Warm-up :
Inutile de vous dire ce qu’est un roman, vous n’êtes pas aussi bêtes. La preuve : vous lisez ces lignes. Parlons peu mais parlons bien.
Futés comme vous êtes, donc, vous avez dû réaliser en vous baladant dans le coin Librairie de la Fnac ou dans n’importe quelle autre grande enseigne, qu’à proximité du rayon SF/Fantasy se trouvait quasi obligatoirement un étalage nommé « Cinéma, TV, Jeux ». Il s’agit en quelque sorte d’adaptations des produits culturels en question sous la forme d’un roman ou d’une collection de romans. Un coup d’œil à ces étagères suffit pour comprendre qu’il s’agit d’une industrie florissante. On y trouve en effet de tout :
- Alias, Buffy & Cie, Star Trek, Smallville, et cætera pour les Séries TV
- WarCraft, Halo, Diablo, Resident Evil et autres pour les jeux vidéo et Les Royaumes Oubliés et Lance Dragon pour les jeux de rôles
- Star Wars, évidemment, pour les films
Parfois, il s’agit seulement de « novélisation » (j’expliquerai ce terme plus bas), mais très souvent, ces ouvrages ne font que « compléter » les films, jeux et séries déjà dotés d’histoires efficaces et dont ils portent le nom. Vous l’aurez compris, ils représentent les Univers Etendus de leurs sources d’inspiration respectives. Considérés par beaucoup comme de la « littérature de gare », ces bouquins visent les fans des œuvres originales.
On peut dire sans se tromper que la Collection Star Wars qui nous intéresse plus particulièrement, fait office de précurseur en la matière. Petit flash-back :
Nous sommes en 1978. L’an passé, La Guerre des Etoiles a cartonné sur tous les écrans du monde entier, sauf au Népal et à Chaune-Sur-Marne, très bizarrement.
Aux USA sort alors sous la bannière de Ballantine Books (l’une des sociétés du monstre éditorial que représente Random House) un roman d’Alan Dean Foster, qui a déjà signé le roman de ce qui n’était pas encore l’Episode IV. Baptisé Splinter of the Mind's Eye, on apprendra plus tard que l’histoire de ce roman n’est autre que celle du téléfilm qui aurait fait office de suite officielle si ANH n’avait pas marché au ciné. Mais ce qui nous importe vraiment ici, c’est que ce bouquin était l’un des premiers produits dérivés Star Wars avec les comics Marvel, dont nous vous parlerons dans la page suivante. En bref, l’un des aînés de l’UE.
Un an plus tard, la première trilogie de romans naît sous la plume de Brian Daley : Les Aventures de Yan Solo. Comme le titre le suppose, on y contemple le jeune contrebandier et son compère Wookiee enchaînant les périples. Rebelote en 83, à l’occasion de la sortie de ROTJ avec une (très mauvaise) trilogie sur Lando Calrissian signée L. Neil Smith. Après quoi, le silence radio sera ordonné.
Nom d’un Bantam !
Il aura fallu attendre 1991 pour assister à la résurrection de la licence chez cet éditeur qui n’est qu’une autre filiale du groupe Random House. C’est sous la plume de Timothy Zahn que paraît le premier tome de la trilogie « bâtisseuse » de l’UE, rien que ça. Certes, trois auteurs ont déjà offert au fans de la première heure de quoi passer un bon moment, mais avec L’Héritier de l’Empire, Zahn pose sans le savoir les pierres fondatrices de l’Univers Etendu. Plus que jamais, ce dernier adjectif est approprié tant l’immersion dans la galaxie lointaine est réussie. Un réel engouement naît chez les fans : selon les goûts, l’ambiance est soit suffisamment proche de la trilogie pour qu’on s’y laisse prendre, soit c’est l’ambiance de la trilo. Bien qu’arrivé en cours de route et alors que personne ne l’attendait, Zahn devient malgré lui l’exemple à suivre.
Vu le succès de L’Héritier de l’Empire et de ses suites, Bantam demande à d’autres auteurs de pondre un ou plusieurs romans. Si certains voyaient en La Croisade Noire du Jedi Fou (du nom de la trilogie de Zahn, chez nous) la suite officielle de la trilo – comme l’annonçaient d’ailleurs à tort de nombreux éditeurs à travers l’hexagone – ils durent revoir leur jugement peu de temps après : ces livres ne représentent qu’un chapitre des très nombreuses aventures de Luke et ses amis. Des auteurs plus ou moins connus dans le milieu de la littérature de l’imaginaire tels que Kevin J. Anderson, Dave Wolverton, Kathy Tyers, Steve Perry, Michael Stackpole ou encore Barbara Hambly, vinrent s’essayer au jeu de la mise en scène littéraire. Tous ou presque se sont amusés à décrire un épisode forcément ultérieur aux Episodes IV, V et VI.
Mais voilà que quelques années avant la fin du siècle dernier, alors que l’UE se portait justement très bien comme le prouvait la sortie d’une collection de livres pour enfants ou adolescents et quelques recueils de nouvelles, George Lucas annonce fièrement qu’une nouvelle trilogie est en chantier. Bantam décide alors de conclure son cycle pour « adultes » en beauté, en faisant revenir Maître Zahn à la barre, pour deux romans se déroulant dix ans après sa trilogie.
La Couronne Del Rey
Dès 1999, l’année même de la sortie en salle de l’Episode I, c’est Del Rey (une autre boîte appartenant à Random, mais une des plus réputées) qui prend en main la licence. Puisque Star Wars revient sous les projecteurs de l’actualité, il n’est pas question de l’utiliser avec parcimonie. Au contraire, tous les éléments sont là pour sortir plus de romans qu’auparavant : une nouvelle trilogie, une nouvelle génération de fans, et les anciens toujours présents. Mais la quantité n’est pas là au détriment de la qualité, bien au contraire : la nouvelle politique de LucasBooks est de proposer de bons romans Star Wars aux histoires réfléchies, autant par l’auteur sélectionné par la firme que par ses éditeurs. Il n’est pas non plus question de tourner le dos à tout ce qui à été fait par le passé non plus, ce serait pure folie. Car même si la prélogie apporte son lot d’incohérences et de nouveautés vis-à-vis de la trilogie et de l’UE, tout reste possible. Désormais, tout est question de « point de vue », comme dirait Obi-Wan ; car si cohérence globale il y a, mieux vaut ne pas chercher à interpréter les petits détails, comme par exemple le passé de Boba Fett. Parfaitement, monsieur, je vous vois réagir, mais ce n’est bel et bien qu’un détail.
Bref, la nouvelle politique de la maison est de ne garder en tête que les bonnes idées et d’oublier les boulettes passées : Jedi Noir provincial mais très méchant se dressant pour une raison X ou Y sur le chemin de nos héros comme un cheveu tomberait dans la soupe, Néo-Impérial ayant la folie des grandeurs ou grosse bébête gélatineuse sensible à la Force. (Si, si). C’est à cette période que certaines parutions passées sont volontairement écartées de la chronologie SW. Les romans ne sont que très moyennement touchés par cette purge ordonnée par les hautes sphères non seulement pour coller avec les trois nouveaux films, mais aussi pour se débarrasser d’ouvrages qui ont mal vieilli et ont dépassé de beaucoup le mur du kitsch. On ne citera que le meilleur exemple, la série pour gamins nommée La Saga du Prince Ken.
C’est aussi durant cet âge que se révèlent au grand jour les « scénaristes » de l’UE, les éditeurs de LucasBooks, Del Rey, Dark Horse, et cætera… Sue Rostoni, Shelly Shapiro, Randy Stradley et on en passe, sont les têtes pensantes de LucasBooks ou de leurs firmes respectives. En plus de cadrer une nouvelle génération d’auteurs et de veiller au grain, ils se doivent aussi - et surtout - d’imaginer les intrigues des romans ou des séries de romans à paraître. Ce sont également eux qui, dans la mesure du possible et à l'instar de quelques auteurs branchés sur le web, répondent depuis quelques années aux questions des fans internautes sur les forums du site officiel, ainsi que sur ceux de Dark Horse et de TheForce.Net.
L’actualité générale de la licence a pu influencer les parutions Del Rey. Les années suivant ou précédant la sortie de film ont ainsi impulsé une certaine dynamique. Ont par conséquent vu le jour des romans ou des séries de romans qui utilisent le background de la prélogie (les meilleurs exemples étant tous les médias estampillés « Clone Wars » qui ont surfé sur la vague de AOTC pour préparer le terrain à ROTS) ou bien d’autres qui mettent l’accent sur la trilogie originale et son futur. Le Nouvel Ordre Jedi, par exemple, a commencé avant la sortie de l’Episode I pour s’approprier le public de l’ère Bantam et a continué jusqu’en 2003.
Entre la sortie en salles de La Revanche des Sith en 2005 et le glas de l'UE Legends en septembre 2014, Del Rey s'est bien porté et a profité de rapprochements avec Dark Horse (éditeur de comics) pour créer l’ère de l’Héritage, faisant suite au Nouvel Ordre Jedi, dans laquelle pas moins de 23 romans ont été publiés, et ce pendant que Dark Horse explorait également la période en comics, avec notamment la série Legacy. En 2011, c'est la série Knight Errant qui voit le jour avec trois comics et un roman liés. L'année suivante, c'est au tour de la série Dawn of the Jedi de mêler comics et roman. L’union fait la Force …
Del Rey a aussi réussi le pari de se lancer dans de nouveaux styles avec Deathtroopers et Red Harvest, deux romans d’horreurs façon Star Wars !
Le résultat est dans l’ensemble très positif. La qualité monte d’un sacré cran par rapport à l’ère Bantam. Lorsque le glas de l'Univers Legends sonne en 2014, soit 15 ans après l’obtention de la licence par Del Rey, on a déjà largement passé la barre des 100 livres ! On compte notamment parmi eux :
des ouvrages estampillés The Old Republic : Surfant sur la vague du désormais célèbre MMORPG de Bioware, ces romans complètent le background offert par le jeu. Ils s'adressent avant tout aux joueurs souhaitant en apprendre davantage sur la période.
des ouvrages prélogiques indépendants : Censés compléter les Episodes I, II et III, ils se démarquent tous par un style rédactionnel particulier ou une ambiance nouvelle dans la galaxie SW : cela va du polar à la politique-fiction en passant par du plus classique.
quelques romans se situant quelques années après ROTJ : Leur rôle premier était d’apporter un brin de cohérence à cette période où le passé de la galaxie, celui relaté dans la prélogie, est assez trouble, voir complètement sombre.
des novélisations : Tout comme la trilogie classique en son temps, les nouveaux chapitres de la saga bénéficient à leur tour d’adaptations en roman. C’est ce qu’on appelle une novélisation (« Novel » signifie roman en anglais). Rédigées par des auteurs connus dans le milieu de la littérature de Fantasy et de Science Fiction, ces livres font plus que de présenter les scènes des films sur papier, puisqu’on peut y lire des passages « inédits », complétant le film. Chacun de ces ouvrages est réalisé en collaboration pointue avec George Lucas.
Des romans post-Vision du Futur : Avec le dernier roman de l’éditeur Bantam signé Timothy Zahn, la chronologie de l’Univers Etendu Star Wars se retrouvait vierge à partir de l’an 19 (soit 15 ans après la événements du Retour du Jedi. Cette période a été largement développée par Del Rey, qui – tout en continuant de mettre les héros de la Trilogie Luke, Leia et Han – a créé toute une nouvelle génération de héros, parmi lesquels les enfants Solo et leurs amis Jedi. Cette nouvelle ère de l’histoire de Star Wars se compose de séries de romans : le Nouvel Ordre Jedi (19 romans), Nid Obscur (3 romans), L’Héritage de la Force (9 romans) et Fate of the Jedi (9 romans) entre lesquels s’intercalent quelques romans individuels tels Crosscurrent, Riptide ou Millenium Falcon.
la série La Guerre des Clones : Il s’agit de la fameuse Guerre Noire dont parlait l’hologramme de la Princesse Leia dans ANH. Autre série phare de LucasBooks, cette dernière se déroule entre les épisodes II et III et ne se contente pas d’envahir le marché des romans mais aussi celui des comics et de la télévision. La cohésion de chacun de ces médias indépendants est certaine et la cohérence globale plutôt présente. Cliquez sur ce lien pour en apprendre plus.
la série The Clone Wars : Comment parler de la Guerre des Clones sans parler de The Clone Wars ? Surfant sur la vague du film et de la série TV du même nom, Del Rey propose des romans ‘tie-ins’ estampillés TCW qui se proposent de suivre les aventures des héros de la série : Ahsoka Tano et Anakin Skywalker en tête. Malgré l’effort louable des deux auteurs se chargeant de cette partie de la licence (Karen Traviss et Karen Miller) de rendre la série de romans plus « adulte » que la série TV et de gommer les « quelques incohérences » qui ont surgi du dessin animé, la qualité de ces romans est très polémique parmi les fans. A noter que bien que la série TCW appartienne à la nouvelle continuité, les romans dérivés sont estampillés Legends (oui, spa logique mais on n'y peut rien ...).
Del Rey conserve la licence Star Wars malgré le rachat de Lucasfilm par Disney. Mais avec le renouveau de l'UE, les romans parus après Septembre 2014 appartiennent à l'Univers Officiel. Honor Among Thieves, sorti le 4 mars 2014, est ainsi le dernier roman publié de l'univers Legends. Pas de panique toutefois : les romans de ce qu'on peut maintenant appeler l'ancien UE restent régulièrement réédités par Del Rey.
La jeunesse chez Berkley
Tandis que l’ère Bantam battait son plein dans les années 90, plusieurs séries jeunesses voyaient le jour, parmi lesquelles la détestée Saga du Prince Ken devenue « hors-chronologie » avec l’arrivée de la prélogie, les exécrables Galaxie de la Peur et les très populaires Junior Jedi Knights (jamais traduits officiellement en VF) et Jeunes Chevaliers Jedi qui suivent les aventures de la fratrie Solo et de leurs amis, dont Del Rey se servira astucieusement pour créer une toute nouvelle génération de héros.
La jeunesse chez Scholastic
Juste un mot pour dire que Scholastic est l’une des plus grandes maisons d’édition réservée au jeune public, outre-Atlantique. C’est cette boîte qui a arraché la licence des livres jeunesse SW – précédemment détenue par Berkley – à LucasBooks grâce à plusieurs valises remplies de billets verts.
Comme leur prédécesseur, ils se sont contentés de miser le tout sur des séries en s’inspirant de la nouvelle toile de fond offerte par les Episode I et II. Les Apprentis Jedi dévoilent l’apprentissage du jeune Obi-Wan sous la tutelle de Qui-Gon Jinn tandis que Jedi Quest voit le premier prendre à son tour la fonction de maître pour éduquer le jeune Anakin Skywalker. On dénombre également la série Boba Fett, qui raconte le parcours du jeune garçon qu’il est encore dans AOTC à travers la Guerre des Clones et son initiation au noble métier de chasseur de primes, jusqu’à l’Episode III et la série Last of the Jedi suivant un Obi-Wan en fuite suite aux événements de l’Episode III.
La licence jeunesse est restée muette pendant quelques temps, mais a doucement repris du service avec les Force Rebelle parus en 2009/2010 et la série Adventures in Hyperespace en 2010.
Après le rachat de la licence par Disney fin 2012, la licence jeunesse change de main dès 2014 et est désormais exploitée par Disney – Lucasfilm Press, une branche de Disney Publishing Worldwide. Mais les publications appartiennent désormais à une nouvelle continuité, qui ne rentre pas dans notre sujet ;)
Mais, maintenant que le cours est terminé, « Qu’est-ce donc qu’un hardcover ? » me demanderez-vous. La réponse, tout de suite…
C’est un point important de l’industrie du livre, mais il est assez simple à piger. Voici une présentation des différents types de support sur lesquels peuvent être proposés un bouquin ou une petite histoire.
- Hardcover, ou hardback, est le nom donné aux romans dit « Grand Format » parus en Amérique du Nord. Ils sont de bonne qualité, possèdent une couverture rigide carton dur mais toute simple, « recouverte » d’une jaquette généralement vachement classe. C’est un peu le très haut de gamme en matière de littérature chez nous, mais c’est très courant aux USA.
- Paperback ou poche : Le livre de poche, quoi…
- Relié ou Trade Paperback : Il s’agit d’un roman au grand format, comme le hardcover, mais dont la couverture n’est pas dure, mais… souple. (Y’en a deux qui suivent…) Aux USA, on parlera de softcover… ou on n’en parlera pas du tout. On les appelle aussi « Trade Paperback » même si ce nom est plus adapté aux comic-books. Très peu de romans ont été publiés de cette manière, on citera pour mémoire la série The Clone Wars publiée de cette manière par Del Rey aux USA.
- Omnibus : Un gros bouquin relié qui a la particularité de proposer non pas une mais plusieurs œuvres, généralement celles d’un même cycle. Il en existe très peu : certains ont été publiés par Bantam (The Han Solo Trilogy, The Thrawn Trilogy, The Jedi Academy Trilogy) par Berkley/Scholastic pour les romans jeunesse notamment pour la série Young Jedi Knights. Del Rey n’en publie pas formellement, ou bien en exclusivité pour le « Science Fiction Book Club », une sorte de « France Loisirs » à l’américaine, malheureusement uniquement accessible aux nords-américains. Le SFBC a notamment publié des Omnibus pour Republic Commando, Dark Nest, et certains arcs du New Jedi Order
- eBook : C’est un livre électronique, littéralement parlant. En bref, il s’agit d’un ouvrage virtuel, d’un fichier informatique lisible uniquement sur l’écran de votre ordinateur. Généralement, on les trouve au format inventé par Adobe : les .PDF sont donc lisibles via Adobe Reader, le logiciel standard, ainsi que par une pelletée d’autres équivalents tout aussi fonctionnels et ô combien plus rapides. En France, on ne peut pas dire que ce format se soit démocratisé : les éditeurs quels qu’ils soient commencent à s’intéresser au format, mais les lecteurs sont – pour le moment – trop peu équipés en eBook readers (tels le Kindle d’Amazon) pour qu’une niche s’ouvre dans ce domaine. Néanmoins, la totalité du catalogue Del Rey est disponible en eBook, en sus de quelques histoires inédites, uniquement disponibles dans ce format : Boba Fett: A Practical Man, The Hive, A Forest Apart, etc.
- CD Audio : Cela se fait très peu par chez nous, mais c'est très courant aux States. Un narrateur à la grosse voix entraînante se charge de lire le bouquin, tout simplement. Il va sans dire que les mal-voyants apprécient. Et puis, avec une bonne capacité d’imagination, sachez que ces audiobooks sont très agréables à écouter, il y a des bruitages, de la musique, les narrateurs sont bons, on s’y croirait ! De plus, depuis la sortie aux USA de la série Legacy of the Force / L’Héritage de la Force, les audiobooks sont en version non-abrégées (eh oui ! avant cela, les audiobook étaient quelques peu « allégés » pour ne pas être trop longs !).
- Nouvelle : Inutile de blablater, c’est un court texte dont les parutions se font dans plusieurs supports : internet, magazines divers et variés. Le dossier dédié ainsi que la rubrique des Chroniques Oubliées vous tendent les bras.
Vous trouverez plus d’informations et de précisions sur tous ces formats et la façon dont ils sont utilisés dans la partie Questions Pratiques de ce dossier.
Comme de l'autre côté de l'Atlantique, la publication des romans Star Wars en France a connu plusieurs vagues. Petit tour d'horizon.
Avant 2005 : la coopération Fleuve Noir/Presses de la Cité
En France, deux éditions se partageaient la carcasse des livres « pour adultes » (Y’a une belle connotation là, vous ne trouvez pas ?), comme vous avez pu le voir plus haut.
Les Presses de la Cité ont toujours (dès les premiers romans de Zahn) traduit seulement deux hardcovers par an, ce qui ralentit bien les choses. De plus, le choix de leurs ouvrages reste nébuleux. Tantôt, ils débarquent dans l’ordre de leur publication américaine, tantôt certains sont avancés, retardés, voir carrément oubliés. Le prix en rebute plus d’un car il avoisine les 20€, mais sachez quand même qu’en contrepartie, on nous livre l’assurance d’une traduction généralement excellente et d’une maquette fidèle à l’originale, la couverture rigide en moins.
Le Fleuve Noir, qui dispose de la licence depuis 1999 (et jusqu’à 2011 inclus), a adopté une moyenne de sept poches par an depuis 2001, lorsqu’il s’est sérieusement mis à éditer les nouveautés suite à une orgie de rééditions. (Quasiment une trilogie par mois, au tout début). On a vu paraître autant de livres qu’avaient ignoré Pocket (Les X-Wings, les Yan Solo, Moi, Jedi…) que de récentes parutions étasuniennes comme les paperbacks du NOJ, arrivant au compte-goutte, afin de respecter les choix éditoriaux idiots des Presses (qui font ce qu’elles veulent), et de garder un semblant de cohérence chronologique. Catalogue auquel s’ajoute justement les petits formats des livres précédemment parus au Presses de la Cité.
Les illustrations proposés par le Fleuve sont très souvent décevantes, dans le sens ou les maquettes originales sont très rarement reprises, ce qui n’est pourtant pas sorcier. Entre les logos qui n’ont pas la bonne couleur, les mentions parfois inexactes et les zooms sur les illustrations (coupant ainsi certaines bordures), on peut conclure que le bestiau qui a la fonction de maquettiste chez Fleuve Noir n’est pas fana de son boulot. On a même eu droit à une inversion de couverture entre deux bouquins (exemple ci-contre, La Nouvelle Rébellion qui a piqué l'illustration du cinquième tome des X-Wings) et le nom d'un auteur qui n'est pas le bon, c’est vous dire…
Quant à leurs traductions, c’est très correct dans l’ensemble. On note souvent des bourdes sur des termes très starwarsiens, mais ce ne sont que des humains, et les fans pardonnent généralement ces erreurs, même s’il est vrai qu’elles font tiquer. Par contre, il y a souvent des inversions avec tutoiement et vouvoiement entre les héros de romans en romans, ce qui s’explique par le roulement des traducteurs. C’est un choix cornélien que de choisir entre l’un et l’autre si les protagonistes ne vous sont pas familiers, car cette notion est absente de la langue anglaise. C’est souvent étrange au rendu, quand même.
C’est un peu le même problème pour ces deux éditions en fait. Chacune a un catalogue énorme à proposer, mais elles ne peuvent faire plus que ce qui leur est techniquement possible actuellement. Si on voit paraître une traduction pile un an après sa publication originale, on peut s’estimer heureux.
Après 2005 : le triomphe du livre de poche
Le portrait dressé ci-dessus a bien mal vieilli, la question de l’édition en France n’est plus aussi simple. A l’époque, malgré quelques traductions pas toujours parfaites et des couvertures de maquettiste douteuses, entre 6 et 10 mois s’écoulaient entre une sortie US et une sortie France, sans parler du rythme de parution infernal des premières années pour rattraper l’ère Bantam et du prix très abordable des romans (environ 5€). C’est un peu l’âge d’or de la Version Française.
Depuis 2005 (date de la sortie en salle de l’Episode III et donc de la fin de la saga pour nombre de fans) les rythmes de parution du Fleuve ont décru pour se situer en dessous des niveaux de parution US, au point que le retard accumulé ne sera jamais comblé, et continuera – vraisemblablement - d’empirer, sauf changement d’éditeur. La traduction est allée de mal en pis, les non-rééditions également, faisant exploser les prix de certains romans en occasion sur internet, une situation qui se poursuit aujourd’hui.
À noter qu'à l'instar de Del Rey, Pocket a conservé l'exploitation de la licence Star Wars, malgré le rachat de Lucasfilm par Disney. Mais les parutions postérieures à 2015 ne concernent pas seulement l'Univers Officiel, mais également l'UE Legends, avec la traduction de plusieurs "anciens" romans.
Et la jeunesse alors ?
Côté jeunesse, ça a plutôt pas trop mal fonctionné chez nous. Pocket Jeunesse éditait un bouquin tous les deux mois environ, et a repris du service en 2015 après une période creuse pour publier à nouveau - entre autres - du contenu Legends ! La Bibliothèque Verte (Hachette) a également joué (et continue de le faire dans l'UE officiel) un gros rôle en publiant de très nombreux ouvrages liés à la série animée The Clone Wars.Venez vous exprimer et communiquer ici ! Et si vous voulez en apprendre plus sur le métier de traducteur de roman SW, je vous invite à aller écouter ce chouette podcast concocté par nos soins !
1. Bantam Spectra | Ancien éditeur des romans, tous formats. |
2. Del Rey | Editeur actuel des romans et eBooks, tous formats. |
3. Berkley | Ancien éditeur des romans jeunesse, paperbacks uniquement. |
4. Scholastic | Ancien éditeur des romans jeunesse, paperbacks principalement, quelques hardcovers |
EN FRANCE
5. Pocket | Editeur actuel des romans au format poche uniquement. |
6. Omnibus | Ancien éditeur de recueils de séries, livres reliés. |
7. Fleuve Noir | Ancien Editeur des romans au format poche uniquement. |
8. Presse de la Cité | Ancien éditeur des romans en grand format uniquement. |
9. Pocket Jeunesse | Editeur actuel des romans jeunesse, au format poche uniquement. |
10. Hachette | Editeur actuel des romans jeunesse, au format poche uniquement. |
Attention, question épineuse ! Parmi les premiers romans publiés en France (principalement par Fleuve Noir), certains ont subi des coupes sombres à la traduction. Les raisons ne sont pas très claires (économie, nombre de page maximal, etc), mais surtout, l'éditeur n'a jamais vraiment communiqué sur le sujet. C'est ainsi que notre forumeur Alfred M. a entrepris de se pencher sur le sujet (son topic, pour ceux que ça intéresse) et de répondre à une interrogation : Quels sont les romans impactés par ces traductions réduites ? Enquête.
Les lecteurs assidus de VO et de VF ont remarqué que les traductions françaises de certains romans étaient moins étoffées et omettaient des détails. Sans s'étendre sur les raisons, c'était un procédé très répandu dans les années 50/60 pour les romans d'aventure ou romans policiers et qui semble avoir subsisté jusqu'aux années 2000 pour le sujet qui nous intéresse. Au cours des années, trois éditeurs, appartenant à la même maison-mère, se sont partagés l'édition (et donc la traduction) de romans SW adulte : Presses de la Cité (PdlC), Pocket et Fleuve Noir (FN). Ces romans sont parfois réédités (certains romans étant même distribués par les trois éditeurs), comme pour les intégrales proposées par Pocket depuis 2015, mais conservent toujours leur traduction première.
Pour estimer dans quelle mesure et surtout jusqu'à quelle date cette pratique a été appliquée aux romans SW, les 121 premiers romans ont été comparés. Pour comparer les traductions, deux méthodes ont été utilisées : comparer le nombre de pages et comparer le nombre de caractères, dans les deux cas en utilisant des fichiers au format epub, avec les mêmes interlignes et les mêmes polices. Pour diverses raisons, certains n'ont pas pu être traités avec la première méthode et un n'a pas été traité avec la deuxième méthode. Les traductions de l'anglais vers le français sont plus longues que les textes originaux d'au moins 5%. Si ce n'est pas le cas, il est probable que le traduction soit tronquée.
Certains traducteurs sont plus concis que d'autres, mais il est indéniable que l'on peut discerner une tendance qui ne dépend pas des traducteurs : à partir d'un certain moment, les traductions vont devenir plus volumineuses. Ce changement est plus rapide à arriver chez PdlC. Seuls certains des premiers romans semblent avoir été impactés. Pour ce qui est des traductions effectuées par FN et Pocket, en prenant les numéros de publications de FN, on a des romans tronqués jusqu'à la mi-2005, puis une période transitoire avec des traductions plutôt moins ou pas tronquées jusqu'à la fin 2007. A partir de 2008 il est presque certain qu'aucune traduction n'a subi de coupes volontaires. Mais pour ceux que ça intéresse, vous pourrez trouvez le détail de l'étude ci-dessous (cliquez pour agrandir).- Alfred, que l'on remercie chaleureusement !
Cette méthode est encore couramment employée par les traducteurs de romans jeunesse en France, mais par pitié, ne criez pas au bûcher ! Ce n'est pas leur faute, ils ne font que leur travail en appliquant les consignes des éditeurs ;)