, ici ton padawan demeurera, tant que lumière ne sera faite sur cette mystérieuse question. »
Ce gnome vert a deviné nos intentions ! Puisse la foudre s’abattre sur ce maudit Temple Jedi, et brûler tous ses occupants !
« Demain matin, tu partiras, ajouta Yoda. Mère Révérende, suivez Maître Oona, à votre navette elle vous ramènera. »
Cette nouvelle manche se soldait par une cuisante défaite qui blessait profondément la vieille MacGonagall dans son amour-propre. Non seulement Thomas-Leto Fo’ld restait hors de sa portée, mais encore un Jedi allait maintenant s’immiscer dans les affaires du Bene Gesserit et espionner le comportement des Sœurs, sans possibilité réelle de l’écarter !
Maudits soient les Jedi, et leurs ridicules tours de passe-passe !
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Jeu 01 Juin 2006 - 12:18   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 3

Chapitre III
L’aventure se perpétue



« L’Imperium n’a pas d’histoire véritable, il est l’Histoire à lui seul. Ses origines lointaines demeurent obscures, et l’on ne sait si l’Empereur-Dieu, titan aux pouvoirs fabuleux, relève du mythe ou de la réalité. Une seule chose est certaine : les âges obscurs qui précèdent n’étaient que conflit et disharmonie. La mort était la seule issue possible pour la vie, jamais dépassée, si bien que les êtres de la galaxie couraient, piégés, vers leur propre perte… »
Nouvelles études historico-galactiques



La Salle Crépusculaire était bondée de jeunes enfants et de padawans Jedi qui n’étaient pas en mission, tous attablés autour de leur petit déjeuner. Thomas-Leto porta à ses lèvres une tranche de melon d’eau de Caladan qu’il mâcha lentement, sans prêter attention au majestueux et éternel coucher de soleil magique qui faisait de la grande salle commune un des plus flamboyants joyaux artistiques de Coruscant. Il était plongé dans ses pensées. Son maître Benje Socar était parti ce matin même pour enquêter sur une lointaine planète, et avait refusé de prendre son padawan avec lui.
C’était la fin du cours d’escrime, Thomas-Leto affrontait en duel un bith du nom de Klasha. Les deux sabre-lasers, pourpre contre or, étincelaient sous les assauts furtifs des deux combattants. L’art de l’escrime était régi par une série de règles très sévères visant à développer les réflexes des élèves tout en les mettant à même de façonner progressivement leur propre botte personnelle. La magie n’avait pas sa place ici ; le sabre et l’esprit étaient les meilleures armes du guerrier. Le jeune bith était un habille bretteur, et ses parades virevoltantes très difficiles à contrer. Mais Thomas-Leto avait une meilleure maîtrise de la Force, il était plus rapide, et plus difficile à surprendre. Quand son adversaire fit mine de plonger, plutôt que de bondir il s’accroupit, et puisant dans le flot de la Force qui le baignait il propulsa sa lame qui se ficha dans la gorge du bith.
Les deux sabres holographiques s’éteignirent en crépitant, le cours était fini. L’Instructeur Villus donnait ses derniers conseils quand Benje Socar se manifesta ; il avait assisté à la fin du combat entre Thomas-Leto et Klasha. Son padawan accourut, espérant que suite aux évènements de la veille, le Jedi pourrait lui fournir de plus amples précisions. Le mentor avait l’air soucieux, et le jeune garçon redoutait un peu les paroles qu’il allait entendre.
« Mon jeune ami, déclara le Chevalier d’une voie posée mais distante, une mission imprévue m’appelle loin de Coruscant. Il ne s’agit peut-être que d’une broutille, mais le Conseil désire qu’une enquête soit menée sur Phoenix IV. Les dangers sont nombreux, et peuvent surgir des endroits et des personnes les plus inattendues. C’est pourquoi je souhaite que tu restes ici, au Temple, le temps que cette affaire soit réglée. »
Thomas-Leto nota que son maître évitait scrupuleusement de mentionner le Bene Gesserit. Il était possible que le Conseil en sache plus que lui sur les plans de MacGonagall.
« N’y a-t-il rien à craindre des sorcières du Bene Gesserit ? lança-t-il. Comment être sûr qu’elles ne nous tendent pas un piège ?
- La parole de Maître Yoda devrait te suffire, jeune padawan. Mais même ici, sur Coruscant, dans le Temple, reste prudent. Les forces obscures se lèvent, des ténèbres plus noires encore que celles de l’Empire risquent à tout moment de déferler dans nos existences. Sois vigilant, le Côté Obscur voile tout.
- Mais…
- Que la Force soit avec toi ! »
Et l’homme était parti avec un dernier regard pour son protégé, empreint d’une sorte de mélancolie teintée de crainte.
Etrange…
« Eh, Tom, le cours de philosophie Jedi commence dans cinq minutes ! »
Le garçon manqua de s’étouffer en avalant son fruit.
L’adolescente qui avait poussé Thomas-Leto sans ménagement était Cylème Lively, sa plus fidèle amie depuis son entrée au Temple Jedi. De taille moyenne, les cheveux en brosse, blond paille, l’œil toujours malicieux, Cylème était un monstre de savoir, dévorant sans relâche les vieux grimoires de l’immense bibliothèque. S’il était une personne à même de répondre à toutes les questions qui pouvaient le hanter, c’était bien elle. Mais pour l’heure, il s’agissait de survivre au cours philosophique.
Thomas-Leto admirait le maître Brulus, mais il s’ennuyait profondément dans ces réflexions incessantes sur les mystères de la Force, des circonvolutions sans fin pour ne rien dire. Un Jedi était fait pour l’action, pas pour la seule contemplation. Les moines b’omarr de Tatooine constituaient la preuve absolue que si un corps sans esprit ne vaut rien, l’inverse est encore plus vrai : ces décérébrés avaient été impuissants à chasser Jabba le Hutt de leur monastère, et une grande partie avait disparu dans l’oubli.
Comme bien souvent, entraîné par Cylème, le jeune garçon occupait les premiers bancs de la petite salle couverte de tapisseries retraçant les exploits d’antiques Chevaliers lors de la Grande Guerre. Brulus, avec ses cheveux éternellement en bataille et ses gestes amples, ressemblait plus à un rêveur qu’à un authentique Jedi ; une fois de plus, les apparences étaient trompeuses. D’une poussée de la Force, il activa le projecteur solido : dans un bruissement, alors que les élèves se taisaient, se matérialisa au-dessus du bureau une maxime flamboyante, d’abord en ancien langage elfique (les origines des Jedi remontaient à d’insondables mystères), puis en basic courant :

La mort n’existe pas, il n’y a que la Force.

Le cours commença comme toujours avec le jeu tant prisé par Brulus des associations spontanées, avant de se poursuivre par un intense débat. Le temps s’étirait à n’en plus finir, et Thomas-Leto rêvait, à des lieux du Temple Jedi, il voguait sur des flots inexplorés, à la recherche de ce qu’il ignorait, de ce but ultime et terrible qui était le sien. Au loin, la discussion avait cessé et le Maître Jedi entamait son long monologue. Sa voix était apaisante, même si l’enfant ne distinguait plus les mots ; il se laissait guider par l’intonation, sans trop savoir où cela le mènerait. Sa conscience dérivait jusqu’à une limite extrême, que jamais encore il n’avait pu franchir ; mais quelque chose l’appelait… Simple murmure, puis déchaînement qui le propulsa de l’autre côté de la barrière. Les images s’accélérèrent, la cadence s’envola : la galaxie défila sous ses yeux dans une rotation du diable, avant qu’il ne soit catapulté sur un monde obscur. Le noir absolu. Un éclair subit lui fait entrevoir des merveilles, mais son regard est attiré par un point scintillant, une virevolte enflammée qui l’attire, une cascade de feu fondue en un cercle minuscule qui se rapproche. Un sceau ? Non, un puits noir trône en son centre. La chaleur est intenable, une voix gronde des mots incompréhensibles : Viens, viens à moi au cœur du Reülenn ! L’œil embrasé l’engloutit, et les ténèbres de l’inconscience figent son esprit…

* * *

Le spatioport lui faisait toujours penser à un insecte géant aux antennes innombrables toujours prêt à l'avaler. De tout Coruscant, c'était peut-être ce lieu qui grouillait le plus de vie, comme une pulsation sourde et tenace qui ébranlait les kilomètres de verre et d'acier. Benje Socar, vêtu en simple civil, s'avançait sur la baie de lancement du vaisseau que lui avait alloué la République peu après les évènements qui avaient amené la chute définitive de Voldtari, Le Dragon Solitaire. Une femme l'y attendait. Il ne sut si son image était bien réelle ou si s'était seulement son souvenir.
Jamais la vieille sorcière n’avait évoqué son nom pour cette mission !
Rien n'avait changé. Le même regard toujours vigilant où remontait une pointe de ruse, la même posture à la fois hautaine et digne… Le temps ne semblait pas avoir altéré son être, si ce n'est peut-être les quelques mèches grisonnantes qui parsemaient désormais sa chevelure de feu.
Maria Hort'a'la, envoyée du Bene Gesserit, se porta à la rencontre du Jedi, ignorant les hurlements des moteurs qui retentissaient tout autour. Lui aussi avait peu changé. Les années avaient cependant laissé leurs marques sur son visage qui paraissait avoir gagné en sagesse et en fatigue ; ce dernier ne laissait filtrer aucune émotion, ni joie, ni surprise, ni indifférence. Tous deux s’observaient en silence au milieu de la foule, par-dessus le spectre de l’Empereur, se jaugeaient pour tenter de mieux se connaître. Déjà, au temps de la Communauté de la sabro-baguette, des tensions les avaient opposés, à travers eux s’étaient affrontés l’Ordre Jedi et le Bene Gesserit, deux groupes qui ne se comprenaient pas, et se craignaient mutuellement.
« Ravie de vous revoir, Jedi. Je suppose que la Mère Supérieure vous a mis au courant des faits. »
Que manigançaient donc ces sorcières ? Benje Socar ne les portaient pas dans son cœur, et revoir ainsi Maria lui laissait soupçonner quelque manœuvre sournoise de leur part. Avant son départ, Maître Yoda l’avait mis sur ses gardes : Jamais sans raison agissent les Sœurs. Leur rencontre avait été calculée, et devait nécessairement être utile au Bene Gesserit. En quoi ? Yoda avait vu juste à propos de son padawan, l’amener avec lui aurait simplifié la tâche des Sœurs dans leurs efforts désespérées pour s’en emparer. La mission qui lui avait été confiée était plus qu’une simple inspection ; il lui faudrait aussi découvrir les raisons cachées qui faisaient de son protégé une proie majeure pour McGonagall.
Maria continuait à l’interroger du regard, mais il restait impassible.
« En effet » fut sa seule réponse.
« Dans ce cas nous pouvons décoller sans perdre une minute de plus. »
Peu de temps après, le Dragon Solitaire quitta l’atmosphère de Coruscant et l’ordinateur de bord lança le processus d’hyperespace dès qu’il eut calculé le chemin le plus sûr pour Phoenix IV. L’espace s’étira et les étoiles ne formèrent plus que de minces rayons volatiles qui tourbillonnèrent avant de se fondre en un tout compact et fluide à la fois…

* * *

Il ne savait plus depuis combien de temps il luttait contre l’obscurité ; des jours peut-être, ou tout aussi bien quelques minuscules secondes. Il avait froid, et ses pensées semblaient figées dans de la glace. Ses muscles étaient douloureux et il avait l’impression de reposer sur un lit de pointes acérées. De la vapeur givrée lui léchait les omoplates. Il ne pouvait plus bouger, ne voyait rien et n’entendait rien. La Force n’existait plus. D’horribles martèlements brisaient son crâne quand il tentait de savoir qui il était, et où il se trouvait.
Ne plus se poser de questions, la mémoire lui reviendrait en temps voulu. Faire abstraction de toutes les sensations de douleur qui l’assaillaient. Il n’y a pas d’émotion, il n’y a que la paix. Le souvenir soudain de cette maxime du Code Jedi lui apporta un peu de réconfort ; il ne devait pas aller contre sa peur mais l’accepter, la laisser passer à travers lui. Le calme se fit alors et son esprit dériva jusqu’aux confins du cosmos. Il retourna sur les lieux de sa vision, mais l’œil de feu n’était plus. Une autre force oeuvrait, invisible, une puissance ancienne que tous avaient oubliée, et qui guettait. Des bruits de pas venaient dans sa direction : lui-même, brandissant la lumière de sa sabro-baguette haut devant lui. C’était le futur : il devait absolument résoudre le mystère de ces lieux.
Quand l’éclat de l’arme eut disparu, il se retourna et fit face aux tours aiguës de la citadelle de Voldtari, sur Mordor. Il se trouvait désormais à l’autre bout de la galaxie. Un grondement montait des sous-sols : les Rayons Z étaient de nouveau en fonction sous l’œil aveugle des républicains. Il plongea dans les entrailles calcinées de cette terre mortifiée, jusqu’au plus profondes racines de la sinistre demeure de marbre noir ; là, dans des salles secrètes d’un blanc immaculé s’entraînait… une armée, sabre-laser au poing ! Il allait s’approcher plus près encore pour détailler le visage des soldats quand une nouvelle douleur vint secouer son être ; un homme s’était retourné vers lui et le fixait droit dans les yeux. Son portrait lui était familier, il l’avait vu maintes fois dans les livres d’histoire : Voldtari !
La douleur amplifiait de secondes en secondes au fur et à mesure que s’accroissait le sourire de l’Empereur. Mais c’était impossible ! Son esprit était mort, Cyndiamidala avait retourné son Réducteur d’esprit contre lui dix ans avant la naissance de son enfant ! Le démon éclata d’un rire diabolique qui le mit au supplice.
Il se réveilla, hurlant et trempé de sueur froide, pour rencontrer aussitôt le regard doux de Mme Violette, l’infirmière du Temple Jedi…

* * *

La femme se tenait immobile dans son siège de copilote, le regard fixé sur le tunnel mouvant dans lequel progressait le vaisseau, se rapprochant chaque battement de cil un peu plus de la cible de sa mission. Benje Socar l’épiait sans toutefois la regarder de face ; le silence qui s’était installé durait depuis quelques heures déjà comme si chacun d’eux voulait savoir qui romprait le premier ce mutisme inconvenant. N’en pouvant plus, le Jedi se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres :
« Pourquoi vous Maria, pourquoi le Bene Gesserit vous a-t-il désigné pour mener cette mission à bien ? »
La Révérende Mère laissa un imperceptible sourire effleurer sa physionomie sévère.
« Mes Sœurs ont estimé que nos relations par le passé avaient été des plus fructueuses et espèrent que notre efficacité ne nous fera pas défaut une fois de plus, répondit-elle. Cette enquête sur Phoenix IV n’est pas une simple mission de routine. Nos missionnaires ont eu le temps de nous faire parvenir un ultime message vocal avant la destruction complète de leur base : d’après les bribes que nous avons pu déchiffrer, une force extraterrestre se serait abattue sur la planète, disposant d’une technologie nouvelle et invincible, anéantissant toute forme de vie intelligente sur son passage. C’est là tout ce que nous savons ; nous supposons que l’avant-poste républicain a lui aussi été détruit, mais le temps que votre Sénat délibère et agisse, il sera peut-être trop tard. C’est pourquoi nous avons fait appel à vous. »
Maria marqua une pose avant de poursuivre son récit.
« Vous représenterez la République. Nous devons absolument découvrir ce qui s’est passé sur Phoenix IV et savoir qui sont ces extraterrestres. Le destin de la galaxie en dépend peut-être.
- Si vous le dîtes. Mais parlez-moi de cette planète.
- Eh bien, Phoenix IV est la quatrième du système solaire Dumble, la seule où la vie animale se soit développée ; elle est entièrement couverte d’une jungle dense entrecoupée de-ci de-là par des bras d’océan et abrite des spécimens carnivores très dangereux. Avant toute chose, ce sont eux qu’il nous faudra combattre. Nous atterrirons à une centaine de kilomètres au Nord-Est de la base pour éviter de nous faire remarquer, puis… »
BANG !
La brusque décélération la jeta au fond de son harnais ; elle eut l’impression que les sangles tentaient de la broyer. Le vaisseau venait de quitter l’hyperespace dix bonnes minutes avant la sortie calculée par l’ordinateur. Prompt comme l’éclair, Benje Socar tentait de comprendre ce qui se passait : les écrans de données indiquaient qu’un Interdicteur les avait tirés hors des couloirs hyperspatiaux ; mais nulle trace de croiseur dans les environs. Phoenix IV n’était encore qu’une petite roche verdâtre perdue au loin, à demi-masquée par sa sœur cadette ; entre les deux planètes se dressait un amas d’astéroïdes.
« Ce rassemblement d’astéroïdes est anormal », lança Maria.
Elle n’avait pas fini sa phrase que neufs rochers se mirent en mouvement et fondirent à leur rencontre. Quand ils furent à portée, ils crachèrent un jet de lave en fusion. Les boucliers du Dragon encaissèrent le coup mais ils seraient vite submergés.
« Cette situation me semble familière ! » cria Benje Socar pour couvrir la clameur des alarmes de proximité.
Les neuf chasseurs – de quoi d’autre aurait-il pu s’agir ? – adoptèrent une formation en étoile, crachant sans discontinuer leurs mortels projectiles. De son côté, Maria les arrosait de rayons lasers mais la coque des attaquants semblait absorber toute leur énergie sans le moindre effort. L’espace était illuminé des traînées mortelles que laissait derrière lui chaque tir adverse.
Un autre coup atteignit son but et le Dragon tangua dangereusement.
Le Jedi tentait de gagner l’atmosphère de Phoenix IV mais la barrière des astéroïdes proscrivait toute sortie ; impossible aussi de regagner les couloirs d’hyperespace. Ils étaient pris au piège !
L’ordinateur central se mit à hurler quand les boucliers s’effondrèrent.
C’était la fin.
Maria se préparait à rejoindre ses ancêtres, désespérée de ne pouvoir transmettre ses souvenirs à une autre Sœur comme le voulait la Mémoire Seconde. Elle laissait tant de choses inachevées…
Soudain, le Chevalier dégaina sa sabro-baguette et se mit à marmonner quelque formule incompréhensible.
Portoloin, portoloin, d’ici au monde de Phoenix IV constitue le plus court chemin !
Sans un mot il saisit sa main et la plaqua contre un sac de survie. Le temps stoppa son cours. Le vaisseau Jedi explosait sous l’assaut conjoint de ses neuf assaillants, mais Maria était déjà loin, emportée dans un tourbillon suffoquant ; l’air refusait de rentrer dans ses poumons et ses yeux embués par le froid ne distinguaient plus rien.
Elle sentit la terre jaillir sous ses pieds avant de s’effondrer.
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Messagepar Benje Socar » Ven 02 Juin 2006 - 14:11   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 4

Chapitre IV
Rencontres



« La vie est un néant peuplé d’illusions ; leur chaleur nous rassure, et il est si aisé de les laisser emplir nos cœurs perdus comme la dépression laisse l’eau de pluie s’y accumuler pour former une mare boueuse. Alors naît le temps, et avec lui la mort salvatrice.
L’échec humain n’est que la traduction de l’échec de la vie elle-même à se trouver un sens, à donner le sens. L’homme doit prendre conscience de ce néant pour y remédier et poser les premières pierres du gigantesque édifice de l’humanité véritable…»

Les Mémoires perdues



Cyndie frissonnait. Jake dormait à ses côtés, un sourire calme posé sur les lèvres. Un mauvais pressentiment avait troublé son sommeil : les ténèbres grandissaient, comme aux temps funestes qui avaient accompagné la montée en puissance de Voldtari. Ses pensées étaient encore très préoccupées par les évènements de Nar Shaddaa. Qui avait voulu leur mort ? Le Hutt n’y aurait rien gagné, elle avait la ferme idée que quelqu’un d’autre se cachait derrière lui, Glomaun n’avait été qu’un instrument dans les mains d’un homme bien plus puissant. Le couple Fo’ld avait beaucoup d’ennemis, mais aucun n’aurait osé les attaquer si directement. Qui était donc l’instigateur de ce complot ?
Peut-être les Jedi pourraient-ils fournir une réponse à ses questions.
Elle avait hâte de retrouver son fils.
Jake ouvrit les yeux, l’air serein :
« Tu penses toujours à la Cité Verticale ?
- A qui aurait pu profiter notre mort ? répondit Cyndie, un brin d’angoisse fusant dans sa douce inflexion. Pourquoi vouloir se débarrasser de nous à cet instant précis, qui entravons-nous ?
- Cyndie, ces hommes ne cherchaient pas à nous tuer. Autrement nous ne serions plus de ce monde ; j’ai déjà eu affaire avec Glomaun, et crois en mon expérience, s’il a décidé de supprimer quelqu’un, et, qui plus est, sur son propre territoire, il faudrait une armée de Jedi pour parvenir à mettre ses plans en échec. »
Son épouse s’assit sur la couchette, le regard perdu dans l’obscurité de la cabine.
« J’ai peur pour notre fils. Si on s’en était pris à lui pendant notre absence ? »
Jake eut un sourire réconfortant.
« Que répond ton cœur à cette question ? Thomas-Leto est bien plus malin que la bande qui nous a attaqués sur Nar Shaddaa. Et puis, il ne risque absolument rien au Temple Jedi. Cesse de te faire du souci et repose-toi. Nous allons bientôt arriver. »
Il se leva et gagna le poste de pilotage. THS-29 s’était déconnecté ; un silence absolu régnait dans le cockpit. Il contempla quelques secondes les spirales de l’hyperespace puis consulta machinalement les cadrans de navigation. Plus que cinq minutes avant l’arrivée sur Coruscant. Lui aussi n’était pas tranquille, malgré les apparences : on avait cherché à les enlever, et tout son être lui criait que leurs adversaires ne lâcheraient pas si facilement la partie. Il faudrait rester sur leurs gardes…
Le compte à rebours finit par égrainer lentement les secondes jusqu’à atteindre infailliblement le zéro, fin de toute chose. Les torsades se déchirèrent pour laisser place aux feux de Coruscant et à sa prolifération virale d’immeubles en tous genres. Une main se posa délicatement sur son épaule : Cyndie était venue admirer la vue fabuleuse de la cité-planète à ses côtés.
« Nous voici enfin arrivés ! Plus d’aventure, et un bon bain d’huile… »
La sortie de l’hyperespace avait tiré THS de son sommeil.
Jake manoeuvra légèrement pour prendre un meilleur cap et plongea dans l’atmosphère du globe étincelant. Une voix neutre retentit dans les haut-parleurs :
« Feu d’Horus, le Conseiller Balin vous attend sur la plateforme A-51, veuillez suivre l’escorte qui vous est envoyée. »
Les échos de leur mésaventure sur Nar Shaddaa avaient déjà dû parvenir au Sénat. Deux Ailes-X montèrent à leur rencontre et les guidèrent le long du labyrinthe nommé Coruscant. C’était le petit matin dans les quartiers administratifs mais déjà pullulaient navettes et taxis au milieu des brumes. Les balises bleues et blanches d’une plateforme d’atterrissage les convièrent à se poser. Un homme d’âge moyen les y attendait ; d’un geste de la main il congédia les deux chasseurs qui grimpèrent dans les cieux pour reprendre leur patrouille.
Cyndie n’avait jamais eu l’occasion de s’entretenir à vive voix avec le conseiller Balin, mais elle le connaissait de vue pour l’avoir croisé bien souvent dans les bureaux de l’ambassade de Louqsor. Elle espérait que cette entrevue serait brève. Une pensée fixe obnubilait son esprit : serrer son enfant dans ses bras. Une petite voix criait dans sa tête que le danger était tout proche, et grande était la tentation de courir vers le Temple sans accorder une seconde à Balin. Mais sa raison reprit le dessus.
Elle s’avança sur la surface métallique, Jake légèrement en retrait.
« Laissez-moi me réjouir, Votre Altesse, de vous voir vivante et en bonne santé ! »
L’homme avait parlé comme s’il haranguait une foule indisciplinée. De nombreuses plaisanteries couraient dans le Sénat à ce sujet. Le Conseiller était vêtu d’une toge luxuriante aux tons de verts, barrée de farandoles rouge vif : une tenue exubérante qui ajoutait au comique du personnage. Jake retint un sourire mais Cyndie arrêta son pas.
Quelque chose ne va pas.
« Votre Altesse, le Sénat m’envoie à propos de la mission auprès des Hutts. Nous avons été informés de l’attaque qui a été intentée sur votre personne et celle de votre époux. Une cellule de crise vient d’être formée : si Glomaun est à la base de ce complot, nous devons agir.
- Conseiller… »
Cyndie se tut.
Sa conscience lui criait de partir d’ici à toute vitesse.
C’est un piège !
Un speeder les survola en hurlant. Notre héroïne, faisant appel à toute sa maîtrise Bene Gesserit, bondit en avant. Mais Jake ne fut pas aussi rapide, la Force n’était pas là pour le prévenir de cette attaque sournoise, et il ne put éviter la fléchette qui se ficha dans son épaule. Il n’avait pas senti la piqûre qu’il sombrait déjà dans un sommeil profond. Cyndie se jetait sur Balin mais un mur invisible stoppa sa course ; le choc la cloua au sol. Une colonne d’énergie pure monta dans les airs, enveloppant Jake et le traître. Un éclair aveuglant succéda à un grondement démoniaque, et Cyndie se retrouva seule sur la plateforme : son époux avait disparu ! Hébétée, elle trouva encore la force de rejoindre le Feu d’Horus. Là, au milieu des larmes, elle trouva THS parlant tout seul, comme pris d’une terrible angoisse. On aurait dit que ses épaules de métal s’affaissaient quand il aperçut sa maîtresse.
« Madame, Madame ! C’est horrible ! Votre fils… Thomas-Leto… Il a disparu, il n’est plus au Temple ! »
C’en était trop pour Cyndie.
Avec un cri de douleur désespérée, elle bascula dans l’inconscience la plus totale…

* * *

Pour comprendre les mystérieuses raisons de la disparition subite de Thomas-Leto, il nous faut revenir légèrement en arrière dans le cours du temps. Après un examen minutieux, Mme Violette avait jugé que le jeune garçon était en état de reprendre les cours. Maître Yoda était venu à son chevet, accompagné de Maître Fascina, mais il n’avait pas voulu leur faire part de ses visions. Il sentait dans les tréfonds de son âme qu’il devait résoudre seul cette énigme. Il lui fallait être sûr de la résurgence de Voldtari ; avertir le Conseil sans preuves ne serait d’aucune utilité, et avant tout il lui était nécessaire de trouver le nouvel anneau de pouvoir qui avait été forgé : le talisman serait la cause d’un péril immense s’il venait à tomber entre de mauvaises mains.
Thomas-Leto ne pouvait pas résister à son appel.
Son amie Cylème l’avait accueilli dans la Salle Crépusculaire avec force accolades, et très vite ses compagnons le pressèrent de questions : que s’était-il passé ? Pourquoi avait-il crié Reülenn ? Quelle était la signification de ce mot singulier ? Mais il éluda ces interrogations en prétextant la fatigue : le cours de Maître Brulus n’a pas pu faire face à son manque de sommeil ; il aura fait un mauvais rêve, et le coup qu’il a reçu sur le crâne en tombant l’aura tout simplement sonné. Rien qui ne vaille la peine de s’y attarder. Après un bon repas, les jeunes adolescents rejoignirent leur dortoir ; Thomas-Leto s’attarda un peu et fila vers la bibliothèque : une oppression dans sa poitrine, au-dessus du cœur, lui ordonnait de trouver l’anneau au plus vite.
La grande allée, jouxtée de part et d’autre par les immenses rayonnages porteurs de savoirs millénaires, était totalement désertée, à l’exception de quelques rares élèves qui avaient des devoirs en retard. Maître Brulus était assis dans un coin, plongé dans une lecture fascinée. Il s’installa devant le terminal informatique le plus proche, et lança une recherche informatique : Reülenn. L’ordinateur chercha un long moment avant de biper : ENTRÉE INCONNUE. Il s’en serait douté. Il replongea alors dans sa dernière vision : il avait survolé la planète qu’il recherchait, puis le système tout entier. Un monde rocailleux, terne, parsemé de quelques fourrés gris vert ; deux lunes, une dénuée de toute atmosphère, l’autre secouée de tempêtes azotées ; un soleil pâle. Il entra la nouvelle recherche et tomba sur un nom : Dathomir. La planète natale de Maître Gloïn, creusée il y a des millénaires par les Nains, jadis d’une grande richesse.
Trois ouvrages étaient mentionnés en bas de page. Peut-être y découvrirait-il de quoi l’aider dans sa quête. Il parcourut tous les rayons mais ne trouva rien. Il revint à la console : personne ne les avait empruntés… et cependant ils avaient disparu. Un inconnu s’intéressait lui aussi aux secrets de Dathomir. Le poids dans sa poitrine semblait croître, et sa respiration s’accélérer. Cet anneau lui appartenait, et nul autre que lui n’avait le droit de s’en emparer. Il allait se rabattre sur l’Holonet quand un froissement dans son dos le fit se retourner.
Maître Brulus l’observait :
« As-tu besoin de quelque renseignement, jeune padawan ?
- J’ai trouvé ce qu’il me fallait, Monsieur.
- Bien. Dans ce cas, bonne nuit, Thomas. »
Il était tard et la fatigue allait bientôt avoir raison de lui. Il en savait assez. Demain, il lui faudrait quitter le Temple pour Dathomir.
Son cœur le lui criait avec force, et personne n’aurait pu résister à une telle exhortation.

Le dortoir était encore baigné des douceurs d’une nuit de sommeil ; pas un bruit, pas un mouvement ne venait rompre sa tranquillité. Thomas-Leto s’était réveillé d’un coup, ouvrant ses grands yeux d’opale dans l’obscurité. Il se leva précipitamment et quitta la quiétude de son lit ; ses affaires étaient déjà prêtes : une simple tunique, ses maigres économies, et sa sabro-baguette. Rien de plus que son esprit et son arme ne lui seraient utiles. Le Temple était encore endormi quand il traversa ses immenses couloirs bordés de sculptures des grands maîtres du passé. Le jeune garçon avait rabattu sa capuche pour dissimuler son visage et filait en direction des cuisines. Comme il s’y attendait, malgré l’heure précoce, des hommes et des femmes s’affairaient déjà aux fourneaux pour le petit-déjeuner. Il jeta alors par-dessus son habit un vieux drap poussiéreux, arca les jambes et étala sur ses joues un peu de maquillage verdâtre qu’il avait subtilisé à Cylème : avec sa petite taille et son déguisement de fortune, si l’on n’y prêtait pas trop attention, on pouvait le confondre avec un des elfes de maison qui charriaient les sacs de provision. La Force ferait le reste : ici, dans ce lieu saturé par cette puissance mystique, il était impossible de savoir qui faisait usage de ses pouvoirs. Il était donc à l’abri des regards, pour le moment.
Il fallait faire vite, dans moins d’une heure les élèves allaient se réveiller et on aurait tôt fait de remarquer son absence. Rassemblant toute sa détermination, Thomas-Leto poussa le battant de la porte d’accès, dos courbé pour accentuer la ressemblance avec l’être magique. Nul ne prêta attention à lui : une aubaine ! Il avança au milieu des adultes qui pétrissaient la pâte de petits pains, moulaient une multitude de gâteaux et hachaient algues et légumes ; il croisa quelques elfes qui l’ignorèrent aussi. Il allait franchir l’entrée des réserves quand une voix grasse l’interpella :
« Eh ! Toi, là-bas ! Ramène-moi un sac de sucre ! »
Il n’avait d’autre choix que d’obtempérer. Dans son esprit une voix ne cessait de répéter : Viens à moi au cœur du Reülenn ! Le sac pesait une tonne, et il dut faire appel à la Force pour le soulever. Le gros bonhomme sembla surpris de sa manœuvre quand il revint au bout de quelques secondes, le visage toujours caché :
« Je ne savais pas les elfes forts au point de porter un poids de cinquante kilos ! Généralement, vous autres utilisez votre magie. Tu es bien le premier que je vois faire ainsi ! »
Thomas-Leto eut peur que l’homme perce son déguisement. D’une simple manipulation Jedi, il l’invita à ne pas se poser trop de questions :
« C’est un détail sans importance. Vas me jeter ce bac aux ordures, veux-tu ? »
La situation pouvait paraître risible : fils de Cyndiamidala Helena Fo’ld, padawan du célèbre Benje Socar, petit-fils de l’Empereur Voldtari, Thomas-Leto se retrouvait à exécuter les corvées de ménage d’un employé de bas étage ! Alors qu’une mission de la plus grande importance l’attendait ! Et pourtant c’était là son meilleur moyen de sortie : le Temple n’avait rien d’une prison, mais aucun padawan, et encore moins lui, que le Bene Gesserit en personne avait cherché à kidnapper, ne pouvait en sortir sans être accompagné d’un professeur. Or, la meilleure issue qu’il avait trouvée était le conduit à ordures : il vida le sac dans le grand tube, puis sauta à la suite des déchets.
Il régnait une odeur exécrable, aigre et sucrée (bien trop) tout à la fois ; une substance gluante enduisait le conduit et collait à son déguisement. La chute s’accéléra soudain quand il tomba net à la verticale : il fut obligé d’invoquer la Force pour ralentir, mais cela ne rendit pas plus doux son atterrissage dans la fosse. Ça y était : le voilà enfin hors du Temple ! L’absence de lumière était totale, et le tapis sur lequel il reposait plutôt incommodant. Soudain, un vrombissement fit trembler l’édifice des immondices ; Thomas-Leto bascula et ses bras s’enfoncèrent dans une masse gélatineuse quand il chercha à retrouver son équilibre. Bientôt, il se retrouva bombardé de la lumière du soleil naissant : le conteneur rejoignait la station de recyclage à quelques kilomètres de Temple ! Tant bien que mal, le jeune garçon réussit à reprendre pied ; juste au moment où le droïde de service survolait la fosse de la station. Les pans inférieurs de l’engin s’ouvrirent et tout son contenu dégringola dans le vide.
Si seulement il avait pris soin de vérifier les horaires d’évacuation des déchets ! Il tombait, à n’en plus finir ; la matinée de Coruscant fit place à la nuit d’un boyau béant qui l’avala vers les entrailles du complexe urbain. Sa sabro-baguette, percutée par je ne sais quoi, se détacha de sa ceinture, mais un fort heureux Accio baguette lui permit de la récupérer. Il était grand temps de sortir de là : comme il l’avait fait au Temple, il appela la Force à son aide et se posa en douceur sur le tapis de tri ; les droïdes qui travaillaient là l’ignorèrent. Peu de temps après, il avait quitté la station sans encombres.
Le voilà maintenant perdu quelque part dans les bas-fonds de la cité-planète, empestant le bantha en sueur, sa tunique déchirée et le maquillage ayant coulé sur ses joues. Sans nul doute, il avait une mine affreuse. Il n’y paraissait plus rien après un bon sortilège de propreté. Il arpentait les ruelles avoisinantes à la recherche d’un ascenseur, mais une impulsion profonde le poussa à s’enfoncer dans la ville basse. C’est au détour d’un croisement qu’il entendit les bruits de l’altercation : deux malfrats frappaient une étrange créature à coup de matraques Vulkars.
« Allez, minus, file-nous ton pognon !
- Il n’a rien, il n’a rien du tout ! » criait la chose.
Et les deux autres poursuivaient le massacre.
« Laissez-le tranquille ! »
Thomas-Leto chargeait, sabro-baguette dégainée à la main. Le plus grand des attaquants sortit prestement un blaster de sa poche mais notre ami n’eut aucun mal à dévier ses rayons ; il fit mine de se dérober et trancha le canon de l’arme de son assaillant. Avec un cri de rage et de douleur (le chargeur avait explosé entre ses doigts) ce dernier prit la fuite, l’autre à sa suite. Le garçon se précipita alors à la rencontre de l’être qui avait été attaqué : à peine plus grand qu’un hobbit, d’une laideur et d’une maigreur repoussantes, la peau terne, le crâne chauve, il ne portait qu’un vieux caleçon usé en guise de vêtement et haletait encore de peur. Quand il vit que Thomas-Leto n’était pas un nouvel agresseur, il reprit courage et se leva :
« Merci, Monsieur, merci de l’avoir sauvé ! miaula-t-il.
- Que voulaient ces hommes ?
- Voler son argent, le tuer, mais le jeune Monsieur est arrivé et il l’a sauvé. »
La créature s’était rapprochée et lui baisait les genoux.
« Ce n’était rien, arrête ! Je suis Thomas-Leto. Et toi, quel est ton nom ?
- Gnom ! Oui, Gnom, tel est son nom, jeune Monsieur !
- Cesse de m’appeler ‘’jeune Monsieur’’, répliqua doucement le garçon. Et pourquoi parles-tu de toi à la troisième personne ?
- C’est ainsi qu’il a toujours fait, et c’est ainsi qu’il fera toujours, jeune Jedi. »
Gnom se tut soudain, écouta les bruits autour de lui, et commença à s’agiter.
« Mais assez de questions. Il faut partir, jeune Jedi, les mauvais hommes vont revenir très nombreux. Venez, je vais vous conduire jusqu’en haut, vous pourrez rentrez chez vous.
- Je ne retourne pas chez moi. Je dois trouver un vaisseau et quitter la planète. »
Thomas-Leto ne savait pas pourquoi il se confiait à cet être repoussant ; le danger qu’il courait était des plus terribles. S’il échouait, la galaxie apprendrait trop tard le retour de Voldtari, et son anneau tomberait aux mains d’horribles forces. Du moins telle était son intime conviction…
« Un vaisseau ? Le jeune Jedi cherche un vaisseau ? Gnom sait où en trouver un ; son maître est parti, et il n’est jamais revenu le chercher. Toujours là il est, caché sous les décombres. Suivez-moi ! Suivez-moi ! »

* * *

Son esprit était encore embrumé et sa vision floue.
Où était-il ?
Alors, il se souvint : Coruscant. Le conseiller. Cyndie poussait un cri. Et puis plus rien. Le grand vide.
Il voulut lever un bras mais ses forces étaient insuffisantes.
Au loin, une voix ricana :
« Vous vous réveillez enfin, M. Fo’ld. Il est grand temps ; j’espère que vous appréciez les effets de ce narcotique que vous avez utilisé jadis pour capturer votre épouse.
- Q… »
Jake était encore trop faible pour pouvoir articuler quelque chose d’intelligible.
« N’ayez crainte, vous retrouverez vos moyens bien vite. Pour lors je vous préviens : il vous sera impossible, ou du moins très fortement déconseillé, d’employer votre don de transformation pour tenter vainement de fuir. Vos liens en shigavrille se feront une joie de vous écarteler si vous choisissez de rétrécir, ou de vous trancher poignets et chevilles dans le cas inverse. Je vous conseille de rester bien calme. »
Qui était cet homme ? Pourquoi était-il retenu prisonnier ?
Où était Cyndie ?
« Vous êtes une proie bien difficile à saisir, M. Fo’ld. Rien ne semble pouvoir vous arrêter, vous et votre compagne Bene Gesserit. Après votre fuite de Nar Shaddaa, nous avons dû dévoiler notre nouvelle technologie plus tôt que prévue. Mais vous n’êtes que de simples powindah. Nous voilà maintenant face à face, pour le plus grand bien de la science. Préparez-vous à devenir notre plus grande arme pour lancer l’ultime Bodal ! »
La vision de Jake se faisait plus précise : il parvenait à distinguer ce qui se trouvait autour de sa prison de verre, à peine moins grande qu’une cuve bacta. Face à lui ce trouvait un nabot, de la taille d’un nain des cavernes, mais imberbe, et beaucoup plus svelte, cheveux raides, front luisant, des yeux gris et froids, un sourire moqueur : un Tleilaxu.
Et derrière cet homme…
Ce qu’il vit lui arracha un cri d’horreur malgré son état d’épuisement.
« Bienvenue à Bandalong, M. Fo’ld ! »
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Sam 03 Juin 2006 - 7:58   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 5

Chapitre V
La tempête approche



« Le grand livre du destin n’est rien d’autre qu’une tablette de cire sur laquelle nos actes et nos pensées, seulement, tracent les courbes d’une danse macabre par nécessité. Celui qui ne sait pas qui il est ne pourra jamais entrevoir l’avenir. C’est pourquoi nul prophète ne peut prétendre nous englober dans sa vision, car nul homme ne pourra jamais être tous et un seul à la fois.»
De l’inexistence du Dieu prophète, analyse Bene Gesserit n°MCDXX-b


Elle s’était réveillée, aussitôt prête au combat ; mais elle restait allongée, les paupières closes, guettant le moindre signe, analysant les sensations qui l’assaillaient pour décoder l’endroit où elle se trouvait : la jungle, des présences hostiles rôdaient dans le coin. Soudain, des doigts se refermèrent sur son épaule : elle était déjà debout et son adversaire à terre, une main sur la trachée, prête à la broyer en cas d’attaque.
« Maria, quand vous aurez fini d’essayer de me tuer, nous pourrons peut-être nous mettre en route ! »
C’était la voix mesurée du Jedi ; elle finit par ouvrir les yeux. Autour d’elle s’étendait une marée vert absinthe d’enchevêtrements végétaux et de plantes grasses des plus menaçantes. L’air qu’elle respirait était chaud et gluant, ses vêtements collaient à sa peau et elle avait besoin de tout son savoir Bene Gesserit pour pouvoir percer l’étouffante semi obscurité qui régnait sous les cimes d’arbres immenses qu’elle était incapable d’identifier. Des lianes pendaient çà et là ; des cris perçants de volatiles ou de rongeurs se fondaient en une monstrueuse cacophonie, entrecoupée par les hurlements de quelque féroce prédateur. Le Chevalier se tenait prêt d’elle, sabro-baguette allumée ; à quelques mètres gisait la dépouille encore fumante d’une hideuse créature semblable à un reptile démesuré.
Elle était restée sonnée bien plus longtemps qu’elle ne l’avait cru.
« Cette clairière est dangereuse, il faut nous mettre à l’abri le temps de calculer notre route. Lâchez-moi. » dit le Jedi.
En effet, elle écrasait toujours sa gorge ; elle relâcha la pression et il se dégagea. Ses réflexes et son conditionnement étaient toujours d’aplomb, mais son esprit peinait à se remettre du choc qui accompagnait une traversée du vide spatial sans protection, à une vitesse défiant l’imagination. Ils avaient de la chance d’être encore en vie…
Nulle trace de leurs mystérieux agresseurs.
Au moins une bonne nouvelle.
« Qu’avez-vous réussi à sauver ? demanda-t-elle au Jedi en désignant le sac que portait Benje Socar sur son épaule.
- Quelques barres énergétiques, une couverture de survie et une boussole. Tout le reste a disparu dans l’explosion. »
Voilà que l’affaire commençait mal. Cependant, une Bene Gesserit et un Jedi surentraînés devraient être en mesure de faire des miracles avec le peu qui restait en leur possession. Du moins l’espère-t-on.
Ils levèrent le camp pour rejoindre l’hostilité des fourrés qui bordaient la clairière. Benje Socar brandissait sa sabro-baguette comme une machette, se frayant un étroit passage parmi les épineux et les lianes en formation serrée. Maria mourrait de soif ; sentir toute cette humidité autour d’elle sans pouvoir avaler ne serait-ce qu’une gorgée la mettait déjà au supplice. Elle profita d’un arrêt de son compagnon pour expirer trois fois lentement, une main sur l’abdomen, avant de drainer l’eau de son corps vers les organes qui en avaient le plus besoin ; dans le même temps, elle réussit à capter les quelques gouttes qui affleuraient aux pores de sa peau. Cet exercice, répété régulièrement, devrait lui permettre de tenir quelques heures.
Quand elle eut terminé, le Jedi n’était plus là. Il avait disparu !
Un bruissement au-dessus de sa tête la mit en garde ; ce n’était que Benje Socar qui redescendait en se laissant glisser de branche en branche.
« Nous sommes à environ une centaine de kilomètres au Sud de la base Bene Gesserit, ou de ce qu’il en reste, à demi recouverte par des protubérances de la même matière que celle des chasseurs qui nous ont attaqués. Il m’a semblé percevoir quelque forme de vie, mais guère plus que des points noirs mouvants ; une grande portion de la végétation alentour a été carbonisée et d’étranges sillons ont été tracés dans le sol.
- Rien que cela ? ironisa Maria.
- Non. Il y a plus inquiétant encore. Au milieu de cette vaste étendue se dresse une immense tour que l’on dirait sculptée dans une chair torturée. Et au-dessus de cette griffe, scintillant au firmament, le plus terrible joyau que je n’ai jamais vu. Il y a une rivière à mi-parcours ; ses eaux sombres ne me disent rien qui vaille, mais c’est l’unique route vers la base.
- Alors mettons-nous en marche ! »

* * *

L’obscurité était complète dans l’antichambre où elle attendait depuis maintenant un bon quart d’heure que son employeur lui donnât enfin ses ordres. De l’encens brûlait quelque part devant elle et une douce musique de chambre résonnait à travers les murs de hêtre tendre, augmentant encore plus son exaspération. Décidemment, la ponctualité ne faisait pas partie des habitudes du Maître des lieux, aussi puissant soit-Il. Nemesis avait appris à craindre Son nom dans sa jeunesse, et encore aujourd’hui, malgré toute ses années d’expérience de chasseuse de prime, un malaise pesait sur son esprit. Mais elle n’avait nullement le choix : c’est Lui qui l’avait contactée, alors que tous Le croyaient mort ; par ce seul fait, elle ne pouvait espérer demeurer en vie sans Lui vouer une totale obéissance. Quand se déchaîne l’Apocalypse, mieux vaut être du côté du Diable que de celui de ses ennemis, telle était sa règle d’or.
Un courant d’air effleura sa nuque et elle sut qu’Il était arrivé. Elle se sentit comme pénétrée d’épouvante quand celui-ci viola son intimité l’espace d’un bien trop long instant.
Une voix s’éleva, grave et puissante.
« Tu es bien celle dont j’ai besoin. »
Elle allait ouvrir la bouche quand une pulsion étrangère lui scella les lèvres : était-ce de la terreur ? Non, pas vraiment : toute crainte s’était dissipée dans son cœur, seule régnait une incompréhensible ferveur.
« Tout ce dont tu auras besoin a été chargé dans ton vaisseau. Il te suffira de faire parvenir ce coffret à Sophia Helena. Après cela, tu n’auras plus qu’à la filer dans ses moindres faits et gestes. Elle finira bien par te conduire au cœur de sa confrérie de sorcières sur la Planète du Chapitre ; alors, une fois le lieu secret révélé par cette idiote, je n’aurais plus qu’à envoyer mon armée. Le Bene Gesserit tombera sous mes coups, et toutes ses archives seront à ma disposition ! L’ultime pièce manquante avant ma victoire définitive sur la République ! »
La voix gagnait en ampleur et subjuguait totalement la chasseuse de prime.
« Va, Nemesis ! Et sache que l’échec ne fait pas partie des options qui te sont proposées !
- Oui, Maître. Gloire à votre Génie ! »
L’autre était déjà parti, pris d’une jubilation délicieuse. La mort de la République était annoncée, et plus que jamais il courait préparer son cortège funèbre…

* * *

Le spatioport du continent sud de Dathomir ressemblait plus à une décharge pour déchets interstellaires qu’à un port d’attache luxuriant pour touristes milliardaires. De fait, par son climat aride, sa géographie désertique et sa faune hargneuse, rien ne pouvait faire de Dathomir la destination favorite des riches bourgeois de la galaxie. Et pourtant, c’est sur cette planète, ou plutôt dans son ventre, à l’abri des rayons d’un soleil maladif, que les maîtres Nains avaient su mettre à jour les plus importantes mines de métaux précieux de la République ; des centaines de milliers de kilomètres de mines et de galeries trouaient le sous-sol comme une gigantesque fourmilière où s’activaient les ouvriers Nains. Une étroite bande d’océan divisait la planète en deux continents similaires, abritant chacune une souche de Nains, l’une et l’autre faction plongées dans un éternel conflit au sujet de la domination du globe.
C’est là, il le sentait dans son cœur, sur le continent Sud, terre natale des Rabdouks (tribu dont le Maître Gloïn était originaire), que l’attendait son Anneau.
Gnom le suivait comme un chien inquiet à travers les couloirs miteux du spatioport. Quoiqu’il advienne, ils étaient coincés ici : plus de carburant, pas d’argent. Personne ne leur accordait le moindre regard, que ce soit les hommes ou les Nains. Thomas-Leto n’en demandait pas mieux, il ne tenait pas à attirer l’attention sur lui tant que l’Anneau ne serait pas en sa possession. L’enfant prenait soin de masquer ses traits sous une large capuche de sorte qu’il pouvait passer pour un hobbit si l’on n’y regardait pas de trop près. Maintenant qu’il avait mis pied à terre, le pouvoir oppressant du talisman exerçait une emprise encore plus forte sur son esprit ; il n’avait besoin d’aucune carte, de nulle boussole pour suivre sa trace, il lui suffisait de se laisser guider par les lancinants déchirements de son cœur.
« Gnom !
- Oui, jeune Jedi ? répondit la créature.
- Nous partons pour le Sud. Prends ces derniers crédits et achète des provisions, suffisamment pour tenir une douzaine de jours. Tu me retrouveras à la Porte Sud. »
Ils avaient fait arrêt devant une boutique d’équipement de course.
« Bien, jeune Jedi. Gnom sera ravi de pouvoir aider le jeune Jedi.
- Ne m’appelle plus ainsi ! Personne ne doit connaître ma véritable identité : le Temple a dû lancer les recherches, et tu peux être certain que mes parents sont déjà à mes trousses.
- Oui, euh…
- Leto.
- Comme vous voudrez, Leto.
- Et tu peux me tutoyer.
- Il n’oserait pas, Leto, répliqua Gnom avec un énigmatique sourire. Mais assez parlé, il doit partir, il est tard. »
Déjà, le petit bonhomme avait disparu entre une paire de jambes Wookie. Thomas-Leto poussa la porte de la boutique, perdu dans ses pensées : était-il prudent de se fier à son étrange compagnon ? Il ne savait rien de lui et de ses intentions : certes, il ne ressentait en lui aucune dessein trompeur, son esprit semblait simple, et par trop malléable. Mais l’Anneau ne lui laissait pas le choix : plus vite, toujours plus vite, le temps pressait, il devait le retrouver avant qu’il ne soit trop tard, avant…
« Que désires-tu, gamin ? »
Un commerçant se dressait devant lui, un balafré antipathique égaré au milieu d’une marée de composantes électroniques pour vaisseaux en tout genre.
« J’aurais besoin d’un speeder.
- Y en a plus en stock ! »
La réponse claqua dans l’air alors que la main du type se rabattait sur le comptoir. Une grimace révéla ses dents jaunies et déformées par l’alcool.
« Auriez-vous un autre moyen de transport terrestre biplace ?
- T’as de quoi payer ? »
Non, il n’avait absolument rien, sauf la Force.
« Non, mais ce n’est pas grave. Vous êtes d’excellente humeur et vous allez m’offrir votre plus bel appareil gratuitement.
- Ce n’est pas grave. Et comme j’suis d’excellente humeur, j’m’en vais t’offrir mon plus bel appareil gratis, scanda l’autre d’un œil absent. Suis-moi dans l’arrière-boutique. »
Dix minutes plus tard, Gnom rejoignait Thomas-Leto à l’arrière d’un swoop dernier modèle à l’élégance racée.

La Sœur Hirrim compta quinze battements de cœur avant d’enfourcher son motospeeder et de suivre le petit véhicule qui filait à toute allure à travers la steppe rocailleuse de Dathomir. Elle l’avait reconnu instantanément, sa silhouette enfantine était connue de toutes les Sœurs liées au projet Kwisatz. Il n’avait pas fallu longtemps pour que le Bene Gesserit apprenne la fugue du jeune Thomas-Leto du Temple, et toutes les missionnaires avaient été alertées aux quatre coins de la galaxie ; l’occasion de pouvoir enfin s’emparer du Kwisatz Haderach était unique, et il ne fallait à aucun prix la manquer. Les Jedi étaient encore déboussolés par la disparition de leur protégé, et les Sœurs leur avaient envoyé tant d’informations et de pistes contradictoires qu’il faudrait bien une semaine pour que l’un de ces prestidigitateurs en robe longue pense à s’aventurer de ce côté-ci de la galaxie.
Devant elle, le swoop de Thomas-Leto fit un brusque écart ; elle craignit d’abord qu’il ne fît demi-tour, mais le garçon obliqua sa course vers le soleil couchant, droit vers l’océan qui n’était plus qu’à une centaine de kilomètres. Sa petite silhouette se fondait avec les rayons de miel du soleil de Dathomir.
Mais où allait-il donc ? Cette question ne cessait de torturer Hirrim, tout comme elle hantait MacGonagall sur la Planète du Chapitre. Installée confortablement dans son siège protéiforme, elle relisait pour la centième fois au moins les derniers dossiers concernant les activités de Thomas-Leto Fo’ld. Que recherchait-il ? Qu’y avait-t-il de si important sur Dathomir pour qu’il quitte le Temple Jedi ? Peut-être n’était-ce qu’un pied de nez aux tentatives infructueuses d’enlèvement du Bene Gesserit, mais sans doute quelque résolution de plus grave importance animait le garçon. Il savait quelque chose que les Sœurs ignoraient. Quelque chose que seule la Force (la vieille femme faisait la moue à chaque fois que cette pensée traversait son esprit) avait pu lui dévoiler. Ou bien son pouvoir de Kwisatz s’était révélé à lui, et les Sœurs avaient peut-être lâché un plus grand danger dans la galaxie que ne l’avait été en son temps Voldtari, son grand-père.
Quelle pouvait bien être cette vision ? Dathomir était une planète sans aucun intérêt pour les Jedi qui n’avaient que faire des basses questions pécuniaires. L’or et l’argent ne les intéressaient pas, et c’est pourtant tout ce qu’il y avait à trouver sur cette planète hostile. Au plus lointain que l’on remonte dans l’histoire de ce monde, les nains avaient toujours été là, continuellement opposés dans une guerre fratricide, s’enfonçant toujours plus profondément dans les entrailles de la terre, bravant le corps de Gaia. Il est des secrets enfouis au plus profond des planètes que de simples mortels ne peuvent ni ne doivent appréhender, sous peine de leur propre destruction.
Les Nains ont découvert quelque chose !
C’est cela que Thomas-Leto est venu chercher !

MacGonagall fut soudain prise de sueurs froides.
Le jeune homme ne devait pas échapper au contrôle des Sœurs. Même son pitoyable entraînement Jedi ne pourrait pas le préparer à affronter sa véritable nature.
Et c’est pourtant ce vers quoi il s’avançait inéluctablement…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Dim 04 Juin 2006 - 9:17   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 6

Chapitre VI
Fils de la destinée


« Qu’est-ce que le destin ?
- Le pouvoir rétroactif de la fatalité humaine.
- Et qu’est-ce que la destinée ?
- La tragédie de la liberté. »

Dialogues dans le noir



La nuit était claire. La lune principale offrait ses rayons cristallins sans réserve, baignant les bois d’un charme mystique. La fraîcheur du balcon était vivifiante, réconfortante même. Mais pourtant rien ne pouvait apaiser un cœur agité.
La Fortune continuait à abattre ses filets obscurs sur sa famille : voilà que son gendre avait été enlevé par le Bene Tleilax, et que son petit-fils avait disparu ! Dans le même temps deux malheurs venaient la frapper. Sa fille, déchirée, était partie à la recherche de son époux, craignant pour la vie de son fils unique.
Quelques chauves-souris passèrent en couinant devant sa tête.
Ce qui ramena Sophia Helena à la réalité.
Elle était lasse de toutes ces intrigues, de tous ces acharnés qui, toujours plus nombreux, s’attaquaient à ses proches. Quand donc connaîtrait-elle la paix ? Quand pourrait-elle envisager sereinement l’avenir, sans la crainte infinie de perdre les siens ?
L’amour !
Ennemi et immortel !
Cause de tous les maux, de toutes les guerres, de tout le sang versé.
Les Bene Gesserit avaient plus que raison. L’amour est une mort qui vous ronge de l’intérieur, un fléau qu’il faut combattre à tout prix.
Au loin, un bourdonnement s’élevait dans le ciel. Sans doute quelque grillon. Sophia se leva de son siège et se pencha par-dessus le balcon. Là, sur ces marches d’ivoire, Jace l’avait si souvent attendue pour leur promenade quotidienne. Il la tançait gentiment pour son retard, rivait ses yeux de jade aux siens, et…
Le bruit s’approchait à grande vitesse. Deux points lumineux dansaient dans le ciel au-dessus des bois. Tendant l’oreille, Sophia perçut distinctement les hurlements de deux chasseurs stellaires en plein duel. Un feu d’artifice de rayons multicolores explosa soudain non loin du château ; tous les domestiques étaient à la fenêtre pour observer le spectacle et une garde acolyte passa dans son dos, lui conseillant de se mettre à l’abri.
« Ce n’est rien, s’entendit-elle dire. Je peux veiller moi-même à ma propre sécurité.
- Mais Madame…
- Laissez-moi je vous prie ! »
L’autre n’insista pas.
Au-dessus de sa tête, les deux chasseurs continuaient de croiser le fer tout en se rapprochant du château. Une Aile-X républicaine et un Chasseur Faucon sans insigne. Le vaisseau républicain était gravement touché et son moteur crachait comme un tuberculeux. Un noir sillon de fumée traçait des courbes dans le ciel. Le Chasseur Faucon, lui, avec ses deux serres dardées, effilées et crachant un feu mortel, semblait indemne et s’acharnait avec ce que l’on pourrait interpréter comme de la cruauté sur la pauvre Aile-X. Sophia n’avait rien ordonné mais elle savait qu’une patrouille allait surgir d’un instant à l’autre pour mettre en déroute le chasseur belligérant.
Mais cela ne suffit pas à sauver l’Aile-X. Une volée rageuse de lasers fit sauter son moteur droit arrière, entraînant une fatale réaction en chaîne. Sophia dut porter une main sur son front pour protéger ses yeux de la violente explosion. Quant elle releva la tête, le vaisseau n’était plus que cendres, et le Chasseur Faucon sautait en hyperespace à l’instant même où les patrouilleurs faisaient leur apparition dans les cieux.
La nuit était redevenue calme et limpide, la nature reprenait ses droits.
« Formez une équipe de secours ! Peut-être le pilote républicain a-t-il eu le temps de s’éjecter ! » cria Sophia, déjà à mi-chemin du hall d’entrée du château.
Et effectivement, une trentaine de minutes plus tard, on retrouva le pilote suspendu à un arbre. Une blessure béante à la tempe ne lui laissait plus que quelques minutes à vivre. Il fut descendu avec une précaution toute particulière, mais ses gémissements, dans l’obscurité, donnaient des frissons.
Sophia vint elle-même à son chevet.
Quand il la vit, il sembla retrouver quelques forces :
« Ma Reine…, toussauta-t-il.
- Ne parlez pas, un médecin va venir vous soigner.
- Il faut que… Vous devez savoir... »
Son exhalaison aurait pu être la dernière, mais il ajouta dans un soupir :
« Jace ! »
L’espoir et l’effroi s’étaient mêlés dans son regard à l’instant ultime.
Ce visage…
L’adab, la Mémoire qui s’impose, se supplanta à la vision de l’ancienne reine. Elle connaissait cet homme ! Il était autrefois l’ami de Jace et s’était engagé dans la Rébellion ; où il était sensé avoir disparu au combat…
Il tenait dans sa main un petit cube noir qui roula au sol.
Un hologramme grandeur nature se détacha de l’obscurité qui régnait hors des cônes des torches.
« Jace Starkiller – Ce message est adressé à la Reine d’Amazonia, Sophia Helena. – Ma chère Sophia, j’ai très peu de temps devant moi avant qu’il ne revienne ; Vilius, mon ami, pourra répondre à toutes tes questions. Je suis retenu prisonnier depuis sans doute l’éternité dans la colonie pénitentiaire de… Par la bave d… ! Il est déjà de retour. Je t’aime So… ! »
C’était tout.
Et ça avait été suffisant…

A des milliers de kilomètres de là, sur la lune d’Amania, sœur cadette de la lune principale d’Amazonia, Azonia, le Chasseur Faucon attendait. Le Maître avait dit que ça ne serait pas long, deux jours tout au plus. Le piège était parfait, et la faible Helena ne saurait y résister.
L’amour est la petite mort qui vous ronge de l’intérieur ; pas de clairvoyance dans la passion, pas d’efficacité dans la tendresse, disaient les sorcières du Bene Gesserit.
Le moment allait bientôt venir de leur montrer à quel point elles avaient raison !

* * *

Quelques heures plus tard, dans un tout autre coin de la galaxie, une nuit sans étoile enveloppait le continent Sud de la planète Dathomir. Les chaleurs torrides de l’après-midi avaient laissé la place à une froideur quasi-cadavérique. Les étendues stériles de la surface, figées pour l’éternité, reposaient dans l’ombre, un sursaut d’agonie encore gravé dans leurs profonds sillons. Tout se taisait au dehors, à l’exception parfois d’un hurlement de rancor solitaire ; mais dans l’esprit de notre héros, une voix toujours plus forte l’appelait avec insistance. Il avait fait une fois de plus ce voyage des caves de Lord Voldtari emplies de soldats clones Jedi jusqu’aux cavernes de Dathomir. L’Anneau était là, juste devant lui. L’objet de tous ses désirs.
Tendre le bras.
Viens à moi ! Viens à moi au cœur du Reülenn !
Toucher l’Anneau. Ressentir son pouvoir.
Son Trésor !
« Non, il est à lui ! A Gnom ! »
Le cri de la créature le tira de son sommeil. L’être devait être en proie à un cauchemar où il bataillait du poing, du pied, et des dents.
La nuit était parfaitement calme.
Thomas-Leto expira profondément pour chasser l’angoisse de son esprit.
Puis il sonda l’obscurité sans pouvoir deviner la présence de la Bene Gesserit. Il savait qu’elle le suivait depuis le spatioport. Les Sœurs comptaient toujours s’emparer de lui pour leurs énigmatiques affaires. Celle-ci ne tenterait pourtant rien jusqu’à l’arrivée des renforts. C’était trop dangereux. Pour eux deux.
Le temps s’accélérait encore un peu plus et jouait contre lui.
Il lui fallait faire vite.
Avant que les ténèbres ne frappent les premières.

* * *

« Expecto Patronum ! »
Une lumière aveuglante sortit de la sabro-baguette de Benje Socar, droit devant. Le halo prit forme aussitôt, et une licorne s’interposa entre lui et le monstre qui cherchait à les dévorer tous les deux. C’était un immense reptile à la peau écailleuse et à la gueule proéminente. Dressé sur ses énormes pattes arrière, il poussa un long hurlement tout en reculant d’un pas tandis que la licorne fantomatique projetait un bouclier de feu.
« Fuyons ! » cria le Chevalier Jedi.
Maria regarda une dernière fois le terrible saurien qui battait l’air avec ses ridicules pattes avant, puis elle prit ses jambes à son cou. Derrière elle, elle entendit le monstre hurler sa rage une fois de plus. Le sortilège ne durerait pas très longtemps et il importait de se mettre à l’abri.
Voilà deux jours qu’ils avançaient dans cette jungle étouffante, pleine de reptiles géants plus hargneux les uns que les autres, manquant des dizaines de fois de se faire dévorer. Elle avait cruellement soif : ils n’avaient pu trouver encore aucune source, et seule sa méditation Bene Gesserit lui permettait d’hydrater son corps un minimum. Elle ne savait pas comment, mais le Jedi semblait mieux endurer ce problème qu’elle. Malgré cela, tous deux étaient épuisés, écorchés de partout, un monstre à leur trousse.
Le Chevalier s’arrêta si soudainement devant elle qu’elle faillit le percuter.
A ses pieds s’étendait une rivière. Le bruit de l’eau ruisselant la mit au supplice. Mais il fallait d’abord traverser pour se mettre définitivement hors de portée du saurien.
Elle profiterait de l’occasion pour boire quelques gorgées.
« Non » dit simplement Benje Socar qui avait deviné son intention.
Maria se sentit soudain décoller du sol. Ses pieds ne touchaient plus la terre humide, et elle s’avançait au-dessus des eaux !
« Arrêtez Jedi ! »
Au loin le monstre hurla, et elle entendit ses pas se rapprocher. Le contrôle mental de Benje Socar se relâcha une demi seconde, mais il rattrapa Maria avant qu’elle ne sombre dans la rivière.
Quand elle fut en sécurité sur l’autre rive, il franchit le cours d’eau d’un seul bond.
Au même instant la gueule menaçante du monstre dépassa d’un buisson grimpant. Instinctivement, Maria recula et tomba à la renverse. Ses chevilles s’étaient emmêlées dans une liane tombante. Le reptile géant continuait d’avancer. Il marqua un temps d’hésitation puis, sentant ses proies si proches, il mit un pied dans l’eau.
Aussitôt il s’enfonça dans le flot obscur en poussant des cris perçants.
La peur se lisait dans ses yeux globuleux.
Mais à y regarder de plus près, il ne s’enfonçait pas. Il était rongé par l’acide !
« Voila pourquoi il ne fallait pas toucher à cette eau », conclut Benje Socar tandis qu’il aidait Maria à se relever.
Au fond de son esprit, elle fulminait. Elle avait été ridicule et aveuglée par sa soif.
« Poursuivons, dit-elle d’une voix amère. Nous devrions atteindre la base ennemie demain à l’aube. »
Les derniers râles de la créature accompagnèrent un long moment leur route.

* * *

Les batteries du swoop avaient rendu l’âme. Thomas-Leto sentait pourtant qu’il était tout proche. Plus que quelques kilomètres et il toucherait au but si ardemment désiré. Epuisé, Gnom gardait le silence à ses côtés tandis qu’ils avançaient sous un torrent de pluie boueuse le long des plaines torturées de Dathomir. Les vêtements du jeune garçon collaient à sa peau, entravant ses mouvements. Il n’y voyait presque rien et il se fiait principalement à cette mystérieuse boussole interne qui l’obsédait. Le Sud, toujours plus au Sud, direction l’océan.
Ils marchèrent toute la journée, lèvres scellées, en ne faisant que de très rares pauses pour se restaurer et reprendre des forces. La pluie tombait sans discontinuer. Au crépuscule, alors qu’ils touchaient au but de leur long voyage, un violent orage éclata au-dessus de leur tête.
« La mer ! » cria Gnom dès qu’il perçut le martèlement des flots rageurs sur l’abrupte falaise.
Oui, tu y es presque. Continue !
Le cœur de Thomas-Leto fit un bond dans sa poitrine tant ce nouvel appel était puissant.
Viens à moi !
Il lui était impossible d’y résister.
« Suis-moi » murmura-t-il d’une voix absente à son compagnon, l’œil vitreux, avant de longer la falaise.
A deux reprises, l’humanoïde chétif qui l’accompagnait manqua de glisser dans les ruissellements de boue et de chavirer dans le vide. Le Padawan lui fit retrouver l’équilibre par une simple poussée de la Force. Il disparut soudain dans un étroit escalier taillé à même la falaise. La descente fut ardue tant la roche de craie était friable sous l’effet de la pluie. Gnom marchait désormais à quatre pattes tandis que Thomas-Leto poursuivait imperturbablement, guidé par ses visions lancinantes.
Ils aboutirent enfin, les membres chancelants, sous une arche immense qui dominait les flots déchaînés, à mi-hauteur de la falaise. Partout étaient gravés des caractères runiques en langue des Nains. Un éclair particulièrement fulgurant révéla une grande fresque ternie par les ans et les pluies, relatant un épisode particulièrement sombre de la guerre civile naine, remporté par les Rabdouks grâce à la découverte du minerai de mithril qui permettait de créer des armures souples et particulièrement robustes. C’est ici, au cœur de cette immense mine dont le nom avait été gardé secret, que fut découvert le précieux métal.
C’est ici que l’attendait son Anneau.
Le garçon prit sa respiration à bloc, et se mit à hurler d’une voix suffisamment forte pour couvrir le fracas de l’orage :
« Portes du Reülenn, laissez-moi entrer ! »
Voilà littéralement la traduction de ce qu’il venait de dire. A la vérité, il avait parlé dans une langue qui lui était totalement inconnue, mais qui avait supplanté ses propres pensées pour agir hors sa volonté.
Les entrailles de la terre grondèrent et le sol sous ses pieds laissa échapper de sombres volutes de fumée. Un nouvel éclair vint frapper la falaise, juste au-dessus de notre héros. Des petites roches pointues dégringolèrent sur sa tête, et il s’avança plus profondément dans l’arche pour se mettre à l’abri. Un souffle d’air chaud ébouriffa ses longs cheveux détrempés : devant lui, la roche s’écartait comme pour le laisser passer. Il tira sa sabro-baguette de sa poche et se risqua à faire un peu de lumière : un immense hall en colonnades l’attendait de l’autre côté, plus grand que tout ce qu’il avait eu l’occasion de voir, la perspective des colonnes titanesques s’enfonçant dans les entrailles du monde. Déjà Gnom, tout heureux de pouvoir s’abriter loin de la tempête, s’avançait dans la place.
Thomas-Leto le suivit, complètement hypnotisé. Sa volonté était totalement inhibée par la force surnaturelle qui l’appelait de plus belle. Au fond de son âme, cependant, quelque chose lui conseillait de partir loin d’ici pour rejoindre la sécurité des siens.
Mais il était trop tard, et son destin était déjà scellé.
Dans sa hâte, Gnom sautillait partout. Il n’avait pas fait trois pas qu’une dalle s’enfonçait sous son poids en produisant un grondement plus terrifiant encore que celui qui avait découvert ce hall. On aurait dit qu’un pan de mur coulissait dans le fond pour laisser surgir quelque démon hors de sa boîte.
C’était exactement ce qui était en train de se produire.
La Force était aveugle en ces lieux, mais Thomas-Leto percevait distinctement les pas d’un gigantesque monstre. Derrière lui, la porte de la falaise se refermait lourdement. Quand une aura de flamme surgit de l’obscurité et que la respiration rauque du monstre se fit entendre, Gnom prit ses jambes à son cou et fila en criant par l’étroite ouverture qui se referma sur le tissu de son caleçon.
Le jeune garçon ne pensait même pas à la fuite de son compagnon de route. Son esprit tout entier était tourné vers l’immonde créature qui s’approchait inexorablement de lui.
Son allure générale était celle d’un chien, mais un chien tricéphale, haut comme trois fois sa taille ! Six yeux globuleux, au fond desquels se lisait une folie meurtrière, s’étaient fixés sur lui dans la même seconde. La première tête, sans doute la plus horrible, était en feu, telle une coulée de lave bouillonnante qui aurait englouti quelque représentant difforme de la race canine ; des cendres incandescentes fusaient de ses naseaux, et des flammes venaient lécher ses babines. La seconde, hérissée de serpents sifflants et crachant leur venin, arborait un immense pelage vert qui luisait des feux de sa voisine ; l’écume qui dégoulinait sur le sol rongeait ce dernier comme un puissant acide. La dernière était la stricte opposée de la première : gelée, crachant la glace.
C’est elle qui frappa aussitôt que Thomas-Leto eut pointé sa sabro-baguette. Une tempête glacée déferla sur le jeune garçon avec la même force que le Charadras lancé par Maître Gloïn au début de notre aventure. Son premier réflexe fut d’appliquer le contre-sort qu’il avait appris ce jour là, avec succès. Les blocs de glace vinrent se ficher un peu partout autour de lui.
L’obscurité était retombée sur la pièce, éclairée uniquement des rougeoiements embrasés de la créature. Celle-ci bondit, crachant feu et venin. Mais Thomas-Leto n’était déjà plus là. Il avait filé à la vitesse de l’éclair pour rejoindre la sécurité éphémère d’un lourd pilier. La Force lui manquait cruellement et il se sentait comme aveugle. Au fond de lui, alors qu’il était si près du but, la puissance obscure qui l’avait amené jusqu’ici ne cessait de hurler dans son cœur.
L’Anneau ne saurait attendre plus longtemps !
Un jet mou et visqueux frappa la colonne dans son dos. Une éclaboussure était venue souiller sa toge de voyage et le tissu rêche se désintégrait lentement. Un bloc de glace vint frapper la roche qui céda avec fracas, aussitôt suivi d’une tempête de feu. Thomas-Leto invoqua une grande bourrasque de vent pour renvoyer les flammes à son propriétaire. L’autre riposta de plus belle, crachant un nuage de venin et d’acide. Le garçon dut redoubler ses efforts pour repousser cette attaque qui alla se perdre sur les colonnes alentours dans des exhalaisons étouffantes. Sa gorge lui brûlait et ses yeux étaient embués par les larmes. Sa respiration était difficile, son esprit intoxiqué par les poisons.
Les trois têtes enchaînaient leurs attaques à une vitesse telle qu’il ne pouvait que contrer, sans jamais avoir l’initiative.
Les mots de Benje Socar lui revinrent à l’esprit.
Quand l’ennemi est supérieur en nombre, sa faiblesse vient de ce nombre même. Mets le en contradiction avec lui-même, romps sa fragile unité, et engouffre toi dans la faille. Ainsi l’équilibre sera restauré.
Alors notre héros courut à toute vitesse et exécuta un incroyable saut par-dessus les têtes du monstre. Quand celui-ci eut retourné sa carcasse, le garçon avait disparu dans l’obscurité. Il cria haut et fort, le son de sa voix étant répercuté à l’infini par l’immense hall. Dans le même instant apparaissaient des images de lui, gesticulant, derrière chaque colonne du champ de vision du monstre. Les trois têtes cherchaient partout. Mais dans le pesant silence qui s’était établi, Thomas-Leto entendit un reniflement acharné. Le monstre courait droit sur lui grâce à son seul odorat !
Désemparé, le garçon lança un sort qu’il aurait cru ne jamais avoir à utiliser. Un sort interdit, qui le ferait renvoyer du Temple si jamais on apprenait qu’il l’avait employé, même en de telles circonstances. Un sort qui pourtant était inscrit dans ses gênes.
« Avada Kevadra ! »
Le sort fusa dans un éclair de feu mortel.
Et l’improbable advint.
Les serpents de la tête centrale hurlèrent à l’unisson, un cri qui fit trembler la cage thoracique du garçon et lui vrilla les tympans. Il chancela et eut du mal à retrouver son équilibre. Encore hébété, il sentit comme avec détachement le souffle d’un bloc de glace tranchante qui passa près de lui, emportant sa main et sa sabro-baguette.
Le temps s’était stoppé tandis qu’il tombait à terre, au bord de l’inconscience.
Le bouclier sonore du monstre avait dévié le sort mortel qui était allé fracasser la colonne la plus proche. Une de trop. D’énormes blocs de roches commencèrent à s’effondrer ; puis il y eut un grand fracas et tout un pan du plafond se détacha, ensevelissant le monstre à jamais.
Mais cela Thomas-Leto ne put le voir, car il avait déjà perdu connaissance…
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Messagepar Notsil » Dim 04 Juin 2006 - 12:20   Sujet: 

Arf, faut que j'attende la suite maintenant...

J'ai bien aimé tes différents textes, l'association Dune/SDA/HP/SW (si il y en a d'autres je ne les ai pas vues...) est bien sympa...
J'adore le "méchant" de l'histoire, avec sa façon d'être très imbu de sa personne.

En tout cas ça se laisse lire sans soucis, peut être une petite surcharge d'adjectifs qualificatifs au début de ton premier texte.
Il y a aussi une petite faute que j'ai vu au début de ton premier texte, quand tu expliques que "elle est morte en le mettant en couches". Je connais les expressions "mourir en mettant au monde" ou "mourir en couches", mais je crois pas que le mélange existe ^^

Dernière chose, à un moment un personnage reste sur la planète "Sabatier" pour étudier, est-ce une simple coïcidence ou y-a-t-il un lien avec l'université de Toulouse ?

Voilà, je repasserai pour la suite que j'attend avec impatience...
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Messagepar Benje Socar » Dim 04 Juin 2006 - 19:01   Sujet: 

Merci beaucoup. Effectivement, au début mon style est un peu lourd, tout en surabondance. Gros défaut de l'étudiant littéraire, sans doute ! Mais c'est en écrivant que l'on devient écrivain ; le mot d'ordre est donc désormais à la légèreté, même si je suis encore loin du compte.

Pour Sabatier, il ne s'agit pas de Toulouse mais du lycée de Carcassonne (eh oui, avant de faire ses études à Toulouse, Paul Sabatier était né à Carca) où j'ai fait ma scolarité...

La suite demain, avec de nouveaux rebondissements !
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Messagepar Notsil » Dim 04 Juin 2006 - 22:15   Sujet: 

Ok, c'est vrai qu'on voit que ton style s'améliore tout au long de ces histoires...
Il ne me reste plus qu'à repasser demain pour avoir la suite ^^
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Messagepar Benje Socar » Lun 05 Juin 2006 - 8:38   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 7

Chapitre VII
Derrière les lignes ennemies


« Trop nombreux sont ceux qui connaissent les affres de la vie. Mais trop peu sont ceux qui en connaissent vraiment les bonheurs. »
Les Mémoires perdues



La navette traversait l’espace dans un silence total, suivant une courbe d’approche régulière, les feux de l’unique soleil du système dans son dos. Depuis la planète, nul ne pouvait voir sa mince silhouette s’avancer. Les radars au sol étaient pour l’instant incapables de distinguer le vaisseau à cause des rayonnements radioactifs de l’étoile. Les boucliers du petit engin, spécialement modifiés, et les parois de la cabine, pleines d’un certain liquide proche du bacta, protégeaient ses occupants.
Deux humains, un homme et une femme, ainsi qu’un droïde de protocole rutilant.
Le Chevalier Mace Alton, la brave Cyndiamidala, et bien entendu THS-29.
Tous trois s’avançaient vers Tleilax pour libérer un époux et un héros : Jake Fo’ld. Cyndie ne s’était pas encore remise de l’enlèvement brutal, et son cœur menaçait de chavirer à chaque fois qu’elle avait une pensée pour Jake, tout comme pour Thomas-Leto, tous deux disparus. Elle avait dû faire un terrible choix, et abandonner les recherches de son fils au Temple et aux Sœurs du Bene Gesserit. Il avait hérité de ses pouvoirs, et elle avait commencé son éducation prana bindu ; mais le danger n’était pas là. Au fond de lui sommeillait l’héritage de son grand-père... Elle avait pourtant confiance en lui, et espérait qu’il réapparaîtrait bien vite.
C’était une toute autre histoire pour son époux.
Dès que possible, Cyndie avait lancé l'enquête pour découvrir les responsables du kidnapping. Les autorités de Coruscant étaient inefficaces, et les Jedi troublés. Mais l’ancien chasseur de primes avait gardé de nombreuses relations, et après de nombreuses nuits blanches, les coupables avaient pu être déterminés avec certitude : les Tleilaxu. Un vaisseau tleilaxu maquillé avait été aperçu au large de Nar Shaddaa peu avant l’arrivée du couple Fo’ld, de même que quelques Danseurs-Visages dans les rues de la capitale intergalactique.
Sachant que la négociation n’aboutirait jamais, et craignant pour la vie de son aimé, Cyndie avait décidé de le libérer par ses propres moyens. Le Conseil Jedi lui avait fortement déconseillé cette option, mais elle n’en avait que faire. Le Chevalier Mace Alton, héros de la bataille de Poudlard, s’était proposé pour l’accompagner dans son dangereux périple, et les voilà s’approchant du centre ennemi.
« Cette mission est un pur suicide, répéta le Jedi en lançant un regard lourd de sens à Cyndie.
- Tout comme l’a été votre implication dans la bataille de Poudlard, si je ne m’abuse. »
Mace Alton sourit.
« Les circonstances étaient différentes. Et puis, j’étais encore jeune. »
Mace n’était âgé que seize ans quand il s’était retrouvé bloqué sur Mordor, en pleine ascension impériale. Il avait pourtant réussi à infiltrer l’armée sardaukar de Voldtari, procédé à de nombreux sabotages, et participé au duel final qui avait mis l’Empereur en déroute. Depuis il avait rejoint le Temple Jedi et accompli de très nombreuses missions pour le compte du Conseil. Les années étaient passées, et il avait à présent cinquante sept ans ; on lui en aurait pourtant donné dix de moins tant sa stature était droite, ses traits bien dessinés et sa voix jeune. Quelques rares cheveux blancs coloraient ses tempes acajou, et une unique ride profonde tranchait son front soucieux.
« Nous serons à portée des radars tleilaxu dans moins de cinq minutes », déclara-t-il.
Cyndie était concentrée sur la Force ; elle étendait ses perceptions au plus loin de ses capacités. Elle le sentait. Il était là, quelque part.
Il souffrait. Mais il était en vie.
« Droit sur la cité de Bandalong. »
Mace Alton fronça les sourcils mais ne dit rien.
« Votre Altesse, je doute fort que les Tleilaxu…
- Je sais, THS, laisse-moi donc faire ! » trancha notre héroïne.
D’un geste assuré, elle abaissa une manette blanche et rouge au-dessus de sa tête. Un léger bourdonnement se fit ressentir l’espace de quelques secondes. Le Jedi l’interrogea du regard et elle répondit qu’il s’agissait d’un brouillage contre les Rayons Z. Quand ils avaient rejoint la Nouvelle République, les génies de la génétique avaient demandé une close spéciale : nul ne pouvait atterrir sur Tleilax sans l’accord du Mahaï Sa’alim XIII. D’ailleurs seuls une poignée de politiciens et de commerciaux haut placés connaissaient les coordonnées exactes du système.
« Il est fort possible que d’autres moyens aient été mis en œuvre pour détourner les visiteurs importuns. »
Et en effet, elle n’avait pas fini sa phrase qu’un voyant vert s’alluma, signalant l’entrée du vaisseau dans un champ de Rayons Z.
« Passons maintenant à la phase finale. THS, à toi de jouer.
- Êtes-vous sûre, Votre Altesse, que…
- Oui, vas-y. »
Le Jedi inspira longuement pour chasser le doute de son cœur. Il savait ce que la jeune femme allait tenter de réaliser, et rien n’était plus risqué. Le droïde prit quelques secondes pour vérifier ses calculs une seconde fois, affiner les mesures fournies par les radars longue portée, et lança le vaisseau dans l’hyperespace dans un fracas de sirènes de proximité et de collision.
Ils réapparaissaient indemnes une demi seconde plus tard à la surface de la planète. Aux yeux de tous, ils avaient disparu. Et si jamais quelqu’un avait entraperçu la navette, il ne faisait aucun doute qu’elle avait été détruite dans une terrible explosion…

« Voilà qui est vraiment touchant, et stupide… »
Un ricanement abject compressa ses pensées perdues dans la brume blanche, collante et étouffante. La vie ne semblait plus qu’un souvenir dans cet univers de souffrance albinos. Ses forces étaient rongées par la fatigue, et son équilibre intérieur retenu par la seule vision de sa famille.
« Votre chère épouse a décidé de venir vous délivrer, accompagnée d’un vieux Jedi et d’une ineptie robotique ! Voyez par vous-même, M. Fo’ld. »
Jake ouvrit les yeux, mais ne vit rien. Quelques secondes passèrent avant que sa vision fût habituée aux couleurs éclatantes qui régnaient à l’extérieur de sa cellule de verre. Il reconnut Cyndie, et THS, avec un inconnu ; les voir si près lui procura un peu de réconfort. Désormais, il y avait un espoir.
A ses côtés, le nabot tleilaxu poursuivait.
« Leur courage n’a d’égal que leur imbécillité. S’ils croient pouvoir échapper au piège que nous leur avons tendu, ils sont encore plus bêtes que ce que je pensais. Mais pour l’heure, notre travail n’est pas encore terminé, M. Fo’ld. Il nous faut faire vite à cause de l’échec de ce stupide Hutt. »
L’être marqua une pause théâtrale.
« Nous avons encore tant de secrets à partager, tous les deux… »
Et le nuage blanc revint, le coupant du monde des vivants, pour briser sa volonté. La douleur fusa près de son oreille, et il comprit que le cauchemar recommençait.

* * *

Le jeune garçon était transi de froid et pourtant il transpirait à grosses gouttes. La fièvre le faisait même délirer, mais au plus profond de ses cauchemars revenaient toujours les mêmes images : l’Anneau, tout près de lui, et la menace de Voldtari.
Thomas-Leto ignorait combien d’heures, ou combien de jours il avait passé dans cet état, entre la vie et la mort. Il était aveugle, ou plutôt plongé dans d’impénétrables ténèbres. Pas une lumière, pas un bruit, mais une violente senteur de pierre brûlée. Il chercha sa sabro-baguette sans succès. Il cria deux ou trois fois « Accio baguette ! » avant de réaliser que sa main le faisait terriblement souffrir.
Un cri d’horreur échappa de sa gorge quand il comprit ce qui s’était passé.
Il était infirme !
Il avait perdu une double partie de lui-même : un peu de son corps, et un peu de son âme. Il reconstruirait l’un et l’autre, on lui grefferait une main mécanique et il se forgerait une nouvelle arme, mais rien ne serait plus pareil. A compter de ce jour, une vie nouvelle était sur le point de commencer depuis qu’il avait terrassé Cerbère. Il fallait continuer, avancer jusqu’à l’Anneau. A intervalles réguliers son appel lui déchirait le cœur, réveillant chez lui le sentiment d’urgence qui lui avait procuré la force d’arriver jusqu’ici.
Viens à moi au cœur du Reülenn !
La colère et la douleur aveuglaient ses sentiments, et ouvraient les portes du Côté Obscur. Il n’avait plus la courage de lutter et se laissait faire, emporté par les tempêtes de la passion. Mais la destinée veillait sur lui, et pour l’heure le sauva.
La Force n’avait pas droit de séjour en ces terres souterraines, et Thomas-Leto réussit à reprendre le contrôle de lui-même avant qu’il ne soit trop tard. Ignorant son poignet souffrant, il se releva, et entreprit de trouver le chemin de sa seule main valide. La puissance mystérieuse de l’Anneau le guidait à travers l’inconnu. A nouveau le temps cessa de battre régulièrement, et le jeune garçon, aveugle, s’enfonçait toujours plus profondément dans les entrailles de Dathomir, à la rencontre de son destin…

* * *

Ils s’étaient arrêtés pour souffler un peu. Maria avait débusqué quelques racines comestibles au goût acidulé pas désagréable, suffisamment gorgées d’humidité pour les rafraîchir un peu. Ils étaient à moins d’un kilomètre de la base ennemie et il fallait reprendre un maximum de forces avant de s’infiltrer au cœur de la structure. Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire, et la technologie qui les avait attaqués leur était totalement inconnue : seuls les Nazguls pouvaient cracher des projectiles de la sorte qui avait fait exploser leur vaisseau, mais tous avaient été détruits il y a bien longtemps déjà.
Le Jedi était troublé.
« Quelque chose ne va pas, Chevalier ? demanda Maria.
- Tout cloche dans cette mission. Vous, d’abord, et puis maintenant, ces envahisseurs… »
Tous deux étaient épuisés, mais cela ne suffisait pas à expliquer une telle réponse.
« Pourriez-vous développer votre pensée ? »
Benje Socar laissa passer quelques secondes avant de parler.
« Vous en savez plus que ce que vous et votre Mère Supérieure avez dit au Conseil. Vous nous cachez quelque chose à propos de cet endroit.
- Plaît-il ?
- Ce n’est pas le genre du Bene Gesserit de quémander l’aide de la République pour quoi que ce soit. Vous saviez que nos ennemis n’étaient pas ordinaires : nous ne sommes plus qu’à quinze minutes de marche d’eux et je ne sens toujours rien dans la Force. Ces météores qui nous ont attaqué, c’est une flotte de chasseurs d’un type nouveau, d’une rapidité et d’une puissance à faire pâlir les os noirs de l’Empereur. Et puis cet intérêt soudain des Sœurs pour les Jedi, les tentatives d’enlèvement sur mon Padawan… et enfin nous deux ! Dîtes-moi la vérité. »
Tout avait été dit d’une traite, mais sereinement, sans colère ni tension.
Maria s’était attendue à toutes ces questions, mais pas si tôt.
« Vous, les Jedi, vous voyez des pièges partout. Nous avons déjà eu cette conversation, et je vais vous répéter les mêmes choses. Oui, nous savions que l’ennemi à affronter était très dangereux, aussi terrible si ce n’est plus que les armées de Voldtari. Mais il nous fallait être sûres avant de lancer l’alerte ; il fallait aussi éviter l’intervention directe de la République pour ne pas courir à la catastrophe. Nous ne pourrons pas vaincre l’envahisseur avec des armes traditionnelles, vous avez vu avec quelle rapidité nous avons perdu notre vaisseau. C’est pourquoi nous avons fait appel à vous et à vos pouvoirs. Pourquoi nous deux ? Tout simplement parce que nous avons déjà collaboré, fructueusement. »
Et que votre stupide code d’honneur tournait ainsi à notre avantage.
« Qu’ai-je donc fait pour perdre votre confiance ?
- Rien, répondit le Jedi. Je me pose simplement des questions.
- Quant au fils de Cyndiamidala Helena Fo’ld, je ne suis au courant de rien et… »
Des guerriers !
Au moins une dizaine, tout autour d’eux ! A une centaine de mètres.
Fichu Jedi ! Il ne pouvait même pas sentir l’ennemi dans la Force, et ses soupçons avaient détourné l’attention de Maria !
Ils étaient debout, prêts au combat, armes au poing : sabro-baguette et lance de bois affûtée. Les ennemis ne cherchaient plus à se cacher et la jungle résonnait de leurs appels dans une langue incompréhensible pour l’oreille humaine.
Le piège se referme sur nous.
Quand les premiers guerriers surgirent hors du rideau serré de verdure, Maria ne put s’empêcher de frémir en son for intérieur. Elle savait qu’ils étaient intimidants, même pour une Bene Gesserit, mais… à ce point ! C’étaient de grands humanoïdes à la peau noire comme la cendre et tannée, les traits vaguement humains, et pourtant horriblement mutilés : un masque mortuaire tuméfié, brisé, scarifié. Certains s’étaient arrachés les lèvres, révélant leurs canines acérées ; d’autres le nez, et seules deux fentes béaient au milieu de leur face. Le plus terrifiant était leurs mains, longues, osseuses : les mains de la Faucheuse prête à saisir l’âme de ses victimes. Sur tout leur corps nu s’entremêlaient des tatouages abstraits, soulignant une imposante musculature, de fins très noirs qui se mêlaient au gris clair des cicatrices trop nombreuses pour être accidentelles.
Benje Socar invoqua la Force à son aide et projeta son onde protectrice à l’encontre de ses ennemis. Les branchages frémirent comme sous l’effet de la tempête, mais les guerriers continuèrent d’avancer comme si de rien n’était. Ils tenaient un long bâton dans leur main, qu’ils pointaient droit devant eux.
Ils étaient huit. Soit un contre quatre.
Une expression indéchiffrable, mais pas avenante, semblait gravée sur leur visage et on devinait qu’il n’y avait rien de bon à attendre de leur part.
Ce fut Maria qui attaqua la première. Calme, concentrée, tous ses muscles accordés comme les cordes d’une balisette, elle entra dans la danse. Elle se mouvait aussi vite que l’éclair, bondissant au-dessus du cercle des guerriers, empalant le premier venu avant que celui-ci ait pu comprendre ce qui lui arrivait. Le cadavre n’avait pas déjà touché le sol que la tornade continuait sa route, frappant et parant avec sa lance. De son côté, d’abord désemparé par le manque total d’emprise de la Force sur ces êtres extragalactiques, Benje Socar avait bien vite suivi sa compagne dans le combat et sa sabro-baguette frappait avec la puissance de l’éclair. Les bâtons ennemis, d’une essence inconnue, tenaient tête à la lame opale irisée. Les humanoïdes semblaient dotés d’une force immense, digne du plus puissant wookie, et d’une agilité fabuleuse. Tout leur corps en mouvement frappait sans relâche avec une discipline de fer.
Tout autour d’eux n’était plus que flou vert et gris. Au loin gronda quelque gigantesque saurien, mais à part cela et le bruit du combat, le silence était angoissant. Maria était couverte de bleus, et un coup brutal lui avait cassé une côte, mais elle frappait toujours plus fort, toujours plus vite. Déjà un deuxième assaillant était à terre, mort.
Soudain, un éclair magique aveuglant jaillit au milieu de la mêlée, tuant trois humanoïdes d’un seul coup.
Plus que trois.
Non ! Deux. Voilà que le Chevalier venait d’avoir raison d’un nouvel ennemi.
Réalisant la puissance de leurs adversaires, les deux seuls survivants reculèrent. Dans leurs mains, leurs armes se changèrent subitement en un fouet vivant, à la gueule de serpent. Ils se jetèrent à corps perdus dans le combat, redoublant de hargne. D’un seul coup de fouet, le plus grand des deux brisa la lance de Maria : mais celle-ci bondit, rattrapa les deux morceaux pour les lancer avec force contre son adversaire. Celui-ci réussit à dévier le premier grâce à son arme qui était redevenu solide, mais l’autre l’empala net. Dans le même temps, Benje Socar invoquait la Force à son aide afin d’agiter les lianes au pied de son adversaire. Une tactique payante puisque ce dernier trébucha, ce qui permit à notre ami de l’achever rapidement.
Les huit guerriers gisaient à terre. L’affrontement avait été intense et épuisant.
Maria grimaçait de douleur, mais elle faisait appel à son savoir Bene Gesserit pour accélérer le processus de soudure de ses os brisés. Pour sa part, le Chevalier n’avait que quelques ecchymoses ; cependant il avait été mordu par l’arme d’un de ses adversaires, et il sentait le poison couler dans ses veines. Déjà son dos le faisait souffrir et par moment sa vue se brouillait. La Force l’aidait à combattre les effets du venin, mais il lui faudrait bien vite un antidote.
« Ce n’était que les éclaireurs, dit Maria d’une voix sereine, quoique légèrement essoufflée. Ils ont dû donner l’alerte. »
Les pensées de Benje Socar se brouillaient. Il fallait avancer.
A chaque mètre de franchi, le Jedi sentait l’absence croissante de la Force. Ce n’était pas comme avec les ysalamari qui la repoussaient ; c’était plutôt comme si quelque puissance l’absorbait, comme un trou noir. Il en avait le vertige.
Ils débouchèrent brutalement à l’orée de la jungle. Devant eux la terre était brûlée, et d’énormes structures de corail-champignon (l’expression est la seule qui se rapproche un tant soit peu du spectacle qui s’offrait à leurs yeux) paraissaient avoir poussé, un peu partout. Depuis leurs pieds partaient de profonds sillons, où travaillaient… des centaines d’esclaves ! L’ensemble était organisé en immenses cercles concentriques, au centre desquels, greffée par le biais d’une protubérance de chair sur l’ancien avant-poste républicain, grimpait vers le ciel une griffe torturée, disproportionnée, aveuglante par l’horrible joyau qu’elle pointait injurieusement comme pour crever les cieux.
Un paysage de cauchemar.
Benje Socar sentait ses forces diminuer de secondes en secondes. Il allait en faire part à sa compagne quand une nouvelle escouade de soldats se jeta contre eux. Ceux-là portaient une épaisse carapace protectrice sur le corps. La lutte reprit, plus sauvage si c’était possible. Le Jedi invoqua la tempête, mais il était trop faible pour la maintenir suffisamment longtemps. Maria était redevenue une arme humaine dévastatrice, et elle cognait dans tous les sens. Notre Chevalier cherchait à rassembler la Force autour de lui, mais il était gêné par la faculté étrange de ses humanoïdes à absorber cette puissance vitale qui leur faisait défaut.
Dans le ciel se dessinèrent soudain cinq points noirs qui fonçaient sur les lieux du combat. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, le froid envahissait Maria et Benje. Dans les oreilles du Jedi retentissaient les éclats furieux de deux sabre-lasers en duel, et le ricanement terrible de Voldtari.
La fin est proche.
Ses jambes ne le tenaient plus.
Viens à moi, au cœur du Reülenn !
Son Padawan courait un grand danger !
Au-dessus de lui, il discerna cinq ombres à capuche, au visage masqué. Il reconnut leurs mains, longues et cadavériques : les mains de la Mort.
Un cri s’éleva et déchira l’espace.
Son propre cri, il y a trente-six ans de cela, quand Voldtari avait eu raison de son maître.
A nouveau le ricanement de l’Empereur.
Un froid terrible.
Et puis, plus rien.
Le vide absolu.

* * *

Le noir, encore et toujours. Le sol s’inclinait sous ses pieds : il s’enfonçait de plus en plus. Le pauvre garçon avait l’impression que cela faisait des heures qu’il marchait dans l’obscurité, tâtonnant de sa seule main valide les murs dont les arêtes tranchantes l’écorchaient douloureusement. A cela, il fallait ajouter la crainte constante de tomber dans quelque puits qui permettait l’aération des cavernes. Quelquefois il marchait sur une substance dure qui craquait sinistrement sous ses pas : on aurait dit des ossements de cadavres. Qui sait les dégâts qu’avait pu causer le monstre qu’il avait croisé à l’entrée ?
Plus vite ! Plus vite !
Chaque pas le rapprochait de l’Anneau dont l’appel se faisait désormais insupportable. Il avançait donc, malgré le froid, la douleur, la fatigue et la faim. Parfois, dans le silence mortuaire, il lui semblait entendre d’autres pas que les siens, assez lointains. Mais cela devait être l’écho.
Il marcha ainsi des heures durant, que nous éludons heureusement grâce à la magie du récit. Il finit bien plus tard par distinguer devant lui, à la sortie du tunnel, une lumière diffuse.
Approche !
Son pas s’accéléra, et il courait presque quand il franchit la voûte ouvragée. Un spectacle de toute beauté s’ouvrit à lui : sans aucun doute le trésor perdu des Nains. La salle était si haute qu’on n’en distinguait pas les sommets perdus au-dessus des sculptures murales mesurant des dizaines de mètres et dorées à l’or fin. Des rois Nains dans toute leur grandeur guerrière, aux yeux d’améthyste. Ils soutenaient la gigantesque voûte qui se perdait tout là-haut dans l’obscurité. Sur le sol, dallé d’un quartz cristallin inconnu, d’envoûtantes arabesques se dessinaient, virevoltant dans des éclats d’ocre doux. Au centre, dans sa pureté originelle, coulait une cascade, jaillissant de nulle part, dont les eaux étaient canalisées dans un bassin splendide, luminescent, bordé d’une margelle travaillée et incrustée d’innombrables pierres précieuses qui reflétaient la luminosité de l’eau. Les rayons étaient dirigés sur les regards sévères des souverains qui renvoyaient la lumière sur l’ensemble de l’édifice.
Un bijou d’architecture que Thomas-Leto ne vit point. Car sur la margelle, posé négligemment, il avait aperçu l’Anneau. Son corps ne lui appartenait plus et il s’avançait avec la raideur d’un automate. Il l’avait enfin trouvé, son anneau, son précieux trésor, l’objet de tous ses désirs. Il avait peine à y croire, il lui fallait le toucher pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.
Il fit quelques pas de plus, quand soudain une dizaine d’ombres tombèrent du plafond, avec une synchronisation parfaite, autour de la cascade. Ils n’avaient pas posé pied à terre qu’une barrière de sabre-lasers vermillon lui barrait la route.
NON ! Pas si près du but !
Il était épuisé, infirme, sans arme, incapable de faire usage de la Force, mais il se lança dans le combat. Les Jedi obscurs le regardèrent avec amusement et dédain. Ils relâchèrent la pression mentale qu’ils avaient maintenue durant leur voyage dans le noir, et la Force déferla en eux, tout comme en Thomas-Leto. Ils érigèrent un puissant mur par la seule puissance de leur pensée, mais le garçon, mû par la colère et le Côté Obscur, le fit voler en éclat. Il était déchaîné, et invoqua un puissant éclair d’énergie. Deux Jedi Noirs furent touchés, projetés dans l’eau, et électrocutés. Les autres s’avancèrent, menaçants. Thomas-Leto n’avait pas peur, seuls l’Anneau et la haine habitaient son esprit.
Mais il s’arrêta net quand deux voix retentirent derrière lui.
« Maître, Gnom vous l’avait dit. Il vous conduirait jusqu’à l’Anneau. Et il vous livrerait le jeune garçon !
- Oui. Tu as bien travaillé, et je n’ai plus besoin de toi. »
Un miaulement répondit à la voix caverneuse, suivi d’un râle d’agonie et de la chute d’un corps inerte.
« Mon Génie va désormais s’occuper personnellement de la situation ! »
Le ricanement infernal de Voldtari gronda jusqu’au plus profond du cœur de Thomas-Leto…
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Messagepar Notsil » Mar 06 Juin 2006 - 21:59   Sujet: 

Une suite bien sympathique...et cool, le méchant revient ^^
Je ne sais pas pourquoi, mais avec son ego démesuré je le trouve très très marrant (ce qui n'est pas forcément le but pour un méchant, mais bon...).

La lecture est très agréable, et il me tarde de savoir ce que vont devenir les personnages...
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
Notsil
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Messagepar Benje Socar » Mer 07 Juin 2006 - 11:47   Sujet: 

C'était le but premier de Voldtari que de prêter à rire, avec sa mégalomanie incroyable (et increvable) ! Je trouve même qu'il s'est bien assagi par rapport à ce qu'il était au tout début de la rédaction...

Merci beaucoup pour tes encouragements.
La suite arrive...
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Messagepar Benje Socar » Mer 07 Juin 2006 - 12:14   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 8

Chapitre VIII
Point de rupture



« Tout ce qui a commencé… n’a pas nécessairement de fin. »
Journal secret de Maria Hort’a’la



Peur, colère, désespoir…
Un cri de détresse tel qu’il n’en avait entendu depuis des années vint troubler la méditation du vénérable Maître Yoda. Benje Socar souffrait avec une intensité aussi grande que lors de la mort de son instructeur, Fab Enzal. Mais il n’y avait pas que cela. C’était aussi de la peur pour son protégé, le jeune Thomas-Leto Fo’ld. Et, plus profondément encore, une ombre, indiscernable, et pourtant bien présente. Elle voilait la trace de l’enfant dans la Force.
« De terribles évènements, sur Phoenix IV, sont en train de se produire. »
A ses côtés, Cartos Fascina ouvrit les yeux.
« Je n’ai rien senti. »
Il ne remettait pas en question la parole de Yoda ; il s’étonnait simplement de ce trouble soudain de la Force.
« Bien trop de puissance le Côté Obscur a retrouvé, déclara le petit homme vert. Tout est voilé, aveugles nous sommes. Envoyer un vaisseau à l’aide de Benje Socar il faut, au plus vite. En grand danger il est.
- Avez-vous perçu quelque chose au sujet du Padawan Fo’ld ?
- Non. Mais pour lui son maître craint beaucoup. »
Yoda marqua une pause pour sonder à nouveau le flux de la Force.
Toujours rien.
« Dathomir ! »
Le cri, d’une puissance extraordinaire, lui avait échappé des lèvres.
« Sur Dathomir il se trouve, répéta-t-il dans un souffle. Je l’ai senti crier ce nom, et puis, à nouveau, perdu je l’ai.
- Je pars à la tête d’un second vaisseau. Il nous faut le retrouver dans les plus brefs délais. »
Déjà Maître Fascina était debout.
« Si jamais il tombait du Côté Obscur…
- Oui, une catastrophe ce serait.
- Ses talents sont exceptionnels pour un enfant de son âge. Ils sont, dirait-on, innés. »
Le regard du sage étincela. Sa voix marqua une hésitation.
« Et puis, il y a cette prophétie, gravée sur les fondations du Temple.

Enfant du démon, il sera l’archange sauveur.
Enfant d’une reine, il aura la puissance d’un dieu.
Enfant de la ruse, nul ne pourra le retenir quand viendra l’heure.
Car il sera l’Elu qui rétablira l’équilibre dans les cieux !


Si jamais…
- … c’était vrai ? Que la Force nous guide ! »

* * *

Plus tôt dans la matinée, un vaisseau anonyme quittait Amazonia, n’emportant à son bord qu’une seule passagère. Elle serrait nerveusement un cube holographique sur ses genoux. Suivit une bonne vingtaine de minutes plus tard un Chasseur Faucon, invisible à tous les regards comme à tous les radars. Le pilote envoya un message sur canal privé avant de plonger dans l’hyperespace : LA RUSE EST DANS LE SAC. SUIVEZ LA BALISE !

* * *

La scène semblait presque familière au jeune garçon : un talisman aux pouvoirs extraordinaires lance son appel dans la Force, un Jedi court le récupérer, affronte maints dangers et déjoue de nombreux pièges, touche au but, et alors surgit Voldtari pour s’en emparer. Son mentor lui avait raconté bien souvent cet épisode de la bataille de Poudlard où Fab Enzal avait perdu la vie.
L’Empereur des ténèbres repoussa le cadavre du traître Gnom et s’avança majestueusement vers Thomas-Leto, qui avait abandonné toute pensée guerrière, trop abasourdi par cette rencontre au-delà de la mort avec, il faut se résoudre à employer le mot, son grand-père. Vingt ans, c’est l’âge qu’un quidam aurait donné en voyant Voldtari ce jour-là ; mais nos lecteurs savent qu’il en allait tout autrement. Un port majestueux et supérieur, des yeux exhalant la ruse, un front mégalomane. Quand aux cheveux, au nez et à la bouche, Thomas-Leto n’avait qu’à consulter son miroir. Il comprenait enfin la signification de ses nombreuses visions : l’Empereur était de retour à la tête d’une armée de clones Jedi ! Il aurait dû prévenir le Conseil. Peut-être était-il désormais trop tard, maintenant qu’il avait livré l’Anneau de puissance à son plus terrible cauchemar.
« Surpris de me voir ? clama Voldtari. Sans doute me croyais-tu mort, comme ces imbéciles républicains après la bataille de Poudlard ! Bien sûr, ils ne pouvaient pas savoir… Mais je suis revenu, et sans ma traîtresse de fille, j’aurai vaincu. Aujourd’hui, l’aberration Génius est effacée, me revoilà ! »
Un rire démoniaque s’échappa de sa gorge.
« Ainsi, voilà mon petit-fils. Un mioche encore en âge de pleurer dans les jupes de sa mère, pour qui on a forgé un Anneau de puissance ! Tu as réussi à t’échapper du Temple, à semer les équipes de recherche. Et le Bene Gesserit s’intéresse de très près à ta personne. »
Tandis qu’il parlait, un Jedi Noir apparaissait derrière lui, portant la dépouille d’une jeune femme. Une Sœur Acolyte.
« Cette sorcière te suivait depuis ton départ du spatioport. Mais rassure-toi, nous serons partis avant que n’arrivent ses supérieures. »
Thomas-Leto semblait plongé dans une sorte de transe où les appels de l’Anneau se substituaient aux battements de son cœur. Dans son dos, les Jedi Noirs le surveillaient de près.
« Tu es bien silencieux, mon garçon, et je sais que tu ne me crains point. Tu as hérité du stupide entêtement de ta mère. Dommage, tu aurais pu devenir mon meilleur allié. La Force est très puissante en toi, le Côté Obscur t’ouvrirait les portes de la grandeur ; et puis, retourner le fils contre la mère, comment imaginer meilleure vengeance…
- Jamais ! »
Thomas-Leto recouvrait ses esprits.
« Ah, ah ! Je le savais bien, et j’attendais ce raisonnement étriqué. De toute façon, il y a bien longtemps déjà que tu as fait ce choix, et très bientôt, tu en mourras. Mais à présent nous avons un peu de pain sur la planche. Suis-moi, mon garçon. »
Voldtari fit quelque pas en direction de la cascade, sans que Thomas-Leto ne bouge d’un centimètre.
« Il faudra voir à te montrer plus coopératif ! » gronda l’Empereur.
Il pointait sa sabro-baguette avec un rictus cruel sur le visage.
« Je n’ai pas besoin de toi vivant pour accomplir ce que j’ai à faire ici. Alors obéis ! »
Le jeune garçon dut se résoudre s’exécuter, et il s’avança jusqu’à l’éblouissante margelle qui resplendissait des feux des armes de lumière. Les Jedi ouvrirent le rang pour laisser passer Voldtari et son prisonnier, puis refermèrent le cercle sur eux. L’Anneau rougeoyait d’un feu qui lui était propre ; Thomas-Leto ne pouvait trop longtemps soutenir sa vue tant ses yeux lui brûlaient et son cœur cognait dans sa poitrine à chaque appel qui lui était lancé.
« Tends ton bras au-dessus de l’Anneau ! »
Il obéit à contre-cœur et présenta son bras infirme.
Une douleur intense fusa alors en lui ! Voldtari avait été prompt comme l’éclair et d’un poignard de cérémonie tiré de sa toge il avait tranché une veine. Quelques grosses gouttes tombèrent chaudement sur l’Anneau, avant que la plaie ne se referme grâce à la médecine de la Force.
« Ah, comme cet idiot de Cimetière peut bien me manquer ! »
L’Empereur ne s’occupait plus de son prisonnier, trop occupé à marmonner quelque formule obscure en Noir Parler. Avec le même poignard, il se fit une entaille dans le bras en grimaçant, ajoutant son sang à celui de Thomas-Leto. L’Anneau sifflait comme une lame ardente que l’on aurait plongée dans de l’eau ; le sang s’évaporait tandis que Voldtari continuait ses incantations. Le son strident et la voix profanatrice plongeaient dans les entrailles de notre héros en si mauvaise posture, remuant tout son être pour le lui arracher. Une puissance mystique se débattait au fond de lui, s’empara de son corps. Il bondit pour repousser son ennemi, mais une vague de Force incroyable, amplifiée par les neuf Jedi, l’envoya s’écraser aux pieds d’une effigie royale. Il resta sonné quelques secondes, sous la torture d’un déchirement interne.
Un voile passa devant ses yeux, puis ce fut un vide grandissant dans sa poitrine.
Voldtari poussa un cri terrifiant, un hurlement de triomphe. Thomas-Leto se mit debout maladroitement, et comprit enfin le sens de la scène à laquelle il venait de participer. L’Anneau n’avait été forgé que pour lui, lui seul pouvait le porter et utiliser son pouvoir. Mais Voldtari, avec sa magie démoniaque, venait de le détourner à son profit pour remplacer celui qu’avait détruit la Communauté sur Mordor. Et c’est lui, Thomas-Leto Fo’ld, fils de Cyndiamidala Helena Fo’ld, qui lui en avait révélé la cachette !
« Et je t’en remercie ! s’écria l’Empereur, ivre de pouvoir. Cet Anneau m’offre des possibilités nouvelles que jamais je n’aurais imaginées ! »
Le démon s’avança vers lui, superbe, l’Anneau rougeoyant à son doigt.
« Et maintenant, direction la Planète du Chapitre. La fin du Bene Gesserit marquera le début de la mort de la République ! »

* * *

Une paire de gifles bien senties lui souhaita un bon retour dans le monde des vivants, loin des fantasmagories qui avaient peuplé ses cauchemars. Quand Benje Socar voulut se relever, il s’aperçut qu’il se trouvait quelques centimètres au-dessus du sol, à la verticale, les membres douloureusement étirés. Il voulut bouger, mais ses liens semblaient vivants, rongeant sa chair au moindre geste. Tout mouvement lui était interdit. Il invoqua la Force, mais ne trouva qu’un grand vide là où il aurait dû sentir les attaches. A peine s’il pouvait incliner la tête pour voir Maria dans la même posture que lui. Sa sabro-baguette avait disparu.
« Clams carrago poui Jeedai slotee ! » hurla une voix par derrière son épaule.
Deux créatures étaient penchées au-dessus de lui. Quand ces deux têtes entrèrent dans son champ de vision, il eut à combattre une peur maladive, une terreur qui ne lui appartenait pas, mais qui transpirait de ces êtres inconnus. Il imaginait Maria, à ses côtés, réciter la litanie contre la peur, ce qui lui apporta bizarrement un peu de réconfort. Il ne les avait pas dévisagés que déjà ils s’effaçaient pour laisser place à celui qui devait être leur supérieur ; sa cape était blanche, aveuglante même, et flottait dans la douce brise. Ou plutôt, semblait flotter. Car Benje Socar put remarquer, dans la quasi-nudité qu’on lui avait imposée, qu’il n’y avait pas un souffle d’air dans cette pièce aux relents de pourriture animale !
Celui-ci parlait le basique avec un fort accent.
« Quelle aubaine ! Deux Jeedai viennent s’offrir à nous ! Un présage d’Epouvantard Yuhzzan, sans aucun doute. »
L’extraterrestre avait été (s’était ?) scalpé sur l’ensemble du crâne, et un tatouage représentant quelque terrible monstre ornait sa boîte crânienne ainsi mise à nu.
« Pourquoi pensez-vous que nous sommes des Jedi ? » risqua Benje Socar.
L’autre grimaça, étonné peut-être par l’audace de son prisonnier.
« Nous avons longuement étudié votre histoire et vos coutumes. Seuls les Jeedai ont un sabre de lumière, peuvent se mouvoir aussi vite que vous et votre compagne l’avez fait contre nos éclaireurs, grâce à ce que vous appelez la Force. »
Ainsi ils prenaient Maria pour une Jedi… Sans doute valait-il mieux leur laisser leurs illusions.
« Vous ferez un beau sacrifice pour les fêtes qui seront données en l’honneur d’Epouvantard Yuhzzan, la veille de l’invasion finale. »
Benje Socar resta silencieux, mais frémit en lui-même.
L’invasion finale !
Il fallait avertir la République, au plus vite. Comment savoir s’il n’y avait pas d’autres guerriers dispersés sur la surface de la planète, et d’autres vaisseaux astéroïdes comme ceux qui les avaient attaqués en poste, ailleurs dans la galaxie.
« Mais il va falloir attendre un peu. Vous devrez vous en montrer dignes. Seule l’Etreinte de la Douleur en décidera. »
Le Jedi vit alors, proche de la panique, une longue tige nerveuse à deux têtes s’élever du sol, pareille à un serpent charmé, qui se ficha dans le cou de Maria et dans le sien. Au même instant la douleur lui traversait l’ensemble du corps, depuis la colonne vertébrale jusqu’aux moindres terminaisons nerveuse. Un feu dévastateur coulait dans ses veines, irradiant ses sens.
Il ne sentait plus rien, n’entendait rien, et ne voyait plus que des éclairs blancs qui l’aveuglaient.
Juste la souffrance.
« Nous verrons bien si les infidèles savent faire preuve de courage ! »

* * *

Ailleurs, très loin de là, la douleur avait cessé depuis un bon moment déjà. On avait enfin libéré Jake Fo’ld de sa cage expérimentale pour le jeter dans une cellule qui passait à côté pour un hôtel de luxe. Il était épuisé, et sombra bien vite dans un sommeil hanté d’interrogations : on ne lui avait posé aucune question, ni sur la République, ni sur son épouse, ni sur quoique ce soit. On ne lui avait même presque pas adressé la parole, si ce n’est le nabot qui de temps à autre venait contrôler le déroulement de ses expériences.
Il avait fini par commencer à comprendre le jour où son tortionnaire avait soupiré :
« Avec une armée telle que vous, il y a bien longtemps que nous aurions remporté le Bodal ! »
Jake avait appris par son épouse que le Bodal était l’équivalent de la guerre sainte chez les Tleilaxu. Ces misanthropes se croyaient investis d’une mission sacrée.
« Une armée de mercenaires ? avait-il demandé.
-Non, nous en avons déjà plusieurs. »
Cette remarque anodine ne le fut pas pour le républicain.
« Où est le problème, alors ? »
Le nabot semblait d’humeur à parler et Jake en profitait pour lui soutirer un maximum d’informations.
« Nous avons des armées de soldats tleilaxu, de mercenaires, de combattants que nous avons nous-mêmes crées et améliorés, d’espions Danseurs Visages. Mais nous pourrions avoir bien plus : des unités multifonctionnelles, sentinelles un jour, l’autre sur le front, en première ligne, alliant la ruse de l’homme à la puissance des plus terribles animaux. Nous serions alors quasiment invincibles ! Une armée d’Animagi Visages ! »
Voilà donc pourquoi ils avaient besoin de lui pour leurs expériences : ils cherchaient à créer d’autres Animagi Visages !
« Malheureusement, vous restez une énigme pour nos généticiens. Nous savons tout de votre naissance, nous avons réuni les mêmes conditions, mais sans jamais réussir. Votre mère est une Animagi ; nous avons donc capturé plusieurs Animagi. Pour votre père, c’est plus compliqué. »
Une pause.
« Il est né d’un échec. Nous voulions améliorer nos Danseurs Visages en leur donnant un peu plus d’individualité : une personne première, un indivis fondamental. Nous leur avons même fait don de la fertilité pour les encourager à se battre avec un but précis, la protection des leurs. Ils ont échappé pourtant à notre contrôle, et nous avons dû les détruire un par un. Nous pensions avoir éliminé l’Anomalie-015, mais nous nous étions trompés. Et puis, bien des années plus tard, vous êtes né : l’unique Animagi Visage de toute la galaxie, conjuguant les facultés du père et les pouvoirs de la mère. »
Le nabot épongea son front reluisant avec un mouchoir à carreaux.
« Nous avons recréé un Danseur Visage de la race de votre père, nous l’avons accouplé avec une Animagi, même plusieurs, mais aucun enfant n’est né. Nous avons tenté de produire un clone à votre image, mais il n’avait pas vos pouvoirs. Toutes nos tentatives pour vous capturer avaient jusqu’alors tourné court. »
Nouvelle pause.
« Nous avons donc employé les grands moyens. Maintenant, il nous faut faire vite. Votre compagne est là ; nous nous en occuperons facilement, mais d’autres républicains vont suivre.
-Je suis unique ! ironisa Jake.
-Oui. Il va sans doute falloir nous résoudre à un moindre gain. Quand nos techniciens en auront fini d’analyser les derniers tests, il ne restera plus qu’une chose à faire : la vivisection ! »
L’horrible bonhomme se frottait les mains.
Jake, qui pourtant n’avait rien d’un froussard, épuisé, s’était mis à trembler.
« Ne craignez rien, je m’en occuperai personnellement, dit le nabot avec un sourire mauvais. Peut-être pourrons nous faire quelque chose d’une centaine de gholas à votre image ! »
Il avait abandonné notre ami sur ces propos, en riant.
Abattu, Jake avait laissé agir sans discuter le narcotique que l’on pulsait dans la pièce pour inhiber ses facultés…

* * *

« Pour que la pleine puissance de l’Anneau se révèle à mon génie, il ne manque plus qu’un seul petit détail… »
Voldtari avait grimacé de plaisir, sur le pont de son nouveau vaisseau amiral, le Vengeance, équipé d’un redoutable dérivé du Rayon Z : l’invisibilité absolue, pour les yeux comme pour les radars les plus sophistiqués.
« La mort du porteur initial ! »
Et il n’avait rien ajouté en laissant Thomas-Leto à sa garde rapprochée de Jedi Noirs.
C’est ainsi qu’on l’avait abandonné aux sables mortels d’Arrakis.
« Le désert n’a pas pris la mère, mais il emportera le fils ! »
Cela faisait des heures à présent que le garçon errait à travers les dunes brûlantes d’un feu perpétuel. Ses lèvres parcheminées le mettaient au supplice, son poignet tranché le lancinait régulièrement, et sa langue gonflée l’empêchait de respirer correctement. Il avançait lentement, hagard, de petits points blancs dansant sur le paysage stérile. Personne ne viendrait à son aide, il était à des milliers de kilomètres d’une zone habitée.
Il avança de cette manière une heure de plus. Le soleil était toujours haut dans le ciel.
Il n’en pouvait plus. Sa fin était proche.
Il tenta de faire quelques pas supplémentaires pour approcher l’ombre d’une dune particulièrement imposante, mais il ne tenait plus debout et s’effondra sur le sol. Le sable lui brûlait la joue, et il n’arrivait presque plus à ouvrir les yeux. Désormais, seul un miracle pourrait le sauver.
Il perdit connaissance un moment. Ses pensées erraient. Il revint plusieurs fois dans la caverne de Dathomir, ainsi que dans les caves de Mordor où attendent patiemment les armées obscures de Voldtari. Elles hurlent leur rage et leur colère à pleins poumons, frappant, griffant et mordant.
Mais non ! Cela est la réalité !
La nuit commençait à tomber, et Thomas-Leto éprouva de très grandes difficultés à se relever. Sa poitrine était en feu et la soif allait très vite l’emporter. Mais à cela il ne pensait pas le moins du monde, trop absorbé par l’affrontement surnaturel de deux titans, de l’autre côté de la dune où il se trouvait : un ver géant d’Arrakis était aux prises avec un Dragon Krayt, une fabuleuse créature importée de Tatooine. Les cris qu’ils poussaient étaient aussi assourdissants que l’orage. Le ver faisait preuve d’une agilité incroyable, se mouvant gracieusement dans le sable pour tenter d’écraser son adversaire. Mais celui-ci ripostait de plus belle, avec ses griffes il arrachait des écailles du ver pour mettre sa chair à nu et l’exposer à ses dents tranchantes. D’un coup de queue, celui que les Fremen appellent Shai-Hulud, le Vieux Monsieur du Désert, envoya bouler son adversaire à des mètres de là. L’autre resta étourdi l’espace de quelques secondes.
Thomas-Leto, muet, épuisé, avait inconsciemment pris position pour le ver, et il lui soufflait mentalement quelques conseils.
Roule-le dans le sable. Aveugle-le !
Plus vite !

Le Dragon savait se défendre. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’est relevé.
Il bondit sur le dos de son opposant. Plusieurs plaques dorsales volent dans les airs et le ver pousse un cri d’agonie. Mais il continue à se battre. Il roule brusquement sur lui-même, ignorant la douleur, et le monstre de Tatooine se trouve projeté dans le sable. Le ver accélère sa course, soufflant le sable sur son passage. Une volée de grains épais vole alors dans les narines et dans les yeux du Dragon. Il éternue plusieurs fois pour chasser le sable de ses poumons et cligne des yeux. Il a grand peine à les laisser ouverts longtemps.
Tout comme ceux de Thomas-Leto qui déjà commençait à chanceler.
Le ver sauta sur l’occasion. Il s’était retourné et fonça sur son adversaire. L’autre n’eut pas le temps de comprendre que déjà la gueule béante lui emportait une aile, le traînant sur le sable encore brûlant des feux de la journée. Le Dragon redoubla ses morsures, et ses pieds labouraient le flanc du ver. Mais Shai-Hulud eut bientôt raison de ses forces, et il mourut dans une ultime attaque qui entama bien profondément la chair du ver.
Thomas-Leto était tombé sur les genoux, grelottant de froid.
Le ver revenait vers lui avec une note plaintive. Il était blessé à mort et venait mourir à ses pieds. Le garçon ne parvint pas à garder l’équilibre tant le sol tremblait à cause de l’approche du titan, et il dévala la dune, s’arrêtant juste devant la gueule ouverte de l’incroyable créature. Le ver était mort, et un filet d’eau lui coulait par la bouche. Thomas-Leto reprit quelques forces quand il sentit le fluide, bien que chaud, couler dans son dos. Il rampa péniblement et but avidement le liquide que lui offrait la providence.
Il comprit trop tard que cette eau était empoisonnée…
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Messagepar Notsil » Mer 07 Juin 2006 - 20:23   Sujet: 

Un chapitre très intéressant !
On apprend pas mal de choses sur le petit Thomas-Leto, tout le monde se retrouve en mauvaise situation, le mégalo est toujours plus mégalo ^^
Et comme d'habitude la fin nous laisse sur notre faim...comment vont-ils s'en sortir ? ^^
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
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Messagepar Benje Socar » Ven 09 Juin 2006 - 12:36   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 9

Chapitre IX
Renaissance



« Seul celui qui a connu la mort pourra suffisamment éveiller son esprit pour comprendre le sens à donner à la vie ; dès lors, il se fera sauveur et guide pour protéger ses semblables. Tel sera son éternel fardeau, et aussi sa plus grande chance. »
Les Mémoires perdues



La cité de Bandalong était encore endormie sous les premiers rayons de l’aube. Cyndie et le Chevalier Alton s’avançaient subrepticement dans les rues désertes, le visage masqué sous un déguisement holographique. De loin l’effet était parfait et on aurait pu facilement les prendre pour deux Tleilaxu mâles ; il faudrait toutefois veiller à ne pas approcher de trop près un véritable résidant de la capitale sous peine d’éventer le subterfuge. Mace Alton gardait toujours ses mains près du bassin, préparé à un combat rapide. Jusqu’à présent, leur infiltration avait été facile, sans aucun accroc.
Un peu trop facile... pensait en lui-même le Chevalier.
Les Tleilaxu sont des calculateurs très prévoyants. Comment être certain qu’on ne leur avait pas tendu un piège ?
Plus ils avançaient, plus la ville leur semblait… étrangement vide. Ils n’avaient croisé personne, ni homme ni animal. Pas la moindre trace d’être vivant dans les rues, pas une seule ombre dans les maisons, et pourtant la Force donnait l’impression d’un monde grouillant de vie, bien que cette sensation fût plutôt diffuse. Parmi cette masse bouillonnante, faible mais présent, il y avait Jake. C’est grâce à cette présence que Cyndie se guidait dans les ruelles étroites, le cœur battant.
L’architecture tleilaxu était sobre ; grise mais fonctionnelle. Les immeubles d’habitation s’alignaient, hauts de trois étages, de part et d’autres de la chaussée bétonnée. Toutes les vingt fenêtres, une rue perpendiculaire, totalement identique. Pas de véhicule, pas de panneau, pas de lumière. Seulement, de temps à autre, un symbole illisible sur le sol.
Cyndie obliqua à droite. Mace la suivit en silence, aux aguets. L’épouse de Jake Fo’ld semblait décidée.
Ils finirent par déboucher sur une place immense où convergeaient les quatre avenues principales de la ville, ainsi que de nombreuses ruelles secondaires. Cyndie s’arrêta net.
« Il est ici, je le sens. »
Le Chevalier étendit ses perceptions, sentit effectivement des formes de vie dans la Force, mais ne voyait rien. Ses sens lui jouaient des tours ! Il affina ses recherches et comprit enfin.
Il fit part de ses impressions à Cyndie et tous deux scrutèrent les cieux. Sans rien y voir.
C’était pourtant bien de là que venaient les présences dans la Force, au-dessus de leurs têtes !
« Nous sommes tombés dans un piège… » murmura Mace.
« Je ne vous le fait pas dire ! Bienvenue à Bandalong, naïfs Jedi ! »
Une voix était brusquement sortie ex machina, de nulle part mais partout, mielleuse.
La surprise les cloua sur place.
Aussitôt, un crépitement embrasa l’air environnant, et l’aube s’éteignit en même temps que tous les éclairages de la ville. Ils étaient dans le noir complet quand Mace et Cyndie brandirent leurs sabres de lumière.
Lumos !
Un peu de jour se fit, révélant l’impensable. Des parois rocheuses tout autour d’eux, du sol au plafond !
C’est alors que des centaines de lampes torches s’illuminèrent, dévoilant une véritable armada en armure cuirassée envoyée pour les cueillir.
Mais le Jedi n’avait pas dit son dernier mot.
Il poussa un cri lugubre qui résonna longuement, s’amplifiant avec l’écho. Soudain, toutes les piles sautèrent en même temps, plongeant une fois de plus les lieux dans le noir. Quand les soldats rétablirent la lumière, les deux intrus avaient disparu.

* * *

Non, il n’était pas mort. Il n’était pourtant pas non plus dans le monde des vivants. Il se tenait juste entre les deux, sur une corde raide. Thomas-Leto s’avançait dans un tunnel étroit parcouru d’éclairs énergétiques qui faisaient un peu penser à un couloir d’hyperespace. Des voix murmuraient derrière sa tête mais il ne comprenait pas ce qu’elles disaient. Il continuait son chemin, maintenant l’équilibre avec ses deux bras tendus, s’enfonçant de plus en plus loin. Il ne savait pas où il était, mais il avait comme une impression de déjà vu : un vieux rêve qu’il faisait lorsqu’il était petit enfant.
Le souvenir de ce songe le fit s’arrêter un moment : une seule nuit il avait pu aller jusqu’au bout du tunnel. Et il était tombé dans une fosse remplie de monstres prêts à le dévorer. Ce n’était qu’un rêve ; toutefois, il avait toujours fait confiance à son instinct, ce qui lui avait plutôt pas mal réussi jusqu’à présent. Il fit alors demi-tour, pressant le pas du mieux qu’il pouvait. La luminosité rougissait dans le même temps qu’elle s’obscurcissait. Des ombres dansaient autour de lui, avec leur charabia incessant. Il n’avait pas peur.
Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, à travers moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.
« C’est bien, mon fils, continue. »
L’ombre da sa mère s’était détachée du lot informe et le regardait en souriant. Déjà elle s’avançait sur la corde, droit devant lui.
« Suis-moi, il faut lutter. Si tu ne fais rien, l’agonie d’épice va t’emporter. »
Elle disparaissait au bout du tunnel.
Thomas-Leto sentait le poison qui coulait dans ses veines, là-bas dans son vrai corps. Oubliant l’équilibre précaire, il courut rejoindre sa mère ; mais il alla trop loin, dépassa les limites du tunnel, s’enfonçant dans les ténèbres. Il tombait, bien au-delà du point où avait disparu Cyndie. Il était là où aucune Bene Gesserit n’était jamais allée. Et il était seul, sans aucun secours, tout proche de la mort. Cependant, il se battait avec une résistance farouche, neutralisant les toxines une à une dans une lutte acharnée. Il assimilait le poison, et sa puissance devenait sienne. Il prit enfin conscience de son corps, à un degré qu’il n’aurait jamais cru imaginer. Il ressentait chaque muscle, chaque nerf. Chaque cellule de sa machine biologique. Dans le même temps, son esprit s’ouvrait, explorait les horizons inconnus de la mort. Des images, des sons, des odeurs affluaient de touts parts, des souvenirs de vies passées, lointaines, remontant aux origines de l’humanité, hommes et femmes confondus. Les arbres généalogiques se tressaient dans son cerveau, il était chacune de ses personnes, et bien plus encore.
Ah ! Les Bene Gesserit avaient bien fait leur travail, mais le résultat de leurs manipulations allait dépasser de beaucoup leurs rêves les plus fous. Son esprit, chargé de ces connaissances nouvelles, s’ouvrit encore un peu plus, laissant la puissance de la Force déferler en lui. Il ne tenta pas de la maîtriser, il ne chercha pas à éviter le duel que craignait chaque maître Jedi. Côté Clair, Côté Obscur, il était bien au-delà de tout cela. Il remonta jusqu’à l’essence même de la Force, il s’abreuvait à la source de l’univers ! Il étendit ses perceptions sur le champ infini de l’espace et du temps, laissant planer ses pensées, ivre d’une telle puissance.
Et soudain, il les sentit. Un trou, une poche de vie à l’orée de la galaxie. Il vit des armées d’une race inconnue, dotée d’une technologie organique redoutable, et d’une terrible rage de vaincre. Les Détraqueurs Vong avaient lancé la première vague de leur conquête fanatique d’un nouvel espace vital en l’honneur de leur dieu Epouvantard Yuhzzan. Son maître et ami, Benje Socar, était leur prisonnier. Il souffrait, comme jamais homme avant lui n’avait souffert. Notre héros ouvrit les portes de l’avenir, entrevoyant les multiples possibilités, les routes nombreuses qui s’ouvraient de part et d’autre de son chemin.
Tout était affaire de choix, croyait-on. Mais le choix n’est qu’une illusion. Ce ne sont pas les choix qui font l’avenir, mais les hommes. Tout dépend de leur interaction ; comme des boules de billard, lancées sur une trajectoire bien précise, puis soudain jetées dans une toute autre direction si elles rencontrent en route une autre boule, inattendue. Ce facteur imprévisible, c’est le hasard.
Et désormais, il était ce hasard.
Lui, Thomas-Leto Fo’ld, avait une mission. Depuis leur naissance, les hommes avaient toujours lutté contre un ennemi longuement défini : l’imprévu. Rien ne devait échapper à leur contrôle, il leur fallait être les Maîtres de la destinée. Mais comment faire, seul ? Il fallait s’associer, unir ses forces pour subsister, bien sûr, pour survivre et se développer, mais aussi pour contrôler. La République est née de ce désir de rétro-contrôle : en définissant une place pour chacun, en traçant un cercle autour de chaque être, elle lui permettait de se protéger des autres hommes, de mieux cerner son environnement, avoir une prise qu’il croyait directe avec lui pour mieux y exercer son pouvoir, alors que c’était le contraire. Tout est devenu virtuel, tout contrôle a disparu. La vie, sauvage, puissante, terrible, s’est enfermée dans le mécanisme. Les hommes se sont transformés en espèces de robots vivants, dotés seulement de fonctions accessoires supplémentaires : l’amour-propre et le désir. Toute trace de l’homme originel n’a pourtant pas disparu : l’amour, et toute autre forme de passion en font partie. Mais combien ont-ils pu s’affadir avec les âges, remarqua Thomas-Leto !
Oui, cela allait changer. Il était l’imprévu qui allait bouleverser leurs vies bien réglées, l’aiguille qui allait réveiller leur passion. Il leur montrerait la voie de la liberté, avant qu’il ne soit trop tard. Il fallait attiser en eux la flamme de leur humanité. Voldtari, sans le savoir, avait commencé à jouer ce rôle. Resté hors du cosmos humain pendant des millénaires, il avait bouleversé les habitudes de la République, remué les cœurs, ravivé une flamme que l’on croyait presque éteinte. Cependant, son but était corrompu. Maintenant que son rôle d’initiateur était terminé, il fallait mettre un terme à ses agissements.
Son Maître devrait attendre. La Nouvelle République était avertie de la menace des Détraqueurs Vong, certes ; comme toujours, elle réagirait trop tard. De toute façon, ses forces étaient trop faibles. Mais d’autres puissances se cachaient, d’autres armées attendaient de passer à l’attaque.
Et surtout, un nouveau facteur était en jeu.
Lui, Thomas-Leto Fo’ld.
Le Kwisatz Haderach.

* * *

La torture s’était arrêtée, momentanément, et un extraterrestre soignait leurs multiples blessures, que l’Etreinte de la Douleur prendrait un malin plaisir à rouvrir. Benje attendit que l’humanoïde soit parti pour tourner lentement la tête vers Maria. Il savait qu’ils disposaient encore de quelques minutes avant que le supplice ne reprenne. La Bene Gesserit souffrait, sans doute plus que lui car elle ne pouvait trouver refuge dans la Force, mais elle ne laissait échapper aucune plainte.
« Ça va ? croassa le Jedi, la gorge sèche.
- J’ai connu des hôtels plus confortables », grommela-t-elle.
Cette plaisanterie leur arracha un sourire.
« Vous croyez que la République enverra un vaisseau de secours ?
- Trop enlisée dans la bureaucratie pour ça. Quant aux Jedi ou aux Sœurs, il faudrait pouvoir les contacter, ce qui est impossible pour le moment. A moins que ces brutes n’acceptent de nous laisser passer un message.
- La République doit pourtant être prévenue. »
Maria eut un sourire aigri.
« De toute façon, nous ne pouvons rien faire. Alors, changez-vous un peu les idées avant qu’ils ne rallument cet engin du diable !
- Je n’y arrive pas. Si seulement je pouvais localiser Thomas-Leto dans la Force. Il a… comme disparu. Notre lien psychique a été rompu le jour où nous avons été capturés, et depuis je ne le sens plus. Pourvu…
- Qu’il ne soit pas tombé dans un piège ? N’ayez crainte, répondit Maria, votre protégé peut très bien se débrouiller seul.
- Vous autres, les Bene Gesserit, l’avez appris à vos dépend. »
Le Jedi voulut s’étirer, mais il ne fit que resserrer les liens autour de ses poignets, réveillant la douleur.
« Nous autres, comme vous dîtes, avons nos raisons pour agir comme nous le faisons. Des raisons qui dépassent vos calculs simplistes.
- Vous ne niez donc plus !
- Le lieu est peut-être mal choisi pour polémiquer… » trancha Maria.
Elle en avait déjà trop dit.
Benje Socar s’était saisi de cette dernière phrase, et la répétait lentement, cherchant visiblement à se remémorer où il avait déjà pu l’entendre, lancée sur le même ton sec.
Oui… Il se souvenait. Il y avait vingt et un ans de cela. Sur Sullust. Il veillait alors sur la jeune Cyndiamidala, comme il l’avait promis à son maître avant sa mort. L’adolescente faisait partie d’un voyage diplomatique, où elle accompagnait les sénateurs de Louqsor. Un imposteur avait pris les commandes du taxi volant qui devait les amener à l’hôtel, et menaçait de tuer la jeune fille. Il s’en était fallu de peu pour que la fille de Voldtari disparaisse ce jour-là, et Benje Socar n’aurait jamais pu réussir à la sauver sans l’aide d’une mystérieuse inconnue grimée en Twilek.
Le lieu est peut-être mal choisi pour polémiquer ! lui avait-elle lancé au visage avant de disparaître quand il avait voulu la remercier et lui poser quelques questions.
« Sur Sullust, c’était donc vous ! »
Maria soupira. Il était trop tard pour les secrets. Et puis, tous deux iraient bientôt rejoindre leurs ancêtres dans leur tombe.
« C’était il y a bien longtemps.
- Vous surveilliez Cyndiamidala, n’est-ce pas ? Tout comme vous surveillez Thomas-Leto. Chercheriez-vous donc à récupérer les pouvoirs de Voldtari ?
- Non.
- Cela expliquerait pourtant votre présence lors de la Quête du Fléau de Voldtari.
- Je vous ai déjà répondu que ce n’était pas le cas, s’impatienta Maria. Vous ne pouvez pas comprendre nos plans, nous n’avons que faire de vos pouvoirs Jedi. Seule la génétique compte, l’amélioration de la race humaine pour éviter l’extinction. Le Kwisatz Haderach ! »
Benje Socar commençait lentement à entrevoir la trame des Soeurs.
« Vous manipulez les lignées génétiques, et la lignée Voldtari faisait partie de vos calculs !
- Non. Voldtari était un élément imprévu, qui a bouleversé nos expériences. Un sang ancien a tout accéléré. Celui que nous attendions dans des milliers d’années était soudain à portée de main si nous réussissions à faire rentrer un second facteur dans l’équation, tout aussi improbable que le premier.
- Jake Fo’ld ?
- Vous comprenez vite, remarqua Maria. Oui, le fils d’une des plus anciennes familles de sorciers, aux pouvoirs pourtant presque éteints. Une anomalie aussi, comme nous l’avons découvert par la suite : le fils d’un Danseur Visage Tleilaxu, le seul dans toute la galaxie ! »
Le Chevalier avait peine à croire ce qu’il entendait.
« Attendez, vous voulez dire que vous avez accouplé Cyndiamidala et Jake Fo’ld ?
- L’amour y a contribué, oui.
- Vous êtes donc responsables de la capture de la Reine sur Arrakis ? Vous auriez pu anéantir notre mission, et amener le retour de Voldtari !
- C’était un risque à courir, répondit simplement la Bene Gesserit. Nous sommes passées à deux doigts de l’échec, mais nous avons réussi.
- Comment pouvez-vous… »
Le reste de la phrase fut noyé dans un flot irradiant de douleur.
L’Etreinte de la Douleur venait de se réveiller…

* * *

Elle était tombée grossièrement dans le piège qu’on lui avait tendu. Aveuglée par l’espoir et l’amour, elle n’avait pas su déceler la ruse machiavélique qui maintenant allait causer la perte du Bene Gesserit. L’hologramme de Jace était un faux : non pas un double informatique, ni même un Danseur Visage, mais un sosie ! Sophia n’avait découvert que trop tard l’émetteur caché dans le cube holographique, quand elle avait rompu le câble électrique qui alimentait une sorte de voile d’invisibilité, tant visuel que radiographique. Un procédé qui portait la marque du Rayon Z, et donc de Voldtari…
Quelqu’un s’était emparé de la technologie de l’Empereur pour la tromper et découvrir l’emplacement de la Planète du Chapitre ! D’une minute à l’autre, une flotte pouvait surgir, dotée de cette redoutable arme d’invisibilité. Elle avait immédiatement détruit le Cheval de Troie, mais cela ne servait désormais plus à rien. Elle courut aussitôt au bureau de MacGonagall, une composition sereine sur le visage, pour la prévenir du danger imminent.
« Comment pouvez-vous être certaine d’une chose pareille ? » demanda brusquement la vieille femme.
MacGonagall n’avait jamais vraiment aimé Sophia Helena, même du temps où elle était reine d’Amazonia. Trop jeune, trop irresponsable. L’attaque surprise et la capture par Voldtari lui avaient permis d’accéder facilement au rang de Mère Supérieure du Bene Gesserit. Elle s’était crue un instant menacée par la réapparition surprise de Sophia lors de la Bataille de Mordor, mais elle avait réussi à la maintenir à l’écart grâce à un statut purement honorifique. Comment pouvait-on faire confiance à une femme qui avait fréquenté de si près le démon en personne, à une reine qui n’avait pas hésité à sacrifier son pouvoir pour devenir simple nourrice !
« Faites-moi confiance, une flotte viendra, plus vite que vous ne le pensez, répondit Sophia.
- Puis-je connaître les raisons d’une telle certitude ?
- Il vous suffit de savoir qu’une flotte va arriver dans les plus brefs délais.
- Je vous tiendrai pour personnellement responsable de tout ce qui se passera ! »
Aussitôt, MacGonagall aboya des ordres aux agents de la sécurité.
Elle avait lu la peur dans les yeux de Sophia, et savait qu’elle avait dit la vérité.
Trop tard !
Une explosion sourde gronda dans l’atmosphère. Les batteries aériennes s’étaient mises en marche et des éclairs violets striaient les cieux. Les deux Bene Gesserit se précipitèrent aux fenêtres, mais elles ne voyaient rien. Soudain, la batterie la plus proche décolla littéralement du sol, emportée par une explosion. Les flammes révélèrent de petites silhouettes qui s’activaient sur le sol, sabres-lasers à la main.
« Des Jedi ! cracha MacGonagall.
- Non, c’est impossible. Jamais ils ne pourraient faire une chose pareille… » disait Sophia, perdue.
Les soldats qui encerclaient le bâtiment usaient pourtant bien de l’arme des Chevaliers, déchaînant des tempêtes de Force contre les soldats acolytes. La résistance des Sœurs était acharnée, et de nombreux soldats ennemis tombaient sous leurs coups, mais il en apparaissait sans cesse, parachutés depuis un point invisible. Quand toutes les défenses au sol furent détruites, des dizaines de vaisseaux se dévoilèrent dans les cieux, frappés d’un emblème que l’on croyait disparu à jamais : la tête couronnée de lauriers, surplombant deux épées entrecroisées.
Voldtari !
Sophia tremblait, et la Mère Supérieure semblait prête à exploser.
Une voix crépita dans le comlink de MacGonagall.
« Les portes vont céder d’un moment à l’autre, Madame. Il vous faut immédiatement quitter les lieux.
- Jamais de la vie ! » dit la vieille femme en éteignant l’appareil.
Une nouvelle explosion fit trembler le bâtiment.
« Regardez donc ce que vous avez fait… » murmura MacGonagall à l’adresse de Sophia.
L’autre n’était pas en état de lui répondre.
Au plus profond de son être une puissance était revenue la hanter.
Il arrive.
Des cris résonnaient dans les couloirs, ponctuant les bruits de luttes.
Il est tout près.
La dernière défenseuse tomba, et un silence de mort plana sur les lieux.
Il est là.
La grande porte en framboisier qui ouvrait sur le spacieux bureau de MacGonagall vola en éclats, révélant une sinistre silhouette. La Mère Supérieure eut un hoquet de surprise, le premier de sa longue existence, et aussi le dernier. Sa gorge était obstruée par une puissance invisible, l’empêchant de respirer. Ses forces déclinèrent rapidement et sa vue se voilait. Elle finit par tomber à genoux, suffoquant.
« Enfin, vous vous agenouillez devant moi ! » clama la voix forte de Voldtari.
La vielle femme était morte avant la fin de la phrase.
« Et maintenant, à nous deux, très chère Sophia ! »

* * *

Les soldats cherchèrent longtemps, et ne trouvèrent rien. Ils finirent par rentrer bredouilles au quartier général, en plein cœur de Bandalong. Deux hommes restèrent pourtant en retrait, et sitôt les portes franchies s’éclipsèrent à l’abri des caméras de surveillance. Vous aurez reconnu, malgré leurs déguisements, Cyndie et le Chevalier Mace Alton. En effet, ils avaient profité de l’obscurité pour assommer deux de leurs assaillants et enfiler leurs tuniques, le projecteur holographique complétant l’illusion ; un simple sort avait permis à Cyndie de masquer les deux corps inanimés.
Ils étaient maintenant dans la place. C’était là, une centaine d’étages au-dessus de leur tête, que Jake Fo’ld était retenu prisonnier par les Tleilaxu. Le plus simple était derrière eux. Ils ne pourraient pas avoir recours au même subterfuge cette fois-ci. Cyndie regrettait de ne pas avoir emporté une fiole de Polynectar comme le lui avait si souvent recommandé Benje Socar. Il leur fallait pourtant un plan pour accéder aux étages. Leurs visages étaient placardés sur tous les murs et la sécurité accrue.
Mais nos deux héros ne manquaient pas de ressources…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Sam 10 Juin 2006 - 9:05   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 10

Chapitre X
La chute d’Icare


« La lumière ne chasse pas toujours l’ombre. Souvent, elle ne fait que la renforcer.»
Extrait des Mémoires d’un chevalier Jedi par Benje Socar



Mudir laissait le vent du désert gonfler les plis de son distille en pleine tombée de la nuit, à l’heure où règnent les ombres. L’ivresse de la chevauchée du ver s’était emparée de lui, l’approvisionnant de forces inconnues. Il avait eu une vision de Shai-Hulud, lors de la dernière orgie d’épice, lui ordonnant de le rejoindre en plein cœur du bled, là où aucun Fremen avant lui n’avait osé s’aventurer. Mudir était très pieux, et il avait exécuté à la lettre les ordres de la divinité du désert. C’était un ver énorme, aussi grand que ceux des anciennes légendes, qui avait répondu à son appel, et qui le menait à travers les dunes depuis deux longues journées sans se reposer. L’oxygène pur rejeté par la course du Léviathan brouillait ses idées, et c’était dans un état d’hébétude mystique qu’il accomplissait son voyage.
Cela faisait déjà bien longtemps qu’il avait dépassé les limites du grand ouerg pour s’enfoncer au plus profond des dunes, d’où aucun homme n’était revenu vivant. Mais Shai-Hulud lui avait parlé, et il ne connaissait pas la peur. Au bout de la troisième journée, le ver ne montrait toujours aucune trace de fatigue.
Impossible, se disait Mudir. Ce devait être le dieu en personne qui inspirait son représentant.
Soudain, le ver stoppa aussi brutalement que s’il s’était trouvé au bord d’un précipice, ou à proximité d’une poche d’eau. Curieux, le fremen pencha la tête en avant pour tenter de voir ce qui avait pu provoquer une telle réaction chez l’animal.
Il n’y avait rien, juste la platitude du désert, une vaste mer de sable aux vagues figées par la tempête. Le ver ne bougeait toujours pas, semblant attendre un ordre muet. Etonné, Mudir se risqua à descendre de l’animal. Il s’avançait discrètement, tel un oiseau de proie, la main droite posée sur le fourreau de son krys. Arrivé à l’extrémité de la gueule, tout près de la fournaise, il bondit et fit face…
Un démon du désert !
De la taille d’un enfant, ou à peine plus grand, des traits durs, un regard millénaire, et une peau semblable à une écaille de ver qui emmailloterait un corps humain.
La créature le sondait, satisfaite.
« Tu as répondu à mon appel, Mudir. »
D’un geste de la main, il congédia le ver qui fit lourdement marche arrière et s’enfonça dans les sables brûlants.
Mudir restait stupéfait, incapable de prononcer un seul mot. Il avait la gorge sèche, et il était épuisé. Pourtant, ses muscles étaient bandés, prêts à se défendre si le démon cherchait à s’attaquer à lui.
« Je ne te veux aucun mal. Suis-moi, regarde, et raconte aux tiens. »
La créature poussa un long sifflement, proche de la plainte, et frappa le sable du pied avec plus de force qu’un marteleur. Au bout de quelques instants, un nouveau ver des sables fit son apparition. Il jaillit hors d’une dune la gueule ouverte, prêt à les engloutir, mais il stoppa net dès qu’il fut à moins d’un mètre d’eux. Mudir pouvait sentir les exhalaisons torrides du monstre. Son cœur palpitait comme jamais dans toute son existence.
Maintenant, il avait peur.
Le diable du désert le saisit soudain au bassin et d’un bond ils atterrirent sur le dos du monstre qui entama sa course dans les dunes.
C’en était trop pour Mudir.
Il brandit son krys face à lui, en position d’attaque.
Le petit démon le regardait avec une lassitude peinée.
« N’aie pas peur, je ne te veux aucun mal, Mudir. »
La fatigue commença à obscurcir son esprit. Il avait sommeil, soif et faim. La pression de son long voyage commençait à faiblir, et ses forces avec elle.
« Que… me faites… vous ? Je… »
Il tituba, cherchant à abattre son krys, mais il tomba profondément endormi aux pieds de son ennemi, happé par le sommeil.

Un peu d’eau tomba entre ses lèvres craquelées. Elle avait un goût étonnement doux et sucré, un peu comme le sirop que les enfants tiraient des truites des sables. Ses pensées se firent soudain plus nettes, et Mudir ouvrit les yeux. Il était allongé sur une roche plate dans la pénombre bienfaisante d’une grotte souterraine. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il pouvait se trouver. Il se releva facilement, pour découvrir le démon des sables à ses côtés. L’être mystérieux avait veillé durant tout son sommeil, qui pouvait avoir duré quelques heures, aussi bien que plusieurs jours.
Le démon lui proposa quelques galettes d’épice qu’il s’empressa d’engloutir, puis l’invita à le suivre à l’extérieur.
« Regarde », lui avait-il simplement dit avant de le laisser à l’entrée de la caverne.
D’un bond prodigieux, le petit diable avait franchi une bonne centaine de mètres, et sitôt qu’il avait foulé le sol il s’était élancé à nouveau, jusqu’aux hauteurs d’une dune éloignée. De son promontoire, Mudir ne distinguait que vaguement la forme humanoïde qui l’avait amené ici. Elle poussa un cri terrifiant qui résonna d’un bout à l’autre du désert. Ce fut ensuite le silence, et l’absence de mouvement. Le pauvre Fremen ne comprenait pas ce qu’il se passait, il ne cherchait même pas à bouger : ici, toute fuite était inutile. Il ne pouvait qu’attendre, et regarder.
Dix bonnes minutes filèrent sous un soleil de plomb sans que rien ne se passât. Le démon était parfaitement immobile dans l’air irritant. Soudain, au loin, on put entendre un sifflement aigu, celui d’un frottement sec et rapide avec le sable sur une grande largeur : l’approche d’un ver, appelé par la petite silhouette silencieuse. Le grondement s’amplifia de seconde en seconde, et au bout d’un certain temps Mudir distingua un deuxième bruit similaire, qui vint s’ajouter au premier.
Puis un troisième.
Un quatrième !
Quatre vers des sables, convergeant depuis tous les points cardinaux, couraient à la rencontre du démon du désert. Quand ils furent à près de deux cent mètres, ils bondirent hors du sable, continuant leur course. Mais tout à coup, comme s’ils avaient heurté un mur de pierre, ils se dressèrent, jaillissant vers le soleil du matin, plus haut, toujours plus haut. Mudir en était bouche bée : l’être mystérieux commandait aux vers ! Les mastodontes restèrent en l’air jusqu’à ce qu’on leur ait ordonné de redescendre. Un épais nuage de sable et de poussières accompagna leur chute, mais il fut vite balayé par un vent invisible. La silhouette passa entre chaque ver, les caressa doucement, puis avec une petite tape commanda à trois d’entre eux de rejoindre les profondeurs du sable, comme s’il s’était agi de simples chiens, l’autre attendant les ordres.
Le Fremen n’en était pas au bout de ses surprises. En quelques bonds l’être prodigieux fut sur lui.
« Observe. »
Effrayé, Mudir s’était d’abord reculé, mais une ferveur nouvelle l’avait encouragé à combattre sa peur.
L’autre avait posé sa main sur un pan de roche et semblait se concentrer. Une ride profonde creusait son visage d’enfant, sa main tremblait. C’est alors que quelque chose bougea dans les profondeurs du sol, faisant se fissurer la pierre entre les jambes du Fremen.
Et un filet d’eau jaillit !
Mudir dut se retenir à un pic pour ne pas tomber.
L’eau prenait de la force, léchant les jambes nues de l’homme.
Tout s’arrêta pourtant dès que le petit diable relâcha son effort.
« Va, dit-il soudain d’une voix puissante. Raconte aux autres hommes ce que tu as vu. Prends ce ver, il te reconduira chez toi. Si les tiens veulent me voir, ils n’auront qu’à s’avancer jusqu’aux portes du désert et crier mon nom.
- Quel est ton nom, démon du désert ? osa demander le Fremen.
- Mon nom est Thomas-Leto. »

* * *

Le nouveau vaisseau spatial de Voldtari était une copie parfaite de son Astre de la Destruction, même si démesurément plus grand. Un groupe de clones Jedi avait amené Sophia dans sa cellule, réplique de la cabine qui était la sienne lors des premiers temps de l’Empire. Elle était libre d’aller où elle voulait, mais deux gardes veillaient étroitement sur elle. Une collation lui fut servie par deux exquises créatures que la Bene Gesserit n’aurait jamais attendu trouver dans la clique de l’Empereur déchu ; elle ne toucha à rien, même si elle pouvait affirmer avec certitude qu’aucun poison n’avait été déposé dans les aliments. Elle fut desservie sur l’heure par les mêmes jeunes femmes dans le silence le plus complet. Sophia ignorait ce qu’il allait advenir d’elle, maintenant que Voldtari avait mis la main sur tous les secrets des Sœurs, concernant entre autres de précieuses informations sur le gouvernement républicain.
Mieux valait attendre. Un livre était posé sur la table de chevet, un roman d’intrigues psychologiques comme elle en aimait tant dans sa prime jeunesse. Emportée par l’histoire, elle le lut d’une traite, oubliant par moments sa triste condition. A la dernière page, un mot était apposé de l’écriture de Voldtari.
« Venez me retrouver sur le pont à onze heures. »
La flotte choisit ce moment pour jaillir de l’hyperespace.
Elle consulta son chronomètre : il était onze heures (heure galactique).
Les gardes frappèrent à sa porte, l’invitant à les suivre. Elle fut conduite jusqu’à Voldtari, sur le pont principal du navire. Son sang ne fit qu’un tour lorsqu’elle reconnut la silhouette planétaire qui envahissait la baie : Amazonia, sa tendre planète natale.
« Vous voilà, très chère. Il ne manquait plus que vous pour que le spectacle commence ! »
La boutade de l’Empereur fut ponctuée par un rire porteur de menaces.
« Que me voulez-vous, Voldtari ? gronda Sophia.
- Votre ton était autrefois plus chaleureux ! Qu’importe, vous n’êtes plus maintenant pour moi qu’un pion qui a bien joué son rôle, et qui attend qu’on le débarrasse du plancher. Comment disiez-vous, déjà ? Le destin de la galaxie toute entière était entre mes mains de jeune femme, et je n’y pouvais rien. Je n’étais qu’un pion, rien de plus, sur le vaste échiquier de l’univers… Mais avant d’en finir, je tiens à punir la traîtresse qui a causé ma perte, et après le fils, c’est la mère qui paiera pour les crimes de cette peste de Cyndiamidala. »
Thomas-Leto !
« Oui, votre petit-fils a péri dans les sables d’Arrakis, écrasé par la chaleur. A l’heure qu’il est, les rapaces doivent se disputer les restes de sa dépouille. »
Un auxiliaire apparut de nulle part pour murmurer à l’oreille de Voldtari que tout était prêt.
« Ah ! Eh bien, prenez place, le spectacle va commencer. Tragédie en un acte, un tableau. Je l’ai intitulé La disparition des Amazones. J’ai moi-même assisté tout jeune à une représentation de ce genre sur Mordor, et j’aimerais que vous souffriez autant que j’ai souffert, sorcière Bene Gesserit ! »
Sophia comprit dans l’instant l’horreur de ce que Voldtari lui réservait. Oubliant tous ses principes, elle poussa un long cri de désespoir qui reçut pour seule réponse une exclamation amusée de l’Empereur.
Toute la flotte stationnait autour de la planète, protégée par son incroyable dispositif d’invisibilité. Des dizaines de Super Destroyers et de croiseurs gigantesques, une multitude de corvettes puissamment armées et des milliers de chasseurs tariens, tous pilotés par des soldats clones coordonnés par d’autres clones, Jedi Noirs à la solde de Voldtari. Le tout était dominé par le vaisseau personnel de l’Empereur, le Vengeance, équipé de turbolasers nouvelle génération, plus meurtriers que leurs prédécesseurs car puissamment explosifs. Le vaisseau impérial stationnait au-dessus de la capitale. En bas, des milliers de gens menaient leur petite vie tranquille, ignorant le danger qui pesait sur leurs têtes. Un jeune homme déclarait sa flamme à sa bien-aimée, un petit garçon récitait son poème devant ses camarades, une mère chantait une berceuse à son enfant… Tous allaient bientôt être écrasés par la folie destructrice d’un seul.
« Non, je ne suis pas fou ! cria Voldtari. Tout ce qui va arriver est la faute de la République et de son régime périmé, atteint de pourriture et de gangrène. Vous allez bientôt partager mes sentiments. Un message a été envoyé pour prévenir la flotte républicaine. Nous verrons si elle arrive à temps. »
Sophia n’était plus maîtresse de son corps, et ne pouvait que regarder, sombrant chaque seconde un peu plus dans le désespoir.
« A mon commandement, vous ouvrirez le feu. »
Puis, se retournant vers sa prisonnière :
« Admirez une dernière fois le panorama, ma chère. Dans quelques instants, il sera trop tard, à jamais ! »
Le ricanement démoniaque fit tomber les derniers pans de maîtrise de la pauvre femme.
Mais Voldtari cria avant qu’elle n’ait le temps de prononcer un seul mot.
« Ouvrez le feu ! »
Aussitôt, l’apocalypse s’abattit sur toute la surface de la planète.

Quand la flotte quitta le système, Amazonia n’était plus que cendres stériles. Les mers s’étaient évaporées, les montagnes avaient explosées, et les villes, rasées. Toute vie avait été éradiquée, en cinq minutes.
La vengeance de Voldtari avait sonné…

* * *

Mudir était revenu, accompagné de plusieurs des siens. Thomas-Leto prodigua de nouveaux miracles, et très vite la rumeur de ses exploits se répandit à travers les sietchs fremen. Au bout d’une semaine, des milliers d’hommes avaient répondu à son appel. Très vite, ils reconnurent en lui l’être des légendes, celui qui apporterait l’eau sur Arrakis, le Maataï. Une foule toujours plus nombreuse venait le consulter, lui demander conseil et l’honorer.
Il n’était plus un homme, il était leur dieu. Le désert l’avait transformé. Quand il avait émergé de la transe du poison d’épice, fort de la révélation de ses capacités et plus en phase que jamais avec la Force, il avait vite compris qu’un seul moyen s’offrait à sa survie. Un unique partage qui allait bouleverser l’existence de la galaxie : sa vie s’étirerait sur des millénaires, pendant lesquels il redonnerait à l’humanité un nouvel élan créatif. Désormais, il était vitalement attaché à Arrakis, son nouveau foyer. Appelant les truites des sables à lui, celles qui avaient retrouvé leur forme originelle après la mort du ver dans son combat titanesque, il les avait laissées se coller à lui, plonger leurs filaments au plus profond de son corps, ignorant la douleur, puis il les avait assimilées. Leurs forces étaient désormais siennes. A l’aide de ses nouveaux pouvoirs, il avait refaçonné son corps et s’était créé une nouvelle main d’une puissance exceptionnelle. Dans le même temps, il avait modifié sa nouvelle chimie moléculaire pour stopper la lente transformation qui aurait fait de lui à terme, dans quelques centaines d’années, un ver des sables pareil à celui qui avait donné un cours nouveau à son existence.
Mais un prix était à payer pour sa transformation : il ne pourrait vivre plus de quelques semaines loin des sables d’Arrakis, et l’eau lui était mortelle. Il lui faudrait s’en accommoder. Il avait passé des heures entières à expérimenter ses nouveaux pouvoirs, courant plus vite que le guépard, bondissant sur des distances et des hauteurs incroyables. Sa force dépassait l’entendement. Avec son nouveau corps et ses pouvoirs de Chevalier de la sabro-baguette, il était quasiment invincible ! Encore lui fallait-il une arme... Il était retourné jusqu’à la carcasse du Dragon Krayt : au fond de sa gorge, il découvrit un trésor pour lequel de nombreux chasseurs risquaient leur vie dans les cavernes de Tatooine. Une perle de taille moyenne mais d’une pureté rare. Avec une dent du ver des sables, un krys comme l’appelaient les Fremen, il sculpta un manche décoré de motifs sibyllins. Enfin, à l’aide de quelques composants électroniques dérobés dans un village du Nord, il forgea un nouveau sabre-laser.
C’est alors qu’il avait lancé son appel et que Mudir était venu à lui. Depuis leur première rencontre, les fremen ne cessaient de venir le voir. Un jour qu’il traversait le désert avec quelques naibs des sietchs voisins, ils furent (intentionnellement) surpris par une puissante tempête de sable. Les vents soufflaient à près de huit cent kilomètres à l’heure, soulevant des nuages de sable qui détruisaient tout sur leur passage, rongeant la chair et les os. Mais Thomas-Leto avait laissé la tempête venir à eux, ignorant les hommes terrorisés. Quand les premiers grains de sables mordirent sa joue, il leva les bras haut devant lui, les écartant soudain comme s’il ouvrait un rideau. La tempête se scinda alors en deux, de part et d’autre des voyageurs. Au centre, le calme plat du désert. Autour, la mort.
Depuis cet exploit, les naibs lui avaient juré une fidélité absolue. La mystique fremen était sienne ; une armée de fanatiques loyaux et sûrs marchait sous ses ordres. Mais il n’avait pas été assez vite, et Amazonia avait payé le prix de sa lenteur. Il fallait mettre un terme aux agissements de Voldtari, avant qu’il ne vienne tout gâcher. Thomas-Leto prit la tête de la révolution d’Arrakis, et les anciens dirigeants, la famille Harkonnen, qui depuis toujours s’opposaient tyranniquement aux Fremen, furent massacrés. Son armée prit la tête de la planète après de sanglants combats, dominant la production d’Epice et les chantiers navals.
Tout se déroulait selon son plan.

* * *

Le Sénat grondait comme sous l’effet d’une avalanche. Un déluge de nouvelles alarmantes était cause de ce vacarme tonitruant. Une flotte invisible frappait, n’importe où, n’importe qui, n’importe quand. Tout avait commencé avec la destruction sanguinaire d’Amazonia ; depuis ce jour fatidique, de nombreux convois d’armement et de passagers avaient été interceptés sur plusieurs routes commerciales, jetant la panique sur tous les habitants de la République. Il semblait que nul n’était à l’abri de ces vaisseaux fantômes. Les routes spatiales n’étaient plus sûres. Lentement, l’économie républicaine était en train de se paralyser : les transporteurs se faisaient méfiants, ce qui entraînait une baisse de la spéculation boursière. Pire encore : la paranoïa guettait les mondes du Noyau qui craignaient une attaque surprise à grande échelle.
Le Conseil Jedi n’était pas en mesure de fournir des réponses précises, de même que les conseillères Bene Gesserit. Les deux auxiliaires de la République restaient plongés dans un bien étrange mutisme.
« Silence ! J’exige le silence ! »
Le Président Magister, excédé, pressa une touche sur son pupitre, et aussitôt les haut-parleurs se turent, à l’exception du sien. Le grondement des sénateurs baissa soudain d’intensité, mais ce n’est pas pour autant qu’ils s’étaient résignés au silence.
« Veuillez vous taire ! »
Rien n’y faisait. La folie semblait avoir gagné le Sénat, à l’heure où pourtant de graves décisions devaient être prises.
Magister enfonça une nouvelle fois la commande sonore. Des cônes de silence s’allumèrent au-dessus de chaque cabine sénatoriale, amenant enfin un peu de calme.
« Messieurs, si je vous ai convoqué aujourd’hui en cession extraordinaire, ce n’est pas pour participer à vos querelles enfantines. Nous devons mettre un terme aux agissements de cet agresseur invisible avant de subir de nouvelles pertes catastrophiques. Il nous faut découvrir ses motivations ; dans un premier temps, nous essaierons de lancer des négociations. Peut-être suffiront-elles. »
Un bruit de verre brisé ponctua son discours, et une voix s’éleva, libérée du cône de silence.
« Comment voulez-vous négocier avec un fantôme ? Nous ne savons rien de cette force qui attaque nos vaisseaux, aucune de ses actions n’est prévisible.
- Sénateur Zaar, veuillez regagner votre place. »
Aussitôt, une centaine de sénateurs imitèrent leur compagnon et le brouhaha reprit de plus belle.
Dépité, le Président Magister se laissa tomber sur son siège.
A l’évidence, la République ne fonctionnait plus…

* * *

Le vaisseau de Thomas-Leto, réquisitionné dans les hangars Harkonnen, était prêt à décoller avec à son bord une centaine d’hommes déterminés à combattre quand un messager vint annoncer qu’un homme du nom de Cartos Fascina avait été capturé non loin du sietch Almaar. Le prisonnier déclarait être à la recherche d’un jeune garçon appelé Thomas-Leto Fo’ld.
« Je l’attendais. Conduisez-le jusqu’à moi. »
En homme libre, ajouta-t-il.
Quelques instants plus tard, le vénérable Jedi entrait dans la cabine du chef de la rébellion fremen.
« Maître, j’espérais bien votre visite », déclara Thomas-Leto avec un signe respectueux de la tête.
Le Jedi laissait un masque de surprise paraître sur son visage, ce qui était plutôt inhabituel.
« Oui, Maître, c’est bien moi. Thomas-Leto Fo’ld ; même si je ne suis plus l’enfant que vous avez connu. Mais nous n’avons que très peu de temps. Voldtari est de retour, à la tête d’une puissante armée de fantassins Jedi. Des clones totalement obéissants. C’est lui qui est responsable de la destruction d’Amazonia, grâce à sa flotte invisible. La Planète du Chapitre, bastion Bene Gesserit, est tombée entre ses mains, ce qui rend la République d’autant plus vulnérable à ses attaques à cause des informations secrètes que détenaient les Sœurs.
- Mais comment sais-tu tout ça ? Et que t’est-il arrivé ?
- La question n’est pas là, et je vous demande de me croire sur parole. Je me charge de Voldtari et de son armée. »
Maître Fascina allait parler, mais il comprit au ton de Thomas-Leto qu’autre chose était en jeu. Une menace plus grande encore.
« Le véritable danger est ailleurs. Dans l’espace de Phoenix IV. Une armée d’invasion extragalactique rassemble ses dernières forces avant de lancer l’assaut sur les mondes de la République. L’éclaireur que vous avez envoyé sur place est mort, Benje Socar et la Bene Gesserit ont été capturés. Vous devez immédiatement lever une armée. Sinon, il sera trop tard.
- Mais…
- Faîtes vite. Ne retournez par sur Coruscant, la capitale n’est plus un lieu sûr pour les Jedi, Voldtari a déjà gagné cette manche. Allez plutôt quérir de l’aide du côté des vrais alliés de la République, sur Poudlard. Dès que possible, lancez la bataille. Attendez mon arrivée, à l’aube du cinquième jour. Adieu. »
Deux gardes fremen étaient venus reconduire Maître Cartos Fascina tandis que Thomas-Leto rejoignait le poste de pilotage. Dix minutes plus tard, la corvette décollait pour le Mordor, laissant le Maître Jedi à ses interrogations.

* * *

Sur Coruscant, c’était la panique la plus totale : le Président Magister, ainsi que deux ministres, respectivement attachés à la défense galactique et aux renseignements, avaient été assassinés.
Au sabre-laser.
Un seul garde avait réussi à sortir en vie de l’embuscade qui avait été tendue aux trois hommes, et il affirmait avoir reconnu parmi les assaillants, tous des Jedi, un certain Socar.
Benje Socar…
Le Sénateur Zaar semblait être le seul encore en mesure de garder la tête sur les épaules et il avait décrété la loi martiale, l’armée républicaine étant passée sous son commandement. Un plébiscite avait appuyé son action. Dans le même temps, les attaques sur les routes commerciales avaient doublé, et là encore des Jedi avaient été reconnus. Le Conseil niait tous les faits, évoquant une machination, mais les peuples affolés avaient perdu toute lucidité. De plus, où était ce Benje Socar, pour assurer sa défense ?
Dans la tourmente, tous se raccrochaient aveuglement à la forte figure de Zaar, remettant entre ses mains tous leurs espoirs.
Mais le lendemain de la nomination de Zaar au poste de Dictateur de la République, un attentat fut perpétré en plein cœur du Sénat. Des centaines de sénateurs périrent dans l’explosion qui visait le nouveau leader. Heureusement, celui-ci n’avait écopé que de légères blessures ; le désastre était pourtant total : sachez que l’ancien Président Thoma’as, aimé de tous, se trouvait ce jour-là dans les tribunes et qu’il y avait perdu la vie !
C’en était trop pour la population.
Les Jedi étaient pointés du doigt. D’abord Voldtari, et maintenant une faction entière !
Le charisme de Zaar était à l’œuvre, d’une redoutable efficacité. Il proclama l’Ordre Jedi hors la loi, et rares furent les voix qui osèrent s’opposer à lui.
Sa garde personnelle s’était déjà chargée de les faire taire.
A jamais.
La République venait de vivre ses dernières heures…
Benje Socar
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Messagepar Benje Socar » Dim 18 Juin 2006 - 17:25   Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 11

Chapitre XI
Dernières armes


« La vie n’est pas continuité. Elle est spontanéité. Voilà la leçon que doit nous inculquer l’Imperium.»
Les Mémoires perdues



A l’autre bout de la galaxie, pour Maria et Benje Socar, la situation n’était guère brillante non plus. Même si on les avait enfin détachés de l’Etreinte de la Douleur. Le Maître de Guerre Rsakama et sa flotte avaient du retard ; l’invasion ne pouvait commencer sans eux. Le guerrier qui les avait interrogés le jour de leur capture avait décidé de les envoyer dans le camp des esclaves pour cultiver de nouveaux vaisseaux, qui viendraient agrandir la flotte Vong. En effet, la technologie des Détraqueurs Vong étant purement biologique, leurs chasseurs devaient être élevés, en quelque sorte, comme des êtres végétaux. C’était une espèce de corail que les esclaves faisaient pousser dans ces sillons que Benje Socar avait eu l’occasion d’observer du haut de son arbre. En fait, toute la zone conquise était devenue un immense champ de chasseurs stellaires !
On avait donc jeté Maria et Benje dans une de ces tranchées qu’ils devaient labourer et arroser toute la journée durant. Il n’y avait aucun échappatoire : des Gardiens sillonnaient les cieux tandis que des patrouilles au sol passaient dans les rangs, frappant durement ceux qui n’obéissaient pas correctement. Nos amis dénombrèrent des centaines d’esclaves, sans doute issus de l’enclave républicaine. Mais parmi eux, aucune Bene Gesserit.
Toute parole était interdite, sous peine d’avoir la langue tranchée. On avait séparé les Jeedai (croyait-on), mais Benje Socar pouvait établir le contact à tout instant grâce à la Force. Maria était incapable de lui répondre, cependant elle savait que le Jedi pourrait lire toute image qu’elle forgerait dans son esprit. Le travail était épuisant, et jamais nos deux héros n’auraient résisté sans leur solide formation. Le soir, les esclaves étaient parqués dans des cases minables, nourris d’une bouillie noire infecte, dormant à même le sol.
Un jour, Benje Socar avait assisté à la révolte d’un de ses compagnons. Il avait compris d’avance que la cause était perdue. S’il intervenait, malgré ses pouvoirs Jedi, il serait submergé par le nombre. Mais l’autre laissait libre cours à son désespoir et à sa colère. Tous s’étaient arrêtés de travailler pour le regarder vociférer, brandissant le point à l’encontre de ses tortionnaires. Amusés, les Détraqueurs Vong le laissèrent faire quelques instants, avant de le frapper sauvagement avec leurs bâtons-serpents. Quand le fauteur de trouble fut à terre, un Gardien descendit, plus sinistre que jamais. Son corps tout entier était voilé dans un suaire noir comme la mort, ne laissant voir que ses horribles mains osseuses. Il s’arrêta juste au-dessus de l’esclave. La foule retenait son souffle. Le monstre s’approcha encore un peu plus, ses lèvres touchant presque celles de sa victime, terrorisée et muette.
Quelqu’un murmura parmi les esclaves.
« Le baiser de la mort ! »
Et puis, dans le silence le plus complet, ce fut le bruit d’une horrible succion. Un frisson parcourut la foule. Au départ, Benje Socar était perplexe, mais l’horreur l’étreint quand il comprit le terrible spectacle auquel il était en train d’assister.
Le monstre aspirait toute vie du corps du pauvre homme ! Il se nourrissait de son principe vital !
Soudain, les patrouilles Vong se mirent à jouer du bâton.
« Au travail ! »
Se retournant une dernière fois, Benje Socar entraperçut le Gardien s’envoler dans les airs, portant le corps sans vie du pauvre homme, tel une coquille vide, avant de le jeter aux bêtes de la forêt…

* * *

Mais revenons un peu en arrière pour retrouver Cyndie et Mace là où nous les avions laissés, en plein cœur du domaine Tleilaxu, dans la plus haute tour de Bandalong où Jake Fo’ld était retenu captif. Leurs projecteurs holographiques n’étaient plus d’aucune utilité : les Tleilaxu avaient déclenché un dispositif de surveillance haute sécurité qui était capable de repérer tout homme essayant de circuler dans le bâtiment à l’aide de ce dispositif. De plus, les corps des deux gardes risquaient d’être découverts d’une minute à l’autre et l’alarme générale de se déclencher avec eux.
Cependant, une idée avait déjà germé dans l’esprit des deux aventuriers.
Voilà le curieux stratagème qu’ils mirent aussitôt en place…
Ils avaient découvert l’entrée de la lingerie, qui n’était gardée par aucun homme, et dont la caméra de surveillance semblait défectueuse. Là, ils dénichèrent des tenues traditionnelles de serviteurs Danseurs Visages qu’ils adaptèrent à leur taille grâce à un simple tour de magie, puis les enfilèrent prestement, jetant leurs tuniques au broyeur à ordures. Ainsi accoutrés, ils se glissèrent dans un couloir annexe où ils avaient repéré leurs portraits. Aussitôt, ils prirent possession de l’affiche et ceci fait, étouffant leur peur, ils s’avancèrent à la vue de tous, dans le corridor central !
Je vois que vous ne me croyez pas.
C’est pourtant ainsi qu’ils agirent !
Bien entendu, ils n’avaient pas fait trois pas qu’une garnison leur tomba dessus.
« Contrôle d’identité, aboya un mercenaire patibulaire.
- Nos maîtres nous ont demandé de circuler dans ces corps pour faire connaître le visage des intrus, répondit Mace Alton de la voix la plus neutre possible.
- Vraiment ? Qui sont vos maîtres ? Et montrez-moi votre puce d’identification. »
Cyndie manqua d’avaler de travers.
A ses côtés, le Chevalier était imperturbable. Il accompagna sa réponse d’une discrète passe du poignet.
« Vous n’avez pas envie de nous écouter plus longtemps. Nous ne sommes que de misérables esclaves tleilaxu.
- Je ne veux pas vous écouter plus longtemps, misérables esclaves.
- Nous gâchons votre temps.
- Vous gâchez mon temps. Circulez ! »
Cyndie et Mace n’attendirent pas que le mercenaire reprenne ses esprits pour détaller.
Mais soudain la femme s’arrêta net, avec un haut le cœur.
« Que se passe-t-il ? murmura son compagnon.
- Jake ! Je ne le sens plus… »
Sa présence avait rayonné depuis leur arrivée sur Tleilax, elle avait été un guide, et un solide espoir.
« Il faut continuer à avancer, nous allons nous faire repérer ! »
Si elle ne ressentait plus sa présence…
La pauvre Cyndie n’osait même pas envisager ce qu’une telle chose pouvait signifier.
Mace la poussa en avant, détournant mentalement un scientifique tleilaxu qui s’avançait vers eux.
« Nous devons retrouver Jake au plus vite. »
Ils s’engouffrèrent dans le premier ascenseur qu’ils dénichèrent, Mace diffusant dans la Force une aura qui détournait l’attention de ceux qui auraient pu les entraver. Le Chevalier allait enfoncer la touche du dernier étage quand Cyndie arrêta son geste.
« Un instant. »
Tous ses talents Bene Gesserit étaient en éveil.
« Il nous faut entrer un code pour accéder aux laboratoires où est retenu Jake.
- Un laboratoire secret ?
- Faîtes-moi confiance. »
Elle laissa ses doigts courir sur le clavier informatique, comme pour sonder les circuits. Elle s’ouvrit à la Seconde Vision.
Elle était un nabot tleilaxu. Elle avait chaud, et elle était en colère. Ces misérables powindahs avaient échappé aux patrouilles. Les ysalamari devaient être libérés immédiatement.
« Des ysalamari ! »
Jake était donc encore en vie.
« Concentrez-vous ! » l’admonesta Mace.
Rejoindre la sécurité du labo. Taper ce fichu code.
Cyndie entra une série de neuf chiffres les yeux fermés. Aussitôt le turbo-élévateur se mit en marche.
L’ascension parut durer des heures, mais quand leur connexion avec la Force fut brutalement coupée, ils surent qu’ils touchaient au but.
Les deux battants de fer s’ouvrirent lentement pour découvrir un garde fortement armé.
« Déclinez vos identités. »
Mace répéta la même formule que précédemment, mais il ne pouvait appuyer ses propos d’une passe mentale.
« Négatif ! Rendez-vous sans résistance, ou je n’hésiterai pas à ouvrir le feu ! »
La situation était perdue. Ou presque.
« Nous devons parler immédiatement à votre supérieur, conduisez-nous jusqu’à lui ! »
Le garde marqua un temps d’hésitation. Il finit pourtant par obéir, subjugué par la Voix Bene Gesserit. Dès qu’il eut le dos tourné, Mace l’assomma d’un coup de la crosse de son sabre-laser.
« J’espère que vous avez un plan pour sortir d’ici dès que nous aurons retrouvé votre époux» marmonna-t-il avant d’avancer dans la semi obscurité qui régnait en ces lieux.
Ils n’avaient pas fait dix pas qu’un Tleilaxu apparaissait à l’autre bout du couloir, un blaster à la main.
« Cyndiamidala Fo’ld et Mace Alton. Deux héros des guerres voldtariennes ! Que me vaut l’honneur d’une telle visite ? »
Nos héros portaient la main à leurs sabre-lasers.
« Non, n’en faites rien. Et n’essayez pas d’user de la Voix, les droïdes de combat dans votre dos n’y sont guère sensibles ! »
Une demi-douzaine de droïdes mortellement armés venaient de surgir de la cage du turbo-élévateur.
« Je n’ai jamais eu l’occasion de me livrer à des expérimentations sur des Chevaliers Jedi. Et encore moins sur une Sorcière du Bene Gesserit. Voilà qui se montrera des plus intéressants… » susurra le nabot Tleilaxu d’un air gorgé de mépris.

* * *

Cartos Fascina avait suivi le conseil de Thomas-Leto, se dirigeant directement vers la planète Poudlard. En chemin, il avait essayé de joindre le Temple sur Coruscant, sans succès. Il se passait vraiment des choses étranges, un grand bouleversement était en train de se produire. Le Jedi avait rarement senti la Force aussi troublée.
Deux corvettes l’accueillirent à sa sortie de l’hyperespace et le conduisirent jusqu’au Palais Royal Atréides, dans les terres du Nord. De nombreux colons étaient venus s’installer sur la planète après la chute de l’Empire, se plaçant sous la juridiction du nouveau roi Julius Spartakus Atréides. Les elfes avaient contracté une double allégeance, à leur propre chef et à Julius. Les deux groupes vivaient en parfaite harmonie.
Ce fut une délégation mixte qui le reçut sur la plateforme d’atterrissage. Rien d’excessif, juste le strict décorum. Maître Fascina annonça rapidement le motif de sa visite et fut conduit devant le propriétaire des lieux, dans la Salle de Chasse. C’était une pièce de dimensions moyennes, toute lambrissée de bois vifs, percée d’une seule fenêtre. Les murs étaient recouverts de trophées divers, bustes empaillés, peaux de bêtes, pattes et cornes… Sur la grande table centrale étaient posés de longs paniers de fruits et quelques carafes de liqueur. Au-dessus de la cheminée trônait l’épée d’Andomir. Un feu chaleureux brûlait dans l’âtre.
Un jeune homme tout de noir vêtu s’y chauffait les mains.
« Maître Fascina, on peut dire que vous arrivez à un bien triste moment. »
Son interlocuteur se retourna, et le Jedi put noter les signes évidents de fatigue de son hôte.
« Mon père est mort.
- Paix à son esprit.
- Il y a trois jours. Mais je ne me suis pas présenté, dit précipitamment le jeune homme. Je suis Leo Spartakus Atréides, nouveau roi de Poudlard, héritier d’Andomir.
- Comment est-ce arrivé ? demanda Maître Fascina, qui avait toujours admiré le héros de la Bataille de Poudlard.
- Un accident de chasse. Un sanglier surexcité a réussi à le piéger, dans les sous-bois. »
Le Jedi exprima toutes ses condoléances. Leo Spartakus acquiesça gravement.
« Mais là n’est pas la raison de votre visite, Maître Fascina. Laissons le passé pour mieux nous concentrer sur le présent, disait toujours mon père. J’ai appris que les choses allaient au plus mal sur Coruscant depuis l’apparition de cette flotte fantôme.
- A dire vrai, j’étais parti en mission, et j’ignore ce qui a bien pu se passer. J’ai essayé de contacter le Temple, sans recevoir une seule réponse.
- Vous n’êtes donc pas informé ? Les Jedi ont été chassé de la capitale sur ordre du Dictateur de la République. »
Devant l’effarement de son invité, le jeune homme raconta ce qu’il savait de l’assassinat du Président Magister et de la possible implication de Jedi.
« A mon avis, ajouta-t-il, c’est une très habile supercherie de Zaar pour s’emparer du pouvoir avec l’aide de la folie ambiante. Mon père connaissait Benje Socar, et jamais il n’aurait pu être capable d’un tel acte.
- Rien n’est plus certain. D’autant plus que Benje Socar est retenu prisonnier sur la planète Phoenix IV.
- Prisonnier, dîtes-vous ? s’étonna Leo Spartakus.
- J’ai moi aussi des choses à vous apprendre… »
A son tour, Maître Fascina révéla ce que lui avait fait savoir Thomas-Leto.
« Il nous faut lever une armée pour contrer cette menace extragalactique.
- J’ai bien peur que la République ne réponde à votre appel, soupira le jeune souverain. Si ce que vous dîtes est vrai, alors Zaar est à la solde de Voldtari. La guerre civile fait rage entre ceux qui soutiennent le Dictateur et la minorité qui s’y oppose. Dès que Voldtari se sera révélé au grand jour, il réduira l’opposition à néant grâce à sa flotte fantôme. Quant aux Jedi, peu leur sont restés fidèles. D’après mes informateurs, le Conseil aurait réussi à se transférer sur Louqsor, planète leader du mouvement de contestation contre l’autorité de Zaar. Si vous le désirez, je peux leur envoyer un messager immédiatement.
- Faîtes donc. Qu’ils forment la plus grande armée possible et rejoignent Phoenix IV, au plus vite.
- Comment feront-ils face à Voldtari ?
- Un miracle est peut-être sur le point de se produire… »

* * *

« Regardez, ma chère, regardez où va cet idéal républicain pour lequel les vôtres se sont si vaillamment battus ! Nul n’a pris au sérieux les avertissements de l’attaque d’Amazonia, la peur gronde et ronge les esprits, les vieilles querelles se réveillent. En quelques jours, la démocratie s’est effacée telle une ombre dans la lumière. Coruscant m’appartient, ainsi que toutes les planètes qui sont alliées à la capitale dans cette petite guerre civile dernièrement apparue. Le Bene Gesserit, balayé. Les Jedi, anéantis. L’ordre, dissipé. Tout n’est plus que chaos. Mais bientôt, quand tous seront prêts, je réapparaîtrai, apportant avec moi la discipline et la paix. Les gens m’acclameront parce que j’aurais mis fin à leurs doutes ; pour eux, je deviendrai vainqueur et ferai taire la menace de cette flotte fantôme, comme disent ces pauvres imbéciles ! Ah, que les hommes sont faciles à manipuler ! »
Sophia gardait le silence, effrayée par la folie de son geôlier.
« La République est en train de mourir, étouffée dans sa propre pourriture. Cet échec définitif ne sera pourtant que le prélude à ma vengeance, en l’honneur de mon défunt père. J’ai bien d’autres plans pour les populations qui tomberont sous mon génie… »
Voldtari ricana.
« Vous êtes fou ! » cracha Sophia, maintenant écoeurée.
D’un revers de la main, l’Empereur la gifla violemment.
« Dire que je vous ai aimé ! Vous auriez pu être mon impératrice ; mais à la place de cela, vous serez mon esclave ! »
Deux gardes firent irruption dans la cellule, répondant à un ordre mental de Voldtari.
« Attachez-la solidement, qu’elle ne puisse remuer d’un millimètre. »
Les deux hommes obtempèrent.
« Chère Sophia, vous allez goûter à la puissance de mon nouvel Anneau. Je sais qu’au plus profond de votre âme, derrière ce masque d’arrogance, vous avez peur. Vous êtes terrorisée. Mais cela n’est rien à côté de ce que vous allez bientôt ressentir… »
La Bene Gesserit sentit que Voldtari faisait appel à la Force pour pénétrer son esprit. Elle lui opposa la plus solide des résistances, que nul Jedi ne pouvait franchir. Un mur mental à toute épreuve.
« Vous sous-estimez la puissance de l’Anneau ! » ironisa méchamment Voldtari.
Le rire de l’Empereur, décuplé par les pouvoirs mystiques de l’artefact, brisa ses défenses sans la moindre difficulté, déferlant dans la moindre parcelle de son intimité.
Il était partout, dans le présent tout comme dans ses souvenirs.
Son cœur battait plus vite, ses yeux se fermaient.
Le rire se fit cri, un hurlement qui réveilla ses terreurs enfantines.
Elle chercha la litanie en vain, l’accès lui en était bloqué. Tout son savoir s’effondrait comme un château de cartes face à cette attaque sournoise.
Le monde n’existait plus, hormis cet irrésistible sentiment d’horreur pure, presque animale.
Son sang se glaça et son corps fut parcouru de convulsions terribles.
Tout en elle n’était désormais qu’effroi surdimensionné.
Au-delà de ce que tout homme peut endurer.
Satisfait, Voldtari l’abandonna à ses peurs infinies.
Plus d’avenir, rien que l’horreur.
« Nous verrons si après quelques heures de ce traitement, vous êtes plus coopérative ! »
A peine avait-il regagné ses appartements qu’une présence s’imposa à lui.
Ce ne peut pas être lui !
C’est impossible !

Son comlink vibra dans la poche de sa tunique.
« Maître, un vaisseau a réussi à franchir le barrage de Rayons Z. Tous les chasseurs Jedi que nous avons envoyés ont été détruits. »
Voldtari jura.
« Avez-vous réussi à rentrer en communication avec les intrus ?
- Oui, Maître. Le vaisseau est piloté par un seul homme qui dit se nommer Thomas-Leto. Il désire s’entretenir avec vous. »
Le gamin avait survécu !
Malédiction ! Que venait-il faire ici, sachant pertinemment que seule la mort l’attendait ?
« Laissez-le se poser, et regagnez vos cabines. Que nul n’entre en contact avec lui. Il faut qu’il trouve mon palais comme désert. Quand il sera entré, activez le rayon tracteur pour bloquer son vaisseau au sol.»
L’Empereur ne se montrerait pas aussi clément que les sables d’Arrakis…

* * *

« Suivez-moi sans faire d’histoire jusqu’à vos cellules, claironna le Tleilaxu. Je vous préviens : au moindre mouvement suspect, mes droïdes ouvriront le feu. »
Cyndie et Mace n’avaient d’autre choix que d’obéir.
« Faîtes rouler vos jouets tranchants et lumineux derrière vous. »
Nos héros s’exécutèrent à contrecœur.
« Quand la République apprendra notre capture…
- Mais la République n’existe plus, pauvres imbéciles ! Magister est mort, Zaar a pris le titre de Dictateur, les Jedi sont chassés, les Bene Gesserit en déroute. Le Bodal n’attend plus que nous. »
Cyndie ne voulait pas croire un mot de ce que disait le Tleilaxu. Ce n’était que mensonges pour la déstabiliser. Mace, de son côté, était envahi par le doute.
« Assez parlé ! Avancez ! »
Blaster pointé sur la poitrine et robots dans le dos, Cyndie et Mace furent conduits à travers un dédale de sombres couloirs jusqu’à la zone de détention, tout près du laboratoire où l’on avait mené les expérimentations sur Jake.
« Voilà vos quartiers d’hiver ! » annonça le scientifique tleilaxu.
Il allait bien vite déchanter. En effet, les ysalamari qui étaient censés affaiblir les Jedi avaient été lâchés dans les conduites d’aération, en nombre suffisant pour couvrir toute la surface nécessaire. Seulement, après des années d’utilisation, certains tuyaux s’étaient encrassés, au point de bloquer l’accès aux reptiles les plus corpulents. Ce qui était le cas de la partie du bloc de détention où se trouvaient nos protagonistes.
Sitôt qu’ils sentirent la Force affluer en eux, Mace et Cyndie, d’un commun mouvement, attirèrent leurs sabre-lasers. Les droïdes réagirent au quart de tour, élevant un barrage de tirs. Mais plutôt que de les dévier, les deux Jedi bondirent dans les airs. Derrière eux, le Tleilaxu réagit trop lentement, et il ne put éviter les tirs des robots. Il disparut avec un long cri de rage.
Quelques instants plus tard, il ne restait plus qu’un amas de carcasses métalliques fumantes.
« Vite ! L’alarme a dû être donnée et nous ne tiendrons pas face à une foule de robots ou de mercenaires ! » s’écria Mace.
Ils trouvèrent rapidement Jake, profondément endormi.
« Pas moyen de le réveiller. Il va falloir le porter.
- Je m’en charge » répondit Cyndie.
Corpus Minime !
Un petit sort bien utile qui annulait instantanément les effets de la pesanteur. Cyndie n’eut aucun mal à soulever le corps inanimé de son époux.
Déjà, des cris parvenaient de l’autre côté du couloir, accompagnés d’une rafale de lasers.
« Vite, par là ! »
Ils enfoncèrent la porte du laboratoire, atterrissant dans une large pièce baignée de lueurs orangées. Quelques scientifiques tleilaxu s’affairaient sur leurs expériences, ignorant le tumulte du dehors. Une surprise hors norme se lut sur leur visage quand les deux Jedi firent apparition.
« Reculez-vous ! » cria Mace.
A nouveau, leur lien avec la Force avait été rompu. Brandissant son sabre-laser en avant, le Chevalier ordonna que l’on verrouille la porte, ce que s’empressa de faire un assistant. Au fond de la pièce, une grille donnait sur l’escalier de secours.
« Sur le toit ! »
Nos deux amis se précipitèrent, alors que déjà les gardes faisaient sauter la porte du laboratoire, tirant à l’aveuglette. Des tirs perdus touchèrent quelque solution hautement inflammable. Prenant la fuite, les scientifiques tleilaxu renversèrent d’autres produits qui s’écoulèrent sur le sol ; le mélange fut détonnant. L’étage tout entier fut balayé par l’explosion. Le feu s’engouffra dans la cage d’escalier, propageant l’incendie un peu partout dans le bâtiment, gagnant à une vitesse folle les plus hautes marches. A quelques secondes près, Jake, Cyndie et Mace finissaient carbonisés.
Ils avaient surgi à l’extérieur sur une plateforme qui dominait l’ensemble de la ville. Un fin crachin tombait.
« Et maintenant ? demanda Cyndie. Nous sommes bloqués sur le toit et n’avons plus qu’à attendre que l’on vienne nous cueillir. Cette situation me semble bien familière… »
Elle reposa Jake au sol, inversant le sortilège. Celui-ci semblait retrouver ses esprits.
« Où suis-je ? réussit-t-il à gargouiller.
- Tu es libre ! » lui répondit Cyndie en l’embrassant chaudement.
Ce baiser lui redonna toutes ses forces.
De son côté, Mace cherchait une solution.
« Il nous faut un vaisseau. Je suppose que notre navette a été capturée par les Tleilaxu… »
La réponse s’imposa alors à lui.
« THS ! Je l’avais complètement oublié ! »
Le droïde protocolaire devait quitter la navette peu après le départ de Mace et Cyndie pour Bandalog, puis se cacher à l’abri des regards. Si tout s’était passé comme prévu, il n’attendait plus qu’un appel de sa maîtresse pour contacter son homologue CTC-14 à bord du Feu d’Horus – qui était stationné un système plus loin, en cas d’urgence. Encore fallait-il que le robot passe le barrage qui lui serait imposé à l’entrée de l’atmosphère. Dès qu’elle se fut assurée que Jake allait bien, Cyndie appela THS.
« CTC est déjà en route, Madame.
- Comment savais-tu que nous avions libéré Jake ?
- Je l’ignorais, Madame. Mais j’ai capté un mouvement anormal de mercenaires dans les environs, ainsi que certains messages sur des fréquences codées qui suggéraient votre capture. J’ai donc pensé que…
- Oui, oui, THS, tu as bien fait. Mais dis à CTC de faire le plus vite possible. Nous ne tiendrons plus longtemps !
- Oui, Madame. Et ne… »
Cyndie avait coupé son communicateur. Un vrombissement sourd annonçait l’approche d’un speeder.
Jake était encore trop faible pour marcher.
Mace dévia soudain deux tirs de blaster, juste au-dessus de leurs têtes. Un second speeder, silencieux celui-là, avait failli les prendre par surprise.
« Nous ne pourrons pas leur faire face longtemps ! cria Mace. D’autres vont arriver, bien vite. »
Le prenant au mot, deux nouveaux appareils surgirent comme de nulle part, bondés de soldats armés jusqu’aux dents. Le chef de la bande leur ordonna de se rendre.
Avant de disparaître dans les flammes !
Le Feu d’Horus venait de traverser l’épaisse couche de nuages qui clôturaient le ciel de Bandalong et arrosait les speeders. Leur riposte fut vaine. La rampe d’accès s’abaissa et nos trois amis s’empressèrent de grimper. Le vaisseau n’attendit pas la fermeture complète pour repartir dans les airs. Derrière lui, trois chasseurs tie, datant sans doute du règne de Voldtari, le prirent en chasse. Le Feu d’Horus effectua une embardée qui le fit remonter par-dessus la chape nuageuse, tirant de ses canons principaux, mais aussi de sa tourelle d’artillerie.
« Yahooo ! » s’écria une voix familière quand un chasseur explosa.
Cyndie rejoignit le poste de pilotage où elle trouva CTC menant le vaisseau avec une assurance déconcertante.
« Heureux de vous revoir saine et sauve, Madame.
- Dis-moi, CTC. Si tu es là, qui donc se trouve dans la tourelle ? »
Une nouvelle explosion masqua la réponse du robot. Les trois chasseurs avaient été détruits et le vaisseau était prêt à rejoindre l’hyperespace.
« Je les ai eus ! Je les ai eus ! »
THS-29 apparut derrière nos héros.
« Toi ici ? s’étonna Cyndie.
- N’était-ce pas vous qui m’avez supplié à tout prix de venir le prendre avant de partir à votre aide ? » répondit CTC-14.
Trop heureux d’être libres et en vie, nos trois amis cédèrent au rire quand la lumière se fit dans leur esprit sur la mystérieuse présence de THS. Il s’agissait maintenant de rejoindre Coruscant au plus vite.
Mace avait un bien mauvais pressentiment…

* * *

Le palais était désert. En apparence, du moins. Malgré ses efforts pour masquer sa présence dans la Force, Thomas-Leto sentait bien l’armée Jedi de Voldtari, en attente, quelque part dans les sous-sols. Pour l’instant, il ne risquait rien de ce côté-là. Ses fremen étaient restés cachés à l’intérieur du vaisseau, dans les soutes de contrebande, à l’abri des regards les plus perçants. Ils maintenaient un barrage mental constant, comme le leur avait appris le Maataï. Nul ne pouvait détecter leur présence, si ce n’est l’Empereur. Mais le garçon était sa seule préoccupation.
Les portes de l’immense bâtisse de marbre étaient ouvertes, belle invitation à se jeter dans le piège qu’on lui avait tendu. Il n’avait pourtant pas le choix : c’était le seul avenir possible qui conduisait à la chute de Voldtari. Le choix avait été fait il y a bien longtemps déjà ; restait à en assumer les conséquences. Ce qu’il redoutait, terriblement. Les pièces démesurées, à la prestance de cathédrales diaboliques, brillaient de mille feux sous l’éclat de puissantes torches habilement masquées dans de délicates alcôves. Une décoration sobre, mais toute à la gloire du maître de céans. Cependant, pas le moindre signe de vie.
Tourner à droite. Enfiler le couloir, puis reprendre à droite, jusqu’à l’escalier. Grimper en haut de la tour.
Il aurait tellement aimé que cela finisse autrement, qu’il y ait une autre possibilité. Mais il n’y en avait aucune. Son chemin était tracé, et il le conduisait inexorablement dans ce sombre cachot. Sa grand-mère était là, presque éteinte dans la Force. Seule de la terreur émanait de son être, perdu dans d’infinis cauchemars.
« Grand-père, tu paieras pour tout le mal que tu as fait ! » hurla Thomas-Leto quand il découvrit la malheureuse Sophia, enchaînée sur le mur, détachée à jamais du monde réel.
Le garçon lui envoya des ondes de chaleur et de réconfort, apaisant un peu sa souffrance. Un rayon de conscience traversa le regard de l’ancienne reine d’Amazonia. Péniblement, elle réussit à articuler quelques mots, avant de sombrer à nouveau dans ses rêves obscurs.
« Thomas-Leto… Voldtari… Un piège !
- Ne craignez rien, grand-mère. Vous serez bientôt libérée de vos malheurs » dit le garçon en la serrant dans ses bras, une dernière fois.
Tandis qu’il parlait, porte et fenêtre se verrouillèrent hermétiquement.
Aussitôt, le haut de la tour, où se trouvaient Thomas-Leto et Sophia, explosa dans une terrible déflagration.

Mudir fut le premier à quitter le vaisseau par une ouverture secrète aménagée sous la carlingue, accompagné de dix de ses hommes. Ils se répartirent en deux groupes de commandos autour de l’appareil, partant chacun dans une direction opposée. Les portes du palais s’étaient refermées sur le Maataï, ne lui laissant aucune issue. Mais Mudir savait que le démon du désert était capable de bien des miracles, et que, quoi qui puisse arriver, il vaincrait. Les Fremen devaient lancer l’assaut sur les deux postes de combat qui encadraient le pont-levis menant au palais. Discrets comme muad’dib, la souris des sables, ils épousaient les formes de leur environnement, se fondant dans le paysage avec leurs tuniques grisâtres. Chaque poste n’était gardé que par un seul sardaukar.
Attendez l’explosion pour vous montrer à découvert et prendre possession des lieux, leur avait dit Thomas-Leto.
Les Fremen restèrent en position quelques minutes, jusqu’à ce que retentisse une puissante déflagration en haut d’une tour annexe. Ils bondirent dans l’instant, franchissant à une vitesse incroyable la bonne centaine de mètres qui les séparaient de leur cible. Tournés vers les flammes de l’explosion, les sardaukars ne les virent arriver que trop tard. Ils étaient déjà sur eux quand ils lancèrent l’alerte, et la seconde d’après ils gisaient égorgés.
Au bout d’une poignée de secondes, les portes du palais s’ouvrirent pour laisser passer une cohorte d’orques. Plus rapides que jamais, les hommes de Thomas-Leto se saisirent des puissantes armes entreposées dans les baraques avant de se lancer à l’assaut. Deux hommes restèrent dans chaque poste pour contrôler les batteries de turbo-laser au sol et les canons anti-aériens. Sitôt que Mudir eût désactivé le rayon tracteur, le vaisseau de Thomas-Leto décolla en abandonnant une nouvelle troupe de vingt hommes.
Un nombre dérisoire face aux orques, mais les Fremen avaient plus d’un atout dans leur manche…
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Messagepar Benje Socar » Dim 18 Juin 2006 - 19:24   Sujet: 

Ok. Juste un petit mot pour m'excuser auprès de Jey à propos du sujet "PROBLEME D'AFFICHAGE". N'étant pas un grand habitué du forum, j'ignorais que ce sujet avait été traité ailleurs, et que les titres en majuscules étaient interdits.
Voilà.

J'ai beau manipuler dans tous les sens, ça ne marche pas. Je passerai donc par Firefox, tant pis pour la lenteur !

@+ pour de nouvelles aventures...
Benje Socar
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Messagepar Notsil » Lun 19 Juin 2006 - 11:01   Sujet: 

Ah, chouette, enfin la suite ^^
Très sympa, comme d'habitude...

Je suis sous IE et j'ai pas de problèmes particuliers d'affichage, la page s'actualise toute seule pendant un petit moment mais ça s'arrête en une ou deux minutes généralement.

Bon, vivement la suite maintenant.
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
Notsil
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