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1. Présentation
 
Dossiers C&P SWU 2004Réalisateur : Akira Kurosawa
Avec : Tastuya Nakadai (Shingen Takeda/Kagemusha)
Scénario : Akira Kurosawa et Masato Ide
Musique : Shinichirô Ikebe
Durée : 2h30
Format du son : Mono
Format de projection : 1:85.1
Format de production : 35 mm
2. Histoire
 
Au XVIe siècle, dans un Japon où les explorateurs européens ont amené - provisoirement - les armes à feu, le vin et le christianisme, les guerres claniques font rage.

Le clan Takeda, le plus puissant d'entre eux, perd soudainement son chef, le redoutable seigneur Shingen, blessé à mort par un tireur embusqué.

Le dernier souhait de Shingen est de permettre à son clan de survivre face à des adversaires qui n'attendaient que la disparition de son chef : pendant trois ans, un "Kagemusha", un Homme-sans-ombre, son sosie, devra donc donner le change auprès des généraux, courtisans et espions. L'homme désigné, un petit voleur à qui le gibet est épargné pour cette raison, s'acquitte douloureusement de sa tâche, par devoir... Tandis que le fils du seigneur défunt jalouse et feu son père et son sosie qui exprime la voix du maître.
3. Critique
 
Film très célébré, Kagemusha : l'ombre du guerrier est souvent comparé, dans un registre shakespearien, à Ran, le film suivant de Kurosawa. Sauf qu'ici, nous nous toruvons dans une fable politique sur les apparences et la vanité du pouvoir.

Dans ce personnage perdu, est-ce le Kagemusha qui s'exprime, ou Shingen ?
Les deux hommes se sont déjà affrontés au début du film, lors d'un plan fixe de plus de cinq minutes. Autant "la Montagne" inspirait la terreur autour de lui, autant son double ne laisse, inconsciemment, personne dupe. Qui respecte alors la parole donnée, le Kagemusha se refusant à endosser le rôle de Shingen, les généraux le considérant comme un pion sur leur propre échiquier ?

Ce drame est filmé de manière, peut-être, exagérément longue - l'Homme sans ombre entre en scène au bout d'une heure, le rythme est souvent trop lent - mais de main de maître par un Kurosawa plus épique que jamais, grâce à son gros budget. Les scènes de bataille, les mouvements de troupes relèvent d'un curieux maniérisme, une beauté plus recherchée que spontanée.
Nombre de scènes pourtant restent anthologiques. La plus extraordinaire d'entre toutes est sûrement le cauchemar du Kagemusha, plongé dans une peinture impressioniste aux couleurs psychédéliques et inquiétantes.

Ce n'est peut-être pas le meilleur film de Kurosawa, mais c'est bien du Kurosawa à l'état pur, dans tous les sens du terme : la mise en scène, d'une épure extrême, rappelle les meilleurs Melville, bien que Kurosawa lui soit supérieur (mais la comparaison n'est pas honteuse). Certains regrettent l'absence de l'acteur fétiche de Kurosawa, le si charismatique Toshiro Mifune. Lucas souhaitait l'engager pour jouer Obi-Wan Kenobi. Mais l'acteur ne manque aucunement. Nakadai montre un immense talent et porte avec grand panache le poids de son double rôle.
4. Liens avec le producteur
 
Depuis plusieurs années, Akira Kurosawa rencontrait de graves problèmes de carrière. Suite à l'échec de Dodesukaden, il a tenté de se suicider.

Les Soviétiques lui offrent alors de réaliser Dersou Ousala, magnifiquissime fable sur le déchirement entre l'amitié et la Nature.
A 71 ans, il piétine. Son dernier film est jugé trop cher : 5,5 millions de dollars.

George Lucas ne peut laisser passer cela. C'est un immense admirateur du Maître et du cinéma japonais en général. Un cinéma très différent du cinéma occidental, qui avait forcé les portes des campus fréquentés par Lucas dans les années 60, et révolutionné la mise en scène.

Le scénario de La Guerre des Etoiles est en partie inspiré de La Forteresse Cachée, film d'aventures de Kurosawa de 1958. Avec Star Wars, justement, Lucas a maintenant de l'argent.

Il convie donc Coppola qui était lui aussi riche à cette époque, rencontre le producteur de La Guerre des Etoiles, Alan Ladd, et convainc la Fox de produire la distribution internationale du film (soit un apport de 1,5 million de dollars), dont Francis et George seront co-producteurs exécutifs de la version anglaise, afin de faire connaître Kurosawa au public occidental : le Maître est en effet presque inconnu de non-cinéphiles. Les producteurs ont préféré pendant des années faire faire des remakes de ses films par John Sturges (Les Sept Mercenaires) ou Sergio Leone (Pour une poignée de dollars).

En revanche, assez incompréhensiblement, la version internationale est amputée par les deux mécènes de vingt minutes - et trois scènes - par rapport à la version finale de Kurosawa. Pour ne pas rebuter le public américain...

Le film, qui a coûté 7 millions de dollars (ce qui en fait une superproduction à l'échelle du cinéma japonais ; il aurait coûté trois fois plus cher aux Etats-Unis) en rapporta 4 aux USA. Il remporta la Palme d'Or du Festival de Cannes de 1980 et fut nommé Meilleur film étranger lors de la cérémonie des Césars 1981. Il fut également nominé aux Oscars 1981 dans les catégories Meilleure direction artistique et Meilleur film en langue étrangère.

Après cela, Kurosawa devait encore voir un de ses films (Rêves, en 1990) produit par un Occidental, Spielberg en l'occurence, et les effets spéciaux de cette oeuvre être réalisés par ILM.
5. Quel format ?
 
Le DVD Zone 2vendu est la version internationale amputée, et ne comporte absolument aucun bonus.

Vous pouvez vous démener pour trouver une version japonaise si vous voulez : l'avantage, est que le Japon est comme l'Europe en Zone 2. Mais je ne sais pas si elle existe ni si elle correspond à la version director's cut diffusée au Japon en 1980.

Néanmoins, il faut reconnaître au DVD vendu chez nous une belle qualité d'image et de son.

En Zone 1, l'éditeur Criterion - très renommé parmi les dvdphiles - a sorti récemment une splendide et luxueuse édition au prix de 40 $. Celle-ci inclut un commentaire audio d'un spécialiste de Kurosawa, une interview de Lucas et Coppola sur leur rôle dans la production du film, un making-of, des documentaires, un booklet de 47 pages, des storyboards et des bande-annonces ; mais ni piste ni sous-titres français.

Mise à jour 2015 : Le film est disponible au format Blu-Ray, édité par la Fox, mais toujours dans sa version internationale. Le disque propose un audio français et japonais en DTS 5.1 avec des sous-tires français et anglais. Le film n'a cependant pas eu le droit à une restauration digne de ce nom, et la qualité de l'image reste décevante pour ce nouveau format.
6. Galerie