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Entre le marteau et l'enclume
 
ISD Retaliator


Waldemar ne put réprimer un soupir devant le refus de son ancien élève.
« J’ai fait tout ce que j’ai pu pour épargner des vies. La Galaxie en est témoin. Que nos crimes nous soient pardonnés car notre cause est juste. » murmura-t-il en employant une antique formule rituelle.
Il se demanda s’il ne se mentait pas à lui-même pour justifier sa passivité depuis la fin de la Guerre des Clones.
Il revint rapidement au présent. Des hommes – ses hommes – attendaient les ordres qui les mèneraient à la victoire. Et qui limiteraient les pertes dans leurs rangs.
« Capitaine Joris, transmettez à la flotte : formation en double colonne derrière le Retaliator et le Persecutor. Chasseurs parés au décollage à mon ordre.
– À vos ordres, amiral. Mais comment comptez-vous briser leurs lignes ? » répliqua le commandant du destroyer stellaire.
Une très bonne question en effet, car les Tyréniens avaient disposé leurs forces – douze vaisseaux de guerre emmenés par quatre destroyers Venator – selon une ligne de bataille à deux niveaux. L’ensemble ressemblait fortement à un mur concave qui se refermerait impitoyablement sur les assaillants. « C’est comme tenter de forcer un roque aux holo-échecs », songea Waldemar. De nombreuses théories avaient été écrites sur le sujet à l’Académie Navale Impériale et plusieurs manœuvres testées lors d’exercices mais rien de décisif n’en était jamais sorti.
La tactique la plus communément admise consistait à former une ligne de bataille parallèle pour bombarder l’autre à distance. L’artillerie et les chasseurs d’assaut devaient mettre hors-service le ou les plus faibles vaisseaux de la ligne ennemie. Cela créerait alors une brèche dans leurs rangs où la force attaquante pourrait s’engouffrer. Cette tactique supposait bien entendu de consentir à de lourdes pertes.
Or, si Waldemar disposait de presque deux fois plus de vaisseaux que Phanteras, plus de la moitié d’entre eux étaient des croiseurs légers Carrack, qui ne supporteraient pas un affrontement selon ces règles. Avec l’appui de l’artillerie de la station, les Tyréniens pourraient très bien les déborder.
« Nous allons percer leurs lignes, commandant, répondit Waldemar du même ton que si on lui avait demandé l’heure.
– Mais voyons, amiral, leurs défenses sont solides. Et le manuel…
– Au diable le manuel ! Rugit Waldemar. Nous ne sommes plus à l’Académie, ici, et nous n’avons pas le temps. Lieutenant Oberran : pleine puissance sur les écrans déflecteurs avant. Navigation : machines en avant toute.
– Mais sans manœuvres d’évitement, les colonnes vont se faire pilonner, hasarda Joris.
– Je me moque de ces manœuvres, rétorqua Waldemar. Navigation : foncez-leur dessus ! »
Et les deux colonnes impériales s’ébranlèrent en ordre parfait. Devant eux, les chasseurs sécessionnistes se déplacèrent pour leur faire face. La ligne de bataille, elle, restait impassible.
Sur la passerelle du Retaliator, les écrans des senseurs clignotaient furieusement, signe que les radars de tir adverse étaient braqués sur eux. Dès que les impériaux seraient à portée, une salve de missiles et de torpilles fondrait sur les deux colonnes. Tous, du commandant de bord au plus infime homme d’équipage, se représentaient la coque de leurs vaisseaux tordue et disloquée sous l’effet des tonnes d’explosif à haute puissance. Seul Waldemar affichait un visage imperturbable : assis dans son siège, il tapotait les accoudoirs du bout des doigts. Comme s’il était pressé.
En réalité, son esprit s’évertuait à imaginer les impondérables, les effets du hasard et leurs conséquences ; au premier rang desquelles les pertes en vies humaines.
La flotte impériale venait de couvrir la moitié de la distance qui la séparait de son objectif. D’un moment à l’autre, ils seraient à portée des batteries ennemies, sans possibilité de répliquer, l’amiral ayant ordonné de ne pas tirer avant d’être au contact.
« Alerte ! Contacts multiples en approche rapide droit devant nous ! Hurla l’officier chargé de l’autodéfense du Retaliator. Classifions contacts comme missiles tyréniens. Temps estimé avant impact : une minute.
– Renforcez les déflecteurs de proue ! réagit aussitôt Waldemar. Que les batteries de DCA se préparent à la manœuvre Aurek sept : interception longue portée puis tir de barrage. Brouilleurs en action. Et vous, lieutenant, calmez votre ton, nous ne sommes pas à la Bourse du Centre Impérial », admonesta-t-il l’officier qui avait lancé l’alerte.
La voix autoritaire de leur amiral fut comme un déclic pour les occupants de la passerelle. Ils retrouvèrent leurs réflexes acquis après un entraînement rigoureux et exécutèrent les ordres. Sur tous les vaisseaux impériaux, les batteries laser à tir rapide pivotèrent et firent face à la menace. Sur simple pression d’un bouton, ces canons passèrent en mode automatique : les radars de tir sélectionnèrent les cibles les plus proches, calculèrent la distance, le relèvement et l’angle de tir et envoyèrent ces informations aux armes.
Avec une précision qui aurait rendu fiers leurs concepteurs, les canons firent feu. Une fois, deux fois, trois fois. De nombreuses ogives furent réduites en cendres par les traits d’énergie pure mais autant d’autres continuèrent leur course.
« Impact dans trente secondes, annonça-t-on sur le Retaliator. La moitié des missiles a été abattue. Les défenses passent en tir de barrage. »
Les canons pivotèrent alors selon des plans préétablis et ouvrirent le feu en continu. Chaque vaisseau impérial était maintenant entouré d’un rideau d’énergie mortelle.
« Impact dans quinze secondes. Contact avec le tir de barrage. Le barrage fonctionne. Attendez, il y a des fuites ! Trente missiles, dirigés contre le Retaliator et vingt-six contre le Persecutor. Impact dans sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un… Impact ! »
Les missiles frappèrent de plein fouet les boucliers déflecteurs. Ces derniers tirent bon au début mais un groupe de quatre missiles explosa au même moment sur une partie moins protégée. L’énergie de l’explosion fut absorbée, mais pas suffisamment. Le générateur du bouclier dut se couper pendant moins d’une demi-seconde pour éviter la surchauffe. Une période suffisamment longue pour laisser passer deux autres missiles qui s’écrasèrent contre la coque du destroyer impérial. La gerbe de flammes s’éteignit presque aussitôt mais deux compartiments étanches avaient été exposés au vide spatial.
« Rapport des dégâts ? Demanda le capitaine Joris.
– Les compartiments un et deux de la tranche bâbord avant ont été détruits, commandant. Le feu ne s’est pas étendu. Les compartiments adjacents rapportent que les portes étanches tiennent le coup. »
« Bon sang, il y avait cinquante personnes dans ces compartiments », songea le commandant.
« Les Tyréniens ouvrent le feu avec leur artillerie principale, annonça une autre voix.
– Plus que deux minutes avant l’arrivée au contact », informa le navigateur.
Cette fois, les boucliers soutinrent le déluge de feu qui s’acharnait sur eux au prix de la perte d’une partie de la mobilité et de la puissance de feu du destroyer.
« Tubes lance-missiles parés à mon ordre, annonça Waldemar. Nous allons les secouer un peu. »


***


A bord du Shar’Lis Tyra, Phanteras avait très bien compris ce que tentait de faire son ancien professeur même si il ne savait pas pourquoi ce dernier n’avait pas encore tiré ses missiles – ils n’auraient pas drainé l’énergie des déflecteurs contrairement aux turbolasers. Plus qu’une minute avant le contact. Pourquoi ne tirait-il pas ?


***


« Trente secondes avant contact.
– Alerte collision, répondit Waldemar. »
Les alarmes entonnèrent leur mugissement dans tout le vaisseau.
« Vingt secondes !
– Tubes lance-missiles : feu pour la salve un ! Feu pour la salve deux ! Navigation, faites-nous passer entre ces deux Victory. Faites passer à la flotte : chaque colonne entame une manœuvre d’encerclement de la flotte adverse. »
Pendant que les ordres étaient relayés, les regards se tournèrent vers les superstructures des deux destroyers qu’ils allaient frôler. Beaucoup crurent qu’une collision était inévitable et quelques-uns fermèrent même les yeux. Le Retaliator passa pourtant, suivi de près par les autres vaisseaux de la colonne et vira et à bâbord, entamant la manœuvre d’encerclement.
« À toutes les batteries : feu à volonté ! Faites décoller les chasseurs ! Colonel Taras, rappelez-vous : tout appareil à moins d’un kilomètre d’un de nos vaisseaux sera abattu ! »
Cette fois la mêlée avait commencé pour de bon et il n’y aurait pas de quartier.


***


La station spatiale boreo-tyrénienne


Le trio emmené par Derek courait à perdre haleine dans une des galeries annexes menant au module des générateurs. Il savait que leur survie ne tenait qu’à un fil et ne pouvait comprendre la décision de Sanaz d’aller arrêter Rees seule.
Il était pourtant trop bon soldat pour lui désobéir et comptait bien s’acquitter de sa tâche. À sa droite, Jia lui fit signe qu’ils approchaient du but.
Ils franchirent le sas blaster au poing et se retrouvèrent dans un enchevêtrement de passerelles sur plusieurs niveaux. Elles suivaient les canalisations qui transportaient le fluide de refroidissement aux réacteurs, les conduites d’alimentation qui partaient du module, ainsi que les nœuds de contrôle principaux et secondaires. Sans hésiter, ils gravirent une échelle vers la sous-station de refroidissement la plus proche. Ashoka se mit immédiatement à l’œuvre une fois là-bas.
Leur plan consistait à pirater le terminal de la sous-station, couper ou rerouter le système de refroidissement et quitter les lieux en quatrième vitesse pour admirer le feu d’artifice. C’était aussi simple que cela.
Les trois soldats avaient cependant négligé un léger détail : ils étaient presque seuls. Derek entrapercevait bien des techniciens à l’une des stations principales mais cet endroit aurait dû grouiller d’animation. À cause de la bataille en cours, il aurait dû y avoir au moins les équipes de contrôle des dégâts. Tandis que là, personne : pas de gardes, même pas un droïde de maintenance.
Derek ruminait ces pensées quand l’enfer se déchaîna autour d’eux. Un déluge de tirs de blasters encadra leur position, endommageant une partie des contrôles de la sous-station. Derek se jeta immédiatement à terre et tira plusieurs rafales au jugé, plus dans l’espoir de forcer les assaillants à se mettre à couvert que d’en toucher un. Profitant d’un instant de répit, il s’assura de l’état de Jia et d’Ashoka. Soulagé, il leur fit signe de se déployer un peu mieux que ça.
Une minute et trois chargeurs plus tard, les soldats impériaux occupaient une meilleure position défensive mais n’étaient guère plus avancés. Ashoka ne pouvait s’occuper du générateur car les commandes avaient été détruites par la première rafale et un groupe de soldats tyréniens faisait mouvement pour leur couper la retraite.
Du coin de l’œil, Derek vit au loin trois ombres menaçantes faire mouvement vers eux. « De mieux en mieux », songea-t-il.
À côté, Jia serra son arme plus fort pour empêcher ses mains de trembler. Ils étaient pris au piège et elle ne voulait pas que cela se termine ainsi…


***


Système de Boreus


La bataille faisait rage depuis près d’une heure et aucun camp n’avait le dessus. Le commandant tyrénien avait pu fortement endommager un des cuirassés impériaux au prix de la perte de la moitié de ses bombardiers et d’un tiers de ses chasseurs. Ceux qui lui restaient avaient fort à faire pour le défendre de la contre-attaque impériale. Il avait dû abandonner un de ses Victory, trop sévèrement frappé après les premières escarmouches au début du conflit ; les réparations n’avaient pas tenu. Maintenant, ce dernier dérivait au milieu du champ de bataille, se désagrégeant un peu plus à chaque salve de turbolaser perdue.
« Mon commandant, appela un enseigne. J’ai pu déterminer la cause de nos problèmes d’hyperdrive. Ce sont ces deux frégates qui émettent un signal imitant la signature d’un puits de gravité. »
L’officier supérieur faillit rejeter cette conclusion comme absurde mais se rendit à l’évidence que les deux vaisseaux restaient derrières les lignes impériales, comme s’ils attendaient quelque chose ou…
« Bravo, enseigne ! » S’exclama-t-il.
Puis, s’adressant aux commandants des deux derniers Victory qui lui restaient :
« Ce sont ces frégates qui nous prennent au piège. Opérez une percée et détruisez-les ! À tous les autres vaisseaux : tir de couverture ! Lancez les bombardiers qui nous restent pour dégager un corridor d’attaque ! »
Les forces tyréniennes réagirent instantanément. Les quatre cuirassés doublèrent la cadence de tir de leurs pièces et les bombardiers fondirent sur le vaisseau impérial le plus proche. La DCA préleva un lourd tribut dans leurs rangs mais les impériaux furent contraints de s’écarter, ouvrant la voie aux Victory tyréniens qui s’engouffrèrent dans la brèche, artillerie déchaînée.
Le commandant des forces sécessionnistes s’octroya un sourire : il avait surpris ses adversaires et possédait maintenant l’avantage tactique.


***


La station spatiale boreo-tyrénienne


D’après le plan, Sanaz se trouvait près du pont d’observation principal.
« Encore un lieu de détente converti en hall à la gloire du despote local », décida-t-elle.
Avec du courage et un peu de chance, elle pourrait stopper cette guerre maintenant. Elle inspira un grand coup et franchit le sas. Comme elle s’y attendait, on avait changé la fonction primaire de l’endroit en un bureau surdimensionné pour le gouverneur. Elle le vit assis dans un confortable fauteuil, le regard rivé sur la bataille qui se déroulait au-dehors.
« C’est fini, gouverneur. Vous avez perdu », annonça la Zabrak en pointant son arme sur lui.
Le fauteuil pivota et Rees lui sourit.
« J’avoue que vous me surprenez, sergent Miren. Je ne pensais pas que vous arriveriez à vous échapper ; encore moins aussi rapidement. Toutes mes félicitations. Je ne puis cependant m’avouer vaincu si facilement : comme vous, je me bats jusqu’au bout, précisa-t-il.
– Cessez cette folie maintenant, lui ordonna-t-elle. Vos concitoyens meurent par centaines pour vos rêves utopiques. L’Empereur sera sans pitié, ajouta Sanaz.
– Des rêves utopiques ? Peut-être, mais tout ce que je fais, je le fais dans l’espoir de donner aux habitants de ce secteur une vie bien meilleure que tout ce l’Empire peut leur offrir. Songez un instant aux arrestations arbitraires, à la police secrète, aux procès expéditifs, à ce régime de terreur instauré au seul nom de l’Ordre. L’Empereur promet la sécurité et enlève effectivement toute sécurité à ses sujets. Moi, je me bats pour offrir au boreo-tyréniens la possibilité de vivre leur vie, sans qu’on cherche à leur imposer une vision unique de la Galaxie.
– L’Empire a ramené la Paix dans la Galaxie, il a mis fin à tous les conflits qui minaient la République. Il lutte contre la corruption et les querelles de bas-étage en centralisant le pouvoir ; il…
– Vous voyez ? Vous avez bien appris votre propagande : oui, l’Empire a centralisé le pouvoir mais uniquement pour le concentrer entre les mains de Palpatine. Le pouvoir absolu aux mains d’une seule personne ? Cela ne ressemble-t-il pas à la définition d’une dictature ? Je ne parle même pas de la discrimination envers les non-humains, érigée au rang d’institution.
– Et moi alors ? L’armée impériale a reconnu mes compétences, elle m’a donné un idéal. »
Rees émit un ricanement sarcastique.
« Mais voyons, sergent, vous n’êtes qu’un instrument de propagande. Si l’armée impériale vous a conservé dans ses rangs, c’est uniquement pour se dédire de toute accusation de discrimination, pour faire croire aux non-humains que l’Empire songe réellement à leur bien-être !
– Vous mentez ! Et maintenant, ça suffit : rendez-vous !
– Me rendre alors que cette station est sur le point de remplir son objectif et de me fournir tous les vaisseaux nécessaires à la défense du secteur ? L’Empire aura tout intérêt à nous oublier plutôt que de s’efforcer de nous exterminer. D’ici moins d’une heure, ces deux destroyers pourront rejoindre la flotte du commodore Phanteras. Dans quatre heures, la paire suivante sera prête.
– À condition que Phanteras gagne, précisa Sanaz.
– Nous verrons bien. Assez discuté, puisque vous vous intéressez tant à mes plans, je vais vous montrer le modèle de droïde qui armera les forces d’autodéfense boreo-tyréniennes. »
Rees appuya sur un bouton et une alcôve s’ouvrit sur la droite de Sanaz. La machine qui sortit lentement, d’une démarche presque solennelle, était humanoïde avec des photorécepteurs rouges en guise d’yeux afin de lui donner un aspect plus menaçant. Elle portait un grand bâton dans la main droite. Tandis que la machine avançait, Sanaz essayait désespérément de se remémorer où elle l’avait déjà vue. Quand elle s’en souvint, le droïde s’était déjà posté à la droite de Rees.
« Et oui, déclara ce dernier, comme s’il lisait dans ses pensées, il s’agit d’un IG-100 capturé par la République à la fin de la Guerre des Clones. Un « Magna-Guard » si vous préférez. Je dispose de six unités : ce garde du corps, deux utilisés comme modèles par le constructeur universel et les trois derniers qui assurent la sécurité des générateurs de la station. »
Sanaz ne put s’empêcher de blêmir.
« Je suis parfaitement au courant de l’intrusion de vos coéquipiers dans cette zone. Rendez-vous maintenant, ordonna-t-il, et ils pourront partir librement. »
En guise de réponse, Sanaz tira sur Rees. Le droïde fut plus rapide qu’elle et s’interposa.
« Bien essayé, sergent, mais vous auriez dû me tirer dessus plus tôt. Maintenant, mon garde du corps va devoir vous mettre hors d’état de nuire. »
Le Magna-Guard s’avança et activa son électrostaff. Sanaz continua de tirer, visant les photorécepteurs du droïde, mais ce dernier était trop rapide pour elle et parait avec une aisance déconcertante, l’électrostaff interceptant les tirs du blaster.
Sanaz se retrouva vite à court de munitions et voulu recharger mais la machine était trop près. La Zabrak lui jeta son fusil-blaster au visage mais il l’écarta d’un simple revers de main. Le droïde leva son arme et l’abattit sur Sanaz. Il ne l’atteignit jamais car l’électrostaff rencontra la lame de l’épée courte de l’impériale.
« Stop ! » Ordonna le gouverneur.
Pendant plusieurs secondes, on n’entendit plus que le vrombissement de l’arme du droïde. De la sueur perlait sur le front de Sanaz. Elle avait eu à peine le temps de parer et savait qu’elle ne ferait pas le poids dans un duel à l’arme blanche.
« Nous sommes décidément bien semblables, sergent. Vous ne vous avouez pas facilement vaincue. Pour vous « récompenser » de cette ténacité, mon garde du corps va vous donner un petit cours d’escrime. Contente-toi de la mettre hors de combat pour l’instant, j’ai encore quelques questions à lui poser », ordonna-t-il au droïde.
Le Magna-Guard recula d’un pas pour laisser un peu de place à son adversaire. Sanaz en profita pour dégainer son couteau de combat de la main gauche. Une deuxième lame l’aiderait grandement à parer, malgré son manque flagrant d’ambidextrie.
Le droïde fondit sur elle avec une rapidité telle qu’elle eut du mal à éviter la première volée de coups. La puissance de frappe de son adversaire n’arrangeait rien et, à chaque fois que leurs armes se rencontraient, la violence du choc manquait de la désarmer.
Sanaz tenta une feinte vers la jambe droite de son adversaire et enchaîna par une pirouette qui aurait dû l’amener dans le dos du droïde si ce dernier ne l’avait pas jetée violemment à terre d’un coup de pied bien placé. Elle roula aussitôt sur elle-même pour se relever quelques mètres plus loin mais c’était inutile : le Magna-Guard attendait docilement qu’elle reprenne le combat.
Sanaz voulut changer de tactique et fonça sur Rees ; peine perdue car elle fut interceptée et forcée de reprendre le combat contre le droïde.


***


Près du générateur, la situation empirait pour Derek et ses coéquipiers. Ils tenaient en respect les soldats tyréniens mais ils ne pouvaient pas fuir. Il y avait aussi ces trois droïdes de combat qui avançaient inexorablement vers eux en s’aidant des abris offerts par les innombrables passerelles et autres canalisations.
Leur situation désespérée sur Ouranos V leur revint à l’esprit. Ils ne pouvaient fuir, ils n’avaient aucune aide extérieure à espérer et ils n’avaient pas le temps de préparer leur défense.
L’œil du soldat impérial aperçut du mouvement sur sa gauche. Il fit feu et un Tyrénien tomba, blessé ou tué. À ses côtés, Ashoka tirait sporadiquement sur les droïdes, tentant de ralentir leur progression. Ils connaissaient ce modèle de par les nombreux comptes-rendus de la Guerre des Clones et ne se faisaient guère d’illusions sur leur capacité à survivre s’ils les laissaient venir au corps à corps.
Profitant d’un moment de répit, Derek jeta un coup d’œil à Jia et la vit complètement tétanisée, trop effrayée pour réagir à ce qui se passait autour d’elle.
« Derek, si on arrive à faire sauter la canalisation devant nous, on coupe l’alimentation des stabilisateurs, fit remarquer Ashoka entre deux rafales.
– Et alors ? Nous n’avons que des grenades en guise de charges explosives. De toutes manières, les stabilisateurs ne nous feront pas détruire la station.
– Si, car elle sera happée par le puits de gravité de l’étoile.
– Ils ont certainement un circuit de secours. Attention ! »
Une rafale de blaster passa à un cheveu de leurs têtes.
« Pas sûr qu’ils aient le temps de rerouter l’énergie nécessaire. Mais tu as raison, sans explosifs… »
Ashoka soupira et tira de nouveau sur les droïdes, sans autre effet que d’érafler leur peinture.


***


ISD Retaliator


La mêlée faisait rage et les pertes du côté impérial étaient sévères : deux croiseurs légers avaient été détruits et trois autres étaient si endommagés que Waldemar ne pouvait plus compter sur eux.
Il ne broncha pas quand l’artillerie du Retaliator détruisit un groupe de chasseurs tyréniens qui tentaient de tirer leurs missiles sur la coque du destroyer. Plus loin, dans la formation sécessionniste, un destroyer Victory succomba aux coups répétés de l’artillerie impériale et s’embrasa.
Toute idée de plans à long terme avait disparu de l’esprit de Waldemar ; seul comptait l’instant présent : détecter la meilleure opportunité et en profiter, protéger ses propres vaisseaux d’une réaction ennemie. Il était parfaitement dans son élément et ne détachait pas ses yeux de la projection holographique pour donner ses ordres.
La situation était grave pour le Retaliator : en tant que vaisseau amiral, il était la cible du gros des attaques tyréniennes. Il avait déjà perdu deux batteries de turbolasers et un dôme senseur. Plusieurs compartiments détruits à bâbord et tribord du hangar principal compliquaient la tâche des équipes de sauveteurs.
« Amiral, nous sommes isolés du reste de la flotte ! Avertit l’un des officiers.
– Ordonnez au Basilisk d’opérer une percée pour nous dégager, répondit Waldemar.
– Et le groupe du Persecutor ? Hasarda Joris.
– Négatif, ils sont trop loin. Colonel Taras, envoyez vos bombardiers sur ces deux Venator et… »
Seul un grésillement lui répondit.
« Ici le capitaine Valisj, le colonel est hors-véhicule. Il ne me reste que huit bombardiers, amiral.
– Alors regroupez les et trouvez-vous une escorte de chasseurs pour soutenir le Basilisk.
– Bien reçu. »
Il était déjà trop tard pour sauver le Retaliator car le Shar’Lis Tyra et ses trois escorteurs ouvrirent le feu sur le destroyer impérial. Sur ordre de Phanteras, les canonniers avaient tous la même cible : la passerelle. Les boucliers tombèrent à la fin de la première salve et la seconde déchira l’immense superstructure comme si elle n’était que du papier de soie.
Le dernier dôme senseur vola en éclats, accompagné de la partie bâbord du château qui dériva lentement vers la poupe et les tuyères des réacteurs du Retaliator.
Par miracle, les baies vitrées de la passerelle elle-même tinrent bon mais des chocs violents firent s’écrouler une large partie du plafond sur les hommes postés dessous tandis qu’une série de courts-circuits détruisait les ordinateurs et moyens de communications.
« Évacuez la passerelle ! » Hurla Waldemar par-dessus le vacarme apocalyptique.
Fidèles à la tradition, lui et le capitaine Joris attendaient à l’entrée du dernier turbo-élévateur fonctionnel que le personnel ait évacué. Le capitaine eut un haut-le-cœur quand il aperçut son second, empalé par une poutrelle d’acier tombée du plafond.
Le dernier membre d’équipage était parti et les deux officiers supérieurs allaient le suivre quand une nouvelle explosion retentit. Elle fut accompagnée d’une gerbe d’étincelles et de débris qui frappèrent Waldemar de plein fouet. L’amiral s’écroula, l’abdomen transpercé de multiples éclats de métal. Il refusa l’aide du capitaine Joris.
« C’est fini pour moi, capitaine. Vous commandez la flotte à présent. Allez à la passerelle secondaire et sauvez le vaisseau ! Vous m’entendez, cria-t-il presque entre deux haut-le-cœur qui lui firent cracher du sang, si le Retaliator est détruit ils auront l’avantage psychologique ! Ne les laissez… pas… faire… »
Le contre-amiral Reiner Waldemar de la Marine Impériale, vétéran de la Guerre des Clones, venait de rendre son dernier soupir. Il était mort en soldat, comme il l’avait voulu ; piètre consolation pour le capitaine Joris qui avait une carcasse de vaisseau à sauver et une bataille à gagner.
Plus loin, sur les flancs de la station spatiale, le premier des deux Venator commença à se dégager de sa forme de construction.


***


La station spatiale boreo-tyrénienne


La situation de Sanaz était sans issue : le Magna-Guard l’empêchait de s’attaquer à Rees et se jouait d’elle et de ses maigres compétences d’escrime.
Une parade trop tardive lui avait arraché son poignard, et maintenant, elle brandissait son épée à deux mains, secrètement heureuse que le métal de la lame résiste à un électrostaff. Le visage en sueur, les poumons en feu, les bras et jambes qui agissaient automatiquement, comme dans un rêve, elle avait perdu toute notion du temps et se battait comme un automate.
Elle n’entendit pas Rees qui ordonna au droïde de la mettre hors de combat mais elle sentit le violent coup de pied au ventre et le choc magistral qui la projetèrent au sol quelques mètres plus loin. Elle était désarmée et, quand elle tenta de bouger, une douleur vive la contraignit à rester immobile. La partie de l’esprit de la Zabrak qui pouvait encore raisonner diagnostiqua une ou plusieurs côtes brisées.
Un bruit de pas métallique se fit entendre : le droïde venait s’assurer qu’elle était bien hors de combat. Comme elle ne pouvait pas se relever, elle tenta de s’éloigner en rampant mais dut s’arrêter au bout de quelques centimètres, terrassée par la douleur, la fatigue et la certitude de l’échec de sa mission.

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