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1. Présentation
 
Dossiers C&P SWU 2004Réalisateur : Paul Schrader (titre original: Mishima: a life in four chapters)
Avec : Ken Ogata (Yukio Mishima)
Scénario : Paul et Leonard Schrader
Musique : Philip Glass
Durée : 2h00
Format du son : Dolby
Format de projection : 1:85.1
Format de production : 35 mm
2. Histoire
 
Le scénario de Mishima est totalement déstructuré. A partir d'une situation présente - le début de l'opération de complot qui aboutit au suicide de Mishima -, l'histoire opère une série de flash-back dont les séquences en noir et blanc concernent la vie de Mishima, et celles en couleur, l'adaptation en images de ses écrits.

Mais puisqu'il s'agit d'une biographie, autant raconter l'histoire de cet homme, Hiraoka Kimitate, dit Yukio Mishima. Né en 1925, il fut le plus grand écrivain japonais de son temps. Toute son oeuvre est parcourue par le malaise, la pulsion de mort, l'autodestruction. Elevé par sa grand-mère dans des principes stricts, apparemment homosexuel et masochiste, il se rapprochera de plus en plus des mouvements paramilitaires d'extrême-droite à mesure qu'il juge le Japon s'enfoncer dans la décadence. En 1970, il tente de soulever l'armée en prenant en otage un général. Ses espoirs étant déçus, il se suicide selon le rituel seppuku.
3. Critique
 
Paul Schrader, scénariste du mythique Taxi Driver de Martin Scorsese, se retrouve beaucoup dans la pulsion autodestructrice qui anime aussi bien le personnage de Travis Bickle que celui de Yukio Mishima. Les deux héros sont en effet tout aussi négatifs l'un que l'autre, venant à embrasser une cause rétrograde devant leur dégoût de la vie et de la société. La principale différence est que le personnage de Mishima est moins ambigü, car son attitude, profondément réactionnaire, est impardonnable: il faut voir comment il se met à dos les étudiants gauchistes aussi bien que l'armée japonaise moderne. Travis ne s'opposait pas à la modernisation du Japon, mais aux remugles des bas-fonds new-yorkais.

La construction du scénario est magnifique et particulièrement originale: loin de simplement raconter la vie de Mishima, Schrader décide de la raconter du point de vue de l'écrivain lui-même, en mettant en scène des séquences adaptées de ses propres écrits.

Ainsi, le malaise existentiel de sa jeunesse, sa haine du Beau, est-il souligné par une mise en scène d'extraits de la pièce Le Pavillon d'Or, et son engagement militariste par l'adaptation des Chevaux échappés, où des fanatiques décident de fomenter un coup d'Etat pour restaurer l'autorité impériale. Le récit est ainsi doublement autobiographique: on apprend comment l'oeuvre de Mishima lui est autobiographique aussi bien que la vie de Mishima est une autobiographie de Paul Schrader.

Au total, quatre chapitres, comme l'indique le titre, constituent cette fresque:
  • 1. La Beauté avec Le Pavillon d'or
  • 2. L'Art avec La maison de Kyoko
  • 3. L'Action avec les Chevaux échappés
  • 4. L'harmonie de la plume et du sabre

Ce dernier chapitre suggère l'un des grands enseignements du film: l'art peut rejoindre l'action. La réunification des deux est la Mort. Cette mort qui guette Paul Schrader, le calviniste aussi suicidaire que son frère Leonard, coscénariste du film.

Techniquement parfait, doté d'un montage magnifique et d'un rythme plutôt rapide, le film est surtout porté par l'extraordinaire musique de Philip Glass, dont les accents dramatiques et envolés sont beaucoup plus connus que la plupart d'entre nous ne l'imaginons ! ;)
4. Liens avec le producteur
 
Deux versions des liens qui unissent George Lucas à Mishima s'opposent.

Selon Le Nouvel Hollywood, Schrader est venu trouver Coppola pour lui demander de produire son film; Francis a alors proposé à George de le financer, et à la surprise générale, celui-ci a accepté. Surprise, car le scénario proposé était complexe et froid. Honnêtement, un film ayant le Japon pour cadre et doté d'une histoire froide, basée surtout sur les images, doté d'un montage plutôt expérimental, pouvait-il ne pas attirer l'attention de George Lucas ?

Selon le DVD du film, le budget proviendrait pour moitié de deux sociétés de production japonaise, et pour l'autre moitié de la Warner Bros, dont le financement put être obtenu grâce à Lucas et Coppola. Reste que dans les crédits, Lucas et Coppola sont producteurs exécutifs (et présentent le film) et les compagnies de production sont Filmlink, Zoetrope (le studio de Coppola) et Lucasfilm Ltd.

Pour George Lucas, il s'agissait d'un geste à des amis, c'est-à-dire non seulement à Schrader mais à Coppola et Scorsese.

Le budget du film fut de 5 millions de dollars. Il n'obtint que 450 000 $ aux USA.

Il fut nominé à la Palme d'Or du Festival de Cannes 1985 et remporta des prix pour la photographie, la conception artistique et la musique.
5. Quel format ?
 
Le film existe en VHS. Le DVD Zone 1, au prix d'environ 13 €, est de très bonne qualité: image correctement remasterisée (mais tremblotante), son excellent. Il existe une piste française et des sous-titres français: vive le Québec libre !

Les bonus de cette édition incluent la bande-annonce, un commentaire de Paul Schrader, un making-of, des notes de production et des scènes coupées (on nous explique pourquoi elles ont été retirées au montage). Il s'agit donc d'une édition très complète et on ne peut qu'attendre impatiemment une sortie Zone 2 !
6. Galerie
 



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