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Discussions nocturnes
 
L’immense appartement était plongé dans l’obscurité. Isil se sentait lasse et ses muscles endoloris lui rappelaient que même avec la Force, elle n’était pas invincible, juste plus résistante qu’une autre. Elle pénétra dans la chambre sombre et, d’un mouvement des jambes, lança ses chaussures à hauts talons à travers la pièce en soupirant d’aise de pouvoir enfin reposer la plante de ses pieds meurtris sur l’épais tapis moelleux. Le médecin avait fait de son mieux pour soigner les différentes blessures qu’elle portait sous la voûte plantaire, conséquence de sa course sans chaussures dans les bas quartiers. À présent, elle rêvait d’un bain moussant bien chaud et bien relaxant. Elle songea ensuite, qu’un peu de méditation profonde lui serait tout aussi profitable pour réfléchir à ce qui s’était passé ou tout simplement pour se ressourcer. La Force agissait souvent bien mieux que le meilleur des médicaments.
Elle étira les mains dans son dos et essaya de dégrafer sa robe. La fermeture résista.
- Par tous les Sith cornus de la Galaxie, jura-t-elle à mi-voix. C’est bien beau de s’être mises à trois pour me passer cette robe… maintenant, je suis toute seule pour l’enlever !
Après un autre essai infructueux, elle capitula en soufflant.
- Tu peux venir m’aider à enlever ma robe au lieu de rester caché derrière cette tenture ? dit-elle à haute voix.
La tenture en question s’agita comme sous l’effet d’un courant d’air et une silhouette apparut.
- J’aurais dû me douter que tu avais senti ma présence, fit Hiivsha en souriant… évidemment avec la Force pour alliée…
- Bah… je sentirai ta présence à des milliers d’années lumières, répondit la Padawan, et sans avoir besoin de la Force pour cela !
Le contrebandier s’approcha et l’enlaça puis l’embrassa longuement en passant ses doigts dans la chevelure dorée.
- Isil chérie, tu m’as manquée…
- Comment es-tu rentré ici ?
Il prit un air faussement offensé.
- Oh ! On ne demande pas à un contrebandier de mon acabit comment il s’infiltre dans les lieux les mieux gardés, voyons !
- Soit, je ne veux rien savoir. Comment as-tu su que j’étais chez Darillian ?
Hiivsha se détacha d’elle et fit quelques pas dans la pièce.
- Disons que tu ne passes pas inaperçue…
- Développe ?
- Oh, par exemple, ce soir, tu as fait la une de la grande majorité des chaînes de l’Holonet !
Il fit un grand geste de la main comme pour souligner une phrase et déclama.
- La jeune Jedi qui a sauvé le Conseiller à la Sécurité de Coruscant ! Tout un programme ! Et moi qui croyais que les Jedi fuyaient les feux de l’actualité !
Isil fit une moue significative et répondit d’un ton pincé.
- Oui mais, je n'ai pas tellement eu le choix moi… le Conseil a accepté que je serve de garde du corps à Darillian et c’est un homme passablement voyant figure-toi ! Énigmatique aussi, j’ai du mal à le cerner… je ne sais pas trop où il veut en venir.
- Tu veux dire… avec toi ?
- Avec moi mais pas seulement…
- Sers-toi de la Force pour le sonder, suggéra le contrebandier.
- Parce que tu crois que je t’ai attendu pour cela ?
Elle s’assit sur le bord du lit d’un mouvement las.
- Le seul problème c’est que, lorsque je suis avec lui, je ne sens rien… j’essaye de me plonger dans la Force pour atteindre son esprit, mais rien… je n’y arrive pas. C’est bizarre.
Hiivsha sourit avec indulgence.
- Tu n’es encore qu’une Padawan… peut-être a-t-il un caractère trop trempé pour que tu puisses le sonder ?
Isil grimaça en fronçant son nez.
- Mouais… on va dire ça si tu veux… Enfin, tu m’as retrouvée… Mais je ne vois pas comment tu as su que j'étais ici précisément…
- Ah, en fait, j'ai su, avec surprise d’ailleurs et je n’étais pas le seul, que Darillian t'avait fait libérer. Alors, en menant ma petite en-quête et avec l'aide de quelques crédits judicieusement distribués, j'ai appris que non seulement tu étais son garde du corps, mais que tu logeais chez lui… et tes affaires sont dans cette chambre !
Il lui adressa un clin d'œil malicieux.
- Je ne savais pas comment te mettre au courant, s'excusa-t-elle. Darillian m'a juste appris qu'il avait eu des nouvelles de votre mission par le Conseil Jedi, que Sazkaer avait été éliminé, que Maître Melvar était parti vers le système Hutt et que tu étais resté sur Alderaan.
- Fais-toi offrir un comlink par ton protecteur, susurra Hiivsha avec une pointe de sarcasme.
- Le mien est resté sur Korka, rappela la jeune fille et je n’ai pas eu l’occasion d’en avoir un nouveau depuis. Tu dis ça comme si Darillian était autre chose pour moi que mon employeur temporaire !
- À voir le collier de diamants que tu portes autour du cou, on pourrait effectivement penser à autre chose en effet, ricana le contrebandier en s’attirant un regard meurtrier de la Padawan.
- C’était juste pour la soirée, protesta-t-elle, il n’est pas à moi ! C’est pas très gentil de dire des choses pareilles… tu es jaloux ?
Il se gratta le sommet du crâne, l’air perplexe et abandonna son air moqueur pour venir s’asseoir à côté d’elle en lui passant un bras autour des épaules.
- Non, Isil. Je sais que tu es une Jedi et que tu mènes ta mission consciencieusement. Je n’ai pas à être jaloux. Il faut bien que j’accepte l’idée d’être tombé amoureux de quelqu’un qui ne peut pas l’être.
La jeune fille laissa tomber sa tête sur l’épaule du contrebandier.
- Pas qui ne peut pas l’être… mais qui ne doit pas l’être… ou du moins qui doit faire avec sans en tenir compte dans ses agissements.
- Je sais… je sais, répondit Hiivsha d’une voix chaleureuse. Je t’ai dit que je ferai avec.
Elle se leva et lui tourna le dos.
- Je t’en conjure, dégrafe cette robe avant que je ne la réduise en un monceau de chiffons !
- Mais avec un immense plaisir, répondit Hiivsha en s’exécutant.
La robe glissa le long du corps de la jeune fille qui soupira.
- Je préfère mille fois ma tunique !
Il sourit malicieusement en objectant.
- Pour ma part, je te préfère tout simplement en femme, ça te va à ravir… avec ou sans robe d’ailleurs, ajouta-t-il en la prenant entre ses bras câlins.
Elle ferma les yeux, son dos contre lui. Il lui murmura à l’oreille.
- Si tu es très gentille avec moi, je t’apprendrai quelque chose qui te soulagera.
- Et si je ne suis pas gentille ? souffla-t-elle.
- Si tu n'es pas gentille… je te le dirai de toute façon, tant pis… ré-pondit-il en soupirant de façon exagérée.
- Tu ferais un bien mauvais négociateur, objecta la jeune fille en se retournant vers lui entre ses bras.
Puis, après une courte pause, elle le projeta sur le lit et plongea sur lui en riant.
- C’est bien parce que c’est toi !
Un long moment plus tard, elle alluma une veilleuse du bout de ses longs doigts.
- Et maintenant que tu as eu tout ce que tu voulais, tu vas me dire ce que tu devais m’apprendre ?
- Bien sûr, répondit le contrebandier penché vers elle en jouant avec les boucles blondes. Tu n’as pas tué Kaldor !
Isil se redressa dans le lit et pivota vers lui.
- Tu en es sûr ? Comment le sais-tu ?
- Parce que, à mon retour d’Alderaa, j’ai mené ma petite enquête avec un pote à moi, Joy Laslo, un besalisk tout ce qu’il y a de répugnant… mais très bon détective !
Il lui expliqua les analyses qu’ils avaient faites sur les enregistrements des holocaméras visionnés chez le procureur Mas Dom. Isil écouta attentivement avant de se laisser retomber sur l’oreiller.
- C’est affreux, fit-elle. Je devrais me sentir soulagée de n’avoir pas été la cause de la mort du Sénateur et en même temps je suis terrifiée à l’idée qu’un Sith ait pu me manipuler aussi facilement, moi une Jedi !
- Une Padawan, objecta doucement Hiivsha en lui caressant le menton… et un Seigneur Sith… la lutte n’est peut-être pas égale, tu ne crois pas ?
Elle tordit la bouche.
- Je crois surtout que le Côté Obscur confère à celui qui le manipule un pouvoir plus puissant que ce qu’on nous apprend au Temple.
- Ne dit pas cela Isil, dit Hiivha en lui tapotant une joue, on croirait entendre un Sith justement… Tu dois croire à l’enseignement que ton Maître t’a donné. Je suis sûr que l’usage de la Force tel qu’on vous l’apprend peut très bien rivaliser avec ce fameux Côté Obscur.
Elle secoua légèrement la tête.
- Je ne sais pas. Hiivsha, aujourd’hui j’ai senti la présence du Côté Obscur tout près de moi… aujourd’hui j’ai fait une chose terrible !
Il fronça les sourcils.
- Vas-y, petite fille, raconte, je t’écoute.
Elle lui narra l’incident du Galatix avec un air sombre avant de conclure.
- Je me suis servie de la Force pour tuer cet homme de façon horrible. Il a été… littéralement consumé !
Il la prit contre lui d’un geste protecteur.
- On peut voir la chose d’une façon différente et bien plus positive. Tu as fait ce qu’il fallait pour sauver des dizaines de personnes. Une vie contre cent. Le choix est vite fait !
- J’ai senti le froid de l’obscurité lorsque je l’ai fait… en même temps qu’un sentiment de puissance que je n’avais jamais ressenti lorsque j’utilisais la Force.
- D’accord, ça c’est moins bien… je ne sais pas ce qu’en dirait tes Maîtres, mais il vaut mieux que tu fasses attention à ne pas t’en rapprocher trop près. Je ne voudrais pas que tu changes… je te trouve très bien comme tu es. Si ta peau prenait une teinte ocre et que des petites cornes te poussaient sur le haut du front, je te trouverais peut-être beaucoup moins séduisante !
Ils se mirent à rire. Soudain le visage d’Isil se figea.
- Qu’y a-t-il ? demanda Hiivsha alarmé.
Elle sortit des draps et se leva.
- Je sens une présence !
Rapidement elle enfila sa tunique et s’empara de son sabre laser posé sur une commode. Le contrebandier imita la jeune fille et enfila son pantalon puis tira son pistolet blaster du fourreau. La Padawan avait déjà ouvert la porte de la pièce.
- Reste là, ne te montre pas ! commanda-t-elle.
Elle disparut dans l’autre pièce. Hiivsha en profita pour passer le reste de ses vêtements et remettre ses bottes puis il gagna le seuil de la chambre, prêt à toute éventualité. Dans l’obscurité, la jeune fille avait traversé le vaste salon qui représentait le cœur de l’appartement de luxe qu’occupait le Conseiller et se trouvait à présent devant la porte de la chambre de ce dernier. Tout à coup, la lumière inonda l’appartement. Isil se retourna vivement tandis qu’Hiivsha se reculait dans la chambre de la Padawan. À l’autre bout, devant la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir, Darillian se tenait immobile. Il prit aussitôt un regard interrogateur.
- Isil ? Que se passe-t-il ?
- J’ai senti une présence hostile quelque part ! fit la jeune Jedi.
- Et tu penses que quelqu’un se cache dans ma chambre ? reprit le Conseiller en traversant la pièce jusqu’à elle.
Il tourna la poignée de la porte et passa une tête prudente.
- Il n’y a personne ! fit-il en allumant les lumières.
Derrière lui, Isil se hissa sur la pointe des pieds pour examiner à son tour les lieux.
- Vous permettez que j’inspecte votre chambre, Conseiller ? demanda-t-elle.
- Inutile, Isil, il n’y a personne, répéta-t-il. Tu sens encore une présence ?
La jeune fille ferma les yeux et sembla humer l’air ambiant pour finir par secouer négativement la tête.
- Non, c’est étrange, je ne perçois plus rien du tout… comme si tout danger était écarté.
Darillian lui tapota familièrement la joue.
- C’est ton imagination de Padawan qui t’a sans doute joué un tour ! Après les épreuves de cette soirée, rien de plus normal que tes sens soient tendus à l’extrême. Tu devrais dormir à cette heure de la nuit, ajouta-t-il sur un ton de reproche presque paternel. Viens, suis-moi ! Je t’offre un verre d’une boisson qui t’aidera à trouver le sommeil !
Isil fit un geste de refus.
- Merci, Conseiller, mais une nuit de méditation dans la Force me fera le plus grand bien.
Darillian laissa échapper un petit rire.
- Allons, Isil, tu ne vas pas me laisser boire tout seul un dernier verre avant de me coucher ! Et puis, j’attends toujours ton compte-rendu sur ce qui s’est passé ce soir !
- À cette heure, Conseiller ? laissa échapper la jeune fille d’un air las.
- Allons, c’est l’heure des braves ! s’exclama l’homme politique gaiement en franchissant le seuil du salon pour s’engager dans une salle à manger au fond de laquelle trônait un meuble bar imposant chargé de flacons en cristal parmi lesquels il choisit minutieusement une boisson orangée qu’il versa dans deux verres évasés.
- Cette liqueur de nyamoc est réputée pour ôter toute forme de stress, dit-il en tendant l’un des verres à la Padawan.
- Je n’ai pas l’habitude de boire, objecta-t-elle en cédant sous le geste insistant.
- Bah ! fit ce dernier. Je ne savais pas que les Jedi ne pouvaient pas boire de boissons alcoolisées ! Quelle tristesse ce serait de ne pouvoir profiter d’aucun plaisir de la vie! Déjà que l’amour vous est interdit par votre code…
Il vida son verre en l’observant du coin de l’œil. Isil trempa ses lèvres dans le breuvage avant de reposer le verre sur le meuble.
- L’homme que j’ai poursuivi a dit quelque chose avant d’appuyer sur le détonateur de la bombe qu’il portait sur lui.
- Bien, répondit Darillian, tu changes de sujet aussi habillement qu’un homme politique. Et qu’a dit cet homme ?
- Quelque chose comme harrak mala Corellia. Vous savez ce que cela signifie ?
Darillian parut réfléchir intensément et en profita pour se servir un autre verre.
- J’ai l’impression que c’est une forme de dialecte corellien primitif… quelque chose qui pourrait signifier Corellia libre et indépendante… un truc comme ça.
- Corellia libre et indépendante ? Il existe des mouvements sécessionnistes sur Corellia ?
- Selon les services de renseignements républicains, oui. Un mouvement qui œuvre en ce sens a pris de l’ampleur depuis le Traité de Coruscant… mais c’est la première fois qu’ils s’en prendraient à une personnalité en vue dans la Galaxie et en dehors de leur planète ! Voilà qui est préoccupant et tout aussi surprenant ! Tu n’as rien trouvé sur l’homme ?
- À dire vrai, Conseiller, il ne reste plus rien de lui.
- Plus rien ? Explique !
- Quand il a fait exploser la bombe qu’il portait sur lui, il y avait encore plein de personnes toutes proches… et j’ai dû créer autour de lui un champ de force pour retenir l’explosion…
Les yeux du Conseiller brillèrent.
- Tu as su te servir de la Force pour enfermer l’homme dans un bouclier… hermétique ?
Isil hocha la tête sans rien dire. Darillian lui tourna le dos et fit trois pas dans la pièce en observant la liqueur orange qui tremblotait dans son verre. Un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres. Il laissa échapper de façon à peine audible :
- Bien, jeune Padawan. Ton Maître ne s’était pas trompé… ton affinité avec la Force est étonnante et grand est ton potentiel. Il suffira juste de le développer encore un peu…
Son sourire avait disparu lorsqu’il refit face à sa protégée.
- Tu es douée, jeune fille. Tu n’as rien… ressenti en faisant cela ?
Elle fonça les sourcils.
- En tuant cet homme vous voulez dire ?
- En utilisant la Force pour le tuer, oui.
- Je n’ai pas utilisé la Force pour le tuer, protesta Isil. C’est l’explosion qu’il a lui-même déclenchée qui l’a tué et bouclier de la Force ou pas, il serait mort de toute façon ! J’ai au contraire permis aux gens de s’éloigner pour se mettre à l’abri.
Darillian eut un geste d’apaisement.
- Oui, pardon Isil, la nuance est en effet de taille et tu as raison de me remettre à ma place… je me suis mal exprimé, excuse-moi.
- Ce n’est rien, Conseiller, dit la jeune fille d’une voix radoucie. Non je n’ai rien ressenti… ou plutôt si… une étrange impression d’obscurité… quelque chose de froid et d’inquiétant… une sensation de puissance également…
- C’est le Côté Obscur, laissa tomber Darillian.
- Comment le savez-vous ? demanda Isil soudainement envahie d’un sentiment de curiosité.
Le Conseiller reposa son verre vide sur le meuble et prit Isil par le bras pour la ramener dans le vaste salon où il se laissa tomber dans un profond fauteuil.
- Vois-tu, Isil, tu ne connais pas grand-chose sur moi et je gage qu’aucun de tes Maîtres Jedi du Conseil ne t’en a parlé. Mais il y a longtemps, lorsque j’étais jeune, j’ai reçu une formation au Temple.
Isil ne cacha pas son étonnement.
- Vous étiez un Padawan ?
- Oui, mais je n’ai pas… comment dire… persévéré…
- Vous avez quitté l’Ordre ?
- Disons que j’ai décidé que le Code n’était pas fait pour moi et que mon potentiel devait servir l’humanité autrement… voilà pourquoi je me suis lancé dans la politique !
Le raccourci que venait de négocier Darillian ouvrait subitement une immense zone d’ombre pour Isil qui ne put s’empêcher de demander.
- En quoi le Code n’était pas fait pour vous, si je ne suis pas trop indiscrète ?
Le visage du Conseiller se para d’un sourire pareil à celui que de vieux souvenirs attendrissants font naître chez quelqu’un.
- Quand j’ai eu l’âge de passer les épreuves pour devenir Chevalier Jedi, j’ai avoué à mon Maître une liaison que j’avais avec une autre Padawan dont j’étais follement épris. Une jeune et magnifique twi'lek, Naara, qui était elle aussi amoureuse de moi. Bien entendu, je savais que ces sentiments étaient réprouvés par le Code Jedi mais j’ai cru pouvoir faire changer un peu les choses… cette rigidité ancestrale dans laquelle les traditions Jedi étaient figées… je me suis dit que mon Maître comprendrait et nous aiderait. Au lieu de ça, il en a informé le Conseil qui nous a mis en demeure de renoncer à notre amour avant de passer nos épreuves.
- Et vous avez choisi ? murmura la jeune fille qui tressaillit malgré elle.
Le sourire de Darillian s’accentua.
- Oui, nous avons choisi. Nous avons quitté le Temple pour vivre notre amour tous les deux, en jeunes insouciants que nous étions.
- Qu’est devenue Naara ? s’enquit Isil du bout des lèvres.
- Elle est morte. Notre bonheur a duré un peu moins d’un an et puis la colonie où nous coulions des jours heureux a été attaquée par des Mandaloriens. Naara s’est battue avec toute la force et la vigueur d’une Jedi mais le nombre nous a terrassés et elle a été tuée et moi laissé pour mort. Les survivants ont été déportés pour travailler dans des mines spatiales.
Isil restait muette. Le Conseiller passa la main devant ses yeux comme pour chasser de sombres idées avant d’ajouter.
- C’était il y a bien longtemps. Tant de choses se sont passées depuis.
Il se leva avec effort.
- Et puis, continua-t-il, la jeunesse d’un homme de mon âge n’intéresse personne, surtout pas une jeune personne comme toi.
- Ce n’est pas vrai, protesta poliment Isil. Je vous entends et je vous écoute !
- C’est vrai, répondit Darillian en se dirigeant vers sa chambre, et en plus tu te bats bien… comme un vrai Chevalier Jedi !
Il se retourna.
- En tout cas, tu ne dois pas craindre le Côté Obscur tant que tu œuvres pour le bien de la Galaxie. Seules nos actions comptent. Elles seules peuvent décider si nous passons vraiment du Côté Obscur ou non. Bonne nuit, Isil.
La porte de la chambre se referma sur lui, laissant une Padawan immobile au centre de la pièce. Ce que venait de lui révéler Jaster Darillian la stupéfiait et sa façon de parler du Côté Obscur de la Force la plongeait dans une extrême perplexité. Ainsi le Conseiller avait appris à se servir de la Force et elle n’avait jamais rien senti de tel depuis qu’elle était près de lui ! Pourtant Maître Beno lui avait toujours dit que sa sensibilité dans la Force était grande ! C’était juste incompréhensible et désemparant pour la jeune Jedi.
Elle retourna dans sa chambre. Hiivsha attendait derrière la porte.
- Que s’est-il passé ? demanda-t-il. As-tu trouvé la cause de ton trouble ?
- Non, avoua Isil. Il n’y avait personne d’autre que Darillian qui est rentré. Il m’a avoué quelque chose… d’étrange…
- Quoi donc ?
- Il a reçu une formation de Jedi quand il était jeune avant de quitter l’Ordre par amour pour une Padawan qui est morte depuis.
- Darillian ? Un Jedi ?
- Pas un Jedi… en tout cas pas officiellement. Mais il doit pouvoir se servir de la Force puisqu’il en a eu la formation. C’est étrange que je n’aie jamais rien ressenti à son contact.
- Étrange en effet… peut-être qu’il a perdu toute affinité avec la Force ce qui expliquerait que tu ne t’en sois jamais aperçue ?
La jeune fille ne pouvait cacher sa perplexité.
- Je ne sais pas, Hiivsha. J’ai perdu mes repères et j’ai des doutes sur plein de choses… ce qu’il m’a dit… ce que j’ai fait… ce que j’ai ressenti… Je me demande si je ne ferais pas mieux de retourner sur Tython pour en parler avec Maître Satele Shan !
Le contrebandier eut un geste dépité.
- Je suis désolé de ne pas pouvoir t’aider.
Il la prit dans ses bras pour l’embrasser mais elle le repoussa gentiment.
- J’ai l’esprit embrouillé et j’ai besoin de me retrouver face à moi-même, loin de toutes les émotions que tu engendres lorsque tu es avec moi.
Hiivsha lui caressa doucement la joue.
- D’accord, petite fille, je te laisse tranquille. Tu es fatiguée et troublée et je sens que tu as besoin de méditer pour te ressourcer dans la Force. Tu as mon numéro de comlink… essaye de me tenir au courant de ce que tu fais.
Il déposa un baiser sur ses lèvres et disparut derrière la tenture par la fenêtre qui donnait sur un petit balcon dans l’ombre duquel un speeder attendait patiemment. Le véhicule s’approcha et le contrebandier disparut à l’intérieur.
Isil s’assit en tailleur à même le sol et ferma les yeux en proie à des sentiments contradictoires.
À l’autre bout de l’appartement, le visage fermé contenant une colère sourde, Jaster Darillian demandait.
- Êtes-vous devenu fou ? Pensiez-vous qu’elle ne pourrait sentir votre présence ?
L’ombre à qui il s’adressait bougea dans son ample vêtement noir dont la capuche était rabattue.
- Ce n’est qu’une Padawan. Mon brouillage mental aurait dû suffire !
- Vous pêchez par présomption, Seigneur Zal’Thir ! ricana le Conseiller. La Padawan de Beno Mahr est bien plus que cela, c’est une vraie Jedi ! Oh bien sûr, le Conseil ne l’a pas encore élevée au rang de Chevalier… sans doute pour d’absurdes préjugés ou parce que leur ignorance est plus grande que leur orgueil ne leur permet de l’admettre !
Ses yeux se mirent à briller.
- Leurs épreuves, cracha-t-il, bah ! Comme si un Chevalier se révélait sur d’aussi absurdes convenances ! La jeune Isil est une vraie Chevalier Jedi, m’entendez-vous ! Ne la sous-estimez pas ! Oh, certes, elle est encore fragile et je suis certain qu’elle est encore malléable… son amnésie et la perte prématurée de son Maître l’ont rendue vulnérable si on sait comment la prendre ! Je subodore même quelques sentiments contradictoires dont je pourrais me servir en temps voulu.
- Sa présence dans vos appartements risque de compliquer les choses, siffla le Sith à voix basse. Pourquoi ne pas nous en être débarrassée ?
- Ne touchez plus à un cheveu de sa tête tant que je ne vous en aurai pas donné l’ordre ! répliqua vivement le Conseiller d’une voix tranchante. Ce que je fais avec la jeune Isil ne regarde que moi… j’ai mes raisons ! Dal-Karven en a assez fait comme ça en l’emmenant sur Korka chez ce fou de Xandor et son programme imbécile !
- Comme vous voudrez, Seigneur Dalius.
- Ne m’appelez pas comme ça ! coupa Darillian.
Le Sith courba la tête.
- Excusez-moi, Conseiller ! Ainsi la Padawan de Maître Mahr ne se doute de rien en ce qui vous concerne ?
- Non. L’artefact de Dark Vitus que je porte en médaillon remplit merveilleusement son office. La jeune Jedi est aveugle dans la Force auprès de moi ! Il n’y a rien à craindre de ce côté-là. Comment croyez-vous que j’ai pu côtoyer les Maîtres du Conseil en toute impunité ? Que me vouliez-vous ?
- J’étais venu vous dire que le projet Omega suit son cours… mais nous avons eu quelques soucis sur Edora II !
- Quel genre de soucis ?
- La plateforme trois a été totalement détruite suite à une infiltration de Jedi… mais trois containers ont pu être évacués à temps !
- Bien, murmura le Conseiller en se frottant les mains, ce sera suffisant ! Nous approchons de la phase finale du plan. Si après cela la guerre totale n’est pas rouverte entre la République et l’Empire…
- L’anéantissement de trois planètes si… emblématiques provoquera une telle vague d’indignation que le Sénat ne pourra rester impassible, commenta le Sith d’une voix rauque.
- Et l’Empereur sera mis au pied du mur ! Il nous sera redevable d’une victoire totale ! Par ailleurs, cela relancera les affaires du Cercle en mettant fin à la concurrence de la fabrication d’armes sur Balmorra !
- Ce sera une perte pour l’Empire.
- Mais une manne financière pour notre organisation !
- Oui, Conseiller !
- Partez, maintenant ! Allez superviser l’opération en cours pour vous assurer qu’il n’y aura pas d’autres accrocs ! L’échec de l’opération « primus » est amplement suffisant. À ce propos, votre… manœuvre pour vous débarrasser de Kaldor était astucieuse mais elle n’a fonctionné qu’un temps. J’ai reçu le rapport du procureur Mas Dom. Le Capitaine Inolmo a tout compris et lui a tout expliqué. Ils savent maintenant que c’est un Sith qui a assassiné le Sénateur et non la jeune Isil.
- Kaldor en savait trop, il risquait de parler et de nous mettre en difficulté !
- Je ne dis pas le contraire. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Kaldor a été maladroit et cet imbécile de Sazkaer encore plus !
- Ces deux problèmes ont été réglés ! précisa Zal’Thir.
- Oui, votre chasseur de prime a été efficace, approuva Darillian avec un petit rire.
- Al Vik est un de nos meilleurs mercenaires… presque aussi redoutable qu’un Sith !
- Alors, espérons que nous en avons terminé avec les surprises, conclut le Conseiller en faisant signe à son interlocuteur de partir.
L’ombre furtive repartit vers les fenêtres de la chambre et passa sur un vaste balcon puis étendit le bras vers l’obscurité d’un bâtiment voisin d’où sortit un petit speeder noir qui vint s’aligner avec la bordure de la terrasse. Le Sith monta à son bord et démarra.
Un peu plus bas, sorti de l’ombre d’une colonnade, un autre speeder s’élançait silencieusement à sa suite tous feux éteints.
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